MIM By La Mamounia 7

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OCTOBER 2018 / APRIL 2019 Nยบ7

THE FOOD ISSUE



THE FOOD ISSUE MIM BY LA MAMOUNIA Nº 7 - OCTOBER 2018 / APRIL 2019

PUBLISHED BY MAISON MIM / WEEKEND ÉDITIONS 34 RUE IBN HAMZA SEMLALIA 40000 MARRAKECH MA

FOUNDING PUBLISHER EDITOR-IN-CHIEF CREATIVE DIRECTOR MOUNA ANAJJAR

WWW.MAISONMIM.COM ART DIRECTOR DESIGNER ADVERTISING & MARKETING

CORINE KAPUSTIN

BONJOUR@MAISONMIM.COM WRITERS PRINTED BY AGPOGRAF/NEXE BARCELONE

MOUNA ANAJJAR FÉLINE GERSTNER KHADIJA HAMOUCHI

PHOTOGRAPHERS MARC BELLI MOUS LAMRABAT KARIMA MARUAN

ILLUSTRATORS ASSIA BENNANI MARIAM BOUCHAMANE

COPY EDITOR JASMIN VERDÈS WE WOULD LIKE TO THANK ALL THE PARTICIPANTS FOR THEIR TIME, CREATIVITY AND SUPPORT. CHOUKRAN!

TRANSLATOR CLAIRE MUFSON

PRESS RELEASE “13/16 ‫”ص‬, LEGAL DEPOSIT & ISSN IN PROGRESS ALL RIGHTS RESERVED WEEKEND ÉDITIONS NO PART OF THIS PUBLICATION MAY BE REPRODUCED, STORED IN A RETRIEVAL SYSTEM OR TRANSMITTED IN ANY FORM OR BY ANY MEANS, ELECTRONIC, MECHANICAL, PHOTOCOPYING, RECORDING OR OTHERWISE, WITHOUT PRIOR PERMISSION OF WEEKEND ÉDITIONS.

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CONTENTS

THE FOOD ISSUE MIM BY LA MAMOUNIA Nº 7 - OCTOBER 2018 / APRIL 2019

HERE & NOW

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PART I/ MAINTENANT NOW [AL-AAN]

24 › 43

COOKING WITH…

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PART II/ MAGNÉTIQUE MAGNETIC [MIGHNATISSI]

44 › 51

LE MÉDECIN AGRICULTEUR THE SURGEON WHO GREW TRUFFLES

46 50

PART III/ MERVEILLEUX MARVELLOUS [RA’-IÎ]

52 › 67

SÉRIE MODE A TASTE FOR STREET FOOD

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PART IV/ MAESTRO MASTER [MAHER]

68 › 75

DANS LE MONDE D'UN MAÎTRE SOMMELIER INSIDE THE WORLD OF A MASTER SOMMELIER

70 74

PART V/ MAGIQUE MAGICAL [SA’HER]

76 › 95

SUR LA ROUTE DU MIEL ON THE HONEY TRAIL

78 84

AGENDA CULTUREL CULTURAL EVENTS

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THE END

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LA MAMOUNIA’S NOTE

La Mamounia, hôtel centenaire doté d’un emplacement idyllique, véritable oasis à l’abri des remparts de Marrakech, avec pour décor les montagnes enneigées de l’Atlas, continue de rallier bien des suffrages : il vient d’être sacré, début octobre dernier, “Meilleur Hôtel au Monde” et “Meilleur Hôtel en Afrique” par le très respecté Condé Nast Traveler, référence absolue dans l’industrie hôtelière du luxe. Une distinction de plus, après de prestigieuses autres, dont celle de “Meilleur Hôtel Urbain au Monde” par le Condé Nast Traveller Espagne, ou celle décernée par l’édition anglaise trois années auparavant, qui qualifiait la Mamounia de “Meilleur Hôtel au Monde” et de “Meilleur Hôtel au Moyen-Orient et en Afrique”. Si ce beau joyau de l’élégance et du raffinement marocains continue de briller, traversant les époques, c’est aussi grâce à vous, chers clients, qui nous inspirez des services toujours renouvelés, ceux d’un véritable palace contemporain. Afin de rendre votre expérience la plus singulière possible, nous sommes heureux de vous annoncer l’arrivée de la marque Valmont au spa, l’expert suisse du cosmétique cellulaire et des soins anti-âge à la pointe de la technologie ; ou encore l'arrivée de nouvelles voitures Porsche, élégantes et confortables, pour rendre vos évasions à Marrakech et dans sa région encore plus magiques. À la Mamounia, cette saison vous invite également à célébrer la fin de l’année 2018 en beauté, le programme des festivités s’annonce encore plus que jamais exceptionnel, et le coup d’envoi est donné dès le 3 novembre ! Continuer à œuvrer chaque jour pour vous offrir un niveau d’excellence restera notre moteur. Et c’est chaleureusement que nous vous remercions pour tous les instants vécus et ceux à venir, et que toute l’équipe de La Mamounia et moi-même demeurons à votre écoute pour faire de votre séjour un moment inoubliable. _La Mamounia, a century old hotel in an idyllic location, is an oasis within the ramparts of Marrakech, with a view of the snow-capped Atlas Mountains. It continues to win accolades; it was just awarded the title of “Best Hotel in the World overall” and the “Best Hotel in Africa” –last October– by The Condé Nast Traveler Readers’ Choice, the longest-running and most prestigious recognition of excellence in the travel industry. This latest distinction follows on the heels of other awards, including those given by Condé Nast Traveler’s Spanish edition for “Best Urban Hotel in the World”, and Condé Nast Traveler UK three years ago for “Best Hotel in the World” and “Best Hotel in the Middle East and North Africa”. If this jewel of Moroccan elegance and refinement continues to shine throughout the ages, it’s also thanks to our dear guests, who inspire the ever-evolving services worthy of a contemporary palace. As part of our mission to provide you with the most unique experience, we are pleased to announce the arrival at the spa of the Valmont brand, a Swiss expert in cellular cosmetics and state-of-the-art anti-aging care; and the arrival of new Porsche cars, whose elegance and comfort will make your expeditions in Marrakech and the nearby region even more magical. This season, we also invite you to celebrate the end of 2018 in style. Our program of festivities is our most extravagant yet, and it kicks off on November 3rd. We are driven every day to provide excellent service. So we would like to give you warm thanks for the moments shared and those yet to come. The whole La Mamounia team remains at your disposal to ensure you have an unforgettable stay.

PIERRE JOCHEM, DIRECTEUR GÉNÉRAL GENERAL MANAGER

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A TASTE FOR STREET FOOD Photography Mous Lamrabat


THE FOOD ISSUE

Mon enfance a été marquée par une richesse gustative héritée de ma mère. Maman aimait cuisiner, et ses invités gardaient toujours un souvenir ému et gourmand de ses meilleurs plats. Elle n’achetait que du frais et passait des heures à jauger les produits avec exigence. Au marché d’Agadir, elle allait toujours chez le paysan beldi (le terme “bio” n’était pas encore à la mode), celui qui avait des légumes cabossés. Et quand je lui demandais pourquoi elle les choisissait, ces carottes tordues, tomates aux formes saugrenues et autres navets pas taille mannequin du tout, elle me répondait que ces légumes étaient naturels et sans pesticides, que c’était du beldi, du bon, du vrai. Ce jour-là, j’ai compris qu’il fallait se méfier du Tout beau, et que la véritable beauté n’était pas forcément parfaite. De ces jours-là, j’ai aussi développé un goût ascendant pour les produits du terroir, avec une curiosité toujours renouvelée envers ce qui vient de la terre et une admiration pour ceux qui la cultivent, avec patience et respect. Dans ce numéro, je vous livre des conversations autour d’arômes et de saveurs, des histoires de transmission et de sauvegarde, des aventures humaines armées de passion, des liens tissés de partage… de la vie. Enjoy! _My mother’s refined taste left an indelible mark on my childhood. She loved to cook, and her guests cherished fond, mouthwatering memories of her best dishes. She bought everything fresh and would spent hours carefully selecting produce. At the Agadir market, she went to the beldi farmer (the term “organic” was not yet in fashion), the one who sold misshapen vegetables. I asked her why she chose the twisted carrots, odd-shaped tomatoes and imperfect turnips; she replied that these vegetables were natural and pesticide-free. They were beldi—good and real. That day, I realized that I had to be wary of everything beautiful, for true beauty did not lie in perfection. From then on, I developped a growing taste for local products, a bottomless curiosity about what comes from the land, and an admiration for those who cultivate it with patience and respect. In this issue, I present you with conversations about smells and flavors, stories of traditions passed on and preserved, passionate and humane adventures, and the bonds formed by sharing one’s life. Enjoy!

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THE FOOD ISSUE

MOUS LAMRABAT

KARIMA MARUAN

PHOTOGRAPHY

PHOTOGRAPHY

Né dans le nord du Maroc, Mous arrive très jeune en Belgique où il grandit. Après des études d’Architecture Intérieure il tombe dans la photographie en immortalisant ses clichés familiaux. Une passion qu’il cultive en autodidacte : sa vision de la photographie de mode occidentale s’enrichit de ses influences marocaines. Ses racines, ses traditions et sa culture sont son ADN artistique, tout ce que le Maroc recèle comme héritage l’inspire profondément et est de plus en plus présent à travers ses œuvres. Pour ce numéro 7 du Mim, Mous Lamrabat ballade son objectif dans le Souk d’Aït Ourir, pour une série sur le Street Food (la une et p. 54).

Karima Maruan est née et a grandi à Amsterdam, avant de s’installer à Marrakech. Sa passion pour la photographie, combinée à son goût pour la cuisine et une alimentation saine, l’a poussée à explorer de nouveaux territoires, des expériences artistiques créatives nourries par une curiosité intense pour la culture alimentaire marocaine. Parmi ses collaborations récentes, un travail photographique pour illustrer un livre de recettes sur la cuisine marocaine traditionnelle, qui sera publié l’été prochain. Pour ce Mim 7, Karima nous offre une série de portraits et de gestes, à travers “Cooking with” (p. 26).

_ Born in the north of Morocco, Mous arrived very young in Belgium where he grew up. After studying Interior Design, he came to photography by immortalizing his family’s pictures. A passion that he cultivates as a selftaught man: his vision of Western fashion photography is enriched by his Moroccan influences. His roots, traditions and culture and his artistic DNA, everything Morocco holds in terms of heritage deeply inspires him and is more and more present through his works. For this issue, Mous Lamrabat carries his lens around the Souk of Aït Ourir, for a series about Street Food (front page and p. 54).

_ Karima Maruan was born and raised in Amsterdam, before moving to Marrakech. Her passion for photography, combined with her love of cooking and healthy diet has pushed her to explore new territories, creative artistic experiences nourished by an intense curiosity for Moroccan food culture. Among her recent collaborations, a photographic work to illustrate a cookbook on traditional Moroccan food, which will be published next summer. For this edition, Karima offers us a serie of portraits and gestures, through “Cooking with” (p. 26).


KHALID FINE ARTS

Precious Treasures of History & Culture A luxurious gallery in the heart of the old Medina wich contains a sublime collection of original pieces and works of art: doors, fountains, tables, embroidery, rifles, Fez ceramics, rural pottery, antique carpets, etc.

“Mr El Gharib Khalid est un passeur de mémoire et de traditions. Un collectionneur averti, passionné, dont le regard traduit tout l’intérêt que l’on porte à notre histoire.”

HÔTEL LA MAMOUNIA, AVENUE BAB JDID. OPEN DAILY 10-8PM

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KHALID FINE ARTS: 2 RUE FATIMA ZAHRA, MARRAKECH MÉDINA. T + 212 5 24 37 84 84 GALERIE DAR EL BACHA: 51 RUE DAR EL BACHA, MARRAKECH MÉDINA. T + 212 5 24 39 09 86 KHALIDOUN ART: 52 BIS TRIK SIDI YAMANI, MARRAKECH MÉDINA. T + 212 5 24 42 74 20


CONTRIBUTORS

ASSIA BENNANI

MARC BELLI

MARIAM BOUCHAMANE

ILLUSTRATION

PHOTOGRAPHY

COLLAGE

Assia Bennani a grandi à Casablanca, vécu 18 ans en France où elle a étudié le design d’intérieur à LISAA Paris, puis s’est installée à Hong Kong en 2007. Elle navigue entre le graphisme, l’art mural et les illustrations de livres pour enfants ; son amour pour la texture et le travail des motifs est devenu sa marque de fabrique. On retrouve ses créations uniques dessinées à la main -impressions, peintures, livres de contes-, en ligne. L’artiste partage également sa passion avec de jeunes hongkongais. Ici, elle dessine à la main les ouvertures de rubriques, des scènes de magnolias, feuillages et pollen, nuage d’abeilles… Des pointillés poétiques à découvrir (p. 24, 44, 52, 68, 76 et 96).

Marc Belli est designer graphique et directeur artistique de presse magazine. Au début des années 80, il intègre un studio de création parisien où il contribue à la refonte du quotidien Libération et pour lequel il réalisera les suppléments durant 10 ans. Par la suite il fait carrière dans un grand nombre de magazines pour lesquels il signe la conception graphique et la direction artistique. Plus récemment, il a produit et dirigé des shootings mode pour les éditions internationales de Marie Claire. Il vit depuis 2003 entre le Maroc et la France. Pour ce numéro 7 du Mim, il réalise les photographies du rucher collectif d’Inzerki (p. 78).

