NOVO N°22

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par Guillaume Malvoisin photo : Vincent arbelet

focus théâtre Dijon Bourgogne, 3 spectacles du 7 au 31 décembre à dijon. www.tdb-cdn.com

Fin d'année au relais-chattot dijonnais François Chattot et le Théâtre Dijon Bourgogne tentent une expérience de mesmérisme façon grandes largeurs en programmant coup sur coup trois spectacles où joue le patron, bientôt parti pour une autre aventure de service public. Quartett, Folie courteline et Que Faire ? (le retour) ou l'art rétro-postérieur de la bande-annonce.

Egotrip de directeur sur le départ ? En apparence seulement. Si le public avait des yeux dans le dos, il y verrait mieux entre les gouttes d’illusion distillées par Chattot et son équipée depuis 2007. Cette fin d’année remet au clair sa marotte de shoot savant/populaire bien secoué sur un lit de politique/poétique. S’il fallait un rappel à ce qu’on a pu voir au TdB en 6 ans, les figures tutélaires convoquées en décembre rendront ce service. Langhoff / Courteline / Lambert, triumvirat d’un lieu qui n’a jamais rien perdu de sa moëlle malgré le ressassement chattolien. Retour de Matthias Langhoff, donc. Après le royaume pourri du Danemark où errait un Hamlet en retard sur luimême, c’est un Quartett joué à deux au Théâtre du Par vis Saint-Jean. Coup double pour Chattot. Bien entendu, occasion de réexposer le lien humainement solide qui le lie à Langhoff, maître-ami adoré comme peut l’être Hourdin. Mais occasion d’un remettre une louche sur ses années de formation à la Comédie Française. De la Grande Maison descend Muriel Mayette, actuelle administratrice générale, pour entrer dans cette danse « sauvage, jeune et cruellement comique » dessinée par Heiner Müller, quant à lui maître du-dit Langhoff. Grand écart, là aussi seulement en apparence, avec la reprise de Folie Courteline agencé par Ivan Grinberg, par ailleurs secrétaire Gé en poste au TdB. Ce qui relie cela à ceci, c’est une langue puissante qui se fout de résoudre quoi que ce soit et trône sur le bonheur d’être précise, inventive et explosive. Ici, porté par un quatuor de comédiens terribles, Folie Courteline montre, en autres, que Courteline s’est assuré une descendance sérieuse que ce soit dans les cabrioles ménagères de Boris Vian ou les saltos plus abruptes et actuels d’un Charles Pennequin. Trop souvent ramené au

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vaudeville occupationnel pour vieilles personnes, Courteline défouraille sérieux sur l’homme et sa bêtise. Ça porte au rire aussi sérieusement que certaines madeleines trop cuites portent au cœur. On a beaucoup parlé ici de Que Faire ? (le retour), jukebox à pensées electro-pop fabriqué par Benoît Lambert. Lambert, nouveau taulier de la maison Saint-Jean, voit avec cette reprise une passation de pouvoir idéale où Chattot et Martine Schambacher font les pitres géniaux et incendiaires sur des airs sifflés par Descartes, Beuys, Lénine, Proudhon, Nina Hagen et Vaneigem. D


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