JANVIER 2021 - n°1
OUTRE-MER grandeur Nature L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
ÉDITION THÉMATIQUE
EXPOSITION SUR LES GRILLES DU JARDIN DU LUXEMBOURG DU 19 SEPTEMBRE 2020 AU 17 JANVIER 2021
SOMMAIRE
UNE
Le patrimoine naturel de l’outre- mer français à l’honneur pour la première fois en 20 ans sur le site géré par le S énat 3 4 5 6 10
avant-propos édito du président du Sénat l’outre-mer en quelques chiffres actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon
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Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique Guyane Île de La Réunion
22 Mayotte 27 TAAF 28 Nouvelle-Calédonie 29 Wallis-et-Futuna 30 Polynésie française 31 Clipperton
OcéIndia
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© Photographie : Franck Grondin | www.instagram.com/frog974 | Colline rocheuse et abrupte couverte de filaos, le Piton de Grande Anse à l’île de La Réunion s’avance vers l’océan. Ce site du Conservatoire du littoral abrite une flore remarquable adaptée à un milieu soumis à la sécheresse et aux embruns : la lavangère, endémique de l’île, la souveraine de mer, le manioc marron bord de mer… Le lézard vert de Manapany, endémique lui aussi, a élu domicile non loin de là, tandis que le phaéton à bec jaune et le puffin du Pacifique nichent dans les anfractuosités de la falaise.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Avant cela, nous avons conçu l’exposition Escales Outremer au sein de notre collectif de 50 photographes venus de tout l’outre-mer français. Vitrine du patrimoine naturel ultramarin, ce support illustré et documenté a été validé par des scientifiques dans chaque région décrite. Son fichier est téléchargeable ici librement pour toute utilisation numérique : Escales Outre-mer
AVANT-PROPOS PAR STÉPHANIE LÉGERON, DIRECTRICE DE PUBLICATION Le lancement d’un magazine numérique est en soi une aventure. D’autant plus lorsque le thème retenu, l’environnement, englobe des territoires si éloignés entre eux géographiquement qu’ensemble ils demeuraient dans ce domaine dépourvus de périodique dédié. L’idée de l’e-magazine Outre-mer grandeur Nature est née fin 2018 à la suite des ateliers de communication « Eau et biodiversité dans les outre-mer. Où en est-on ? » organisés au ministère de la Transition écologique (et solidaire). Deux besoins y avaient été exprimés. D’une part, celui de favoriser les échanges entre territoires ultramarins sur les projets locaux, dans une logique de mise en réseau et de partage d’expériences à l’échelle de l’outre-mer. D’autre part, celui de mieux faire entendre dans l’Hexagone la voix de la « France au-delà des mers » sur les enjeux écologiques et de développement durable, immenses, qui s’y rattachent. Auteur-photographe installée depuis 18 ans outre-mer, à Mayotte puis à l’île de La Réunion, mon voeu était, après le livre Escales au bout du monde sur les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), de continuer à sensibiliser à la protection de la nature ultramarine. Ouvrir ces pages aux 13 territoires de l’outre-mer français... Un projet passionnant, tant l’outre-mer comporte d’écosystèmes remarquables et diversifiés, mais dont les grands enjeux de préservation, nous aurons l’occasion de le voir, s’avèrent plus souvent qu’on ne le croit, proches voire communs.
Parrainée par l’Agence française pour la biodiversité (aujourd’hui Office français de la biodiversité), Escales Outremer a été vue depuis son vernissage par la ministre Annick Girardin par plus de 160 000 visiteurs. Ses visuels ont été présentés à Paris au ministère des Outre-mer, à l’Hôtel de Ville, au Parc des Expositions, au Palais des Congrès, à l’École militaire... et dupliqués pour être accueillis à l’île de La Réunion, dans les collèges et lycées de Mayotte et de Guadeloupe où ils poursuivent leur itinérance... Puis, début 2019, nous avons eu la chance de voir notre candidature retenue par le Sénat, pour réaliser une nouvelle exposition, Outre-mer grandeur Nature, sur les grilles du Jardin du Luxembourg. Notre collectif, de 30 photographes cette fois, a ainsi l’honneur d’illustrer du 19 septembre 2020 au 17 janvier 2021 l’exceptionnelle mais fragile biodiversité ultramarine à travers 83 panneaux de grand format. La plupart des images de ce numéro sont extraites de l’exposition pour vous permettre de la découvrir. Merci aux photographes et partenaires de ce projet, qui met pour la première fois l’outre-mer français à l’honneur sur l’un des sites photographiques les plus prestigieux de la capitale, 20 ans après La Terre vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand. Dans la continuité de l’exposition, l’e-magazine Outre-mer grandeur Nature a vocation à devenir un outil d’information et de sensibilisation à la fois pour les acteurs de l’environnement oeuvrant outre-mer, les décideurs publics, les collégiens et lycéens et, nous l’espérons, de très nombreux internautes. Belle lecture et tous nos meilleurs vœux !
En haut : Stéphanie Légeron en reportage à Crozet, dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Ci-dessus : © Marc Audigier | L’exposition photographique Outre-mer grandeur Nature, visible jusqu’au 17 janvier sur les grilles du Jardin du Luxembourg.
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© Sénat / Lionel Quélennec
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La déambulation, le long de la rue de Médicis, nous invite à prendre la mesure de cette biodiversité ultramarine exceptionnelle confrontée à l’épreuve du changement climatique. Répartie dans les quatre grands océans de la planète (Atlantique, Indien, Pacifique et Austral) et sous différentes latitudes, de l’Antarctique au subarctique, en passant par la ceinture tropicale, elle représente à elle seule 80 % de la biodiversité française. Ainsi le domaine maritime français outre-mer comprend 10 % des récifs coralliens et lagons de la planète et 20 % des atolls. Au total, ce sont plus de 3 450 plantes vasculaires et 380 animaux vertébrés uniques au monde, soit davantage que dans toute l’Europe continentale.
ÉDITO PAR GÉRARD LARCHER, PRÉSIDENT DU SÉNAT Pour la première fois depuis 2000, date de la création des expositions sur les grilles du Jardin du Luxembourg, les Outre-mer sont à l’honneur. L’exposition a un double objectif : faire découvrir la nature des 13 territoires d’outre-mer français et sensibiliser à la protection de leurs trésors. 30 photographes et 101 photos pour illustrer la beauté, la diversité mais aussi la fragilité de cette nature.
Grâce aux collectivités d’outre-mer, la France est présente dans quatre des 36 points chauds de la biodiversité mondiale (Caraïbes, océan Indien, Polynésie et Nouvelle-Calédonie). Elle abrite en Guyane plus de 7 millions d’hectares de forêt tropicale et dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), les communautés d’oiseaux marins les plus diversifiées au monde. Mais la biodiversité de ces territoires est soumise à de nombreuses menaces et le Sénat entend prendre toute sa place, à travers cette exposition inédite, pour sensibiliser le grand public à l’urgence de la préservation de ce patrimoine naturel incomparable.
S’affichent ainsi sur les grilles du Jardin du Luxembourg des clichés sous-marins impressionnants, des photographies de la faune, de la flore, d’espèces endémiques ou menacées, soit un ensemble de joyaux naturels que nous avons le devoir de préserver. Les promeneurs pourront ainsi passer des fonds marins de La Réunion où est illustré le renouvellement de la vie sur les coulées volcaniques du Piton de la Fournaise, à la biodiversité foisonnante de la forêt de Guyane, tiers du couvert forestier français ; du saut de la baleine à bosse dans la Réserve naturelle de Saint-Martin aux éléphants de mer des îles Kerguelen ; des lagons mahorais et polynésiens à l’unique atoll du Pacifique oriental, Clipperton ; de l’oursin-crayon martiniquais aux colonies de phoques gris de Saint-Pierre-et-Miquelon ; du colibri madère mâle de Guadeloupe à la richesse du Parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie ; des cheminées du volcan Kulo Lasi au large de l’archipel de Wallis-et-Futuna à la variété des espèces de la réserve de Saint-Barthélemy…
Ci-dessus : © Gabriel Barathieu | www.underwater-landscape. com | Les images de Mayotte qui introduisent l’exposition mettent l’accent sur le patrimoine marin remarquable de l’outre-mer. Ci-dessus à droite : © Éric Lamblin | www.crackoi.com | Au début de l’hiver austral, les baleines à bosse, de retour de l’Antarctique riche en krill, s’approchent des côtes réunionnaises. Certaines ne font que passer, tandis que d’autres viennent pour mettre bas et élever leurs baleineaux, ou s’accoupler. Une charte d’approche et d’observation responsables des mammifères marins et des tortues marines a été mise en place pour sensibiliser au respect de la faune sauvage, faire respecter les règles de bonne conduite et prévenir les comportements dangereux sur l’eau.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
L’OUTRE-MER FRANÇAIS... •
Saint-Pierre-et-Miquelon
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Saint-Martin Saint-Barthélemy Guadeloupe Martinique •
Clipperton
Guyane
Wallis-et-Futuna •
TAAF (Glorieuses)
Mayotte TAAF (Juan de Nova)
Polynésie française
TAAF (Bassas da India)
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TAAF (Tromelin) NouvelleCalédonie
Île de La Réunion
TAAF (Saint-Paul et Amsterdam) TAAF TAAF (Crozet) (Kerguelen)
TAAF (Europa)
TAAF (Terre Adélie)
© Carte : Ifremer | Délimitations des zones économiques exclusives ultramarines et métropolitaines de la France.