Née au Maroc au sein d’une famille de Tafraout, Mariam Bouchamane poursuit ses études à l’école Camondo à Paris, et en sort diplômée en Design et Architecture Intérieure. Elle travaille aujourd’hui sous l’égide de Ramdane Touhami et consacre son énergie à des projets artistiques personnels, tels la “Liseuse au bain”, pièce à vivre onirique présentée au Festival Design Parade à la Villa Noailles (2017). Amoureuse de l’histoire de l’art et des arts décoratifs, Mariam parie inlassablement sur le mariage complexe entre mouvements artistiques passés et modernité. Ici, elle nous livre des collages pour illustrer la passion d’un médecin pour la truffe (p. 46).

_ Assia Bennani grew up in Casablanca, lived 18 years in France where she studied interior design at LISAA Paris, then moved to Hong Kong in 2007. She proceeds between graphic design, mural art and book illustrations for children; her love for texture and pattern work has become her trademark. Her creations -printings, paintings and storybooks- can be found on her online shop, all unique, handmade, and in limited quantities. The artist also shares her passion with young people from Hong Kong. Here, she draws by hand the openings of sections, scenes of magnolias, foliage and pollen, cloud of bees… Poetic dotted lines to discover (p. 24, 44, 52, 68, 76 and 96).

_ Marc Belli is graphic designer and artistic director of magazine press. In the early 80s, he joined a Parisian design studio where he contributed to the reworking of the daily newspaper Libération and for which he produced the supplements for 10 years. Later, he made a career in a large number of magazines for which he signed the graphic design and artistic direction. More recently, he produced and directed fashion shootings for the international editions of Marie Claire. He has lived between Morocco and France since 2003. For Mim’s 7th issue, he takes the photographs of the collective apiary of Inzerki. (p.78)

_ Born in Morocco to a family coming from Tafraout, Mariam Bouchamane continued her studies at the Camondo school in Paris and graduated in Design and Interior Architecture. Today, she works under the aegis of Ramdane Touhami and devotes her energy to personal artistic projects, such as the “Liseuse au bain”, a dreamlike living room presented at the Festival Design Parade at Villa Noailles (2017). In love with art history and decorative arts, Mariam bets tirelessly on the complex marriage between past artistic movements and modernity. Here, she gives us collages to illustrate a doctor’s passion for truffles. (p. 46)

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MAINTENANT

BRAVO LA MAMOUNIA ! La Mamounia poursuit sa quête de l’excellence et de la constance pour toujours se hisser parmi les meilleurs. Elle vient de gagner une nouvelle récompense, pas des moindres : le très respecté magazine Condé Nast Traveler vient de la sacrer -le 9 octobre dernierMeilleur Hôtel au Monde et Meilleur Hôtel en Afrique. Plus d’un demi-million de lecteurs ont participé à ce vote hissant La Mamounia au premier rang. Rappelons que le Condé Nast Traveler Choice est le Prix le plus prestigieux dans l’industrie hôtelière du luxe.

_La Mamounia pursues its quest for excellence to always be among the best. Condé Nast Traveler has announced the results of its annual “Readers’ Choice Awards” (last October 9th) with La Mamounia recognized as the Best Hotel in the World overall and Best Hotel in Africa. Condé Nast Traveler is the most trusted and celebrated name in travel - nearly half a million Condé Nast Traveler readers submitted a recording-breaking number of responses rating their travel experiences to provide a full snapshot of where and how we travel today.


VALMONT INTÈGRE LE SPA DE LA MAMOUNIA

Il est l’expert suisse du cosmétique cellulaire et des soins anti-âge à la pointe de la technologie, alliant avec une précision scientifique ingrédients les plus nobles et propriétés relaxantes et anti-stress. Et depuis septembre dernier, la marque très select, que l’on retrouve notamment dans les spas des plus prestigieux palaces dans le monde, s’unit désormais à celui de La Mamounia. L’Elixir des Glaces ou encore le Prime Renewing Pack -vente phare de la marque depuis sa création- sont autant de produits incontournables de la marque Valmont, à présent disponibles ici. Tout comme Storie Veneziane, une collection de parfums bijoux en édition limitée, simplement magnifique et envoûtante.

À VOS CLUBS ! UN NOUVEAU PARCOURS JACK NIKLAUS… Le champion international de golf, et architecte de terrains, appose sa première empreinte en Afrique du Nord. Jack Niklaus propose une échappée au Michlifen Golf & Country Club, situé au cœur du Moyen Atlas et d’une nature majestueuse et préservée. Le 18 trous s’étend majestueusement, en hauteur -1650 m d’altitude-, il offre des points de vue naturels époustouflants. Lieu de partage détendu et convivial autour de la passion du golf, ce point de rendez-vous élégant, confortable et raffiné, assure une infrastructure d’excellence et un parcours prestigieux. On peut apprécier une pause méritée au restaurant du Club, avec une vue sur les montagnes à couper le souffle. Pour les soirées fraîches, on se retrouve autour de la grande cheminée du salon, pour un apéritif chaleureux. Ce moment particulier promet d’être un régal.

_GET YOUR CLUBS! A NEW JACK NIKLAUS COURSE… The international golf champion, and course architect appends his first print in North Africa. Jack Niklaus offers us a break to Michlifen Golf & Country Club, located in the heart of the Middle Atlas and a majestic and protected nature. The 18 hole-course stretches majestically, high up -1650 meters in height-, it offers breathtaking natural views. A relaxed and friendly place to share your passion for golf, this elegant, comfortable and sophisticated meeting point provides an excellent infrastructure and a prestigious course. You can enjoy a well-deserved break at the Club restaurant, with an extraordinary view of the mountains. For cooler evenings, we meet around the large fireplace in the lounge for a warm aperitif. This particular moment promises to be a delight.

_VALMONT ENTERS THE SPA OF LA MAMOUNIA He is the Swiss expert in cellular cosmetics and anti-aging care at the cutting edge of technology, combining with scientific precision the finest ingredients and relaxing and anti-stress properties. And since last September, the very select brand, that can be found in the spas of the most prestigious hotels in the world, joins now the one at La Mamounia. Elixir des Glaciers or Prime Renewing Pack -the brand’s flagship product since its creation- are all essential products of the Valmont brand, now available here. Just like Storie Veneziane, a limited edition of an olfactory high jewelry collection, quite simply magnificent and bewitching.

EXCLUSIVE SALE SPA LA MAMOUNIA, 7/7 9-9PM

WWW.MICHLIFEN.COM

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HERE & NOW

JARDINS GOURMANDS

DES MOMENTS FESTIFS AVEC PIERRE HERMÉ

La Boutique Pierre Hermé à La Mamounia propose désormais de sublimer vos fêtes, en y apportant sa contribution prestigieuse : pyramide de macarons ou de choux, entremets rectangulaires (chocolat, 2000 feuilles, millefeuilles infiniment vanille, fraisier…), gâteau d’anniversaire, ou des pièces sur-mesure façonnées selon les envies, pour des cadeaux d’exception. Livraison à Marrakech centre-ville offerte à partir de toute commande de 1.200 MAD. Casablanca et Rabat, selon devis.

_FESTIVE MOMENTS WITH PIERRE HERMÉ La Boutique Pierre Hermé de l’hôtel propose une nouvelle collection inédite intitulée “Jardin de La Mamounia”. Explosion de saveurs et invitation au voyage, le macaron et le cake regorgent de sapidités locales. Au cœur de la douceur de l’Amlou, pâte typiquement amazighe (berbère), elle est un subtil mélange d’amandes, de miel et d’huile d’Argan. Viennent s’y ajouter délicatement des notes citronnées et de fleur d’oranger. Un délice.

_GOURMET GARDENS The Pierre Hermé Boutique of the hotel proposes a new collection entitled “Jardin de La Mamounia”. Explosion of flavors and invitation to travel, the macaroon and cake are full of local savors. At the heart of the Amlou’s sweetness, typical Amazigh (Berber) pastry, it is a subtle mixture of almonds, honey and Argan oil. Lemon and orange blossom notes are delicately added. A delight.

The Pierre Hermé Boutique in La Mamounia now offers to make your parties sublime, by providing its prestigious contribution: pyramids of macaroons or buns, rectangular desserts (chocolate, 2000-feuilles, infinitely vanilla mille-feuilles, strawberry cream cake…), birthday cake, or made to measure pieces shaped according to your desires, for exceptional gifts. Free delivery Marrakech city center on any order of 1.200 MAD. Casablanca and Rabat, according to estimate.

EXCLUSIVE SALE : BOUTIQUE PIERRE HERMÉ, LA MAMOUNIA. T +212 5 24 38 86 00

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HERE & NOW

RENCONTRE À LA MAMOUNIA AVEC

MEHDI QOTBI Texte & Interview MOUNA ANAJJAR Photographie FONDATION NATIONALE DES MUSÉES

Il arrivait tout juste de Casablanca, nous avions convenu de nous retrouver à La Mamounia. 19h, la galerie Majorelle est pleine. La longue enfilade qui dessert d’un côté le restaurant italien, et de l’autre son bar, révèle, dans un clair-obscur étudié, une clientèle chic aux accents hétéroclites, que l’on a plaisir à contempler. Les rythmes jazzy de l’excellent trio résident font se dandiner sans gêner la conversation. Une Mamounia telle qu’on l’aime, où pulse la vie sur les refrains d’une sophistication flirtant avec une élégance intemporelle. Sous la splendide fresque que Jacques Majorelle avait peinte en 1923, Mehdi Qotbi me dessine son parcours. Des mots qui virevoltent d’enthousiasme. “Je m’amuse, c’est que du bonheur”, me dit-il. “Il m’a ouvert des portes extraordinaires… Les gens m’arrêtent et me remercient d’avoir fait venir Picasso, Giacometti…” Le pari n’était pourtant pas gagné, et les détracteurs aux langues déliées, loin d’être tendres. En 2011, notre homme se voit confier les clés de l’Art et de la Culture du Royaume : le voilà alors nommé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc, héritant de la gestion de quatorze musées. Mehdi Qotbi s’attelle à la tâche et s’arme de patience et de témérité. Il dépoussière et redonne du lustre, pour offrir un nouveau souffle émancipateur à des bâtiments parfois décrépis. Cinq musées voient le jour depuis -cultures méditerranéennes à Tanger, histoire et civilisations à Rabat, céramique à Safi, et deux à Marrakech, le musée des confluences à Dar El Bacha et celui du tissage et du tapis à Dar Si Said- ; tandis que d’autres se préparent, à Meknès, à Tétouan et à Fès. Son dernier -ouvert le 28 juin- se niche dans la sublime demeure fin XIXe, Dar Si Saïd, dans la Médina de Marrakech. Le tapis s’y conjugue au pluriel, multipliant la représentation des savoir-faire marocains par région. Époustouflante richesse nationale. Les Marrakchis, heureux, arrêtent Si Qotbi dans la rue pour lui témoigner de leur reconnaissance (ici, depuis l’ouverture, tous les vendredis, l’entrée est gratuite pour les riverains). Cette affluence des Marocains dans les musées -fait récent de notre histoire socialelui procure beaucoup de joie. Il me raconte qu’une famille modeste avait un jour fait le voyage d’Ahfir (près d’Oujda) jusqu’à Rabat, 565 kilomètres pour voir l’exposition Picasso au musée Mohammed VI… Lui, qui enfant a été livré à la rudesse décharnée de la rue, ne peut qu’être ravi d’insuffler quelques grammes de culture dans un monde en quête de sens et d’identification. “Connais-toi toi-même avant de connaître les autres. C’est en connaissant son patrimoine et sa culture qu’on peut comprendre celle des autres et les respecter.” À cela il s’est attelé, avec la conscience aiguë de sa chance, “Sans cette lumière royale, je n’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait. C’est elle qui éclaire mon chemin”, le cœur empli de gratitude : “Le Bon Dieu m’a fait un énorme cadeau : me faire naitre pauvre ; il m’a habillé petit à petit, et m’a nourri petit à petit.”

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LE QUESTIONNAIRE NOURRITURES TERRESTRES Votre madeleine de proust : le plat de votre enfance ? Le Couscous au gueddid (viande séchée). C’était la chose la plus merveilleuse. Mon frère m’en a apporté l’autre jour, j’ai demandé à ma cuisinière de me le préparer. Cela m’a replongé dans une période où je n’avais même pas les moyens d’acheter un gâteau… _M.A. : Le plat qui vous émeut le plus ? _M.Q. : Le Trid*. Et celui de La Mamounia est exceptionnel ! Sincèrement, pour moi, c’est le meilleur restaurant marocain où l’on mange une véritable cuisine maison. _M.A. : Vous recevez à diner, que servez-vous ? _M.Q. : Je commence toujours par une Pastilla aux amandes et au poulet (ou pigeons). Ensuite un ensemble de salades marocaines. Puis je sers un poisson avec sa chermoula, car nous avons d’excellents poissons au Maroc. Après, vient le Tagine au poulet (toujours beldi), avec une variante : des carottes caramélisées et acidulées aux citrons confits. J’avais découvert ce plat chez Lalla Aïcha (sœur de SM le Roi Hassan II), c’était mon premier dîner chez la famille royale. Ce tagine était divin. _MOUNA ANAJJAR : _MEHDI QOTBI :

(*) Plat traditionnel servi lors d’une naissance, à base de feuilles de msemen (crêpes) en rubans, d’une sauce au poulet, agrémentée de lentilles, fenugrec et épices.

