Résidence Mutuum / Dans les pas / Löetitia Léo / préface Michel Suffran

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löetitia léo dans les pas préface de Michel SUFFRAN 1


Une résidence de création en territoires mauriaciens La résidence d'artistes Mutuum, dans le cadre du partenariat avec la Mairie de la ville de Langon (33), a accueilli au château Garros, l’artiste photographe Löetitia Léo, qui sur deux périodes au printemps et l’été 2016, a effectué un travail photographique singulier intitulé « Dans les pas ». Après avoir accompagné la photographe sur les sites emblématiques fréquentés par François Mauriac¹, celle-ci a amorcé, d’un regard neuf, une approche anthropologique du Sud Gironde. Ce catalogue relate une aventure sur le vaste territoire du Sud Gironde depuis Malagar au nord-est de la Garonne jusqu’aux Landes girondines avec le parc du Chalet Jouanet à Saint Symphorien. Löetitia Léo poursuivra sa recherche en passant par les voies de chemin de fer utilisées par Mauriac enfant durant les grandes vacances depuis Bordeaux, le lit de la Hure, territoire de jeu pour les frères Mauriac ou encore les maisons habitées au cours de sa petite enfance et qui nourriront l’inspiration de l’écrivain. Löetitia Léo explore forêts et rivières avec un appareil photographique argentine et utilise avec le procédé de surimpression. Dans ce catalogue, l’artiste donne à voir une partie du travail photographique en territoires mauriaciens et une série de douze photographies intègre la collection de l’artothèque Mutuum, vouée à l’emprunt pour les structures recevant du public. Les rencontres en automne 2017 avec Michel Suffran qui a bien connu François Mauriac à qui il a dédié une part de ses ouvrages de critique littéraire, ont contribué à enrichir ce projet de résidence. On note, dans sa préface, comment dès l’introduction, Michel Suffran nous conduit à ressentir la matière de l’image en mouvement, comme s’il nous invitait à chausser des lunettes spécifiques pour entrer dans une autre forme d'intelligence sensible afin d'y percevoir un monde fait d’un travelling de filtres superposés où se mêlent souvenirs, imaginaire et ce qui ce trouvelà. Cette série photographique « Dans les pas » est une incitation tout à la fois à découvrir l’ensemble de l’œuvre de Löetitia Léo et à s’aventurer dans les Landes Girondines à la redécouverte de l’univers mauricien.

Sud Gironde, repérages.

¹,François Mauriac : Écrivain français (1885-1970) dont l'oeuvre romanesque constitue une étude des moeurs de la bourgeoisie bordelaise et de l'homme pris entre les passions et lune quête spirituelle. (Acad. fr. 1933). Prix Nobel de littérature en 1952.

Valérie CHAMPIGNY, direction artothèque Mutuum.

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Résidence artistique Mutuum / DANS LES PAS / territoires Mauriaciens / Löetitia LÉO

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Dans les pas de François Mauriac

Vers dorés Respecte dans la bête un esprit agissant : Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ; Un mystère d'amour dans le métal repose ; « Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant. Gérard de NERVAL Les chimères - 1854 (extrait)

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LE REGARD DE LA MÉMOIRE / Michel SUFFRAN

Il resterait des heures à la Terrasse devant cet horizon que, depuis l’enfance, il déchiffre sans lassitude François Mauriac - La chair et le sang

Comment n’être pas intrigué, puis conquis face à l’envoûtement de tels paysages revisités ? Tout, de prime abord, semble évoquer la même sensation optique de relief distillée, naguère, par les superpositions de vues, ingénieusement décalées, du stéréoscope. Mais très vite, un autre sentiment plus singulier se fait jour. En règle générale l’infinitésimale parcelle de temps que fixe l’objectif photographique exclut toute éventualité d’un devenir, toute perspective d’un ailleurs. Or, ici, ce n’est nullement un seul et même angle de vue qui transparaît, mais un second horizon qui, à la fois, le prolonge et le transforme, suggérant l’idée d’un cheminement. Un peu l’impression ressentie par un voyageur immobile regardant à travers la vitre de son compartiment le défilement sans fin du paysage. Avec le sentiment de se trouver, malgré lui, emporté, transporté. L’univers inhérent à la vision si singulière de Löetitia Léo relève, à certains égards, de cette même étrangeté. Quel singulier appel nous invite à dépasser la surface lisse de l’image, à traverser sans crainte le miroir qu’elle tend vers nous ? Étant bien entendu que le terme de «traversée» est, ici, à prendre dans toute autre acception que celle de dépaysement. Bien davantage la promesse d’un énigmatique rapatriement. Prétendre l’ignorer équivaudrait à demeurer au stade d’un pur et simple «passetemps». Alors même que c’est la notion même de temporalité qui se trouve, ici même, remise en cause. 7


Si l’on en accepte la règle, ce n’est plus tant dans la linéarité que va se dérouler le voyage mais dans la profondeur. Cette même profondeur qui nous habite et dont nous pressentons ici, comme en songe, la troublante équivalence.

À priori, celui qui s’aventure ainsi ne court nul risque de s’égarer. Ne se trouve-t-il, pour ainsi dire guidé ? Vers quoi ? Ou vers qui ? Il en est encore réduit à l’ignorer... À quel signe va-t-il enfin pressentir qu’il n’erre pas au hasard ? Serait à ces lignes de fuite ou de force qu’il découvre ou redécouvre à mesure qu’il progresse ? Quelqu’un - peut- être tout juste un autre lui-même - a laissé ici ses empreintes. Sous ses pas, des pistes se révèlent, à demi-effacées, parfois presque imperceptibles. Un fil conducteur. Le filigrane d’un temps révolu. Ici, les rails rongés de rouille d’une ligne de chemin de fer désaffectée. Là, le frémissement d’un ruisselet à demi ensablé. Ailleurs le cailloutis d’une chaussée dévorée de folles graminées. Plus loin encore la sinuosité de racines affleurantes, l’éboulis d’une muraille rongée par le temps, les vestiges d’une palombière à l’abandon. Tout au plus des haltes, des «aires de repos» : misérables incidents de parcours, en vérité ! Mais qui sait ? Il s’en faut de si peu pour que l’apparence se mue en transparence. Au point de susciter le pressant désir que ces menues empreintes se fassent signes annonciateurs…

Oui, certes, mais annonciateurs de quoi ? Ou de qui ? Bien davantage qu’une révélation ce que nous nous prenons à espérer c’est une rencontre. Une présence… Il convient, dès lors, de demeurer en attente, aux aguets. Ce que l’instant présent se refuse à nous livrer, la mémoire nous le restituera, peut-être. Et si c’était en nous-mêmes et en nous seuls, qu’il fallait, à présent, interroger les signes ? Ils étaient là, pourtant, juste sous nos yeux. Pourquoi ne l’avoir pas aussitôt repérée cette fissure entre les fûts serrés des pins ? Comment cette empreinte de pas nous avait-elle si longtemps été dérobée par l’herbe haute ? Impensable de l’avoir ignorée cette frêle branche à demi-rompue dont l’immobile balancement nous fait signe de se risquer plus avant. 8


