MSF Infos. Le magazine des donateurs. Juin 2025

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J252 / N° 222 / Juin 2025 / 2€

ISSN 1146-2930

GRAND ANGLE

Tuberculose : des avancées scientifiques majeures mais des progrès en danger

“Depuis deux ans, le Soudan est le théâtre d’une violence implacable.

Deux années de destruction, de déplacements, de morts, de souffrances. Mais aussi deux années d’indifférence et d’inaction. À Khartoum, au Kordofan du Sud, au Darfour et à Gedaref, dans la plupart de nos projets, la malnutrition sévère atteint des niveaux critiques. Nos centres de prise en charge nutritionnelle thérapeutique ont été sollicités au-delà de leur capacité. Parallèlement, nous constatons une recrudescence des maladies évitables par la vaccination, notamment la rougeole, le choléra et la diphtérie.

Malgré l’urgence évidente de la situation, l’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan, déjà extraordinairement complexe, demeure dans certains cas délibérément entravé. Malgré le courage et le dévouement des travailleurs humanitaires locaux et internationaux, leur action reste insuffisante. Le dispositif actuel est enlisé dans des calculs tactiques, nous contraignant à passer notre temps à négocier des dérogations pour délivrer de l’aide, alors qu’il devrait faciliter une réponse à la hauteur des besoins.

Pendant que des vœux pieux sont formulés dans ce Conseil, les civils restent invisibles, dépourvus de protection, bombardés, assiégés, violés, déplacés, privés de nourriture, de soins médicaux et de dignité. La réponse humanitaire s’essouffle, paralysée par la bureaucratie, l’insécurité, l’hésitation et par ce qui menace de devenir le plus grand abandon de l’histoire de l’aide humanitaire. La crise au Soudan exige une rupture fondamentale avec les approches qui ont jusque-là échoué. Des millions de vies en dépendent. »

SOMMAIRE

FOCUS Mayotte : retour sur notre intervention d’urgence

GRAND ANGLE Tuberculose : des avancées scientifiques majeures mais des progrès en danger

NOS COMPTES 2024 7

REGARD Jeannette, déplacée dans le camp de Bulengo en RDC EN LUMIÈRE Magani.org - une plateforme en ligne innovante pour améliorer l’accès aux médicaments essentiels

EN APARTÉ 4 questions sur la modification d’un testament EN QUESTION En Afghanistan, l’invisibilisation et l’exclusion progressive des femmes

Christopher Lockyear, Secrétaire général de MSF lors de son intervention sur le Soudan au Conseil de sécurité des Nations Unies en mars dernier

Mayotte : retour sur notre intervention d’urgence

Le 14 décembre dernier, le cyclone Chido frappait l’archipel de Mayotte, faisant 39 morts, plus de 4 000 blessés et des dégâts considérables. Nos équipes médicales se sont rapidement mobilisées pour fournir une assistance aux victimes de la catastrophe, notamment celles vivant dans les quartiers les plus défavorisés. Elles ont mené des activités pendant 3 mois avant de transférer une partie de leurs projets à des associations sur place.

Accès aux soins primaires

À Mayotte, l’accès aux soins est extrêmement restreint pour les personnes vivant dans les bidonvilles qui font face à de multiples obstacles : la barrière financière liée à la nonapplication de l’Aide Médicale d’État (AME), les difficultés d’accès à l’unique hôpital de l’île, la crainte des contrôles policiers et des expulsions. Cette situation, déjà critique, s’est aggravée après le passage du cyclone Chido avec l’augmentation de la présence policière et des contrôles sur l’île.

Entre mi-décembre 2024 et mi-mars 2025, nous avons déployé des équipes mobiles pour fournir des consultations médicales au cœur des bidonvilles, principalement dans le nord-est et le centre de l’île de Grande Terre. La moitié des pathologies rencontrées étaient liées au manque d’accès à l’eau, telles que la teigne, les diarrhées et les maladies de peau.

Plus de 6 600 consultations médicales ont été effectuées pendant cette période

Accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement

Avant le passage du cyclone, trois quarts de la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté, deux tiers n’avaient pas accès aux latrines et un tiers à l’eau potable. La catastrophe a endommagé les structures d’eau et d’assainissement existantes,

aggravant une situation déjà précaire. C’est le cas en particulier dans les bidonvilles où les autorités françaises n’installent pas de systèmes d’eau pérennes afin d’empêcher les habitants, notamment comoriens, de s’y installer durablement. Boire de l’eau insalubre entraîne des diarrhées, des infections cutanées et favorise la propagation des maladies, comme le choléra qui refait surface chaque année à Mayotte.

Pour répondre à l’urgence, nos équipes ont œuvré à l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement, notamment en installant ou en réparant des points d’eau, en mettant en place des systèmes de traitement des eaux usées ou en organisant la distribution d’eau potable.

Seule une amélioration durable de l’accès à l’eau potable permettra de freiner durablement la propagation du choléra ainsi que l’ensemble des maladies liées à l’eau.

Témoigner d’une situation dramatique

Nos équipes ont communiqué à plusieurs reprises sur l’évolution de la situation humanitaire post cyclone, leurs interventions, ainsi que sur les problématiques liées à la réponse des pouvoirs publics.

En effet, à la suite du cyclone, le gouvernement a réalisé des distributions d’aides et de nourriture dans les bidonvilles, mais elles ont été aléatoires et insuffisantes, les intentions des autorités de santé locale n’ayant pas été soutenues par les institutions en métropole. De façon générale, l’État a apporté très peu d’aide dans les bidonvilles et ce sont principalement les associations qui se sont organisées pour pallier ce manque.

« Le cyclone Chido n’a fait que mettre en lumière une souffrance qui perdure à Mayotte depuis des années.

La présence limitée de l’État dans l’aide apportée aux bidonvilles après la catastrophe est le reflet d’une politique générale qui restreint l’accès aux services de base pour les étrangers. Si les soins d’urgence, comme ceux du SAMU, restent accessibles, l’absence de prise en charge pérenne les expose à de graves conséquences pour leur santé sur le long terme. »

Mehdi El Melali, coordinateur médical d’urgence à Mayotte, mars 2025

Tuberculose : des avancées scientifiques majeures mais des progrès en danger

La tuberculose est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. En 2023, plus de 8 millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le monde. Engagée depuis plus de 30 ans sur le terrain, MSF travaille au développement d’outils et de traitements qui permettraient de sauver des millions de vies. Mais ces avancées cruciales sont aujourd’hui menacées par la baisse des financements internationaux.

