NOVO N°52

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sons

KURT VILE Bottle It In — Matador

BUZZCOCKS Another Music in a Different Kitchen — Domino Love Bites — Domino Et si dans la famille punk, les Buzzcocks étaient ceux qui réconciliaient tout le monde ? Comme les Kinks, dix ans auparavant. Il faut dire que ces Mancuniens apportaient quelque chose de frais : un sens de la mélodie et ce retour à une forme de dandysme – après l’avoir nié très fort. Après le départ d’Howard Devoto, Pete Shelley et sa petite troupe publiaient leur premier album, Another Music in a Different Kitchen, qui ouvrait une nouvelle voie : directe et énergique, profondément ancrée dans la frustration brumeuse de la fin des années 70. Love Bites, sorti fin 1978, allumait une nouvelle étincelle romantique. Le punk était mort, les Buzzcocks, eux, étaient bien vivants. À l’occasion des 40 ans, une réédition bienvenue et inspirante. (E.A.) BERTRAND BELIN Persona — Cinq7 Il est courageux de baptiser son disque Persona, mais rien ne semble effrayer Bertrand Belin. Pas même d’exposer clairement ses doutes, comme il le fait dans ce disque plus sombre. Il évoque ce moment où il a glissé, mais on le sait en capacité de se redresser. De se tenir droit, avec sa façon si singulière qui invente une nouvelle manière d’écrire des chansons. Là, c’est visiblement moins pop, plus sec, plus personnel encore – si tant est que ce fût possible –, comme une longue descente au cœur d’un doux sanglot. Très beau, et plus vital encore. (E.A.) 116

Après son escapade heureuse avec Courtney Barnett, l’ami américain revient aux affaires courantes. Et visiblement, il a envie d’aller plus loin. En témoignent certaines longues plages de ce disque avec lesquelles il expérimente un folk très concret, ancré dans le réel des bruits environnants. La version la plus urbaine, en quelque sorte qu’il avait déjà touché du doigt précédemment, mais qu’il repousse jusqu’à ses ultimes retranchements. Avec la complicité de Kim Gordon et de Cass McCombs, il s’impose depuis quelques années comme le très grand artiste de la décennie. Décidément. (E.A.) CAT POWER Wanderer — Domino On savait ses sources soul depuis le classique The Greatest en 2005, mais on ne la soupçonnait guère aussi habitée par cette forme suprême de spiritualité. Dès la première chanson qui donne son titre à l’album, les choses sont posées : Cat Power nous dit sa tendre affection pour le gospel dans sa forme la plus épurée, étrangement terrienne et aérienne à la fois. L’émotion est là, elle se prolonge à la limite de la brisure d’une voix fragile. On n’est pas sûr de l’avoir autant appréciée jusque-là, mais là avec ce disque manifeste qui rejoint la liste des chefs d’œuvre éternels, on sent un besoin. Un manque qui s’apparente à de l’amour. (E.A.)


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