Mayotte Hebdo n°881

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En Shimaoré, intérim se dit

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LE MOT DE LA RÉDACTION

Du sur-mesure pour l'île aux records Du "sur-mesure" pour Mayotte : ce sont les mots employés par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, à l'occasion de sa visite à Mayotte. Du sur-mesure oui, pour cette île qui bat tous les records. En termes de santé tout d'abord, puisque Mayotte est connue comme "la première maternité de France", expression désormais consacrée et, à force, quelque peu réductrice. Une maternité qui dépend d'un Centre hospitalier hors-norme. À ce sujet, sa directrice, Catherine Barbezieux, explique dans notre entretien de la semaine que le CHM a connu une augmentation de 25 % de son activité entre 2013 et 2018. Une hausse conséquente qui demande l'agrandissement de l'institution. Elle nous détaille ici divers projets en cours afin d'améliorer le fonctionnement de cette structure si importante pour le territoire. Toujours au sein du CHM, direction le service des évacuations sanitaires, sur lequel nous nous sommes penchés dans notre reportage. Pourquoi, comment, sur quels critères : les "evasans" se dévoilent.

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Dans un autre registre, mais tout aussi important : la sécurité. Et parce que, là encore, Mayotte a besoin de sur-mesure, nous sommes allés à la rencontre des Maillots jaunes, ces hommes et femmes qui, bénévolement et encadrés par la police, surveillent nos rues tout en allant à la rencontre des jeunes et des parents, pour les sensibiliser, et faire de la prévention. Un engagement citoyen qui, loin de se substituer aux forces de l'ordre, tâche de leur apporter un appui. Notre dossier de la semaine lui est consacré. Et puis, plus légers, nous sommes allés à la rencontre de celle qui est probablement la mère de famille mahoraise la plus connue de France : Sakina. Avec ses six enfants, elle réalise en effet des vidéos qui cartonnent sur YouTube, cumulant parfois jusqu'à quatre-millions de vues. Une bonne ambassadrice pour Mayotte, et un record – positif cette fois – bien mérité. Bonne lecture à tous.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°218, vendredi 3 décembre 2004

Valoriser les compétences locales Il y a sur l'île des compétences dans de très nombreux domaines. Des personnes volontaires, engagées, sérieuses, largement aussi compétentes que celles que l'on peut trouver ailleurs. Des entreprises, des services, des techniques, dont nous n'avons pas à avoir honte, au contraire. Des chefs d'entreprises, des ingénieurs, des médecins, des enseignants, des intellectuels, des artisans, des techniciens dans de très nombreux domaines qui auraient leur place ici et ailleurs. La taille de l'île ne permet pas toujours de disposer de "références" prestigieuses, mais les compétences sont là. Les moyens humains, financiers, techniques ne font pas défaut dans le secteur privé en particulier. Il convient dès lors de faire appel au maximum à ces compétences locales, à développer ces forces, ces emplois, ces entreprises. Concevoir et fabriquer un bateau pour la PAF ou pour les pêcheurs, aux normes européennes, des chantiers navals sont tout à fait capables de les réaliser ici. Fabriquer du savon, de la glace, des yaourts, de la tôle, des boissons gazeuses... C'est déjà une réalité. Des centaines d'emplois sont ainsi assurés, qualifiés, dans de nombreux domaines. Des imprimeries fournissent un travail de qualité; des agences de communication, des sociétés de production assurent de très bonnes réalisations, autant en support papier qu'en radio ou télé. Elles sont capables de produire des reportages, des films. Il est ainsi très désagréable pour de nombreux entrepreneurs, qui se battent pour créer, maintenir des emplois, augmenter des salaires,

améliorer les compétences et les conditions de travail de leurs employés, de voir débarquer des opérateurs de l'extérieur. Surtout quand ces opérateurs ne s'installent pas sur place, mais viennent juste "prendre un marché". La réalisation d'un film, le démarchage pour des agendas "de prestige" qui pompent, raflent littéralement des dizaines de milliers d'euros dans les caisses des entreprises, au détriment des opérateurs locaux exsangues, la fourniture de matériel informatique, de climatiseurs, de matériel téléphonique, de mobilier... L'importation de produits de mauvaise qualité concurrençant des productions locales. Les exemples ne manquent pas. L'argent rentre de plus en plus difficilement à Mayotte. Si les opérateurs économiques, mais aussi – et surtout – nos responsables politiques, administratifs ne font pas attention, le peu qui rentre sortira immédiatement, dans la poche d'opérateurs extérieurs qu'ils auront appelés et qui repartiront ensuite, bienheureux après "un bon coup". L'économie locale est encore loin d'une phase de stabilisation. Elle est très fragile et nécessite une véritable prise de conscience de nos élus et de tous les citoyens. Un message fort des autorités publiques en direction du secteur privé est attendu, avec une grande impatience, faute de quoi les compétences et les nouveaux diplômés iront chercher du travail ailleurs.

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12% du lagon et 46% des cours d'eau en bon état

Présentation du Schéma directeur d'aménagement et gestion de l'eau de Mayotte. Objectif de cette consultation : faire prendre conscience à chacun qu'il est temps d'agir pour retrouver un bon état des eaux de rivières, des nappes phréatiques, et du lagon. Il faut dire que la situation est alors inquiétante : seulement 12% des eaux du lagon et 46% des cours d'eau sont en bon état. Une obligation en termes d'écologie, donc, d'autant que la directive- cadre européenne sur l'eau votée en 2000 imposait aux administrations des orientations à suivre, pour enrayer la dégradation des eaux et arriver à un état d'avant la perturbation de l'homme sur son environnement.

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Mayotte Hebdo n°424, vendredi 17 avril 2009.

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Zaïna Meresse : chatouilleuse atypique

Samedi 12 avril 2014, Mayotte apprend le décès de la chatouilleuse Zaïna Meresse. L'émotion est alors vive au sein de la population. Mayotte Hebdo revient sur le parcours de cette combattante de Mayotte française dans un vaste dossier. On trouve notamment les confidences de sa fille, Zakia : "Ce qui a le plus marqué ma mère, c'est l'accession de Mayotte au statut de département. Malgré sa maladie, elle a tenu à aller voter, je l’ai accompagnée. Lorsqu’elle a mis le bulletin dans l’urne, elle m’a dit : "J’ai accompli mon devoir. C’est à vous maintenant de faire le reste". Je pense que son plus grand regret est de n’avoir pas été, à ce momentlà, en compagnie de sa présidente Zena Mdére et de Bamana. Elle a pleuré pour cela." Mayotte Hebdo n°655, vendredi 18 avril 2014.

GRAND CHOIX DE LEURRES

LA PHOTO D'ARCHIVE Combani se rebelle

Juin 2006 : une partie de la population de Combani manifeste violemment pour empêcher le déplacement du bureau de l'état civil, p rov i s o i re m e n t i n s t a l l é dans les locaux de la mairie annexe de Combani, vers ses locaux d'origine à Tsingoni. Un soulèvement qui tourne à l ' a f f r o n t e m e n t av e c l'intervention de la gendarmerie pour lever les barrages implantés par des jeunes, déchaînés. "Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, nous sommes des Marseillais et nous allons transformer ce village en Bagdad !", peut-on les entendre scander.

PALMES AQUAGYM

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TCHAKS

L'ACTION

LE CHIFFRE

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C'est, en pourcentage, la baisse générale de la délinquance sur le premier trimestre 2019 par rapport au dernier trimestre de l'année 2018, soit 203 faits constatés de moins, avec 2045 faits constatés en tout. C'est en zone police que ces chiffres baissent le plus avec 162 faits de moins contre 41 en zone gendarmerie.

Une cagnotte pour la vanille de Mayotte

Connue pour être l'une des meilleures au monde, mais malheureusement de plus en plus rare, la production de vanille de Mayotte doit être soutenue. Pour défendre ce patrimoinemajeurdel'île,l'associationSaveurs et senteurs de Mayotte lance une cagnotte en ligne*. Objectif : récolter 250 kg de vanille et les revendre à des prix d'achat attractifs. L'argent récolté – 4 000 euros sont souhaités – permettraderémunérerlesproducteursavant la transformation du produit qui sera ensuite affinépendantplusieursmoisdansdesmalles en bois, puis livré aux donateurs en fonction de la somme versée. Par exemple, contre 12 euros, tout contributeur recevra 20 grammes de vanille, soit cinq à sept gousses. * https://www. leetchi.com/c/ vanille-de-mayotte-51745490

LA PHRASE "Cet incendie a donc touché le coeur de toute la nation et du monde entier, et à ce titre, celui de Mayotte et de nombreux Mahorais." Dans un communiqué de presse, le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, réagit à l'incendie qui a ravagé, dans la soirée du lundi 15 avril, une partie de la cathédrale NotreDame de Paris. Par ailleurs, l'élu précise "s’associer à l’émotion que ce drame suscite dans notre pays et adresse une pensée toute particulière à la communauté catholique en cette semaine sainte."

