Zone campus 15 octobre 2013 (impression)

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15 au 28 octobre 2013 Les textes publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

SOCIÉTÉ L’APLOMB DANS LA TÊTE

Le monstrueux féminisme LILI BRUNET ST-PIERRE Chroniqueuse

J’ai cherché fort une façon d’aborder le thème suivant afin de susciter de l’enthousiasme, mais c’est le genre de sujet qui met habituellement les gens tellement à l’aise qu’ils s’empressent de faire une blague un peu sarcastiquesexiste pour détendre l’atmosphère. Et ça marche même pas. Si l’on tente l’exercice en classe de demander aux élèves qui se considèrent féministes de lever la main, que se passe-t-il? Dans une classe de cent personnes disons: deux mains levées avec conviction, quatre levées tranquillement en regardant autour comme un petit animal, et le reste qui lèvent au ciel des yeux exaspérés. Sans parler de tous ceux qui catégorisent automatiquement la professeure de butch sexuellement frustrée qui garde le poil long en hiver. Pourquoi cet état des choses, cette interprétation péjorative du qualificatif «féministe», devenue presque réflexe? Qu’est-ce-que le

féminisme pour nous génération Y, à part un mot un peu effrayant, source d’un inéluctable jugement? Pourquoi nous dissocions-nous de ce terme aussi rapidement, le repoussonsnous du pied comme une bestiole tentaculaire et potentiellement venimeuse? Car généralement, quand on aborde la vision adoptée par la plupart des organismes d’orientation féministe, cette préconception négative se transforme. On en vient même à y adhérer: Ah, dit comme ça, on pourrait dire que je suis féministe. N’est-ce-pas curieux? Peut-être serait-il pertinent de redéfinir ce monstrueux soulèvement du temps de nos mères, et d’actualiser nos pensées à son sujet. Par souci de clarté, j’ai consulté quelques organismes travaillant à la cause du féminisme afin de déterminer une définition actuelle de celui-ci. Les dames de la Table de concertation du mouvement des femmes du Québec et de l’Institut canadien de recherches sur les femmes ont prit le temps de répondre à mes questions en ce sens. La coordonnatrice de la Table m’a défini le féminisme d’aujourd’hui comme un féminisme pluriel, pluraliste, mélangé. Il n’est plus aussi défini théoriquement et rigide qu’à l’essor du mouvement. D’ailleurs, aucun des organismes n’a pu me fournir une description bien campée du féminisme à laquelle ils

se réfèreraient tous. Ils s’identifient toutefois majoritairement au courant réformiste. Le réformisme politique se définit comme une tentative d’amélioration des structures sociales, politiques et économiques, s’effectuant par des modifications législatives progressives, s’opposant donc à la révolution. Il pourrait alors s’avérer erroné de donner encore aujourd’hui au courant féministe une intention révolutionnaire, même s’il s’oppose au conservatisme et au statu quo. Suite à ces discussions et mures réflexions, j’ai tendance à considérer le féminisme de notre temps comme un féminisme d’action. On ne prend plus le temps de le définir ou de le théoriser. Les associations féministes se rassemblent parce qu’elles ont le même but, le même idéal, et aspirent aux mêmes réformes. Et quels sont ces changements tant souhaités par les féministes? Considérons quelques hypothèses: A) Dominer les hommes. B) Obtenir plus de droits que les hommes, leur extorquer leur rôle de pourvoyeur et leur retirer leurs enfants. C) Éradiquer le chromosome Y, avec pour idéal la vie en communauté amazone/lesbienne. D) Aucune de ces réponses. Point. *** La Marche mondiale des femmes est un mouvement d’actions féministes prenant

lieu partout dans le monde. Bien que centrée sur la mise en action, elle a défini clairement ses principes dans les dernières années au moyen notamment de l’adoption d’une charte mondiale des femmes pour l’humanité. On y identifie «le patriarcat comme le système d’oppression des femmes et le capitalisme comme le système d’exploitation d’une immense majorité de femmes et d’hommes par une minorité». Elle encourage à se rallier à un idéal: un monde où l’oppression, la domination et l’exploitation n’existeraient plus, et où les droits et libertés de chacun seraient respectés. À la fin, je crois que cette poursuite d’idéal est ce qui réunit et définit les féministes d’aujourd’hui. Et c’est avec le même idéalisme que je lève ma main dans la classe, et chaque fois que l’occasion se présente. Alors, dis-moi, pourquoi es-tu gênée de lever la tienne?

