Novo 25 issuu

Page 88

Audioselecta

5

LLOYD COLE STANDARDS / TAPETE – DIFFER-ANT

Nous ne pouvons que le constater : cela fait près de 30 ans que les enregistrements de Lloyd Cole ponctuent les instants marquants de nos vies. Depuis Rattlesnakes en 1984, ce natif de Buxton, dans les Midlands de l’Est en Angleterre, n’a eu de cesse de rééditer son exploit initial, avec des bonheurs divers et parfois la volonté d’en faire trop. Et pourtant, depuis quelques années, notamment depuis sa signature sur le discret label de Hambourg, Tapete Records, on le sent très éloigné de toute considération commerciale. Il renoue ainsi avec l’essence même de son art : la pop-song britannique enlevée, délicate et acidulée. Son dernier album, le bien nommé Standards, se ressent de cette sérénité nouvelle et du plaisir de jouer. À l’image de son compatriote Robyn Hitchcock, il évolue avec une fraîcheur retrouvée, celle de ses débuts flamboyants. (E.A.) i

THE PASTELS

JON HOPKINS

SLOW SUMMITS / DOMINO

IMMUNITY / DOMINO

Les come-backs peuvent suggérer bien des réactions : joie ou dépit, c’est selon. En ce qui concerne les Pastels, on ne peut que se réjouir de retrouver ce groupe écossais parmi les plus azimutés de sa génération. Le mix de l’ex-Tortoise John McEntire à Chicago et la contribution des membres de To Rococo Rot n’y changent cependant rien : les pop-songs du groupe restent bancales. Avec leurs structures branlantes, fragiles à souhait, elles menacent de s’écrouler – comme certaines figures sculptées de Giacometti – mais elles finissent toujours par être rattrapées sur le fil, avant de délivrer leur part de lumière. (E.A.) i

Brian Eno a fait bien des émules avec ses albums ambiants, mais rares sont ceux qui peuvent s’enorgueillir de pousser plus loin son propos. Le britannique Jon Hopkins, producteur et collaborateur de Brian Eno justement, a réussi à s’inscrire dignement dans la filiation. Avec Immunity, son quatrième album solo, il change de cap et oriente sa musique comme si elle était destinée au dancefloor. Qu’on ne s’y méprenne pas cependant, celle-ci reste ouvertement contemplative, comme la musique d’un danseur immobile. Lequel, au mieux, se laisse bercer par la douce mélancolie de l’ensemble qui atteint son sommet avec le sublime Abandon Window. (E.A.) i

ABOUT GROUP BETWEEN THE WALLS / DOMINO

Quel parfait contre-emploi que celui d’Alexis Taylor, le chanteur et clavier de Hot Chip, au sein d’About Group. Et pourtant, sa collaboration avec l’ex-This Heat et Camberwell Now, le batteur Charles Hayward, figure du jazz d’avantgarde, semble une évidence, à l’écoute de leur troisième album commun : le premier pose la structure des morceaux, le second déconstruit dans des passages hautement improvisés, et finalement les rôles s’inversent à merveille dans un équilibre constant. Il résulte de leurs échanges nourris un disque complexe, entre pop 70’s et soul-jazz psychédélique, dont la forme reste souvent indéterminée, mais dont l’addiction se fait ressentir d’emblée. (E.A.) i

88

MIKAL CRONIN MCII / MERGE RECORDS – DIFFER-ANT

La jeune scène psychédélique californienne est vivace, et dans l’ombre de Ty Segall, Thee Oh Sees ou White Fence, évoluent de jeunes pousses qui affirment leur propre vision. Ça avait été le cas l’an passé avec les magnifiques Allah-Las, c’est également le cas de Mikal Cronin. Ce dernier s’était déjà fait remarquer avec un premier album prometteur dans une veine lo-fi. Mais c’était en 2011, un autre temps, celui de ses études à Los Angeles. Depuis son déménagement à San Francisco, le jeune homme soigne son niveau d’écriture et exprime ses craintes avec plus de vigueur, dépassant les poncifs du genre avec une maturité troublante, comme en témoigne son Piano Mantra final, digne du grand Van Dyke Parks lui-même. (E.A.) i


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.