L’infirmier

J«e n’aurais jamais imaginé me retrouver un jour loin de chez moi, dans un hôpital, à lutter contre la tuberculose, explique Liban Noor Maadeys, pris en charge par nos équipes en Somalie. Tout a commencé par une douleur aiguë dans la poitrine, comme si quelque chose me pressait et refusait de me lâcher. Puis la toux est apparue. Je savais que quelque chose n’allait pas et je me suis rendue à l’hôpital. L’équipe médicale n’a pas perdu de temps. Ils m’ont fait une prise de sang, une

radiographie et même un scanner. Aujourd’hui, je suis un traitement et je sens qu’il fonctionne. La douleur n’est plus aussi forte et la toux s’est calmée. Le traitement n’est pas facile. Chaque jour, je prends huit pilules : trois le matin et cinq plus tard, après avoir mangé. Une fois que j’aurai terminé ce traitement, je veux retourner travailler, reconstruire ce que la tuberculose m’a pris. »

C omme Liban Noor Maadeys, des milliers de patients sont soignés chaque année par MSF, engagée depuis plus de 30 ans dans la lutte contre la tuberculose. Nos équipes proposent une prise en charge complète intégrant des activités de dépistage et de traitement dans près de 30 pays comme en Somalie, au Pakistan, au Bangladesh ou encore aux Philippines.

« C’est mon projet, mon espoir. Mais pour l’instant je me concentre sur la guérison, un jour à la fois », Liban Noor Maadeys.

UN ESSAI CLINIQUE QUI POURRAIT RÉVOLUTIONNER

LE TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE MULTIRÉSISTANTE

En plus de ses projets médicaux, MSF est engagée dans des activités de plaidoyer et de recherche pour améliorer l’accès à des traitements innovants, efficaces et abordables, notamment pour les patients souffrant de tuberculose multirésistante (TB-MR),

Nazakat Ali prélève un échantillon de sang sur Rihana, une patiente de 28 ans participant à l’essai clinique endTB-Q, dans une clinique à Kotri, au Pakistan.

Ion est ausculté dans l’un des sites de recherche active de cas de tuberculose de MSF à Manille, aux Philippines.

une forme de la maladie très difficile à traiter parce que résistante aux médicaments utilisés habituellement. Chaque année, environ 500 000 nouveaux cas de tuberculose multirésistante sont diagnostiqués dans le monde, mais seule une infime fraction est prise en charge avec succès. MSF a mené l’essai clinique endTB avec Partners In Health (PIH) et Interactive Research and Development (IRD). « L’essai endTB vise à améliorer les connaissances sur l’efficacité et la toxicité de deux nouveaux médicaments contre la tuberculose, la bédaquiline et le délamanide. Ils sont les premiers à avoir été nouvellement mis au point en près de 50 ans et ont été une grande avancée pour la lutte contre la tuberculose. Malheureusement, les entreprises pharmaceutiques n’ont pas vu l’intérêt de poursuivre leur développement car cette maladie touche principalement les communautés les plus pauvres » explique le Dr Lorenzo Guglielmetti, co-chercheur principal de MSF pour l’essai clinique endTB.

L’essai clinique a été mené sur 754 patients dans 7 pays différents.

« Après avoir reçu mon diagnostic, je suis allé à Pune. L’équipe m’a guidé et informé sur l’étude qui allait commencer. Ils avaient ces comprimés, la bédaquiline et le délamanide, qu’ils allaient étudier. Si cela m’intéressait et si j’y participais, alors je contribuerai à changer le futur des patients », raconte un participant à l’essai endTB à Pune, en Inde.

Publiés en janvier 2025, les résultats de l’essai clinique montrent des taux de guérison remarquables avec trois nouvelles combinaisons de médicaments antituberculeux qui n’avaient jamais été utilisées jusque-là. Ces protocoles permettent de réduire considérablement la durée de traitement, de 18 à 9 mois, et montrent une efficacité égale ou supérieure au traitement standard. Pour les patients, ces avancées sont majeures. « Les résultats offrent des options de traitement aux cliniciens en permettant d’adapter les schémas thérapeutiques en fonction des caractéristiques et des conditions individuelles de chacun, alignant ainsi le traitement sur les préférences du patient et proposant une approche plus personnalisée des soins, précise

Carole D.Mitnick, co-investiga -

trice principale de l’essai endTB. La prochaine étape consiste à s’assurer que tout le monde peut réellement y avoir accès. Cela signifie que les gouvernements et les fournisseurs doivent en avoir les moyens. Nous continuerons de plaider en faveur d’une baisse des coûts des traitements et du diagnostic de la tuberculose résistante. »

AMÉLIORER LE DIAGNOSTIC DES ENFANTS

Selon l’OMS, 1,25 million d’enfants et de jeunes adolescents (0-14 ans) contractent la tuberculose chaque année, mais seulement la moitié d’entre eux sont diagnostiqués et traités. « Les plus jeunes sont très vulnérables à la tuberculose, leur système immunitaire n’est pas aussi bien développé que celui des adultes. Ils sont donc plus susceptibles d’être affectés par la tuberculose mais aussi de contracter des formes graves de la maladie, explique Cathy Hewison, référente tuberculose pour MSF. Pourtant, les enfants ne sont pas suffisamment diagnostiqués. Tout d’abord, les cliniciens sont réticents à commencer un long traitement anti-tuberculeux sans

+ de 22 000 personnes ont débuté un traitement contre la tuberculose au sein de nos structures en une année

Time for 5$

MSF et ses partenaires demandent à l’entreprise de diagnostic Cepheid, qui appartient à la société américaine Danaher, de baisser le prix de ses tests GeneXpert à 5 dollars par le biais d’une campagne de grande ampleur et d’une pétition signée par plus de 200 000 personnes. Le test GeneXpert est un outil permettant le diagnostic de maladies potentiellement mortelles, dont la tuberculose. Cette baisse de prix pourrait permettre à des millions de personnes de bénéficier d’un diagnostic précis et d’un traitement adapté

IL Y A QUELQUES

MOIS, MAFEEFA

NAVEED, 17 ANS, PRENAIT LA DERNIÈRE DOSE DE SON TRAITEMENT CONTRE LA TUBERCULOSE MULTIRÉSISTANTE AU SEIN DE LA CLINIQUE DE GUJRANWALA, AU PAKISTAN.

