Montreux Jazz Chronicle 2016 - N°15

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№ 16

Samedi, 16 juillet 2016 Saturday, 16 July 2016

Montreux Jazz Chronicle Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 5e édition

The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 5th edition

Woodkid & Friends, Auditorium Stravinski, 15.07

TONIGHT

DEEP PURPLE

F Deep Purple a posé certains des plus beaux jalons du rock des seventies. L’histoire de la légendaire formation anglaise est étroitement liée à Montreux, le titre « Smoke on the Water » étant inspiré de l’incendie du Casino en décembre 1971 lors d’un concert de Frank Zappa auquel les membres du groupe assistaient. Hit culte qui a fait entrer le groupe dans l’histoire de la musique, le morceau cite un certain « Funky Claude », hommage au fondateur du Festival. Qui mieux que Deep Purple pour conclure en beauté la 50ème édition du Montreux Jazz ?

DEEP PURPLE

E Deep Purple is responsible for some of the greatest landmarks of seventies rock. The history of the legendary English group is closely linked to Montreux – “ Smoke on the Water ” was composed here, inspired by the fire at the Casino in December 1971 during a Frank Zappa concert with Deep Purple in attendance. The song is a cult hit that got the group into the history books. The song is also an homage to the Festival’s founder – it cites a certain “ Funky Claude ”. Who better than Deep Purple to close out the 50th Montreux Jazz Festival ?!

SOLARIS

9 Last Night : Woodkid & Friends

10 50 Summers of Music : Deep Purple 11 Heroes : Laurent Garnier

DEEP PURPLE , Auditorium Stravinski, 20:00


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24.06.16 13:51


F Le lac et les montagnes sont couleur fraises

Tagada. Je ne blague pas. Il est près de 6h. Le Jazz Café a finalement fermé ses portes malgré les centaines de super-héros refusant d’en être délogés. Le « Café », c’est alors la vaste « Haçienda » ouverte à tous et nichée au rez du 2m2c. DJs, concerts, jams : une fois les programmes « in » du Festival bouclés, c’est là qu’on vient se terminer. Ce soir-là, on s’y rend avec d’autant plus d’appétit qu’on vient d’être une première fois balayé par Roni Size Reprazent. La drum’n’bass est alors reine. Dans ses fracas et ruptures, elle dit toute l’excitation qu’il y a à aimer la nuit, la danse et les pistes jubilatoires ouvertes par les musiques électroniques. Ici, il convient de rendre hommage au flair de Montreux. Hier parmi les premiers grands rendezvous musicaux à s’être ouvert au hip-hop, le Festival a rapidement accueilli techno, house et leurs satellites – quand chez d’autres ces sons étaient tenus pour du « boom boom » débilitant. 2001, alors: se bousculaient là Matthew Herbert et The Cinematic Orchestra, Kruder und Dorfmeister et Zero 7. Beats molletonnés. Basses impérieuses. Dancefloor à sang. Corps en nage. Et un aller simple pour le « Café » où les corps achèvent de se mêler, s’ébrouer, s’aimer. L’aube, enfin. Et c’est cette fois rincés qu’on contemple depuis les quais déserts ce spectacle effarant : lac et montagnes sont de couleur fraises Tagada. Je ne mens pas…

