OUTRE-MER grandeur Nature _ n°2 février 2021

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FÉVRIER 2021 - n°2

OUTRE-MER

OcéIndia

grandeur Nature L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

ÉDITO |

Sébastien lecornu, ministre des outre-mer

MARTINIQUE | un guide de la flore exotique envahissante MAYOTTE | de la surface du lagon à la

SOMMAIRE

DOSSIER 3 4 6 7 8

TAAF |

« twilight zone »

LA RECHERCHE COLLABORATIVE ENTRE SCIENTIFIQUES ET PÊCHEURS, UN DUO GAGNANT

édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy

9 12 13 15 20

Guadeloupe Martinique Guyane Île de La Réunion Mayotte

24 30 32 33

TAAF Nouvelle-Calédonie Wallis-et-Futuna Polynésie française


Photo de couverture : © Gabriel Barathieu, fonds marins de Mayotte.

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50 PHOTOGRAPHES ILLUSTRENT L’OUTRE-MER FRANÇAIS UN PATRIMOINE NATUREL INESTIMABLE ET MENACÉ UN PROJET INÉDIT, DURABLE, ITINÉRANT POUR SENSIBILISER À LA PROTECTION DE NOS TRÉSORS ULTRAMARINS

TÉLÉCHARGEZ ICI L’EXPOSITION « ESCALES OUTRE-MER » (LIBRE DE DIFFUSION POUR TOUTE UTILISATION NUMÉRIQUE)


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

C’est enfin des outils innovants, comme le déploiement avec l’IFRECOR et la Fondation de la Mer, avec le soutien des ministères de la Transition écologique et des Outremer, de la plateforme de financement participatif et de mécénat soscorail.org qui permet à chacun de contribuer à la réalisation de projets de restauration des coraux ou des mangroves ultramarines.

© Ministère des Outre-mer

ÉDITO PAR SÉBASTIEN LECORNU, MINISTRE DES OUTRE-MER

Mais encore faut-il sensibiliser nos concitoyens, ultramarins et hexagonaux, à ces enjeux. Je suis très heureux que l’idée de cet e-magazine soit née lors des rencontres et ateliers « Biodiversité, pour une reconquête réussie dans les Outre-mer » dont j’ai eu la chance de conclure les travaux en septembre 2018, en tant que Secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Preuve que l’intelligence collective des acteurs de la biodiversité des territoires ultramarins peut faire émerger de belles initiatives. Je souhaite beaucoup de succès à Outre-mer Grandeur Nature, et une bonne lecture à tous ses lecteurs ! Sébastien Lecornu, Ministre des Outre-mer

Le premier numéro d’ Outre-mer Grandeur Nature le rappelait : les territoires ultramarins hébergent 80 % de la biodiversité française. Préserver ce patrimoine exceptionnel est à la fois une responsabilité et une opportunité pour faire de la France un leader en matière de développement durable. Maîtrise de la consommation et décarbonation de l’énergie, gestion de l’eau et des déchets, lutte contre les pollutions et les atteintes à la biodiversité… les défis sont immenses en Outre-mer, mais il faut aussi voir des facteurs comme l’insularité comme des avantages pour avancer et accomplir rapidement ce qui est difficile à réaliser dans l’Hexagone. Les solutions sont à adapter, et parfois à inventer, avec les collectivités, les acteurs économiques et la société civile. C’est l’une des priorités du plan de relance suite à la crise sanitaire, qui prévoit concrètement près de 500 millions d’euros d’ici 2022 pour la transition écologique des territoires ultramarins, qu’il s’agisse du développement de l’économie circulaire et des circuits courts, de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, de l’assainissement des eaux, de la rénovation énergétique des bâtiments de l’État et des collectivités.

MAJORATION DU BONUS ÉCOLOGIQUE AUTOMOBILE DANS LES OUTRE-MER Depuis le mois de janvier 2021, le Gouvernement a mis en place un bonus supplémentaire de 1 000 euros pour l’achat ou la location de véhicules neufs aux personnes domiciliées dans les départements et régions d’Outre-mer. Le montant du bonus écologique dans ces territoires s’élève ainsi à : • 8 000 € pour un particulier et 6 000 € pour un professionnel pour l’achat ou la location d’un véhicule électrique ou hydrogène neuf de moins de 45 000 € ; • 4 000 € pour un particulier ou un professionnel pour l’achat ou la location d’un véhicule électrique ou hydrogène neuf de prix compris entre 45 000 et 60 000 € ; • 3 000 € pour un particulier ou un professionnel pour l’achat ou la location d’un véhicule hybride rechargeable de moins de 50 000 € et dont l’autonomie en mode électrique est supérieure à 50 kilomètres.

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ACTU OUTRE-MER

Nous apprenons ainsi que l’outre-mer, où résident 4 % des Français, ne serait responsable que d’1 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Malgré cela, les territoires ultramarins se situent aux avants-postes du changement climatique. Étant majoritairement des îles, ils doivent faire face à l’érosion côtière, aux risques de submersion marine et d’habitabilité des littoraux, au réchauffement et à l’acidification des océans... Qui plus est, les événements météorologiques extrêmes les touchent davantage que la France hexagonale. « Les Petites Antilles du Nord (Saint-Barthélemy et SaintMartin) sont exposées à des cyclones plus fréquents et plus intenses, avec des vagues de six à neuf mètres et des vents de plus de 300 km/h en rafales ». Cette vulnérabilité se voit de plus amplifiée par l’éloignement de l’outre-mer vis-à-vis des grands centres où sont décidés les accès aux fonds d’aides à la lutte pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Le rapport souligne aussi les impacts du dérèglement climatique sur les économies locales : pêche (atteinte aux ressources halieutiques), élevage et agriculture (sécheresse), tourisme... Sans compter les menaces qu’il fait injustement peser sur les modes de vie des peuples autochtones de Guyane et de Nouvelle-Calédonie, tributaires de leur environnement naturel, auquel ils vouent pourtant un grand respect.

L’OUTRE-MER : MOINS RESPONSABLE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, MAIS PLUS IMPACTÉ

LA CONVENTION SUR LES ZONES HUMIDES FÊTE SES 50 ANS

Dans son rapport intitulé Un climat d’inégalités - Les impacts inégaux du dérèglement climatique en France, l’association Notre affaire à tous nous propose une synthèse des impacts socio-environnementaux liés au changement climatique. Ce dernier est souvent perçu comme menaçant indifféremment l’ensemble de la planète. Or bon nombre d’études montrent désormais que certaines populations sont plus rudement touchées que d’autres. Bien que nouveau, le concept d’inégalités climatiques mérite de ce fait l’attention des politiques publiques, associations et citoyens. Les auteurs du rapport nous invitent à nous intéresser au sujet, tout en faisant preuve d’humilité : « Ce livret ne se veut pas exhaustif. Il ne s’agit pas d’une étude universitaire mais d’une première tentative pour saisir le phénomène des inégalités climatiques en France ».

Adoptée par 18 pays le 2 février 1971 en Iran, la Convention de Ramsar réunit 171 pays qui se sont engagés à préserver les zones humides. Plus de 2 400 zones humides d’importance internationale figurent ainsi aujourd’hui sur la liste des sites Ramsar, soit une surface cumulée comparable à l’Argentine. La Journée mondiale des zones humides du 2 février s’inscrit dans la Décennie d’action pour l’eau proclamée par l’ONU en 2018 pour atteindre le 6ème Objectif de développement durable : garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau. « En France aussi, l’accès à une eau en quantité et en qualité suffisante ne va pas de soi. » (www. zones-humides.org). Par exemple, les coupures d’eau restent fréquentes en Guadeloupe en raison de fuites sur le réseau, tandis qu’à Mayotte « l’eau manque dans 29 % des résidences principales, soit deux fois plus qu’en Guyane (14 %) » selon une enquête réalisée par l’Insee en 2017.

Pour lire le rapport : Notre affaire à tous


One Planet Summit 2021. © www.elysee.fr

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SOS CORAIL : LA PLATEFORME DE FINANCEMENT PARTICIPATIF ET DE MÉCÉNAT POUR LES RÉCIFS, MANGROVES ET HERBIERS ULTRAMARINS

UN OBJECTIF DE 30 % D’AIRES PROTÉGÉES EN FRANCE D’ICI 2022 Au lendemain du One Planet Summit for Biodiversity qui s’est tenu le 11 janvier à Paris, le gouvernement a dévoilé la stratégie nationale pour les aires protégées à l’horizon 2030. On y apprend que dès 2022, « 30 % des écosystèmes terrestres et marins du pays seront classés en aires protégées, dont 10 % sous protection forte là où nous n’en comptons qu’1,8 % aujourd’hui ». Ce programme d’actions jette les bases d’un projet de profonde tranformation écologique, dans la perspective d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il s’agit « de transformer nos manières de produire, de consommer, de nous loger, de nous déplacer, pour faire de la France une société respectueuse de la biodiversité, résiliente devant les effets des changements globaux », indique en préambule du dossier de presse Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Pour la première fois, une stratégie nationale dessine un cadre commun à toutes les aires protégées, marines et terrestres, de l’Hexagone et de l’outre-mer. « Une attention particulière sera portée sur la biodiversité remarquable des territoires ultramarins. » Par exemple, le plan d’actions 20212023 prévoit d’ici 2022 de classer le Parc naturel marin des Glorieuses en Réserve naturelle nationale ou encore de « renforcer la protection des habitats naturels menacés de Guyane (savanes du littoral, marécages ripicoles, forêts sur cordon sableux, forêts côtières des terres basses et hautes, forêts des collines irrégulières, etc.) en créant de nouvelles aires protégées sur le littoral guyanais, par la mise sous protection forte de 6 200 hectares de savanes (...). » Cette stratégie ne se limite pas à étendre le réseau des aires protégées, mais vise aussi à en assurer « le développement qualitatif et la pérennité » à travers six autres objectifs : mise en oeuvre d’une gestion adaptée et efficace, accompagnement d’activités durables, intégration dans les territoires, coopération internationale, pérennisation des financements, renforcement de la connaissance de la biodiversité. + d’info ici : Dossier de presse Plan d’actions 2021-2023

Le 22 janvier, le Comité interministériel de la mer a annoncé l’ouverture de la plateforme SOS Corail. SOS Corail est une plateforme de financement participatif et de mécénat issue d’un partenariat entre l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR) et la Fondation de la Mer, qui permet aux particuliers et aux entreprises de soutenir des projets scientifiquement validés contribuant à la préservation des récifs coralliens, mangroves et herbiers de l’outre-mer français. Les projets présentés sur la plateforme sont sélectionnés par un comité scientifique représentatif de l’assise territoriale et du savoir-faire de l’IFRECOR, et s’inscrivent en cohérence avec ses thèmes d’action. Pour l’ouverture de SOS Corail, une dizaine de projets ont été retenus pour protéger les écosystèmes de Guadeloupe, des îles Éparses, de La Réunion, la Martinique, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. De nouveaux projets seront ajoutés au fil des appels à projets. Les visiteurs de la plateforme ont la possibilité de soutenir un projet en particulier, ou ceux associés à une région, ou l’ensemble des projets proposés par SOS Corail. Des premiers mécènes se sont déjà associés à ce partenariat et s’engagent pour la préservation de ces écosystèmes. Les dons à SOS Corail ouvrent le droit à une déduction fiscale. Découvrez les projets et devenez acteur de la protection des récifs coralliens, mangroves et herbiers sur : www.soscorail.org

La page d’accueil du site portail de SOS Corail.