LE REGARD DE LA MÉMOIRE / Michel SUFFRAN

Il n’en faut guère davantage pour que se trouve remis en cause l’innocent plaisir, pour aussi légitime soitil, de feuilleter à loisir un fastueux livre d’images. Pour «entrer dans le jeu» il faudra se faire complice d’un pressentiment encore indistinct. Accepter le postulat que nulle de ces vues ne saurait constituer un tout en elle-même. Qu’une continuité secrète la relie à celles qui trouvent en deçà et au-delà d’elle. Et qu’un tel lien intime implique, en la double acception du terme, un sens. Pour autant ne seraient-elles que des balises, des étapes ? Une prescience intime nous dissuade de nous y résigner. Reste, dès lors, à se demander laquelle, élue entre toutes, pourrait, à elle seule, figurer le terme de la route. Et apporter, de ce fait, la preuve irrécusable que l’on aurait, enfin, « atteint son but ». Le fait est qu’entre toutes ces images, il en est une de subtilement différente, tant elle paraît interdire toute percée vers un quelconque «ailleurs». Tout au contraire, elle érige l’obstacle d’un taillis serré, infranchissable, oblitérant la quasi-totalité du champ visuel. S’agirait-il donc là d’une impasse pure et simple ? Non, car au centre même de l’inextricable broussaille, une fort étroite mais providentielle percée se trouve aménagée. Et, à travers elle, tout au fond, très loin, se devine un lumineux fragment de paysage à peine tamisé par la brume légère d’un matin printanier. Et pourtant, impossible d’en douter un seul instant : pareille révélation n’a rien d’un mirage ! Bien au contraire, il ne peut s’agir que d’un libre horizon accessible au regard mais sauvegardé de toute autre atteinte par son seul éloignement. Mais, dès l’instant où on l’a découvert, il fascine au point d’abolir tout le restant du «décor». De réduire à néant le roncier qui prétendait l’étouffer. Serait-ce donc là le terme si attendu ou tant redouté du voyage ? Mais comment y accéder, à ce pays sans chemins ni balises, sinon en le laissant venir jusqu’à nous ? Faudrait- il, pour cela, si grand miracle ?

Ici même, sur la terrasse de Malagar, ce belvédère tendu vers un au-delà qui n’est peut-être qu’un ailleurs, telle a été, sans doute, la prière formulée à lèvres closes par ce vieil homme à haute et mince silhouette, coiffé d’un léger chapeau en paille de riz, mains appuyées contre la pierre tiédie de soleil. 9


Non, il ne rêve pas, il ne rêve plus. L’âge en est révolu. Ce à quoi il aspire, désormais n’est pas revoir mais voir. Il sait qu’un paysage ne devient un pays qu’une fois intériorisé, révélé à la conscience par l’intervention de la mémoire. Sans elle, tout ne serait que trame d’une étoffe brûlée par les ans. Formes creuses, dépossédées : «Des arbres morts bien qu’ils paraissent vivants, pierres mortes…» Hormis cela «Que reste-t-il d’un paysage ? Pas un brin d’herbe, pas une feuille, pas un pied de vigne». Revenir sur ses propres pas ne serait que pieux pèlerinage. Le seul véritable retour ne s’accomplit que sur soimême et en soi-même. Le refuge auquel nous aspirons s’avère inaccessible selon les chemins de la terre. Mais il nous appartient de le rejoindre au terme de plus secrètes voies. Dès lors, à proue du vieux navire, il attend, il espère, les yeux fixés sur ces lointains devenus soudain, si proches. Quoiqu’il en puisse advenir, il ne la redoute pas cette terre promise, longtemps convoitée, sans cesse dérobée. Mais encore offerte au seul regard de la mémoire. Ils se déploient, enfin, sur l’autre rive, ces «longs pays muets» célébrés par Vigny. Des terres inconnues ? Lorsqu’il était enfant, en ces forêts aujourd’hui bleuies par la distance, s’étendait son naturel royaume. Il s’y immergeait, soulevé par une inconscience d’avant sa venue au monde, «tout entier livré à un sentiment profond de sécurité jamais retrouvé depuis, comme s’il était retourné dans le giron maternel». C’était là encore que, dans le parc hirsute environnant le « chalet » de Saint-Symphorien, il étreignait farouchement le fût du Gros Chêne, effleurant l’écorce de ses lèvres, le totémique symbole d’un Père demeuré inconnu.

À cet animisme hérité de l’enfance, l’éminent écrivain chrétien universellement consacré va demeurer fidèle. Il convient de déchiffrer ainsi la parabole du Sang d’Atys, vaste poème trop méconnu qu’il considérait, quant à lui, comme la clef de voûte de son oeuvre. Audacieusement, il y évoque en se l’appropriant l’antique légende d’un être humain métamorphosé en arbre. Mais non certes, à ses yeux, n’importe quelle essence d’arbre : le pin, créature cruciforme au flanc blessé suintant de résine, à la fois aspiré par l’espace céleste et profondément enraciné en sa terre nourricière. La chair et le sang ? Certes, mais tout autant la sève et le sang. Ce même credo qui a inspiré les saisissantes images que voici, toutes « habitées » bien que dépourvues de la moindre présence humaine identifiable. 10


LE REGARD DE LA MÉMOIRE / Michel SUFFRAN

En dépit ou en raison de leur radicale différence formelle, l’approche si personnelle de Löetitia Léo ravive en moi le souvenir d’un recueil publié, voici bien des années déjà, par une autre photographe inspirée, Anne Garde : Bordeaux la Lune. «Les rues noires de Bordeaux». Voilà bien le décor révélé par l’ascétique noir et blanc d’eau-forte élu par Anne Garde. «Bordeaux, c’est mon enfance et mon adolescence, détachées de moi, pétrifiées». Bordeaux, la ville-mère à laquelle, un jour, pour s’accomplir, il lui faudra s’arracher de vive force. Pourtant, c’est bien là ce même enfant qui, lors des foisonnantes vacances d’été s’aventurait, à corps perdu, à travers la lande calcinée à la découverte des sources cachées de la Hure… Peut-être même, plus loin encore, de la clairière insoupçonnée où l’attend ce Père foudroyé sous le feu du soleil.

Est-on en droit d’imaginer ce qu’eût pensé Mauriac devant une aussi audacieuse mise à jour de son monde intérieur ? La préface qu’il accorda, en 1939, au recueil de photographies « classiques » de Jean-Marie Marcel, Les maisons fugitives, peut aisément le laisser pressentir : « Les images de ces maisons, de ces routes, de ces jardins, de ces pins et de ces vignes où j’ai erré à la poursuite de fantômes inventés trahiront peut-être pour d’autres que moi-même le visage de mon enfance, le masque de mon angoisse, le secret de mon amour…» Ici, point n’est question de trahir un secret ni de forcer un silence. Tout au plus d’accompagner un vieil homme en son ultime quête. Et si, parfois, il hésite à quelque croisée de chemins, lui murmurer cette parole complice : «Ne crains rien. Va où te mènent tes pas. Ton abandon te tiendra lieu de sauvegarde. Tu ne saurais t’égarer : où pourrais-tu aller sinon à ta rencontre ?»