«  Avant d’être diagnostiquée, j’avais de la fièvre qui revenait toutes les quelques heures. Puis elle a duré deux semaines d’affilée, accompagnée de toux et de sueurs nocturnes. C’est à ce moment-là que nous avons su qu’il s’agissait de quelque chose de grave. La prise de médicaments a été difficile au début, mais je n’ai jamais oublié une dose. Je me rappelais sans cesse que c’était le seul moyen de guérir. Les médecins nous ont traités avec soin, les conseillers nous ont écoutés, les pharmaciens nous ont fourni des médicaments et nous ont encouragés à les prendre. Il est difficile de suivre un traitement de 18 mois, mais leur soutien nous a facilité la tâche. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma vie.»

un test confirmant que l’enfant est atteint de la tuberculose. Malheureusement, comme les enfants peuvent tomber malades avec très peu de bactéries, la plupart des tests dont nous disposons s’avèrent négatifs chez eux. »

En outre, les tests actuellement disponibles ont été conçus pour des patients adultes et reposent souvent sur la collecte d’échantillons tels que les crachats, très difficiles à produire pour les enfants. Les retards de diagnostic chez les enfants sont fréquents alors qu’ils sont particulièrement à risque de développer les formes les plus graves de la maladie. Ces retards sont souvent fatals.

En 2023, notre association a lancé un projet à portée mondiale : TACTiC, qui signifie « dé pister, éviter, guérir la tuberculose chez les enfants » (Test, Avoid, Cure Tuberculosis in Children). Ce projet vise à aider les projets et nos équipes sur le terrain, en particulier les non spécialistes de la tuberculose, à mettre en œuvre les nouvelles recommandations de l’OMS. Reposant sur un système de points attribués à partir de l’évaluation des symptômes de l’enfant, elles permettent une détection précoce de la maladie et une mise sous traitement rapide du patient. Au-delà d’un certain score obtenu par addition des points, il est recommandé d’initier un traitement approprié contre la tuberculose. « Ce la peut aider les cliniciens à initier un traitement, sur la base d’une observation

Une infirmière donne des médicaments contre la tuberculose à Zainab, qui est traitée pour une tuberculose résistante à l’hôpital de Kandahar, en Afghanistan.

clinique, sans dépendre de résultats de tests de laboratoire ou de radiographies, explique Cathy Hewison. La mise en œuvre de ces algorithmes d’aide à la prise de décision peut aider à diagnostiquer et à traiter un plus grand nombre d’enfants. Nos premières expériences dans des projets pilotes montrent que ce nombre peut être multiplié par cinq avec l’introduction de ces nouvelles mesures. Malheureusement, elles ne sont pas encore suffisamment mises en pratique et il reste donc beaucoup à faire. »

UNE BAISSE DES FINANCEMENTS QUI MET DES VIES EN DANGER

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars dernier, l’OMS appelait à investir d’urgence des ressources afin de protéger et maintenir les services de prise en charge de la tuberculose au niveau mondial. Malgré des avancées majeures, la baisse des financements mondiaux et notamment les récentes coupes budgétaires décidées par les États-Unis, plus grand contributeur financier aux programmes de lutte contre la tuberculose, risque de réduire ces progrès à néant.

Dans la province du Sindh, au Pakistan, nos équipes observent déjà une perturbation des services communautaires, qui jouent un

rôle clé dans le dépistage actif des personnes, le dépistage des familles à haut risque et la fourniture d’un traitement préventif contre la tuberculose aux enfants.

« Nous ne pouvons pas laisser les décisions de financement mettre en jeu la vie d’enfants », Dr Ei Hnin Hnin Phyu, coordinateur médical au Pakistan.

Les coupes budgétaires américaines ont également interrompu de nombreuses études cliniques visant à améliorer le diagnostic et les traitements des enfants atteints de la tuberculose. « Aujourd’hui, avec les récentes coupes budgétaires américaines, les lacunes dans l’identification et le traitement des enfants atteints de tuberculose ne feront que se creuser davantage, menaçant de réduire à néant des années de progrès dans la prise en charge de la tuberculose. Il faut que tous les pays et les donateurs internationaux intensifient leurs efforts et garantissent un financement durable de la prise en charge de la tuberculose, en particulier les jeunes enfants », ajoute Cathy Hewison.

NOS COMPTES 2024

Une nouvelle fois, nous avons pu compter sur l’engagement sans faille de nos donateurs en 2024.

Comme vous, ils ont été plus de 500 000 à soutenir nos équipes et leurs projets à travers le monde. Je tiens sincèrement à vous en remercier car votre générosité nous a permis de faire face à un volume d’urgences sans précédent au cours de l’année écoulée, notamment dans le cadre de deux crises majeures :

Au Soudan, où nos équipes ont tout mis en œuvre pour aider la population victime de la catastrophe humanitaire résultant du conflit en cours, malgré d’importants blocages qui ont restreint leur capacité d’intervention.

À Gaza, où les besoins de la population bombardée, assiégée et déplacée de force restent immenses, elles ont été contraintes d’adapter leur intervention en fonction de l’évolution des combats, des attaques sur certains hôpitaux et des urgences médicales. Elles n’ont cessé d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi qu’à l’acheminement d’une aide immédiate et conséquente.

À QUOI SERVENT VOS DONS ?

Lorsque vous décidez de nous faire un don de 100 €, il est important de comprendre comment cette somme est destinée à être utilisée.

Voici une description détaillée de cette répartition :

1,7 € Investissements

3,5 € Fonctionnement

4,7 € Recherche de fonds

Dans le même temps, nos équipes sont parvenues à maintenir en place une centaine de projets réguliers au sein de 30 pays, offrant des soins de santé primaire, de la chirurgie, une prise en charge de la malnutrition, de la rééducation ou encore de la vaccination.