DAR SI SAÏD, MARRAKECH

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ENGLISH VERSION

An evening at La Mamounia with Mehdi Qotbi

Text & Interview MOUNA ANAJJAR + Photography FONDATION NATIONALE DES MUSÉES

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AN EVENING AT LA MAMOUNIA WITH MEHDI QOTBI

He had just arrived from Casablanca, and we arranged to meet at La Mamounia. At 7 o’clock, the Majorelle gallery is full. The passage, which opens onto an Italian restaurant on one side and its sister bar on the other, is a chiaroscuro study of the chic clientele. We take in the varied accents and sway to the jazzy rhythms of an excellent trio. This is La Mamounia at its best: pulsing with life in a dance between sophistication and timeless elegance. Under the splendid fresco painted by Jacques Majorelle in 1923, Mehdi Qotbi describes his professional journey. His words are alive with enthusiasm. “I’m having fun. It’s such a joy,” he told me. “It has opened extraordinary doors for me… People stop me and thank me for bringing in works by Picasso, Giacometti…” It wasn’t an easy path. He faced detractors who were far from gentle. In 2011, Qotbi was given the keys to the kingdom’s art and culture: His Majesty Mohammed VI named him president of the National Foundation of Museums of Morocco, making him the director of fourteen museums. Mehdi Qotbi applied himself to the task, armed with patience and temerity. He updated the museum system and gave it a new shine, breathing new life into at times decrepit buildings. Five new museums have since opened: Mediterranean cultures in Tangier, history and civilizations in Rabat, ceramics in Safi, and two in Marrakech—the Dar El Bacha Confluences Museum and a weaving and carpet-making museum in Dar Si Saïd. There are more to come in Meknes, Tétouan, and Fez. The most recent—open since June 28— is tucked into the sublime late-nineteenth century Dar Si Saïd palace in the Medina of Marrakech. The museum showcases a breathtaking tapestry of Moroccan traditional arts from various regions. It’s a national treasure trove. Marrakechis stop Qotbi in the street to show him their gratitude. Since the museum’s opening, residents have enjoyed free entry on Fridays. The growing popularity of museums among Moroccans is a recent phenomenon, and one that brings Mehdi Qotbi a lot of joy. He tells the story of a family of modest means that traveled 565 kilome-

ters from Ahfir (near Oujda) to Rabat to see a Picasso exhibit at the Mohammed VI Museum. He, who walked rough streets as a child, is thrilled to offer even an iota of culture in a world searching for meaning and identity. “Know yourself before seeking to know others. Knowing your own heritage and culture will allow you to understand and respect other cultures.” Acutely aware of his own good luck, he applied himself to that mission. “Without this royal benefaction, I could never have done what I did. That is what lights my way.” His heart overflows with gratitude: “God has blessed me with a great gift: I was born poor, and little by little, he has clothed me. Little by little, he has fed me.”

3 FOOD QUESTIONS FOR MEHDI QOTBI - What is your Proust’s madeleine: the emblematic dish of your childhood? Couscous with gueddid (dried meat). It was the most marvelous thing. My brother brought me some the other day and I asked my cook to make me some. It brings me back to a time when I couldn’t afford desserts. - The dish that most moves you? Trid*. La Mamounia’s version is exceptional! Sincerely, for me, it’s the best Moroccan restaurant where one can eat true Moroccan home cooking. - When you host dinner parties, what do you serve? I always begin with a chicken (or pigeon) and almond Pastilla. Next, the whole array of Moroccan salads. I always serve fish with chermoula, since we have excellent fish in Morocco. Next comes a traditional chicken tagine with one adjustment: caramelized carrots with preserved lemon. I discovered this dish at the home of Lalla Aïcha (sister of HM King Hassan II). It was my first meal with the royal family. The tagine was divine. (*) A traditional dish served to celebrate a birth. A mound of shredded msemen (crepe-like pastry) is topped with chicken and lentil stew, fenugreek and many other spices.

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HERE & NOW

QUE LA FÊTE COMMENCE… ET QU’ELLE CONTINUE ! La Mamounia nous invite à célébrer le nouvel an ! Pensé et élaboré avec soin, le programme s’annonce joyeux, élégant et pétillant. Les soirées exceptionnelles sont au nombre de cinq, et nous entraînent, pour partager de folles heures festives dans ce lieu mythique qui brille à Marrakech depuis presque cent ans. 3 NOVEMBRE 2018

“THE LAUNCH PARTY” Les reprises stimulantes des Phly Boyz donnent le La des festivités de cette année, suivies des sept membres formant The Fellas et l’incontournable DJ LeAm, résident de La Mamounia en fête.

on croise de nouveau le chemin rythmé des Phly Boyz suivis d’Ibiza Live Orchestra (Duane, Dawn & Rachel). Puis cuivres et percussions résonnent avec ALR Live Experience, et enfin place à La Mamounia All Stars, avec Francesca, Carine, Cairo, Graciela & Rene… DJ LeAm, Holly & Michel vous tiennent éveillés pour accueillir 2019 en beauté. 1ER JANVIER 2019

“THE FIRST BRUNCH” Au Pavillon de la Piscine, invitation au premier brunch de l’année, accompagné des notes mélodieuses apportées par Carine puis les Phly Boyz.

28 DÉCEMBRE 2018

“THE FIRST PARTY” Les Phly Boyz nous entraînent dans des ambiances hollywoodiennes, suivis de Carine, l’envoûtante chanteuse libanaise. DJ LeAm & Holly rythment la touche finale de cette première soirée festive à la Galerie Majorelle… Tandis qu’au Français, Jamal et les Phly Boyz s’y succèdent.

the tone for this year’s festivities, followed by the seven members of The Fellas and the great DJ LeAm, resident of La Mamounia in celebration. DECEMBER 28th 2018

“THE FIRST PARTY” The Phly Boyz take us into Hollywood atmospheres, followed by Carine, the captivating Lebanese singer. DJ LeAm & Holly give rhythm to the final touch of this first party at the Majorelle Gallery… While at the French Restaurant, Jamal and the Phly Boyz succeed each other. DECEMBER 29th 2018

“THE STARTER PARTY” The Phly Boyz introduce the party, The Fellas take over. DJ LeAm & Holly joyfully end the evening at the Majorelle Gallery. And meanwhile, at the French Restaurant, Carine and Kate add to the dinner a magical touch. DECEMBER 30tth 2018

“THE BEFORE PARTY” The Phly Boyz launch the party, followed by Switch and the happy duet composed of DJ LeAm & Holly who animate the Majorelle Gallery. At the French Restaurant, the Phly Boyz still entertain us, followed by Francesca Lys.

29 DÉCEMBRE 2018

“THE STARTER PARTY” Les Phly Boyz introduisent la soirée, The Fellas prennent le relais. DJ LeAm & Holly clôturent joyeusement la soirée à la Galerie Majorelle. Et pendant ce temps, au Français, Carine et Kate donnent au dîner une touche féérique. 30 DÉCEMBRE 2018

“THE BEFORE PARTY” Les Phly Boyz inaugurent la soirée, suivis de Switch, puis du joyeux duo composé de DJ LeAm & Holly qui animent la Galerie Majorelle. Au Français, les Phly Boyz nous régalent encore, suivis de Francesca Lys. 31 DÉCEMBRE 2018

“THE PARTY” Les Phly Boyz, The Legends & Graciela et Carine apportent gaité à la dernière soirée de l’année à la Galerie Majorelle. Au Français, on se réjouit avec Kate puis Paddy Keys. À la Galerie Mamounia,

DECEMBER 31st 2018

_LET THE PARTY COMMENCE… AND CONTINUE! La Mamounia invites us to celebrate the New Year! Carefully thought out and elaborated, the program promises to be joyful, elegant and glimmering. There are five exceptional evenings, taking us to share long festive hours in this mythical place that has shone in Marrakech for almost a hundred years. NOVEMBER 3rd 2018

“THE LAUNCH PARTY” The Phly Boyz’ stimulating covers set

“THE PARTY” The Phly Boyz, The Legends & Graciela and Carine bring joy to the last party of the year at the Majorelle Gallery. At the French Restaurant, we feel joyful with Kate then Paddy Keys. At the Mamounia Gallery, we meet again the rhythm of the Phly Boyz, followed by Ibiza Live Orchestra (Duane, Dawn & Rachel). Then the brass instruments and percussions resonate with ALR Live Experience, and finally, make way for La Mamounia All Stars, with Francesca, Carine, Cairo, Graciela & Rene… DJ LeAm, Holly & Michel keep you awake to welcome 2019 on a high note. JANUARY 1st 2019

“THE FIRST BRUNCH” At Le Pavillon de la Piscine, invitation to the first brunch of the year, accompanied by the melodious notes brought by Carine and the Phly Boyz.

HÔTEL LA MAMOUNIA : AVENUE BAB JDID, MARRAKECH MAROC. T +212 5 24 38 86 00

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BEAUTIFUL PEOPLE

MALAIKA ARORA KHAN & CHRISTIAN LOUBOUTIN MIRANDA KEER FANNY ARDANT MONICA BELLUCCI PETER DUNDAS ADRIAN BRODY LAMBERT WILSON PRINCE ALBERT II & PIERRE JOCHEM JENNIFER ANISTON ELIZABETH HURLEY JOAN COLLINS NOÉMIE LENOIR & PIERRE JOCHEM POPPY & CARA DELEVIGNE VALERIA BRUNI-TEDESCHI, VALERIA GOLINO, KARINE SILLA, & ELSA ZYLBERSTEIN GEMMA ATERTON PIERRE JOCHEM & KATE HUDSON SHARON STONE & PIERRE JOCHEM AMITABH BACHCHAN MATTHEW WILLIAMSON & HIS MUSES GWYNETH PALTROW

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MIM BY LA MAMOUNIA 7 PART I

MAINTENANT

NOW

[AL-AAN]

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MAINTENANT

Texte MOUNA ANAJJAR Photographie KARIMA MARUAN


Suivez-nous pour un périple culinaire marrakchi, au centre ville, en Médina, ou sur les hauteurs de l’Atlas, on part à la découverte de passions et de traditions culinaires. Ils nous ont ouvert leur cuisine avec grâce et émotion. Avec vous, nous partageons leurs recettes et leur histoire. _Join us on a culinary tour of Marrakech. From the city center to the Medina and the heights of the Atlas Mountains, we set out to discover passionate individuals and culinary traditions. These cooks graciously let us into their kitchens, and shared their stories and recipes. It is now our turn to welcome you into their world.


COOKING WITH…

LA TANJIA DE POULET DE MOHAMED KENNARI

Nous nous étions garés à Riad Laârouss, pour nous diriger à pied vers la Médersa Ben Youssef, empruntant la longue allée de Sidi Abd El Aziz, avant d’épouser les sinuosités et enfilades des ruelles étroites de la Médina qui nous mèneraient à destination. Sur notre chemin, derrière une énorme porte en bois mi-close un peu déglinguée, on entend résonner le son du guembri. La curiosité nous fait pousser la porte, et là, devant notre regard ébloui, un mini concert privé s’improvisait dans la beauté de la pénombre. L’homme au guembri nous intima de nous asseoir d’un hochement de tête, pendant qu’il poursuivait, avec les deux autres qui l’accompagnaient aux qraqeb (castagnettes gnaoui), sa jam session. Le temps s’arrêta, la transe était douce ; sa voix envoûtante. Nous restâmes un instant en contemplation. Une famille de touristes japonais poussa la porte à son tour, accompagnée d’un guide, puis s’intégra au spectacle le temps d’une photo. Quelques morceaux plus tard, les musiciens posent leurs instruments, le silence envahit l’espace avant que la conversation ne lui cède place. Nous échangeâmes des Salam et convenances, puis l’homme au guembri se leva, sa tunique rouge carmin se déroula sur son corps laissant apparaitre à l’extrémité de ses genoux un sarouel bleu Klein. Il s’oriente vers nous et nous convie à emprunter les petites marches étroites qui se distinguent dans le fond de la pièce, pour visiter le four se trouvant en bas. Nous sommes dans un farnatchi, four collectif typique où les habitants du quartier viennent déposer leurs tagines et tanjia à cuire. Ces fours traditionnels ont la particularité d’être adossés à des hammams, car leur bois chauffe le bain, tandis que les braises servent à faire mijoter, toute la nuit, jarres et tagines en terre apportés la vieille

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par les voisins. Aujourd’hui, les farnatchi sont nettement moins nombreux, les hammams modernes ayant plutôt recours au gaz, ou à l’énergie solaire pour les plus innovants. Le bois est rare, cher, anti-écologique… et ces pratiques traditionnelles et communautaires se limitent à certains quartiers populaires et villages. Notre “moul el-farnatchi” (celui qui tient le four) est gnaoui, il se nomme Mohammed Kennari. Je lui demande depuis combien de temps il exerce ce métier, depuis combien d’années est-il installé là. Il me répond sans ménagement : “On ne compte plus… Mais j’en ai marre, je veux rentrer à la maison”. “Où est la maison ?”, m’empressai-je d’interroger. “Là bas, à Zagora”, répond-il. Son regard s’éteint sur ce visage qui semble ne s’illuminer que lorsqu’il s’empare de son guembri. Le second jour, lorsque nous revenons lui rendre visite pour lui apporter les ingrédients nécessaires à la préparation de notre tanjia -au poulet-, Mohammed est d’une humeur plus affable, nous avons pu discuter plus longuement. Il m’apprend que le four existe depuis cinquante quatre années, qu’il est tenu de père en fils. Tout comme la tagnaouite, tradition héritée de ses ancêtres : son père jouait le t’bel (timbale), le grand-père, le guembri comme lui. Son instrument est d’une grande beauté, en noyer il est incrusté de nacre, c’est lui-même qui l’a fabriqué. Quand je lui demande de me traduire les paroles d’un morceau qu’il venait de scander, son regard s’évapore à nouveau dans les contrées invisibles et lointaines, avant de me répondre non sans mélancolie : “Je chante pour la liberté de l’âme”.