... EN QUELQUES CHIFFRES
13 TERRITOIRES, DONT L’ATOLL INHABITÉ DE CLIPPERTON AU LARGE DU MEXIQUE 2,8 MILLIONS D’HABITANTS, SOIT 4 % DE LA POPULATION DE LA FRANCE 4 OCÉANS : ATLANTIQUE, OCÉAN INDIEN, PACIFIQUE, AUSTRAL 80 %
DE LA BIODIVERSITÉ FRANÇAISE
97 %
DU DOMAINE MARITIME FRANÇAIS
© Photographie : Stéphanie Légeron | oceindia@icloud.com | Dans le sud du canal du Mozambique, l’île d’Europa est une Zone humide d’importance internationale protégée par la convention de Ramsar. Le long de ses berges peuplées d’aigrettes dimorphes, mollusques, crabes, holothuries, éponges… la mangrove sert de nurserie aux tortues vertes, tortues imbriquées, requins-citrons faucilles… L’île est le plus grand site de ponte de tortues vertes de l’océan Indien. La forêt aquatique s’étend ainsi jusqu’au nord-est d’Europa, où la pointe des Palétuviers finit de dessiner l’île en forme de fœtus.
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ACTU OUTRE-MER
Image ci-contre et à gauche : © Frédéric Larrey / Conservatoire du littoral
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De manière plus générale, le projet « LIFE adapto » vise à « explorer sur les territoires littoraux naturels des solutions face à l’érosion et à la submersion marine dans le contexte d’accentuation du changement climatique qui se manifeste par l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de la fréquence des évènements climatiques extrêmes. » L’acquisition des terrains à la Savane Sarcelle permettra de favoriser la reconversion agricole du polder vers l’élevage extensif en zone humide, mais aussi la conservation de l’avifaune exceptionnelle du lieu et le développement de l’écotourisme. La gestion future du site associera plusieurs acteurs locaux ou nationaux : communauté de communes, association GEPOG, OFB, Parc naturel régional de Guyane…
ACQUISITION D’UNE VASTE ZONE HUMIDE POUR LE CONSERVATOIRE DU LITTORAL EN GUYANE C’est la plus grosse acquisition de l’année 2020 pour le Conservatoire du littoral au niveau national, qui conclut près de cinq ans de négociations. Le 16 décembre, l’établissement public a en effet acquis en Guyane, à 200 kilomètres de Cayenne, 1 078 hectares de terrains à la Savane Sarcelle, sur l’ancien polder rizicole de Mana. Les espaces littoraux ainsi placés en protection sont une zone humide d’importance internationale labellisée Ramsar, qui abrite une très grande concentration d’oiseaux, dont notamment des populations de limicoles migrateurs. Le site se distingue également par des traits de côte parmi les plus mobiles du monde, avec des déplacements pouvant atteindre jusqu’à 160 mètres par an sur certains secteurs. Cette acquisition, qui vient compléter une affectation de 1 249 hectares de terrains de l’État réalisée en 2018, contribuera à la mise en œuvre d’un projet ambitieux de gestion souple du trait de côte dans le cadre du programme national « adapto ». Le but étant de participer à « démontrer l’intérêt écologique et économique d’améliorer la résilience des espaces littoraux pour protéger les activités humaines, en redonnant de la mobilité au trait de côte. » Source : www.lifeadapto.eu/adapto-un-projet-life.html
L’ENLÈVEMENT D’ÉPAVES DE BATEAUX DANS LES MANGROVES EN MARTINIQUE Le Parc naturel régional et la Direction de la mer de la Martinique ont recensé de très nombreuses épaves de bateaux abandonnées sur les côtes martiniquaises, notamment dans les « trous à cyclones ». Or certaines d’entre elles menacent de pollution les mangroves affectées au Conservatoire du littoral. Au terme des procédures administratives et contentieuses envers les propriétaires, l’enlèvement des premières épaves a pu être engagé en 2018 par le Conservatoire et avec le soutien de l’État, de l’Office de l’Eau Martinique et du PNR de la Martinique. Une vingtaine d’épaves ont pu être évacuées à ce jour pour un peu plus de 300 000 euros. Ce marché a permis d’engager la mise en place d’une filière de déconstruction et de recyclage des bateaux hors d’usage en Martinique. L’opération se poursuit en 2021.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
BD RÉCIF : DE LA RÉUNION AUX ANTILLES ! BD Récif est l’outil dédié au recueil des données liées aux écosystèmes récifaux ultramarins : coraux, poissons… Il a été développé par l’Ifremer avec l’appui précieux des experts thématiques – gestionnaires, bureaux d’études, organismes de recherche – et via un cofinancement OFB / Ifrecor / Ifremer / MNHN. Il permet de stocker des ensembles de données homogènes, de qualité et facilement accessibles pour en assurer la valorisation et notamment le calcul d’indicateurs du bon état du milieu marin. Après un déploiement réussi en 2016/2017 auprès des utilisateurs des territoires français de l’océan Indien, l’application a été déployée à compter de 2018 dans les Antilles françaises. Elle compte aujourd’hui plus de 100 programmes et 1,5 million de résultats. + d’info ici : Ifremer BD Récif
LES CONTES ET LÉGENDES AU SECOURS DES ZONES HUMIDES ? Le projet « La Mare au Diable : voyages fantastiques au cœur des légendes sur les zones humides » fait partie des 14 lauréats ultramarins (sur les 47 lauréats nationaux) de l’appel à projets MobBiodiv’ 2020 lancé par l’Office français de la biodiversité (OFB). Originale, cette inititiative du Pôle-relais zones humides tropicales (PRZHT) et du comité français de l’UICN s’intéresse à la Martinique, mais a pour finalité d’être répliquée à l’ensemble des territoires ultramarins français. Ses concepteurs le résument ainsi : il s’agit de créer « une véritable encyclopédie virtuelle (un livre interactif par territoire ultramarin associé à une visite virtuelle 360°HD mêlant photos, vidéos, dessins) qui met à l’honneur les zones humides des outre-mer en se basant sur les croyances et légendes locales, tout en les revisitant et en proposant des contes totalement inédits. Sur chaque territoire, un conteur de renom sera associé à un illustrateur de talent afin de faire vivre, au rythme des percussions et des chants, un conte dédié aux zones humides de ce territoire. » + d’info ici : Pôle-Relais
« FRANCE RELANCE » : L’OUTRE-MER AUX AVANT-POSTES DE LA RELANCE VERTE
Pour lire le dossier de presse :
France Relance
L’axe du verdissement de l’économie française représente 30 % du plan « France Relance » et se place en tête de ses priorités. Lancé par le gouvernement en pleine épreuve sanitaire du Covid 19, ce plan de relance inédit doté d’un budget de 100 milliards d’euros vise à construire la France de 2030, qui « devra être plus verte, plus respectueuse du climat », a déclaré Emmanuel Macron. L’ambition est forte : « devenir la première grande économie décarbonée européenne en atteignant la neutralité carbone en 2050 ». L’outre-mer est particulièrement concerné par ce dispositif de très grande ampleur, car il est aux avants-postes en matière de sauvegarde de la biodiversité, de transition écologique et agricole, d‘enjeux de résilience sur l’eau et la prévention des risques naturels. Par exemple, une enveloppe de 80 millions d’euros est déjà affectée pour accélérer outremer la transformation agricole, moderniser les abattoirs et renouveler les agroéquipements, et ainsi accompagner l’objectif de souveraineté alimentaire d’ici 2030. Dans chaque territoire, une feuille de route sera élaborée en concertation avec les acteurs, afin de tenir compte des spécificités locales. En 2021 et 2022, plus d’1,5 milliard d’euros devrait ainsi bénéficier aux projets ultramarins.
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OUTRE-MER
PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature
RÉCIFS CORALLIENS, MANGROVES ET HERBIERS : DES TRÉSORS DE BIODIVERSITÉ MENACÉS Les
récifs coralliens sont les forêts tropicales des océans .
Ces
écosystèmes comptent en effet
parmi les plus productifs et les plus riches de la planète et sont un refuge pour environ un tiers de toutes les espèces marines connues aujourd ’ hui .
Les récifs coralliens et leurs écosystèmes associés, les mangroves et herbiers, jouent un rôle inestimable pour la biodiversité marine. Ces trois écosystèmes rendent de nombreux et précieux services aux sociétés humaines. Pêche, aquaculture, protection des côtes, tourisme sont autant de services rendus aux communautés riveraines ; tandis que la capture et la séquestration du carbone par les mangroves et herbiers contribuent à la régulation du climat global. Les récifs coralliens sont enfin de véritables « pharmacies de l’océan », les coraux et autres habitants du récif contiennent en effet des molécules antivirales, antibactériennes, ou anticancéreuses et de nombreuses restent encore à découvrir. En France plus d’un million de personnes bénéficient directement des récifs, mangroves et herbiers, et 50 000 emplois en dépendent. La valeur des services rendus par ces écosystèmes est estimée à 1,3 milliard d’euros annuels1.
Ci-dessus, © Tim McKenna | www.timmckennaphoto.com Le « lagon bleu », à l’intérieur du lagon de Rangiroa. Dans l’archipel des Tuamotu, qui regroupe 76 des 84 atolls de la Polynésie française dont sept dans la Réserve de biosphère de Fakarava, Rangiroa compte 240 îlots ou « motus ». Ci-contre en haut, © Yves Queyrel | www.yvesqueyrel.com La mangrove de la Guadeloupe protège le littoral de l’érosion marine. Dans ses entrelacs de racines, elle filtre les eaux qui s’écoulent vers la mer, empêchant ainsi les sédiments de polluer le lagon. Mangroves, récifs et herbiers sont trois écosystèmes liés. Les récifs, en amortissant la puissance de la houle, protègent la mangrove. Ci-contre, Gabriel Barathieu | www.underwater-landscape.com Une tortue verte à Mayotte. L’herbier marin, étendue de plantes à fleurs, participe lui aussi à épurer l’eau de mer, en piégeant les sédiments non filtrés par la mangrove.