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SAINT-PIERREET-MIQUELON UN PORTAIL NUMÉRIQUE INNOVANT POUR LE PATRIMOINE NATUREL DE L’ARCHIPEL Ce

beau projet en cours de réalisation s’inscrit

dans une démarche de sciences participatives naturaliste ayant pour objectif de sensibiliser aux enjeux de la biodiversité locale à partir d’un site pilote, la vallée du milieu.

La collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon travaille actuellement à l’élaboration d’un portail numérique créatif, ce projet ayant été lauréat en 2017 du Programme d’investissements d’avenir (PIA) « eau et biodiversité ». À l’issue de l’appel à projets « sites pilotes pour la reconquête de la biodiversité », la collectivité territoriale de l’archipel a ainsi obtenu un accompagnement afin d’entreprendre la réhabilitation et la valorisation de la Vallée du Milieu, une zone humide et forestière emblématique pour les habitants de Saint-Pierre, grâce à des procédés innovants d’ingénierie écologique et de sciences citoyennes. À proximité immédiate des zones urbanisées de SaintPierre, la Vallée du Milieu est un espace naturel abrité qui héberge une grande variété d’habitats : tourbières, massif forestier, milieux aquatiques, landes, prairies humides, cordon littoral. On peut y observer par exemple le canard noir, l’hirondelle bicolore, le martin-pêcheur d’Amérique... Sur ce site unique ont été recensées quelque 750 espèces.

Paysage de la Vallée du Milieu. © MNESPM

Le canard noir, qui nidifie à Terre-Neuve et au Labrador, sera l’un des habitants de la Vallée du Milieu inventorié dans le futur portail numérique. © Terry Hunnicutt

Les trois grands objectifs du projet sont : • de retrouver un espace naturel préservé au cœur de la Vallée du Milieu ; • d’en faire un lieu d’accueil, de loisirs et de sensibilisation privilégié ; • de positionner la Vallée du Milieu comme un site pilote permettant de tester des méthodes de travail innovantes pour le développement durable de l’archipel. L’outil numérique de sciences participatives en cours de conception proposera aux internautes une base de données des espèces présentes sur le site avec, in fine, l’ambition de déployer la même méthodologie à l’échelle des principaux sites remarquables du territoire, voire à l’ensemble de l’archipel. Les processus d’identification et de validation des fiches par des experts vont être alimentés par une communauté d’observateurs et les différents types de publics (novices, confirmés, grand public, scolaires) pourront interagir par le biais de commentaires. L’outil devrait être opérationnel en 2021. Il sera évalué en collectant les retours des utilisateurs et des réajustements seront effectués si nécessaires. Le portail du patrimoine naturel de Saint-Pierre-et-Miquelon permettra d’améliorer les connaissances sur les milieux naturels, la faune et la flore locales, les périodes d’observation... en aidant à reconnaître les espèces à travers un véritable atlas. Cette plateforme comprendra un site web et une application numérique nommée SPMBoreal. Celle-ci rendra accessible pour la première fois à la population et aux visiteurs un inventaire de la biodiversité du territoire sous la forme d’un outil innovant. Ce travail de fond mené par le pôle développement durable de la Collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon mobilise également une équipe de partenaires et d’acteurs de l’environnement engagés sur le territoire. C’est un véritable projet coconstruit qui verra le jour grâce à la participation du pôle ressource de l’Éducation nationale, d’un technicien rivière de la Fédération de Pêche, d’un garde-chasse de la Fédération des Chasseurs et du chargé du développement web et du marketing de la direction du Tourisme. Contact : Florence.Briand@ct975.fr


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SAINT-MARTIN L’AGRNSM a également installé des nurseries artificielles, les Biohuts, pour permettre aux larves de se cacher des prédateurs et de grandir en toute sécurité. © Rémy Dubas

Au sein de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin, le mérou de Nassau et le mérou géant bénéficient depuis 2018 du projet de pro tection LIFE BIODIV’OM, qui est coordonné au niveau national par la LPO et financé à 60 % par l’Union Européenne. Le mérou de Nassau est classé en danger critique d’extinction par l’UICN. Aux Antilles, la présence du mérou géant est désormais anecdotique et si l’on observe encore le mérou de Nassau à Saint-Martin, sa population a considérablement chuté. En cause, un manque de réglementation et la destruction de leurs habitats tels que les mangroves

DEUX ESPÈCES DE MÉROUS FONT L’OBJET D’UN PROGRAMME DE PROTECTION D’ESPÈCES ULTRAMARINES MONDIALEMENT MENACÉES et les récifs coralliens par les aménagements côtiers, les rejets d’eaux usées, le changement climatique ainsi que le défrichement du littoral et sa surfréquentation. À Saint-Martin, l’Association de gestion de la réserve naturelle de Saint-Martin (AGRNSM) a déployé depuis 2019 une technique de pêche scientifique : la capture et culture de post-larves ou PCC. Développée par l’entreprise française Ecocean, cette méthode consiste à récolter des larves de poissons grâce à un piège lumineux afin de les élever en milieu artificiel jusqu’à des stades plus avancés, augmentant ainsi leur survie. De plus, elle permet d’acquérir de nouvelles connaissances sur la période à laquelle s’installent les larves dans les eaux de l’île.

Victime d’une surpêche intensive dans les années 1980, le mérou géant est une espèce devenue rare à Saint-Martin. © Stephen Frink

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SAINT-BARTHÉLEMY DES LONGUES-VUES ET UN VISUEL DE SENSIBILISATION SUR LES BALEINES À BOSSE

La classe de Colombier qui a travaillé sur le projet chaque jeudi après-midi depuis septembre dernier.

Une classe mixte de CM1 et CM2 s’est prise de passion pour la thématique des baleines à bosse, dans le cadre d’un projet pédagogique innovant à l’attention du grand public. Responsable de l’éducation à l’environnement et de la communication à l’agence territoriale de Saint-Barthélemy, Heike Dumjahn a initié ce projet financé par le sanctuaire AGOA, avec l’aide de l’OMMAG, de l’association guadeloupéenne « Mon école, ma baleine », de Megaptera et de la Collectivité de Saint-Barthélemy. Et c’est une réussite ! Tandis que les observations de baleines à bosse ont débuté et devraient se poursuivre jusqu’en avril, le visiteur peut maintenant découvrir sur la côte sauvage entre Grand Fond et Toiny un panneau de sensibilisation (lien sur l’image ci-dessous) ainsi qu’une longue-vue l’invitant à scruter les souffles et sauts majestueux des baleines à bosse. Une classe de CM1 et CM2 de l’école de Colombier s’est en effet lancée le défi de concevoir un visuel de sa création, en se répartissant les tâches : un groupe s’est concentré sur la recherche de textes et d’images sur le web, un autre a réalisé les dessins... Les textes ont été peaufinés avec leur enseignant et les élèves ont insisté pour les faire traduire par leur professeur d’anglais afin que les touristes, majoritairement anglophones, puissent les lire. Enfin, les enfants ont souhaité ajouter un QR Code vers une vidéo qui nous plonge dans le chant envoûtant d’une baleine à bosse...

Un panneau et une longue-vue ont été mis en place à Toiny et une deuxème longue-vue sera installée très bientôt sur le site du Fort Carl, surplombant Gustavia.

La pose de l’hydrophone « Jason Highblue ».

LES MAMMIFÈRES MARINS SUR ÉCOUTE DURANT 40 JOURS ! L’hydrophone « Jason Highblue » a été posé le 18 décembre 2020 dans la réserve naturelle par les plongeurs de l’agence territoriale de Saint-Barthélemy, avec l’appui de M égaptera. Les enregistrements de l’hydrophone relevé fin janvier vont être analysés à l’université de Toulon, où le matériel a été conçu. L’an dernier, un premier test avait donné lieu à une belle surprise : la détection des chants de jeunes cachalots. Ainsi les scientifiques espèrent que ces 40 jours d’écoutes sonores confirment la présence des cétacés à dents, en les renseignant sur leur âge, l’écholocation pouvant en fournir une estimation. Les nouvelles données attendues, en plus d’identifier les mammifères marins qui fréquentent le site, devraient améliorer l’état des connaissances sur les couloirs de migrations empruntés par la mégafaune marine. Ce programme de CARI’MAM (sanctuaire AGOA) s’inscrit dans une démarche coopérative qui s’attache à tisser des liens plus forts avec les îles voisines, qu’elles soient européennes ou non. En effet, il est prévu de mettre en commun les informations recueillies par les hydrophones de la zone Caraïbe, où la législation diffère d’une île à l’autre, dans le but de travailler ensemble à la protection des espèces.


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© Architecture-Studio

GUADELOUPE

Le nouveau CHU sera conçu par ArchitectureStudio, l’Agence Babel et Ingérop. + d’info ici : www.chu-guadeloupe.info

FUTUR CHU : L’ÉCOLOGIE AU COEUR D’UN GRAND CHANTIER Plus

grand bâtiment jamais bâti sur l’archipel

guadeloupéen, le futur versitaire de la

C entre hospitalier uni -

G uadeloupe

intègre dans sa

Haute qualité environnementale (HQE) forte et adaptée. construction une démarche de

Financé par l’État à hauteur de 580 millions d’euros, l’établissement de pointe devrait remplacer fin 2023 l’actuel CHU sur un nouveau site, aux Abymes. L’immense chantier, dont le gros oeuvre devrait s’achever cette année, s’évertue à être « vert » : gestion de l’eau maîtrisée, limitation des déchets, parcelle aménagée en respectant la topographie du terrain de 19 hectares présentant une légère déclivité... Sur cette terre précédemment dévolue à la monoculture de la canne à sucre, le végétal sera largement intégré aux aménagements tant extérieurs qu’intérieurs, avec notamment un millier d’arbres et palmiers, ainsi que 35 000 arbustes et plantes, dans un projet paysager favorisant les essences locales.

© Petit-Bourg #29798 _ France-Voyage.com

DES HABITANTS DE PETIT-BOURG VICTIMES DE L’ÉROSION CÔTIÈRE

D’après Ywenn de la Torre, directeur régional du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’activité humaine a sensiblement accéléré le recul du trait de côte en Guadeloupe.

À Basse-Terre, dans la commune de Petit-Bourg, l’érosion du littoral menace 80 maisons de s’écrouler. Ces habitations bâties sur la bande des 50 pas géométriques ont en effet vu l’océan se rapprocher dangereusement, après l’effondrement d’un pan de falaise à la suite des fortes pluies de novembre. « Ce sont 43 familles qui doivent évacuer d’urgence » précise David Nebor, 3ème adjoint au maire de Petit-Bourg. Une actualité qui pourrait aussi concerner d’autres régions de l’outre-mer impactées à la fois par l’érosion côtière et l’implantation de logements trop proches du rivage.