LA PHOTO DE LA SEMAINE Le ministre de l'Intérieur à Mayotte Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, était en visite à Mayotte dimanche 14 et lundi 15 avril. Initialement prévue jusqu'au mardi 16, sa venue a été écourtée suite à l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Durant ces deux jours, le ministre aura effectué diverses visites, sans pour autant faire de grandes annonces. Ce week-end, c'est la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, qui est Mayotte, avant la venue du président de la république, Emmanuel Macron.

BE R E V O R P LE

THÉÂTRE

200 lycéens pour un festival Du vendredi 19 au lundi 22 avril, c'est la deuxième édition du Baobab Festival. Il réunit 200 lycéens, des lycées Younoussa Bamana, de Dembéni, de Sada, de Kahani, de Petite-Terre et Mamoudzou Nord, où se déroulera l'évènement. De nombreuses pièces sont au programme.

Kondro ya masikini mungu de aiwanao. Le combat d'un pauvre est vengé par Dieu.

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LE FLOP LE TOP Rendez-vous manqué pour l'environnement

Des stagiaires en hôtellerie haut de gamme

Coup de gueule – légitime – de l'association Mayotte nature environnement. Lundi 15 avril était en effet organisée la présentation de la première campagne de communication en faveur de l'environnement. Une campagne essentielle pour le 101ème département compte tenu des dangers auxquels est exposée notre nature et notre biodiversité. Or, à en croire la page Facebook Ton petit Dom, bien connue pour ses campagnes pointant du doigt les problèmes de l'île, si "nos élus auraient dû être les premiers à s’y rendre pour montrer leur intérêt pour la préservation de la biodiversité de Mayotte. Malheureusement seule Madame le maire de Sada avait fait le déplacement !" Dommage, en effet, que les adultes aux responsabilités ne montrent pas toujours l'exemple.

Ils sont 14 demandeurs d'emploi mahorais en formation Assistant en service hôtelier, à s'être envolés deux mois, mardi 16, pour l'île Maurice afin d'y effectuer un stage pratique dans des hôtels quatre et cinq étoiles. Organisé par l'organisme de formation Somahazi et cofinancée par le Conseil départemental, le Pôle emploi de Mayotte et Ladom, qui a financé les billets, l'expérience offre à ces jeunes l'opportunité de travailler dans des structures hôtelières haut de gamme. Objectif pour Mayotte : "proposer des professionnels qualifiés aux structures hôtelières et para-hôtelières existantes et anticiper le développement du secteur touristique à Mayotte."

ILS FONT L'ACTU

Nicolas Barraqué

Annick Girardin

Quelques jours après Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, c'est au tour de son homologue du ministère des Outre-mer, Annick Girardin, de venir à Mayotte. Du dimanche 21 au mardi 23 avril, la ministre sera en effet sur le territoire. Si, à l'heure où nous bouclions cette édition, le programme de la ministre n'était pas encore dévoilé, il s'agit là d'un premier point d'étape, presque un an après l'adoption des 53 mesures du Plan de développement de Mayotte, mis en place pour sortir de la crise de début d'année 2018. Après Annick Girardin, c'est le président de la République, Emmanuel Macron, qui se rendra dans le 101ème département. Visite annoncée au mois de juin.

FESTIVAL

Kayamba revient

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Le photographe sousmarin Nicolas Barraqué sera à Mayotte à l'occasion de la deuxième édition du Festival du lagon qui se tiendra du vendredi 26 au dimanche 28 avril, place de la République à Mamoudzou. Également directeur de publication du magazine Plongez !, il couvrira l'évènement pour ensuite faire découvrir les eaux profondes de l'île aux parfums à ses lecteurs. L'occasion aussi pour le passionné de plongée depuis plus de 30 ans de se familiariser avec un des plus beaux lagons du monde, avec toujours le même mot d'ordre : protection.

SONDAGE

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La première édition, organisée en septembre dernier au Makwe, à Tsararano, avait été un succès. Les organisateurs du festival Kayamba remettent donc le couvert. Cette fois, l'évènement se déroulera à M'tsangabeach, le 15 juin prochain. Au programme, les artistes Do Moon, Faya Red, Loya et Pouvoir Magique. En parallèle, Loya restera deux semaines à Mayotte pour animer un atelier de 30 heures au collège de Kawéni 2, auprès d'une classe composée d’élèves en difficulté scolaire, provenant d’un milieu socio-économique défavorisé, et ayant, pour la grande majorité, une reconnaissance de la Maison départementales des personnes handicapées.

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MAYOTTE ET MOI

Geoffroy Vauthier

SAKINA DE LA S MÈRE DE LA FAMILLE MAHORAISE LA PLUS CONNUE DE FRANCE SAKINA EST SANS DOUTE LA MAMAN MAHORAISE LA PLUS CONNUE DE FRANCE ! INSTALLÉE EN ÎLE-DE-FRANCE DEPUIS 2001, ELLE PARTAGE EN EFFET SON QUOTIDIEN DE MÈRE DE FAMILLE VIA SA CHAÎNE YOU TUBE, SAKINA FAMILY. DES VIDÉOS PLEINES D'HUMOUR ET D'AMOUR QUE SUIVENT QUELQUE 340 000 ABONNÉS. "Je suis encore jeune, mais je sais que je reviendrai finir ma vie à Mayotte, pas ailleurs" : à 36 ans, Sakina est sans doute la maman mahoraise la plus connue de France. Et pour cause, elle partage son quotidien et celui de ses six enfants – Claudine, Hikma, Hanisa, Farouati, Mohamed et Hardidson – via sa chaîne YouTube, Sakina Family. Ce qu'apprécient ses 340 000 abonnés ? "Je ne saurais pas le dire, répond-elle humblement. Mais nous ne nous prenons pas la tête et restons simples. Les gens se reconnaissent dedans, je pense." Les vidéos de la famille sont en effet largement suivies par le public – certaines ayant même été visionnées quelque quatre millions de fois –, dont une large partie est à Mayotte. Une simplicité qui tient probablement à la personnalité de Sakina elle-même, dont le parcours est empli de courage. Née à Mohéli, la jeune fille débarque à Mayotte à neuf ans. Elle vient alors retrouver ses grands-parents paternels à Sada, où elle vivra jusqu'à ses 18 ans. Nous sommes alors en 2001 et Sakina, devenue jeune mère de famille, s'envole vers la métropole avec ses enfants. En cause : la recherche d'un avenir meilleur pour sa famille. "Je suis la fille aînée d'une famille relativement aisée à Mohéli, développe-t-elle, avec un grand-père plusieurs fois gouverneur de l'île et un père commerçant. Mais la situation pour moi à Mayotte était difficile. Je n'avais plus de contact avec mes parents, j'avais des enfants, il fallait que je parte. Sinon, je serai restée. Mayotte, c'était trop bien." Elle débarque alors en Île-de-France avec ses enfants, encore tout petits.

Un succès rapide Années passantes et expérience aidante, celle qui est passionnée par l'audiovisuel et l'art d'entreprendre décide de lancer sa chaîne YouTube. En 2014 née ainsi Sakina Make Up, où elle prodigue aux spectateurs ses

conseils de beauté. Un bon accueil des "youtubeurs", qui la convainc de diversifier ses programmes. Elle commencera à le faire pour sa fille, Hikma, souffrant d'un handicap. "Jusqu'à présent, je n'avais pas voulu exposer ma fille sur YouTube pour ne pas risquer les moqueries. Mais je tenais à la présenter pour faire connaître son parcours et parler de handicap. Finalement, les gens ont été émus et nous avons lancé notre chaîne familiale, à laquelle participe toute la famille, y compris Hikma", se réjouit-elle. Succès quasi immédiat pour ce concept de "vidéos familiales" où des saynètes scénarisées – C'est la famille – succèdent à des instants réels du quotidien dans lesquelles l'amour répond à l'humour. Très suivie à Mayotte, la chaîne permet aussi de promouvoir l'île aux parfums en métropole. Dans une de ses vidéos, elle apprend ainsi notamment à ses enfants à parler le shimaoré. Mayotte, une île qu'elle porte profondément dans son cœur. "Même je n'y suis pas née, c'est mon deuxième pays, je l'estime énormément", explique Sakina en poursuivant : "Quand on me demande d'où je viens, je réponds naturellement "de Mayotte". J'y aime la nourriture, la mentalité, l'entraide que j'y ai connue. Et puis ma famille s'y trouve. J'y ai aussi un terrain face à la mer sur lequel se trouve un grand rocher. Je m'y installais des heures pour me ressourcer et réfléchir. J'y repense encore lorsque j'ai besoin de le faire. J'ai hâte de pouvoir la faire découvrir à mes enfants, qui l'ont quittée trop jeunes pour s'en souvenir." D'ici là, Sakina réfléchit à un projet pour continuer à promouvoir l'île : "C'est très important pour moi de le faire, car Mayotte mérite vraiment d'être mieux connue." Et de promettre avec un franc sourire dans la voix : "si jamais un jour je suis invitée à une émission de télévision, je me mettrais en salouva pour représenter l'île." n

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S A K I N A F A M I LY

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MAYOTTE ET MOI

SAKINA, DE LA SAKINA FAMILY

MON ENDROIT FAVORI

"Sada dans son ensemble. C'est là où j'ai grandi. Le soleil se couche face à la ville. Et puis, c'est une ville qui se cache pas : de partout, on la voit presque tout entière. Il n'y a pas de meilleur endroit. C'est aussi là-bas que j'ai mon terrain ainsi que mon petit coin tranquille."

MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE "L'ambiance de l'île ! On est capables d'enfiler un salouva et d'aller faire du mbiwi dans le village d'à côté. On danse, on chante, on s'éclate. Je me souviens aussi des clans qui se créent lors des élections, où chacun défend son candidat coûte que coûte."

MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE "Je ne parlerai pas d'une œuvre en particulier, mais de l'humour mahorais. Je l'aime, car on se moque de tout le monde, mais c'est aussi ce qui permet de ne pas se prendre au sérieux."

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MA PHOTO MARQUANTE "C'est une photo du front de mer de Mamoudzou. Je l'ai prise en 2009, lors de mon retour sur l'île deux semaines, huit ans après l'avoir quittée. J'avais alors trouvé que l'ambiance avait changé, que les liens entre les gens étaient différents. Quoi qu'il en soit, cette photo me fait penser à Mayotte, et indirectement à la vue que j'ai chez moi, à Sada."

MA BONNE IDÉE POUR MAYOTTE

"Que l'on crée une structure pour promouvoir les artistes de l'île et les faire émerger en dehors du territoire, à l'international. Nous devons sortir de notre timidité, de notre hésitation et prendre confiance en nous. Il n'y a, par exemple, pas eu une seule Miss France mahoraise en 20 ans, alors c'est à nous de prendre les choses en main."

LA WAWE BOX, LIVRABLE À MAYOTTE Mère de famille n'est pas incompatible avec entrepreneuse. Sakina possède en tout cas cette double casquette et a lancé récemment la Wawe box. Le concept ? Pour 35,90 € mensuels (71,80 € pour deux mois, 107,70 € pour trois mois ou 220,40€ pour le semestre), les abonnés reçoivent chaque mois une box contenant trois à cinq produits "des plus grandes marques de beauté, en taille réelle", d'une valeur totale de 100 €. Le tout accompagné d'une gourmandise. Et, évidemment, Sakina peut envoyer la box à Mayotte. Rendez-vous sur wawebox.com.

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LE DOSSIER

Citoyens volontaires

LIGNE JAUNE

CONTRE L'INSÉCURIT


En févier 2018, un mouvement contre l'insécurité débouchait sur un blocage de l'île de sept semaines. L'exaspération des habitants arrivait à son paroxysme. Cambriolages, agressions, affrontements entre bandes, violences scolaires, dégradations, etc. : aucun recoin de notre île n'était épargné, particulièrement à Mamoudzou. Face à la crise, et pour calmer les jeunes de leurs quartiers, des habitants s'organisaient alors pour effectuer des veilles aux différents "points chauds" du chef-lieu. Les Gilets jaunes étaient nés. Un an après, le dispositif a été modifié. Désormais mieux encadrés par la police nationale, ces Citoyens volontaires – ou Maillots jaunes – continuent de parcourir les rues des quartiers pour surveiller, assurer une présence, mais aussi sensibiliser les jeunes. En somme : faire de la prévention. Une démarche préventive sur laquelle les autorités souhaitent s'axer de plus en plus, comme l'a souligné le préfet délégué du gouvernement, Dominique Sorain, lors de la récente présentation des chiffres de la délinquance. "On va continuer dans cette voie", annoncait-il ainsi, en reconnaissant : "On doit agir beaucoup plus en termes de prévention." À ce titre, la gendarmerie travaille elle-aussi sur des dispositifs semblables de participation citoyenne, et deux conventions viennent d'être signées avec les communes de Bandrélé et Chirongui. Le sécurité citoyenne aurait-elle de beaux jours devant elle ? En attendant de le savoir, nous sommes allés à la rencontre des Maillots jaunes.

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LE DOSSIER

Lyse Le Runigo

SÉCURITÉ

MAILLOTS JAUNES POUR NUITS NOIRES DEPUIS TROIS MOIS, DES "CITOYENS VOLONTAIRES DE SÉCURITÉ", ENCORE APPELÉS JUSQU'À PEU GILETS JAUNES, PATROUILLENT JOUR ET NUIT DANS LES DIFFÉRENTS VILLAGES ET QUARTIERS DE L'AGGLOMÉRATION DE MAMOUDZOU. REBAPTISÉS "MAILLOTS JAUNES" DANS LE CADRE D'UN NOUVEAU PARTENARIAT NOUÉ AVEC LA POLICE NATIONALE EN FÉVRIER DERNIER, PLUS CADRÉ ET CONTRAIGNANT QUE CELUI DE LEURS PRÉDÉCESSEURS, ILS VONT AU CONTACT DE LA POPULATION POUR FAIRE RECULER LA PEUR ET TENTENT, À LEUR ÉCHELLE, DE PRÉVENIR LE PASSAGE À L'ACTE DES PRIMO-DÉLINQUANTS.

Leurs silhouettes moutardes égaient le morne rond-point du Stade de Cavani, ce jeudi soir. La scène serait presque devenue une image d'Epinal tant la mobilisation des Gilets jaunes, à La Réunion et en métropole, a fait parler d'elle ces derniers mois, fixant dans la mémoire collective de semblables scènes. Ce serait oublier que la mode du jaune a d'abord vu le jour à Mayotte, dans la foulée des violences qui ont précédé le vaste mouvement de grève

contre l'insécurité de 2018. Car c'est bien dans le 101ème département que sont apparus les premiers porteurs de gilets, ces collectifs de sécurité citoyenne chargés de prévenir la délinquance par leur présence dissuasive sur les points stratégiques de la capitale du département. A priori, aucun lien entre le mouvement social qui agite la métropole chaque samedi depuis le mois de novembre et ce dispositif de sécurité 100% local. Et pourtant. Chaque fois, peut-être,

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se sera exprimé, au-delà des revendications de chacun, ce même besoin de visibilité, de reconnaissance, de sérénité. Chaque fois, aussi, cette idée de se réunir sur ces points de convergence géographiques accessibles à tous, sortes d'agoras miniatures que les automobilistes ne sont désormais plus les seuls à fréquenter. À deux pas du stade de Cavani, ce jeudi soir, une vingtaine de personnes en casquette et tee-shirt flavescents encerclent le rondpoint tandis que le jour décline doucement. C'est l'une des équipes du soir des Maillots jaunes de Cavani. Pour la plupart anciens Gilets jaunes, ce sont aussi des habitants du quartier dont ils connaissent la population et les moindres recoins.

"UN DISPOSITIF DE LA POLICE NATIONALE" Tandis que l'un des bénévoles bavarde tranquillement avec un de ses partenaires, un autre fait un signe amical à un Duster qui passe. Stoïques et silencieux, les autres observent le ballet des voitures et des piétons qui se hâtent de rentrer chez eux après leur journée de travail. Cette poignée d'hommes auxquels se joignent quelques femmes restera ainsi en veille active durant trois heures. Leur mission ? Observer, échanger avec la population, patrouiller, et au besoin, alerter les forces de l'ordre. Il n'est pas question d'intervenir directement, sauf par le biais de la médiation, et surtout, sans prendre de risque inutile. La consigne reste la même que celle qui s'appliquait aux Gilets jaunes originels, mais à quelques nuances près, surtout depuis la refonte du dispositif et le passage au nouveau système, en février dernier. "Les gens n'ont pas encore bien compris que nous faisions partie d'un dispositif de la police nationale", explique Hamada Madi, référent du quartier de Cavani. Pourtant, cela change tout. Par exemple, désormais, une insulte proférée à l'encontre des bénévoles sera considérée comme une injure adressée à la police, et dès lors, punissable au titre du délit d'outrage. Appréciés par une partie de la population, les Gilets jaunes ont aussi fait l'objet de violentes critiques lors de leur déploiement fin 2017-début 2018. Traités de "milices de clandestins" et accusés de compter dans leur rang des immigrés en situation irrégulière, il leur a également été reproché d'être ingérables et d'agir pour leur propre compte, se faisant parfois justice eux-mêmes. Pour y mettre bon ordre et faire taire les détracteurs, la police a décidé d'institutionnaliser le dispositif par le biais d'un contrat d'engagement d'un an à titre bénévole, comprenant des droits et des devoirs. Encadrés, chacun des volontaires doit désormais justifier d'une présence continue sur le territoire d'au moins cinq ans et de papiers d'identité en règle pour pouvoir intégrer le programme. Les casiers judiciaires doivent être vierges et une formation initiale de huit jours, qui a vocation à être complétée par d'autres par la suite, leur est dispensée. Ainsi, à raison de 22 heures par semaine maximum, avec une possibilité de gérer eux-mêmes leur planning, les citoyens volontaires