Grâce à vous, nous avons pu porter assistance à celles et ceux qui en avaient urgemment besoin, toujours en toute indépendance.

Pour en témoigner, je vous invite à consulter la synthèse de nos comptes 2024 dans laquelle vous aurez une explication de l’utilisation de vos dons et de leur impact sur nos terrains d’intervention.

Ces derniers mois, nous avons été confrontés à des annonces particulièrement inquiétantes concernant l’avenir des financements de l’aide humanitaire au niveau mondial. Ces décisions, qui mettent des milliers de vies en danger, risquent également de nous obliger à adapter nos activités et nos projets selon les contextes et les besoins. Pour y parvenir, votre présence à nos côtés nous sera particulièrement indispensable.

Je vous remercie pour votre confiance.

Sébastien Granier

Directeur financier de Médecins Sans Frontières

CHIFFRES ACTIVITÉS MÉDICALES 2024

912 628 cas de paludisme soignés

501 054 passages aux urgences

185 533 enfants hospitalisés

267 728 enfants malnutris pris en charge

90,1 €

Missions sociales

4 003 580 consultations dont 1 642 568 enfants de moins de 5 ans

5 029 patients sous traitement antirétroviral

929 348 doses de vaccins administrées

46 861 patients opérés

47 690 accouchements dont 4 072 césariennes

10 730 nouveau-nés hospitalisés de moins d’un mois

Retrouvez la synthèse des comptes et l’intégralité du rapport financier de MSF sur msf.fr/comptes

184 431 séances de physiothérapie

28 898 victimes de violences sexuelles accompagnées

DES CRISES MAJEURES

Votre soutien nous a été indispensable pour mettre en place des projets médicaux en mesure d’offrir différents types de soins aux populations victimes de ces crises.

SOUDAN

Au Soudan, nos équipes ont notamment pris en charge les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans le Darfour du Nord, en proie à la famine, dans le camp de Zamzam et la ville de Tawila.

Montant alloué : 19 M€

ORIGINE DES RESSOURCES COMBINÉES

Ressources (en millions d’euros)

404,6 M€

Dons

Ressources

28,4 M€

Ressources

Dons issus du mécénat

6,7 M€

revenus générés par les actifs issus de la générosité du public (ventes terrains / écart de change terrain)

Hors reprises des provisions et utilisation des fonds dédiés.

1 Pour garantir son indépendance dans l’action humanitaire et pouvoir témoigner librement des réalités de terrain, Médecins Sans Frontières (MSF) France doit préserver son autonomie financière.

Les dons privés, qu’ils proviennent de particuliers ou d’entreprises, sont essentiels à cet équilibre, piliers de l’association et de son mode de financement. Ils représentent plus de 74 % des ressources de MSF France, soit 433 M€. Cette générosité permet à l’organisation d’agir en toute indépendance dans 30 pays à travers une centaine de projets, en répondant exclusivement aux besoins des populations en détresse.

À ce montant s’ajoutent 6,7 M€ issus de la revente de biens acquis grâce à la générosité du public, mais aussi des gains de change réalisés dans les pays

d’intervention. Au total, MSF France a collecté 442,1 M€ en 2024. Près d’un quart de cette somme a été levé en France et aux Émirats Arabes Unis. Parmi ces dons, 8 M€ ont été spécifiquement affectés à certains programmes, dont 6,8 M€ pour l’intervention d’urgence à Gaza, 0,5 M€ pour la République démocratique du Congo et 0,1 M€ pour le Soudan du Sud. Le reste des fonds collectés provient des ÉtatsUnis, de l’Australie, du Japon, de la Corée du Sud, de la NouvelleZélande et de la Suisse.

2 Depuis que MSF a décidé, en 2016, de ne plus accepter de financements provenant de l’Union européenne ou de ses États membres, en signe de protestation contre la politique migratoire européenne, les subventions et aides publiques perçues par MSF France sont en baisse. En 2024, ces financements ne représentent plus que 2,0 M€,

VOTRE CONFIANCE NOUS ENGAGE

Les comptes combinés et les comptes de l’association MSF sont contrôlés et certifiés par Ernst & Young Audit.

Origine des ressources (en millions d’euros)

soit seulement 0,3 % de ses ressources annuelles. Il s’agit principalement de financements issus du gouvernement Canadien pour nos actions au Tchad et au Bangladesh.

3 Les autres ressources de MSF France proviennent des activités menées par ses entités satellites, en collaboration avec d’autres centres opérationnels de MSF ou avec des ONG partenaires. Elles incluent notamment la vente de médicaments, de matériel

de recherche épidémiologique conduits par l’association Épicentre, pour un montant de 4,2 M€.

À cela s’ajoutent 25,3 M€ issus de la refacturation de dépenses engagées pour le compte d’autres sections de MSF, 17,9 M€ de gains de change, et 8,4 M€ provenant d’autres produits d’exploitation comme les ventes de la Boutique MSF. Par ailleurs, 2,4 M€ proviennent de parrainages et de contributions

activités du centre de recherche

YÉMEN

Nos équipes interviennent dans plusieurs gouvernorats du pays, en proie à un conflit depuis 2015, pour porter assistance aux populations et répondre aux urgences lorsqu’elles surviennent.

Montant alloué : 24 M€

SOUDAN DU SUD

Montant alloué : 20 M€ activités immenses besoins de la guerre israélienne.

Nos équipes fournissent un large éventail de soins à la population dans plusieurs structures de santé ainsi que dans le cadre de cliniques mobiles déployées dans certaines zones les plus reculées du pays.

