WWF Magazine 112 FR

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WWF MAGAZINE

ENSEMBLE, TOUT EST POSSIBLE

FOCUS

MAINTENIR LA DÉFORESTATION HORS DE NOS ASSIETTES

TERRAIN

GYAROS, REFUGE DES PHOQUES MOINES

DOSSIER

LA NATURE SAUVAGE

Se déplacer librement est un besoin essentiel pour les animaux sauvages. Au cours de leur cycle de vie, les truites dépendent du libre cours des rivières pour se reproduire en amont, les éléphants se mettent en quête d’eau durant les sécheresses, les ours bruns traversent les forêts à la recherche d’un partenaire... Cette capacité des animaux à circuler sans entraves d’un endroit à l’autre, c’est ce qu’on appelle la connectivité écologique. Pour que la biodiversité prospère, les habitats naturels doivent être reliés entre eux, sans obstacle.

Malheureusement, les routes, l’agriculture intensive ou les infrastructures transforment sans relâche les habitats naturels, impactant gravement l’état de la nature à l’échelle mondiale. Toutefois, l’importance de la connectivité commence à être reconnue au niveau international, et elle a notamment été mise à l’honneur lors de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique de Kunming-Montréal.

Au WWF, nous voulons donner à la nature toutes les chances de s’épanouir et de prospérer. En connectant les populations d’animaux entre elles et avec leurs habitats potentiels, on les rend plus robustes face aux nombreux changements qui les menacent – y compris le changement climatique. Lorsqu’elles sont capables de coloniser plusieurs milieux, elles ne sont plus condamnées par la destruction ou le bouleversement de certaines parties de leur habitat. C’est pourquoi le maintien et le rétablissement de la connectivité écologique sont des priorités du WWF dans nos projets à travers le monde entier. Nous travaillons notamment à rétablir une bonne « trame verte et bleue », en assurant la pérennité de forêts diversifiées aux lisières accueillantes - bien connectées entre elles par des haies et des bosquets - et de rivières aux berges végétalisées coulant librement, mais aussi en installant des adaptations pour que les animaux puissent traverser les routes.

Merci de votre soutien qui nous permet de continuer à travailler à cette tâche essentielle, pour la vie sauvage comme pour la santé des écosystèmes dont nous dépendons toutes et tous.

Ensemble, tout est possible !

Corentin Rousseau

Biologiste et gestionnaire de programme au WWF-Belgique

ACT NOW

Votre soutien est essentiel pour nous permettre de protéger les espèces sauvages menacées et les paysages les plus précieux de la planète. Faites un don pour le WWF.

DOSSIER

(RE)CONNECTER

NATURE

Maintenir la déforestation hors de nos assiettes

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Gyaros, refuge des phoques moines

Merci 4

Votre adoption en action 22

Attention ! Suite à une nouvelle législation, les ONG doivent transmettre le numéro de registre national des donateurs et donatrices à l’administration fiscale pour que leurs dons soient déductibles fiscalement. Complétez vos données ici ou appelez le 02 340 09 20.

Le WWF Magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté Française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le logo et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Alison Avanzini, Nicky Cremers, Céline De Caluwé, Roxane Driessens, Julie Fichefet, Marie Lebeau, Hans Moyson, Laure Raimondi, Corentin Rousseau, Sarah Vanden Eede, Déborah Van Thournout

Les jaguars de retour après les feux en Bolivie

En 2024, la Bolivie a battu un triste record : 10 millions d’hectares de forêt ont été détruits par le feu. Palmarito de la Frontera et Madrecitas, deux communautés autochtones de Chiquitania, ont ainsi vu leurs projets de gestion forestière durable partir en fumée.

Elles s’inquiétaient aussi pour les jaguars qui vivent dans leurs forêts, et dont elles assurent le suivi depuis 2022. Grâce à votre soutien, nous leur avions appris à utiliser des pièges photographiques, qu’elles ont installés au cœur de la forêt. De fascinantes images de jaguars avaient ainsi pu être obtenues.

