Les actes du cresat n 11

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mines et métallurgie des non-ferreux

L’habitat des mineurs Deux avancées considérables se sont inscrites dans la problématique du logement social des ouvriers, qui d’ailleurs rejoint celle des colonies industrielles ou encore des company towns chères aux chercheurs américains. On peut en effet se poser la question de savoir si la proximité des ouvriers par rapport à leur lieu de travail n’aurait pas été privilégiée, au moins à certaines époques. La cartographie fine du quartier Berg Armo a livré l’existence d’une terrasse de grande étendue très légèrement à l’écart des mines. Une petite fouille au début de cette plateforme qui a mis au jour une maison de mineurs – peut-être le début d’un hameau usinier – s’est saisie d’une opportunité rare : recueillir par carrés élémentaires de 50 x 50 cm les tessons d’un poêle intégral effondré à peu près sur place, un sujet d’actualité puisqu’il se situe dans le champ des recherches conduites par Delphine Bauer dans le cadre de son doctorat. Dans l’étude comparative des sites urbains, ruraux, castraux et miniers, ces derniers s’imposent dès à présent comme un des meilleurs conservatoires pour ce type de matériaux. Plus extraordinaire encore, due à l’élargissement d’un chemin donc au départ presque fortuite, la seconde découverte est un cas d’école dans la réflexion épistémologique. Divers sondages ont rapidement livré les restes d’une population d’une dizaine de maisons ancrées sur d’étroites terrasses accrochées dans le versant relativement abrupt de la colline dite la Fouchelle. Ce petit village de mineurs qui vient d’être livré à la connaissance jette une lumière inédite sur l’histoire sociale des mines. Des lieux qui ont fourni une profusion d’éléments mobiliers, parmi lesquels des céramiques de poêle d’une typologie inédite et même peut-être… du matériel d’essayeur. La chronologie de l’Altenberg rebondit Cinq datations nouvelles sont venues consolider le diagramme chronologique réactualisé chaque année. Deux d’entre elles se révèlent porteuses d’une information de nature à changer le regard que nous portons sur l’Altenberg, « ce laboratoire naturel de 7 siècles d’activité minière et métallurgique semi-continue », comme nous le laissions entendre jusqu’ici (depuis l’installation de Blidulphe, vers 938, aux derniers soubresauts liés à la guerre de Trente ans, en 1637). Appliquées aux sites « Charlotte » (dans sa partie inférieure) et « Bas-Patris 3 »122, elles procurent des dates carolingiennes (fin du VIIIe et IXe s.). Déjà, nous pouvons entrevoir un spectre non pas de sept siècles, mais de huit siècles d’activité à l’Altenberg.

122.  Actes du CRESAT 10, p. 113-117.

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