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RECETTE

Le poulet -fermier- est lavé puis nettoyé au citron. Mohammed le place dans la jarre en terre et ajoute les ingrédients : une pincée de sel, de cumin et gingembre, des gousses d’ail, le m’ssiyer (citron confit) et l’huile d’olive. Le smen (beurre rance) est rajouté pour une tangia à la viande uniquement. Ensuite il couvre la tanjia de papier kraft qu’il ficelle pour la fermer. Puis il laisse cuire à feu doux sur les braises 2 à 3 heures (en compter 4 pour la tanjia à la viande).

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MAINTENANT

LE COUSCOUS À L’ORGE ET AUX NAVETS DE MINA

Il y a des lieux qui se méritent, qui tentent de vous échapper par des chemins escarpés. D’abord, il y a la route qui mène à la vallée de l’Ourika, aux abords du Haut Atlas, à une trentaine de kilomètres de Marrakech. Mais pour arriver à Tizi n’Oucheg, il faut parcourir quelque trente autres kilomètres en direction de Setti Fatma, emprunter la passerelle de Tazitounte, qui vous fait traverser l’oued, pour passer rive gauche et commencer l’ascension par un sentier qui vous conduira jusqu’à Tizi n’Oucheg, 1.600 mètres plus haut. Les cimes de l’Atlas se dessinent au gré des circonvolutions, la fraicheur se fait sentir : on est loin des 40 degrés qu’affichait le thermomètre à Marrakech. La majesté de la montagne appelle au silence et force l’émerveillement. “Dois-je vous laisser ici ?”, la voix de notre chauffeur retentit, nous sortant de notre rêverie, et nous rappelle que nous sommes déjà arrivés. Le gite de Tizi n’Oucheg se dressait devant nous. Rachid Mandili, président de l’association du village, nous y attendait. J’étais enthousiaste à l’idée de le rencontrer. Cet homme, par sa volonté et l’implication des autres villageois, avait réussi à sortir son petit bourg enclavé de la précarité qui le menaçait, et à l’ouvrir au monde, en construisant route et école, parmi nombreux autres projets. Aujourd’hui, Rachid a la mission de nous présenter une femme du village, gardienne d’une recette typique et ancestrale : un couscous aux navets séchés (Seksu n’Tirkmin en berbère). Mina, 53 ans, fait partie des natifs de Tizi n’Oucheg, elle a toujours vécu ici et y a élevé ses cinq enfants -trois garçons et deux filles. Elle est la cousine de Rachid. “Ici tout le monde est de la famille”, nous précise celui-ci, sourire bienveillant accroché aux lèvres.

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Mina nous attendait chez elle, quelques maisons plus loin. Dans sa cuisine, elle égrenait déjà le couscous, auquel elle ajoutait du beurre rance. Elle nous précise qu’elle n’utilise la semoule d’orge que pour les grandes occasions. Les aliments qu’elle a choisis sont naturels. Parfois, elle avoue se laisser tenter par la facilité : l’arrivée de l’électricité, du réfrigérateur et des produits industriels au village, a quelque peu modifié les habitudes alimentaires des habitants. Autrefois, elles étaient simples et ascétiques, bénéfiques pour la santé. On se nourrissait essentiellement des légumes du verger, de céréales (orge et blé), de plantes sauvages, et on conservait les aliments qui ne pouvaient se garder. Les navets, par exemple, semés au printemps et cueillis deux mois plus tard, deviennent rapidement durs et fibreux et ne se conservent pas très longtemps… Alors, Mina les découpe en quatre, les attache à une corde et les laisse sécher au soleil. Ainsi pourra t-elle les garder plus d’un an. Elle en agrémente aujourd’hui le couscous, qu’elle servira accompagné de morceaux d’épaule d’agneau, qui ont longuement mijoté dans une sauce à base de tomate, de gingembre, d’huile d’olive, de poivre, cumin et persil ciselé. L’heure de passer à table a sonné. Mina s’active pour servir le couscous pendant qu’il est chaud. La table est dressée sur la terrasse ; Rachid est là, toute la famille est là. Mina arrose généreusement les graines de semoule de sa sauce, et nous invite à tendre la main vers le plat, nous servant du petit lait saupoudré de thym frais en guise de boisson. Le régal est absolu, le silence emplit à nouveau l’espace, les montagnes autour pour seul paysage, nous rappellent à quel point nous sommes chanceux, de pouvoir apprécier la simplicité d’un tel moment.



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RECETTE

Couscous à la semoule d’orge travaillé au smen (beurre rance). Agrémenté de navets séchés et de morceaux de gigot d’agneau -cuits dans une sauce à base de tomate, de gingembre, d’huile d’olive, de poivre, cumin et persil. Ce plat se savoure à merveille avec, comme boisson, un petit lait saupoudré de thym frais.


COOKING WITH…

LE POULET AU CITRON CONFIT ALLÉGÉ DE SOUHAIL

Je retrouve Souhail Tazi un mardi matin au marché bio de La Trattoria. Au milieu de ses tomates, potirons, poivrons et herbes sauvages, nous parlons de choses et d’autres, puis d’alimentation saine et équilibrée, mais aussi de la possibilité de concevoir une cuisine marocaine plus légère, avec des recettes quasi-identiques, surtout beaucoup plus rapides à préparer. Il me parle de son fameux poulet au citron confit revisité en ces termes : “Tout est bon et après le repas, on n’est pas ballonné, on est juste bien…”. Un grand classique de la cuisine marocaine qu’il prépare au Wok en quinze minutes chrono ! Le rendez-vous est pris quelques jours plus tard dans sa ferme, le Domaine Sauvage Bio, où Souhail nous invite à le rejoindre en cuisine. RECETTE

- Au wok, dorer les oignons avec du gingembre frais émincé dans un filet d’huile d’olive chaude. - Rajouter le poulet fermier émincé, puis faire revenir. - Ensuite rajouter ail frais, coriandre, curcuma, poudre de gingembre et safran bio de Taliouine. - À la fin (les dernières 2mn), rajouter le citron confit et les olives. Décorer le plat avec des œillets d’Inde (fleur sacrée plantée ici parce que jolie, son goût est passable et elle lutte contre les bactéries du système intestinal). Accompagner d’aubergines au tamari et d’une entrée aux tomates roses et rouges et courgettes de saison à la chermoula (ail, basilic thaï, citron, paprika, cumin et gros sel marin).

Il y a sept ans, il faisait l’acquisition de ce terrain situé sur la route de Ouarzazate près d’Ait Ourir. Le site est escarpé mais doté d’une petite surface plate, la terre est nue, Souhail y plantera des oliviers, puis petit à petit tout le reste, selon une approche holistique et régénératrice, inspirée des principes de la permaculture. Ici le verger est établi selon un modèle qui favorise un maximum de diversité d’espèces de plantes, d’insectes et d’animaux. Cela permet de reconstituer un écosystème naturel, qui attirera les oiseaux, les pollinisateurs et insectes qui combattront les ravageurs. Souhail a développé une conscience biologique, ou plutôt organique, depuis son plus jeune âge. Petit, il accompagnait son père chaque semaine au marché fermier local -dans le région du Gharb. Il y allait pour l’aider à porter le panier. Même s’il vivait l’escapade telle une corvée, il aimait néanmoins écouter les échanges de son père avec les paysans fermiers du coin. “Sur le moment je n’aimais pas trop, mais ça m’amusait quand même...”, nous apprend-il.

Aujourd’hui, le lieu produit des paniers de légumes et autres produits entièrement naturels, que Souhail fournit dans les principaux marchés bio de la ville. Toujours à la recherche d’anciennes semonces authentiques, il porte une affection particulière aux céréales non modifiées génétiquement (comme l’orge appelée “grain du prophète”), aux légumes anciens du Maroc -dont ces oignons du Haut Atlas-, et à d’autres légumes anciens d’Europe : différentes chicorées, chou-raves, tomates, courges et oignons. Lorsqu’on demande à Souhail comment apprend-on à faire de la permaculture, il nous répond : “Cela ne s’apprend pas, on ne fait que constater ce que fait la nature et on observe… Tout le monde peut le faire”. Il se tait un instant, puis me regarde. Face à mon interrogation muette persistante, sourire en coin, il poursuit : “Celui qui m’a influencé c’est Fukuoka, l’agriculteur japonais, qui partait et jetait les graines, et comme les hamsters et les oiseaux mangeaient tout, il a commencé à pailler…”. Pour mieux comprendre -et sentirson approche, je vous invite à aller l’observer cuisiner au Domaine Bio Sauvage, où des moments simples et amicaux s’improvisent au grès des thèmes dans sa cuisine ouverte, pour des repas à quatre mains et plus.



MAINTENANT

LES GNOCCHIS ALLA SORRENTINA D’ANTONIA

Dans une maison italienne, les pâtes sont la première chose que vous remarquerez dans la cuisine. Et les gnocchis sont un grand classique, à base de pommes de terre et de farine (et parfois d’œuf), qui s’agrémentent d’accompagnements à l’envie. À Rome, ils sont traditionnellement préparés les jeudis, selon le proverbe romain “jeudi gnocchi, vendredi poisson, samedi tripes”, et aujourd’hui encore, certains restaurants ne servent les gnocchis que les jeudis.

RECETTE

- Bouillir les pommes de terre dans de l’eau. - Les écraser et mélanger avec de la farine, du parmesan, un œuf et une pincée de sel, jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse et souple. - Sur un plan de travail fariné, couper la pâte en tranches et former des boudins de 2 cm de diamètre, les couper en tronçons de 2-3 cm et les fariner, puis rouler chaque gnocchi sur le dos d’une fourchette ou d’une râpe pour strier la pâte. - Faire cuire les gnocchi dans un grand volume d’eau salée jusqu’à ce qu’ils remontent à la surface. - Égoutter et mélanger avec la sauce tomate, le basilic, le parmesan et l’huile d’olive.

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Mais chez Antonia, dans cette belle région de la Calabre où elle est née, les gnocchis sont le plat du week-end, qui se partage en famille. Un plat qui lui rappelle d’inoubliables souvenirs de sa grandmère, qui, chaque dimanche, passait derrière les fourneaux, se saisissait d’une casserole pour faire cuire les pommes de terre, et, avec la paume de sa main, roulait les longs boudins de pâte toute enfarinée qu’elle venait de confectionner, avant de les découper en petits morceaux, pour les jeter dans l’eau bouillante… Autant de gestes que de petits moments de bonheur qui ont marqué son enfance. “Ridi ridi che la mamma ha fatto i gnocchi” (“Réjouis-toi, maman a fait des gnocchi”), entonne-t-elle en travaillant sa pâte (ndrl : en temps de disette, le jour des gnocchis était sacré : il se célébrait joyeusement comme une occasion rare et privilégiée). L’ex-pharmacienne -métier transmis dans sa famille depuis quatre générationsa appris à cuisiner avec “les anciennes” de la maison : “À chaque occasion, chaque fête, on se réunissait avec ma grand-mère, ma tante, les amies de ma tante… et toutes ensembles, on préparait la pasta, le pain, les gâteaux pour Noël, Pâques, les anniversaires… parce qu’au sud de l’Italie c’est comme ça la cuisine, c’est une affaire de famille”.

À Marrakech, où elle a emménagé en 2013, elle cuisine à la demande. Elle aime improviser des compositions au gré des produits du marché, et n’hésite pas à revisiter certains grands classiques de chez elle, les enrichissant de ses nouvelles influences marocaines, avec un goût passionné pour les épices. Sa cuisine est simple, sincère, généreuse ; des recettes de là-bas avec les produits d’ici, elle a cette capacité de vous coller un franc sourire. Parmi ses spécialités, le “brunch italien” : un assortiment de petits plats typiques de différentes régions d’Italie, qu’elle sert avec autant de variétés de sauces, des anchois, et les fameux friselles : ces petits pains ronds et croustillants des Pouilles, que l’on réhydrate avec de l’huile d’olive et sert avec des tomates cerises. Et, ces délicieux gnocchis, qu’elle prépare à la mode de Sorrente -rehaussés de sauce tomate, d’huile d’olive et de basilic-, et qui arrivent fumants dans nos assiettes. On les saupoudre de parmesan râpé. On rit, on en redemande… On en a encore les zygomatiques qui frétillent.



