LE MOT DE LA RÉDACTION
MARCHE OU GRÈVE “ L’accent mis sur la lutte contre l’immigration irrégulière détourne les regards et invisibilise la responsabilité qui incombe à l’Etat de garantir aux habitants de Mayotte une égalité de droits réelle avec ceux de la métropole. ” Intervenant en introduction de son rapport sur Mayotte datant du début de l’année, la phrase du Défenseur des droits – que l’on a tant accusé d’être “ hors sol ” sur le territoire – trouve dans les récentes déclarations préfectorales un écho des plus retentissant. L’engagement pris l’année dernière par la ministre des Outre-mer d’alors, consistant à établir un calendrier fixe de rattrapage social reste quant à lui lettre morte. Dans un silence assourdissant. Alors, que l’on remette en cause ou non les positions des uns et des autres au sujet de l’immigration, comment ne pas comprendre l’exaspération qui s’empare de nombreux travailleurs quant aux promesses d’égalité toujours repoussées ? Il faut croire, aussi que certains ont baissé les bras, las d’être aveuglés par le miroir aux alouettes. C’est ce que semble montrer la faible réponse qu’a récolté l’appel à une grève générale ce 17 septembre. Et là encore, le Défenseur des droits avait vu juste. “ Il s’installe ainsi à Mayotte, à tous les niveaux de la société, une forme d’inertie qui maintient l’île dans un modus vivendi extrêmement fragile, indexé sur un infradroit insuffisamment remis en cause, et régulièrement ébranlé par des crises sociales ”, écrivait-il ainsi dans son rapport. Alors, entre l’inertie et la crise, peut-être serait-il bon de prendre rapidement le chemin de l’égalité que promet la République. En marche ! Grégoire Mérot
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• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 2 8 • 1 8 / 0 9 / 2 0