Michel SUFFRAN Novembre 2017

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Résidence artistique Mutuum / DANS LES PAS / territoires Mauriaciens / Löetitia LÉO

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Résidence artistique Mutuum / DANS LES PAS/ territoires Mauriaciens / Löetitia LÉO Récit de résidence de création en territoires mauriaciens

Le jeune homme se persuade qu'un temps va venir où il lui sera facile de se ranger. Mais tu composes dans ta jeunesse l'homme mûr, le vieillard que tu seras. Le jeune homme (1925) de François Mauriac

Ce n'est pas la mort qui nous prend ceux que nous aimons; elle nous les garde au contraire et les fixe dans leur jeunesse adorable: la mort est le sel de notre amour; c'est la vie qui dissout l'amour. Le Désert de l'amour (1924) de François Mauriac

Surimpression¹ 
 Procédé et démarche photographique: Depuis 2010, j'utilise le procédé de surimpression sur le négatif. La multiple exposition de mes films photographiques est une méthode pour explorer d'autres rapports au temps, aux lieux, au paysage et aux êtres. C'est un processus de construction où la mémoire d'une première prise de vue vient hanter la perception d'un espace et composera avec lui au gré de la surimpression.
 Ce procédé se conjugue avec l'inévitable défaillance de mes souvenirs au grès de mes déambulations successives et l'impossible raccord entre ma perception présente in situ et mes visions préliminaires. Löetitia Léo

Avant de m'engager dans cette aventure, je ne connaissais que très vaguement les territoires du sud de la Gironde et n'avait absolument rien lu de François Mauriac. Je décidais donc de me documenter en empruntant quelques ouvrages à la médiathèque ,biographies, romans, bloc notes… Les écrits de Michel Suffran, médecin et écrivain m'ont particulièrement touchée ,l'élégance, la sensibilité et la dimension métaphorique de son écriture nourrie d'anecdotes autour de l'enfance, l’adolescence et l’adulte vieillissant. Au fil du temps, Mauriac vieillissant semble trouver refuge dans le « recours à la mémoire » qui vient équilibrer l'anxiété du bel aujourd'hui (1er chapitre des mémoires intérieures). Il y évoque ce « temps intérieur » par opposition au temps déchiré et haletant de l'actualité brûlante... Territoires traversés et projections personnelles
 Le recours à la mémoire fait partie intégrante de ma démarche, je la stimule, l'interroge, je la confronte avec une succession d'existant et compose avec ses failles, sa fragilité, ses défaillances qui se manifestent au fil du temps. Ce rapport à la mémoire amène une certaine porosité dans le rapport au temps, à l'espace, interroge sur ce qui relève du souvenir, de l'existant, de la réalité ou d'une forme de projection/fiction... Le processus de surimpression¹ met en exergue tous ces aspects, il sème la confusion, altère, participe à un processus d'altération, de disparition et contribue par ailleurs à faire émerger une accumulation, une fusion de fragments de temps écoulé, de temps et de territoires traversés, de songes, de mémoire, de projections personnelles. 14


Résidence artistique Mutuum Dans les pas / territoires Mauriaciens / Löetitia LÉO «J'étais hors du temps, dans la durée pure… le pur bonheur, l'enchantement panique » (Bloc notes 1968) Cette phrase de F.Mauriac a fait résonance en moi d'une certaine façon. Ma démarche et mes errances actives change mon rapport au temps, en le ralentissant considérablement et aux lieux à travers une forme d'écoulement, de fluctuation, de mouvance, de transformation plus ou moins perceptibles et continues, l'impermanence qui caractérise ces territoires traversés au fil du temps et des saisons. En lisant quelques romans de François Mauriac, j'ai fait un voyage dans le temps et j'ai traversé ces paysages qui lui étaient si familiers. En effet, François Mauriac colle aux paysages qui semblent rendre compte des états d'âmes de ses personnages. Comment allais-je aborder ces territoires ? 
 Il semble que Mauriac et sa famille aient beaucoup voyagé par le train. D'autre part, j'ai réalisé à travers les lectures de Michel Suffran relatant des souvenirs de l'écrivain et les romans de François Mauriac à quel point cette petite rivière qu'on appelle « la Hure » était chère à l'auteur. Cette voie de chemin de fer traversant le territoire de Bordeaux à Langon, puis de Langon à Saint-Symphorien, en partie disparue aujourd’hui, et les bords de la Hure sont devenus mes fils conducteurs. Et bien plus encore, cette voie de chemin de fer hantait mon esprit. Selon moi, le temps passé dans le train constitue un temps intermédiaire, de transition où se mêlent souvenirs,observations, impressions, état du moment, désirs et projections. J'imagine ainsi ces paysages traversés, délicieusement brouillés, partiellement effacés, transformés avec son lot d'inconnu à l’arrivée. Ainsi, d'une ancienne gare à une autre, j'avançais en espérant trouver

des traces témoignant du passage de ce train. Un jour, je longeais la piste cyclable s'étant substituée à l'ancienne voie ferrée, j'ai imaginé voir, hallucinée, surgir le train au détour de la courbe d'un chemin traversant la forêt des Landes de Gascogne... 
 La confusion révélatrice
 Marcher le long des bords de la Hure aux reflets si particuliers, cuivrés, ressentir sa fraicheur et son mouvement, arpenter et traverser cette nature tapissée de terre humide, de fougères, à l'abri des aulnes, des pins, des chênes et des châtaigniers était un enchantement. J'avais l'émouvante impression d'être redevenue une fillette marchant sur les pas de François Mauriac, enfant à la recherche de la source. Une immersion troublante dans ce paysage quasi fantomatique dans lequel j'ai crains me perdre, en particulier dans la forêt de pins où à ma grande stupéfaction, tous les chemins semblaient se ressembler, bordés d'une densité de hauts résineux et de fougères,... verticalité envahissante. Je me suis particulièrement attardée dans le Parc du Chalet, « Lieux revisités par la puissance de l'imaginaire,les illuminations du souvenir » (L'aquitaine de Mauriac par Michel Suffran) empruntant les sentiers conduisant vers le Moulin de Marian, dans les rues de St Symphorien ou encore le chemin de la passerelle en direction de la Gare de St Symphorien… Mon itinéraire n'était pas précisément fixé à l'avance et je me laissais la souplesse de déambuler au gré de mes rencontres et de mes découvertes. le 17 avril 2017 Löetitia LÉO

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Résidence artistique Mutuum / DANS LES PAS/ territoires Mauriaciens / Löetitia LÉO

Mai 2016 - Bords de la Hure Au détour d’un taillis, sortant des eaux sombres, quelques bois flottés aux allures de créatures hybrides, monstres aquatiques, participent à la fantasmagorie des lieux. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

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L’ancienne maison où étaient accueillie la famille Mauriac avant la construction du chalet, rue Jean Lapeyre. Avec ses volets clos, la maison semble endormie. Les sous-bois des Landes et la Hure semblent l’appeler et murmurer quelques souvenirs. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo Le vent d'est effilait les fumées des toits et des herbes brûlées. Souffrances et bonheur du chrétien (1931) de François Mauriac La maison et le parc enchanté du Grand Meaulnes auront été mon milieu natal et je ne m’en suis jamais écarté. Mémoires intérieurs, François Mauriac

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4 mai Mes deux lignes conductrices de ce périple : les Bords de la Hure et cette voie de chemin de fer, en partie disparue dont je ravive la mémoire ; deux symboles associés au temps, au rythme, aux projections infinies...