Une fois le danger passé, les communautés ont donc installé de nouveaux pièges photographiques afin de connaître la situation de leur emblématique félin. Les résultats sont stupéfiants : les images montraient non seulement des jaguars, mais aussi des pumas, des ocelots, des tapirs, des pécaris, des agoutis... La forêt et sa faune ont fait preuve d’une résilience extraordinaire !

Le temps de la restauration est venu, et celui de la prévention viendra à son tour. Tout cela grâce à votre soutien. Merci !

Myanmar : un singe mystérieux révèle ses secrets…

Vous souvenez-vous du langur de Popa, ce singe menacé découvert en 2020 au Myanmar ? L’espèce n’est présente nulle part ailleurs et elle a encore bien des secrets à révéler aux scientifiques. Grâce à votre soutien, nos équipes ont pu mener une étude poussée en décembre, février et mars dernier. Nous avons étudié le comportement et le territoire du langur de Popa, ainsi que l’évolution de sa population. Pour mieux connaître ses ennemis naturels, nous avons déjà installé sept pièges photographiques. Les résultats de ce travail seront bientôt disponibles, et nous ne manquerons pas de vous en faire part dans ce magazine !

PS : nouvellement membre de la famille du WWF ? N’hésitez pas à scanner ce code QR pour faire la connaissance du langur de Popa

OFFREZ UN AVENIR À LA NATURE

Votre héritage peut faire la différence.

« J’accompagne celles et ceux qui souhaitent continuer à faire vivre leur passion pour la nature. Après l’ouverture du testament, je veillerai, avec le notaire, à ce que leurs volontés soient scrupuleusement respectées. »

Que vous en soyez au tout début de votre démarche ou que vous sachiez précisément où aller, Dominique est là pour vous assister. Contactez-la au +32 476 58 07 42 ou via dominique.weyers@wwf.be. Demandez votre brochure sur testament.wwf.be.

Face aux activités humaines qui découpent, réduisent et fragmentent les habitats naturels, les espèces sauvages ont une soif croissante de connectivité : une bonne trame « verte et bleue » a le potentiel de permettre à ces espèces de se déplacer en toute sécurité à travers les paysages, et d’accéder ainsi à toutes les ressources nécessaires à leur survie, de maintenir leur diversité génétique et de s’adapter aux perturbations environnementales, telles que le changement climatique.

UNE NATURE EN MANQUE

DE CONNEXIONS

En dehors de l’Antarctique, plus des trois quarts des terres émergées ont été transformées par l’activité humaine. Les routes, les villes et les zones d’agriculture intensive s’étendent à un rythme effréné. Les êtres humains fragmentent ainsi les habitats de nombreuses espèces et isolent leurs populations…

Dans cette planète bouleversée par l’humain, les zones protégées telles que les parcs nationaux font souvent office de refuges, mais ces zones sont rarement reliées entre elles : seulement 9,7 % du réseau des zones protégées terrestres est bien connecté. Les autres ne sont finalement que des îlots de nature isolés les uns des autres.

Or les espèces sauvages ont besoin de pouvoir se déplacer sans entraves : cette capacité de déplacement, c’est ce qu’on appelle la connectivité écologique. Et pour de nombreuses espèces, cette connectivité est tout simplement vitale. Les animaux comme les jaguars ou les ours bruns ont besoin de partir à la recherche de nouveaux partenaires et de diversifier ainsi leur patrimoine génétique – essentiel pour la résistance de l’espèce. Mais les animaux ont aussi tout simplement besoin de se déplacer pour chercher à manger ou pour s’adapter aux nombreux changements que risquent de subir leurs territoires : déforestation, hausse des températures, modifications du paysage, espèces envahissantes… Dans leur quête de nouveaux habitats – par exemple vers une latitude plus tempérée où le réchauffement climatique se ferait moins sentir – elles ont de fortes chances de rencontrer des autoroutes, des zones agricoles immenses, des barrages ou d’autres obstacles infranchissables.