deux pierres verticales, n’ont pu se rendre là qu’en étant déposées sur les deux autres. Le seul et unique moyen, à mon sens, de poser sur deux blocs verticaux de 6,5 mètres de haut un bloc horizontal de 40 tonnes, c’est de le soulever. C’est donc ce qui m’a amené à me pencher sur l’histoire des grues. Et c’est exactement là que Stonehenge est problématique, car aucune grue n’a pu faire un tel exploit avant la révolution industrielle. Pour preuve, la grue romaine, première vraie grue de l’histoire, fonctionnait avec une «roue de hamster» dans laquelle des hommes couraient. Cette technologie est demeurée pendant un millénaire et ne pouvait soulever qu’un maximum de 500 kilogrammes. C’est lors de la construction des cathédrales telles Paris, Reims et Cologne que les ingénieurs ont dû innover. Ils ont donc construit des «roues de hamster» géantes pouvant soulever un maximum de cinq tonnes. Celle de Cologne, la plus grandiose, en bois, était plus haute que la cathédrale et est demeurée là quatre siècles durant. Les ingénieurs médiévaux ont donc dupliqué la même technologie que les Romains, mais à très grande échelle, et ce n’était pas encore suffisant pour soulever les pierres de Stonehenge. Les morceaux de cathédrales ne pesaient jamais plus de cinq tonnes (les morceaux les plus lourds étant les cloches). C’est donc avec l’invention de la ma-

chine à vapeur et de l’hydraulique qu’on a enfin pu soulever un poids de 40 à 50 tonnes. Enfin, tous ces mots, et une connaissance générale approfondie de l’histoire des grues, pour revenir au problème initial… Comment des hommes de l’âge de bronze ont-ils pu soulever un monolithe de 40 tonnes? Si on considère le présupposé qu’ils n’avaient pas de grue, il doit bien exister une technique simple pour qu’un bloc de granite de 40 tonnes se retrouve à 6,5 mètres du sol. C’est nécessairement possible, Stonehenge existe. Et c’est là dans ma réflexion que j’ai compris! Si vous ne trouvez pas, pensez-y avant de lire la réponse, c’est comme pour une énigme, ce problème est solvable. Et ma théorie est: ils ont dû enterrer les monolithes debout dans le sable, ils ont trainé les pierres horizontales dessus et on simplement retirer le sable. C’est probablement aussi avec le sable qu’ils ont pu placer à la verticale des monolithes de 50 tonnes. En bon moderne, je réfléchissais à ce problème avec l’ingénierie et la machine alors que la réponse était si simple. Il ne faut jamais sous-estimer nos ancêtres, ils étaient dotés de la même intelligence que nous, ils avaient seulement moins de machines et de connaissances. En fait, peut-être étaient-ils plus intelligents que nous, du moins plus polyvalents, en raison de l’absence de machine?

TOUT EST BIZARRE

Le cas Stonehenge NICOLAS GAUTHIER Chroniqueur

L’Histoire, cette fascinante suite chaotique de misères et de triomphes. J’adore la lire, cette histoire, c’est le parcours de l’espèce, là d’où on vient et un avant-gout d’où on va. Néanmoins, il me semble que plus l’histoire remonte loin dans le temps, plus elle est mystérieuse, incohérente et incomprise. Par exemple, les ruines des stades des Mayas sont officiellement imputées à des rituels sacrificiels. Mais est-il possible qu’il ne s’agisse que de stades sportifs? Que diront nos descendants, dans 3000 ans, lorsqu’ils croiseront les ruines d’un stade de football? Je vous parie qu’ils plaideront les rituels tribaux. Pour faire une analogie, c’est comme lorsqu’on se remémore nos souvenirs d’enfance. Comment peut-on être certain de comprendre la manière dont on comprenait les choses à ce moment? N’avez-vous pas des anecdotes d’enfance qui échappent à vos analyses d’adulte? C’est la même chose pour l’histoire

humaine. Néanmoins, de toutes les ruines du monde de jadis, il y en a une qui, par ses non-sens techniques, éveille particulièrement mon intérêt. On parle souvent des mystères des pyramides, je serai donc original et je vais vous parler du gros problème que représente l’existence du site de Stonehenge. Et je compte bien démystifier ce problème technique. Pour la mise en contexte, ces ronds de grosses pierres datent précisément de -2120 ans avant notre ère. Ils ont donc été construits dans l’âge de bronze, soit 400 ans après la grande pyramide de Gizeh (je sais, les pyramides sont beaucoup plus impressionnantes). De plus, ces immenses monolithes de 40 à 50 tonnes ont nécessairement été extraits de carrières situées à 40 km au nord du site. Le transport de ces pierres est en soi un fait exceptionnel, mais on peut aisément plaider, comme pour les pyramides, l’utilisation de billots de bois juxtaposés devant les pierres. Il s’agit probablement d’un exploit de cordes et de bois occupant des milliers d’hommes pour plusieurs décennies. Mais cet exploit est presque banal lorsqu’il est remis dans son contexte. Ce genre de travail monumental se trouve partout dans l’antiquité. Là n’est pas le problème technique. Il y a un fait singulier particulièrement impressionnant à Stonehenge. En effet, les pierres du dessus, celles à l’horizontale au sommet de


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