Chemin de la Passerelle - Saint-Symphorien

Les Bords de la Hure et les voies de chemins de fer entre Langon et Roaillan. Nature surdimensionnée et petit train, voie de chemin de fer miniature se perdant dans la nature… Ces images m'évoquent la vision d'un enfant mélancolique...

Notes pèle-mêle sur le terrain

Chemin de la Passerelle : J’ai interpellé cette dame que je voyais se rapprocher en passant sur la passerelle… Elle m'a dit qu'elle avait travaillé pendant plus de 20 ans dans ce bâtiment en briques (ils fabriquaient des chaussures ). Cette personne continue d'emprunter la passerelle aujourd’hui, bien des années plus tard, comme la traversait François Mauriac lorsqu'il se rendait à la Gare de St Symphorien. L'ancienne maison, rue Jean Lapeyre, où était accueillie la famille Mauriac avant la construction du Chalet de Jouanet,...Les sous-bois des Landes et la Hure semblent l'appeler et murmurer quelques souvenirs » La Passerelle - Saint-Symphorien

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Le moulin de Marian de Saint-Symphorien revient en songe le long des allées des charmilles de Malagar. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

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Les bords de la Hure et un point de vue du paysage de Malagar. J’ai envie d'aborder ce territoire à travers de petits interstices, de petites ouvertures ombragées propices au retrait paisible,introspectif et contemplatif. Cette photographie est une ébauche. Bric à Brac de la Gare de Nizan traversé par une voie de chemin de fer retrouvée entre Langon et Roaillan. La Hure se rappelle à notre bon souvenir par quelques subtiles apparitions.

Notes pèle-mêle sur le terrain

Sur les traces de la voie de chemin de fer, absente, seules les perspectves des pistes cyclables et les gares présentes ravivent le souvenir et témoignent de la traversée du territoire. On aperçoit la gare de Nizan habitée ! Entre réalité et fiction, la garde de Nizan et une bribe de l'ancienne voie ferrée de St Symphorien…. Un dernier ébrouement d'ailes s'apaisa dans les arbres chargés d'oiseaux. Genitrix (1923) de François Mauriac

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Perspective de la gare de Langon et au loin la pointe du sommet de l’église. On perçoit déjà la lumière clairsemée et intense des Landes estivales. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

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Le soir était tout vibrant d'appels de bergers, d'abois de chiens, de rires.

L'affreux de la vie à la campagne, c'est d'être livré sans recours à la pluie, à la boue, à la neige, à la nuit. La Province de François Mauriac

16 Mai Je discute avec le chef de gare de Langon et un cheminot m'indiquent la présence d'anciennes voies de chemin de fer en friche en direction de Roaillan. Je décide de suivre cette voie de chemin de fer et découvre une ancienne Châtaigneraie aux arbres centenaires fragilisés. Je me suis longuement attardée à cet endroit précis. Étrange impression, ces arbres semblent fossilisés! J'ai tentée de poursuivre mais les rails étaient envahies de ronces d'arbres poussant en abondance et sauvagement. J'ai dû faire demi-tour...

Notes pèle-mêle sur le terrain

Gare du Nizan

15 Mai Du côté de la Gare de Nizan J'ai longé la piste cyclable direction d’Uzeste et Villandraut. J'imaginais le train surgir de la courbe... ! La lumière commençait à décliner en éclairant ,voire en effleurant les arbres chaleureusement. Par ailleurs, la lumière en sous-bois s'adoucissait, l'air se voilait d'humidité brumeuse. J'ai continué d'avancer, les fougères s’allongeaient, les pins semblaient plus rapprochés tout en rythmant le paysage. Densité des feuilles de fougères et luminosité côtoyait un ciel voilé, nuageux, opaque, une terre humide recouverte de bruyères et d’humus sombre et épais en relief comme un sol fraîchement brassé. Les horizons de pins imposent une dimension graphique verticale avec plus ou moins de densité. 
 Très belle lumière en cette fin de journée. Je me suis attardée jusqu'à 21h00.

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Les traces de la voie de chemin de fer, absente… Seules, les perspectives des pistes cyclables et les gares présentes ravivent le souvenir et témoignent de la traversée du territoire. On aperçoit la gare du Nizan aujourd’hui habitée. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

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21 mai Fragment de la voie de chemin de fer entre Langon et Roaillan, elle fonctionne encore mais surtout cela laissait présager la découverte d'un autre fragment de voie complètement cachée en sous-bois. De vieux et vénérables châtaigniers bordent les voies depuis une centaine d'années. Je me suis perdue dans la forêt des Landes de Gascogne et j'ai éprouvé cette "armée de pins" évoquée par François Mauriac… restituée au coeur des allées de Charmilles de Malagar, étrange porosité.

Ils avaient pénétré sous le couvert des pins que le voisinage de la rivière rend énormes. Le Sagouin (1951) de François Mauriac Les landes formaient à l'horizon un immense arc noir où le ciel métallique pesait. Le Noeud de vipères (1932) de François Mauriac Les cimes des premiers pins se rejoignaient et, sous cet arc s'enfonçait la route, mystérieuse. Thérèse Desqueyroux (1927) de François Mauriac

De la fenêtre de ma chambre où je suis logée en résidence à Langon, je vois les reliefs vallonnés de St Maixant et du Verdelais et l'alignement des cyprès, horizon si caractéristique de Malagar. Je décidais de m'y rendre le matin de bonne heure ou en fin de journée. 
 Je suis passée par les vignes puis j'ai longé les cyprès pour me rapprocher des jardins. J'ai circulé à travers de petits passages à proximité des charmilles. 
 Les perspectives sur le ciel et la vallée et plus loin encore à l'horizon, les massifs de la forêt des landes, formaient des ouvertures à ciel ouvert me faisant penser à de petites fenêtres ou à des portes végétales ouvrant sur le paysage ou sur des espaces plus intimes. Le clair-obscur des allées, des passages, les contrastes de rythmes entre les arbres fruitiers tortueux comme des pieds de vignes invite à une certaine confidentialité, au chuchotement intérieur, voire au silence.