DAVID BRUN-LAMBERT JOURNALISTE, RÉDACTEUR EN CHEF DU CHRONICLE, AUTEUR, SCÉNARISTE ET PRODUCTEUR RADIO

TODAY'S GUEST 2001

E The mountains and the lake were pink like Tagada sweets. No joke. It was about 6 o’clock. The Jazz Café had finally closed its doors even though hundreds of superheroes could have quite happily carried on inside. The Café was then a spacious “Haçienda” open to all on the ground floor of the 2m2c. Everyone headed there after the Festival’s main gigs ended to continue the fun with DJs, more concerts and jam sessions. That night, we headed there on even more of a high than usual after just having been blown away by Roni Size Reprazent. Drum’n’bass was everywhere. Its roaring, broken sounds summed up everything that made nights so good, in particular the electro sounds that got everybody dancing to celebratory tracks. It was time to pay tribute to Montreux, who was one of the first to invite hip-hop to its stages. The Festival had now begun to do the same for techno, house and the gang, which were still seen by many as just mind-numbing noise. In 2001, Matthew Herbert and the The Cinematic Orchestra, Kruder und Dorfmeister and Zero 7 all took to the stage. Their melting beats and powerful basslines brought the dancefloor to life, as sweaty bodies mingled, grooved and loved. There was no need for a return ticket to the Café. Dawn finally arrived and cast a glow on the deserted waterfront. We were drained, but could not tear ourselves away from the spectacular sight in front of us. The mountains and the lake were pink like Tagada sweets. No joke…

COUPS DE CŒUR MONTREUX JAZZ 2001 Roni Size Reprazent Matthew Herbert Kruder & Dorfmeister Tricky Sizzla

CLAUDE'S COLLECTION F Quincy Jones l’a vu faire un strip-tease, une rose entre les dents, devant deux cent personnes. Pour que Grace Jones termine sa coupe de champagne, il fait retarder un avion. Avec son ami japonais Shohachi Sakai, il épuise les rues de Tokyo à la recherche de gadgets high-tech. Sans parler des omelettes flambées, des crises d’hystérie, des chemises Missoni, de Kiku et Kuki, de ses lampes turques, de ses bronzes ou de ses jukeboxes. Deep Purple avait flairé juste en le flanquant du surnom « Funky Claude » dans « Smoke on the Water » en 1971. Obstiné, intraitable, généreux et gourmand. Claude Nobs était, à l’image du portrait de l’artiste brésilien Romero Britto, un personnage bigarré. Des croches, des rondes et des soupirs – n’est-ce pas les notes dont les hommes sont faits ? Salomé Kiner © Yann Gross

Main Partners

E Quincy Jones saw him stripping with a rose

between his teeth in front of 200 people. He held up a plane so that Grace Jones could finish her glass of champagne. He walked the streets of Tokyo with his Japanese friend Shohachi Sakai in search of high-tech gadgets. And let’s not forget his flambéed omelettes, hysterics, Missoni shirts, Turkish lamps, bronzes, jukeboxes, and of course Kiku and Kuki. Deep Purple rightly nicknamed him Funky Claude in “ Smoke on the Water ” (1971). Claude Nobs was stubborn, inflexible, generous and loved life. His character was as colourful as the portrait of him painted by the Brazilian artist, Romero Britto. After all, are quavers, semibreves and rests not the notes that make up man ?

Saturday, July 16th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

EDITO 2001

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PAYING

SATURDAY 16.07

AUDITORIUM STRAVINSKI

DWEEZIL ZAPPA PLAYS FRANK ZAPPA 50 YEARS OF FRANK

MONTREUX JAZZ CLUB

HAROLD LÓPEZ-NUSSA TRIO

MONTREUX JAZZ LAB LAOLU APOLLONIA JAMIE JONES

VOLCAN

GONZALO RUBALCABA, GIOVANNI HIDALGO, JOSE ARMANDO GOLA

DEEP PURPLE MONTREUX JAZZ TRAINS

FREE

MONTREUX GARE

14:17

NEW ORLEANS JAZZ TRAIN

OLD DISTILLERY JAZZ BAND,

OLD VILLAGE RAMBLE

MUSIC IN THE PARK 14:00 HARMCORE JAZZ BAND 16:30 MIZE

SPECIAL EVENTS

MAIN ENTRANCE, 2M2C

16:00 BOOK BOX

17:45

Collaboration Festival Images Vevey – Montreux Jazz Festival

MAIN ENTRANCE, 2M2C

SHOW AÉRIEN DE LA PATROUILLE

LAURENT GARNIER BAR EL MUNDO 16:00 AXÉ BEABAHIA (DANCE LESSON) 18:00 APERO JAZZ RITMO LOCO 20:00 GEORGE FRANCO

SUISSE

22:00 DJ RUMBA STEREO AND FRIENDS

WORKSHOPS

POOL PARTY

YELLOW SUBMARINE CLOSING PARTY

PETIT PALAIS

18:30 SINGING HANDS DAY:

15:00 "ODETA.TV" RE-VISITE LA COLLECTION

12:00 TONY D'A & TT

AUDIOVISUELLE DES CONCERTS DU

13:30 LIME & CHARLES AZNACHATT

21:00 GRUPO REBOLU

MJF NUMÉRISÉES PAR L'EPFL

15:00 MADNAX

23:30 TIME MACHINE

Découverte et explications (EPFL, CCS)

16:30 LA FORÊT

THE ROCK CAVE

DALTON TELEGRAMME

18:00 MASAYA

21:30 PETER KERNEL 23:00 AFTERSHOW: FIRESTARTER PRESENTS

BAD TASTE

STROBE KLUB TRAFFIC PRESENTS FREAKOUT CULT

PETIT PALAIS

17:00 AMINE M'RAIHI

Discover the Oud

INFORMATION

F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App»

JAM SESSIONS

MONTREUX JAZZ CLUB

E  For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com

F Jam Sessions improvisées après les concerts E Improvised Jam Sessions after the concerts

VJING MAAK 22:00 EEVY B2B ORSETT 00:00 DJ FETT BURGER B2B JAYDA G

F Partagez ce concert avec l'app CUTS

E Share this concert with the app CUTS


F Parcourir les coulisses du Festival durant une visite traduite en langue des signes française (LSF), puis assister au concert également traduit en langue des signes de Dalton Telegramme: voici le concept révolutionnaire des Singing Hands Day, déjà proposé à Music in the Park l’an dernier. Offert dans le cadre du projet « Sourds et Culture » initié par l’association InterprètesLSFIndépendantes, ce programme audacieux veut faciliter l’accès en langue des signes française au spectacle vivant, sans pour autant voler la vedette aux musiciens. Et au passage rappeler que si la langue des signes traduit du sens, sa grammaire s’exprime par le visage et le corps.

15H ET 16H

Visites guidées des coulisses du Festival, traduites en langue des signes française. Inscription obligatoire auprès de: info@accessibilite.ch

18H30

Concert gratuit de DALTON TELEGRAMME Music in the Park

SINGING HANDS DAY

HIGHLIGHTS E Singing Hands Day is a revolutionary concept that was introduced last year at Music in the Park. It gives people the opportunity to discover life behind the scenes at the Festival with a French sign language interpreter, and watch a signed Dalton Telegramme concert. As part of their “ Sourds et Cultures ” project, InterprètesLSFIndépendantes have developed an audacious way to bring live shows to the hearing-impaired through sign language without stealing the limelight from the musicians. This project shows just how much facial expressions and body language add to the meaning given in sign language.

3PM AND 4PM

Guided tours behind the scenes of the Festival in French sign language. Sign-up required via info@accessibilite.ch

6:30PM

Free DALTON TELEGRAMME concert Music in the Park DALTON TELEGRAMME 16.07.2016 - 18:30 MUSIC IN THE PARK

Montreux Jazz Live Retrouvez les meilleurs extraits live du Montreux Jazz Festival depuis 1967

montreuxjazz.com

Saturday, July 16th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Signature Wall in the Backstage of the Auditorium Stravinski


Angélique Kidjo

Jean-Michel Jarre

ZZ Top

Sigur Rós

PJ Harvey

Patti Smith


Samedi, 16 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Guitariste virtuose, Biréli Lagrène évoque son histoire avec Montreux. Propos recueillis par Eduardo Mendez