ORIGINE DES EMPLOIS COMBINÉS

Emplois inscrits au Compte de Résultat (en millions d’euros)

Répartition des emplois (en millions d’euros)

Dépenses de missions sociales

38,7 M€

Frais de fonctionnement 6,8 %

24,2 M€

506,5 M€

Hors dotations aux provisions et report des fonds dédiés 4 6 5 89 %

Dépenses de missions sociales 89 %

Frais de recherche de fonds 4,2 %

4 Les dépenses de missions sociales englobent les actions de terrain, le soutien aux opérations, la sensibilisation du public menés par l’Association MSF — y compris celles de l’unité WaCA (Afrique de l’Ouest et Centrale), les activités de recherche et de développement menées par La Fondation MSF, ainsi que les activités menées par MSF Logistique et Épicentre avec d’autres acteurs humanitaires, affiliés ou non à MSF. En 2024, ces dépenses ont augmenté de 16,5 M€ pour atteindre 506,5 M€, représentant 89,0 % de l’ensemble des ressources utilisées.

Cette hausse s’explique principalement par la croissance des activités de WaCA, directorat opérationnel régional basé en Côte d’Ivoire, une entité portée juridiquement par MSF France mais financée exclusivement par MSF USA et MSF Japon.

Les dépenses directement liées aux interventions sur le

terrain, en France et à l’étranger, s’élèvent à 369,4 M€. Elles couvrent les coûts des projets et de leurs coordinations, y compris les opérations d’urgence menées notamment en Palestine, au Soudan, en République démocratique du Congo et à Mayotte. Elles incluent également des interventions majeures contre la malnutrition au Niger et au Nigéria, ou encore face aux épidémies de rougeole au Tchad, parmi de nombreuses autres interventions réalisées par MSF en 2024.

5 Les frais de recherche de fonds s’élèvent à 24,2 M€, en hausse de 2,1 M€ par rapport à l’année précédente. investissements demeurent essentiels pour faire croître les ressources au niveau des besoins eux même croissants. MSF France investit 21 € pour en collecter 100 €.

6 Les frais de fonctionnement, qui incluent notamment les

202220232024202220232024202220232024

coûts liés aux activités de WaCA, augmentent de 5,2 M€ en 2024. 0,6 M€ est également lié à l’augmentation des charges refacturées à l’euro près pour le fonctionnement d’autres entités du mouvement MSF.

Hors ces éléments exceptionnels, les frais de fonctionnement

d’information Finance-Achat prévu en 2025 ;

• Remboursement de 1,2 M€ d’intérêts sur un prêt octroyé par MSF USA à MSF Logistique ;

• Hausse de 0,6 M€ de la masse salariale, liée aux négociations annuelles obligatoires.

Les frais de fonctionnement représentent

RÉPUBLIQUE

DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Nos équipes ont poursuivi leur intervention auprès du million de personnes ayant fui les combats liés à la résurgence du groupe armé M23 dans la région du Nord-Kivu depuis 2023 et auprès des personnes vivant dans des zones isolées du pays.

Montant alloué : 23 M€

COMBINÉ SIMPLIFIÉ

HAÏTI

MSF gère un hôpital incluant un service de traumatologie et un service dédié à la prise en charge des brûlures à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, où la violence s’intensifie et les besoins sanitaires explosent.

Montant alloué : 18 M€

A Actif immobilisé

B Stocks 32,8 33,9

C Créances

D Trésorerie

A Les immobilisations comprennent les terrains et bâtiments détenus par l’association MSF et ses entités satellites. L’augmentation de l’actif immobilisé s’explique principalement par les investissements liés au nouveau système de gestion des finances et des achats, dont la mise en service a démarré en 2025.

Par ailleurs, MSF France a créé, le 1er octobre 2024, la SARL « Medicine Market Place », dont elle est l’associée unique. Cette structure a pour objectif de garantir aux patients vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire un accès rapide, stable et équitable à certains médicaments contre les maladies chroniques, lorsque ceux-ci ne sont pas disponibles localement, que ce soit de manière temporaire ou permanente. Cette société mettra à disposition, via la plateforme internationale en ligne « Magani.org », des médicaments de qualité certifiée. Les premiers pays ciblés pour le

lancement de l’activité en 2025 sont le Libéria, suivi du Nigéria.

B Ce poste correspond principalement aux stocks détenus par MSF Logistique, incluant des médicaments, des denrées alimentaires, du matériel médical et logistique. Sur les 33,9 M€ recensés, 7,1 M€ concernent des stocks prépositionnés sur la plateforme logistique afin de pouvoir répondre rapidement et efficacement aux situations d’urgence, notamment en cas de catastrophes naturelles.

C Ces créances proviennent majoritairement des contributions financières versées par d’autres sections de Médecins Sans Frontières en

soutien aux opérations menées par MSF France, ainsi que de fonds institutionnels encore à encaisser au 31 décembre.

D La trésorerie nette est essentiellement constituée de placements sans risque en capital et aisément mobilisables ainsi que des disponibilités du siège et des terrains. La trésorerie en fin d’exercice sur l’année 2024 s’élève à 141,5 M€ et représente 3,0 mois d’activité contre 2,8 mois en 2023.

correspondent à des legs promis mais non encore encaissés. Les

s’élèvent à 6,3 M€. Il s’agit de dons affectés à des projets encore utilisés. Ces fonds mobilisés en 2025 pour équiper

les terrains d’intervention en matériel d’assainissement et d’hygiène pour soutenir notre intervention à Mayotte et pour soutenir un projet de recherche sur l’antibiorésistance porté par La Fondation MSF. Finalement, ils devraient permettre d’amortir les investissements du centre de formation Jacques Pinel, et financer les activités de l’unité opérationnelle WaCA.

F Les provisions pour risques et charges s’élèvent à 7,4 M€ en augmentation par rapport à 2023 dû au fait de l’anticipation de réorganisation des terrains d’intervention au Yémen et en Libye.

G Les dettes et autres passifs comprennent notamment les sommes dues à d’autres sections de Médecins Sans Frontières, les dettes fournisseurs, fiscales et sociales, ainsi qu’un emprunt bancaire contracté pour compléter les fonds propres nécessaires à l’acquisition du nouveau siège de l’association, fin 2019.

RÉSERVES DISPONIBLES = 4,4 MOIS D’ACTIVITÉ COMME EN 2023

En 2024, le niveau de réserves mobilisables de MSF France, s’établit à 4,4 mois d’activité comme en 2023. Elles sont essentielles pour garantir la continuité des secours humanitaires engagés, couvrir les urgences, renouveler les investissements et pallier temporairement une baisse de revenus.