Notes pèle-mêle sur le terrain

Cette "armée de pins" évoquée par François Mauriac…

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Les bords de la Hure et ses voies de chemins de fer entre Langon et Roaillan. Nature surdimentionnée, petit train, voies de chemin de fer miniature se perdant dans la nature m’évoque la vision d’un enfant mélancolique… Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo Il faut descendre encore, enfoncer jusqu'aux chevilles dans la prairie d'où il arrache ses pieds avec un bruit de ventouse. Les Anges noirs (1936) de François Mauriac

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Notes pèle-mêle sur le terrain

La campagne dort, s'abandonne, se livre au vent du sud, à la pluie orageuse, au soleil, à l'ombre, ne songe à aucune résistance. Souffrances et bonheur du chrétien de François Mauriac

25 juillet En cherchant les anciennes gares, je retrouve la Gare de Roaillan, en l'état, apparemment inoccupée. Je décide de suivre ce qui me semble être l'emplacement de l'ancienne voie ferrée bien qu'il n'y ait plus aucune infrastructure. J'ai marché longtemps, j'ai poursuivi mon chemin en rentrant dans un sous-bois d'une densité surprenante, le chemin devenait de plus en plus étroit et sombre et le terrain plongeait de part et d'autre, étrange sensation de vertige, je ressens une certaine inquiétude mais la curiosité prend le dessus. J’avais l'impression d'être sur la crête d'un coteau dans un tunnel végétal au bord du précipice lorsque je découvre enfin deux poutres métalliques, puis plus loin, les transversales en bois, des restes de l'ancienne voie ferrée, altérée, déplacée par la végétation et partiellement ensevelie par les ronces ! Oh merveille, cette partie de la voie est cachée dans un sous bois extraordinaire, tantôt menaçant ou enchanteur. Je compte revenir !

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Clairière verdoyante tapissée de fougères et de menthe du Chalet de Jouanet à SaintSymphorien. Des frêles, sinueuses et lumineuses silhouettes traversent tels des passants éphémères. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

L'herbe givrée mouillait ses souliers; il entendait sous ses pas clapoter la vase. Le Mal (1955) de François Mauriac

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Octobre-Novembre 2016 : Ancienne maison en ruine du meunier de St Maixant et horizon de Malagar. Les silhouettes lointaines des arbres m'évoquent une ligne d’écriture...

Notes pèle-mêle sur le terrain

La Hure et les longues silhouettes de pins s’invitent dans la rue Jean Lapeyre à SaintSymphorien. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo

Octobre 2016 . Du côté de Malagar, l'été n'a pas été favorable pour les prises de vue. Je décide donc d'y retourner. J'ai redécouvert ce paysage vallonné avec un ciel plus bas, une palette de couleurs extrêmement diversifiée. J'ai traversé les vignes en prenant le chemin du Calvaire, je me suis arrêtée au moulin de Cussol restauré. Juste à côté, j'aperçois les restes d'une maison en ruine. J'apprends plus tard qu'il s'agit de l'ancienne maison du meunier dont il ne reste désormais que quelques fragments de murs et une porte couverte de lierre. Ce petit îlot témoigne d'une diversité de cultures autrefois… La Vigne a gagné du terrain au fil du temps ! En redescendant vers Langon, la ligne de cyprés et de pins semble s'animer et prends des allures de signes m'évoquant une trace écrite.

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La clairière de Saint-Symphorien et les terrasses de Malagar fusionnent. Notes pèle-mêle sur le terrain - Löetitia Léo Dans la forêt proche, ma mère faisait construire un chalet style Arcachon dont les paysans admiraient les briques vertes, jaunes, rouges et noires… François Mauriac, Journal d’un homme de trente ans, éditions La Palatine, Paris, 1953

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Comme un chien aboie à la lune, j'ai été fasciné par un reflet. Le Noeud de vipères (1932) de François Mauriac

Le chalet de Jouanet à Saint-Symphorien

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Notes pèle-mêle sur le terrain

La Hure, « l’enchanteresse ».

Novembre J'avais très envie de retourner au bord de la Hure. En prenant le chemin des pèlerins à St léger de Balson, j'ai longé l'église partiellement bordée d'échafaudages. En contrebas, j'ai retrouvé un autre accès le long de la Hure. À cet endroit précis l'eau était plus vive et formidablement scintillante et colorée. Ravie de marcher sur les berges de l'enchanteresse encore une fois en rejoignant le parc du Chalet de Jouanet à Saint-Symphorien. François Mauriac a magnifié cet endroit que l’on devine au fil des romans abondant en références autobiographiques dans Le mystère Frontenac, notamment.


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löetitia léo dans les pas Collection Mutuum artothèque Résidence en territoires Mauriciens Série photographique 33


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L’enfance Qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, Je coulai ma douce existence, Sans songer au lendemain. Que me servait que tant de connaissances À mon esprit vinssent donner l'essor, On n'a pas besoin des sciences, Lorsque l'on vit dans l'âge d'or ! Mon coeur encore tendre et novice, Ne connaissait pas la noirceur, De la vie en cueillant les fleurs, Je n'en sentais pas les épines, Et mes caresses enfantines Étaient pures et sans aigreurs. Croyais-je, exempt de toute peine Que, dans notre vaste univers, Tous les maux sortis des enfers, Avaient établi leur domaine ? Nous sommes loin de l'heureux temps Règne de Saturne et de Rhée, Où les vertus, les fléaux des méchants, Sur la terre étaient adorées, Car dans ces heureuses contrées Les hommes étaient des enfants. Gérard de NERVAL (1822) 35


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UNE ESTHÉTIQUE DU GLISSEMENT / Valérie CHAMPIGNY

L'enfance est comme une table de cire où toute empreinte est bonne.
 Anselm Kiefer

Löetitia Léo nous transmet ce qui lui fait écho, son regard est pour nous un moyen de ressentir des espaces ¹ Marcher,créer - 
 Déplacements, flâneries, dérives dans l'art de la fin du XXe siècle. Thierry Davila (2007). ² Tempêtes en Landes girondines : Le 27 décembre 1999, la tempête Martin frappe le grand Sud Ouest, dévastant la forêt sur son passage le massif forestier landais qui est décimé par la tempête Martin en janvier 2000 Dix ans après Martin, Klaus, une nouvelle tempête hors norme, s’abat sur la France et dévaste la région. Le 25 janvier 2009, au lendemain du passage de Klaus, les dégâts sur le patrimoine forestier sont considérables, notamment dans les Landes.

impalpables. Plutôt que de documenter un lieu, une personne, elle parvient à révéler l’imperceptible. Fascinée par l’atmosphère si particulière des sous-bois des Landes girondines, la photographe s’immerge dans les forêts jusqu’à s’y perdre. Elle s’imprègne des lieux, des odeurs ou encore des silences aux abords de la Hure. Le processus même de prendre des photographies sur un territoire implique de s’orienter, de marcher pour créer¹ et découvrir des lieux, d’enquêter auprès des habitants. La part narrative prend rapidement sa place tout au long de la résidence en relation avec les romans de Mauriac dont l’action se déroule en Sud Gironde. La démarche artistique de la photographe comprend une approche anthropologique où il lui est nécessaire de hiérarchiser les informations tout en restant très à l’écoute de son propre ressenti. Elle s’immisce dans des terres redevenues sauvages après la tempête², au milieu des ronces, sur des voies de chemin de fer abandonnées, à demi ensevelies, pour en rapporter quelque chose d’encore plus profondément enfoui. Elle passe et repasse sur les lieux en tenant compte du climat, de l’heure du jour jusqu’à provoquer le télescopage et rendre mature sa double impression, « la surimpression ». 55


