euros, qui ne sâappliquerait pas Ă tous les salariĂ©s, en arguant que lâĂ©cart entre Mayotte et La RĂ©union concerne les chiffres bruts. Dans le 101Ăšme dĂ©partement, oĂč les charges sociales sont moindres, â le net nâest pas infĂ©rieur Ă ce qui se fait en mĂ©tropole, si lâon tient compte des primes dâanciennetĂ© â. Point mort donc.
UN INCENDIE, DES BLOCAGES, DES DĂGRADATIONS ET DES VIOLENCES Fin aoĂ»t, la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de lâemploi (Dieccte) proposait une mĂ©diation entre les employĂ©s et leur patron, Marc Berlioz. Ce dernier accepte, Ă une condition : aucune entrave ne doit ĂȘtre commise du cĂŽtĂ© des grĂ©vistes, quâil accuse alors de bloquer les entrepĂŽts, dâinsulter collĂšgues non-grĂ©vistes et forces de lâordre, de dĂ©grader volontairement du matĂ©riel, entre autres. Mais quelques jours avant la rencontre, les trois entrepĂŽts du groupe sont de nouveau bloquĂ©s. Les nĂ©gociations sont suspendues. Depuis, la situation piĂ©tine et de tous bords, les accusations enflent. Le week-end dernier, la tension est montĂ©e dâun nouveau cran. ExcĂ©dĂ©s, les grĂ©vistes ont incendiĂ© des pneus Ă lâentrĂ©e du Jumbo Score, poussant lâenseigne Ă fermer ses portes face Ă lâĂ©manation des fumĂ©es. â Ce nâest plus une grĂšve Ă ce stade, ce nâest pas dans ces conditions que BDM pourra discuter â, chuchote la direction. â Des millions dâeuros auraient pu partir en fumĂ©e sâil nây avait pas eu de gardiens sur place. Finalement, les forces de lâordre ont pu les attraper en flagrance. â Car depuis des semaines, les interventions de police sont devenues presque lĂ©gion. Sur Internet, les vidĂ©os pleuvent : face aux grĂ©vistes, des gardiens de la paix refusent de porter leur masque, avant de gazer au visage les salariĂ©s rĂ©calcitrants. Des â exactions â dĂ©noncĂ©es depuis le dĂ©but du mouvement par la CGT Ă Paris, oĂč une manifestation de soutien aux collĂšgues mahorais est mĂȘme envisagĂ©e devant le ministĂšre du Travail. â Câest la troisiĂšme fois quâon Ă©crit au ministre pour lâalerter sur ce quâil se passe Ă Mayotte â, retrace Amar Lagha, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CGT commerce et services au niveau national. â Nous nâavons pas peur de le dire : si ce conflit avait Ă©clatĂ© en mĂ©tropole ou sur une autre Ăźle, on n'en serait pas lĂ aujourd'hui et ça aurait Ă©tĂ© rĂ©glĂ© depuis bien longtemps. Nous, ce que lâon attend, câest que ce gouvernement traite Mayotte comme nâimporte quel autre dĂ©partement français, et pas comme une zone de non-droit oĂč la police entrave le droit de grĂšve. â Alors que les salariĂ©s accusent leur direction dâĂȘtre Ă lâorigine de lâintervention rĂ©currente des forces de lâordre, celle-ci explique que la moitiĂ©
â NOUS, CE QUE LâON ATTEND, CâEST QUE CE GOUVERNEMENT TRAITE MAYOTTE COMME NâIMPORTE QUEL AUTRE DĂPARTEMENT FRANĂAIS, ET PAS COMME UNE ZONE DE NON-DROIT OĂ LA POLICE ENTRAVE LE DROIT DE GRĂVE â des camions de BDM ont Ă©tĂ© saccagĂ©s, Ă lâinstar â dâune vingtaine de magasins â, des petits Douka BĂ© pour la plupart. Ce qui, du cĂŽtĂ© adverse, est niĂ© en bloc. â Il y a eu des tentatives dâintimidation des grĂ©vistes, notamment parce que celles-ci sont des femmes â, poursuit encore la CGT depuis la capitale hexagonale. â Les maris, les cousins, les frĂšres de ces grĂ©vistes ont subi des pressions pour contraindre leurs femmes Ă cesser le mouvement. Ce sont des mĂ©thodes du XVĂšme siĂšcle ! â Depuis KawĂ©ni, Anissa Hadhurami acquiesce, et va plus loin : â Il y a quelques jours, le responsable de lâun des entrepĂŽts occupĂ©s a dĂ©versĂ© du lait pĂ©rimĂ© lĂ oĂč nous dormons. Des heures aprĂšs, lâodeur Ă©tait toujours lĂ ! â La colĂšre non plus, ne passe pas. â Vous savez, on est trĂšs fatiguĂ©s. Mais on ne peut plus sâarrĂȘter maintenant â, concĂšde la mĂšre de famille. â Si notre directeur vient nous chercher Ă minuit pour discuter, nous serons lĂ . â n
15
⹠M ay o t t e H e b d o ⹠⹠N ° ⯠9 2 8 ⹠1 8 / 0 9 / 2 0