UNE TRANSPARENCE DANS LE RENDU DE COMPTES

Retrouvez la synthèse des comptes et l’intégralité du rapport financier de MSF sur msf.fr/budget. Il est également disponible en version papier sur simple demande au service donateurs de MSF (01 40 21 27 27 ou donateurs@paris.msf.org).

Tableau Bilan (en millions d’euros)

PANORAMA

Gaza

Depuis mai 2024, nos équipes ont effectué plus de 1 000 opérations chirurgicales à l’hôpital Nasser, plus grand hôpital encore en activité à Gaza, sur des patients brûlés, dont 70 % étaient des enfants, principalement âgés de moins de cinq ans. Ces enfants ont été brûlés par des explosions de bombes, ainsi que par de l’eau bouillante ou du combustible utilisé pour cuisiner ou se chauffer dans des abris de fortune. Les attaques israéliennes ayant dévasté le système de santé de Gaza, les options de soins pour les patients souffrant de brûlures sont extrêmement limitées.

Soudan du Sud

Le 3 mai dernier, notre hôpital de Old Fangak, dans l’État de Jonglei a été bombardé, détruisant totalement sa pharmacie. Cet hôpital est le seul du comté de Fangak. Il bénéficie à une population de plus de 110 000 personnes qui avaient déjà un accès extrêmement limité aux soins. Nous condamnons fermement cette attaque et appelons toutes les parties au conflit à protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris le personnel de santé, les patients et les établissements de santé.

Plus de 18 000

enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère traités par nos équipes en 2024 dans l’ensemble de nos projets en Somalie, une augmentation significative par rapport à l’année précédente.

Haïti

En avril dernier, nos équipes ont été contraintes de suspendre leurs activités au sein du centre de Turgeau et de l’hôpital traumatologique de Carrefour à Port-au-Prince à la suite d’une attaque ciblée contre l’un de nos convois sur l’axe reliant les deux structures. Dans ces deux centres médicaux, entre janvier et mars 2025, nos équipes ont pris en charge 3 600 personnes pour des soins d’urgence et ont observé une augmentation préoccupante des victimes de violences, avec 750 personnes soignées à la suite de violences pendant cette période.

France

Depuis juillet 2024, nos équipes ont réorienté leurs activités d’accueil de jour mixte pour mineurs non accompagnés au centre de Pantin vers un dispositif exclusivement réservé aux jeunes filles. Ces adolescentes, en recours de reconnaissance de minorité, se retrouvent sans protection institutionnelle malgré leur jeune âge et leur extrême vulnérabilité. Afin de répondre à leurs besoins, une approche pluridisciplinaire est primordiale. Le suivi de nos équipes repose sur un accompagnement médical, psychologique, social et juridique.

COLOMBIE

NOS ÉQUIPES INTERVIENNENT DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE DANS LE CATATUMBO ET L’ARAUCA, DES RÉGIONS TOUCHÉES PAR LES COMBATS INCESSANTS ENTRE GROUPES ARMÉS COLOMBIENS. SELON LES AUTORITÉS, DES DIZAINES DE MILLIERS DE PERSONNES Y SONT ACTUELLEMENT PRISES AU PIÈGE DE LA VIOLENCE. NOS ÉQUIPES ONT MIS EN PLACE DES CLINIQUES MOBILES DANS LES ZONES OÙ LES DÉPLACEMENTS SONT RESTREINTS. ENTRE LE 10 FÉVRIER ET LE 15 MARS, ELLES ONT FOURNI PRÈS DE 1 200 CONSULTATIONS MÉDICALES DANS LES ZONES RURALES D’ÁBREGO, TEORAMA ET TIBÚ, DONT 933 POUR DES SOINS DE SANTÉ PRIMAIRES ET 112 POUR DES SOINS DE SANTÉ MENTALE.

REGARD

« On nous a dit de rentrer chez nous, mais je ne suis pas prête. Il n’y a pas de nourriture et les maisons sont détruites.

Ma maison a été brûlée. Une personne de ma famille est décédée à cause des combats à Saké. Nous avons besoin de nourriture, d’eau et de paix. Nous ne pouvons rien planifier en raison de la guerre. » (février 2025)

Jeannette, 25 ans, est mère de deux enfants et enceinte. Elle vient de Murambi, dans le territoire de Masisi en République démocratique du Congo (RDC). Elle vit dans le camp de déplacés de Bulengo, dans les environs de Goma, depuis deux ans.

Après la prise de contrôle de Goma par le groupe armé M23/AFC, de nombreuses personnes déplacées s’interrogent sur leur avenir et sur les conditions d’un retour dans leur village d’origine.

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Magani.org - une plateforme en ligne innovante pour améliorer l’accès aux médicaments essentiels

Magani.org est une plateforme en ligne à but non lucratif de vente de médicaments, sécurisée et accessible créée par MSF qui met en contact des patients dans des pays à revenus faibles avec des fournisseurs de qualité. Ce projet concerne des médicaments non disponibles dans certains pays, car non enregistrés ou en rupture de stock, par exemple. Entretien avec Jean-Baptiste Marion, responsable du projet au sein de MSF.

Quels sont les problèmes identifiés qui ont conduit à la création de ce projet ?

Jean-Baptiste Marion :

On constate un problème généralisé d’accès aux médicaments essentiels au niveau mondial pour différentes raisons : ils sont indisponibles en raison de stocks limités, ils sont parfois de très mauvaise qualité ou ils sont vendus trop chers. D’après, l’OMS, près de 2 milliards de personnes – soit un tiers de la population mondiale –n’ont pas un accès régulier aux médicaments essentiels. Dans certains des pays à plus faible revenu d’Afrique et d’Asie, c’est plus de la moitié de la population qui en est privée. Ces obstacles empêchent de nombreux patients de suivre les traitements dont ils ont besoin, notamment ceux qui souffrent de maladies chroniques ou sont atteints de cancer. Les personnes qui parviennent à se procurer leurs médicaments doivent souvent dépenser des sommes importantes ou compter sur des réseaux familiaux à l’étranger. En parallèle, on observe également un développement des pharmacies en ligne, notamment aux États-Unis et au Canada, qui facilitent l’accès aux médicaments mais soulèvent aussi de nombreuses questions sur le rôle à venir des pharmaciens, la capacité à maintenir un suivi et une vérification des prescriptions

pour le contrôle des surdosages, la prévention des fraudes ou juste du conseil aux patients.