Pourtant ces écosystèmes si précieux comptent parmi les plus vulnérables aux impacts des activités humaines. Artificialisation du littoral et pratiques agricoles, pollutions chimiques, surexploitation des ressources et arrivée d’espèces exotiques envahissantes sont autant de menaces qui s’ajoutent aux effets du changement climatique et compromettent à terme la survie des récifs, mangroves et herbiers. Les derniers rapports de synthèse des experts du climat et de la biodiversité des Nations unies2 sont alarmants et il est urgent d’agir pour sauver ces trésors de biodiversité.
Nicolas Pascal et al. : http://www.ifrecor-doc.fr/items/ show/1654 2 En savoir plus : https://www.ipcc.ch/srocc | https://www.ipbes.net/global-assessment | https://www.cbd. int/gbo/gbo5/publication/gbo-5-fr.pdf 1
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
L’INITIATIVE FRANÇAISE POUR LES RÉCIFS CORALLIENS (IFRECOR) Les
littoraux de nos collectivités ultramarines
60 000 km2 de récifs coralliens et lagons dans trois océans (Atlantique, Indien et Pacifique). La France est ainsi le 4ème pays corallien au monde derrière l’Indonésie, l’Australie et les Philippines. Les récifs français se distinguent abritent près de
également par la diversité des structures qui les composent, ce qui confirme la place de la France comme pays corallien de premier rang, doté d’une responsabilité mondiale quant à la conservation de ces écosystèmes.
C’est pourquoi l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR) fut créée en 2000 pour promouvoir la protection et la gestion durable des récifs coralliens, mangroves et herbiers des outre-mer français. L’IFRECOR est coprésidée par les ministères en charge de l’environnement et des outremer. Elle fédère les acteurs du milieu marin (élus, gouvernants locaux, administrations, scientifiques, professionnels et associations) venant des territoires ultramarins coralliens autour de ces objectifs communs.
L’IFRECOR agit en suivant six axes structurants définis dans la Stratégie nationale pour les récifs coralliens de l’outre-mer3 : 1. Planifier pour prévenir (prise en compte des récifs, mangroves et herbiers dans les schémas et plans d’aménagement, et dans la définition d’aires marines protégées) ; 2. Réduire les effets négatifs dus aux activités humaines tout en assurant leur développement durable ; 3. Connaître et comprendre pour gérer (soutien à la recherche, déploiement de réseaux de suivi des écosystèmes, production d’outils d’aide à la décision) ; 4. Informer, former et éduquer ; 5. Développer les moyens d’action (qu’ils soient réglementaires, financiers ou institutionnels) ; 6. Développer les échanges et la coopération régionale (notamment avec l’Initiative internationale pour les récifs coralliens).
Secrétariat IFRECOR, « Stratégie nationale pour les récifs coralliens de l’outre-mer », www.ifrecor-doc.fr/items/show/16 3
© Pierre-Alain Pantz | www.pierrealainpantz.com La Nouvelle-Calédonie abrite après l’Australie le 2ème plus vaste ensemble récifal du monde. Dans la Province Sud, la Réserve naturelle du grand récif Aboré et de la passe de Boulari s’inscrit, comme tout l’espace maritime et les îles inhabitées de NouvelleCalédonie, au sein du Parc naturel de la mer de Corail. Créée en 2014, cette aire marine protégée parmi les plus immenses et riches en biodiversité de la planète, vise à préserver l’intégrité écologique du milieu marin et les conditions d’un développement durable.
En 20 ans d’existence, l’IFRECOR a souvent joué un rôle précurseur. L’initiative fut à l’origine des premiers états des lieux des récifs coralliens français, du premier inventaire des aires marines protégées ultramarines, du premier chiffrage de la valeur des services écosystémiques rendus par les récifs, mangroves et herbiers ; a soutenu le développement du réseau de suivi des récifs (plus de 400 stations aujourd’hui) ; a œuvré à l’amélioration de la surveillance et de la cartographie des récifs, coralliens, mangroves et herbiers, en publiant de nombreux guides méthodologiques à l’attention des gestionnaires et des acteurs du milieu corallien. L’IFRECOR va publier en ce début d’année un bilan de l’état de santé des récifs coralliens, mangroves et herbiers des outre-mer français. Cette actualisation du dernier bilan datant de 2015 permettra de suivre les tendances suivies par ces écosystèmes pour évaluer l’efficacité des actions menées sur la période. + d’info ici : www.ifrecor.fr
www.twitter.com/Ifrecor
www.linkedin.com/company/ifrecor
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SAINT-PIERREET-MIQUELON © Grégory Pol | www.gregory-pol-photographie.com
L’archipel subarctique tout proche des côtes de T erre -N euve : la première escale du voyage d ’ O utre - mer grandeur N ature , à travers deux images de G régory P ol .
Une colonie de phoques gris rassemblée dans la lagune protégée du Grand Barachois, un espace écologique d’importance régionale situé au nord de l’isthme de Miquelon-Langlade. Dans cet observatoire de la vie sauvage qui accueille par ailleurs la reproduction, les migrations et l’hivernage de nombreux oiseaux, le phoque gris côtoie le phoque commun, présent quant à lui toute l’année.
Composée de 83 panneaux de 180 x 120 cm légendés en français, anglais et espagnol, l’exposition nourrit un double objectif : mieux faire connaître le patrimoine naturel de l’outre-mer et sensibiliser à l’urgence de le protéger. Du 19 septembre 2020 au 17 janvier 2021, 30 photographes vous livrent ainsi leurs regards passionnés mais lucides sur nos trésors naturels d’outre-mer disséminés depuis SaintPierre-et-Miquelon près du 46ème parallèle nord, jusqu’au pôle Sud géographique en Terre Adélie.
Très attaché à la mer et à l’outre-mer, Grégory Pol colore d’un regard poétique une nature pour laquelle il se bat et il capte la vie des animaux avec justesse afin qu’ils soient protégés. Ses images nous ouvrent les portes des espaces préservés de Saint-Pierre-et-Miquelon, dont il a publié trois ouvrages photographiques, preuve de son attachement pour cet archipel méconnu.
© Grégory Pol | www.gregory-pol-photographie.com Un harfang des neiges à Saint-Pierre-et-Miquelon, l’archipel aux plus de 300 espèces d’oiseaux : macareux moine, arlequin plongeur, eider à duvet, guillemot à miroir, petit pingouin...
Cet oiseau, qui fait partie des plus gros des hiboux, niche dans le cercle arctique et migre vers le sud en quête de nourriture. Classé vulnérable par l’UICN, son déclin est surtout dû au braconnage et aux collisions avec des véhicules ou des lignes électriques.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Parmi les 30 photographes de l’exposition, Steeve Ruillet, formé à la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin où il a exercé comme garde technicien durant 10 ans, est technicien spécialiste pour l’association Megaptera. C’est lors des missions « Megara » de Megaptera que Steeve Ruillet réalise de telles photographies de mammifères marins. Plusieurs partenaires de la région des îles du Nord des petites Antilles sont associés depuis 2014 à ce projet de déploiement de balises satellites sur les baleines à bosse mis en œuvre par les Réserves nationales naturelles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Active, l’équipe de Megaptera y apporte son expertise.
Megaptera est une association française d’intérêt général, loi 1901, pour l’observation, la conservation et la protection des mammifères marins et du requin-baleine.
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SAINT-MARTIN
Steeve Ruillet devant le panneau présentant sa photographie de baleine à bosse sur les grilles du Jardin du Luxembourg.
À Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, l’association agit dans le cadre du projet « Déchets marins-cétacés 20202022 ». L’objectif : réduire l’impact des déchets, essentiellement des filets et des engins de pêche abandonnés ou perdus, sur la biodiversité marine, en prenant comme espèces emblématiques les cétacés, dont en particulier la baleine à bosse et le grand dauphin commun.
+ d’info ici : www.megaptera.or
© Steeve Ruillet | techmer.sbh@gmail.com | Le saut d’une baleine à bosse dans la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin. Créée en 1998, cette dernière, qui s’étend sur 3 060 hectares au nord-est de l’île, dont 2 900 hectares en mer, abrite des écosystèmes diversifiés : mangroves, herbiers de phanérogames marines, récifs coralliens, forêts littorales et étangs. Dans la réserve, les fonds marins sont riches de centaines d’espèces de poissons et de coraux multicolores totalement protégés.
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SAINT-BARTHÉLEMY L a R éserve naturelle nationale de l’ île s’applique depuis sa création en 1996 à préserver les milieux les plus remarquables et fragiles. S urveillance des zones , mouillages écologiques , suivis scienti fiques , sensibilisation… A u total, 1 200 hectares de domaine marin sont protégés : G ros Î lets et Pain de Sucre, îles Fourchue, Frégate et Toc Vers, ainsi que le nord - est de l’ île et Petite A nse. Si les espèces marines restent typiques de la région, la vie subaquatique surprend ici par sa diversité. Les sites marins de Saint-Barthélemy sont parmi les plus riches en coraux des Antilles françaises. Dans leurs eaux claires les scientifiques recensent environ 200 espèces de mollusques dont le célèbre lambi, 60 espèces de spongiaires et presque autant d’algues. On observe des gorgones en abondance, de nombreux crustacés dont la langouste royale, de l’herbe à tortue, à lamentin…
Saint-Barthélemy compte au total 16 îlots qui bénéficient d’un éloignement des pressions humaines et se caractérisent par une grande richesse écologique, dont les Gros Îlets, où nidifient sept espèces d’oiseaux marins et où résident deux arachnides endémiques. En ce qui concerne la biodiversité terrestre, notons que le territoire abrite six des 15 espèces de chauves-souris présentes dans les Antilles françaises.