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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature

LA SCTLD, MALADIE LIÉE À LA PERTE DE TISSUS DU CORAIL DUR, SÉVIT AUX ANTILLES La maladie de perte des tissus coralliens (Stony coral tissue loss disease - SCTLD) est le nom donné à une maladie mortelle qui affecte les coraux durs des récifs caribéens. Observé pour la première fois en 2014 en Floride près de Miami, ce fléau dont la cause est encore inconnue se propage rapidement. Ce sont plus de 20 espèces de coraux sur les 45 environ des récifs de la Caraïbe qui sont touchées. Parmi elles, certaines se montrent particulièrement sensibles, comme le corail fleur (Eusmilia fastigiata), méandreux (Meandrina meandrites), cierge (Dentrogyra cylindrus), étoilé (Dichocoenia stokesii) ou encore les coraux cerveaux. Nouvelle pour la science, la SCTLD est reconnaissable aux multiples nécroses de tissus vivants qu’elle génère à la surface des massifs coralliens et qui se propagent rapidement, entraînant la mortalité de l’ensemble de la colonie touchée en quelques semaines ou mois. Certes les maladies qui affectent les récifs coralliens sont globalement assez communes, mais la SCTLD suscite une inquiétude grandissante dans la Caraïbe, en raison de sa large distribution géographique (Floride, Jamaïque, Mexique, Saint-Marteen, République dominicaine, îles Vierges britanniques, Porto Rico, Saint-Eustache, Grand Bahama, Bélize...), de sa capacité à persister dans le temps, de sa contagiosité à l’origine d’un taux de mortalité élevé, ainsi que du grand nombre d’espèces pouvant être impactées. Le sujet mobilise actuellement de nombreux chercheurs dans la région, qui tentent de déterminer le ou le(s) agent(s) pathogène(s) lié(s) à cette maladie corallienne hautement

dévastatrice qui s’est montrée réactive aux antibiotiques. En l’état actuel des connaissances, un élément déclencheur encore inconnu favorise la prolifération de bactéries, sans pour autant que ces dernières en soient la cause. D’après le réseau Reef resilience network, la maladie est susceptible de se transmettre « à d’autres coraux par contact direct et circulation de l’eau ». « De nombreux efforts sont en cours pour identifier les agents pathogènes, les relations avec les facteurs environnementaux, les stratégies de traitement des colonies infectées et identifier les génotypes de coraux résistants. » Aux Antilles, la maladie a été repérée en juin dernier sur le territoire de la Guadeloupe et au nord de Sainte-Lucie deux mois plus tard. Dans le cadre des suivis Directive cadre sur l’eau (DCE) réalisés par l’Office de l’eau (ODE), la Guadeloupe a pu constater que ses stations de mesure étaient affectées dans leur ensemble, à l’exception de celle de l’île de Marie-Galante. Une forte mortalité des colonies est observée. En Martinique, si plusieurs suspicions ont été relevées, aucun cas n’a été jusqu’ici confirmé. Outre le risque de disparition de très nombreux récifs caribéens, et les conséquences dramatiques que cela aurait sur la vie marine, les scientifiques craignent une potentielle progression de la maladie en région Indo-Pacifique. Dans un contexte où les leviers d’action s’avèrent peu nombreux face à l’émergence de la maladie, plusieurs réseaux d’acteurs se sont organisés dans les territoires des Antilles françaises. La communication auprès des acteurs de la mer est l’une des actions clés. Il a en effet été rappelé aux plongeurs de la zone qu’il ne faut pas toucher les coraux et que la désinfection du matériel de plongée est essentielle pour ralentir la dissémination de la SCTLD. Parallèlement aux mesures de communication auprès du public, un suivi complémentaire piloté par l’ODE est en cours en Guadeloupe et va être lancé en Martinique par la DEAL et l’ODE. Au niveau interrégional, AGRRA (Atlantic and Gulf Rapid Reef Assessment) mobilise autour de cette problématique un vaste réseau d’acteurs et propose des supports d’information et de communication au sujet de la maladie.

Un corail dur atteint par la SCTLD dans une colonie récifale de la Caraïbe. © Gaëlle Hierla


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RESSOURCES DOCUMENTAIRES

Un autre exemple de corail dur victime de la SCTLD. © Guillaume Jorakhae, RNN de Saint-Martin

Carte interactive des observations de SCTLD (en rouge, présence confirmée de la maladie). © Kramer, P.R., Roth, L., and Lang, J. 2019. Map of Stony Coral Tissue Loss Disease Outbreak in the Caribbean. www.agrra.org ArcGIS Online.

Ci-dessus : poster de sensibilisation des gestionnaires à la problématique de la SCTLD, conçu en anglais, français et espagnol par MPAConnect, structure née d’un partenariat entre l’Institut des pêches du Golfe du Mexique et de la Caraïbe et NOAA (Administration océanique et atmosphérique nationale, États-Unis), en lien avec un réseau d’une trentaine d’aires marines protégées de la Caraïbe. © MPAConnect Merci de cliquer ci-dessus pour agrandir l’image.

En complément, veuillez trouver ici le lien vers le rapport « NOAA strategy for stony coral tissue loss disease response and prevention » :

NOAA

Une courte vidéo de plongée sous-marine qui illustre les dommages causés par la SCTLD sur les coraux durs. (© www.barcolab.org)

+ d’info ici : www.ifrecor.fr

www.twitter.com/Ifrecor

www.linkedin.com/company/ifrecor

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MARTINIQUE À LA DÉCOUVERTE DE 25 ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES ENVAHISSANTES En important des végétaux loin de leurs milieux d’origine, l’homme a transformé la nature. L es espèces exotiques envahissantes (EEE) repré sentent l’une des principales menaces pour la biodiversité mondiale.

GUIDE DES ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (EEE) DE MARTINIQUE

Ce guide de 84 pages réalisé par la DEAL Martinique vous présente à travers des fiches-espèces les 25 principales EEE de Martinique. Les îles, en raison de leurs superficies limitées, de la fragmentation humaine des habitats naturels et de la présence d’espèces endémiques n’ayant pas développé de moyens de défense face à des espèces plus compétitives, sont des lieux privilégiés d’invasions biologiques. Comme le définissent les auteurs de cet ouvrage instructif, une EEE désigne « une espèce introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement, dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes, avec des conséquences écologiques, économiques ou sanitaires négatives. » Si toutes les espèces introduites ne sont pas envahissantes, le guide rappelle que les EEE ont des incidences sur : • la biodiversité • les services écosystémiques (pollinisation, cycles biogéochimiques, transformation de la matière organique en humus) • la santé humaine (espèces urticantes, allergisantes ou encore toxiques...) • les paysages • l’économie (agriculture, infrastructures telles que les retenues collinaires) • la sécurité (chutes de bambous sur les routes...)

Pour consulter le guide :

Guide des EEE végétales de Martinique

UN EXEMPLE D’EEE : LA JACINTHE D’EAU

Observée dès le XIXème siècle en Martinique, cette herbacée flottante aquatique très envahissante, dont les racines peuvent mesurer jusqu’à trois mètres, se caractérise par des populations à fortes densités. Voici quelques-uns de ses impacts potentiels : - sur l’environnement : fermeture et asphyxie du milieu ; - sur la santé : habitat profitable aux moustiques ; - socio-économiques : altération fonctionnelle des retenues d’eau pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable.


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GUYANE Le Grand-Connétable est un rocher accueillant des milliers de couples de sternes, noddis, frégates et mouettes. © RNNC

LA RÉSERVE NATURELLE DE L’ÎLE DU GRAND-CONNÉTABLE Créée en 1992, la réserve, qui couvre 7852 hectares, est gérée par le Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane (GEPOG). Ce site unique pour la reproduction des oiseaux marins en Guyane est la seule aire marine protégée fonctionnelle de la côte amazonienne. À trois kilomètres de l’île du Grand-Connétable, le Petit-Connétable, qui complète la réserve, est utilisé comme reposoir par les oiseaux et en particulier par les limicoles qui s’y abritent à marée haute. Les eaux de la réserve hébergent des espèces emblématiques : mérou géant, dauphin de Guyane, tortue verte, ainsi qu’un cortège de poissons typiques des abords peu profonds du littoral guyanais.

LE COMPTAGE DES FRÉGATES SUPERBES Au sein de la réserve, le pic d’activité reproducteur des frégates superbes se situe entre novembre et février. Le comptage annuel du nombre de nids actifs qui vient d’être réalisé a permis de dénombrer près de 1770 ± 50 nids. En forte croissance depuis les années 2010, la colonie connaît ces dernières années des effectifs records. Par ailleurs, les frégates vont être équipées de GPS afin d’étudier leurs déplacements en périodes de reproduction et de migration.

+ d’info ici : https://www.reserve-connetable.com/ https://www.facebook.com/RNGrandConnetable

LA PROTECTION DU DAUPHIN DE GUYANE SE POURSUIT Ce petit dauphin qui fréquente les estuaires et les milieux côtiers est une espèce remarquable du patrimoine naturel guyanais et le seul dauphin au monde doté d’électroréception, un sens qui lui permet de détecter ses proies grâce à un champ électrique. Protégé en Guyane, il est menacé notamment par la pêche, du fait de captures accidentelles dans les filets près des côtes. De 2016 à 2020, le projet COAST 1, porté par le WWF en partenariat avec le GEPOG, a permis de mieux connaître ce dauphin, de gérer le site des Îlets Dupont où il évolue, et de mener des actions de sensibilisation auprès du public. L’amélioration des connaissances sur le dauphin de Guyane est une action inscrite au plan de gestion de la Réserve naturelle de l’île du Grand-Connétable. + d’info ici : https://www.reserve-connetable.com/ milieu-marin/etudes-et-suivis/dauphin-de-guyane/

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Connaissance, observation et animation en faveur du sotalie

Le dauphin de Guyane. © Amandine Bordin / GEPOG RNNC


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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature

L’INNOVATION ET LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU SERVICE DE LA RICHESSE VARIÉTALE DES TERRITOIRES ULTRAMARINS ET DE LA DIVERSITÉ ALIMENTAIRE DANS NOS ASSIETTES Afin

de répondre aux fortes demandes mondiales

en produits alimentaires diversifiés et de qualité, malgré des contextes sanitaires parfois difficiles au niveau des cultures, le investit dans le

Cirad, dans les DROM, développement de nouvelles varié-

tés de fruits et de légumes aux multiples intérêts aromatiques, organoleptiques, agronomiques et résistantes naturellement aux maladies. Ces nouvelles variétés viennent enrichir la palette de productions végétales existantes des territoires ultramarins et qui en font parfois leur renommée.

Dans les DROM, les consommateurs sont très demandeurs de fruits et légumes de qualité produits localement. À partir de nos collections et de nos Centres de ressources biologiques (CRB), les généticiens sélectionnent des génotypes intéressants, les croisent pour fournir les bases végétales ayant les qualités demandées qui seront mises en production, après une phase de multiplication, par les agriculteurs locaux. Ils adaptent aussi par évaluation variétale certaines espèces cultivées pouvant présenter un intérêt pour les DROM. Ils participent ainsi à la mise au point de nouveaux itinéraires culturaux pour répondre aux nouveaux enjeux sociétaux et environnementaux de la transition agroécologique et faire face au changement climatique. À La Réunion, le Cirad a mis au point la nouvelle variété de vanille « Handa ». Cette variété combine des qualités aromatiques exceptionnelles associées à une plus grande facilité de transformation et une résistance à la fusariose (une maladie fongique grave). Côté maraîchage, d’autres équipes viennent de proposer « Ernestine », une nouvelle variété d’oignon améliorée qui donne de meilleurs rendements tout en conservant les qualités de l’oignon péi originel, ce qui permet de limiter les pertes et d’augmenter les récoltes produites de qualité. Par ailleurs, des travaux sont aussi en cours sur les aubergines de La Réunion « Bringelle Rond » et « Bringelle Saucisse », très appréciées mais très sensibles à une bactérie du sol Ralstonia Solanacearum, afin de les rendre résistantes et d’en permettre la commercialisation. Enfin, depuis sa présence à La Réunion, le Cirad participe aux programmes de développement de nouvelles variétés fruitières à l’exemple des mangues, letchis, agrumes…

Richesse et diversité variétales des bananiers dans les Antilles françaises. © B. Heuguet, Cirad

Aux Antilles, des contraintes comparables ont amené à un grand nombre d’innovations variétales, par exemple : la Pointe d’Or, une variété de banane obtenue par le Cirad et qui a la particularité de résister naturellement à la cercosporiose noire, une grave maladie du bananier ; Ti-clair, Ti-violet, Bélo, Marchande, de nouvelles variétés d’igname proposées par le Cirad pour mieux répondre aux contraintes des producteurs et aux envies des consommateurs. À chaque variété, un intérêt ! Les différentes variétés ont donc été documentées et classées en fonction de critères définis en concertation avec les producteurs, de façon à répondre à leurs contraintes et à leurs objectifs. Tous ces travaux de recherches d’innovations en génétique ou d’évaluations agronomiques contribuent à la lutte, sans utilisation de pesticides, contre les maladies touchant les cultures, à adapter les productions aux différents marchés et à proposer une offre alimentaire produite localement et de qualité. Ils accompagnent une démarche volontariste de développement durable passant par une meilleure autonomie alimentaire de ces territoires.