Où en est le développement du projet ?

J-B.D : La plateforme est passée par une phase d’étude de faisabilité pendant deux ans avant d’être mise en ligne en mars dernier dans un nombre de pays limités, où l’importation individuelle de médicaments est à la fois légale et ne requiert pas d’autorisation particulière. Les commandes sont déjà possibles depuis le Libéria, le Nigéria et le Rwanda, et prochainement au Zimbabwe. L’objectif est d’étendre le catalogue de produits et le nombre de pays de destination à partir de 2026, si les premières étapes sont concluantes.

Pourquoi MSF a-t-elle décidé de s’engager sur ce projet ?

J-B.D : MSF est engagée depuis sa création en faveur de l’accès aux médicaments, déjà en fournissant gratuitement à ses patients au sein de ses différents projets à travers le monde mais aussi via des initiatives dédiées. La Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels (CAME), tout d’abord, créée pour négocier les prix des médicaments auprès des fabricants mais aussi le DnDI qui travaille au développement

Magani signifie “remède” ou “médicament” en haoussa, une langue tchadique parlée dans une grande partie du continent africain, principalement au Nigéria et au Niger.

de traitements abordables et adaptés à nos patients. Il n’est donc pas surprenant que MSF ait décidé de s’engager dans la création d’une plateforme en ligne. Elle permet ainsi la mise en contact entre des personnes ayant un besoin immédiat de médicaments et des fournisseurs avec qui elle travaille et négocie les prix. À travers ce projet, nous poursuivons également l’objectif de faire du plaidoyer en faveur de l’accès aux médicaments dans les pays à bas et moyen revenus mais aussi convaincre les entreprises pharmaceutiques de l’intérêt et de la possibilité de développer l’accès à leurs produits dans ces pays.

Quel est le rôle de MSF dans ce projet ?

J-B.D : MSF finance, encadre le développement de cette plateforme à but non-lucratif

En conduisant une étude de faisabilité pour le projet dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, MSF a constaté en moyenne qu’un seul traitement contre le cancer était disponible sur les 16 qu’elle estimait essentiels. Et des médicaments qui ne coûtent que quelques euros en France, comme le paracétamol, sont parfois vendus 30 fois plus chers dans certains de ces pays.

et sert d’intermédiaire entre fournisseurs et patients en garantissant la qualité des médicaments et en négociant les tarifs des médicaments vendus. Elle tient également le rôle de pharmacien, c’est-à-dire de conseil et de vérification des ordonnances transmises par les patients, pour éviter les fraudes et la sur prescription et préserver cette activité essentielle.

4 questions sur la modification d’un testament. Notre experte juridique vous répond.

☛ Peut-on modifier son testament ?

Annie-Nelly Scain : Vous pouvez modifier votre testament jusqu’au jour de votre décès à condition de respecter la législation en matière de succession : ne pas entamer la part de vos héritiers réservataires (enfants, conjoint) s’il y a lieu, respecter le formalisme du format de testament que vous aurez choisi, mentionner que ce nouveau testament révoque toutes dispositions antérieures.

☛ Comment modifier son testament ?

ANS : Si vous souhaitez uniquement modifier votre testament en y ajoutant de nouvelles dispositions, vous pouvez établir un avenant par écrit, avec les conseils d’un notaire pour éviter tout risque d’interprétation de vos dernières volontés à votre décès. Cet acte supplémentaire, appelé codicille, vous permet de modifier votre testament sans le réécrire.

Si les modifications envisagées sont importantes, il sera préférable de refaire entièrement votre testament pour vous garantir du bon respect de vos nouvelles volontés.

☛ Un nouveau testament annule-til le précédent ?

ANS : Oui, un nouveau testament annule le ou les précédents si vous indiquez en préambule, que toutes vos dispositions testamentaires antérieures sont révoquées. Il est toutefois préférable de demander les conseils d’un notaire pour éviter tout problème d’interprétation à votre décès et de le faire enregistrer.

☛ Comment m’assurer que le dernier testament prévaudra ?

ANS : Vous avez intérêt à déposer sa version modifiée auprès d’un notaire. Ce professionnel du droit peut ainsi contrôler sa validité. Vous évitez ainsi le risque de perte ou de destruction. Le notaire le conserve à son étude et signale son existence au Fichier

Soutenir la Mission France

Central des Dispositions de Dernières Volontés (FCDDV). À votre décès, le notaire chargé de votre succession interrogera ce fichier et retrouvera ainsi la trace de votre testament et l’identité du confrère qui en a la garde.

À savoir : léguer tout ou partie de vos biens à une association comme Médecins Sans Frontières est une décision importante. Pour vous accompagner dans cette démarche et dans votre réflexion, une équipe dédiée se tient à votre disposition.

Pour plus d’informations, contactez le Service Relations Testateurs au 01 40 21 29 09 ou par email : relations.testateurs@paris.msf.org

nous permet d’accompagner un projet MSF en France et d’avoir un

impact direct

Monsieur T., donateur de l’association et de La Fondation MSF à titre personnel depuis 20 ans, a décidé à partir de 2024 de soutenir plus spécifiquement les activités de MSF en France par l’intermédiaire de son fonds de dotation familial, pour les trois prochaines années.

« La clé de voûte du fonds de dotation est l’insertion par le logement, en particulier en France. Nous voulions nous atteler à des problématiques concrètes, sur lesquelles nous pouvions vraiment avoir un impact. »

Ainsi, l’activité de la Mission France a attiré l’attention de Monsieur T. Dans le cadre de la Mission France, MSF mène notamment des activités visant à améliorer la prise en charge des mineurs non accompagnés en recours, en leur assurant un accès aux soins médicaux, à la scolarité et à l’assistance sociale. Active en Île-deFrance, Marseille et Calais, MSF offre à cette population vulnérable une prise en charge pluridisciplinaire, une solution d’hébergement et un parcours

de soins coordonné.