© Stéphane Scotto | www.stephanescotto.com | L’île Fourchue, avec Saint-Martin à l’horizon. Cet îlet inhabité fait partie de la Réserve naturelle nationale de Saint-Barthélemy. L’agence territoriale de Saint-Barthélemy a vocation à y faire respecter la réglementation. Face à la forte fréquentation des sites, l’aménagement écologique vise ainsi à préserver les milieux naturels. « L’effet Réserve » est indéniable : la taille et le nombre d’espèces augmentent en zone protégée.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
GUADELOUPE Au
cœur de l’arc antillais ,
D ésirade, de d’ îlots épars. M algré
entourée de la
Saintes
et
« l’ île- papillon » M arie-G alante,
est des
une régression
de ses écosystèmes primaires , l’archipel guadeloupéen conserve des espaces naturels d’une grande diversité, de même qu’une flore indigène particulièrement développée et plus de espèces d’oiseaux.
200
Focus sur les images de l’exposition.
© ESA/NASA-Thomas Pesquet | www.esa.int | Les célèbres ailes de papillons de la Grande-Terre, entourée au sud par les Saintes et Marie-Galante et à l’est par la Désirade… Cette photographie exceptionnelle, qui nous a été mise à disposition par l’Agence spatiale européenne (ESA), a été réalisée par Thomas Pesquet depuis la Station spatiale internationale (ISS), à environ 400 kilomètres au-dessus de la Terre ! L’astronaute français, de retour en juin 2017 après plus de six mois passés dans l’espace et des milliers de clichés spectaculaires autour du globe, a déclaré : « J’ai vu la beauté de la Terre, mais aussi sa fragilité ».
Haut de page : © Yves Queyrel | www.yvesqueyrel.com | La pointe Petite Tortue, près de la pointe de la Grande Vigie, à l’extrême nord de la Guadeloupe. L’espace littoral est classé en Réserve biologique dirigée. Les hautes falaises exposées aux assauts de l’océan Atlantique sont en effet de précieux sites de nidification pour les oiseaux marins, tels la sterne bridée, le noddi brun ou la frégate superbe, « Malfini » en créole. Accrochés à un plateau calcaire desséché par les vents où règne une aridité intense, lichens, cactus et frangipaniers ont déployé ici des trésors d’adaptation. Ci-dessus à gauche : © Alain Ernoult | www.ernoult.com | Mesurant jusqu’à 1,60 mètre, l’iguane des Petites Antilles, endémique de ces îles, est fortement menacé : destruction de son habitat, prédation des nids et des jeunes iguanes par les chats et chiens errants, compétition avec d’autres herbivores, hybridation avec l’iguane vert… Les survivants occupent des lieux isolés, comme ici en Guadeloupe dans la Réserve naturelle nationale des îles de la Petite-Terre. La France endosse un rôle majeur dans la sauvegarde de ce reptile classé depuis 2018 en danger critique d’extinction dans le monde par l’UICN. Ci-dessus à droite : © Alain Ernoult | www.ernoult.com | Un colibri madère mâle observé dans le Parc national de la Guadeloupe, un acteur central de la protection de la biodiversité de l’archipel. Cet oiseau-mouche endémique des petites Antilles mesure environ 12 centimètres. On le rencontre essentiellement dans la forêt humide et les zones semi-ouvertes de 100 à 1 000 mètres d’altitude, où il se nourrit du nectar des fleurs et de tout petits insectes. Sa capacité d’adaptation aux milieux modifiés par l’homme demeure un élément rassurant pour la conservation de cette espèce protégée.
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grandeur Nature
MARTINIQUE Dans le monde, les 36 hotspots de biodiversité hébergent de manière endémique plus de 42 % des espèces de vertébrés terrestres et 50 % des plantes vasculaires. Les îles des C araïbes sont l’un de ces points chauds. Alors que les décors de la Martinique séduisent le visiteur adepte d’une nature encore préservée, la protection des sites favorise l’essor de l’écotourisme, dans une logique de valorisation et de maintien à long terme des ressources. Côté mer, le parc naturel marin de la Martinique se fixe trois principaux objectifs : améliorer et diffuser la connaissance, protéger le milieu marin et promouvoir le développement durable des activités en mer.
© Fabien Lefebvre | www.instagram.com/fabienlefebvrephotography | L’oursin-crayon est doté de piquants épais aux couleurs vives, surtout lorsque le spectre lumineux du soleil s’ajoute à l’équation. Le monde sous-marin, loin de se résumer à un simple dégradé de bleus, est bien plus riche en couleurs qu’on pourrait l’imaginer… Ce petit oursin-crayon s’est revêtu de sa plus belle robe pour nous le faire découvrir. Si la biodiversité marine martiniquaise affiche une très grande richesse et originalité, les écosystèmes, récifs en particulier, représentent un patrimoine fragile et vulnérable notamment à la pollution.
© Frédéric Esnault | www.biosphere-nature.fr | Au nord-est de la Martinique, la rivière du Lorrain serpente dans la forêt humide. L’île continue malheureusement de subir les effets du chlordécone, un puissant insecticide qui fut employé contre le charançon du bananier. Interdit aux États-Unis en 1977 puis en France en 1990, il resta autorisé dans les Antilles françaises jusqu’en 1993 à la demande du lobby des producteurs de bananes. Utilisé pendant plus de 20 ans en Martinique et en Guadeloupe, il y a durablement contaminé les sols et rivières, générant un risque sanitaire avéré pour les populations.
© Frédéric Esnault | www.biosphere-nature.fr | La grande orchidée pourpre sur les flancs de la montagne Pelée. Premier Parc naturel créé sur une île tropicale en 1976, le Parc naturel régional de la Martinique (PNRM) est au cœur de l’un des 36 hotspots mondiaux de biodiversité, les îles des Caraïbes, ainsi classé en raison de la richesse de sa diversité biologique et des menaces qui pèsent sur elle. Depuis sa création, le PNRM contribue à faire prendre conscience du lien entre nature et culture au sein de l’identité martiniquaise.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
GUYANE Hotspot parmi les plus riches de la planète, la Guyane concentre à elle seule la moitié de la biodiversité française. Dans cet immense espace tropical humide où les fleuves sont les uniques voies de pénétration naturelle, des écosystèmes parmi les plus abondants et les plus fragiles, uniques au monde, s’épanouissent.
© Fabien Lefebvre | www.instagram.com/fabienlefebvrephotography | Un singe hurleur roux femelle en Guyane, aux alentours de Sinnamary. Le « baboune » est le plus bruyant des animaux des forêts guyanaises. « Un groupe de primates occupait la cime d’un arbre. Le mâle dominant est reparti se nourrir avec ses congénères, après avoir constaté que je ne présentais aucune menace. Une femelle curieuse s’est approchée. Capture de l’instant où elle se tourne vers son petit occupé à faire quelques acrobaties, tout en nous observant à travers les feuillages. » (citation du photographe Fabien Lefebvre)
La nature en Guyane est exubérante. Elle héberge environ 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de France. Le nombre d’espèces recensées donne le vertige : plus de 10 000 insectes, près de 7 000 végétaux, plus de 560 oiseaux nicheurs, 190 mammifères, 160 reptiles, 130 amphibiens… Pour autant, les experts pensent qu’environ 80 % de la biodiversité resterait à découvrir…
© Julien Bonnaud | www.faune-flore.fr | Protégé en Guyane, le jaguar est quasi menacé de disparition selon l’UICN. S’il ne craint aucun prédateur, son habitat originel a nettement régressé. Étendue sur environ huit millions d’hectares, la forêt humide de Guyane est le plus vaste écosystème forestier d’Europe et l’unique grand massif tropical européen. Elle se compose pour l’essentiel de peuplements primaires et recèle une extraordinaire biodiversité aux enjeux de conservation internationaux. Les scientifiques estiment que le Parc amazonien de Guyane stocke plus d’un milliard de tonnes de carbone, contribuant ainsi à compenser une partie du CO2 émis par les activités humaines.
À droite : © Stefano Unterthiner | www.parc-amazonien-guyane.fr | Un coq-de-roche orange mâle paré de son lumineux plumage orangé et de sa crête remarquable. Véritable emblème de l’avifaune guyanaise, cet oiseau mesurant environ 30 centimètres peuple les forêts tropicales humides du bassin amazonien, aux abords de surfaces rocheuses indispensables à sa nidification. Il s’alimente principalement de fruits attrapés au vol, dispersant ainsi de nombreuses graines, et chasse parfois de petits reptiles ou insectes.