+ d’info ici : www.cirad.fr

Les recherches portées par le Cirad en outre-mer sont permises grâce en grande partie aux soutiens financiers de l’État, des collectivités locales et de l’Europe. Les programmes sont construits en partenariat et selon les priorités de chaque territoire.


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ÎLE DE LA RÉUNION Pâturage de la savane par les cabris péï.

UN PAYSAGE EN PROJET : LA SAVANE DU CAP LA HOUSSAYE

Le Cap L a Houssaye est un espace de nature aux qualités paysagères singulières, avec ses falaises et ses collines sur lesquelles s’étend l’une des dernières savanes herbeuses sur la côte sous le vent dans l’ouest de L a Réunion. L a superficie du site s’élève à près de 480 hectares, dont 216 hectares sont à ce jour sous protection foncière du Conservatoire du littoral. Cet espace de savane de proximité est fortement fréquenté comme aire de détente et sportive en début et fin de journée, par la population de l’agglomération, qui bénéficie d’un important réseau de sentiers. La savane, aux tons jaune-orangé en hiver austral et verdoyants en été austral, marque la saisonnalité. Ces grandes étendues herbeuses caractéristiques en font une composante importante qui participe à la géodiversité et à la diversité paysagère de l’île. Le site offre en balcon des vues imprenables sur l’océan Indien et sur le tissu urbain de la commune de Saint-Paul. La savane du Cap La Houssaye se compose d’une strate herbacée largement dominée par le « Pikan jaune » ou Heteropogon contortus. Cet espace, dont l’équilibre est fragile et qui présente de multiples fonctions, est cependant remis en question depuis deux décennies par la progression sans bruit d’espèces arbustives végétales exotiques, dont certaines sont envahissantes (Cassi Leucaena leucocephala, Zakassia Vachelia farnensiana, Zépinar Prosopis juliflora, Kéké Dichrostachys cinerea), et induisent une fermeture lente et progressive du paysage de savane.

Brûlage dirigé d’espèces arbustives exotiques envahissantes.

Pour enrayer cette transformation du paysage, le Conservatoire du littoral et ses partenaires ont décidé de mettre en œuvre deux modalités d’interventions. La première vise à conserver les derniers espaces de savane, en s’appuyant sur des méthodes pastorales traditionnelles. Ainsi des opérations de brûlage dirigé suivi d’un pâturage contrôlé de caprins et bovins péï sont réalisées avec la participation d’acteurs institutionnels comme le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et l’Association pour la promotion du patrimoine et de l’écologie à La Réunion. La seconde vise à freiner les foyers d’invasion et à rouvrir les paysages les plus envahis, en menant des actions lourdes d’arrachage et de broyage des ligneux identifiés comme invasifs. Les espaces reconquis et restaurés feront ensuite l’objet d’une gestion par pyro-pastoralisme. L’ensemble des actions expérimentales pilotées par le Conservatoire du littoral fait l’objet d’un suivi continu par des spécialistes réunionnais de l’écologie du paysage et une équipe de recherche pluridisciplinaire, afin de réajuster au besoin les pratiques de conservation et d’intervention. Ces études et travaux bénéficient d’un fonds de concours de l’Europe et de la Fondation du patrimoine.

Opération de lutte mécanique à la pelle-araignée.

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PUBLI-COMMUNIQUÉ Avec le soutien d’EDF et de la DEAL

grandeur Nature

LES AIRES MARINES ÉDUCATIVES, UN PROJET ÉCOCITOYEN Au

long de l’année scolaire, la

RNMR,

accompagnée de ses partenaires, met en place un programme

pédagogique et écocitoyen de connaissance et de protection du milieu marin au sein des aires marines éducatives de l’île, des zones fréquentées par les usagers et présentant un intérêt patrimonial.

Le concept d’Aire marine éducative (AME) est né en 2012 aux Marquises, après que des élèves de l’école de Vaitahu ont exprimé le souhait de devenir responsables de la baie du même nom. Une AME est une zone maritime littorale de petite taille gérée de manière participative par les élèves et enseignants d’une école primaire suivant des principes définis par une charte. La démarche qui sous-tend les AME se veut pédagogique et innovante, en plaçant les élèves au cœur d’une réflexion collective sur la gestion et la protection du patrimoine naturel et culturel marin. Les classes sont intégrées à une dynamique territoriale s’appuyant sur l’expertise de l’école, de la commune, des associations d’usagers ou d’organismes de protection de l’environnement. L’enjeu de ce dispositif est de former les plus jeunes à l’écocitoyenneté et au développement durable, de les reconnecter à la nature et à leur territoire, en favorisant le dialogue entre eux, les usagers et acteurs économiques de la mer, et les gestionnaires d’espaces naturels. En invitant les enfants à se « projeter ensemble », la mise en place d’AME impulse une éducation à la politique, à la prise de décision, à la démocratie, à la réflexion critique, à la solidarité, au débat, à la citoyenneté…

La Réserve naturelle marine de La Réunion vous invite à visionner ci-dessous ce petit film de 20 minutes réalisé par Corinne Russo et Franck Grangette (La Cerise sur le Gâteau Prod). Le documentaire présente les animations et actions menées par quatre classes de CM1 et CM2 au sein d’une aire marine éducative. Le projet a associé plus d’une dizaine d’acteurs œuvrant dans le domaine de la protection de l’environnement et du patrimoine culturel de l’île.

Merci de cliquer ici pour accéder au documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=c3Y5HaEgCzM

En 2016, Karine Pothin, directrice de la Réserve naturelle marine de La Réunion (RNMR), initie ce projet pédagogique. La première AME voit alors le jour avec les élèves de l’école de Saint-Leu et l’enseignante Véronique Léandre, dont la classe rejoint un réseau de huit écoles pilotes. Le socle du projet des AME est créé par l’équipe scientifique, notamment par Tévamie Rungassamy, et d’animation de la RNMR. Les enfants acquièrent ainsi des connaissances sur la biodiversité marine via la mise en place de protocoles scientifiques (recensement de la faune et la flore marine) ; ils observent l’état de santé du récif corallien de leur commune ; comprennent la problématique liée à l’érosion et à la pollution des plages, leurs impacts sur le milieu marin... En 2017-2018, le projet se développe en partenariat avec l’Académie de La Réunion, donnant lieu à trois nouvelles AME, à Trois-Bassins, l’Ermitage et la Saline-les-Bains. Puis, en 2019, un financement de l’OFB permet à la réserve de recruter Christelle Morel, chargée de mission Éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD). Des partenariats avec des organismes de protection de la nature (Globice, SEOR, CEDTM, Kélonia), l’Office de l’Eau de La Réunion et Reef Check France, pour ne citer qu’eux, enrichissent le projet. Enfin, le patrimoine culturel est également pris en compte grâce à l’intervention du « guide péi » Clovis Etchandias, conteur de l’histoire de l’île et des liens qui unissent l’homme à son littoral.

Contact : Christelle Morel, chargée de mission EEDD AME GIP RNMR : christelle.morel@reservemarinereunion.fr


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À LA DÉCOUVERTE DU SENTIER SOUS-MARIN DE L’ERMITAGE Ouvert à tous les publics, ce parcours immergé offre à ses visiteurs une belle opportunité de découvrir, gratuitement et accompagnés d’un guide expérimenté, la richesse et la fragilité du récif corallien. Sur la côte ouest de La Réunion, le récif corallien est le siège d’une biodiversité remarquable, tous ces organismes vivants contribuant à maintenir l’équilibre d’un écosystème complexe. Cependant, depuis des décennies, le récif souffre des agressions liées au développement des activités humaines. Aujourd’hui, il est en danger. Afin de sensibiliser le public et les scolaires sur les dégradations de ce patrimoine naturel d’exception de La Réunion et faire adopter des comportements écoresponsables, un sentier sous-marin a été créé en 2002 dans le lagon de l’Ermitage. Sous la forme d’une visite guidée pédagogique et ludique, un guide expérimenté vous fait découvrir la beauté et la vulnérabilité du récif corallien, le long d’un parcours aquatique balisé par des bouées. Équipés de palmes, masque et tuba, les participants peuvent ainsi admirer et mieux connaître les paysages sous-marins caractéristiques des lagons réunionnais.

Le but est de sensibiliser les visiteurs (scolaires, touristes...) à la diversité et à la fragilité des faciès et peuplements de ce site lagonaire à travers sept stations d’observations, dont une terrestre et six sous-marines. Installée sur le haut de plage, une tente amovible est équipée de tentures où sont présentées les missions et la réglementation de la réserve marine. De la documentation est consultable sur place : plaquettes immergeables, ouvrages sur le milieu marin... Vitrine de la Réserve naturelle marine de La Réunion, cette animation unique sur l’île est rendue possible grâce à la qualification exigeante des agents (brevet d’État de plongée et de natation). Depuis sa création, ce sont plus de 25 000 personnes, dont de nombreux collégiens, qui ont participé à ces visites guidées gratuites proposées tout au long de l’année. Pour plus de renseignements et faire une réservation Tél. : 06 92 89 18 68

En haut à gauche : le sentier sous-marin présenté à une classe de 6ème. © Bruce Cauvin / GIP RNMR | À gauche : la progression d’un groupe d’élèves sur le sentier. © Bruce Cauvin | Ci-dessus : une immersion encadrée à l’intérieur de l’Aire marine éducative de l’Ermitage. © Bruce Cauvin

+ d’info ici : www.reservemarinereunion.fr www.facebook.com/reservemarinereunion

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« LES RÉCIFS CORALLIENS ET LES HOMMES », UN CONCOURS DE DESSIN POUR SENSIBILISER LES ENFANTS À LA PROTECTION DU LAGON La Réserve naturelle marine de La Réunion ainsi que ses partenaires Kélonia, L’Aquarium de La Réunion et Sciences Réunion, ont l’honneur de vous présenter les dessins des grands gagnants ! L’équipe de la réserve tient à féliciter les talentueux lauréats de ce concours, ainsi que les 45 autres participants, pour la qualité et l’originalité de leurs œuvres.