Première étape : comprendre et cartographier

Pour que des sites naturels soient bien reliés entre eux, il faut qu’il existe des passages qui permettent aux animaux de se déplacer, passages qu’on appelle « corridors écologiques ». Ces corridors peuvent prendre plusieurs formes : il peut s’agir de haies à travers champs, de couloirs arborés ou de véritables « écoducs » passant au-dessus des routes. Pour savoir où les installer, on utilise des techniques de modélisation prenant en compte les caractéristiques du paysage (couverture forestière, autoroutes, zones agricoles...), ainsi que les besoins des espèces sauvages clés, tels que leur aire de dispersion, leurs préférences en matière d’habitat et surtout la manière dont ces espèces se déplacent. Ces informations peuvent être obtenues par exemple grâce à des colliers GPS, des pièges photographiques, des statistiques liées à la mortalité routière ou encore via l’avis d’expert·es. Grâce à ces données, nous pouvons cartographier les corridors les

plus cruciaux pour reconnecter le paysage.

La restauration de la nature : au service de la connectivité

Une fois les lieux d’action prioritaire identifiés, la restauration de la nature vient à la rescousse : il est ainsi possible de restaurer un corridor entier entre deux parcelles d’habitat isolées en plantant des haies d’arbustes indigènes dans des zones ouvertes, en restaurant des prairies de fleurs sauvages, en végétalisant et adoucissant les berges de cours d’eau, en supprimant leurs barrages, ou encore en verdissant les toitures urbaines… Le but : obtenir une « trame verte et bleue » permettant aux animaux de se déplacer. S’il est impossible de restaurer un corridor entier, on peut également créer de petites parcelles d’habitat réensauvagé pouvant servir de tremplin au passage de certaines espèces timides.

Des avantages pour les humains En restaurant les habitats naturels et en les reconnectant, on rend

Des ponts pour les poissons ?

Pour aider les poissons à franchir les barrages ou les écluses, il existe des « échelles à poissons », qui sont des structures remplies d’eau permettant aux poissons de franchir un obstacle en nageant ou sautant via une série de marches. Il existe même des ascenseurs à poissons : les poissons nagent alors jusqu’à une sorte de cage, qui remonte automatiquement pour relâcher ensuite les poissons au niveau supérieur ! Toutefois, rien ne peut vraiment remplacer une rivière coulant sans obstacle, seule manière d’assurer par exemple la bonne circulation des sédiments.

la nature plus résiliente face aux changements et aux chocs extrêmes – les humains s’assurent ainsi aussi la pérennité des « services » que nous rend notre nature : stockage de carbone, purification de l’eau, régulation de la qualité de l’air, pollinisation… De plus, planter des haies d’arbres peut avoir le double avantage de limiter les vents forts qui balaient les cultures, ainsi que l’érosion des sols et les inondations grâce à aux racines qui stabilisent le sol et améliorent l’infiltration de l’eau. Les corridors écologiques peuvent aussi facilement se doubler d’un lieu de loisir pour les humains, offrant des promenades arborées et des pistes cyclables ombragées. Une meilleure connectivité peut également réduire les conflits entre animaux sauvages et activités humaines, « canalisant » les déplacements de la faune et diminuant ainsi ses contacts avec les fermes ou leur bétail.

© Shutterstock / J. Schelkle

GRANDS CARNIVORES ET AUTOROUTES

La Slovaquie est un petit pays, et les grands carnivores qui l’habitent ont besoin d’un vaste espace pour vivre. Résultat : le territoire et les couloirs des loups, des lynx et des ours bruns recoupent parfois l’espace où les gens doivent pouvoir vivre et se déplacer.

« Dans mon village, par exemple, il est courant de rencontrer des ours qui passent par là lorsqu’on se promène », explique Stefan Janco du WWF. Le défi consiste à trouver un équilibre entre les exigences humaines (constructions, villages désenclavés) et celles des animaux, qui ont besoin de pouvoir se déplacer à travers ce paysage. « Nous pouvons déjà constater l’impact des infrastructures sur nos populations d’ours : leurs gènes commencent à changer en raison des autoroutes qui les empêchent de se déplacer et de rencontrer d’autres ours bruns », regrette Brano Tam du WWF.