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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature
LE CIRAD A FAIT DE LA RECHERCHE EN PARTENARIAT AVEC LES ULTRAMARINS SA MARQUE DE FABRIQUE Près de 60 années de présence dans les DROM 1 au travers de nombreux champs d’investigations, de l’agroécologie en passant par la santé, l’autonomie alimentaire et la protection de l’environnement, positionnent le Cirad comme un partenaire incontournable pour la recherche scientifique et l’innovation dédiées au développement de ces territoires. + d’info ici : www.cirad.fr
BIODIVERSITÉ L’agriculture et la biodiversité sont plus que jamais dans les agendas internationaux comme pivots évidents du développement durable pour les pays du Sud et les territoires ultramarins. Les travaux de recherche du Cirad contribuent à cette priorité mondiale que sont la sauvegarde et la conservation de la biodiversité. Cela passe, par exemple, par l’acquisition de nouvelles connaissances, la protection et la restauration d’écosystèmes remarquables en travaillant à la reproduction des espèces végétales endémiques et indigènes à La Réunion comme aux Antilles et en Guyane. Le Cirad valorise aussi la biodiversité végétale à partir de ses collections de ressources génétiques pour produire, entre autres, de nouvelles variétés d’agrumes, bananes, manioc et ignames plus adaptées aux contraintes sanitaires et aux enjeux régionaux aux Antilles-Guyane ou à Mayotte. © Antoine Franck _ Cirad
ONE HEALTH Face aux grands enjeux sanitaires, le champ de la recherche et des transformations par l’innovation est vaste. En océan Indien, les réseaux One Health en santé animale et PRPV en santé végétale, et dans la région Caraïbe, CaribVet, le réseau caribéen de santé animale, contribuent depuis de nombreuses années à mieux prévenir et lutter contre les grands fléaux dans une approche intégrée de la santé. Tout dernièrement en santé humaine, le Cirad à La Réunion et l’Université de La Réunion ont mis au point un test original de dépistage de la covid-19 baptisé « Runcov » qui va contribuer à mieux gérer la pandémie Covid dans l’outre-mer français. © R.Carayol _ Cirad
AGROÉCOLOGIE Adapter les productions et les méthodes agricoles aux changements globaux, proposer de nouveaux itinéraires techniques permettant de se passer des intrants chimiques, tester des modèles de production rentables et durables, font partie des champs de recherche du Cirad dans les DROM et s’inscrivent dans une démarche d’innovation en agroécologie. Les résultats déjà obtenus et déjà transférés font des DROM des territoires parmi les plus avancés dans ce domaine. Le Cirad à La Réunion a, par exemple, fortement travaillé sur la lutte biologique contre les bioagresseurs, avec certains succès, tandis que les recherches menées sur la gestion des pollutions d’origine agricole dans le cadre du projet RIVAGE en Guadeloupe et Martinique permettent la mise en place d’outils pour un meilleur accompagnement des agriculteurs vers l’adoption de pratiques agroécologiques. © Antoine Franck _ Cirad 1
Départements et régions d’outre-mer
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
ÎLE DE LA RÉUNION Un large éventail de micro-climats, de reliefs et de sols a façonné ici une mosaïque d’écosystèmes unique au monde. L’endémisme strict de la flore indigène est comparable à H awaï ou aux îles Galápagos, avec un taux évalué à près de 28 %. Coléoptères, papillons, oiseaux ou encore reptiles présentent aussi une grande originalité. Afin de protéger cette nature, le Parc national couvre avec l’aire d’adhésion près de 70 % de l’île.
© Jean Noël Jasmin, Sarah Caceres et Olivier Payet | jnjasmin@hotmail.com | Protégé depuis 1989, le busard de Maillard ou « papangue », d’une envergure de plus d’un mètre, est le seul rapace nichant à l’île de La Réunion. Endémique de l’île, son habitat privilégié se situe dans les montagnes boisées entre 500 et 1 500 mètres d’altitude. Menacée par l’ingestion de rats empoisonnés, les collisions avec des câbles ou véhicules, ainsi que par le braconnage, la population de papangues a fortement diminué et est estimée à moins de 200 couples. L’espèce est classée en danger d’extinction par l’UICN.
Surgie des flots il y a près de trois millions d’années, La Réunion est une île-montagne. On y distingue le littoral, bordé à l’ouest de plages de sable, et « les Hauts », où se succèdent : des massifs forestiers entaillés ça et là de gorges et de ravines, le Piton des Neiges culminant au cœur des trois cirques de Mafate, Cilaos et Salazie, les hautes plaines et enfin les décors lunaires du sud-est de l’île, où trône le Piton de la Fournaise.
© Franck Grondin | www.instagram.com/frog974 | Le
© Jonathan Payet |www.dronecopters.fr | Le Piton de la Fournaise s’élève à 2 632 mètres. À raison d’une nouvelle éruption en moyenne tous les neuf mois, il fait partie des volcans les plus actifs de la planète. Ses éruptions offrent des spectacles grandioses. En définitive, être capable de s’émerveiller devant la nature serait-il le seul remède pour la protéger ? Paul-Émile Victor disait : « Vivre, c’est se réveiller la nuit dans l’impatience du jour à venir, c’est s’émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c’est avoir des insomnies de joie. »
cirque de Mafate photographé depuis le promontoire du Cap Noir. Au cœur du Parc national de La Réunion créé en 2007 et se déployant sur 42 % de la superficie de l’île (le coeur du Parc, sans l’aire d’adhésion), le plus isolé des trois cirques réunionnais est accessible uniquement à pied ou en hélicoptère. Habité par environ 800 résidants répartis en plusieurs îlets, Mafate appartient aux « Pitons, cirques et remparts » inscrits depuis 2010 au patrimoine mondial de l’Unesco. Ces décors spectaculaires abritent une telle diversité du monde vivant qu’elle leur confère une valeur universelle.
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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature
Avec le soutien d’EDF et de la DEAL
VIDÉO D’ANIMATION DE LA RÉSERVE NATURELLE MARINE DE LA RÉUNION : « DU BASSIN VERSANT AU RÉCIF CORALLIEN » Découvrez
la nouvelle vidéo d’animation de la
Réserve
La Réunion, cofinancée par la préfecture de La Réunion et l’IFRECOR, en partenariat avec l’Office de l’Eau de La Réunion. En images, les enjeux de préservation des récifs coralliens, les causes de dégradation et les solutions pour y remédier. L’équipe de la Réserve et ses partenaires vous souhaitent un bon visionnage. (lien ci-dessous) naturelle marine de
À l’ouest de La Réunion, la réserve se déploie sur 35 km2, du Cap La Houssaye à la Roche aux Oiseaux (voir la carte), où elle englobe un linéaire côtier d’environ 40 kilomètres, dont 20 kilomètres de barrière corallienne. Elle couvre le domaine public maritime à partir des zones terrestres immergées pendant les plus grandes marées, jusqu’à une profondeur comprise entre -15 et -100 mètres. Sa largeur varie de 300 à 1 600 mètres. La création de la réserve en 2007 vise à remédier à l’état de santé dégradé des écosystèmes récifaux. Menacés par des pressions naturelles et anthropiques, les récifs abritent en effet une biodiversité remarquable qu’il est urgent de protéger : plus de 3 500 espèces dont 1 200 de poissons, 1 300 de mollusques, 190 de coraux durs...
Images extraites de la vidéo. © GIP RNMR
Parmi les actions de sensibilisation qu’elle mène tout au long de l’année, la Réserve naturelle marine de La Réunion a réalisé récemment une vidéo inédite, qui met en évidence les interactions entre les bassins versants et le lagon. Ce petit film instructif de 4’17’’ nous montre qu’à La Réunion, île haute au relief escarpé où chacun habite un bassin versant, la préservation du lagon et des littoraux implique nécessairement une bonne gestion des espaces situés en amont.
Merci de cliquer ici pour accéder à la vidéo : www.facebook.com/watch/?v=337315250908771
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
• Au fil du temps, la sensibilisation porte-t-elle ses fruits, notez-vous une évolution des comportements ?
INTERVIEW KARINE POTHIN DIRECTRICE DE LA RÉSERVE NATURELLE MARINE DE LA RÉUNION • En quoi le lagon est-il sous l’influence des bassins versants et des activités humaines qui s’y développent ? - Sur les bassins versants de la côte ouest, les eaux de ruissellement convergent vers une unique direction, le lagon. Avec la déforestation (la végétation forme un rempart), l’urbanisation, l’agriculture ou encore l’assèchement des zones humides, l’homme a altéré le régime d’écoulement naturel des eaux. Par endroits les sols sont devenus imperméables, si bien qu’une partie des eaux ne s’infiltre plus suffisamment et se déverse dans la mer, emportant pesticides, engrais, déchets, rejets urbains et terre sous forme de boue. Certains comportements sont également à déplorer : le mauvais entretien de routes communales sur lesquelles les boues, au lieu d’être évacuées dans les caniveaux, s’écoulent jusqu’au littoral ; le dépôt de déchets de toutes sortes dans les ravines, y compris des huiles usagées de vidanges... Tout cela nuit gravement aux récifs coralliens, qui abritent de nombreuses espèces marines. Ceci est expliqué dans la vidéo.
- En termes de conscientisation, nous constatons de grandes avancées. Des changements de comportements sont ainsi confirmés par nos gardes, par exemple en ce qui concerne le piétinement des coraux. Si parfois des touristes mal informés pensent encore que le récif ressemble à un estran breton et que l’on peut marcher dessus pour aller observer les coquillages, de moins en moins de personnes ignorent que le corail n’est pas une roche mais qu’il est vivant. Par ailleurs notre cible première, les scolaires, est de mieux en mieux sensibilisée. Nous sommes à ce propos heureux de voir que notre vidéo est utilisée sur l’île comme support pédagogique par bon nombre d’enseignants. Les jeunes ont un énorme rôle à jouer du fait qu’ils représentent l’avenir et qu’ils sensibilisent beaucoup leurs parents. Aujourd’hui, pratiquement tous les enfants, si vous les interrogez, savent ce qu’est un récif corallien, ce qui n’était pas le cas par exemple quand j’étais petite. Les enfants savent de plus en plus trier les déchets, ils connaissent l’impact de la pollution plastique sur les tortues, etc. Il y a toujours du braconnage, c’est vrai, mais ce n’est pas lié à de la méconnaissance. Aujourd’hui, nous insistons sur le fait que tout un chacun peut et doit agir à La Réunion. De notre côté, pour protéger l’espace de la réserve, nous allons poursuivre notre engagement en mobilisant le maximum d’acteurs sur l’ensemble du territoire. Il nous faut initier un changement d’échelle : le message fondamental est que nous devons tous agir.