F En 1981, vous jouiez votre premier concert à Montreux alors que vous n’aviez que 14 ans. Que retenezvous de ce concert ? Je pense que ça m’a apporté beaucoup de choses. C’était le début de ma carrière. Pour moi, ça a été un véritable tremplin de venir jouer ici. C’est depuis Montreux que tout a vraiment débuté pour moi. Je ne me souviens que de la moitié de ce concert, mais j’ai heureusement trouvé la vidéo sur le net. À l’époque, je crois que je n’étais pas du tout stressé. Vu mon jeune âge, je n’ai pas vraiment pris tout cela très au sérieux. Ce n’est que quelques années plus tard que je me suis rendu compte de ce que représente vraiment ce festival. Comment votre regard sur la musique a-t-il évolué depuis votre enfance ? J’ai grandi dans une famille de musiciens, c’était donc tout à fait naturel pour moi d’apprendre à jouer d’un instrument. Il y avait toujours de la musique autour de moi. Les choses ont changé, j’ai pris de l’âge et aujourd’hui j’apprécie pleinement mon métier. Quand j’étais jeune, je ne réalisais pas vraiment ce que je faisais, mais je savais que j’avais une folle envie d’être guitariste. Et je me rends compte maintenant de la chance que j’ai de pouvoir exercer pleinement ma passion. Quelle est votre relation avec Montreux aujourd’hui ? Elle est formidable. Je vis à Strasbourg, aussi je peux venir jusqu’ici en voiture. Avec le temps, j’ai fini par apprendre à connaître beaucoup mieux le Festival. Je suis venu à Montreux à de nombreuses reprises, et j’adore être ici. Il y a tout le temps de fabuleux musiciens. Le programme est plus que fantastique et toute cette atmosphère m’inspire vraiment beaucoup.

« Ça a été un véritable tremplin de venir jouer ici. »

À quel concert auriez-vous voulu assister à Montreux ? Weather Report en 1976 ! Ça c’est un concert auquel j’aurais vraiment voulu prendre part. C’est la première vidéo d’un live à Montreux que j’ai vue, et j’ai immédiatement accroché.

BIRÉLI LAGRÈNE

INTERVIEW

Guitar virtuoso Biréli Lagrène looks back on his history with Montreux. Interview by Eduardo Mendez

E You performed your first concert in Montreux in 1981 at the age of 14.

What did you learn from this concert ? I think I learnt a lot of things. I was at the start of my career. It really took off after playing here. Everything just fell into place after Montreux. I only remember half of that concert, but luckily I found a video of it on the net. I don’t think I was stressed at all at the time. As I was so young, I didn’t really take any of it seriously. It wasn’t until a few years later that I realised how much of a big deal this festival actually is. How has your view of music changed since you were a child ? I grew up in a family of musicians, so it makes sense that I learnt to play an instrument. I was always surrounded by music. Things have changed; I’ve grown up and now fully appreciate my job. When I was younger, I didn’t really know what I was doing. I just knew I wanted to play the guitar. I realise now how lucky I was to actually have been able to completely devote myself to my passion.

“ It really took off after  playing here! ”

How do you see your relationship with Montreux today ? It’s great ! I live in Strasbourg, so I can drive here. I’ve been able to get to know the Festival a lot better over time. I’ve been to Montreux a few times and I love it here. There are always great musicians. The line-up is more than amazing and the atmosphere is really inspiring. Which concert would you have liked to see in Montreux ? Weather Report’s 1976 gig ! I would have so loved to see that concert. It was the first live Montreux gig that I ever watched on video and couldn’t stop watching it until the end.


WOODKID & FRIENDS AUDITORIUM STRAVINSKI

F S’il est un jeune artiste qui a marqué Montreux ces dernières années, c’est bien Woodkid : concert donné avec un orchestre symphonique et création de l’affiche de l’édition 2014, notamment. Le Lyonnais propose cette fois une création unique imaginée pour le Festival. Un large rideau blanc entretient le mystère avant le début du show. Une phrase résonne : « Hello from the children of planet Earth ». Soudain, le décor se dévoile : on se croirait dans une navette spatiale alvéolée, type Interstellar, dont les astronautes seraient les musiciens de la Sinfonietta de Lausanne. Tous sont vêtus d’une combinaison blanche. Woodkid danse sur ses harmonies symphoniques comme si c’était un gros son hip-hop. Le public semble un peu perplexe, peine à s’enflammer. Les guests se succèdent pourtant sur scène : Guillaume Brière des Shoes, Ed Droste de Grizzly Bear ou encore l’actrice américaine Elle Fanning. Mais la vraie star de ce soir, celle qui fera sauter le Strav’ comme un seul homme, se révèle être une chanson : « Iron ». La soirée semble alors véritablement commencer. En attendant le rappel, le public chante spontanément la mélodie de « Run Boy Run », tel un hymne de stade. Woodkid s’assied, écoute et s’émerveille. Ému, il nous confie vivre tous les jours dans la peur d’être oublié. Qu’il se rassure : Montreux le porte dans son cœur. Steve Riesen