Ci-dessus : la petite Maé, 10 ans, se distingue à la 1ère place de la catégorie 10-12 ans avec son dessin « Un récif parfait ». Colonne de droite, de haut en bas : dans la catégorie des 7-9 ans, Giulio, 7 ans, remporte le 1er prix du jury avec son dessin « Ensemble pour la protection du récif ». | Le dessin intitulé « Sauvetage de poissinou au récif » vaut à son auteure Assiyah, 9 ans, le 2ème prix du jury. | Et hors catégorie, une mention spéciale du jury pour le petit Gabin, du haut de ses 4 ans, pour son dessin « Bonjour corail » !


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Sensibiliser la jeunesse à l’importance de sauvegarder les richesses du lagon est l’une des priorités que s’est fixée la Réserve naturelle marine de La Réunion. En insufflant les notions d’écocitoyenneté et de culture scientifique auprès de la jeune génération, l’éducation à l’environnement et au développement durable permet de « faire comprendre les enjeux environnementaux de manière abordable et pédagogique, tout en développant l’engagement individuel dès le plus jeune âge », considère Karine Pothin, directrice de la Réserve naturelle marine. « Pour cela, la créativité artistique a un rôle intéressant à jouer » poursuit-elle, « ce concours de dessin donne la chance aux jeunes de devenir de véritables acteurs d’un projet dans lequel ils vont s’exprimer en nous livrant leur regard personnel sur la nature. »

En haut à gauche : Maï Lee, 10 ans, remporte la 3ème place de la catégorie des 10-12 ans en dessinant « Le paradis marin ». | Ci-dessus : dans la même catégorie, Tom atteint la 2ème place avec « Coraux en grève ». | Ci-dessous : quant à Swann, 7 ans, il décroche la 3ème place des 7-9 ans avec « Nettoyons l’océan ».

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MAYOTTE DEEP BLUE EXPLORATION, L’ASSOCIATION QUI EXPLORE ET ÉTUDIE LES ÉCOSYSTÈMES RÉCIFAUX DE LA « TWILIGHT ZONE » POUR CONTRIBUER À LEUR PRÉSERVATION L a jeune et dynamique association créée en 2019 œuvre pour la découverte et l’étude des peuplements coralliens mésophotiques (entre -50 et -150 mètres) situés aux pieds des récifs, au travers d’actions de science participative. « Pour étudier sur le long terme les récifs profonds, nous avons en projet la création de stations d’études permanentes dans la zone mésophotique ou twilight zone », nous informe Gabriel Barathieu, président de l’association, plongeur profond et photographe naturaliste. « Nous essayons notamment d’identifier des zones refuges pour la biodiversité ou encore potentiellement moins sujettes au réchauffement et aux pressions humaines qu’à plus faibles profondeurs. Dès mars, nous allons réaliser de la photogrammétrie 1 sur des portions de récifs en partenariat avec le Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte (CUFR). »

Photographie prise en bordure de la passe en S, au cours d’une grande marée basse. © Gabriel Barathieu

REMESO est un programme scientifique initié à Mayotte par Deep Blue Exploration. Son originalité réside dans sa démarche et son fonctionnement de science participative, la production de données et d’inventaires faunistiques étant ouverte aux acteurs non professionnels. Le manque actuel de connaissances sur les écosystèmes coralliens mésophotiques de l’île apporte un crédit certain à ce projet, avec la perspective de retombées écologiques locales et même internationales. En effet, l’association a pour ambition d’aider à mieux comprendre les adaptations des organismes aux conditions très particulières des milieux mésophotiques et de pouvoir évaluer le rôle de ces derniers dans l’évolution des récifs coralliens imposée par le changement climatique. La sensibilisation et les projets éducatifs font également partie de ses objectifs.  Technique d’imagerie qui permet, à partir de photos, d’estimer la surface 3D d’un objet, d’en reconstituer les reliefs. 1

Panorama sous-marin illustrant la zone mésophotique, à 80 mètres de profondeur. © Gabriel Barathieu


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À ce jour, Deep Blue Exploration a permis de recenser plus de 250 espèces vivant dans la zone mésophotique. Ce n’est qu’un début au vu de la richesse en biodiversité des fonds explorés. Parmi ces espèces, certaines sont nouvelles pour Mayotte (environ 35), d’autres n’ont jamais été répertoriées dans l’océan Indien et quelquesunes semblent encore inconnues de la science.

+ d’info ici : www.deep-blue-exploration.com www.underwater-landscape.com Poissons, coraux, éponge... Un paysage d’ambiance sous-marine visible à la passe Bateau nord à Mayotte. © Gabriel Barathieu

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LA FÉDÉRATION MAHORAISE DES ASSOCIATIONS ENVIRONNEMENTALES (FMAE), UN ACTEUR LOCAL INCONTOURNABLE Le président de la FMAE, Ali Madi, a bien voulu répondu à nos questions pour mieux faire connaître la structure qu’il représente. Dans les prochains numéros, nous irons à la rencontre des associations adhérentes à la FMAE, afin de mettre en lumière leurs actions concrètes sur le terrain. • Combien d’associations regroupez-vous et dans quels domaines principalement ? - ACEEM, 976 Sud Prévention, ADINM... La FMAE fédère 24 associations environnementales et citoyennes dont le but commun est le développement de Mayotte et la protection de son environnement. Pour citer trois autres associations, Oulanga na Nyamba en Petite-Terre se concentre sur la préservation des tortues marines et de la biodiversité du lagon. Wenka Culture promeut l’emploi et l’économie solidaire par le biais de la valorisation des déchets. Quant à l’association Jardin de M’Tsangamouji, elle mène entre autres des actions pour préserver la lagune d’Ambato et sensibiliser en matière d’utilisation de l’eau et de l’énergie.

INTERVIEW ALI MADI PRÉSIDENT DE LA FMAE • Quel est le rôle de la FMAE à Mayotte ? - La Fédération a vu le jour en 2003 car des associations avaient exprimé le besoin de se rassembler au sein d’une structure qui œuvre d’une même voix pour la protection de la biodiversité et le développement durable de l’île. La FMAE représente ainsi les associations environnementales de l’île au sein de plusieurs institutions locales, telles que le Comité de l’eau et de la biodiversité (CEB) ou la commission d’hygiène de la Collectivité départementale de Mayotte. Elle a pour mission d’accompagner les porteurs de projets institutionnels et associatifs, par exemple l’AHPE 1 sur son projet de lavoir écologique, le GIASM 2 concernant la protection d’un ancien captage, la commune de Sada lors de la Semaine européenne de la réduction des déchets... Chaque année, nous réunissons les partenaires institutionnels et privés de l’île à l’occasion des Journées mondiales du climat, des zones humides ou encore de la biodiversité.

Association de Hapandzo pour la protection de l’environnement

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• Pouvez-vous évoquer quelques projets phares faisant l’actualité de la FMAE ? - Actuellement, la FMAE porte deux projets en réponse à la crise de l’eau qui sévit à Mayotte. Inscrits dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE), ces projets sont financés par l’ARS et l’UICN (fond européen Life4BEST) : notre Fédération est ainsi chargée de la mise en œuvre des arrêtés préfectoraux sur les captages stratégiques d’Ourovéni, de Longoni et Combani. Le but est de garantir une plus grande quantité d’eau disponible par jour à Mayotte. De plus, un projet de structuration et d’accompagnement des associations du sud de l’île nommé « Association ambassadrice du Lagon » est en cours, pour renforcer le tissu associatif de la Communauté de communes du sud. Ponctuellement, nous conduisons aussi des actions zéro déchets avec nos associations adhérentes, nos partenaires et les communes. Et nous poursuivons nos efforts de formation auprès des associations. La FMAE participe aux travaux sur l’allongement de la piste de Pamandzi. Enfin, elle milite pour la création d’un Observatoire mahorais du changement climatique d’ici 2022, en partenariat avec le Conseil départemental, la DEAL, le Centre universitaire de Mayotte et l’Union européenne.

Groupement intercommunal des agriculteurs du sud de mayotte

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TORTUES MARINES À MAYOTTE : UNE MISSION DE SURVEILLANCE La

Mayotte est au cœur des préoccupations, plus encore depuis la crise de la Covid-19 et depuis le confinement, qui ont entraîné une augmentation du braconnage. Le suivi régulier des femelles sur les plages de Saziley et Moya depuis 1994 par les agents départementaux et la mise à jour de la base de données , représentent un capital important pour le patrimoine naturel du territoire. protection des tortues marines sur les plages de

Face à cette situation, et depuis plusieurs années déjà, le Conseil départemental de Mayotte agit pour la conservation des espaces naturels abritant des espèces exceptionnelles : dauphins, raies mantas… La tortue marine fait l’objet d’une vigilance particulière. À Mayotte vivent deux espèces de tortues très menacées au niveau mondial : la tortue verte et la tortue imbriquée, qui est classée en danger critique d’extinction par l’UICN. L’extension des lois de décentralisation à Mayotte en 2004 s’est traduite par le transfert de la compétence environnementale vers le Conseil départemental, lequel a notamment fait le choix d’agir sur la protection des tortues. Nous sommes allés à la rencontre des agents de surveillance des tortues marines sur le site du cratère de Petite-Terre, à la plage de Moya Dzaoudzi-Labattoir. Une visite encadrée par Ali Mari, responsable des équipes de surveillance des tortues marines au service environnement de la Direction de l’environnement et du développement durable. « Notre mission, en Petit-terre tout comme en Grande-Terre, consiste à faire de la surveillance nocturne et du suivi sur les plages. Les agents veillent à ce que les tortues qui montent puissent aller pondre leurs œufs en toute tranquillité. Et cette présence permet de lutter contre le braconnage », précise Ali Mari. Le Conseil départemental se mobilise au quotidien pour la préservation du Parc naturel marin, à travers ses agents déployés sur plusieurs sites, dont celui des cratères de Petite-Terre ou encore sur les plages de Saziley et Charifou en Grande-Terre. Conscient des enjeux, le Département met en œuvre des moyens et des actions de sensibilisation, de surveillance et de suivi des tortues, de comptage de traces mais aussi de dissuasion face au braconnage. « Depuis 1994, nous sommes passés d’une surveillance par mois à une plus grande fréquence, c’est-à-dire toutes les semaines », souligne le responsable des équipes de surveillance. La collectivité mobilise en effet des agents sur les plages les plus fréquentées par ces reptiles. L’information et la sensibilisation sont également une préoccupation.

Les agents, confrontés à des agressions de braconniers et à un manque de visibilité et d’identification de la part des visiteurs, s’investissent dans leurs missions, que certains exercent depuis plusieurs années. La surveillance régulière porte aujourd’hui ses fruits : « De 1994 à 1998, il y avait deux montées de tortue en moyenne par nuit sur cette plage, mais depuis 2017 nous enregistrons une moyenne de 10 montées par nuit. En 2018 et 2019, nous avons relevé un pic allant jusqu’à 70 tortues observées en une nuit ». Au total, 12 agents, répartis en équipes de trois ou quatre personnes, se relaient au quotidien sur le site de Moya avec une permanence chaque nuit jusqu’à 8 heures du matin. La collectivité travaille en partenariat avec plusieurs structures : l’association Oulanga na Nyamba, la brigade nature de l’OFB et le REMMAT (Réseau échouage mahorais des mammifères marins et tortues marines) pour une meilleure prise en compte de la préservation des tortues. Plusieurs associations environnementales jouent également un rôle important avec des comptages, de l’information régulière ou des bivouacs.