Hithouwane Ibrahim, un maillot jaune pour aider les Bleus C'est l'homme sans qui rien n'aurait pu se faire. Hithouwane Ibrahim, directeur technique de l'association Jeunes TalentsAJT Group et employé dans le secteur de la sécurité connaît Mayotte comme sa poche. Il a fait le lien avec la population pour mettre en place les premières moutures du dispositif de sécurité citoyenne, et n'a jamais cessé de s'y impliquer depuis. La médiation qu'il effectue est au cœur de la démarche. "Dès le début, on a commencé à faire des réunions de quartier sur les droits et devoirs des parents. De là, sont remontées des choses que même nous, nous ne savions pas, comme par exemple, ces gens qui avaient peur de dire à leur enfant le soir : "Maintenant tu dois aller dormir" et qui étaient pourtant en droit de le faire". Ce sont ces parents en perte d'autorité et effrayés par leur propre progéniture que Hithouwane Ibrahim tente de remobiliser depuis trois ans. Lui-même père de famille, il explique que porter le Maillot jaune, "avec un écusson de la police nationale", l'aide aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de son foyer.

s'engagent à effectuer leurs rondes et à prévenir en cas d'impossibilité. Chaque zone couverte dispose en effet d'un référent, là où l'ancien dispositif reposait sur des associations de quartier plus ou moins autonomes les unes par rapport aux autres. À Cavani, les tranches horaires se décomposent ainsi : une première équipe prend l'horaire de 7h30 à midi, suivie d'une autre de 13h à 17h, de 17h à 20h et de 20h jusqu'à minuit, explique le référent.

RÉTABLIR "L'HARMONIE"

Vers 18h30, Thierry Lizola, brigadier en charge du Bureau partenariat et prévention de la police nationale, qui pilote le programme, arrive sur le rond point du Stade. Après avoir salué l'ensemble de l'équipe, il tique : "Là, ils sont un peu trop nombreux à stationner au même endroit. Mais ils vont se séparer, il y a un groupe qui va partir sur M'tsapere et un autre qui va aller sur Mamoudzou et ils se retrouveront ensuite", explique-t-il. S'il n'est pas question de laisser un bénévole patrouiller seul – d'autant plus en soirée – pour garantir sa propre sécurité, le système est conçu pour être "dynamique et mobile", précise-t-il. Dès lors, pour les rondes, des petits groupes de deux ou trois sont privilégiés. Il ne faut pas non plus qu'il y ait "cette impression de notre côté de phénomène de bande, parce que ce n'est pas le cas, ce sont des citoyens volontaires, ils ne sont pas là pour faire peur". Et de rappeler que les

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ou tout simplement à prendre une part active dans la sécurisation de son quartier? Impossible à dire avec certitude. Pourtant, plusieurs heures par jour, sans aucune autre contrepartie que le sentiment de participer à la vie de la communauté dans un maillot floqué "police nationale", il donne de son temps "pour la sécurité". Un de ses collègues espère de son côté réhabiliter "l'harmonie" dans l'île aux parfums. Loin d'une attitude de justicier en mal de sensations fortes, il confie de sa voix douce qu'à Mayotte, "on est des amis, on est des frères, alors il faut essayer d'engager une conversation, qu'on soit sereins et tranquilles, pour vivre ensemble, joyeusement. Si tu vois ton ami, tu lui parles bien, c'est mieux que la violence".

"MAINTENANT, ILS S'ÉCARTENT"

Maillots jaunes ne sont pas, à quelques exceptions près, des professionnels de la sécurité. "S'ils sont pris à partie, il faut que les autres puissent réagir et avertir la police (…) Quand ils sont soumis à un phénomène de stress, souvent, la plupart restent figés et ils ont du mal à réagir". Avec deux autres Maillots jaunes, Chamsidine se décide pour une balade dans la montée des Agaves, à quelques mètres du rond-point. Sans emploi, il n'est pas désœuvré pour autant. "Je suis bénévole pour la croix rouge plusieurs heures par semaine, et le reste du temps, je fais ça", résume-t-il simplement. Cherche-t-il à s'occuper, à remplir quelques lignes sur son CV dans l'espoir de faire valoir son engagement auprès d'un futur recruteur,

Les volontaires marchent d'un pas tranquille tandis que défilent les maisons SIM du quartier. Pas un chat à l'horizon. Tout à coup, une voix d'homme, fluette et un peu ahurie, retentit derrière les barreaux d'une des résidences. "Bonsoir, ça va ?", demande-t-il. "Oui, oui, tout va bien", répondent les bénévoles. "Et vous, madame, ça va ?", répète-t-il, à deux ou trois reprises, sous les rires bienveillants des Maillots jaunes. Quelques mètres plus loin, sous un néon blafard qui les éclaire à peine, une dizaine de jeunes sont tranquillement installés sur les marches qui conduisent au rond point du Baobab en contrebas. Un téléphone crache du hip-hop en fond sonore. Un petit moment de latence, suivi d'un simple échange de "bonsoirs", soldera la rencontre. "Maintenant ils s'écartent quand on passe", relève Chamsidine, qui ne les connaît pas personnellement, mais les a déjà croisés. "Ils ont commencé à

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tourner ici. Ils commencent à réfléchir à d'autres endroits", explique-t-il. "Nous, toujours on essaie de s'entendre mieux, de parler avec eux", dit-il, sans trop insister ce soir pour autant. Arrivée sur le rond-point du Baobab, une partie de l'équipe fait escale au bar chez Cousin. Pas pour prendre une bière, mais pour s'enquérir quelques instants de la situation auprès du gérant, qui a pignon sur rue. Lors de leurs tours de garde, "il est prévu que les Maillots jaunes aillent dans les commerces pour demander aux patrons si tout se passe bien", précise Thierry Lizola."Ils en profitent aussi pour leur rappeler qu'ils peuvent faire appel à eux au moindre problème et les commerçants ont les numéros de téléphone des référents de leur quartier."

À TSOUNDZOU, DES BOUÉNIS "LIVRÉES À ELLES-MÊMES"

Après Cavani, le référent du Bureau partenariat et prévention file retrouver les bénévoles de Tsoundzou. La station Total sera son premier arrêt. Touché à intervalle régulier par des tentatives de braquage ou des rixes, l'endroit est un des points sensibles recensés par le Bureau partenariat et prévention. Sur place, un agent de sécurité privé discute avec le brigadier. Tous les vingt mètres environ, sur le chemin qui borde la mangrove où de nombreux malfaiteurs peuvent aisément se dissimuler, un Maillot jaune attire l'œil. Cette fois, ils sont seuls, mais statiques. "Ils doivent être suffisamment proches les uns des autres pour se voir et s'entraider si jamais il y a un problème", explique le policier. Hithouwane Ibrahim, bénévole et responsable

associatif à l'origine du dispositif avec Thierry Lizola (voir encadré), explique que la route nationale est parsemée de points de vigilance. Il y a la station essence donc, mais aussi les points de vente informels éparpillés sur les bords de route, où les bouénis sont souvent "livrées à elles-mêmes" le soir, après avoir écoulé leurs marchandises. Les boulangeries et le collège voisin de Kwalé sont autant de "zones à défendre". Une masure à l'angle d'une ruelle sinueuse, encerclée de barreaux de bois grossièrement taillés en pointe, profite de l'éclairage public qui s'amenuise à mesure qu'on s'enfonce dans le quartier. Une famille y est attablée. La rue lui fait office de terrasse et de cour pour le zébu, attaché aux barreaux de la maison. Accompagné d'un autre Maillot jaune, Hithouwane échange quelques mots avec ces habitants. "Ils disent qu'après 22 heures, il y a toujours des braquages. Apparemment, il y a eu un vol ici il y a deux ou trois jours", traduit-il. Une femme demande si les Maillots ne sont là qu'en journée et souhaiterait que les rondes soient assurées plus tard le soir. "Maintenant, nous, on va faire remonter l'information à la police, qui pourra envoyer une patrouille", explique le Maillot jaune. La famille lui raconte aussi avoir repéré, quelques jours plus tôt, un individu louche qui rôdait dans les parages. "Dans ce cas, on leur explique qu'ils doivent appeler le 17, dès qu'ils voient quelque chose de suspect, sans attendre qu'il se passe quelque chose". Si la peur n'évite pas le danger, la prévention, elle, peut y aider. n