ENGLISH VERSION Text MOUNA ANAJJAR + Photography KARIMA MARUAN

Chicken tanjia from Mohamed Kennari

After parking at Riad Laârouss, we set out toward the Ben Youssef Madrasah, walking a while along Sidi Abd El Aziz before winding our way through the narrow and zigzagging alleyways of the Medina that would take us to our destination. Along the way, behind an enormous wooden door slightly ajar, we can hear the sound of a guembri (a three-stringed lute used by the Gnawa people). Curious, we push the door open, and there, to our surprise, we find that a tiny private concert is taking place in the beautiful half-light. The man playing the guembri gestures for us to sit and goes on playing with two others who accompany him with qraqeb (Gnawan iron castanets). Time seems to stand still; his voice is bewitching. We sit in contemplation for a moment. A family of Japanese tourists comes in with their guide and joins the audience just long enough to snap a picture. A few songs later, the musicians put down their instruments. The silence hangs for a moment before giving way to conversation. We exchange salam and pleasantries before the man who played the guembri stands, his carmine red tunic unfurling around his body to reveal his knees clad in blue harem pants. He leads us down the narrow steps at the rear of the room to visit the farnatchi. Farnatchi are collective ovens where neighborhood residents drop off their tagines (stews cooked in a pot with a conical cover) and tanjias (stews cooked in urn-shaped terra cotta cooking vessels) to be cooked. These traditional ovens normally adjoined hammams (public baths) for practical reasons: during the day, the wood fires would heat the hammam while at night, the jars and tagines brought by neighbors in the evening would simmer over the embers. Today there are far fewer farnatchi around. Modern hammams are heated with gas or solar energy. Wood is scarce, expensive, and environmentally unfriendly, and traditional community practices are limited to poor neighborhoods and villages. Mohammed Kennari, a member of the Gnawa ethnic group, is the “moul el-farnatchi” (the oven manager). I asked him how many years he had been working here. “We don’t count anymore,” he answered frankly. “But I’ve had enough, I want to go home.” “Where is home?” I asked. “Over in Zagora”. His face only lights up when he grabs his three-stringed guembri. When we returned the next day to bring him the ingredients for our chicken tanjia, Mohammed was in a better mood, and we spoke at length. I learned that the oven was built fifty-four years ago and has passed down from father to son, as has the “Tagnaouite,” the cultural, artistic, and spiritual tradition of the Gnawi: his father played the t’bel (a kettledrum); his grandfather, like him, played the guembri. His instrument is beautiful, made of walnut inlaid with mother of pearl. He made it himself. When I ask him to translate the lyrics of one of his songs, he gets a faraway look in his eye before answering me, in a melancholic tone: “I sing for the freedom of the soul.”

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RECIPE The farm-raised chicken is washed and then cleaned with lemon juice. Mohammed places it in the terra cotta jar and adds the ingredients: a pinch of salt, cumin, powdered ginger, cloves of garlic, preserved lemon, and olive oil. Smen (fermented butter) is used only in meat tanjias. Next, Mohammed covers the tanjia with kraft paper and seals it with string. The dish cooks over the embers at a low heat for 2 to 3 hours (or 4 for a meat tanjia).


COOKING WITH…

Couscous with barley & dried turnips from Mina

Some places you have to earn, places that could as easily slip through your fingertips. First, take the road that leads to the Ourika Valley, on the edge of the High Atlas range some twenty miles from Marrakech. To reach Tizi n’Oucheg, drive another twenty miles towards Setti Fatma and cross the Tazitoune bridge over to the Oued River’s left bank before beginning your one mile ascent along the winding dirt road to Tizi n’Oucheg. As the road hairpins up the slope and the air cools down, we start to make out the silhouettes of the mountains’ peaks. Far from the 40-degree Marrakech heat, this majestic rocky landscape inspires silence and wonder. “Should I let you off here?” With a booming voice, the driver interrupts our daydreaming to point out that we’ve already arrived. The Tizi n’Oucheg guest house stands before us. Rachid Mandili, head of the local committee, is waiting for us. I was excited to meet this man. Through his efforts, and thanks to the unwavering involvement of the entire community, he had dragged his small, isolated village back from the brink of poverty by opening it up to the rest of the world. Among a plethora of development projects, they built a road and a school. Today, Rachid has offered to introduce us to one of the village women. She is the keeper of a typical and ancestral recipe: dried turnip couscous (Seksu n’Tirkmin in Berber). Mina, 53, is a native of Tizi n’Oucheg. She has always lived in the village, where she raised her five children -three boys and two girls. She is Rachid’s cousin. “Here, everyone is family,” says Rachid with a warm smile on his face. Mina was waiting for us at home, a few houses down the road. In her kitchen, she’s already busy fluffing the couscous, to which she adds some fermented butter. She clarifies that she uses barley semolina only for important events. She’s selected natural ingredients. She admits that she sometimes gives in to convenience: the installation of electricity and the arrival of refrigerators and other industrial products has somewhat transformed the local eating habits. Once upon a time, villagers ate mostly what they could reap from their gardens: vegetables, wild plants, grain (wheat and barley). Turnips, for example, which are sown in the spring and picked a couple of months later, quickly turn tough and fibrous. They do not keep very long. So Mina quarters and hangs them on a rope to dry in the sun. That way, she can keep them for over a year. She uses them to add flavor to her couscous, which she serves today with chunks of lamb shoulder stewed slowly in a sauce of tomato, ginger, olive oil, pepper, cumin, and chopped parsley. The time has come to eat. Mina hurries to serve the couscous while it’s still warm. The table is set on the terrace. Rachid is here, along with the whole family. Mina douses the semolina generously with the sauce, and invites us to dig in. She offers a drink, fresh milk sprinkled with thyme. It's a perfect delight, and silence fills the space around us again. Our landscape of surrounding mountains reminds us how lucky we are to be able to enjoy the simplicity of this moment. RECIPE Barley couscous with smen (fermented butter). Supplemented with dried turnips and lamb chops cooked in an olive oil, tomato, ginger, pepper, cumin, and parsley sauce. This dish goes wonderfully with fresh thyme-flavored milk.

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ENGLISH VERSION

MAINTENANT

Chicken with preserved lemon from Souhail

I met Souhail Tazi on a Tuesday morning at the organic market, La Trattoria. Amidst the tomatoes, pumpkins, peppers, and wild herbs, we chatted about a healthy and balanced diet, and about how to make lighter and easier versions of Moroccan dishes while preserving the integrity of the original recipes. He told me about his take on the classic chicken with preserved lemon: “After the meal, you aren’t bloated, you feel good…” He prepares this Moroccan classic in a wok in just 15 minutes! We set a time to meet a few days later at his farm, le Domaine Sauvage Bio, where we will join him in the kitchen. Seven years ago, Souhail acquired the land on the Ouarzazate road near Ait Ourir. The lot was sloped with a small flat area of bare land where Souhail, inspired by the principles of permaculture, planted olive trees and later the rest of his crops. His holistic technique mimics the natural ecosystem, drawing birds, pollinators, and other insects that ward off pests. The result is an orchard bursting with a wide variety of plant, animal, and insect species. Souhail became interested in organic produce at a young age. Every week, he accompanied his father to the farmers market in the Gharb region to help him carry the baskets. He saw the outings as a chore, but he liked listening to his father’s conversations with the local farmers. “At the time, I didn’t like it much, but I had fun all the same…” he told us. Today, the farm produces baskets of vegetables and other all-natural products that Souhail supplies to the city’s main organic markets. Always on the hunt for traditional varieties, he is particularly fond of cereals that are not genetically modified, like the strain of barley known as “the prophet’s grain,” ancient Moroccan vegetables like High Atlas onions, and old European crops: various chicories, kohlrabi, tomatoes, squash, and onions. When I ask how Souhail learned the permaculture technique, he says, “It can’t be taught. You look at what nature has wrought and observe… Anyone can do it.” He pauses for a moment and looks at me. He smiles as I wait, silent, for him to go on. “I was inspired by the Japanese farmer Fukuoka, who would toss out his seeds, and as hamsters and birds ate everything, he would begin to turn the soil…” To get a better understanding of—and feel for—his approach, consider going to see him cook at the Domaine Bio Sauvage kitchen, where he holds themed cooking classes and tastings.

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RECIPE - Brown the onions and fresh minced ginger in preheated olive oil. - Add chopped farm-raised chicken and sauté. - Add fresh coriander seeds, curcuma, garlic, ground ginger, organic Taliouine Saffron. - Two minutes before removing from the heat, add the preserved lemon and olives. Garnish the dish with Indian carnations (a sacred flower in India, planted here because it is pretty, its taste is mild, and it fights bad bacteria in the gut). Serve with tamari baked eggplant and a starter of tomatoes and zucchini seasoned with Chermoula (garlic, Thai basil, lemon, paprika, cumin, and coarse sea salt).


COOKING WITH…

Gnocchis alla sorrentina from Antonia

Pasta is a staple of Italian households, and gnocchis are a classic. Made of crushed potatoes, flour, and sometimes an egg or two, the pillowy puffs lend themselves nicely to a variety of sauces. In Rome, gnocchi are traditionally prepared on Thursdays, according to the Roman proverb, “Thursday gnocchi, Friday fish, Saturday tripe”. To this day, many restaurants still stick to the calendar. But at Antonia’s place in the region of Calabria where she was born, gnocchi are a weekend dish for the family. A plate of gnocchi never fails to dredge up fond memories of her grandmother who made them every Sunday. She boiled the potatoes in a large pot and rolled the dough between her palms to form long ropes. She floured them and cut them in little pieces before tossing them into boiling water. The motions remind her of some of the happiest moments of her childhood. “Ridi ridi che la mamma ha fatto i gnocchi” (Be happy! Mom made gnocchi), she chants while working the dough (the saying dates to times of famine, when gnocchi were sacred and celebrated as rare and joyful treats). A fourth-generation pharmacist by trade, Antonia learned to cook with the family elders. “For every occasion and holiday, we got together with my grandmother, my aunt, my aunt’s friends… and together we would make pasta, bread, cakes for Christmas, Easter, and birthdays… In southern Italy, cooking is a family affair.”

RECIPE - Boil the potatoes in water. - Mash the potatoes and mix with flour, Parmesan, an egg, and a pinch of salt to form a smooth and supple dough. - On a floured cutting board or counter, cut the dough into chunks and roll into ropes about 2 cm in diameter. Cut it into 2-3 cm pieces and dust with flour. Roll each gnocchi along the prongs of a fork or a cheese grater to give them their telltale stripes. - Cook the gnocchis in a large pot of salted water until they float. - Drain and toss with olive oil, tomato sauce, basil, and Parmesan.

In Marrakech, where she moved in 2013, Antonia caters. She loves to improvise and create dishes that incorporate fresh market products. She revisits the Italian classics, enriching them with Moroccan influences and spices. Her cooking is simple, sincere, and generous: her recipes from home with spices from around the corner never fail to put a smile on your face. Among her specialties is an “Italian brunch”: an assortment of small dishes from different regions of Italy, served with a variety of sauces, anchovies, and the famous friselle—hard, twice-baked breads from Apulia that are rehydrated with olive oil and served with cherry tomatoes. Alongside these small treats, she serves her delicious gnocchi prepared alla Sorrentina—doused in tomato sauce, olive oil, and basil. They arrive steaming on our plates and we sprinkle them with grated Parmesan. After wolfing the dish down, it’s hard not to laugh as we ask for seconds.

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MIM BY LA MAMOUNIA 7 PART II

MAGNÉTIQUE

MAGNETIC

[MIGHNATISSI]

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MAGNÉTIQUE

LE MÉDECIN AGRICULTEUR

Texte FÉLINE GERSTNER Collage MARIAM BOUCHAMAN

Chirurgien à Casablanca, mais aussi producteur renommé de truffes noires, Abdelaziz Laqbaqbi se démarque par l’exercice de ces deux activités bien distinctes. Parti d’un défi personnel ambitieux, souhaitant démontrer que la truffe noire du Périgord peut se cultiver durablement au Maroc, il est aujourd’hui le seul producteur du Royaume, réputé pour le superbe parfum de sa truffe et son arôme développé. Nous vous proposons ici un récit de vie mené par passion.

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LE MÉDECIN AGRICULTEUR

LES PRÉMICES D’UNE VOCATION

La chirurgie, voilà son premier intérêt. Abdelaziz Laqbaqbi quitte le Maroc en 1976 après l’obtention d’un baccalauréat en Sciences Expérimentales au Lycée Omar Ibnou Abdelaziz de Oujda, au Nord-Est du pays. Il gagne la France pour y suivre des études de médecine à Reims, en Champagne-Ardenne. Celles-ci achevées, il rejoint alors le Sud-Ouest de la France, où il entame sa carrière à l’Hôpital Public de Cahors, dans la région du Lot. Dans cette région rurale, il soigne principalement les travailleurs locaux. Rapidement, les discussions prennent une tournure agricole, le médecin et ses patients partagent la même passion. De fait, originaire de la région de Debdou -à 700 kilomètres de Casablanca-, la famille Laqbaqbi est composée d’agriculteurs, avec lesquels il évolue au cours de ses premières années au Maroc, créant un attachement particulier à la culture des sols et des connaissances pointues dans ce domaine. Formé à la terre par son grand-père, il l’aide pendant les vacances estivales de son enfance, s’occupe des terrains, surveille les cultures -cerises, noix, olives-, récolte les céréales. “Je trouve dans la chirurgie et l’agriculture un parallélisme. Ce sont les mêmes exigences dans les deux disciplines, c’est la patience surtout. Comme disait mon grand-père : on sème, mais on n’est pas sûr de récolter. Et la chirurgie c’est comme ça : on opère, et souvent ça marche, et puis il y a des fois, on est déçus. Donc c’est la même chose. Peut-être avec moins de responsabilités en agriculture qu’en chirurgie…” La brèche est ouverte, par le billet de l’exercice de son activité professionnelle, Abdelaziz Laqbaqbi s’imprègne peu à peu des produits du terroir, typiques de la région du Lot : le safran, mais surtout la truffe ! La végétation, le climat, la flore, la faune, le terrain calcaire du Lot, tous les éléments lui rappellent vivement la nature du Maroc. L’idée émerge : s’il n’y a aucune raison apparente à l’absence de la truffe noire au Maroc, si toutes les conditions agricoles

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et climatiques sont réunies, alors il veut tenter de mener à bien ce projet, en guise de challenge personnel, et à ses risques et périls. Effectivement, après analyses précautionneuses du terrain, la région de son enfance -Debdou- se révèle être en totale adéquation avec les besoins physiologiques de la truffe noire. De surcroît, les terrains y sont vierges, absents de toute trace de pollution de cultures préalables. Et c’est ainsi que, avec l’aide de divers spécialistes de la truffe noire pour la mise en place des procédés nécessaires, mille chênes truffiers sont mis en terre la première année. Nous sommes en 2000. Quant à savoir si cela va marcher, si les arbres vont pousser, rien n’est de fait moins certain, mais le défi le stimule au-delà de ces considérations rationnelles. PREMIÈRE VICTOIRE

Les arbres prennent cette première année, mais les gelées sévissant durant cette même période, il déplore la perte de trois-cents d’entre eux. Qu’à cela ne tienne, l’expérience est renouvelée l’année suivante. En charge cette fois, un berger local. Il s’occupera de l’entretien des cultures et de l’irrigation sur toute la période de l’année. En raison de son travail en tant que chirurgien orthopédiste traumatologue à Casablanca, à sept-cents kilomètres du lieu de plantation, Abdelaziz Laqbaqbi suit l’avancée à distance et se rend une à deux fois par an sur les lieux. “Docteur, j’ai trouvé la chose, annonce le berger au téléphone, j’ai trouvé le miracle dont vous me parlez, j’ai trouvé des truffes sous le chêne, ça sent très fort et très mauvais.” Il est loin de se douter qu’il s’agit bien de l’odeur recherchée et convoitée. Nous sommes début décembre de la sixième année. Depuis Casablanca, une nuit de route s’étend devant Abdelaziz Laqbaqbi. Prennent part à l’aventure deux amis, dont un photographe professionnel et le chien truffier, préparé pour l’occasion. “J’ai fait la route toute la nuit. En arrivant sur les lieux, le berger me sort le truc, et c’était la tuber melanosporum.