Une tortue morte ou vivante échouée ? Numéro d’appel REMMAT : 06 39 69 41 41

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TAAF A près

grandeur Nature

RENCONTRE AVEC LE PRÉFET, ADMINISTRATEUR SUPÉRIEUR

M arine nationale puis exercé au sein de différents ministères , C harles G iusti, ancien directeur général adjoint au ministère des O utre - mer , a pris ses fonctions à Saint-P ierre le 12 octobre dernier. avoir servi durant

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ans dans la

Charles Giusti au siège des TAAF, lors de sa prise de fonctions.

INTERVIEW CHARLES GIUSTI, PRÉFET, ADMINISTRATEUR SUPÉRIEUR DES TAAF • Créée en 1955, la collectivité des TAAF 1 est singulière à plus d’un titre, notamment en raison de l’isolement extrême de ses territoires et de son absence d’habitants permanents. Pourriez-vous nous décrire vos missions ? - Je dirais que tout est dans le titre de « préfet, administrateur supérieur ». Mon rôle est de représenter l’État dans ces territoires, tout en administrant une collectivité particulière. Sont ainsi regroupées sous une même autorité des compétences régaliennes (mise en oeuvre des politiques du Gouvernement, tenue des engagements de la France...) et de collectivité territoriale (actions quotidiennes, gestion, logistique, travaux...). L’administration et les moyens placés sous mon autorité permettent ainsi de couvrir l’intégralité de l’action publique dans les TAAF. On peut d’ailleurs faire un parallèle avec Wallis-et-Futuna où le préfet, administrateur supérieur est le représentant de l’État et le chef de l’exécutif. Par ailleurs, dans les TAAF, nous n’avons pas d’assemblée délibérante, mais je suis assisté d’un conseil consultatif qui donne un avis sur les questions d’ordre budgétaire et bon nombre d’autres sujets. De manière générale, je dois veiller au respect des trois grands piliers sur lesquels reposent les TAAF : - la protection du patrimoine naturel de ces territoires, qui hébergent une biodiversité exceptionnelle. De nombreuses actions de conservation sont ainsi conduites avec nos partenaires dans les cinq districts, par exemple au sein de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. - la contribution à la recherche scientifique, sachant que les TAAF accueillent depuis des décennies des programmes de recherche et des observatoires rattachés à des réseaux internationaux : étude du CO2 dans l’atmosphère, rayonnement cosmique, présence de stations Météo-France dans tous les territoires... Notons que la position géographique  Terres australes et antarctiques françaises

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des TAAF est très intéressante pour couvrir des zones qui sont principalement maritimes. En matière de recherche, nous travaillons étroitement avec l’IPEV 2, qui est l’opérateur chargé de sélectionner et soutenir les programmes scientifiques en utilisant la logistique générale des TAAF, dont celle fournie par notre navire amiral, le Marion Dufresne. - et enfin, une présence exemplaire dans les districts. • Quels sont à vos yeux les priorités à mettre en oeuvre dans les TAAF et les principaux enjeux à venir ? - Les plans de gestion des espaces naturels doivent constituer la feuille de route permettant de décliner nos actions et d’identifier les investissements des prochaines années, notamment en établissant un plan pluriannuel d’investissement et en allant chercher les financements nécessaires. Nous devons bien sûr continuer à nous mobiliser dans les trois districts austraux de Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, mais les deux autres districts des TAAF méritent aussi toute notre attention. Il s’agit de : - maintenir l’excellence de la recherche française en Terre Adélie, tout en veillant à limiter l’impact environnemental des activités ; et par ailleurs entreprendre la rénovation de la base Dumont d’Urville ; - consolider et pérenniser la recherche dans le « district en devenir » des îles Éparses, intégré aux TAAF en 2007. C’est une volonté forte du président de la République, en visite aux Glorieuses en octobre 2019, de créer dans ce territoire une réserve naturelle qui soit étendue par la suite aux autres îles Éparses. À la différence des îles australes où la recherche s’est développée pendant des décennies avant la création de la réserve, dans les îles Éparses, les deux démarches sont concomitantes. Nous allons pouvoir initier un modèle nouveau, en facilitant la présence des scientifiques et favorisant une recherche internationale. Faire en sorte finalement que nous puissions nous retrouver avec les pays riverains autour d’un objectif commun de protection de la nature et d’essor de la recherche dans ces laboratoires à ciel ouvert de la biodiversité et du changement climatique.  Institut polaire français Paul-Émile Victor

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PUBLI-COMMUNIQUÉ

DOSSIER LA RECHERCHE COLLABORATIVE ENTRE SCIENTIFIQUES ET PÊCHEURS, UN DUO GAGNANT Dans les tempétuses mers australes, au large des îles Crozet, un phénomène retient depuis le milieu des années 1990 l’attention des scientifiques et des armements : la déprédation exercée par les orques et les cachalots sur les palangriers qui pratiquent la pêche à la légine.

CHRISTOPHE GUINET DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS, CENTRE D’ÉTUDES BIOLOGIQUES DE CHIZÉ (CEBC) • Dans votre domaine, la recherche évolue vers toujours plus de collaboration avec les pêcheurs. Comment cette relation s’est-elle installée avec le temps ?

Scène de déprédation de légine par une orque au large de l’archipel de Crozet. © Paul Tixier

La Fondation des mers australes, créée en 2013 par les armements de pêche réunionnais naviguant dans les Terres australes, a notamment vocation à améliorer les connaissances scientifiques sur les écosytèmes marins reculés de la zone subantarctique française et à financer des projets de recherche. L’un de ses premiers thèmes d’étude a été, dès 2015, la déprédation par les cétacés sur les palangres au large de Crozet. Le projet Orca-Depred, levier de démarrage de la Fondation, a ainsi pu réunir le monde de la recherche à travers d’une part le CNRS-CEBC et l’École nationale des sciences et technologies avancées (ENSCAB) et d’autre part les armements de la pêche australe, le Syndicat des armements réunionnais de palangriers-congélateurs (SARPC) et la Fondation des mers australes. « En 2014, la pêche à la légine et à la langouste dans les mers australes pèse pour 11 % de la valeur ajoutée nationale dégagée par le secteur de la pêche en mer », selon un rapport de l’Insee datant de décembre 2017. Or la déprédation cause de lourdes pertes de légines pour les armements. Un sujet étudié de près par les scientifiques, en interface directe avec les pêcheurs.

- Pour retracer un peu l’historique du suivi de la population d’orques, tout a commencé pour moi quand j’ai fait ma thèse sur les orques de Crozet en 1988, après un premier hivernage à partir de 1987. Je travaillais sur l’écologie comportementale des orques, à partir d’observations réalisées depuis les côtes de l’île de la Possession, où quelques familles s’approchaient pour chasser les éléphants de mer et les manchots. On ne savait pas du tout quels types de poissons les orques consommaient. Puis soudain, en 19951996, ce furent les débuts de la pêche commerciale à Crozet, c’est-à-dire de la pêche à la légine australe à la palangre 1. Tout de suite, les orques se sont mises à interagir avec cette pêcherie, en venant décrocher la légine sur les lignes, ce phénomène que l’on appelle la déprédation.

Christophe Guinet près d’une légine à bord de l’Austral Leader II, navire australien affrêté en 2010 pour la campagne Orcasav, qui visait à tester différents engins de pêche pour tenter de réduire la déprédation.

Dispositif de pêche comprenant un corps de ligne principal, auquel sont attachées à intervalles réguliers des lignes munies d’hameçons. Une palangre peut être pélagique (tractée par un navire), ancrée au fond ou dérivante (soutenue par des flotteurs).

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En voyant que les orques avaient immédiatement interagi avec la pêcherie, nous avons tout de suite pensé que la légine faisait partie de leur régime alimentaire naturel, car ces cétacés sont des prédateurs très conservateurs dans leurs habitudes alimentaires, qui se nourrissent de ce dont ils ont appris, avec le temps, à se nourrir. À cette époque, pour un bateau autorisé à pêcher la légine dans les eaux de Crozet, environ 25 pêchaient de manière illégale. On voyait bien que les choses changeaient, on observait moins d’orques, mais leurs effectifs nous étaient inconnus puisque nous n’avions accès qu’aux animaux aux abords d’une unique île de l’archipel. Nous ne savions pas ce qui se passait en pleine mer. Donc au départ, notre collaboration avec les pêcheurs, et surtout avec les contrôleurs de pêche des TAAF, a consisté à obtenir de leur part des photos pour nous aider à identifier les orques et à comprendre pourquoi leur population diminuait. C’est grâce à ce travail de photoidentification à bord des navires de pêche couplé à nos propres observations depuis l’île de la Possession, que nous sommes arrivés à la conclusion qu’en cinq ans, la moitié de la population des orques de Crozet avait disparu et que ce déclin ne concernait que les orques connues pour interagir avec les bateaux. En fait, les pêcheurs illégaux cherchaient à tuer les individus qui s’approchaient de leurs navires. Cela nous a été confirmé par des témoignages de scènes de braconnage à l’explosif, de tirs d’armes à feu... L’impact sur les populations d’orques a donc été considérable. 1 Et puis, au milieu des années 2000, on a développé des méthodes avec des personnes du Muséum, dont Nicolas Gasco, qui était aussi contrôleur de pêche, pour évaluer la quantité de légines capturées à Crozet par les orques et les cachalots sur les palangres. On s’est alors rendu compte qu’au total à peu près un tiers des légines était prélevé sur les hameçons, les trois quarts par les orques, le reste par les cachalots. Un poisson pêché sur trois n’étant donc pas comptabilisé en prise, les pêcheurs devaient fournir plus d’efforts pour remonter le poisson. La déprédation générait des coûts économiques non négligeables, pouvant même compromettre à moyen terme l’activité de pêche...

Compte tenu des enjeux socio-économiques de la pêche à la légine, nous avons entamé une troisième phase du programme pour mieux comprendre la déprédation. La coopération avec les pêcheurs s’est accrue, mais il a fallu au début leur faire comprendre l’intérêt d’étudier la déprédation pour essayer d’identifier les solutions les mieux adaptées. Une première campagne, Orcasav, a ainsi été construite en 2010 par les armements de pêche, en partenariat avec des scientifiques de l’Ifremer, du MNHN, du CNRS. Le but était de tester une technique de pêche alternative à la palangre, le casier, pour pêcher la légine en profondeur en la protégeant des cétacés, car une fois dans le casier, le poisson leur devient inaccessible. Mais à l’issue de la campagne, si nous avons constaté en effet l’absence de déprédation, et aussi de captures accidentelles d’oiseaux, aucun modèle de casier testé n’a permis d’atteindre le seuil de rentabilité économique. Le casier n’était donc pas un choix d’investissement envisageable pour les armements de pêche. Nous avons alors voulu savoir si la déprédation avait lieu uniquement au moment du virage des lignes – c’est-à-dire de leur remontée – ce que pensaient les pêcheurs, ou également quand les lignes sont en pêche. Ce qui nous a mis la puce à l’oreille, c’est que les pêcheurs avaient retrouvé morts, emmêlés dans des lignes, des cachalots. Était-ce par accident, où étaient-ils en interaction avec les lignes de pêche ? C’est comme cela qu’a été initié le programme scientifique Orca-Depred. Nous avons développé des accéléromètres avec capteurs de pression et hydrophones qui, installés sur des lignes de pêche, pouvaient détecter à quel moment les légines mordaient. Cela a confirmé que la déprédation par les cachalots avait lieu aussi quand les lignes étaient en pêche au fond. De plus, nous avons équipé des orques de balises argos, qui ont enregistré des plongées au-delà de -600 mètres sur le fond, et cela jusqu’à -1 800 mètres, dans des zones où des lignes étaient en pêche. Il a fallu du temps pour construire ce climat de confiance avec les pêcheurs. Nous dépendons beaucoup d’eux dans la collecte de données, qu’elles soient acoustiques ou par photoidentification. Et les bilans de nos recherches les aident à minimiser cette déprédation, par exemple en les encourageant, dès qu’ils sont en présence d’orques, à se déplacer pour la remise en pêche d’au moins 30 milles marins (conclusion d’études acoustiques, car les orques entendent les navires de loin) avant de revenir plus tard pour récupérer les palangres ; ou en les incitant à ne pas faire marche arrière car cette manoeuvre, très bruyante, est susceptible d’attirer les orques jusqu’à 100 kilomètres à la ronde. Actuellement, nous travaillons à la mise au point d’outils d’aide à la décision pour les pêcheurs : des méthodes acoustiques avec hydrophones tractés, destinées à localiser depuis les navires les cachalots en temps réel, à partir d’un détecteur automatique de clics qu’il reste à concevoir. Si les résultats s’avèrent concluants, on passera à l’opérationnel, naturellement en lien avec les équipages.