Entre expérimentation pure et représentation du réel

Le procédé de surimpression a contribué au renouvellement du médium photographique au sein des avantgardes artistiques à partir des années 1920, la « Nouvelle vision »¹. Les surréalistes, portés à la fois par leur goût de ¹La Nouvelle Vision est un courant photographique des années 1920 aux années 1940, qui prolonge la Nouvelle Objectivité.
 L'apparition sur le marché de petits appareils maniables, comme le Leica, donne aux photographes une nouvelle liberté. Abandonnant la prise de vue frontale et horizontale héritée du siècle précédent, ceux-ci peuvent adopter des angles inédits (plongée, contre-plongée, vision latérale), structurant et fragmentant le cliché par des diagonales dynamiques et des cadrages en plan rapproché.

l’aléatoire et de la déambulation urbaine, vont alors y puiser une source d’inspiration basée sur l’automatisme et l’expression de l’inconscient, deux phénomènes qui participent en effet de leur esthétique de la coïncidence et de l’onirisme qui stimulera la création d’après-guerre. Depuis les années 80, on nomme «.photographie contemporaine », une pratique qui se serait libérée de la dimension technique et qui serait intrinsèquement liée à l’art numérique, en constituant ou sublimant le récit du quotidien. L’utilisation de l’outil numérique reste une approche technique même si elle nous apparait de plus en plus intuitive. À l’heure de la prolifération des images et alors que la survie de la technique argentique est mise en cause, Löetitia Léo choisit l’imprévisibilité des matériaux. Si elle fait le choix depuis plusieurs années, libre de toute écriture, entre expérimentation pure et représentation du réel, d’utiliser la photographie argentique et la surimpression, on ne peut réduire sa démarche à l’utilisation d’un procédé. L’outil n’étant pas une fin en soi, la photographe introduit de nombreux paramètres tels que la part du hasard au gré de ses flâneries. Elle stimule l’imprévu, l’insoupçonné, comme un grain de sable qui dérèglerait les jeux d’échelles d’un système pour ensuite mieux nous impliquer dans notre recherche émotionnelle par un vertige des signes, sans chercher à satisfaire le désir de la reconstruction d’une réalité tangible. Un processus émotionnel et spirituel
 Löetitia Léo fait une lecture intensive des lieux, puis quelque chose murit au fil de ses cheminements pendant des kilomètres de marche. En totale écoute, attentive à capter, elle fait un avec ces points du territoire. Après le stade de l’immersion, elle opère par une connaissance et une reconnaissance topographique de plus en plus précise pour ensuite mieux brouiller les pistes afin de partager son intériorité ; une démarche empreinte d’une spiritualité où l’écriture, la prise de notes au quotidien représentent une part importante de son travail. 56


UNE ESTHÉTIQUE DU GLISSEMENT / Valérie CHAMPIGNY À bien des égards, son approche trouve une justesse par rapport au projet de résidence orienté autour de l’écrivain François Mauriac. Elle introduit la mémoire de l’image dans l’image comme Mauriac peut introduire le souvenir d’enfance dans la description d’un paysage. L’enjeu n’est plus l’instant décisif de la prise de vue mais la construction de plusieurs séquences temporelles où se superposent deux à trois points de vues d’espaces géographiques différents. Löetitia Léo élabore une équation construite sur un hasard qu’elle guide et qui ¹Le livre de l’intranquillité . Fernando Pessoa. Publication originale 1982 Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de « l'infiniment petit de l'espace du dedans », Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude « parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ».

communique directement un état d’âme. Elle concocte une atmosphère qui agit directement sur notre perception émotionnelle. Ses photographies habitent notre mémoire par leur grammaire qui plus elle est complexe, plus elle stimule un sentiment d’ «intranquillilit黹. L’image gagne subtilement en masse dans une temporalité troublée. Elle nous invite à une lecture qui échappe aux poncifs de la composition par des chemins détournés, aléatoires. On retrouve des fragments de réalité dans une injonction à nous égarer tout en nous maintenant dans le champ. Elle nous contraint à sortir de la pensée linéaire, de la simultanéité ou de la succession d’évènements pour recevoir l’image photographique comme un bain qui révèle un état. Sa photographie n’est plus seulement l’illustration d’un évènement, mais elle questionne et remet en question la perception du regardeur et l’ouvre au delà des arts dit « visuels ». Au delà de l’observation, la magie du réel Ses photographies sont plus proches d’une architecture impalpable mais dont on pourrait éprouver la température, l’air ou la saison. On y discerne quelque chose de très aérien, proche du ressenti en musique comme si l’espace s’ouvrait. On ressent la fraîcheur, les saveurs, l’’odeur des résineux et de la mousse, les bruits, les textures. On ressent comment la lumière tombe, on ressent les couleurs dans une cacophonie en symbiose avec l’essence purement lumineuse de la nature. On reconnait une sensation atmosphérique picturale d’une forêt de pins clairsemés qui rappelle «Le Soir» (1821) de Caspar David Friedrich ou bien des paysages sylvestres tels chez John Everett Millais dans son «Ophélie» (1851), un paradoxe fantastique non idéalisé. Nous sommes aspirés par un espace ouvert et traversé que la photographe présente en questionnement. C’est pourtant une expérience simple de la perception pluri-sensorielle qui dépasse celle de l’observation. Elle nous initie à la magie du réel où 57


sans effets, par la coïncidence de la fusion révélatrice d’une nature troublante, elle voile, oblitère et dévore le paysage dans un rapport indiciel au monde. Chaque photographie est une rencontre persistante, envoûtante qui dépasse le visible. On peut être attentif à « là où ça a eu lieu », la passerelle, le chêne, les charmilles, le ruisseau mais en même temps être emporté par l’alchimie qui permet à la photographe tout à la fois un partage des émotions croisées avec une contextualisation dans ses moindres détails. C’est une écriture picturale qui recouvre par l'accumulation de précisions, dans l'éparpillement et la fragmentation, un sens de l’inachevé, une cosa mentale. Comment dans cette maitrise de la prise de vue, la photographe fait-elle vibrer deux à trois surimpressions ensemble sans qu’elle ne s’étouffent, tout en intégrant un récit toujours renouvelé ? Elle semble créer ce désordre comme par pudeur pour mieux libérer un état d‘âme qui s’inscrit dans notre intime. Les vertiges de nos illusions se prolongent dans le tissu de la photographie. Je lis une forêt hantée avec une ombre bleutée, une ouverture possible sur la peur, le ravissement ou la béatitude qui dégage une force primitive proche de ce que l’on pourrait ressentir en écoutant Igor Stravinsky. Quelque chose s’éloigne en même temps qu’une autre chose glisse tout près de nous. Le mouvement à l’œuvre Löetitia Léo sort d’une bidimensionnalité de l’image tout en s’écartant pourtant de la lecture perspectiviste et en s‘autorisant aussi des références à la narration et à la contextualisation des lieux dans une profusion de détails qui basculent dans l’irréel. Elle crée un nouveau code de lecture ouvert sur un écosystème avec des interactions dans un territoire qui est aussi un lieu de mémoire. Tels les contre-reliefs où en provoquant l’angle par la multiple exposition, elle augmente une réalité. Löetitia Léo donne suffisamment de repères et met en scène des lignes de fractures pour comprendre qu’il ne s’agit pas seulement des jeux de signifiants. Nous essayons de comprendre mais nous n’avons aucune certitude. Nous nous appuyons sur des points de jonction, de destruction et d’émergence. On sait que François Mauriac a 58