Traces de pattes dans la neige

En réponse, le bureau du WWF en Slovaquie travaille à cartographier

les corridors les plus importants pour cette précieuse faune sauvage. Cela passe par une modélisation statistique enrichie par des observations de terrain : suivi de traces dans la neige, collecte des indices de présence, pièges photographiques et même télémétrie – via l’installation de colliers GPS sur des lynx. Tout ce processus est très long : « la Slovaquie est un pays très bureaucratique, et la procédure pour inclure un corridor identifié dans le plan d’aménagement du territoire est donc très lente » regrette Tereza Thompson du WWF.

En parallèle, le WWF met donc déjà en place des solutions pratiques, notamment face au trafic routier : l’année dernière, 36 ours bruns sont morts percutés par des voitures. « Nous avons convenu avec les autorités d’installer des ‘réflecteurs’ avertissant la faune sur certaines parties de la route », explique Stefan.

« Placés sur les poteaux aux endroits les plus dangereux, ces réflecteurs réfléchissent les phares des voitures qui passent dans la forêt, rendant ainsi les voitures plus visibles depuis d’autres directions. L’objectif est que les animaux voient ces lumières à travers la végétation forestière et évitent de traverser la route à ce moment-là. » Cette solution permet de protéger à la fois les animaux et la vie et les biens des humains – pour qui ces collisions sont également dangereuses.

© Tomas Hulik

DANS L’OCÉAN ?

Là où les gens voient de vastes paysages marins sans forme, les baleines détectent des indices invisibles : un murmure d’eau plus froide remontant des profondeurs, une crête cachée sous les vagues ou la trace d’un plancton en train de fleurir au loin.

À différentes périodes de l’année, les baleines migrent ainsi pour trouver des habitats optimaux pour la reproduction ou la recherche de nourriture. Pour ce faire, elles utilisent des « corridors bleus », sortes d’autoroutes de migration pour baleines. Certaines parcourent ainsi des milliers de kilomètres chaque année.

La télémétrie par satellite - soit des balises attachées à l’aide d’une perche ou d’un fusil à air comprimé sur les baleines elles-mêmes - permet

de suivre leurs déplacements. Les données fournies par ces balises servent à développer des modèles prédisant les zones les plus cruciales pour les baleines et leurs déplacements, outils clés pour planifier de nouvelles zones marines protégées ou gérer au mieux le trafic maritime.

En eaux troubles

Les populations de baleines sont en effet confrontées à des menaces croissantes le long de leurs longues routes migratoires. Les prises accidentelles et l’enchevêtrement dans les engins de pêche coûtent ainsi la vie à environ 300.000 cétacés chaque année. Et les collisions avec les navires seraient la principale cause de mortalité pour les baleines bleues, rorquals communs, baleines à bosse et cachalots. Ces cachalots sont également très vulnérables

à la pollution plastique, car ils se nourrissent de calmars et confondent souvent les sacs en plastique avec leurs proies.

Dans ce contexte déjà sombre, l’exploitation minière des grands fonds marins serait la goutte de trop : en plus de la pollution générée, cette exploitation serait une source faramineuse de bruits sur des centaines de kilomètres, perturbant notamment les communications entre cétacés.

Or 22 espèces de cétacés parcourent la zone de Clarion-Clipperton, convoitée par l’industrie extractive... C’est pourquoi le WWF exige à travers son travail de plaidoyer politique un moratoire sur toute exploitation des grands fonds marins.

LAISSER LA VOIE AUX ÉLÉPHANTS

La Zambie abrite pas moins de 22.000 éléphants. Au fil des sécheresses, ces majestueux pachydermes ont besoin de pouvoir se déplacer à la recherche de points d’eau. Mais ces déplacements à travers les zones habitées et les cultures sont source de conflits.

En 2024, suite à une sécheresse exceptionnelle, des centaines d’éléphants ont parcouru jusqu’à 100 km depuis le parc national de Sioma Ngwezi pour rejoindre la rivière South Lueti. « Les communautés locales n’y avaient plus vu d’éléphants depuis des décennies », explique Teddy Mukula du WWF. Les corridors ancestraux qu’empruntent les éléphants dans ces cas peuvent avoir été entièrement

urbanisés au fil des années : désorientés, les éléphants ont du mal à rejoindre leur destination et risquent de dévaster les cultures tentantes qui se trouvent sur leur chemin, voire d’entrer en conflit avec les humains qui en dépendent.