La pêche à la légine australe à bord d’un palangrier, dans les quarantièmes hurlants. © Paul Tixier

1  Une surmortalité des orques due au braconnage hors ZEE françaises et en eaux internationales est encore à déplorer aujourd’hui.


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Le Cap Kersaint de l’armement Cap Bourbon, l’un des sept navires de la pêcherie de légine. Ce palangrier austral de 59,45 mètres peut accueillir 28 membres d’équipage et un observateur des TAAF. © Delphine Ciolek

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DELPHINE CIOLEK SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA FONDATION D’ENTREPRISES DES MERS AUSTRALES • Comment la Fondation des mers australes tisse-t-elle des liens entre pêche et recherche ?

Ici escorté par des albatros et des pétrels lors d’une campagne de pêche dans les mers australes à plusieurs jours de mer de l’île de La Réunion, le Mascareignes III est un palangrier de l’armement Sapmer. © Delphine Ciolek

Dans le cadre du programme Orca-Depred, une réunion avait rassemblé en juillet 2018 à Paris, au Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), des scientifiques et capitaines de pêche, ainsi qu’un bureau d’études © Delphine Ciolek

- Mon rôle est d’assurer le lien entre armements et scientifiques, de faire en sorte que le dialogue soit fluide. La Fondation participe depuis sa naissance aux programmes d’études sur la déprédation. Sur ce sujet, je me tiens informée des publications et en transmets des synthèses aux armements, qui passent ensuite l’information aux capitaines... Surtout, nous organisons une réunion annuelle d’échange avec le MNHN, en présence de tous les armements et de scientifiques du Muséum experts en benthos, en biologie marine dans les mers australes... Ce sont des occasions d’apprendre à se connaître et d’échanger : les scientifiques présentent leurs projets, partagent leurs découvertes et résultats ; les armements font part de leurs retours d’expériences sur les sites de pêche, le comportement des orques, etc. La Fondation cherche à valoriser le savoir empirique des pêcheurs, qui sont de véritables sentinelles de la mer. Il est arrivé par exemple que des pêcheurs remontent à bord un petit morceau de benthos qui s’est avéré être une nouvelle espèce pour la science. Au plus près du terrain, les pêcheurs contribuent à améliorer les connaissances. Ils ont conscience de l’utilité d’avoir un contrôleur de pêche embarqué à chaque marée et sur chaque navire, car les données recueillies sont ensuite compilées dans la base Pecheker du MNHN. Les pêcheurs reconnaissent l’impact de leur activité sur les écosystèmes marins. Ils savent aussi qu’ils dépendent de ces derniers et que de bonnes pratiques de pêche doivent être adoptées. Cela peut porter sur des mesures réglementaires, comme le fait d’effectuer un grand détour entre Crozet et Kerguelen, pour éviter que des groupes d’orques de Crozet suivent les palangriers jusqu’aux Kerguelen. Dans les mers australes, la collaboration entre la pêche et la recherche a vraiment démontré son caractère essentiel.


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Pendant mes embarquements, j’ai fait de la photoidentification, qui allait à mon retour être analysée au laboratoire de Chizé (CNRS-CEBC). J’ai essayé de savoir si l’ensemble des orques s’étaient spécialisées dans la tactique de la déprédation ou si cela ne concernait qu’un échantillon de population ; j’ai observé la réaction des pêcheurs dans la pratique en présence des orques, en regardant si d’euxmêmes ils avaient mis en place des comportements pour éviter les interactions et perdre le moins de poissons possible... J’ai ainsi incorporé cette connaissance humaine empirique des pêcheurs dans mes recherches.

PAUL TIXIER CHARGÉ DE RECHERCHE À L’IRD EN ÉCOLOGIE MARINE SCIENCE DE LA DURABILITÉ ASSOCIÉE AUX INTERACTIONS ENTRE PÊCHERIES ET MÉGAFAUNE MARINE

Par exemple, les pêcheurs savaient dans quels secteurs autour de Crozet nous avions le plus de probabilité de rencontrer les orques. Cela m’a aiguillé, m’a permis de mieux cerner leurs zones d’alimentation naturelle et de comprendre qu’elles étaient déjà là avant et agissaient de manière opportuniste quand les bateaux étaient là. Par ailleurs, des pêcheurs avaient fait le choix d’utiliser des palangres plus courtes, pour être plus réactifs au moment du filage et quitter rapidement la zone si les orques se manifestaient. Cela leur a en effet permis de sauver une partie de leurs prises.

• Vous avez embarqué sur des navires de pêche dans les Terres australes de façon à améliorer vos connaissances scientifiques sur le terrain. Comment cela se passe-t-il à bord, quels ont été vos échanges avec les équipages ? - J’ai débuté ma thèse sur la déprédation fin 2008 et ai eu très vite l’opportunité d’effectuer un embarquement à bord de l’Antarctic I de l’armement Pêche Avenir, précédesseur du Saint-André. Les pêcheurs souhaitaient que des pistes soient trouvées pour lutter contre la déprédation, car ils perdaient beaucoup de poisssons. Cela a été la première thèse sur cette thématique. En partenariat avec les armements, l’objectif était de s’attaquer au sujet et d’essayer de trouver des solutions dites de mitigation, qui visent à atténuer les conséquences de ce conflit d’usage homme-animal. Au cours de mes études et des stages que j’avais pu faire avant en écologie et en biologie marine, la formation était axée sur la biologie de manière dissociée des activités humaines. Ma thèse m’a ouvert une nouvelle dimension d’étude, car il s’est agi de mettre à profit la recherche, d’essayer de trouver des compromis pour faire en sorte que l’homme et les orques puissent coexister, en participant à une activité humaine directement confrontée à ce type de conflit, au contact des pêcheurs et des armements. Les trois embarquements que j’ai pu faire jusqu’en 2011 pendant ma thèse comme contrôleur de pêche recruté par l’administration des TAAF – soit 11 mois en mer au total – ont été pour moi le début d’une longue aventure, puisque je viens d’être recruté par l’IRD dans le domaine de la recherche sur les interactions entre pêcheries et prédateurs marins.

Ci-dessus : le virage des lignes ou la remontée des légines à bord. | Ci-dessous : l’Île de La Réunion, palangrier de l’armement Comata Scapêche. © Paul Tixier (y compris page 29)


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Un dernier exemple. Un capitaine avait une stratégie d’anticipation : au lieu d’immerger ses palangres au même endroit, il faisait une sorte de triangulation de manière à les répartir. Dès que les orques se montraient, il arrêtait de pêcher et allait sur l’une des autres zones. On s’est rendu compte que les orques avaient du mal à suivre le rythme des bateaux. Et donc en se déplaçant sur de longues distances, ce capitaine parvenait à les distancer et à diminuer les interactions. Partager le quotidien des pêcheurs a été une excellente expérience, cela a énormément enrichi mon travail. Leurs conditions ne sont pas faciles, la légine se pêche au prix de très gros efforts, ils ont beaucoup de mérite. Ce sont des passionnés. La mer, c’est leur vie, une vocation. Quand les orques sont là, on se rend compte à quel point c’est difficile pour les pêcheurs... Et l’on sait que de nombreuses communautés humaines dépendent de cette économie de pêche. Les interactions restent importantes à Crozet, car c’est une petite zone (par rapport aux îles Kerguelen par exemple), où les orques et les cachalots connaissent très bien les lieux de pêche et où il y a sans doute un chevauchement entre zones d’alimentation naturelle et de pratique de la pêche.

Les pêcheurs associent les orques à un impact négatif sur leur rentabilité. Mais cela ne nous a pas empêché de bien travailler ensemble. Lors de mon dernier embarquement, l’une des meilleures expériences de terrain que j’ai eues, je voulais tenter de prélever des échantillons de peau sur les cétacés et de déployer des balises satellites sur leur dos, pour suivre leurs déplacements. Les pêcheurs m’ont signalé la présence des animaux. Au large, je me suis harnaché à l’avant du navire, la mer glaciale était forte, battue par les vents, l’équipage a manoeuvré, j’ai lancé ma flèche, elle est retombée sur le dos d’une orque, je l’ai ramenée aussi vite que possible avant que les pétrels ne s’en emparent, j’ai vu qu’elle portait un échantillon et là-haut, à la passerelle, à ma grande surprise, toute une partie de l’équipage était en train d’applaudir. Pendant cette marée, j’ai ainsi pu effectuer 12 biopsies d’orques et six de cachalots. C’était extraordinaire de rapporter autant de données permettant d’étudier les régimes alimentaires, de faire de la génétique... C’est grâce aux marqueurs isotopiques d’azote et de carbone contenus dans ces échantillons que l’on a pu prouver que la légine représentait au minimum 30 % de l’alimentation des orques. Cela n’aurait jamais été possible sans recherche collaborative avec les pêcheurs.

Paul Tixier et Nicolas Gasco, chargé d’études scientifiques au MNHN, ont réalisé le livre Mers australes, dont cette vidéo vous offre un aperçu : https://vimeo.com/183478505 | Contacts : paul.tixier@gmail.com | nicolas.gasco@mnhn.fr Enfin, voici le lien vers le rapport 2021 sur le suivi des orques de Crozet : https://doi.org/10.6084/m9.figshare.13677145.v1

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NOUVELLE-CALÉDONIE NC201 : UN PROBIOTIQUE LOCAL MARIN POUR L’AQUACULTURE DURABLE La

Ci-dessus : colonies bactériennes NC201 sur milieu Zobell (milieu de culture pour bactéries marines) 72 heures après étalement et conservées à 28 °C. © Ifremer | Dominique Pham

crevetticulture est une activité économique

locale importante, avec

18 fermes et quatre écloseries sur la côte ouest, mais qui doit faire face à des mortalités au sein des élevages de larves de crevette bleue

L. stylirostris.

Dans le cadre du projet Ressac 1, pour une aquaculture limitant l’usage des antibiotiques, les scientifiques de l’Ifremer s’intéressent à des micro-organismes vivants appelés probiotiques, bénéfiques pour la croissance des larves. Isolée en Province Nord, une bactérie marine locale nommée NC201 s’est révélée efficace dans l’eau d’élevage, en particulier contre des infections et des mortalités qui impactent les crevettes bleues. Si NC201 semble avoir les faveurs des crevettes, les prochaines étapes vers une production à l’échelle industrielle, et son utilisation pour d’autres espèces aquacoles, seront les défis de demain pour les chercheurs de l’Ifremer...