• À quels publics la vidéo « Du bassin versant au récif corallien » s’adresse-t-elle ? - Il s’agit d’une opération de sensibilisation très grand public. Nous souhaitons en fait véhiculer nos messages auprès de tous les Réunionnais, dont les scolaires, les décideurs, les aménageurs, les élus, les agriculteurs, sans oublier les touristes en visite dans l’île. Globalement, nous cherchons à toucher toute personne qui n’a pas forcément conscience des impacts de ses activités. Car lorsque l’on vit à 500 mètres d’altitude, on ne se doute pas forcément que nos actes peuvent avoir des répercussions jusque dans le milieu marin.
Une sortie pédagogique organisée par la Réserve au sein de l’Aire marine éducative de Trois-Bassins.
+ d’info ici : www.reservemarinereunion.fr www.facebook.com/reservemarinereunion
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EXPLORATION DU MONT SOUS-MARIN LA PÉROUSE (BANC DES 90 MILLES) Le
La Pérouse est une montagne immergée en plein océan, à 166 kilomètres au nord-ouest de l ’ île de L a R éunion . C ette très ancienne structure volcanique repose sur un fond océanique de 5 000 mètres de profondeur et son sommet s’élève à 60 mètres sous la surface de l’eau. mont
Pour la première fois, une équipe de plongeurs menée par Laurent Ballesta a pu explorer cet édifice jusqu’à - 140 mètres. Des échantillons, des photographies et des films ont pu être réalisés, permettant aux scientifiques d’en apprendre un peu plus sur ce mont sous-marin peu connu. Patrick Durville, ichtyologue, a ainsi recensé 147 espèces de poissons dont huit qui n’avaient jamais été observées à La Réunion, et probablement trois nouvelles pour la science. Thierry Mulochau, spécialiste des invertébrés, a répertorié 132 espèces de mollusques, 15 d’échinodermes et neuf
de coraux. Jean-pascal Quod, algologue, a différencié une quarantaine d’espèces de macro-algues et une trentaine de micro-algues. Quant à Manon Condet et Florian Holon, biologistes marins, ils ont prélevé de l’ADN environnemental toujours en cours d’analyse, et qui permettra de compléter la liste des grands animaux qui fréquentent ce lieu. Par ailleurs, deux films ont été produits sur cette expédition : l’un localement par La cerise sur le gâteau (13’) et l’autre par la chaîne culturelle ARTE (52’).
© Laurent Ballesta |www.facebook.com/LaurentBallestaPageOfficielle | Une autre image absolument unique dans l’exposition : le mont La Pérouse, dans la zone économique exclusive de La Réunion, en plein océan, à 90 milles marins des côtes. Laurent Ballesta et son équipe se sont rendus sur ce mont sous-marin haut de 5 000 mètres et culminant à 60 mètres sous la surface de l’eau, pour en entrevoir les richesses. Ces explorations ont permis de dresser le premier inventaire biologique du site, qui aurait vraisemblablement été une île avant de s’affaisser lorsque le niveau des mers s’est élevé de 120 mètres, il y a 20 000 ans.
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Les membres de l’expédition à bord du navire La Curieuse : Laurent Ballesta, Florian Holon, Thibault Rauby, Yanick Gentil, Thomas Pavy (les cinq plongeurs), Patrick et Sophie Durville (les organisateurs), Manon Condet, Franck Grangette, Jean-Claude Martigné, Thierry Mulochau, Jean-Pascal Quod, Yann Rineau et Florence Trentin. Ce projet a été cofinancé par la préfecture de La Réunion, la Fondation d’entreprises des Mers australes, Vie Océane, l’Aquarium de La Réunion, le Comité régional d’études et de sports sous-marins, Inset, Ô Sea Bleu, la Fondation du Crédit Agricole Réunion Mayotte, Air France, Odyssée, Entropie.
Au total, 15 classes et près de 500 élèves du primaire et secondaire ont pu suivre cette aventure maritime en direct, avec l’aide du rectorat de La Réunion, et grâce à la mobilisation des enseignants et de l’association Vie Océane qui a mis en place un blog. De plus, à la fin de la mission, quatre classes ont visité le navire et se sont entretenues avec les plongeurs, les scientifiques et les marins. Des conférences ont accueilli des classes (140 élèves) dans le cadre de la Fête de la Science (Sciences Réunion) et une conférence grand public a eu lieu à l’Université, avec plus de 500 personnes. Cette campagne, qui allie exploration, science et partage, s’inscrit dans une nouvelle forme d’expéditions modernes permettant au plus grand nombre de vivre une aventure tout en réalisant un travail scientifique. Les résultats ont montré que ce sommet est un haut lieu de la biodiversité marine, que cette montagne sortait de l’eau il y a 20 000 ans et formait une île au large de La Réunion, puis qu’elle a été engloutie lors de la montée des eaux à la fin de la dernière glaciation. Toutes ces découvertes visent à mieux connaître de façon générale les monts sous-marins ainsi que la faune et la flore profondes de l’océan Indien. + d’infos ici (l’expédition en quatre épisodes filmés) : Épisode 1
Épisode 2
Épisode 3
Épisode 4
LA FONDATION D’ENTREPRISES DES MERS AUSTRALES Partenaire clé de l’expédition sur le mont La Pérouse, la Fondation a pour vocation essentielle de connaître, faire connaître, préserver et valoriser les richesses et ressources naturelles des mers australes. Ce périmètre comprend aussi la zone économique exclusive de La Réunion (où est situé le mont sous-marin La Pérouse), territoire où elle est basée depuis sa création en 2013. La très grande originalité de la Fondation d’entreprises des Mers australes réside dans le fait que ses membres fondateurs sont des armements de pêche français, qui se réunissent ainsi à travers la Fondation dans le but de financer des projets de recherche, de valorisation du patrimoine marin et de soutien à la formation professionnelle maritime. Pour la Présidente de la Fondation, Armelle Denoize, « la participation à cette mission renforce l’ancrage de la Fondation dans le territoire de La Réunion, par sa collaboration avec les partenaires locaux. Le partage des informations collectées avec les élèves réunionnais, via les réseaux sociaux, avec de magnifiques photographies et des vidéos, permet d’éveiller leur sensibilité environnementale : un vrai atout de transmission aux générations futures ! ».
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OUTRE-MER
grandeur Nature
© Gabriel Barathieu |www.underwater-landscape.com | Les anémones de mer rouges sont nombreuses dans la passe en S, le célèbre site de plongée de Mayotte. Ce n’est pas pour déplaire aux poissons-clowns qui, immunisés contre les cellules urticantes de leurs tentacules, y vivent en sécurité. En retour, ils nettoient l’anémone et la protègent d’éventuelles attaques de poissons-papillons.
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Du
bord des plages aux profondeurs de la
barrière de corail,
G abriel Barathieu sillonne le lagon et les récifs de Mayotte avec un double objectif : réaliser des clichés qui mettent en valeur la richesse et la biodiversité du lagon, tout en explorant les pentes récifales profondes , lesquelles restent à ce jour encore inconnues.
MAYOTTE
Dans cette optique, il crée en 2019 l’association Deep Blue Exploration (www.deep-blue-exploration.com). Composée de plongeurs et scientifiques collaborant sur une base de science participative, l’association a pour but d’explorer, d’étudier et de faire connaître ces mystérieux écosystèmes de la zone crépusculaire. Photographe le plus représenté dans l’exposition Outre-mer grandeur Nature, Gabriel Barathieu est l’auteur des images présentées sur cette page. © Gabriel Barathieu |www.underwater-landscape.com En raison de la surpêche, la raie manta est classée vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.
Une rencontre aussi rare qu’exceptionnelle au large de Mayotte avec des globicéphales tropicaux. Le globicéphale est le plus grand des delphinidés après l’orque épaulard, le mâle pouvant mesurer six mètres de long. L’espèce se nourrit essentiellement de céphalopodes et est capable de plonger à -800 mètres !
Originaire de l’océan Indien et du Pacifique, le poisson-lion a été introduit aux Antilles où il s’avère extrêmement vorace et invasif en l’absence de prédateurs locaux.
Mayotte héberge deux espèces indigènes de baobabs : le baobab africain aux fleurs blanches et le baobab malgache aux fleurs rouges, bien plus rare que le premier et protégé par arrêté préfectoral. Après Madagascar, Mayotte est le deuxième territoire au monde en termes de diversité spécifique des baobabs.
L’habitat naturel du maki de Mayotte se réduit au profit des zones cultivées, de l’urbanisation et de l’exploitation forestière. En saison sèche, l’insuffisance de fruits l’incite à se rapprocher des espaces habités, si bien qu’on le surprend souvent à déambuler sur les fils électriques, y compris à Mamoudzou.
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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature
LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE REÇOIT UN PRIX DU GÉNIE ÉCOLOGIQUE AUX 10ÈMES ASSISES NATIONALES DE LA BIODIVERSITÉ L’objectif
de ce prix national est de valoriser des projets de génie écologique exemplaires, par leur
conception, les techniques employées ou leur intégration au contexte socio-économique local. Il s’agit de mettre en valeur les savoir-faire de cette filière en émergence et de favoriser son développement.