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LE DOSSIER

Lyse Le Runigo

THIERRY LIZOLA,

BRIGADIER EN CHARGE DU BUREAU PARTENARIAT ET PRÉVENTION

"IL FALLAIT RAMENER LES GENS DANS LA RUE" CE POLICIER EN CHARGE DU BUREAU PARTENARIAT ET PRÉVENTION DE LA POLICE NATIONALE À MAYOTTE A LANCÉ, FIN 2017, AVEC L'AIDE DU RESPONSABLE ASSOCIATIF HITHOUWANE IBRAHIM, LE DISPOSITIF DE SÉCURITÉ CITOYENNE DES GILETS JAUNES. INTERROMPU EN DÉCEMBRE 2018, CE PROGRAMME INÉDIT A FAIT SON RETOUR IL Y A TROIS MOIS, DANS UNE NOUVELLE MOUTURE PLUS ENCADRÉE ET RÉGLEMENTÉE, SOUS LA DÉNOMINATION DE MAILLOTS JAUNES. DÉSORMAIS PLACÉS SOUS LA RESPONSABILITÉ DIRECTE DE LA POLICE, TOUS LES VOLONTAIRES ONT DES PAPIERS D'IDENTITÉ EN RÈGLE ET JUSTIFIENT D'UNE PRÉSENCE D'AU MOINS CINQ ANS SUR LE TERRITOIRE. Mayotte Hebdo : Qui sont ces Maillots jaunes que l'on voit arpenter les rues et les ronds-points de la commune de Mamoudzou et qui ont pris la place des anciens Gilets jaunes ? Thierry Lizola : C'est une population assez hétéroclite. Nous avons des gens originaires de l'archipel des Comores, des gens de Mayotte, des métropolitains, des gens qui travaillent, d'autres qui ne travaillent pas, quelques professeurs aussi, etc. Ce ne sont pas des professionnels de la sécurité, sauf pour quelques-uns. Sur Mamoudzou, on comptabilise aujourd'hui 290 Maillots jaunes, soit un peu plus de 10% du nombre des anciens Gilets jaunes. Il y a eu jusqu'à 1 000 bénévoles à Mamoudzou et jusqu'à 2 000 dans toute l'île au plus fort du pic de la crise sociale de 2018, pendant sept mois. Là, il y a un petit mouvement de délinquance qui s'est créé du fait de la disparition des Gilets. Les Maillots jaunes, c'est quelque chose d'institutionnel et

qu'il faut structurer, donc on y va tout doucement car on ne veut pas perdre la main. Le but, c'est aussi qu'ils soient bien visibles pour être reconnus. Plus ils seront connus comme des agents de prévention – et prévenir, c'est aussi avertir – et plus les délinquants se diront : "Maintenant il faut faire attention". L'objectif, c'est d'abord de prévenir les primo-délinquants. C'est d'empêcher le premier passage à l'acte de ces gamins qui, dans certaines classes d'âge, basculent. Pour empêcher ce basculement, les Maillots jaunes sont un peu les parents qui sont absents, ils les suppléent. Ils sont là, ils dissuadent, ils voient un gamin qu'ils connaissent peutêtre et dont ils n'avaient pas forcément conscience qu'il traînait à un kilomètre de chez lui, et comme ils le connaissent, ils peuvent lui dire : "Mais toi, qu'est-ce que tu fais là, tes parents, ils savent que tu es là ?" Les individus qui sont déjà passés à l'acte, eux, ont l'habitude de s'adapter à la police, aux agents, etc. Ils se déplacent

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pour commettre leurs actions et restent assez indifférents au dispositif.

un an à raison de 22 heure par semaine maximum – sans leur proposer la moindre rémunération ?

MH : Comment les Gilets jaunes originels sont-ils nés ?

TL : Si vous leur expliquez que vous êtes là pour les aider et que vous allez régler les problèmes avec leur aide, que vous êtes loyal, si vous ne trichez pas, eux, ils vous suivent. Mais il ne faut pas tricher. C'est un rapport de confiance. Avec Hithouwane, dès le départ, on s'est dit : "d'abord on se tutoie, on se dit les choses, ce qui va et ce qui ne va pas." Si tu me dis "merde", je ne vais pas retenir un outrage, alors que je suis policier. Sa façon de voir les choses est culturelle, la mienne est légaliste, et nous essayons de mettre les deux en cohérence. Tout cela avance, du moment que les deux points de vue ne sont pas radicaux. Le problème de la France, c'est peut-être qu'on est un peu radical des deux côtés. Ce sont des forces qui s'opposent, c'est comme un aimant.

TL : On a eu une émeute en novembre 2017, à Bandrajou (Kawéni), un quartier où les flics n'allaient plus depuis dix ans. Hithouwane a fait un travail de médiateur extraordinaire, il m'a ouvert les portes du village, il m'a permis d'y aller. J'y suis allé une fois, deux fois, trois fois, on ne me parlait pas. On me jetait des pierres, on me crachait dessus. Hithouwane a fait le travail de fond. Et un jour ça c'est ouvert. J'ai dit "Je ne suis pas armé", nous avons fait le tour du quartier à pieds et nous avons pu discuter avec tout le monde. Les habitants demandaient un couvre-feu. Je leur ai dit : "si vous faites ce couvre-feu, on voit avec le directeur pour qu'on vous laisse tranquilles, on vous laisse faire ce couvre-feu." Pendant un mois, ça a bien marché, les gamins étaient rentrés le soir. Le 15 janvier 2018, nous avons fait une réunion avec Bacar Ali Moto (l'adjoint au maire de Bandrajou), les représentants de la mairie, de la police nationale, etc. Finalement, 2 000 personnes sont venues. Bandrajou est alors devenu le symbole du Bureau partenariat et prévention et le point de départ des Gilets jaunes. Finalement, le couvre-feu a duré un an. Dans mon esprit, il fallait sanctuariser ce village. Pacifier Bandrajou, c'était pacifier Kawéni. Les "voyous" venaient de là. Ça a aussi permis de sécuriser 12 000 élèves : deux lycées, deux collèges, six écoles primaires ! MH : D'autres dispositifs de surveillance citoyenne ont déjà été mis en œuvre en métropole et à l'étranger ces dernières années, à l'instar des "Voisins vigilants" par exemple. Quelle est la différence avec les Maillots jaunes de Mayotte ? TL : Ce n'est pas du tout le même cadre, nous allons d'ailleurs au-delà. Nous n'attendons pas que l'évènement vienne à nous pour réagir. Les Maillots jaunes, c'est vraiment une force de dissuasion. D'abord, il faut empêcher ceux qui sont déjà actifs de continuer à l'être, ensuite empêcher qu'ils puissent fédérer autour d'eux, et enfin, essayer de ramener dans le droit chemin ceux pour qui c'est encore possible. Ils sont organisés dans le cadre de la Police de sécurité au quotidien (PSQ), de la même manière que les Groupes de proximité opérationnels (GPO), qui traitent de problèmes ponctuels et particuliers – comme les chiens errants, les bandes organisées, ou encore les violences aux abords des établissements scolaires – avec des partenaires particuliers, tels que des associations. Les Maillots jaunes, ils ont la chance de pouvoir parler la même langue, ils ont la chance de connaître les jeunes d'ici. Avant, l'autorité était partagée dans la culture mahoraise. Il y avait aussi l'école coranique et les cadis. Tout ça, ça a explosé, notamment avec la départementalisation. Il y a aussi un problème de reconnaissance de l'enfant à Mayotte, d'intérêt pour l'enfant. Nous, nous avons repris toute la structure locale antérieure et nous avons essayé de la reconstruire. MH : Comment convaincre des citoyens de s'impliquer bénévolement dans un contrat d'engagement aussi lourd –