Identifier ensemble les corridors « En collaboration avec les communautés, nous avons commencé par cartographier les itinéraires et les zones que ces éléphants empruntent pour aller boire de l’eau », explique Teddy. « Des informations validées par les données de colliers GPS que nous avons placés sur certains éléphants.» Actuellement, nous suivons ainsi sept éléphants munis de colliers. Dans les trois principaux corridors, une formation enseigne maintenant à des ‘citoyen·nes scientifiques’ comment continuer eux-mêmes ce suivi.

Toutes ces données permettent d’identifier des couloirs ‘dormants’, pouvant être soudainement utilisés par les éléphants pendant la saison sèche. Des informations importantes pour sensibiliser les populations qui risquent de se retrouver tout à coup sur leur chemin. « Nous discutons notamment avec les chefs traditionnels, afin qu’ils n’attribuent pas de terres aux activités humaines dans les zones de ces corridors », explique Teddy. Nous avons aussi installé 21 clôtures électriques solaires ‘anti-éléphants’ autour des fermes et des champs situés à proximité de ces corridors. Nous soutenons enfin deux équipes d’intervention rapide qui désamorcent les situations dangereuses et peuvent guider les éléphants hors du territoire humain, par exemple avec des feux d’artifice ou des vuvuzelas.

© Jasper Doest / WWF

La déforestation est l’un des principaux vecteurs du changement climatique et elle en aggrave les conséquences. Elle s’accompagne de violations des droits humains, et des animaux emblématiques perdent leur habitat lorsque, par exemple, des plantations de soja remplacent la forêt tropicale. Le WWF poursuit donc sa lutte contre la déforestation, notamment en collaborant avec les entreprises et en faisant du plaidoyer politique : Julie Fichefet et Marie Lebeau se consacrent ainsi quotidiennement à la protection des forêts.

Les entreprises, moteur de changement

De plus en plus d’entreprises prennent conscience qu’elles ont avantage à ce que la nature prospère et à ce que les ressources nécessaires à leurs activités soient exploitées de façon responsable. « La motivation des entreprises

qui choisissent la voie du durable est contagieuse », confirme Marie Lebeau. « Il s’agit maintenant de toucher et de convaincre le plus grand nombre d’acteurs possible. C’est pourquoi nous insistons sur la sensibilisation, par exemple à travers notre ‘Fresque de la forêt’.» Cet atelier interactif apporte toute une série d’informations sur la consommation des Belges et la déforestation. Saviez-vous par exemple que le cacao représente 47% de l’empreinte de déforestation belge ?

Détecter les problèmes

Le WWF propose également des outils aux entreprises, comme la Chocolate Scorecard. « Cet outil permet de savoir si les chaînes d’approvisionnement en cacao des entreprises sont transparentes et traçables », explique Julie Fichefet. « Quels efforts font-elles dans les domaines de la déforestation

et du climat, utilisent-elles des pesticides… ? Les aspects sociaux sont également pris en compte : les employés reçoivent-ils des salaires équitables ? Ont-elles recours au travail des enfants ? Tout cela est résumé dans une évaluation claire avec un code couleur allant du vert au rouge. Cette ‘Scorecard’ révèle ainsi les problématiques du secteur et encourage les entreprises à travailler avec leurs fournisseurs sur une approche durable et équitable. »

chocolatier favori : surfez sur chocolatescorecard.com !

Partage d’expériences

« Au cours des formations et ateliers que nous organisons en entreprise, les participant·es partagent leurs expériences, détaillent leurs propres procédures et leurs chaînes d’approvisionnement, et s’inspirent ainsi mutuellement. Cela donne de l’espoir pour le futur », s’enthousiasme Marie.

Au début de l’année, les entreprises du secteur du cacao ont été invitées à Bruxelles et à Amsterdam pour une formation de deux jours organisée par le WWF. L’objectif était de les préparer à la mise en œuvre de la loi européenne sur la déforestation. « Elles se sont familiarisées avec la loi, ont appris à développer des chaînes d’approvisionnement traçables et sans déforestation et ont pu poser leurs questions aux expert·es. Le WWF organise ces formations pour que la loi puisse protéger les forêts de notre planète

le plus rapidement possible. Car on a beaucoup de retard... » regrette Marie.