NEKFEU

MONTREUX JAZZ LAB

F Parmi les phénomènes du rap français ayant défilé au Lab cette année, Nekfeu est celui qui suscite le plus d’engouement. Et attire le plus de filles. Les jeunes ados squattent les premiers rangs, smartphones prêts à être dégainés. À coté de moi, une famille au complet. Le rappeur apparaît, portant une veste zébrée de néons bleus. On le sent remonté à bloc. C’est parti ! Le Parisien balance son flow et se donne immédiatement à ses fans. Attitude de rockeur : headbanging, rap enragé, le « fennec » contrôle son public et ira même jusqu’à séparer la salle en deux pour un mosh pit dément. Sur scène, un backeur, un DJ, et des visuels impressionnants sont projetés sur plusieurs écrans. Des danseurs hip-hop rejoignent la clique. Et y vont de leurs backflips. Quel show ! « Je suis pas venu tout seul », prévient Nekfeu. Les collectifs de 1995, S-Crew et L’Entourage sont bien là. D’abord pour l’accompagner sur plusieurs morceaux. Plus tard pour la jouer solo. Là, l’ambiance retombe légèrement. Mais le patron reprend la situation en main, remotivant le Lab jusqu’à obtenir gain de cause. Sur « On verra », lâcher de ballons, explosion de confettis. L’idole se fait un dernier kiff et traverse la salle sur un bateau gonflable. Une rockstar je vous dis... Alexandre Caporal

E No young artist other than Woodkid has left such a mark on Montreux in the last few years. He designed the Festival poster in 2014 and gave a concert with a symphonic orchestra. This year, the artist from Lyon put on a unique show that he kept secret behind a long white curtain until the last second. “ Hello from the children of planet Earth ” echoed repeatedly throughout the hall. All of a sudden, the curtain was pulled back to reveal an unrecognisable Strav’ stage. The musicians in Lausanne’s Sinfonietta looked like astronauts in a special honeycombed spaceship from Interstellar. They were all in white overalls. Woodkid danced to symphonic harmonies, as if they were hip-hop hits. The crowd seemed a bit confused and struggled to get going as the guest stars appeared on stage one after the other. Guillaume Brière from The Shoes, Ed Droste from Grizzly Bear and the American actress Elle Fanning all joined Woodkid in song, but it wasn’t until “ Iron ” sounded that the Strav’ woke up. Whilst waiting for the encore, the crowd chanted the tune to “ Run Boy Run ” in unison. Woodkid sat down, listened and was amazed. He admitted living in fear of being forgotten every day. He needn’t worry however, as he will always have a place at the heart of Montreux.

E Nekfeu was the most popular French rap band to play at the Lab this year, and the one that attracted the most girls. Young teens rushed to the front row and got their smartphones ready. A mum, dad and kids stood next to me. The rapper appeared in a striped neon blue jacket. The fired up Parisian immediately released a flow of words to his fans. Fennec’s furious rocking rap took over the headbanging crowd and even managed to set the room up for a wild moshpit by splitting it in two. A hype man, a DJ and a few back flipping hip-hop dancers joined their leader on stage, in front of impressive visuals. What a show! Nekfeu hadn’t lied when he’d said he hadn’t come alone. His pals from 1995, S-Crew and L’Entourage were there too. They first accompanied him for a few songs and then played solo, which didn’t seem to get down too well. However, the boss soon got things back on track. “ On verra ” sent balloons and confetti across the room. The idol made the most of his audience by sailing across the room in an inflatable dinghy. A rockstar if there ever was one.