UNE ESTHÉTIQUE DU GLISSEMENT / Valérie CHAMPIGNY traversé, enfant, la passerelle de Saint Symphorien ou bien on a en mémoire le chêne que Peylouère étreint dans Le Baiser au lépreux (1922) et que Mauriac embrasse. Lorsque l’on voit deux ou plusieurs paysages qui se superposent on se trouve dans une vision piranesienne, un fossé d’incompréhension des dimensions spatiales, des orientations. Il faut admettre un ordonnancement spatial plus large. La transparence déploie l’espace en introduisant un mouvement permanent. Ce mouvement se prolonge chez le regardeur, c’est à dire un peu comme si un défilement extérieur pouvait tromper les sens au point de donner l’illusion de notre propre présence dans ce miroir. Un peu comme lorsque, assis dans un train à l’arrêt, nous sommes surpris par le mouvement du wagon parallèle et l’espace d’un instant, nous interprétons ce décalage par le départ de la voiture dans laquelle on est assis. C’est à dire que ce lâcherprise dans la découverte des œuvres de Löetitia Léo invite à faire sa propre expérience kinesthésique au cœur de l’œuvre. L’image permet de saisir cette ambivalence bien avant le langage. Un autre rapport au temps
 On s’immisce dans une structure de l’image bien plus complexe puisque cette photographe qui arpente le territoire introduit le temps dans l’espace de l’image. C’est le monde tremblé décrit par Edouard Glissant qui gagne sur le monde certain. Ce qui nous parait stable est un mouvement lent permanent qui engendre ce vacillement. Comme dans les films d’Andreï Tarkovsky, la photographe donne un rôle important à la nature en tant qu’organisme vivant, la forêt, le vent, l’eau autour de présences fantomatiques. On retrouve aussi le dépérissement d’un monde pas nécessairement comme un indice de sa disparition mais comme un signe de sa mutation dans un autre rapport au temps qui n’est pas celui des urgences humaines. Cette profondeur dans l’image, où des zones s’effacent par la superposition de la luminosité renforce la sensation de la fugacité de ces temps. Le souvenir d’enfance est dans les yeux. Loin d’être un infantilisme, Deleuze évoque le « devenir-enfant », qui n’est pas un clone de l’enfant que l’on fut, mais « une écriture par blocs d’enfance qui sont des devenir-enfant au présent ». Redécouvrir à plusieurs reprises une photographie de Löetitia Léo permet de se lier à ce vide central habité par la matière du souvenir, et de demeurer bien présent à la vacuité. 59


l’absence de présence humaine et la figure de la forêt
 J’avais conduit Löetitia Léo au chêne couché dans le parc du chalet à Saint Symphorien, puis dans les archives exposées à Malagar, je lui ai montré la photographie de Mauriac enlaçant l’arbre. La photographie par Löetitia Léo, de l’arbre échoué au sol, qui porte en mémoire la canopée de ce territoire du Sud Gironde, me touche. Lorsque l’on se promène dans le parc du chalet Jouanet, on marche jusqu’à l’arbre comme si l’on allait rendre visite à quelqu’un. Je pense à l’anecdote rapportée par Deleuze alors qu’il se promenait en forêt avec ses enfants et où l’un d’eux s’est exclamé : « Ah ! qu’est ce qu’ils ont à nous regarder ceux-là ! » en parlant des arbres dans une pensée spontanée quasi animiste. La nature tient presque le rôle d’un personnage et c’est ce qu’a su traduire Löetitia Léo à propos de la forêt des Landes girondines. Elle l’exalte à travers la prégnance de la forêt qui comme dans le rapport au monde de l’enfance reste plus mystérieuse que nostalgique Longtemps dans la peinture, le paysage a servi de décor pour des scènes de genres. Je pense aux arbres immenses avec les petites silhouettes chez Poussin par exemple. Dans le travail de Löetitia Léo, il y a au contraire une présence dans l’absence, la constitution d’une dépression pour une dissolution du sujet dans le paysage. Le paysage n’est pas un décor, il est vécu. C’est un peu comme si le point de fuite était inversé à la manière des icônes ou encore comme si dans la lecture confuse d’un miroir sans tain, les pellicules d’étain et de plomb à demi fondues par le temps ou l’humidité se mêlaient par transparence à la réalité des espaces traversés dans le souvenir du mouvement en train de se faire. L’absence de présence humaine peut nous donner la sensation d’un monde englouti ou perdu entre des infimes. Seule la dernière de la série photographique présentée dans le catalogue montre une silhouette ; une femme qui traverse à vélo la passerelle nous fait soudain prendre conscience de l’absence dans les autres photographies. Cette femme qui vient vers nous pourrait être un personnage fictif d’un roman de Mauriac ou tout simplement elle nous ramène au temps présent qui indique à la fois une distance anachronique par rapport à la présence de François Mauriac. Cette unique présence actualise le regard, elle nous fait mesurer l’atemporalité dans laquelle nous étions plongés, le hors monde dans lequel Löetitia Léo nous avait emporté. 60


UNE ESTHÉTIQUE DU GLISSEMENT / Valérie CHAMPIGNY On note comment, embrassant par un regard ample l’entité d’un paysage, la silhouette de François Mauriac s’immisce dans la préface de Michel Suffran comme un filtre dans la photographie, qui était là, immobile mais que nous n’avions pas encore distinguée. Comme le souligne Michel Suffran : «Il convient, dès lors, de demeurer en attente, aux aguets».

Le souvenir incarne plus de vie que la réalité immobile et il demeure un guide vers son propre apprivoisement tout à la fois dans la rencontre de la nature comme à celle de la relation à l’œuvre. C’est la mémoire activée. Et j’aime ce ton chuchoté dans la fin de la préface de Michel Suffran, presque comme une voix intérieure qui nous accompagne tout à la fois dans la découverte d’une démarche artistique mais aussi dans le fait que ce chemin vers la connaissance de l’ œuvre de Löetitia Léo est une bien étrange rencontre avec soi-même. Valérie CHAMPIGNY

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Le choix d’un médium d’expression J'investis le médium photographique comme moyen d'expression plastique personnelle depuis 2008. J'utilise un appareil photo argentique avec des films couleurs en négatif. Depuis 2010, j'utilise plus particulièrement le procédé de surimpression sur le négatif. La multiple exposition de mon film photographique est une méthode pour explorer d'autres rapports au temps, aux lieux, aux êtres et au paysage.C'est un processus de construction où la mémoire d'une première prise de vue vient hanter la perception d'un espace et composera avec lui au grès de la surimpression. Ce procédé se conjugue avec l'inévitable défaillance de mes souvenirs au grès de mes déambulations successives et l'impossible raccord entre ma perception présente sur le site et mes visions préliminaires. La mémoire à l’œuvre

Les notes sur les temps de prises de vue sur les étiquettes des pellicules et sur des fiches accompagnent la mémoire pour la mise en œuvre de la surimpression. Ces notes portent également une forme poétique dans la description et le ressenti du paysage, d’une journée.