Agitation et soulagement

Grâce à la loi européenne sur la déforestation, les produits ayant causé la déforestation et la dégradation de forêts après 2020 ne seront bientôt plus autorisés sur le marché européen. Le mot-clé dans cette phrase ? « Bientôt ». En effet, vous auriez normalement dû pouvoir faire vos courses sans vous soucier de déforestation depuis début 2025. Mais fin 2024, la Commission européenne a décidé de reporter d’un an la mise en application de cette loi. Une décision qui a provoqué des remous…

« Tout le monde s’est mobilisé », se souvient Julie. « Les partis conservateurs voulaient profiter de l’occasion pour édulcorer la loi en apportant de nouveaux

amendements au texte. Les employé·es du WWF et d’autres ONG de nombreux pays européens ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour maintenir la loi sur les rails. » Et avec succès : au final, 25 des 27 États membres ont refusé d’édulcorer la loi et ont seulement voté le report de son application. « Nous avons mis notre slogan en pratique : Ensemble, tout est possible ! », conclut Julie.

Marie Lebeau
Julie Fichefet
© Jacqueline Lisboa / WWF-Brazil

Envie de savoir comment la végétation du Cerrado s’adapte aux incendies périodiques ? Quels animaux vivent dans la savane la plus riche en biodiversité de notre planète ? Quel est le lien entre la déforestation et les droits humains ? Jean Timmers nous en dit plus sur notre site web :

© Bento Viana / WWF Brazil

Gyaros

refuge des phoques moines

Au cœur des Cyclades septentrionales, des oiseaux rares construisent leur nid sur les falaises rocheuses tandis que les phoques moines de Méditerranée allaitent leurs petits sur les plages en toute quiétude. Au large, des massifs coralliens façonnent des paysages sous-marins à la valeur écologique exceptionnelle, et de luxuriantes prairies d’herbes marines ondulent au rythme de l’eau cristalline.

Bienvenue à Gyaros, autrefois lieu d’exil, aujourd’hui oasis de vie. Jusqu’à récemment, les Grecs ne connaissaient cette île que pour son sombre passé : pendant la guerre civile, à la fin des années 1940, et pendant la dictature militaire de 1967 à 1974, Gyaros a servi de lieu d’exil pour les prisonniers politiques. Par la suite, la marine grecque l’a utilisée comme champ de tir, et depuis, l’île est abandonnée et seuls des bâtiments délabrés témoignent de ce passé révolu.

Mais le paysage aride de cette île inhabitée cache une biodiversité unique, qui a attiré l’attention du WWF en 2013. « Des pêcheurs amateurs nous ont dit qu’ils y voyaient souvent des phoques moines de Méditerranée », raconte Spyros Kotomatas, responsable de la conservation marine au bureau du WWF en Grèce. « Comme ces phoques sont rares, des scientifiques ont mené l’enquête. Et ces pêcheurs avaient raison : nous avons découvert une importante population de phoques, qui élevaient leurs petits dans les grottes marines. Nos expéditions ont également montré que toute la nature bénéficiait de la tranquillité entourant l’île déserte : la biodiversité y était florissante. Nous avons été tellement impressionné·es que nous avons voulu faire de Gyaros une nouvelle zone marine protégée. »

Une véritable protection

Souvent, les zones marines protégées ne le sont que sur papier. « Lorsque ceux qui devront gérer les conséquences de la protection (les pêcheurs par exemple) ont peu leur mot à dire dans le processus, il en résulte une résistance aux mesures de protection, qui finissent par ne pas être appliquées », regrette Spyros.