Pour la 3ème édition du prix national du génie écologique, l’Association fédérative des acteurs de l’ingénierie et du génie Écologiques (A-IGÉco), le centre de ressources Génie écologique de l’Office français de la biodiversité (OFB), avec le soutien du ministère de la Transition écologique, ont présenté les projets lauréats aux Assises nationales de la biodiversité qui ont eu lieu du 7 au 9 octobre 2020 à Massy. Raïssa Andhum, 3ème vice-présidente du Conseil départemental, chargée de l’aménagement et du développement durable, a reçu l’un des huit prix nationaux dans la catégorie « Protection et restauration des sols et de leurs fonctions » pour son projet d’expérimentation d’itinéraires techniques de reboisement de terrains érodés (padzas) à Mayotte utilisant des espèces indigènes et des mycorhizes 1. Les padzas, ou « mauvaises terres », désignent à Mayotte des zones accidentées de teinte généralement rougeâtre due au fer ou à l’aluminium présent dans la roche volcanique, et qui ont été soumises à une forte érosion, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine (cultures sur brûlis, pâturages intensifs). Sur ces sols fragiles, l’écoulement intense des eaux de pluie entraîne l’envasement du lagon. Une mycorhize est le résultat de l’association symbiotique entre des champignons et les racines de plantes. 1
Depuis les années 1980, les padzas ont fait l’objet de plusieurs campagnes de reboisement dans le cadre de la lutte contre l’érosion des sols et de la préservation de la ressource en eau. Ce projet reçoit aujourd’hui le prix du génie écologique car il ambitionne de reboiser de façon optimale et de manière durable ces zones érodées sur l’ensemble de l’île, en faisant appel aux dernières techniques de génie écologique sur le choix des essences et l’utilisation de plants mycorhizés 1 d’espèces indigènes. « Le Conseil départemental a souhaité agir aux côtés des gestionnaires d’espaces naturels de Mayotte dans le reboisement du territoire en espèces indigènes. À travers son service des ressources forestières, il s’est donc associé à l’Office national des forêts, au Conservatoire botanique national de Mascarin et au laboratoire Inoq » a souligné Raïssa Andhum, rappelant que ce projet s’inscrivait « dans une vision d’ensemble des enjeux liés à la biodiversité ». Elle a fait part de sa fierté de voir l’engagement du Département de Mayotte sur ces questions reconnues à l’échelle nationale. Cofinancé à 75 % par le FEADER, ce projet de végétalisation des padzas est un indicateur positif supplémentaire pour Mayotte dans son engagement pour la préservation de la biodiversité et de l’environnement du territoire.
La remise du prix à Raïssa Andhum (2ème en partant de la gauche) du Conseil départemental de Mayotte.
PUBLI-COMMUNIQUÉ
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
MAYOTTE : DES ASSOCIATIONS ENVIRONNEMENTALES FÉDÉRÉES ET DYNAMIQUES La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), régie par la loi du 1er juillet 1901, est créée en 2003 de la volonté des associations environnementales de se structurer au sein d’une association fédératrice, pour mieux travailler ensemble et participer au développement durable de l’île. LES OBJECTIFS DE LA FMAE Œuvrer pour la protection de l’environnement : • Protéger, conserver et restaurer à Mayotte les ressources et les milieux naturels, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres fondamentaux de la biosphère, l’eau, l’air, les sols et les cadres de vie dans une perspective de développement durable ; • Lutter contre les pollutions et nuisances, en vue d’un aménagement harmonieux du territoire ; • Défendre les associations adhérantes.
Mutualiser les moyens, coordonner les actions des associations membres de la fédération :
Ci-dessus : Journée mondiale des zones humides sur la rivière Gouloué et les hauts de Passamainty en présence d’un public réceptif. | En bas : séance de plantation de mangrove lors de la Journée mondiale du climat 2020 à Kani-Bé. Les réflexions sur les mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique étaient à l’ordre du jour.
• Accompagner les associations environnementales (AE) via l’élaboration de dossiers, la recherche de financements… ; • Développer les relations et partenariats entre associations mahoraises et nationales voire internationales : missions d’études, échanges, parrainages, appuis techniques… ; • Représenter les AE locales auprès de partenaires à la fois institutionnels et privés ; • Participer activement et efficacement au développement durable de l’île ; • Positionner la FMAE en force de propositions essentielle pour le développement durable de Mayotte.
En 18 ans d’existence, la FMAE a démontré son engagement actif. Elle assure un rôle d’interlocuteur indispensable de la population devant l’administration sur des dossiers importants, dont : • Son intervention au sujet des travaux de réhabilitation de la décharge de Hachiké (pour limiter l’infiltration des eaux polluées), qui a été le déclic d’une pétition pour la mise en place du Centre d’enfouissement technique (CET) devenu Centre de stockage de déchets ultimes (CSDU) ;
• Son intervention sur le ramassage de déchets ménagers à Pamandzi, à l’origine d’une forte mobilisation des AE ; • Sa contribution au Plan d’aménagement et du développement durable (PADD) ; • L’organisation locale des Journées mondiales : des eaux humides ; de l’eau, de la rivière et de la forêt ; de la biodiversité ; du climat. Ces événements visent tous à réunir autour d’un sujet environnemental les institutions, élus, techniciens, associations et la population, facilitant ainsi les échanges entre les différentes parties.
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PUBLI-COMMUNIQUÉ grandeur Nature
OUVERTURE DU PORTAIL « MILIEU MARIN - OCÉANS INDIEN ET AUSTRAL » Avec ceux sur l’Eau et la Biodiversité, le système d’information sur le milieu marin (SIMM) est le 3ème système d’information fédérateur de l’État coordonné par l’OFB en lien avec l’Ifremer. L’objectif de ce système, et notamment de son portail web, est de rendre plus facilement accessible et réutilisable l’ensemble des données concernant les espaces maritimes français. Le portail donne accès aux données via des rubriques thématiques : état du milieu, actions concrètes de protection et de restauration des écosystèmes marins, ou encore chiffresclés factuels pour mieux appréhender ces milieux. Il permettra de tisser un lien citoyen et engagé avec le public qui aura ainsi un accès facilité à toutes les données disponibles. Il se veut la porte d’entrée unique vers les données marines quel que soit l’organisme qui les a acquises et/ou qui les gère. Un portail régional pour les océans Indien et Austral (SIMMOIA) a été mis en ligne en octobre 2020 avec des développements spécifiques à ces océans. Au-delà des données nationales, il s’agit de rendre plus visibles les données locales acquises par des associations, des organismes de recherche, des établissements publics, etc. Pour en arriver là, c’est un travail de fourmi qui nécessite de contacter tous les producteurs de données de façon à identifier ces dernières, les analyser, les mettre en forme puis en ligne. L’Ifremer a contribué de manière significative à ce portail, à travers : • le recueil, la diffusion et la sécurisation de dizaines de jeux de données régionaux. Le contenu éditorial a aussi été
BRÈVE
rédigé en grande partie par l’Institut, puis validé par les partenaires locaux et les instances nationales ; • le développement du portail, qui décline la partie nationale et apporte des éléments novateurs, comme l’accès direct aux données des habitats benthiques, de la directive-cadre sur l’eau, des campagnes à la mer… Portail web SIMM-OIA : www.oceans-indien-austral.milieumarinfrance.fr Contacts : antoine.huguet@ifremer.fr | magali.duval@ifremer.fr
LES DÉCHETS MARINS SURVEILLÉS À MAYOTTE ET À LA RÉUNION L‘outil de suivi des déchets marins DALI (DAta Litter) a été développé par l’Ifremer, en partenariat avec l’OFB et le Cedre, pour disposer d’un système d’information et de données fiables au niveau national. Opérationnelle dans l’Hexagone depuis 2019, DALI est en cours de déploiement à Mayotte et à La Réunion. Construit sur un modèle identique à BD Récif (voir p.7), il permet sur l’ensemble des thématiques déchets (données plage et données issues des campagnes à la mer) d’appliquer des protocoles identiques et ainsi d’assurer une homogénéité et une qualité importantes des jeux de données collectés. Ces aspects sont la garantie d’indicateurs fiables sur l’état du milieu marin. + d’infos ici : Ifremer
Microplastiques flottants. © Ifremer | François Galgani
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
TAAF D isséminées dans l’hémisphère Sud, depuis le 11ème parallèle où émerge l’archipel tropical des G lorieuses jusqu’aux confins du monde polaire en A ntarctique, les Terres australes et antarctiques françaises appartiennent aux derniers sanctuaires encore quasi originels de notre planète.
Dans ces espaces essentiellement maritimes et parmi les plus isolés au monde, la faune et la flore indigènes sont intégralement protégées. Au sud de l’océan Indien, à des milliers de kilomètres de tout continent, les îles subantarctiques des TAAF – archipel Crozet, îles Kerguelen, îles Saint-Paul et Amsterdam – évoluent dans un isolement absolu. Si elles abritent assez peu d’espèces terrestres, une vie marine exceptionnelle y trouve refuge, dont notamment des communautés spectaculaires d’oiseaux marins : manchots, gorfous, albatros, pétrels, prions, océanites… © Grégory Pol | www.gregory-pol-photographie.com | Une otarie de Kerguelen, également appelée otarie à fourrure antarctique. Longtemps chassée pour sa fourrure, l’espèce, qui se reproduit sur les îles subantarctiques comme ici aux Kerguelen, et pour l’essentiel en Géorgie du Sud, a bien failli disparaître au XIXème siècle. Cette habile nageuse qui est la proie des orques et des léopards de mer, se nourrit habituellement de krill. Elle est protégée par la Convention pour la protection des phoques de l’Antarctique, entrée en vigueur en 1972.