Ainsi, l’adéquation entre la raison d’être de la Mission France et celle du fonds de dotation a permis à Monsieur T. de réaffirmer son engagement auprès de MSF, en soutenant un projet social de long terme et ancré sur le territoire. « C’est gratifiant de voir qu’on peut faire la différence aussi proche de soi et de façon si tangible. » En particulier, le fonds de dotation de la famille T. soutient le centre d’hébergement de jeunes filles de Montreuil, anciennement situé à Sevran. « L’amélioration du projet et son passage à Montreuil a été décisif pour nous. Le nouveau centre est une structure très professionnelle, accueillante. Pour nous, aider à la

réinsertion, ça passe aussi par assurer un cadre de vie respectueux de la dignité de ces jeunes. À Montreuil, on observe clairement une meilleure qualité d’accueil, de conditions de vie. » Monsieur T. ajoute : « Se renseigner sur les projets d’urgence de MSF c’est bien sûr important, mais connaître les projets de fond, qui revêtent un volet social est primordial pour comprendre la portée de MSF et comment on peut aider. Selon nous, soutenir la Mission France, c’est un canal vraiment pertinent pour s’impliquer concrètement et apporter une aide, à notre échelle, à l’action de MSF. »

Relevez un défi sportif au profit de MSF !

Vous souhaitez courir un marathon, participer à un trail, ou réaliser un parcours à vélo ? Et si vous souteniez MSF à cette occasion ? Pour cela, rien de plus simple : ouvrez une page de collecte en quelques clics sur notre site dédié, partagez-là auprès de votre entourage et donnez une dimension solidaire à votre projet. Tous les dons effectués sur votre page seront reversés à MSF !

Pour créer une page de collecte, rendez-vous sur collecter.msf.fr.

EN QUESTION

En Afghanistan, l’invisibilisation et l’exclusion progressive des femmes

Sarah Chateau, responsable des programmes MSF en Afghanistan

Quels sont les impacts des restrictions envers les femmes ?

Sarah Chateau : L’état de santé général des femmes se dégrade. Elles ne peuvent plus se déplacer sans accompagnateur, n’ont plus le droit de parler en public ni à des hommes inconnus, donc cela complique considérablement leur prise en charge. Nous sommes également très inquiets de leur santé mentale. Des études menées par des agents des Nations Unies et d’autres ONG montrent que le nombre de suicides chez les femmes est en augmentation. C’est très inquiétant. Les impacts de ces restrictions se font également ressentir sur la santé des plus jeunes. Nous recevons un important volume d’enfants qui arrivent gravement malades dans nos structures et qui doivent être hospitalisés en soins intensifs. Ces arrivées tardives s’expliquent en grande partie par le fait que les mères doivent attendre leur accompagnateur pour conduire leur enfant à l’hôpital.

Qu’en est-il du personnel médical féminin ?

S.C : Les femmes sont, pour le moment, toujours autorisées à travailler dans le secteur de la santé. Chez MSF, elles représentent la moitié de notre personnel médical en Afghanistan. Ainsi, toutes les femmes qui travaillent dans des structures médicales peuvent recevoir les femmes et échanger avec elles. En revanche, l’interdiction pour les femmes de faire des études secondaires va avoir des conséquences dramatiques sur le système de santé afghan qui, dans quelques années, n’aura plus suffisamment de personnel formé pour répondre aux besoins de la population. C’est la société afghane toute entière qui va subir les conséquences de l’invisibilisation des femmes.

Comment MSF tente de faciliter le quotidien de ses équipes féminines ?

S.C : Nous avons mis en place une prime de transport supplémentaire pour que nos collègues puissent se rendre au travail dans des taxis privés, qu’elles partagent entre femmes pour leur éviter de devoir prendre des bus collectifs. Nous avons également installé

Depuis le retour au pouvoir des Talibans, les femmes sont confrontées à de multiples restrictions qui concernent leur déplacement, leur liberté d’expression ou encore leur éducation. Sarah Chateau, nous explique leurs impacts sur leur santé, sur le travail de nos équipes et les actions mises en place par MSF pour pallier ces effets.

des espaces exclusivement féminins sur nos lieux de travail pour qu’elles puissent se retrouver entre elles, échanger, se sentir à l’aise. Nous organisons chaque mois des réunions ensemble pour qu’elles nous exposent leurs craintes, leurs difficultés au quotidien de façon à leur proposer ensuite des alternatives et des solutions qui répondent à leurs besoins, dans la mesure du possible. Nous faisons en sorte de favoriser les détachements et l’expatriation de nos collègues à l’étranger tout en développant, en parallèle, des formations en Afghanistan pendant lesquelles nous prenons en charge le coût du transport pour l’accompagnateur. Nous sommes en contact permanent avec les autorités pour maintenir notre espace de travail et rester maîtres de nos choix opérationnels.

Qu’expriment aujourd’hui vos collègues afghanes ?

S.C : Elles sont bien évidemment inquiètes de leur avenir et de celui de leurs enfants. Elles ont peur d’être oubliées. Leur plus grande attente aujourd’hui par rapport à MSF est que nous continuions à les soutenir, à parler de leur situation. Parce qu’on les invisibilise dans leur pays, si aujourd’hui, leur employeur, qui est également le seul à pouvoir porter leur voix, ne les défend pas, qui le fera ?

Quelles sont les autres problématiques rencontrées par MSF dans le pays ?

S.C : Le système de santé afghan n’est pas en mesure de répondre aux besoins de la population en raison des baisses des financements internationaux. Nos différentes structures font aujourd’hui face à un volume de patients et d’activités qui est assez gigantesque et complexe à gérer. On se retrouve avec 2 000 personnes par jour dans les zones de triage, par exemple. À Herat, notre hôpital pédiatrique, le taux d’occupation des lits est monté jusqu’à 270 % récemment, soit 4 enfants par lit. Nous ne pouvons pas ajouter des lits à l’infini. Malgré notre volonté, nous atteignons nos limites physiques et logistiques. Notre présence reste indispensable mais l’implication d’autres acteurs et des moyens supplémentaires le sont tout autant.

Soudan - Halima, 37 ans, et son bébé attendent leur consultation avec un médecin au centre de santé du camp de Kalma géré par nos équipes.

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