Zone campus 31 janvier 2017 (impression)

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arts et spectacles

PREMIER ANNIVERSAIRE POUR DLDR

Se réfugier dans la littérature Le premier anniversaire de l’organisme Des livres et des réfugié-e-s (DLDR) a été célébré au Café Frida. Ce vendredi 27 janvier, une vingtaine d’invités ont pu se rassembler autour de Adis Simidzija et de sa solide équipe, qui ont mené une première année fort satisfaisante. Les liens familiaux et amicaux qui unissent les membres de l’organisation donnent une couleur de solidarité tout indiquée pour ce genre de bataille. Arrivé au Québec en 1998, alors âgé de presque dix ans, Adis est un réfugié de Bosnie-Herzégovine. Il foule le sol trifluvien avec sa mère et son frère aîné, venant alors rejoindre des cousins déjà au pays depuis deux ans. Vivant une intégration houleuse, les jeunes adolescents se fraient un chemin dans un monde qui n’est pas le leur. Il le deviendra peu à peu au fil de rencontres et d’amitiés sincères qui se créent autour d’un ballon de basketball. C’est sur un terrain de basketball que tout a commencé. Ne sachant pas encore parler français, les jeunes garçons pouvaient tout de même parler un langage universel, celui du sport. Quelques regards, quelques échanges de signes, et voilà que la complicité naissait. Jour après jour, ce terrain devenait un lieu de rencontres privilégiées entre beaucoup d’étrangers et de jeunes Trifluviens. Parmi eux se trouvait Sébastien Salois, qui assume aujourd’hui un rôle majeur au sein de l’organisme, en plus d’être pratiquement devenu un membre de la grande famille. L’organisme à but non lucratif DLDR amasse des fonds pour aider les réfugiés à faciliter leur scolarisation et leur socialisation. Adis Simidzija, président fondateur de l’organisme et étudiant à la maîtrise en études littéraires à l’UQTR, a écrit

Confessions d’un enfant du XXIe siècle, son premier livre publié au compte de l’OBNL. Avec l’aide précieuse de son équipe de bénévoles, il a pu mettre en vente ce livre, qui s’est épuisé après 350 exemplaires. Tous les profits ont été investis pour venir en aide aux nouveaux arrivants. Pour sa première année d’existence, DLDR a amassé 2000$. Une partie de cette somme a permis de donner des sacs à dos et des fournitures scolaires à des enfants, en partenariat avec le Service d’accueil aux nouveaux arrivants (SANA). Lors de la soirée de vendredi, le président a fièrement remis une bourse d’études de 1000$ à Paula Lopera, étudiante à la maîtrise en éducation à l’UQTR. Le travail de recherche de madame Lopera consiste à créer un guide accompagnateur pour les familles immigrantes et les intervenants du milieu de l’éducation. Concernant directement les valeurs de l’organisme, ce soutien financier s’inscrit dans une démarche à long terme pour l’atteinte des objectifs d’intégration visés par le projet d’Adis. En plus de profiter du rassemblement pour remettre cette bourse, le jeune auteur en a profité pour faire, en exclusivité, une lecture de textes. Il a lu un récit et un poème, deux textes qui paraîtront dans de futurs recueils. Le recueil Âmes crépusculaires, qui regroupe cinq poètes et poétesses, sera la deuxième publication de l’organisme. Le lancement officiel se fera lors du prochain Salon du livre de Trois-Rivières. La troisième publication se prépare pour l’automne. Pour l’occasion, ce sera une dizaine d’auteurs qui partageront de courts récits. Le recueil de poésie sera en prévente à compter du mois de février. Pour plus de détails, il est possible de visiter la page Facebook de l’organisme. (M.-C.P.)

Volume 12, numéro 8 | 31 janvier au 13 février 2017

THÉÂTRE DES NOUVEAUX COMPAGNONS

La noce a des boules Le metteur en scène Stéphane Bélanger a décidé de briser une partie du quatrième mur en proposant une production qui place le spectateur dans une position participative. L’idée, excellente sur papier, apporte ses réserves dans sa mise en action. La Noce de Robert Duparc a été présentée par une équipe efficace à la salle Louis-PhilippePoisson de la Maison de la Culture de Trois-Rivières, du 19 au 21 janvier derniers. Faisant dégringoler certaines conventions théâtrales, la production se déroulait en intervalles prolongés entre courts dialogues des comédiens, et soirée dansante quétaine où le public est invité à danser ou à faire le train au son de grands succès des années 80. Les spectateurs sont donc dans une partie de l’espace de jeu et peuvent être en rapide interaction avec des personnages. Tout était là pour illustrer le misérabilisme québécois cliché et sans profondeur. Entre mononcle vicieux à moustache et enfant prodigue qui débarque à l’improviste se retrouvent la tante ivre qui finit à moitié nue et les secrets qui éclatent dans l’abus des bulles de mousseux cheaps. Le jeu des comédiens est pertinent. Les quelques interventions arrivent à tirer un sourire. L’humour est facile et prévisible, mais l’esthétique globale est en corrélation avec la caricature proposée par l’auteur. Les personnages sont typés et bien interprétés, la fête bat définitivement son plein à la table d’honneur, le plaisir de l’équipe est palpable. La place donnée au public est par contre beaucoup trop importante. L’élément dramatique ne dure qu’une quarantaine de minutes, alors que l’ensemble de la production s’étale sur plus de deux heures. Le point fort du travail du metteur en scène et

de son assistante, Isabelle Marchand, est d’avoir rassemblé tous les éléments quétaines inhérents à un mariage bas de gamme. La trame musicale est savamment sélectionnée, les allures des personnages sont parfaitement kitsch. Dans l’ensemble, tout est à sa place, tout est calculé et bien ficelé. Les attitudes corporelles d’Yves Deguire sont sublimes, il incarne physiquement le fêtard à la fin de la veillée qui commence à ramollir sans s’en apercevoir. Comme la majeure partie du temps, les comédiens se meuvent en silence et miment des conversations, les postures et les mimiques sont primordiales. À souligner aussi le faciès de Martin Bergeron qui arrive à bien incarner le pauvre homme qui reluque sa nièce dans le silence de son alcoolémie. La prestation d’Ève Lisée est également à souligner. Elle incarne Monique, la tante ivre et sans scrupules de la bande. Son intensité, qui commence à se faire connaître dans la faune théâtrale trifluvienne, a bien servi la comédienne. Sa désinvolture et son énergie sont justement dosées. Adamao Ionata assume bien son rôle de père de la mariée et par le fait même de leader de la pièce. En somme, ce moment de théâtre ressemble plus à une soirée dansante et animée qui collerait davantage à un événement corporatif ou festif qu’à une expérience de théâtre. Quiconque n’a pas envie de danser en ligne et de se prêter au jeu du lancer du bouquet ne trouvera pas son compte dans ce genre de production. Malgré la qualité de l’équipe, la soirée demeure longue et passablement ennuyeuse, d’autant plus que la panoplie de sandwichs pas de croûtes servis à l’ensemble des spectateurs a fini dans les poubelles. Certaines stratégies seraient à revoir pour bonifier ce genre de happening. (M.-C.P.)


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