MH : Pour autant, est-ce vraiment le rôle des citoyens de participer à la mission de sécurité de l'État ? TL : La sécurité c'est l'affaire de tous, c'est un contrat social, et ça va même au-delà. La sécurité, c'est la première des libertés. Ça consiste aussi à considérer que la population a un intérêt à sortir de l'attentisme. Les années 2015 et 2016 ont été dramatiques à Mayotte, avec une augmentation de 600 à 700 % de la délinquance. Les gens ne sortaient plus dans la rue, ils ne jouaient plus aux dominos, ils ne parlaient plus dans la rue, alors qu'à Mayotte, on vit dans une société du palabre. Il fallait donc ramener les gens dans la rue, c'est ce qu'ils attendaient de nous (…) Avec Hithouwane, nous avons dit aux habitants de Mamoudzou : "Dans six mois, avec les Gilets jaunes, vous reviendrez dans la rue", et ça a marché. Ce que je regrette parfois, c'est que le travail qu'ils ont fourni pendant trois ans, jour et nuit, avec le Bureau partenariat et prévention, n'a pas été reconnu à sa juste valeur. Quand ils se sont arrêtés (en décembre dernier ndlr), les gens ont pris conscience de leur rôle. La délinquance a repris crescendo pendant cette période. Puis il a fallu sortir des Gilets jaunes parce qu'il y avait une connotation négative, notamment parce l'idée nous avait été "piquée" par la métropole. MH : Ce genre d'initiative pourrait-elle fonctionner ailleurs ? TL : Ici, à Mayotte, on peut être dans la même configuration que dans une banlieue parisienne. Le système peut marcher partout, oui, mais à condition d'avoir des gens impliqués. La population a besoin de confiance. La seule différence, elle vient des agents, des agents au sens large, des citoyens, des policiers, etc. C'est-à-dire ceux qui sont en interaction. Ici, on a réussi à comprendre que ça vient des personnes, qu'il faut que dans l'interaction, il y ait une zone de tampon où les choses se mélangent et qu'elles soient en harmonie. Mais ça demande une posture de la part du policier qui ne rentre pas dans ce qu'il a l'habitude de faire (de la répression plutôt que de la prévention, ndlr) et ça demande à la population de sortir d'une position victimaire et revendicative, de toujours demander plus à l'État providence.. n

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LE DOSSIER

Geoffroy Vauthier

SÉCURITÉ

AFFAIRE D'ÉTAT OU DE TOUS ? SI LES MAILLOTS JAUNES CONTRIBUENT À SÉCURISER NOS RUES EN Y ASSURANT UNE PRÉSENCE, LE DISPOSITIF POSE TOUTEFOIS UNE QUESTION PLUS LARGE. DOIT-ON Y VOIR UN DÉSENGAGEMENT DE L'ÉTAT SUR LA PREMIÈRE DES LIBERTÉS QU'EST LA SÉCURITÉ ? UNE RÉAPPROPRIATION DE L'ESPACE PUBLIC PAR LES CITOYENS ? OU LES DEUX ? LA SÉCURITÉ DOIT-ELLE ÊTRE L'AFFAIRE DE TOUS ? 20•

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"C'est sûr que c'est rassurant de voir des personnes faire des rondes dans le quartier. On se sent moins isolé lorsqu'on rentre chez soi à pied. C'est déjà ça", commente Saïd au sujet des Maillots jaunes. Habitant de Cavani, l'homme ne "sait pas s'ils pourraient faire grand-chose en cas d'agression" mais confie "apprécier que la rue soit un peu plus sécurisée" en partant du principe "qu'ils doivent connaître les jeunes du quartier à force." Un lien social important pour celui qui a été éducateur en métropole, avant de rentrer à Mayotte, il y a quatre ans : "Un jeune passera moins facilement à l'acte s'il est susceptible de rencontrer quelqu'un qu'il croise tous les jours." Apparu avec le mouvement social du début d'année 2018, le dispositif Gilets jaunes a fait parler, jaser même. Mais il a aussi contribué à sécuriser les quartiers du chef-lieu Mamoudzou, placé sous zone de police, au moment d'une grogne générale contre la délinquance. Désormais rebaptisé Maillots jaunes, le dispositif continue d'assurer une présence rassurante auprès des citoyens, malgré des prérogatives limitées. "Les Maillots jaunes ne sont pas des justiciers", n'a en effet eu de cesse de préciser le Bureau partenariat et prévention de la police nationale, qui encadre le dispositif. Une nuance bien enregistrée par les concernés. Hamada Madi, référent Maillots jaunes du quartier Cavani l'explique : "Nous, on ne prend pas de risques. S'il y en a, on prévient la police." Il complète : "Notre mission est de parler aux jeunes. Ils ont très souvent une vision négative de la police, alors nous leur expliquons qu'elle est là pour protéger

HAMADA MADI, RÉFÉRENT MAILLOTS JAUNES

"Je suis Mahorais et j'ai vécu un temps en métropole. Lorsque je suis revenu à Mayotte, j'ai vu toute cette délinquance qui avait augmenté. Alors j'ai eu envie de travailler en ce sens, avoir des contacts avec ces jeunes et leur expliquer comment on doit être en société. Je vois des fonctionnaires, des médecins, du personnel hospitalier, qui quittent l'ile à cause de ça. Cela m'attriste, car au final, l'insécurité, on en pâtit tous."

les habitants, mais aussi comment il est bon de se comporter en société." Sans oublier un rôle éducatif : "Il nous arrive de raccompagner des mineurs chez leurs parents. Nous en profitons donc pour sensibiliser ces derniers à l'importance de l'éducation." Prévention, dialogue et médiation : le cœur du dispositif."Les habitants sont plus tranquilles, reprend le responsable. Ils nous appellent parfois pour nous dire qu'il y a un problème, les commerçants aussi."

PALLIER UN MANQUE DE MOYENS ?

FAÏZA

"Participer à la lutte contre l'insécurité est très important. En tant qu'habitante du quartier, je me sentais le devoir de le faire. Les jeunes ont compris que nous étions là pour cela."

Si les Maillots jaunes sont bénévoles, ils partagent tout de même, donc, un rôle de surveillance avec la police. Doit-on y voir une manière de pallier un manque de moyens régulièrement soulevé par les forces de l'ordre ? La sécurité doit-elle l'affaire de tous ? Si le dispositif représente "un appui certain", comme répondent en substance les syndicats de police du 101ème département, soulignant le rôle préventif des Maillots jaunes, tous regrettent le désengagement de l'État sur un territoire où les forces de l'ordre ont particulièrement besoin de moyens. Djamaldine Djabiri est délégué départemental du syndicat Unité SGP Police-FO. Pour lui, si une participation citoyenne à la sécurité de tous les jours est bénéfique, "il ne faut pas que cela traduise un désengagement de l'État en matière de sécurité, une de ses missions régaliennes, ou qu'il

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LE DOSSIER

"IL NOUS ARRIVE DE RACCOMPAGNER DES MINEURS CHEZ LEURS PARENTS"

ALI ABOUDOU

"Il est important de surveiller nos rues et de sensibiliser les jeunes. Grâce à cela, les choses vont mieux dans le quartier."

s'en serve de prétexte pour ne pas doter la police mahoraise des moyens dont elle aurait besoin." En somme : les Maillots jaunes doivent rester dans leur rôle de prévention, et ne pas servir de "cache-misère" dissimulant un manque de moyens. "Leur rôle est de faire de la prévention, pas de la répression, reprend le responsable. Ils ne seront pas là non plus ad vitam aeternam et même si les jeunes se calment grâce à leur présence, le problème de fonds sera toujours là, il faudra donc trouver des solutions pérennes à un moment donné. Nous ne sommes pas contre, mais nous demandons aussi à l'État d'assurer son rôle auprès de nos concitoyens."

"ON NE PEUT PAS ÊTRE PARTOUT" Pour Attoumani Bacar, délégué d'Alliance Police, le problème posé n'est en effet pas le dispositif des Maillots jaunes en tant que tel, mais la question de fond : l'impossibilité pour la police d'assurer pleinement ses missions, faute d'investissements en sa faveur. Il s'interroge : "Les forces de l'ordre peuvent-elles tout faire ? N'ont-elles pas des procédures trop compliquées ? Des tâches administratives trop nombreuses et trop longues ? Les partenariats, notamment avec la police municipale, ne sontils pas à améliorer ou à amplifier ?" Et de poursuivre : "Nous sommes évidemment et avant tout pour l'envoi de nouveaux effectifs, de renforts, et on peut regretter que l'administration n'a pas anticipé les besoins en la matière, mais dans cette attente on ne peut que se réjouir que des citoyens souhaitent s'investir" Un appui positif permettant d'épauler les forces de l'ordre, c'est aussi l'opinion du syndicat Alternative police, représenté à Mayotte par Aldric Jamay. Là encore, la difficulté que rencontrent les policiers à assurer la couverture permanente de l'intégralité du territoire justifie la présence des Citoyens volontaires. "Le souci de la présence policière, la mission de patrouille, est qu'on est vite absorbés par tel ou tel acte de délinquance, détaille-t-il. Il y a beaucoup de missions en ce sens, et il y a de fait moins de patrouilles pour assurer une présence. Même avec les moyens nécessaires, on ne pourrait pas être partout pour surveiller et sécuriser. Le dispositif des Maillots jaunes est donc un bon complément pour nous, un bon moyen de prévention et de présence sur la voie publique, même s'il n'est pas possible de les mettre partout, certains points étant trop dangereux."