Et moi, j’étais heureux comme deux.” Le processus est lancé ! UN SUCCÈS RECONNU

En 2006, invité au deuxième Salon International de l’Agriculture au Maroc, Sa Majesté le Roi Mohammed VI lui remet le Prix de l’Innovation, accompagné de ses félicitations et prompts encouragements. Stimulé par cette reconnaissance royale, Abdelaziz Laqbabqi double de travail. Aujourd’hui, il possède vingt-cinq hectares de chênes verts truffiers, et fait remarquable, 100% de ses truffières produisent. La chance y joue en fait un rôle minime. Avant tout, les truffières sont productrices grâce à un travail minutieux, rigoureusement effectué. Sans aide chimique aucune, la truffe impose d’évoluer dans un environnement équilibré, s’entourant d’une faune souterraine composée d’une quarantaine d’espèces -fourmis, vers de terre, …qui participent à l’équilibre d’ensemble. En projetant d’ouvrir un musée de la truffe, planifié sur l’emplacement de la troisième truffière à Imouzzer du Kandar dans le Moyen Atlas, Abdelaziz Laqbaqbi a pour but de diffuser ses connaissances et expériences de la tuber melanosporum. Fin connaisseur de la truffe noire, mais pas seulement, Abdelaziz Laqbaqbi gère aussi la plantation de son épice favorite : le safran. Proche de Marrakech, sa Safranière de l’Ourika accueille les visiteurs intéressés durant la période de cueillette. Si c’était à refaire… “Exactement pareil”, nous affirme Abdelaziz Laqbabqi ! Utilisée dans de nombreux restaurants prestigieux de Marrakech et Casablanca -La Mamounia, le Royal Mansour, Le Cabestan, …-, sa truffe locale permet aux gérants de ces hauts lieux de la gastronomie de faire abstraction d’une importation française pour l’usage culinaire de ce produit de luxe. De plus, avec la réussite de son projet ambitieux, le Maroc s’inscrit aujourd’hui sur la liste des pays producteurs de truffe noire, aux côtés de pays plus historiques en la matière tels que la France, l’Italie ou encore l’Espagne.



ENGLISH VERSION

The surgeon who grew truffles

Abdelaziz Laqbaqbi stands out for practicing two very different trades: he is a surgeon in Casablanca and also a notable black truffle farmer. Following a daring intuition that black truffle (originally harvested in France’s Périgord region) could be sustainably grown in Morocco, Laqbaqbi has become the country’s only truffle farmer, earning a reputation for the impressive flavor and subtle aroma of his product. And for living a life of passion. Text FÉLINE GERSTNER + Photography D.R.

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THE SURGEON WHO GREW TRUFFLES

AN EARLY CALLING Laqbaqbi’s primary interest was surgery. He left Morocco in 1976 after receiving his degree in experimental sciences from the town of Oujda’s Omar Ibnou High School in the Northeast. He travelled to Reims, France, for medical school. After graduating, he left again for the Southwest of France, where he began his career at Cahors’ public hospital. In the rural landscape of the Lot Region, his patients were primarily local workers. Conversations with his clientele often turned to farming. As it turned out, Labqaqbi shared his patients’ passion. His family was from the Moroccan region of Debdou —some 400 miles from the capital—and consisted mostly of farmers. The first years of his life had fostered a lasting interest in agriculture for Laqbaqbi, and he had gathered quite a bit of know-how. During school holidays, he learned at his grandfather’s side, helping him take care of the land, monitor the different crops—cherries, nuts, olives —and harvest the grain. “I've noticed,” he says, “a parallel between surgery and farming. Both disciplines are similarly demanding, and require patience above all else. As my grandfather used to say, ‘you can always sow, but you’ll never be sure to reap.‘ And it’s exactly the same with surgery: you operate, and often, it works, but sometimes you disappoint yourself. So it’s the same, although perhaps there is less responsibility in agriculture than there is in surgery…” Through his profession, a window had been opened. Little

by little, Laqbaqbi immersed himself in the products typical to the Lot region, like saffron and especially the truffle! The foliage, climate, flora, fauna, and chalky quality of the Lot’s soil all reminded him of Morocco’s landscape. All of a sudden, he was struck with an idea: if he found no good reason why black truffle couldn’t exist in Morocco, if the soil and the climate were suitable, then he would attempt this project as a personal challenge and at his own risk. After cautiously examining the soil, Laqbaqbi concluded that the region of his childhood, Debdou, brings together all the elements required to cultivate black truffle. On top of that, Debdou features uncultivated land, unspoiled by pollution or previous crops. Thus, with the help of several black truffle experts who advised him on the essentials of truffle farming, Laqbaqbi planted a thousand truffle oaks in 2000, the first year of his venture. At that point, there was no guarantee that it would work or that the trees would grow. Yet Laqbaqbi was undeterred.

the year. Attending to his regular duties as orthopedic and trauma surgeon in Casablanca—400 miles away —Laqbaqbi kept an eye on his crop’s progress from afar. He was able to visit the orchard once or twice a year. “Doctor!” One day, the shepherd called him to tell him the news. “Doctor, I've found it. I found the miracle you described, I found truffles under the oak tree. It's very stinky.” The man did not know that this was the very smell people seek and crave. It was December, six years after the first batch of oak trees was planted. From Casablanca, Abdelaziz Laqbaqbi drove through the night to reach his orchard. Two friends came along: a professional photographer and a dog trained to smell out the scent of truffle. “I drove all night. When I got there, the shepherd took out the thing he’d found and showed it to me. There it was: tuber melanosporum. I couldn’t have been happier.” The adventure could really begin. OFFICIAL RECOGNITION

EARLY SUCCESS Although Laqbaqbi’s trees started growing healthily that first year, a ferocious frost season claimed three hundred of them. Unfazed, Laqbaqbi decided to attempt it again the next year. This time, he hired a local shepherd to oversee his orchard. The man took on the maintenance and irrigation of the oak trees throughout

In 2006, Laqbaqbi was invited to the International Exhibition of Agriculture in Morocco, where King Mohammed VI presented him with the Innovation Award, along with his congratulations and encouragements. Inspired by the king’s recognition, Laqbaqbi redoubled his efforts.

fles. Luck has little to do with it. The orchard yields plenty due primarily to rigorously detailoriented work. Without any chemical supplements, these efforts ensure that the truffle can grow in a balanced environment, surrounded by an astounding biodiversity that includes some forty species—ants, worms…—that all play a role in maintaining the overall equilibrium of this sensitive ecosystem. Abdelaziz Laqbaqbi aims to spread the knowledge and experience he has acquired by opening a new truffle museum on the site of his third orchard in Imouzzer Kandar, a town in the Middle Atlas mountain range. Although he is a fine truffle connaisseur, Laqbaqbi also manages a plantation of his favorite spice, saffron. The plantation near Marrakech welcomes visitors during picking season. If he had to do it again? “Exactly the same,” asserts Abdelaziz Laqbaqbi. His local truffle, which has found its way onto the menus of many prestigious restaurants in Marrakech and Casablanca —La Mamounia, the Royal Mansour, Le Cabestan, among others—allows chefs to avoid importing from France when they use this particularly sought-after ingredient in their recipes. Thanks to the success of Laqbaqbi’s ambitious project, Marocco has joined the ranks of countries producing black truffle, alongside more traditional members like France, Italy or Spain.

Today, he has 60 acres of truffle oaks. More surprising still, every orchard yields truf-

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MIM BY LA MAMOUNIA 7 PART III

MERVEILLEUX

MARVELLOUS

[RA’-IÎ]

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MERVEILLEUX

Photography : Mous Lamrabat Stylism : Lisa Lapauw Model : Nouhaila Thank you : The people of Aït Ourir

BLOUSE & PANTS CHRISTIAN WYNANTS · LONG JACKET SCAPA · EARRINGS STUDIO COLLECT

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DRESS DRIES VAN NOTEN 路 NIGHTGOWN FROM MEDINA 路 EARRINGS MADAME LIMON 路 HAT VINTAGE PRIVATE COLLECTION 路 SUNGLASSES GUCCI

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BLOUSE MAISON SCOTCH · VINTAGE KIMONO FROM JAPAN · GLASSES DOLCE & GABBANA · HAT FROM MEDINA


DRESS FILIPPA K · CAPE AMINA · SUNGLASSES MARNI

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JUMPSUIT MARRAKSHI LIFE · SCARF FELIAE · EARRINGS MADAME LIMON

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VISOR CHRISTIAN DIOR · DRESS DRIES VAN NOTEN

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JACKET MOOILOOP · BLOUSE MAISON SCOTCH

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BLOUSE & PANTS RUE BLANCHE · KAFTAN & SHOES FROM MEDINA · HEADPIECE FROM DUBAI

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BLOUSE & PANTS RUE BLANCHE · KAFTAN & SHOES FROM MEDINA · HEADPIECE FROM DUBAI

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BLOUSE MAISON SCOTCH · VINTAGE KIMONO FROM JAPAN · HEAD SCARF THE FELIAE

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MIM BY LA MAMOUNIA 7 PART IV

MAESTRO

MASTER

[MAHER]

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MAESTRO

Texte FÉLINE GERSTNER Photographie LA MAMOUNIA

DANS LE MONDE D’UN MAÎTRE SOMMELIER

Au cœur de l’excellence de cette institution marrakchie, Mikael Rodriguez apporte depuis 2013 ses connaissances pointues des crus marocains et internationaux, mais aussi sa passion et ses talents de formateur pour l’équipe sommelière, dont il peut être fier : l’un de ses poulains, Abdelghafour Sadik, vient de remporter haut la main le titre de “Meilleur Sommelier du Maroc” (concours organisé par l’Association des Sommeliers du Maroc, le 10 Septembre dernier). Chef sommelier, il est également en charge de la bonne gestion des cocktails et spiritueux pour les quatre restaurants et cinq bars de La Mamounia ainsi que les événements extérieurs. Rencontre passionnante pour une immersion vinicole.

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DANS LE MONDE D’UN MAÎTRE SOMMELIER

L’ŒNOLOGIE, ENTRE MAÎTRISE ET PASSION

Originaire du Gers dans le Sud de la France, Mikael Rodriguez emprunte d’emblée cette voie de passion, intègre d’abord une école bordelaise, puis suit une seconde formation à Londres, d’envergure plus internationale. À La Mamounia, il est le maître en sommellerie, le garant d’une carte qui compte près de sept-cents références, proposant vins marocains, français, italiens, australiens, chiliens, argentins, ou encore espagnols. Une sélection particulièrement exceptionnelle -de cuvées rares- dont la composition exige des notions viticoles correctement apréhendées, et une connaissance maîtrisée de chaque cuvée, impliquant éducation et formation constante de l’équipe sommelière. Avant tout, un vin est le résultat d’une géographie, d’une géologie, d’une géopolitique, d’un climat et de traditions humaines, nous indique l’expert. Chaque vin, chaque cru, chaque appellation n’est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d’une longue histoire et d’éléments combinés. Pour animer son équipe de cette dimension illustre, le chef la convie régulièrement à des périples viticoles immersifs dans les plus beaux vignobles en France, en Italie et ailleurs. Dernier voyage en date : l’Italie et ses régions de Venise, Vérone, ses frontières autrichienne et slovène, dans le but de découvrir cuvées rares, produits d’exception et producteurs de talent. Ces voyages permettent aux sommeliers de

discerner le travail dissimulé et l’histoire passionnante qui se cache derrière chaque cru. Des connaissances précieuses qui aident les sommeliers de l’hôtel à mieux connaître chaque vin, à l’aimer, mais aussi à le traiter avec respect, à en parler avec maitrise et passion… “On vend du plaisir ! On vend quelque chose qu’on aime, un moment de partage, de la découverte”, nous dit Mikael Rodriguez.

artiste franco-marocaine, découverte par le biais d’un concours organisé avec l’École Supérieure des Arts Visuels de Marrakech l’an dernier. “Icône, c’est une cuvée marocaine, une cuvée pour mettre les producteurs marocains à l’honneur, à travers des artistes marocains”, souligne Mikael Rodriguez. Tout est dit ! À TOUT PREMIER

ICÔNE,

COLLECTIONNEUR,

LE VIN SIGNATURE

QUELQUES CONSEILS

LA MAMOUNIA

EXPERTS

Pour donner naissance à son propre cru -d’abord un Rouge en 2011-, le palace a choisi une collaboration avec La Ferme Rouge. Un domaine situé à Zaïr près de Rabat, où l’on pratique une œnologie moderne conjuguée à un esprit vigneron et un savoir-faire traditionnel.

