DOSSIER
ENTRETIEN : MONCEF MOUHOUDOIRE, DIRECTEUR DE L’ASSOCIATION NARIKE M’SADA
“IL Y A UN SOUS DÉPISTAGE DU VIH À MAYOTTE”
À CHAQUE 1ER DÉCEMBRE, JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA, IL TIRE LA SONNETTE D’ALARME À MAYOTTE. SELON MONCEF MOUHOUDOIRE, DIRECTEUR DE L’ASSOCIATION DE PRÉVENTION NARIKÉ M’SADA, LE DÉPISTAGE DU VIH N’EST PAS ENCORE UN RÉFLEXE SUR LÎLE. POURTANT, IL EST À CE JOUR LE SEUL MOYEN D’ENRAYER L’ÉPIDÉMIE ET D’ENGAGER UNE PRISE EN CHARGE MÉDICALE, QUI PEUT PERMETTRE DE RENDRE UN SÉROPOSITIF NON CONTAMINANT. MAIS PLUSIEURS FREINS SUBSISTENT.
Mayotte Hebdo : Comment avez-vous vu évoluer la lutte contre le Sida à Mayotte et où en sommes-nous aujourd’hui ? Moncef Mouhoudoire : Ce que l’on peut dire, c’est qu’en 2020, 340 personnes séropositives étaient suivies dans la file active du CHM, dont 47 nouveaux cas depuis le début de l’année. C’est un peu moins que l’année passée, puisqu’on avait enregistré 52 nouveaux cas, mais
DES DÉPISTAGES RAPIDES, GRATUITS ET ANONYMES Des dépistages de toutes les infections sexuellement transmissibles gratuits et anonymes – donc ouverts à tous les publics – sont proposés au CHM. Nariké M’Sada propose également des dépistages rapides, également gratuits et anonymes, du VIH uniquement, dans ses locaux à Cavani. Ils peuvent être réalisés sans rendez-vous les lundis et mercredis (de 14h à 17h) et les samedis de 9h à 12h. Il est également possible de prendre rendez-vous en dehors de ces créneaux au 0269 62 69 73. Enfin, il est toujours possible de se faire dépister au laboratoire privé, avec une ordonnance.
je pense que cela s’explique surtout par une baisse du nombre de dépistages du fait du confinement. Pour les autres années, Nariké M’Sada a réalisé près de 300 dépistages rapides en 2019, contre 200 en 2018, année où nous avons commencé à le pratiquer. La population est de plus en plus sensible à ces messages-là, notamment sur l’utilisation du préservatif. Avant, lorsqu’on faisait des distributions gratuites, les gens ne voulaient pas en prendre, en nous disant qu’ils n’en avaient pas besoin, ou alors, “Inchallah”. Aujourd’hui on remarque que de plus en plus de personnes acceptent les préservatifs qu’on leur tend, et cela nous montre que les choses bougent. Mais ça ne veut pas dire pour autant que tout va bien à Mayotte. Mayotte Hebdo : Quels sont le plus gros freins que vous rencontrez en matière de prévention ? Moncef Mouhoudoire : Il y a véritablement un sous-dépistage à Mayotte et c’est ça, pour nous le plus gros frein. Ici comme
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