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UN RÔLE CITOYEN Si le manque d'investissement en faveur de la sécurité est ardemment regretté, chacun s'accorde toutefois en toile de fond, sur l'importance pour le citoyen de se réapproprier une responsabilité dans la sécurité au quotidien. Ce qu'explique Aldric Jamay : "Dans tous les cas, un citoyen témoin d'un crime ou d'un délit est censé interpeller l'auteur ou mettre en oeuvre tous les moyens pour que l'auteur le soit " Un devoir pour tous donc, qui, de plus, conviendrait tout particulièrement bien au territoire. "Cela se faisait avant de manière naturelle à Mayotte et cela marchait plutôt bien, même si la délinquance n'était évidemment pas aussi présente qu'aujourd'hui", se rappelle le délégué d'Alliance Police, Attoumani Bacar, qui poursuit : "D'une certaine manière, les gens se réapproprient la sécurité, ils se connaissent et le regard des uns sur les autres est en soit une forme de prévention. Celui qui commet un délit est sûr d'être reconnu et interpellé. C'est aussi une bonne chose de revenir sur ce volet là, tant que cela reste un rôle de complémentarité." n

"D'UNE CERTAINE MANIÈRE, LES GENS SE RÉAPPROPRIENT LA SÉCURITÉ"

UN DISPOSITIF IDÉAL POUR MAYOTTE ? Dans une société mahoraise autrefois empreinte d'entraide et de solidarité, et dans laquelle certains estiment aujourd'hui parfois être dépossédés de leur rôle éducatif, le concept des Maillots jaunes pourrait-il particulièrement adapté ? Pour le sociologue Faissoil Soilihi, il y a en effet une possibilité, mais il nuance le propos. En cause : la légitimité des Citoyens volontaires. "On peut effectivement faire un parallèle avec le rôle des adultes dans la société traditionnelle, explique l'expert, mais il faut avoir conscience qu'au sein d'un village, tout le monde se connait, les rapports ne sont pas les mêmes. On respecte ce que l'autre dit, car on sait qui il est." Or, cette légitimité ne serait pas aussi évidente aujourd'hui, les rapports se distendant dans la société moderne. "Pour la trouver, ces gens, qui au fond font de la prévention et de la médiation, doivent être formés et rémunérés par le Conseil départemental – car ce n'est pas une compétence propre à l'État – qui dispose de plus d'une direction consacrée à la médiation." Et de rajouter : "Ce dispositif est une très bonne idée, mais elle doit permettre également de mettre en commun toutes les synergies de tous les acteurs du territoire.".

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ENTRETIEN

Houdah Madjid

"EN CINQ ANS, LE CHM A CONNU UNE HAUSSE DE SON ACTIVITÉ DE PLUS DE 25%" CATHERINE BARBEZIEUX, DIRECTRICE DU CHM 24•

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À la tête du Centre hospitalier de Mayotte depuis mai 2017, Catherine Barbezieux a dû en relever des défis, et ce en dépit des difficultés sociales et sanitaires que rencontre le territoire. En deux ans, des projets se sont mis en place et d'autres suivent, des subventions ont également été accordées. L'heure est au bilan. Mayotte Hebdo : Vous avez pris la direction du Centre hospitalier de Mayotte il y a bientôt deux ans, quel bilan dressez-vous depuis votre arrivée ? Catherine Barbezieux : Nous avons beaucoup travaillé depuis deux ans, 2017 a été une période d'observation et d'approfondissement de la connaissance générale de l'établissement, car je connaissais déjà l'hôpital (en tant que directrice adjointe en charge des affaires médicales au sein de l’établissement, ndlr). Nous avons vécu les évènements de 2018, une période difficile pour l'hôpital. J'ai quand même la fierté d'avoir pu constater les qualités et l'engagement des équipes. Malgré les difficultés que nous avons pu connaître, nous avons réussi à maintenir l'hôpital à flot. En revanche, cette période de plus de deux mois – à laquelle s'ajoute le temps de la remise en route – ne nous a pas permis de travailler beaucoup de dossiers de fond. Nous n'avons pu commencer à le faire qu'à la fin du premier semestre. MH : Le bilan reste-t-il positif ? CB : Le bilan est positif puisque nous avons déjà obtenu l'année dernière 12 millions d'euros de plus sur notre budget de fonctionnement. L'établissement n'avait pas une santé financière très florissante, et nous avions des problèmes de trésorerie énormes qui rallongeaient les délais de paiement des fournisseurs. Cette situation m'inquiétait, car ces derniers, qui sont sur l'île, ont besoin d'être payés dans des délais corrects pour continuer à fonctionner. La somme obtenue nous a permis de régler ce problème, de mettre en place des créations de postes, notamment aux urgences, pour accompagner l'augmentation très importante d'activité qu'on a connu depuis 2015. Entre 2013 et 2018, l'hôpital a connu une hausse de son activité de plus de 25%, ce qui est énorme. Nous avons aussi obtenu 20 millions d'euros pour réaliser des travaux urgents qui vont commencer sous peu. Nous préparons les marchés et les aspects techniques pour créer une salle de bloc supplémentaire, ce qui veut dire que nous aurons désormais sept salles de bloc, dont deux réservées à l'obstétrique pour réaliser les césariennes. Les cinq salles de bloc seront dédiées à l'activité de chirurgie proprement dite. Ce qui n'était pas toujours le cas jusqu'à maintenant. Nous avons également obtenu la construction d'un nouveau bâtiment qui va se situer à proximité de l'hôpital et dans lequel on va déménager, regrouper, mettre aux normes et agrandir toutes les consultations externes des spécialités de l'hôpital. On a également en projet de déménager l'activité de Jacaranda. Nous allons construire un bâtiment neuf, entre Kawéni et Majicavo, et y transférer toute son activité de consultation. Nous garderons sur le site uniquement la santé publique et la vaccination, entre autres. MH : Quels sont les autres grands projets de réfection prévus ?

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ENTRETIEN

CB : Nous allons augmenter le parking et ouvrir une hélisurface. Aujourd'hui, quand nous avons besoin d'avoir recours à l'hélicoptère pour une urgence vitale, il est obligé de se poser sur le stade de Cavani. Désormais, l'hélisurface sera dans l'enceinte de l'hôpital à proximité de l'IES (Institut d'Études en Santé au sein du CHM, ndlr). Les travaux ont déjà commencé, j'espère qu'ils seront terminés en juin 2019. La capacité de l'IES augmentera également après le déménagement des consultations externes, bâtiment que l'IES partage. Tous ces travaux vont être réalisés à très court terme. Ils s'échelonneront entre 2019 et début 2022. De plus, le projet Copermo (Comité interministériel de la Performance et de la Modernisation des établissements hospitaliers, ndlr) qui est plus ambitieux et pour lequel nous devons déposer le dossier fin 2019, prévoit sur huit ans, le doublement des capacités de l'hôpital, quasiment tous services confondus dont la refonte des blocs. Nous souhaitons demander la création de dix blocs et la refonte des organisations internes, notamment des bâtiments de soins critiques avec les urgences et la réanimation. Il s'agit d'un dossier de restructuration de fond de l'hôpital.

"ON A EN PROJET DE DÉMÉNAGER L'ACTIVITÉ DE JACARANDA"