Si l’on souhaite construire une cave, la première recommandation du connaisseur consiste à effectuer des achats en deux temps. L’idéal est d’acquérir des vins plaisants à boire sur-le-champ, mais aussi des vins à conserver pour plus tard. La préservation de ces bouteilles ambitionne deux objectifs : le développement des qualités organoleptiques du produit, mais aussi l’investissement qu’il incarne. Le Bourgogne en est un parfait exemple : le prix augmente de 10 à 15% par an. Ces vins deviennent donc, avec l’âge, difficilement accessibles financièrement, voire des produits particulièrement convoités.

Sur place, le vin est contenu dans des barriques, et attend d’être goûté par les experts des deux maisons, afin de composer une cuvée qui complètera au mieux les mets des différents restaurants. Le résultat révèle un Blanc exotique, un Chardonnay aux notes de fruit de la passion, de pêche jaune et de vanille, un Gris estival -Cinsault et Grenache-, aux saveurs de pamplemousse rose et framboise, et un Rouge profond et envoûtant, un Syrah aux émanations généreuses de cerise noire, violette et cacao. L’étiquette de chaque bouteille expose quant à elle le travail d’artistes marocains de talent, dont El Glaoui et Mahi Binebine. La dernière, plus graphique, est signée par Yasmine Chapelle Aïsa,

font indéniablement la différence à la consommation. Enfin, pour choisir un bon vin, l’expérience s’immisce, la subjectivité du goût laisse place à sa maîtrise plus technique et analytique : “Le vin c’est comme une personne : l’acidité va être la colonne vertébrale, donc un vin qui n'a pas d’acidité, il va plonger. Les tannins vont être la largeur d’épaules. Déjà, si vous avez un vin qui a de l’acidité et des tannins, vous savez qu’il va tenir debout, qu’il va tenir la route. Après, vous allez avoir le gras, la matière. Et si déjà vous avez un vin avec ces trois caractéristiques, et bien vous savez que votre vin pourra vieillir”.

Mais avant de s’engager dans la constitution de sa première cave, il faut s’assurer de sa bonne installation, comprenant la bonne hygrométrie, ainsi que la température adéquate. Les sommeliers de La Mamounia sont particulièrement attentifs à la bonne conservation du vin. Grâce aux infrastructures appropriées, le produit est gardé dans les meilleures conditions possibles, et traité avec respect. Ces attentions

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ENGLISH VERSION

Inside the world of a master sommelier Working at the heart of a Marrakech institution for culinary excellence, Mikael Rodiguez has since 2013 brought his specialized knowledge of Moroccan and international wines and his passion for teaching to its sommelier team. He has good reason to be proud: one of his protégés, Abdelghafour Sadik, was just named Best Sommelier of Morocco in a contest organized by the Morrocan Association of Sommeliers on September 10. A master sommelier, Mikael Rodriguez also manages the preparation of cocktails and spirits at La Mamounia’s four restaurants and five bars, as well as their catering events. We interviewed him to discover all the depths of fine Moroccan wines. Text FÉLINE GERSTNER + Photography LA MAMOUNIA

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INSIDE THE WORLD OF A MASTER SOMMELIER

OENOLOGY: PART PASSION, PART MASTERY Originally from the Gers area of the South of France, Mikael Rodriguez has followed his passion from the get-go, first attending a school in Bordeaux and then a more internationally oriented training in London. At La Mamounia, he is the master sommelier and keeps a menu of some seven hundred wines from Morocco, France, Italy, Australia, Chile, Argentina, and Spain. Such an exceptional selection —featuring rare vintages—requires a refined and dynamic knowledge of winemaking and a deep understanding of each vintage. This means that Rodriguez must constantly train and keep his team of sommeliers up to date. Above all, a wine’s characteristics result from the geography, geology, geopolitics, climate and human traditions of its place of production, says Rodriguez. Every wine, every vintage, every appellation is not the fruit of chance, but rather the result of a long history and a variety of contributing factors. In order to impress upon the team members the richness of this tradition, Rodriguez regularly invites them on immersive wine tours of the most beautiful vineyards in France, Italy, and elsewhere. The most recent trip was to the Italian regions of Venice and Verona, along the country’s Austrian and Slovenian borders, where the team discovered rare vintages, exceptional products, and talented producers. These trips allow the sommeliers to learn about the unique story and careful work behind each vinyard’s products. This precious expertise helps the hotel’s sommeliers to understand each wine, to love it, to treat it with respect, and to talk about it with mastery and passion… “We sell pleasure! We sell something we love: experiences of generosity and discovery,” says Rodriguez. ICÔNE, LA MAMOUNIA’S SIGNATURE WINE For its house wine—beginning with a red in 2011—, the palace has chosen to collaborate with La Ferme Rouge, an estate

located in Zaire near Rabat, where modern oenology is combined with a winemaking savvy and traditional know-how. On site, the wine is kept in barrels, waiting to be tasted by experts from both houses who will help compose a wine that best complements dishes from the palace’s restaurants. The results include an exotic white Chardonnay with notes of passion fruit, yellow peach and vanilla; a summer gray—a mix of Cinsault and Grenache—with flavors of pink grapefruit and raspberry, and a deep and haunting red Syrah with generous aromas of black cherry, violet, and cocoa.

cautions have an undeniable effect on the guests’ experience of the wines. Finally, when choosing a good wine, experience is paramount. The subjectivity of taste gives way to technical and analytical mastery: “The wine is like a person: the acidity is the spine, so a wine with no acidity doesn’t hold up. The tannins are the breadth of the shoulders. If you have a wine that has acidity and tannins, you know it will stand up, and hold its own. After that, you have the flesh, the body. If you have a wine with these three characteristics… well, you know that your wine will age well.”

The label on each bottle displays the works of talented Moroccan artists, including El Glaoui and Mahi Binebine. The latest label shows a work of graphic design by Franco-Moroccan artist Yasmine Chapel Aïsa, who was discovered through a competition organized with the School of Visual Arts in Marrakech last year. “Icône is a Moroccan wine production that showcases the best of Moroccan winemakers alongside Moroccan artists.” said Mikael Rodriguez. That says it all! SOME EXPERT ADVICE FOR THE NOVICE COLLECTOR For those who want to build their own cellar, the connoisseur suggests purchasing wines in two steps. Ideally, you should acquire pleasant wines to drink on the spot, but also wines to keep for later. Keeping wine fulfills two objectives: it develops the products’ sensory qualities, but it also represents an economic investment. Burgundy is a perfect example: its price increases 10 to 15% a year. These coveted wines become, with age, difficult to access financially. Before beginning your collection, however, you must ensure that your cellar is well equipped with the proper humidity and temperature levels. La Mamounia’s sommeliers are particularly attentive to wine conservation. Thanks to state-of-theart wine facilities, the product is kept in the best possible conditions and treated with the attention it deserves. These pre-

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MIM BY LA MAMOUNIA 7 PART V

MAGIQUE

MAGICAL

[SA’HER]

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MAGIQUE

Texte KHADIJA HAMOUCHI Photographie MARC BELLI



SUR LA ROUTE DU MIEL

MARQUEUR D’HÉRITAGE

Également appelé “Taddart ou Guerram” par les natifs de la région, cette ruche fait partie des Agadirs ; les fameux greniers collectifs de la région du Souss, qui permettaient aux tribus berbères de protéger leurs économies et récoltes d’éventuels voleurs et envahisseurs. Intimidant par sa taille, le rucher d’Inzerki est un témoignage historique de l’architecture berbère, à base de pisé, de bois de Thuya (à l’origine), de palmiers et de cannes tressées. Construit en 1850 par les tribus berbères, il abritait plus de 2.160 ruches. Et jadis, une centaine de familles disposaient de cases, divisées chacune en quatre étages égaux, avec au-dessus, un espace libre, un peu plus grand ; les espaces du dessous et du dessus servant à la ventilation et à l’écoulement de l’eau de pluie. À son pic d’activité, il pouvait même contenir jusqu’à 4.000 ruches. Imaginez dès lors que le rucher pouvait abriter entre 120 à 150 millions d’abeilles ; le puissant bruit des abeilles au labeur pouvait s’entendre à des kilomètres ! À L’ABRI DES REGARDS ET DU VENT

Les Berbères nomades pratiquaient la transhumance, déplaçant les ruches de plaines en plaines, selon les périodes de pluies ou de sécheresse, pour aller là où se trouvent le plus de fleurs et où le site est le plus favorable pour les abeilles. Mais, le site d’Inzerki, inversement, jouit d’atouts majeurs (un versant Sud ensoleillé, à 1.000 mètres d’altitude loin de toute pollution urbaine, un climat relativement stable, et une abondance de plantes et fleurs mellifères) qui ont permis aux apiculteurs de la région de le choisir comme emplacement permanent et d’y construire ce rucher collectif. Pour s’y rendre à partir de Marrakech, il faut compter 240 km. Prendre l’autoroute en direction d’Agadir, puis sortir à Argana. Après Argana, comptez six kilomètres, et la piste poussiéreuse démarrera sur votre gauche. En gravissant la montagne, on traverse le village d’lgname et sa végétation

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luxuriante avant d’apercevoir une bâtisse architecturale, sous forme de longs compartiments en terre qui se dessinent sur plusieurs niveaux en relief. Inzerki. À l’abri des regards et du vent, entre les zones de terre rouge et les montagnes de l’Atlas, nos amies les abeilles, vieilles de plus de 65 millions d’années, produisent leur miel ici. L’espèce que l’on retrouve dans cette région est particulière. C’est l’abeille dite sahraouie (ou l’abeille jaune), elle est moins agressive et plus téméraire malgré des conditions difficiles, donc très recherchée. Une abeille résiliente et prolifique, qui produit un miel d’une qualité exceptionnelle, très prisé pour ses bienfaits nutritifs et médicinaux. UN PATRIMOINE À SAUVEGARDER

Le rucher d’Inzerki est le témoin d’une pratique sociale basée sur le partage collectif, motivée avant tout par l’intérêt de la communauté, soit un exemple en matière d’économie solidaire. À son origine, chaque ruche pouvait produire jusqu’à six litres de miel et fournir un rendement annuel de 25.000 litres. Aujourd’hui seules huit familles exploitent une centaine de ruches, et produisent 10 kg de miel durant les bonnes récoltes. “Jusque dans les années 1970 et 80, le rucher était exploité, en mode collectif, par les familles du village d’Inzerki, ainsi qu’une famille d’Argana et trois familles d’lgname. Chacun s’occupait de la restauration de ses ruches et les utilisait pour ses propres besoins. Mais le dérèglement climatique a commencé à affecter les récoltes et le nombre d’abeilles a diminué. Ce qui entraina un abandon du site au profit de ruches modernes, faciles à déplacer en cas de nécessité… Chez nous, ce n'est pas à cause des maladies ou des pesticides que le nombre d’abeilles a diminué, mais à cause de la sécheresse”, partage avec nous Brahim Chtoui. À travers l’Association Taddart Inzerki pour le Développement et la Coopération, Brahim souhaite protéger le site et lui faire retrouver son brio d’antan. En attendant il sensibilise sur l’importance de préserver cet héritage précieux, véritable patrimoine local, national,

mais également mondial. Il y a à peine trois ans, le rucher collectif d’Inzerki était peu connu, mais depuis, les médias ont commencé à s’y intéresser : les deux chaines télévisées marocaines mais aussi des chaînes françaises, libanaises, la BBC, etc. N’oublions pas que c’est grâce à la pollinisation par les abeilles que les plantes se reproduisent, qu’une diversité alimentaire est possible et qu’un écosystème est stable. À juste titre, en avril 2018, plusieurs pays européens dont la France ont voté l’interdiction des pesticides considérés comme dangereux pour les abeilles. Du côté d’Inzerki, en avril, on a planté une pépinière de 2.500 plantes médicinales et organisé une formation apicole pour les villageois. Prochaines étapes : planter 3.000 autres arbres, des amandiers et caroubiers, introduire des techniques renouvelables, telles que les pompes à eau et puits naturels qui fonctionnent à l’énergie solaire… Le grand défi sera à présent de trouver fonds et partenaires pour la restauration du rucher, une véritable restauration dans les règles de l’art. Quant à nous, nous vous invitons à prendre la route du miel. Et une fois sur place, dans ce site exceptionnel, laissez-vous guider par Brahim. Il vous fera le tour du rucher et vous racontera son histoire. Le moment se clôt par un thé à la menthe et la dégustation d’un miel exquis. Alors, suivez le bourdonnement des abeilles… elles vous guideront. Mais atendez avril, car pour le moment, elles sont en vacances !


