NOVO N°20

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FRAC FRANCHE-COMTE, Besançon www.frac-franche-comte.fr www.citedesartsetdelaculture.fr

Aux risques du visible pAR Caroline châtelet

PHOTO Yves petit

Au printemps 2013, le Frac Franche-Comté emménagera dans la Cité des arts et de la culture de Besançon. Entre visible et invisible, cette installation se déploie lentement dans le temps, pièce maîtresse de l’institution.

Rencontrant Sylvie Zavatta, on se dit que celle-ci a eu du nez le jour où elle décida d’articuler son projet de direction du Fonds régional d’art contemporain Franche-Comté autour du temps... Certes, ce choix ne relève en rien du hasard, et comme elle-même l’explique, il est lié à son arrivée à la tête du lieu en 2005 : « Avec la tradition horlogère, le musée du Temps, je trouvais intéressant d’inscrire le Frac dans l’histoire de la ville, d’offrir un ancrage régional. Cette thématique contient une vraie force philosophique, elle renvoie à la transversalité, la littérature, la musique... » Mais au-delà de cette référence assumée, le dialogue que le Frac Franche-Comté entretient par l’entremise de Sylvie Zavatta à l’espace – (son) espace d’exposition ? – est intimement lié au temps. Et le nomadisme auquel l’institution se prête depuis 2005, qui lui impose d’exister sans pour autant se fixer, donne jour à une incessante et subtile

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alternance entre visible et invisible. Autant d’enjeux observables le lundi 14 mai. Ce jour-là, le Frac tenait réunion et proposait : 1) une rencontre avec les artistes Neal Beggs, Jean-Christophe Norman et Laurent Tixador à l’occasion de la fin des trois huit, intervention artistique dans l’espace public ; 2) une visite du chantier de la Cité des arts de Besançon, futur lieu d’implantation du Frac. Balade de l’infra à l’ultra-visible... Pérégrins de l’imperceptible Mené à Besançon et ses environs, Les trois huit a réuni le britannique Neal Beggs et les deux français Jean-Christophe Norman et Laurent Tixador. Durant une semaine, les artistes se sont relayés pour effectuer des sessions de marche en solitaire. Sorte d’anti-performance – quoique annoncé, aucun rendez-vous

physique n’a été donné, le hasard seul rendant possible une rencontre avec les artistes –, la semaine a permis à chacun de développer son parcours, tout en éprouvant la marche comme objectif. Et tandis que Jean-Christophe Norman a réalisé en le « déplaçant » l’itinéraire de Mallory et Irvine – alpinistes disparus en escaladant l’Everest en 1924 –, Laurent Tixador a arpenté des lieux aussi éclectiques qu’un hall d’hôtel ou le musée du Temps. Atypique par son éloignement de ce qui « fait » exposition, Les trois huit sont l’une des propositions prévues en amont de l’inauguration de la Cité des arts. À une époque où le spectaculaire et les coups d’éclats prédominent dans le champ de l’art, Sylvie Zavatta préfère « des interventions par petites touches », proches de l’imperceptible. Un choix plus risqué, révélateur de la conception que la directrice se fait du dialogue entre l’institution et l’art, et qui


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