J'enclenche ma pellicule/film/négatif dans le boîtier de mon appareil photo et je m'engage sur le territoire à explorer en utilisant entièrement ma pellicule. Je réalise quelques croquis et je prends des notes me souvenir des prises de vue réalisées et des partis pris dans le choix des perspectives, des lignes de fuite, des proportions de différentes horizontalités. Une fois la pellicule terminée, je la rembobine et la ré-enclenche et réutilise immédiatement ou quelques heures ou quelques jours et parfois quelques semaines plus tard, une deuxième fois entièrement et ainsi de suite. Le procédé de surimpression sur le négatif se fait donc sans que je puisse voir à l'avance le résultat. Il s'inscrit dans un déroulé continu ou discontinu dans le temps.La superposition reste dépendante des aléas liés à l'impossibilité de maîtriser totalement le procédé qui repose uniquement sur mes souvenirs, mes projections in situ, mes quelques notes . Je sollicite énormément ma mémoire et je dois composer avec ses failles. 62


DÉMARCHE ARTISTIQUE ET PROCÉDÉ / Löetitia LÉO Le processus de surimpression va opérer différemment selon l'intensité et la part d'ombre et de lumière de la première prise de vue jusqu'à la dernière. Je suis donc très attentive aux conditions météorologiques, à l'état du ciel en particulier. Le temps singulier de la création Je privilégie l'utilisation de l'appareil photo argentique qui induit pour moi un ralentissement dans mon rapport au temps que je tiens à préserver. Prendre le temps de marcher, d'observer, de laisser errer activement le regard au fil de mes déplacements et pérégrinations. L'utilisation de l'appareil photo argentique instaure un espace-temps propice à la réflexion pendant lequel je peux marquer une pause physiquement, faire quelques croquis, m’asseoir un long moment et prendre des notes, tout en continuant d'observer autour de moi. Je peux également pendant ce temps de réflexion circuler, avancer, explorer, j'avance, je recule, me retourne...m'arrête puis repars. Je m'éloigne progressivement de mon point de départ puis reviens directement ou en prenant des chemins de traverse au grès ce qui attire mon regard et de l'évolution de la lumière. Ma perception de l'espace et du temps que je traverse s'étire, se transforme, mes représentations du lieu évoluent au fil de mes déambulations et de mes projections. Le souvenir de mes visions et de mes prises de vue peut devenir source de confusion et paradoxalement nourrir d'une certaine façon le processus de projections. Je dois faire des choix au moment de la prise de vue d'autant plus que le nombre de photographies possibles sur une pellicule est limité à 24 ou 36 photographies. Un temps d'attente, de latence s'impose entre le moment où je prends mes photographies avec une pellicule argentique et le moment où je vais pouvoir visualiser le résultat sur le négatif, sur mon écran d'ordinateur puis sur le papier.

Cet espace-temps intermédiaire m'est nécessaire pour construire ma démarche dans une lenteur relative. Le fait de ne pas pouvoir visualiser instantanément le résultat de mes prises de vue a pour conséquence de me mettre dans un état de tension, de fébrilité (subtile mélange d'exaltation et d'anxiété). Le principe de surimpression repose et dépend de mes souvenirs et des quelques traces inscrites sur mes petits carnets de notes qui viennent soutenir les différentes strates de ma mémoire qui se constituent au fil du temps et de mes expériences. Le temps s'écoule et les différentes strates de mémoire deviennent fragiles, perméables. Ainsi, la porosité des souvenirs et des projections successives sèment la confusion. Il est parfois difficile de discerner entre ce qui relève de la mémoire d'une expérience vécue et la part d'imaginaire qui s'invite entre temps. Une alchimie rigoureuse et intuitive La surimpression sur le négatif est pour moi une façon de donner forme à ce processus d'altération, de transformation, de confusion, de désorientation que j'observe et ressens. Cela me conduit à composer avec les aléas de cette mémoire instable, avec le caractère changeant des lieux que je traverse, les variations de la lumière, les humeurs du ciel en introduisant ainsi un rapport à différents lieux et à différents temps qui se déploient, s'entre-mêlent, s'entrechoquent, fusionnent au gré de la surimpression. Ce singulier tissage permet d'entrevoir au delà de ce qui a été et de l'existant... un ailleurs.

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BIOGRAPHIE / Löetitia LÉO 
 Artiste photographe loetitia-leo.com

Née en février 1969. Vit et travaille à Bordeaux . Diplôme supérieur d'Arts Appliqués "Art et Impression Textile » de l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré, Paris (1993)

Expositions récentes et résidence Juillet-aout 2017, Participation à l'Exposition collective (85 artistes) "3f-3m-3p"à l'initiative de Christophe Massé, au Boustrophédon à la Machine à musique Lignerolles à Bordeaux. Janvier 2017, Deuxième Exposition personnelle Sous la tente à Bordeaux "Par l'Hermitage". Printemps-été 2016, résidence Mutuum artothèque au château Garros. « Sur les pas de Mauriac » en Sud Gironde. Aout 2016, Exposition aux "Mercredis Photographiques"à Bordeaux, avec 3 autres photographes (Jean Christian Cottu, Alain Vergnes,Seewon Jung) sur l'invitation de l'association CDanslaboîte. Décembre 2015, Exposition « La Crue des Songes », Bordeaux, aux côtés des artistes Agnès Torrès, Pierre Touron, sur l'invitation de l'association Diffractis à Bordeaux, Mai 2015, Première exposition personnelle sur l'invitation de Christophe Massé, à Sous la tente, Bordeaux.

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Mutuum remercie : - Löetitia Léo pour son implication et son enthousiasme, - Michel Suffran pour son accueil chaleureux ainsi que son attention généreuse et sincère autour de ce projet.
 - Chantal Fauché, élue à la culture à la ville de Langon pour son aide à la mise en place de la résidence au Château Garros.

Éditions Mutuum artothèque / A&a ISBN-978-2-35585-036-3 Collection catalogue d’artiste ISSN 2115-1849 © Löetitia Léo / Mutuum www.loetitia-leo.com www.mutuum.fr Design, conception graphique Mutuum Avec le soutien de : - la Mairie de Langon - le Conseil départemental de la Gironde - le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine - Mutuum, artothèque itinérante en Aquitaine

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Éditions MUTUUM

Collection Catalogues d’artistes 68


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