Saturday July 16th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

LAST NIGHT

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Samedi, 16 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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DEEP PURPLE

50 SUMMERS OF MUSIC

«

DE LA FUMÉE SUR L’EAU, UN FEU DANS LE CIEL

F Je me trouvais dans la foule face à Frank Zappa. Un mec a surgi derrière

moi. Je n’ai pas vu son visage, mais je me souviens qu’il portait des feux d’artifice : un bâton rouge, un bâton vert. En général, ils sont inoffensifs. Mais là, ils se sont logés dans le plafond de bois. En un instant, tout s’est embrasé. Claude Nobs se précipitait d’un coin à l’autre du Casino. Je me souviens de l’annonce que Frank a faite au microphone. « Il y a le feu. Veuillez quitter la salle dans le calme. » Ma copine avait oublié son manteau de fourrure, alors je suis retourné le chercher dans la fumée. Personne n’a été blessé grièvement. Nous sommes rentrés à l’hôtel et nous avons regardé l’incendie depuis le bar. Cela empirait. Nous avions peur que les immeubles alentour finissent par brûler aussi. Mais le vent a porté les flammes au loin, vers le lac. Toute la nuit, nous sommes restés à contempler le Casino qui partait en cendres. Le titre de la chanson est venu le lendemain matin. J’étais encore à moitié endormi. Il ne restait rien que cette fumée sur l’eau, cette masse translucide qui semblait glisser des montagnes. On aurait dit un effet de cinéma. « Smoke on the Water », je l’ai écrite sur une nappe. Mais les autres membres du groupe se sont moqués de moi. Pour eux, le titre ressemblait à un éloge de la drogue. On a rangé l’idée dans un coin reculé de notre cerveau. Nous avions plus important à faire. Nous étions venus à Montreux, dans cet hiver glacial, pour y enregistrer un disque. Et le Casino qui devait nous servir de studio venait de disparaître en fumée. Claude est parti en quête d’un autre espace. Ce n’était pas une mission facile. Il faut imaginer Montreux à cette époque : une bourgade endormie pleine de vieilles ladies et de salons de thé. On a essayé le Pavillon, une sorte de verrière en dessous du Palace. C’est là que Ritchie a sorti ce riff étrange, qui a servi de base à la chanson. Il était minuit, une heure du matin. On enregistrait une première version. La police était à la porte du Pavillon. Nos roadies l’empêchaient d’entrer pour qu’on puisse finir la prise. À cause de nous, les Montreusiens ne pouvaient pas dormir.

...

À LIRE →

SMOKE ON THE WATER, FIRE IN THE SKY

E I was in the crowd watching Frank Zappa. This guy came out behind me.

I didn’t see his face, but I remember that he was carrying Roman candles : a red stick and a green stick. They’re usually innocuous but they lodged into the wooden ceiling. Suddenly, everything was in flames. I remember Claude dashing round the Casino. I remember Frank’s announcement over the microphone : “ There’s fire, please stay calm and make your way out of the room. ” My girlfriend had forgotten her fur coat, so I went back in the smoke to get it. Nobody was seriously hurt. We went back to the hotel and watched the fire from the bar. It was spreading. We were worried that the buildings around it were going to catch fire too. But the wind blew the flames away, towards the lake. We stayed up all night watching the Casino burning to ashes. The title for the song came to me the next morning. I was still half asleep. All that was left was that smoke on the water, that translucent mass that seemed to be sliding in from the mountains. Like a special effect in a movie. I wrote “ Smoke on the Water ” on a napkin. The other members of the group laughed at me. For them, it sounded like a drug song. We put the idea on the back burner. We had other fish to fry. We had come to Montreux in that freezing winter to make a record. And the Casino we were meant to be using as a studio had gone up in smoke. Claude Nobs went off to look for another space. It wasn’t an easy mission. You have to picture Montreux in those days : a sleepy little town full of old ladies and tearooms. We tried the Pavillon, a kind of glasshouse below the Palace. That’s where Ritchie came up with this weird riff that became the basis of the song. It was in the middle of the night, one in the morning. We were recording a first version. The police were knocking at the door of the Pavillon. Our roadies stopped them from getting in so 50 SUMMERS OF MUSIC we could finish the take. We were Textes d'Arnaud Robert keeping the people of Montreux (en collaboration avec Salomé Kiner) from sleeping. Coédition Montreux Jazz Festival et Editions Textuel Texts by d’Arnaud Robert (in collaboration with Salomé Kiner) Co-published by the Editions Textuel and Montreux Jazz Festival