© Jacques Bazin / Marine nationale / Défense | www. defense.gouv.fr | Des manchots empereurs observés en Terre Adélie, devant le mouillage de L’Astrolabe, patrouilleur © Stéphanie Légeron | oceindia@icloud.com | Les manchots royaux de la baie du Marin, sur l’île de la Possession, dans l’archipel de Crozet. Inscrite en 2019 au patrimoine mondial de l’Unesco, la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises héberge les plus grandes concentrations d’oiseaux marins au monde. Mais à Crozet, l’île aux Cochons, qui était connue pour héberger la première colonie au monde de manchots royaux avec environ 500 000 couples, a connu une chute de 88 % de sa population en 35 ans, dont les causes sont étudiées par les scientifiques.
et navire logistique armé par la Marine nationale. Le plus grand des manchots, haut de près d’1,20 mètre, ne vit qu’en Antarctique et a la particularité de se reproduire pendant le rude hiver du continent blanc. Or le réchauffement climatique, qui a pour effet la fonte de la banquise, met en péril la vie des oiseaux en les privant de leur habitat, de leurs sources de nourriture et de leur capacité à élever leurs jeunes poussins.
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NOUVELLE-CALÉDONIE la flore terrestre atteint ici un taux d’endé -
76 % ! Par ailleurs, c’est dans ce point chaud de biodiversité que s’étire – sur 1 600 kilomètres – la plus longue barrière corallienne continue du monde. misme record de
Le Parc naturel de la mer de Corail s’étend à tout l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Il est bordé à l’ouest et au sud par l’Australie, au nord par les îles Salomon, à l’est par le Vanuatu et les îles Fidji. La mégafaune du Parc est exceptionnelle avec 25 espèces de mammifères marins, 48 de requins, 19 d’oiseaux nicheurs, 5 de tortues… Si le bilan actuel des connaissances fait état de près de 10 000 espèces marines, de nombreux sites restent à explorer.
© Pierre-Alain Pantz | www.pierrealainpantz.com | Véritable emblème local, le cagou est endémique de la Grande Terre. Bien que protégée depuis 1977, l’espèce est aujourd’hui en danger d’extinction selon l’UICN, car la dégradation de la forêt humide, ainsi que la prédation des poussins par les rats, chats et chiens ont entraîné le déclin de sa population.
© Pierre-Alain Pantz | www.pierrealainpantz.com | L’îlot Améré baigne dans la Réserve naturelle intégrale Yves Merley, dont
Le saut d’une baleine à bosse dans la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin. Créée en 1998, cette dernière, qui s’étend sur 3 060 l’accès est très strictement limité et contrôlé. Cette aire protégée de 17 000 hectares classée comme l’ensemble des lagons de Nouhectares au nord-est de l’île, dont 2 900 hectares en mer, abrite des écosystèmes diversifiés : mangroves, herbiers de phanérogames velle-Calédonie au patrimoine mondial de l’Unesco, héberge une faune remarquable : tortues, tricots rayés – le célèbre serpent marin marines, récifs coralliens, forêts littorales et étangs. Les fonds marins, dont la profondeur dépasse rarement les 30 mètres, sont riches de local –, baleines à bosses durant l’hiver austral… Dans la zone tampon des 500 mètres entourant la Réserve, tout survol d’engins et usage centaines d’espèces de poissons et de coraux multicolores totalement protégés. d’engins motorisés sont interdits pour défendre ces eaux pristines des impacts liés aux activités humaines.
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WALLIS-ET-FUTUNA L e territoire français habité le plus distant de l’hexagone n’est pas un hotspot de biodiversité : la faune et la flore connues s’avèrent relativement pauvres et peu spécifiques , au regard d’autres îles du Pacifique S ud. C ependant, des espèces rares ou menacées sont bien présentes – plantes, mollusques, oiseaux… – et nécessitent une protection. L a poursuite à terre et en mer des inventaires floristiques et animaliers pourrait encore révéler bien des richesses insoupçonnées. Malgré l’extension des défrichements, Alofi, la petite île inhabitée voisine de Futuna, conserve de nombreuses zones boisées non modifiées par l’homme. La forêt dense humide primaire couvre près de la moitié de sa superficie. Des trois îles principales de Wallis-et-Futuna, Alofi est de surcroît la mieux épargnée par les espèces envahissantes, tel le rat noir, et celle où l’on rencontre le plus d’espèces endémiques ou menacées.
Bien que l’état des connaissances sur la faune et la flore locales reste incomplet, de manière générale la plus forte biodiversité du territoire se maintient ainsi à Alofi, et tout particulièrement sur les hauteurs non anthropisées du mont Kolofau (417 mètres). Luxuriance, relief accidenté… Alofi peut se vanter d’être aujourd’hui l’une des îles les moins déboisées du Pacifique.
© Ifremer | Campagne FUTUNA 1 2010 | wwz.ifremer.fr | Au sud de Futuna, un immense domaine de volcanisme actif a été découvert en 2010 par des scientifiques français de l’Ifremer. Cette image inédite prise depuis le sous-marin Nautile illustre des cheminées de sulfures inactives du volcan Kulo Lasi, alors découvert. La profondeur moyenne de la zone est de 3 400 mètres. La mission a permis la découverte des premiers « fumeurs noirs » en France. Ces sources hydrothermales proches d’une dorsale océanique éjectent un fluide porté à plus de 350 °C et sont au centre des recherches sur l’apparition de la vie.
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POLYNÉSIE FRANÇAISE Vaste comme l’Europe, le territoire français du Pacifique disséminé en cinq archipels – Société, Tuamotu, G ambier, Australes, M arquises – héberge un patrimoine écologique doté d’une immense richesse, dont 20 % des atolls de la planète. Du fait de son formidable isolement, la Polynésie française affiche un endémisme extrêmement prononcé. C’est dans ce point chaud de biodiversité si important à préserver, et précisément aux Marquises, qu’a été créé en 2012 le concept d’Aire marine éducative, c’est-à-dire de petite zone maritime littorale gérée de manière participative tout au long de l’année scolaire par des élèves et leurs enseignants, en suivant des principes définis par une charte. Cette démarche innovante auprès de la jeune génération a pour objectif de mieux faire connaître et protéger les milieux littoraux et marins. © Fred Jacq | Oiseau terrestre en danger d’extinction, le rupe a disparu des Îles de la Société et ne survit plus que sur l’atoll soulevé de Makatea. L’espèce a été ravagée par la déforestation, la chasse et la prédation par un rapace introduit. Elle est aujourd’hui encore menacée à Makatea par un projet de mine de phosphate...
© Tim McKenna | www.timmckennaphoto.com | Moorea héberge en abondance des raies pastenagues et requins à pointes noires, animaux faciles à approcher, inoffensifs et très présents de manière générale dans les lagons polynésiens. Pour mettre fin notamment aux dérives du « shark feeding » et du « ray feeding », selon le Code de l’environnement de la Polynésie française de 2017, « il est strictement interdit, en tout temps et en tout lieu, de perturber de manière intentionnelle le développement naturel des espèces sauvages et des écosystèmes qui leur sont associés. »
© Fred Jacq | https://independent.academia.edu/JacqFred | Sur l’île de Raiatea, les deux plateaux Te Mehani sauvegardent une espèce patrimoniale strictement endémique, reconnaissable à ses cinq pétales blancs évoquant la forme d’une main : le tiare ‘apetahi. Bien que protégé, ce dernier est en voie de disparition du fait surtout d’une cueillette abusive depuis des décennies. La fleur rarissime accueille ici l’accouplement de l’unique cigale polynésienne, la cigale de Raiatea, une autre curiosité biogéographique.
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Sommet
désert d’un mont sous-marin profond
3 000 mètres, C lipperton encercle un lagon qui s’est refermé naturellement au XIX ème siècle. Il en résulte un milieu unique : l’eau de pluie a façonné ici le seul lagon d’eau douce de la planète. Oasis de vie au cœur de l’océan, l’atoll inhabité revêt dans cette ré -
CLIPPERTON
de plus de
gion du globe une importance cruciale pour les oiseaux , tortues de mer , cétacés , requins…
Reporter, auteur et réalisateur de films documentaires, Stéphane Dugast nous rapporte cette image d’une expédition scientifique internationale dirigée en 2016 sur l’atoll de Clipperton par le géographe Christian Jost, dans le cadre du programme « Inventaire de la biodiversité, connectivité et évolution de l’atoll de Clipperton ».
© Stéphane Dugast | www.stephanedugast.com | À 1 100 kilomètres du Mexique, Clipperton est le seul atoll du Pacifique oriental. Dans son lagon fermé, la pluie a façonné l’unique lagon d’eau douce de la planète. Ce sommet inhabité d’un mont sous-marin forme une oasis de vie pour les tortues, cétacés, thons, requins des Galápagos, poissons-anges de Clipperton… et oiseaux marins dont la plus grande colonie connue de fous masqués, avec plus de 100 000 individus. La surpêche, le rat introduit et les déchets humains menacent malheureusement l’atoll, dont les eaux territoriales ont été érigées en 2016 en Aire marine protégée.
Outre-mer grandeur Nature, un support gratuit proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae | ISSN en cours 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion Tout ou partie de son contenu est sous copyright et ne peut être reproduit sans l’autorisation d’Océindia. Pour toute question ou proposition de sujet, merci de contacter : Stéphanie Légeron, directrice de publication | Mail : oceindia@icloud.com
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Le Sénat présente Le Sénat présente
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Une exposition photographique proposée par Une exposition photographique proposée par OcéIndia
OcéIndia
1919 septembre janvier2021 2021 septembre2020 2020 -- 17 17 janvier GRILLES DUJARDIN JARDIN DU DU LUXEMBOURG GRILLES DU LUXEMBOURG de Médicis - 75006Paris Paris -- Accès Accès libre RueRue de Médicis - 75006 libreauaupublic public
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© Stéphanie Légeron / Îles Kerguelen Facebook : Outre-mer grandeur Nature
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