pour ça qu'on quitte femme et enfants chaque jour. Mais parfois, on se demande si les choses changeront avant qu'il y ait un mort." Sauver ou périr ? n
QUAND LA POPULATION, AUSSI, FAIT OBSTACLE AUX POMPIERS
de secours dans les coins les plus sensibles, aux heures les plus sombres. "Mais on sait bien qu'ils ne peuvent pas nous suivre en permanence, ils ont aussi d'autres interventions à assurer." Et puis, il y a cet autre scénario, comme celui qui s'est joué à la mi-août entre Majicavo et Kawéni. Appelés pour évacuer des blessés, dont certains dans un état grave, ou pour éteindre des habitations en flammes, les soldats du feu avaient finalement dû rebrousser chemin sur ordre des forces de police et de gendarmerie, leur itinéraire étant jugé trop dangereux. D'autant plus à bord de véhicules floqués sapeurs-pompiers. "Je crois que si on est pris pour cible de façon volontaire, c'est parce qu'agresser des pompiers, c'est un acte qui a plus de visibilité, dont on entendra plus parler et qui choquera beaucoup plus. C'est une façon de lever son drapeau le plus haut possible", analyse Colo Bouchrani. "Arrêter ou changer de métier ? Jamais. C'est notre mission et c'est
9 juin. À M'tsahara, une cinquantaine de villageois entourent une ambulance en intervention. Tous veulent empêcher les sapeurs-pompiers d'évacuer un blessé, plâtré à la jambe, déposé sur la plage en kwassa quelques instants plus tôt. Une entrave au secours, en somme. Face aux soldats du feu, les habitants, furieux, expliquent qu'en favorisant l'accès aux soins des clandestins, ce sont les droits des Mahorais qui en pâtissent. Finalement, après des négociations houleuses, l'homme est enfin transporté vers le dispensaire de Dzoumogné, puis au CHM. La semaine précédente, un incident du même genre s'était joué à Kani Bé, où d'autres personnes ont tenté d'empêcher le passage d'un véhicule de secours, venu récupérer un homme, victime cette fois d'un traumatisme crânien des suites d'un accident de la route, aux Comores. Des actes fermement condamnés par l'ARS, qui avait alors rappelé que "la France ne tolère aucune discrimination dans l'accès aux soins. Chaque malade, quelle que soit sa situation sociale, a le droit d'être soigné. C'est la mission confiée à l'hôpital public en France."
LA SÉCURITÉ DE LA CASERNE DE KAHANI INQUIÈTE Portail inadapté, grillage endommagé, manque d'éclairage… Depuis des mois, l'état de la caserne de Kahani est au centre des revendications des pompiers en grève, ceux-ci estimant que les conditions de sécurité n'y sont pas optimales, alors que la commune, son centre de secours, son lycée et son dispensaire, sont régulièrement le théâtre de violents affrontements. Alors que les soldats du feu accusent la direction du Sdis de les mettre gravement en danger, celle-ci affirme avoir cédé à "99 % de leurs demandes". Parmi lesquelles également des préoccupations sanitaires, de l'installation d'un chauffe-eau jusqu'à celle de nouvelles toilettes. La caserne de Kahani, construire en kit préfabriqué devenu vétuste voire insalubre, devrait être totalement reconstruite l'année prochaine. En attendant, grévistes et direction du Sdis peinent à trouver un accord et un terrain d'entente. Le torchon brûle.
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