CHF 69.-

Disponible à la boutique Festival ou sur www.montreuxjazzshop.com

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IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com

LAURENT GARNIER - 2007

HEROES

CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Lucie Gerber Contact chronicle@mjf.ch Contributing Editors David Brun-Lambert, Alexandre Caporal, Salomé Kiner, Eduardo Mendez, Steve Riesen, Arnaud Robert Photographers Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Marc Ducrest, Lionel Flusin, Emilien Itim, Anne-Laure Lechat Translators Bridget Black, Sandra Casas, Emma Harwood, Marielle Jacquier, Amandine Lauber Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens Advertising Kevin Donnet, k.donnet@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch

© 2007 FFJM Daniel Balmat

Director Nicolas Stevan

F Claude Nobs DJ. Portant lunettes flashy,

T-shirt fluo et casque vintage. Claude jouant une copie rarissime d’un album inédit de Sly Stone (présent cette année-là au Festival) face à un public interdit. « Euh… C’est vraiment le boss de Montreux, lui ? ». Et pas venu animer un inter-concert au Miles Davis Hall au hasard. Mais à l’invitation de Laurent Garnier, « curateur » d’une soirée où se produit ce 21 juillet le plus rare et légendaire cargo techno de Detroit : Underground Resistance. Un événement ? Au moins autant que le serait pour un rock addict, disons, la venue des Stones ici. Et puis ensuite il y a « LG », depuis 1998 un fidèle de Montreux. Et qui cette année-là y va aussi d’un live majestueux. «Crispy Bacon» ou «Acid Eiffel» : le « pape techno » dégomme ses missiles à vous balayer ce qui bouge ou respire. Un prince. Et un maître de musique que ses fans retrouvent plus tard en DJ au creux d’un club sombre, confiné, dangereux (bref : parfait !) alors accolé au « Miles ». Là, ce qui se produit s’envisage comme un trait d’union entre tous les beats un jour joués au Festival. Entre tous les déhanchés et pas de danse jamais exécutés là. La naissance d’un dancefloor. Non pas seulement un espace où se célèbrent la vie et le plaisir. Mais un lieu où se disent aussi l’espoir et le divin, l’abandon et la fureur. Un territoire politique et de résistance où chacun peut déclarer être… ce qu’il désire. David Brun-Lambert

Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Manuel Schaller

E Claude Nobs was DJ-ing, wearing flashy

glasses, a bright t-shirt and vintage headphones. He was playing a rare version of Sly Stone’s original album to a stunned audience. Sly was at the Festival that year, by the way. “ Is that really the boss of the Festival ? ” people asked. The set on that 21 July was not just some random gig in between others at the Miles Davis Hall. Claude was there because Laurent Garnier, who was curating an event featuring Detroit’s rarest and most legendary cargo techno collective, Underground Resistance, had invited him. Was it a big deal ? Well, as much of a deal as the Stones visiting would be for a rock addict. And then there was LG himself, who had been a regular at the Festival since 1998. He performed live that year and it was fantastic. The pope of techno played “ Crispy Bacon ” and “ Acid Eiffel ”, as if they were missiles that could blow you away. He was a princely master of music, who his fans would rediscover later DJ-ing in the depths of an ideally dark, dense, and dangerous club attached to the Miles. What happened that night was the union of all the beats ever played at the Festival, and all the dancing ever done there. It was the birth of a dancefloor. It wasn’t just a place for celebrating life and pleasure, but also a place for expressing hope, divinity, freedom and fury. It was a space for politics and resistance, where people could declare they were whatever they wanted to be.

Layout Composers Nadine Schneuwly, Nicolas Nydegger, Manuel Schaller Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz

F  Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol.

E  The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.

Saturday July 16th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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