Le WWF voulait éviter que cela se produise à Gyaros, et s’est donc lancé dans un processus expérimental innovant. « Premièrement, nous voulions nous assurer que la zone marine protégée soit davantage qu’une zone de pêche interdite : nous voulions qu’elle prenne en compte tous les éléments naturels, historiques et culturels de Gyaros, afin que les habitant·es des îles environnantes puissent réellement bénéficier du projet. À travers l’écotourisme, par exemple. Deuxièmement, nous avons impliqué dès le premier jour autant d’acteurs locaux, régionaux et nationaux que possible dans la conception de l’aire protégée, allant des pêcheurs jusqu’aux autorités. »

Unanimité ambitieuse

Avec un groupe aussi diversifié, les divergences d’opinions sont inévitables. « Malgré cela, nous avons choisi de prendre toutes les décisions à l’unanimité », explique Spyros. « Parce que si la majorité est d’accord sur une mesure de pêche, mais que les pêcheurs ne sont pas d’accord par exemple, il devient très difficile d’appliquer cette mesure de manière efficace par la suite. Le vote à l’unanimité a compliqué le processus de décision,

mais il a instauré une vraie confiance entre les partenaires. En deux ans, nous sommes ainsi parvenus à élaborer une proposition qui a fait l’unanimité. »

Surveillance à distance

En 2019, le gouvernement grec a accepté cette proposition et a officiellement déclaré ‘zone marine protégée’ l’île de Gyaros et les 5,5 km de mer qui l’entourent. Toutefois la mise en œuvre de cette protection n’est pas toujours évidente. « Nous voulions que les garde-côtes puissent intervenir de manière ciblée », explique Spyros. « Nous avons donc mis en place un système de surveillance à distance : grâce à un radar et à une caméra haute résolution placés sur l’île, nous pouvons détecter les activités suspectes et les signaler aux garde-côtes. »

Résultat ? La pêche illégale a diminué de 85% en quelques années seulement. « Nous comptons désormais plus de 110 espèces de poissons différentes et la biomasse de poissons dans la zone protégée est jusqu’à dix fois plus importante qu’à l’extérieur », se réjouit Spyros. Et les phoques moines ? « Nous estimons qu’une dizaine de petits naissent chaque année. Aujourd’hui, ce sont environ 70 individus adultes qui vivent sur Gyaros. C’est plus de 10% de tous les phoques moines du monde, et sans doute la plus grande population de toute la Méditerranée ! »

Bénéfique pour tout le pays

La coopération, la confiance et les solutions innovantes mises en place à Gyaros en font un véritable exemple de protection marine. « La Grèce a conféré le statut d’aires protégées à 18,3% de ses zones marines, mais seules 12 de ces 174 zones font réellement l’objet de mesures de protection », indique Spyros. « Les expériences de Gyaros seront donc bénéfiques pour tout le pays. »

Carte d’identité

Nom : Phoque moine de Méditerranée

Nom scientifique : Monachus monachus

Statut : vulnérable, il est le mammifère marin le plus menacé d’Europe

Population mondiale : 450 à 600 adultes jusqu’à 2,8 m et 300 kg

Régime : carnivore, avec une préférence pour les poulpes

Menaces : braconnage, prises accidentelles dans les fi lets de pêche, surpêche, dégradation et destruction de l’habitat, pollution...

Le saviez-vous ?

Les nouveau-nés arborent une fourrure noire toute douce avec une tache jaune ou blanche très visible. Ce pelage est propre à chaque individu et disparaît à la première mue.

Des phoques moines sur les plages

Les chercheurs et chercheuses ont remarqué un comportement remarquable chez les phoques moines de Méditerranée de Gyaros : ils profitent des plages sans crainte. « C’est étonnant, car ces animaux n’ont plus manifesté un tel comportement depuis les années 40 ou 50. » explique Spyros. « Ils ont été chassés intensément parce qu’ils endommageaient le matériel des pêcheurs et consommaient leurs poissons. Mais sur cette île inhabitée, ils se sentent aujourd’hui suffisamment en sécurité pour sortir des grottes et se reposer à la lumière du jour. »

CES JEUNES PASSENT À L’ACTION

POUR UN FUTUR PLUS VERT !

Vous connaissez des jeunes entre 15 et 25 ans qui veulent s’impliquer de manière concrète pour la nature ?

Au WWF Youth, on leur propose de les accompagner dans le développement de leurs projets de sensibilisation et d’action contre la déforestation au cours d’un programme gratuit de 9 mois : la WWF Youth Team

Comment rejoindre la Youth Team ?