LES MONTS ET MERVEILLES DU PARC NATUREL DE LA MER DE CORAIL

Éponges sur les pentes du Mont D (ride des Loyautés). © Kanadeep2 | Ifremer / MNHN

Élevage de crevettes. © Ifremer | Olivier Dugornay

+ d’info ici : Ressac Contacts : Dominique Pham | dominique.pham@ifremer.fr Nelly Wabete | nelly.wabete@ifremer.fr 1

Ressources et écosystèmes aquacoles en Nouvelle-Calédonie

Le Parc naturel de la mer de Corail, créé en 2014, est une aire marine protégée qui couvre toute la ZEE de NouvelleCalédonie, et fait partie des cinq plus grandes AMP au monde. Ce territoire encore largement méconnu se caractérise cependant par une géodiversité et une biodiversité remarquables qui intriguent des chercheurs de l’Ifremer, de l’IRD et du Muséum national d’Histoire naturelle. Ainsi, en 2019, la mission Kanadeep, sur le navire L’Atalante équipé du robot téléopéré Victor 6000, avait collecté de nouvelles données sur des peuplements profonds, comme les poissons ou les invertébrés (éponges, coraux) colonisant les monts sous-marins du « triangle d’or de la biodiversité », au sud de la Nouvelle-Calédonie. Lors d’une consultation publique sur les monts sous-marins qui va être ouverte début 2021 par le gouvernement, un film dédié à ces écosystèmes et réalisé avec la participation de l’Ifremer, sera accessible au grand public. Un bon moyen de plonger et de s’extasier sans se mouiller... ! Contact : Emmanuel Tessier | emmanuel.tessier@ifremer.fr


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PUBLI-COMMUNIQUÉ

DES MICRO-ALGUES AU BÉNÉFICE DE LA DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE Le littoral du lagon de Nouvelle-Calédonie présente des conditions extrêmes particulières, permettant à des micro - algues de se développer et de s ’ y adapter en produisant potentiellement des molécules spécifiques, aux propriétés intéressantes pour la nutrition, la pharmacologie ou la cosmétique. Le programme Amical 1, porté conjointement par l’AdecalTechnopole (Agence pour le développement de la Nouvelle-Calédonie) et l’Ifremer, a pour objectif de développer, à moyen terme, une filière innovante de production de micro-algues locales afin de participer, par leur valorisation, à la diversification économique de la Nouvelle-Calédonie. Le projet a débuté en 2012 par des prélèvements le long de la Grande Terre. Les micro-algues collectées ont été sélectionnées sur un critère de vitesse de croissance. Une souchothèque a été constituée pour conserver les microalgues. Fin 2020, elle contenait 50 espèces. 12 ont été testées pour leur propriétés antioxydantes, dont deux se sont révélées particulièrement intéressantes (travaux de thèse) pour une valorisation en cosmétique et en alimentation. Plusieurs travaux concluants ont été menés pour une utilisation dans l’alimentation des crevettes d’aquaculture élevées localement. Certaines de ces micro-algues sont également riches en lipides, comme les Oméga 3 et 6, essentiels à la santé humaine comme animale. Des études scientifiques et économiques sont également conduites sur la valorisation

de pigments connus et inconnus : l’un deux correspond à une demande exprimée par l’industrie cosmétique. Dans le même temps, d’autres molécules aux propriétés intéressantes sont étudiées en nutrition (alicaments et antioxydants), en santé (antibiotiques) ou encore en agriculture (antiparasitaires). Afin de mener ces travaux, plusieurs conventions de partenariat sont en cours de signature avec des professionnels de ces différents secteurs (cosmétique, alimentation humaine et animale, santé-confort) et des collaborations se poursuivent avec des partenaires académiques. Certaines micro-algues de la souchothèque restent à identifier et à caractériser. Enfin, des travaux visent actuellement à sécuriser cette collection en la préservant sur le long terme par cryoconservation. 1

Aquaculture micro-algues en Nouvelle-Calédonie

+ d’info ici : Micro-algues Contact : Loïc Le Déan | loic.le.dean@ifremer.fr

Photobioréacteurs contenant des cultures de micro-algues. © Ifremer | Liêt Chim

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Grâce à ce dispositif, 1 407 communes ont pu bénéficier d’un soutien financier de l’OFB, dans le cadre des 153 projets d’ABC soutenus entre 2017 et 2020.

WALLIS-ET-FUTUNA L’APPEL À PROJETS NATIONAL « ATLAS DE LA BIODIVERSITÉ COMMUNALE 2021» (ABC 2021) Dans l’archipel

tropical français le plus éloigné de

Paris,

comme dans l’ensemble des communes et

intercommunalités de l’Hexagone et de l’outre-mer, l’Office français de la biodiversité appel à projets. Les dossiers de candidature doivent être transmis d’ici le

Les services de l’État et du Territoire à Wallis-et-Futuna ont relayé l’annonce sur leur site web le 22 janvier. Financé à hauteur de 3,57 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance et de 0,48 million d’euros sur crédits propres de l’OFB pour accompagner les Pays et territoires d’outre-mer (PTOM), l’appel à projets « Atlas de la biodiversité communale 2021 » s’adresse prioritairement aux communes et structures intercommunales, et dans certains cas aux établissements publics et acteurs associatifs. Ce programme a été initié en 2010 par le ministère en charge de l’Environnement. Mené dans environ 300 communes en six ans, il a été repris en 2017 par l’Agence française pour la biodiversité, devenue OFB. Véritable outil stratégique, un ABC a pour objectifs de : • mieux connaître la biodiversité communale ou intercommunale, en identifiant les enjeux spécifiques liés ; • sensibiliser et mobiliser les élus ; • définir des recommandations de gestion ou de valorisation ; • faciliter la prise en compte de la nature lors de la mise en place des politiques communales ou intercommunales, par exemple via la traduction des connaissances dans les politiques publiques d’aménagement du territoire (documents d’urbanisme, gestion d’espaces...). Plus qu’un inventaire, un ABC est un instrument d’aide à la décision pour mieux protéger la biodiversité, la valoriser et sensibiliser les citoyens et acteurs socio-économiques. Les responsables de l’action locale acquièrent ainsi « une information naturaliste suffisamment complète et synthétique, notamment cartographique, nécessaire à l’intégration des enjeux de la biodiversité du territoire dans les actions et stratégies qu’ils portent. » (extrait du règlement

(OFB) lance cet

15 mars.

L’appel à projets répond à l’objectif du « Livre bleu des Outre-mer », qui a pour ambition de couvrir l’ensemble de la France ultramarine par des Atlas communaux et intercommunaux de la biodiversité d’ici 2027, en mobilisant l’État et ses opérateurs (OFB) en soutien des collectivités.

Le règlement précise les modalités spécifiques aux Communautés d’outre-mer : « l’appel à projets s’adresse également aux services du territoire de Wallis-et-Futuna compétents en matière de biodiversité (circonscriptions d’Uvea, Alo et Sigave). [...] L’éligibilité des porteurs de projets est ouverte à toutes les associations qui agissent notamment en faveur de la préservation de l’environnement sur le territoire [...]. » Contact du secrétariat technique : atlasbiodiversitecommunale@ofb.gouv.fr

administratif)

+ d’info ici : Appel à projets OFB https://abc.naturefrance.fr/


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

POLYNÉSIE FRANÇAISE LE PREMIER APPEL À PROJETS 2021 EN FAVEUR DES ASSOCIATIONS ENVIRONNEMENTALES La

direction de l’environnement de la

française

(Diren)

Polynésie

lance un nouveau dispositif

d’accompagnement financier pour encourager et soutenir les projets environnementaux portés par les associations locales.

Les actions proposées doivent être réalisées avant la fin de l’année et peuvent concerner l’éducation à l’environnement, la protection de la biodiversité (faune et flore remarquables), la lutte contre les espèces envahissantes, le nettoyage de quartiers, de plages ou de fonds marins... Les associations qui agissent notamment pour la protection, la conservation, la gestion ou la valorisation de l’environnement de Polynésie ont jusqu’au 26 mars pour déposer leurs dossiers.

VAHINE RURUA, LA PREMIÈRE POLYNÉSIENNE DOCTEUR EN ARCHÉOZOOLOGIE 1

Vahine Rurua est titulaire d’un master en « Environnement insulaire océanien ». Cette spécialité proposée conjointement par les universités de la Polynésie française et Pierre et Marie Curie (Paris VI) a pour but de former, via une approche pluridisciplinaire, de jeunes scientifiques dans les domaines de l’environnement, des géosciences, de la biologie et l’écologie, pour les préparer en particulier à intégrer les programmes de recherche de la région Pacifique et plus largement de l’outre-mer. Vahine Rurua a par la suite continué ses études en doctorat. Le 10 décembre, sous la direction de Éric Conte et Philippe Béarez, la jeune femme a soutenu, en visio-conférence à l’université de la Polynésie française, sa thèse intitulée : « Biodiversité et exploitation des ressources marines en Polynésie française sur la longue durée : étude comparative des archipels des Marquises et des Gambier ». 1

Pour tout complément d’information, s’adresser à la DIREN : Tél. : (689) 40 47 66 66 E-mail : direction@environnement.gov.pf

RÉSUMÉ [...] « Nous cherchons à définir les stratégies mises en œuvre par les communautés humaines pour adapter leurs méthodes de capture à la disparité des ichtyofaunes rencontrées dans les différentes îles mais également leurs évolutions sur le long terme. Pour aborder cette problématique, nous nous sommes intéressés aux développements de la pêche dans deux types d’environnements : un milieu sans lagon (île de Ua Huka aux Marquises) et un avec lagon (aux îles Gambier avec les îlots d’Agakauitai et de Kamaka). Nous y avons développé trois objectifs : le premier consiste à recenser la diversité exploitée suivant les sites d’études [...] ; le second concerne l’analyse écologique de la pêche par la détermination des micro-environnements ciblés ; le troisième implique l’interprétation des méthodes de capture par l’application des données ethnographiques des pêches traditionnelles. » [...] « La comparaison de la diversité exploitée entre les deux archipels démontre que malgré l’opposition environnementale des îles, un résultat commun apparaît : le proche littoral est le premier lieu d’approvisionnement en poisson. »

Discipline qui étudie les relations naturelles et culturelles entre l’homme et l’animal au cours de l’histoire.

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grandeur Nature

Fédérer l’outre-mer, favoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatives pour la protection de la nature et le développement durable

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT LANCEMENT EN JANVIER 2021 10 PARUTIONS PAR AN, DONT 2 THÉMATIQUES SUPPORT D’INFORMATION GRATUIT ADRESSÉ AUX : décideurs publics acteurs ultramarins de l’environnement académies d’outre-mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux (page Facebook

« Outre-mer grandeur Nature »...)

Outre-mer grandeur Nature, un support proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae | ISSN en cours 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion z.ifremer.fr/lareunion/Projets/Systemes- Pour toute question ou proposition de sujet, merci de contacter : formation-SI/DALI-2019-2021 Stéphanie Légeron, directrice de publication | Mail : oceindia@icloud.com


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