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ENGLISH VERSION

On the honey trail

Honey cultivation counts among Morocco’s many ancestral traditions and honey features highly in Moroccan gastronomy. The sweet substance is found in chebakias (honey cakes), or in amlou (almond paste) on a baghrir (pancake with a thousand holes)… Known to beekeepers the world over, Inzerki’s collective apiary is considered to be the oldest in the world. Although it is part of Morocco’s heritage, the site remains unknown to many. And yet the little-known getaway is well worth the trip. Text KHADIJA HAMOUCHI + Photography MARC BELLI

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ON THE HONEY TRAIL

A HERITAGE SITE Known to locals as “Taddart ou Guerram”, the hive is part of the Agadirs, the famous fortified collective granaries in the Souss region where Berber tribes protected their wealth and grain stocks from thieves and invaders. The imposing Inzerki apiary is intimidating in its size and is a testament to the history of Berber architecture, featuring rammed earth structures and rare Moroccan Thuya wood (originally), palm trees, and braided canes. Built in 1850 by Berber tribes, it contained more than 2,160 beehives. A hundred families owned cabins, each divided into four equal floors, with a larger open space on top. The superimposed spaces were used to control ventilation and the flow of rainwater. At its peak, the apiary could hold up to 4,000 hives, home to 120-150 million bees. The noise of those bees at work could be heard kilometers away. SHELTERED FROM WIND AND SIGHT The nomadic Berbers practiced transhumance, moving hives from plain to plain, according to the caprices of rain or drought, to the sites with the most flowers and conditions most favorable to bees. But the Inzerki site enjoys major advantages—a sunny southern slope,1,000 meters of altitude, distance from any urban pollution, a stable climate, an abundance of plants and honey-producing flowers—which allowed beekeepers in the area to use it as a permanent location for a collective apiary.

To drive the 240 kilometers from Marrakech to the apiary, take the highway towards Agadir and exit at Argana. Six kilometers after Argana, a dirt trail will branch off to your left. After driving up the mountain, through the village of Igname and its lush vegetation, you will eventually reach an architectural edifice of long earthen compartments that stand on several levels. This is Inzerki. Sheltered from sight and gusts of wind, between lands of red clay and the Atlas Mountains, our buzzing friends have produced honey here for the last 65 million years. The local species is special. It’s the Saharawi bee (or yellow bee). Its less aggressive and more resilient in difficult conditions, so it is highly sought after. This gritty and prolific bee produces a honey of exceptional quality, highly prized for its nutritional and medicinal benefits.

their own needs. But climate change has begun to affect the harvest and the number of bees has decreased, which led to the abandonment of the site in favor of modern hives which are easy to move if need be. Here the number of bees hasn’t gone down due to pesticides or disease, but rather because of drought,” said Brahim Chtoui, who runs the Taddart Inzerki Association for Development and Cooperation.

The Inzerki apiary attests to a social practice based on collective ownership designed to serve the interests of the community; it is a historic example of economic solidarity.

With the association he runs, Brahim hopes to protect the site and restore it to its former glory. In the meantime, he is raising awareness about the importance of preserving this precious legacy, which represents a true local, national, and global treasure. Just three years ago, the Inzerki collective apiary was little known, but in the years since, it has gotten media attention from two Moroccan, one French, and one Lebanese television station, as well as the BBC. Let’s not forget that bee pollination allows plants to reproduce, enables dietary diversity, and stabilizes ecosystems. For that reason, in April 2018, several European countries including France voted to ban three pesticides considered dangerous to bees.

Each hive used to produce up to six liters of honey, or an annual apiary yield of 25,000 liters. Today, only eight families exploit a hundred hives and produce 10 kg of honey on a good year. “Until the 1970s and 80s, the apiary was operated collectively by the families of the village of Inzerki, as well as a family from Argana and three families from Igname. Everyone took care of their own hives and used them for

At Inzerki in April, a nursery of 2,500 medicinal plants was planted and a beekeeping training workshop was organized for the villagers. In the future, the beekeepers hope to plant 3,000 more trees (almond and carob) and introduce sustainable techniques like solar-powered water pumps and wells. The biggest challenge now will be to raise funds and recruit partners for the restoration of the apiary.

A LEGACY WORTH PROTECTING

In the meantime, we suggest you see the honey for yourself. Once at the apiary, let Brahim guide you through this exceptional site. He will show you the site and tell you its history. The visit ends with an exquisite mint tea and honey tasting. If you follow the buzzing of the bees, you can’t get lost. But wait until April—right now, they are taking a break!

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BILLIE ZANGEWA (MALAWI - AFRIQUE DU SUD) SUNWORSHIPPER IN CENTRAL PARK, 2009 @ MACCAL

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MAGIQUE

AGENDA CULTUREL CULTURAL EVENTS

LARBI CHERKAOUI @ COMPTOIR DES MINES

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AGENDA CULTUREL

@ LA MAMOUNIA

@ MARRAKECH

21-24 FÉVRIER 2019

30 NOVEMBRE - 8 DÉCEMBRE 2018

1:54 CONTEMPORARY AFRICAN ART FAIR MARRAKECH

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH L’événement du 7ème Art revient après une année blanche et un nouveau souffle ! Pour cette 17ème édition, l’organisation est attribuée aux équipes de la Fondation du Festival et Melita Toscan du Plantier a été désignée conseillère de Son Altesse Royale Le Prince Moulay Rachid, Président de la Fondation. La direction artistique, quant à elle, a été confiée à Christoph Terhechte (qui a présidé la section Forum du Festival de Berlin de 2001 à 2018). _ @ MUSÉE YVES SAINT LAURENT JUSQU’AU 5 FÉVRIER 2019

“LES MAROCAINS”

Après une première édition africaine en grandes pompes dans le cadre exceptionnel de La Mamounia, cette messe de l’art contemporain africain reconduira sa deuxième édition ici-même. Fondée en 2013 par Touria El Glaoui, la Foire a démarré à Londres (où elle a fêté sa 6ème édition début octobre dernier) avant de s’étendre à New York en 2015 (4ème édition en mai 2018). Un évènement très attendu !

Le Musée YSL rend hommage à Leila Alaoui -disparue tragiquement en 2016 suite à l’attentat de Ouagadougou-, en exposant dans sa ville natale une trentaine de portraits de sa désormais célèbre série “Les Marocains”, l’un de ses derniers projets photographiques. L’exposition, réalisée en partenariat avec la Fondation Leila Alaoui, est gratuite pour en faire profiter le plus grand nombre ; une première !

EBONY DAKAR, GODFRIED DONKOR

MELLOUSSA, LEILA ALAOUI

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MAGIQUE

@ DAVID BLOCH GALLERY 19 OCTOBRE - 18 NOVEMBRE 2018

ARNAUD LIARD - L’OUTSIDER Arnaud Liard, tagueur de voies ferrées et stations de métro dans les années 90, a fait évoluer son art des lettrages et tracés graphiques jusqu’à l’abstraction. 14 DÉCEMBRE 2018 - 13 JANVIER 2019

SÉBASTIEN PRESCHOUX Marqué à la fois par l’art optique et par le Bauhaus, l’artiste est un fervent défenseur du travail manuel et de dessins complexes à la perfection mécanique. MARS 2019

REMED Ex-Parisien, ex-enseignant de l’art du graffiti, ses influences tirent néanmoins leurs sources et inspirations auprès de Modigliani, Léger, mais aussi des Zellige marocains. _ @ COMPTOIR DES MINES 20 OCTOBRE - 20 NOVEMBRE 2018

“RENAISSANCE 1978-2018” BACHIR DEMNATI Un travail où la spontanéité est raisonnée, et où la rigueur du trait et ses représentations géométriques reflètent les forces de l’esprit… 28 DÉCEMBRE 2018 - 9 FÉVRIER 2019

“LES MOTS DOMINANTS” LARBI CHERKAOUI Guidé par une spiritualité soufie, l’artiste mène sa recherche sur le poids des mots dans les divers champs culturels marocains, nous révèlant ici ce qu’il appelle “Le Labyrinthe du Sens”. 21 FÉVRIER - 22 AVRIL 2019

“POÉSIES AFRICAINES” EXPOSITION COLLECTIVE Projet d’exposition à la galerie, et hors ses murs, à l’occasion de la 1:54 Art Fair. 8 DÉCEMBRE 2018 - 9 FÉVRIER 2019

@ HANGAR DU COMPTOIR DES MINES “EXODUS” À l’occasion de la Conférence Internationale sur la Migration se tenant à Marrakech cette année, relecture de l’œuvre “Le Radeau de la Méduse” de Théodore Géricault.

WISE, SÉBASTIEN PRESCHOUX @ DAVID BLOCH GALLERY

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CULTURAL EVENTS

@ MACAAL JUSQU’AU 6 JANVIER 2019

“SECOND LIFE” Plus de 60 œuvres, 30 artistes, 11 pays africains différents. On découvre entre autres les travaux d’Abdoulaye Konaté, Mounir Fatmi, Serge Attukwei Clottey ou Billie Zangewa, qui décident de donner seconde vie aux objets, questionnant notre rapport à la consommation par le biais du visuel. _ @ FONDATION MONTRESSO JARDIN ROUGE 15 OCTOBRE – 30 NOVEMBRE 2018

“ARCHITECTURES INACHEVÉES” À la résidence d’artistes Jardin Rouge, l’artiste plasticienne Roxane Daumas présente son projet de recherches sur les territoires en flottement mettant l’accent sur un hôtel marrakchi en arrêt de construction depuis six ans…

5 NOVEMBRE – 31 DÉCEMBRE 2018

“SIBERIA” Dans l’espace d’art Montresso, une exposition de l’artiste allemand Hendrik Beikirch qui retrace sa rencontre avec l’immensité de la Sibérie. FÉVRIER 2019

“IN DISCIPLINE #2” En partenariat avec la 1:54 Art Fair, l’exposition collective met à l’honneur la Côte d’Ivoire.

Abderrazak Benchaâbane, vernissage et signature du livre Une enfance à Marrakech. À PARTIR DU 15 JANVIER 2019

“LE MAROC À L’AUBE DES TEMPS MODERNES” Une exposition permanente des œuvres du photographe Charles Henneguien. _ @ ÉCOMUSÉE BERBÈRE DE L’OURIKA

AVRIL-MAI 2019

À PARTIR D’OCTOBRE 2018

LA COLLECTIVE, 10 ANS La résidence d’artistes Jardin Rouge fête ses 10 ans, occasion de célébrer les artistes, leurs recherches, la création, les échanges et les rencontres. _

“LE CYCLE DU BLÉ” Exposition de Vincent Delotte, “l’homme des terres séculaires”, pour qui les sens du terroir constituent la charpente d’un travail photographique important.

@ MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE

“REGARDS EN LIBERTÉ” Illustration d’un été d’activités dans les villages du Haut Ourika, parmi les enfants et adolescents.

18 OCTOBRE - 30 NOVEMBRE 2018

“UNE ENFANCE À MARRAKECH”

ARCHITECTURES INACHEVÉES, ROXANE DAUMAS @ FONDATION MONTRESSO / JARDIN ROUGE

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RIAD D'EXCEPTION DANS LA MÉDINA DE MARRAKECH Riad d'exception conçu par le célèbre artiste Kris Ruhs. L'une des plus spectaculaire demeure privée au monde...

Exceptional Riad located in the Medina, designed by the famous artist Kris Ruhs. One of world's most spectacular private homes...

Ref : MAC-467-MF Emile Garcin Marrakech - 6 rue Houdhoud - Quartier Majorelle - 40000 Marrakech MAROC +212 5 24 31 42 42 - marrakech@emilegarcin.com

www.emilegarcin.com


MAGIQUE

@ GALERIE NOIR SUR BLANC

@ VOICE GALLERY

JUSQU’AU 28 OCTOBRE 2018

26 OCTOBRE - 30 NOVEMBRE 2018

“OMBRES LIQUIDES”

HAMDI ATTIA L’artiste égyptien examine les relations entre cartographie, géographie, corps, pouvoir. Un vocabulaire expérimental, utilisant vidéo, cartographie, dessin et sculpture. 7 DÉCEMBRE 2018 - 12 FÉVRIER 2019

MICHELE CIACCIOFERA En voyage au Maroc, l’artiste italien aux multiples palettes -dessin, sculpture, peinture- est inspiré par de nouvelles couleurs lumineuses d’où il tire ses expressions réalistes sensibles, entre formes figuratives et écrites. MI-FÉVRIER - MI-AVRIL 2019

MOATAZ NASR L’artiste égyptien explore traditions et nouveau mondialisme, interrogeant le développement géopolitique et social en Afrique. Hassan Echaïr -plasticien inspiré par l’entre-deux continents-, caractérise sa démarche artistique par l’économie des moyens et la sobriété des matériaux. 12 - 13 NOVEMBRE 2018

FLORENCE ARNOLD Des ailes de papillons s’échappent des feuillets… Une tâche, un cœur noir, trouble ce blanc. Une trace brune, une coulure de larmes se lisent entre les pages… et participent à l’envol de la féminité, de l’existence. 10 DÉCEMBRE 2018 - 15 JANVIER 2019

“ART À TOUT PRIX” Une exposition collective originale et conviviale de tableaux petit format, pour mettre l’art contemporain à la portée de tous. _ @ MUSÉE DE MOUASSINE À PARTIR DU 19 OCTOBRE 2018

“LES PORTFOLIOS” En partenariat avec Transatlantica, l’Institut Cervantes au Maroc, Casa Arabe à Madrid et Foto Espana, le musée expose de jeunes photographes marocains. 19 OCTOBRE 2018 - 19 MARS 2019

“LE JUDAÏSME MAROCAIN” Zédé Schulman inaugure un ensemble d’expositions consacrées au judaïsme marocain, en partenariat avec le Centre Judéo-Marocain de Bruxelles, E.T.H Zurich et la Maison de la Photographie.

WRIGHT WHIRLWIND SKETCH FRONT VIEW, ÉRIC VAN HOVE @ VOICE GALLERY

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MAINTENANT

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MAINTENANT THE END

Thank you and see you soon!

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MAINTENANT

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MAINTENANT

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