Les jeunes intéressé·es peuvent déposer leur candidature via ce formulaire en ligne à partir du 30 juin 2025. Les inscriptions se clôturent le 18 août 2025. Plus d’information ici :

VOTRE ADOPTION EN ACTION

Vous avez adopté un dauphin ou un tigre ? Découvrez les dernières nouvelles de votre animal préféré ! Une mobilisation inspirante :

Le dauphin de l’Irrawaddy, symbole de richesse et de fragilité

Dans les eaux douces d’Asie du Sud-Est, une petite centaine de cétacés peuple un tronçon de 190 km du fleuve Mékong, entre Kratie et Stung Treng, au Cambodge. Grâce à votre adoption symbolique d’un dauphin de rivière, le WWF y concentre ses efforts pour assurer la protection du « sourire du Mékong » et de son habitat naturel.

Voici quelques avancées majeures que vous avez rendues possibles :

• La population de dauphins est suivie de près, et cette année, 8 naissances ont été enregistrées – une lueur d’espoir pour l’avenir de l’espèce.

• Les actions de surveillance s’intensifient : 72 écogardes ont réalisé 2.161 jours de patrouille, dont 41% la nuit, protégeant ainsi efficacement les dauphins et leur habitat.

• Grâce aux efforts de lutte contre la pêche illégale, 1.135 filets maillants et 559 palangres ont été retirés du Mékong, réduisant considérablement les risques pour les dauphins d’être pris au piège dans les mailles et de mourir asphyxiés.

• 1.062 habitant·es issu·es de huit villages ont été formé·es à la conservation et à l’importance de préserver les écosystèmes aquatiques.

• Le nombre de cas de pêche par électrocution a chuté de 60% par rapport à l’année dernière, une avancée qui témoigne de l’impact de votre soutien.

grâce à vous, nous menons chaque jour des actions pour sauver le sourire du Mékong

UN TIGRE

Vous o rez un avenir au tigre

Chaque

tigre sauvé est une victoire. Et votre engagement est un moteur essentiel de leur renaissance. Merci d’être à leurs côtés !

En 2010, le nombre de tigres sauvages avait atteint un niveau historiquement bas – il n’en restait qu’environ 3.200... Mais grâce à des efforts de conservation sans précédent, ces félins puissants et résilients reviennent peu à peu dans certaines régions. Au WWF-Belgique, nous soutenons activement la protection des tigres dans le paysage du Mékong, une région clé pour la survie de l’espèce. Grâce à vous, notre travail porte ses fruits !

Ce que vous avez aidé à accomplir :

• On compte 5.574 tigres sauvages recensés aujourd’hui, soit près du double par rapport à 2010.

• Vous contribuez à protéger 10 millions d’hectares d’habitat du tigre en Asie.

• 600 pièges de braconniers ont été détruits en un an.

• En Thaïlande, vous avez participé à la réintroduction de 100 cerfs sambar, les proies principales du tigre avec le banteng.

Le WWF en action grâce à votre soutien

Renforcer la lutte contre le braconnage en équipant et en formant les patrouilles.

Protéger les habitats en restaurant des corridors naturels entre les territoires des tigres.

Réduire les conflits humain-tigre grâce à des solutions innovantes et durables.

Collaborer avec les communautés locales pour les impliquer activement dans la conservation.

Une espèce encore en danger

Si les populations de tigres augmentent dans certains territoires, l’espèce reste menacée par le braconnage, la perte d’habitat et les conflits avec l’humain. Chaque action compte pour consolider ces avancées et offrir aux tigres un avenir durable.

• Nous avons installé 4.500 pièges photographiques pour surveiller les populations de tigres.

• 4.000 écogardes patrouillent jour et nuit pour protéger leur habitat.

WWF-Belgique C.F. ASBL

Bd Emile Jacqmain 90

1000 Bruxelles

02 340 09 20 wwf.be

DEVIENS UN·E PROTECTEUR·RICE DE LA NATURE

Le club des accros à la nature et des héros et héroines des animaux.

Pour les enfants de 6 à 14 ans. La seule aventure pour apprendre en s’amusant !

Des activités et des camps en pleine nature, des magazines sur les animaux et bien plus encore !

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