MH : À quelle hauteur se mesure le financement ? CB : Nous avons obtenu la promesse de financement de la première tranche pour un montant de 172 millions d'euros, subventionnés par l'État. Nous avons un engagement ferme de près de 200 millions d'euros entre les travaux urgents et la première tranche du Copermo. Ce qui est très encourageant. MH : Qu'en est-il de la maternité du CHM ? Des travaux spécifiques sont-ils prévus ? CB : La maternité a toujours une activité soutenue. Elle a marqué le pas en étant en légère baisse en 2018 par rapport à 2017. Nous marquons actuellement un palier par rapport aux augmentations d'activité qu'on a pu connaître au cours des trois années précédentes. Le pôle mère-enfant et la pédiatrie ont aussi besoin d'augmentation de capacité. Dans le cadre du projet Copermo, tous les services de l'hôpital sont concernés. Nous continuons notre plan d'équipement médical, il faut savoir que nous dépensons à peu près 10 millions d'euros par an, ce qui est énorme. Nous avons des équipements très modernes, nous n'avons pas à rougir par rapport aux établissements de métropole. Nous lancerons une réflexion sur les maternités de façon à ce qu'elles correspondantes aux attentes des parturientes. MH : Les centres de référence sont-ils inclus dans les travaux futurs ? CB : Nous avons en projet d'augmenter l'offre de proximité. Dans un premier temps nous avons privilégié des laboratoires délocalisés dans ces centres, ce qui évitera à certains patients d'aller à Mamoudzou pour faire des examens. Nous souhaitons également développer l'imagerie et l'échographie l'année prochaine. Nous avons fait un gros travail sur l'accessibilité aux soins. J'ai considéré qu'il y avait une partie de la population qui avait des difficultés d'accès aux soins, notamment les gens qui travaillent, car il n'y a pas beaucoup de médecins libéraux sur le territoire. Aussi, les petits revenus ne peuvent pas se permettre de prendre plusieurs jours de congé pour avoir une consultation après avoir fait la queue pendant quatre heures. Nous avons donc mis en place, et surtout augmenté dans les centres de référence nord, sud, centre, Petite-Terre et Jacaranda, des consultations programmées. Elles sont gratuites pour les assurés sociaux et payantes pour les non-assurés à la seule condition de régler 25 euros en amont pour une consultation sans rendez-vous. Ce système fonctionne très bien dans les centres de référence, un peu moins à Jacaranda. Il faut que la population de Mamoudzou se l'approprie. MH : La télémédecine qui a vu le jour en septembre dernier à Mayotte, rencontre-telle autant de succès ? CB : Début 2017, nous avons mis en place la télémédecine qu'on appelle le Télé-AVC. Les personnes qui font un AVC sont prises en charge dans des conditions beaucoup plus rapides et de nettement meilleure qualité, car on est en lien direct avec le CHU de La

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Réunion qui valide à distance, au regard des examens. Cela nous permet de mettre en place des techniques de prise en charge que nous n'avions pas l'autorisation de faire avant. C'est vraiment un plus important. En début d'année, nous avons lancé la télémédecine sur la chirurgie infantile. Des consultations peuvent être faites à distance avec des praticiens du CHU de La Réunion qui viennent ensuite ici en mission en fonction du dossier. Cela leur permet de prendre des décisions plus rapides ou de procéder à des evasan. MH : Le CHM sort du groupement hospitalier de La Réunion, cette indépendance facilite-t-elle la gestion des ressources ? Comment se passe la séparation ? CB : La séparation s'est bien passée. Nous avons obtenu une sortie à titre dérogatoire en décembre 2017 pour une durée d'un an. Cette dernière a été renouvelée pour une durée de trois mois. Nous venons d'avoir la notification selon laquelle le CHM sort du GHT à durée indéterminée ce qui était une demande forte des professionnels de l'hôpital. Le GHT est de plus en plus intégratif sur la règlementation ce qui était difficile à 2 000 kilomètres de distance avec, en plus, des personnes qui ne sont pas rémunérées de la même façon. En revanche, nous, nous avons besoin d'un établissement de recours et de référence, car nous n'avons pas toutes les disciplines pour l'instant à Mayotte. C'est bien évidemment le CHU de La Réunion pour la majorité des pathologies, mais il peut également avoir des CHU de métropole ou d'autres types d'établissements. Nous avons continué à travailler sur nos filières de soin, c’est-à-dire un projet médical partagé qui permet d'organiser pour le bien des patients, leur trajet en fonction de la gravité de leur pathologie. Chose qui permet de conforter nos coopérations médicales pour une prise en charge plus fluide des patients. MH : Qu'en est-il de la signature de la convention ? CB : Une convention a été signée en juin 2018. Une nouvelle convention de préparation est en cours avec l'ensemble des établissements publics de La Réunion, le CHU, Gabriel Martin (centre hospitalier Gabriel Martin situé à Saint Paul, ndlr) l'ESPMR (Établissement public de la santé mentale de La Réunion, ndlr) pour fluidifier nos partenariats et le degré de prise en charge des patients. La convention doit être finalisée pour septembre 2019. MH : Quelle politique de recrutement adoptez-vous pour faire venir les personnels au CHM ? CB : Une politique d'attractivité, notamment pour certaines spécialités qui sont sous tensions et pour lesquelles nous proposons des logements en début de contrat. Nous constatons qu'il y a une augmentation du nombre de médecins qui souhaitent s'inscrire dans la durée et qui demandent leur titularisation. Il y a des départs et des arrivées, mais le flux est positif. En 2018, nous avons eu plus de médecins qui sont arrivés que de médecins qui sont partis. Cette année nous avons beaucoup de demandes, outre l'arrivée de nouveaux praticiens de qualité. Le recrutement de qualité est de plus en plus important avec des médecins formés

en métropole. Il y a toujours du turn over lié à la situation sur l'île. Aussitôt que l'insécurité augmente, les professionnels sont plus frileux à venir s'installer. MH : Concrètement, sur un territoire qui rencontre des difficultés sanitaires multiples, quelle est la priorité ? CB : La spécificité de l'hôpital de Mayotte, par rapport aux autres établissements en métropole, est qu'on fait du soin primaire. Ça ne sera plus le cas demain, car la loi santé prévoit un certain nombre de choses. Ici, nous avons les notions de prévention et de consultation primaires. La priorité est de permettre une accessibilité aux soins qui soit la plus fluide possible. Offrir à la population tout ce qui est de premier recours. Quitte à nous organiser comme nous le faisons aujourd'hui pour que, dans un premier temps, les personnes qui en ont besoin puissent être evasanées, et que les evasan se fassent de façon la plus fluide possible. À moyen terme, le projet médical est en court d'écriture : il sera finalisé en fin d'année 2019. L'objectif est d'étendre les autorisations d'activité pour l'établissement. Nous sommes en train de déposer une demande d'autorisation de réanimation pédiatrique. On en fait, mais ce n'est pas une activité qui est officielle. Nous souhaitons aussi avancer sur la chirurgie infantile qui demande des recrutements particuliers, ainsi que renforcer tout ce qui est filière cancérologique. Une nouvelle structure qui proposera des soins palliatifs ouvrira par ailleurs probablement d'ici 2020. MH : Quand naîtra le projet de création d'une unité de Soins de suite et de réadaptation (SSR) en PetiteTerre ? CB : Le nouvel hôpital de Petite -Terre, financé en grande partie par des crédits européens, va être réceptionné à la fin de l’année 2019. Les services installés dans l’hôpital de Dzaoudzi actuel vont y être transférés, maternité et consultations notamment. Il s’agit de la création de vingt lits de soins de suite, vingt lits de réadaptation pour les adultes et dix lits de soins de suite et réadaptation pour les enfants. À cela s’ajoute trois places adultes et deux places enfants pour les hospitalisations de jour. La prise en charge en SSR intervient juste après l’hospitalisation au CHM et permet de faire gagner les patients en autonomie. Les principales pathologies prises en charge sont les séquelles de brûlures, d’AVC, de traumatismes, d’amputations, des complications du diabète, etc. Ce sera le premier service existant dans cette discipline à Mayotte. MH : Combien mobilisera-t-il de personnels ? CB : En plus des effectifs actuels de l’hôpital de Dzaoudzi, ce sont 75 postes qui vont être créés. Il y aura trois médecins supplémentaires. MH : Quel est le budget alloué à cette unité ? CB : Le budget annuel de cette structure s’élèvera à 7,2 millions d’euros. n

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REPORTAGE

Romain Guille

SANTÉ

ÉVACUATIONS SANITAIRES : UN SERVICE SUR-MESURE AU CENTRE HOSPITALIER DE MAYOTTE, LE SERVICE DES ÉVACUATIONS SANITAIRES JOUE LE RÔLE DE PIÈCE MAÎTRESSE, MAIS AUSSI DE GRAND SAUVEUR. SOLLICITÉ PAR N’IMPORTE QUEL SERVICE DE L’ÉTABLISSEMENT PUBLIC OU PAR DES MÉDECINS LIBÉRAUX, IL ORGANISE LES TRANSFERTS DES PATIENTS VERS LA RÉUNION ET LA MÉTROPOLE. POUR CELA, L’ÉQUIPE EN PLACE DOIT GÉRER TOUTES LES DÉMARCHES ADMINISTRATIVES ET ASSURER TOUTE LA LOGISTIQUE. UN TRAVAIL CHIRURGICAL POUR ÉVITER LES COUACS ET LES MAUVAISES SURPRISES. IMMERSION DANS UN SERVICE HORS DU COMMUN.

Marc-Antoine Pangallo est coordinateur depuis fin octobre : "Les patients ne s’occupent de rien une fois qu’ils arrivent à l’hôpital. Ils ont juste à nous suivre."

Mardi. Sur le pont depuis 5h45, Marc-Antoine Pangallo scrute attentivement ses trois écrans face à lui. Les emails défilent à vitesse grand V et les coups de fil s’enchaînent toutes les deux minutes. À peine le temps de saluer Christophe Gourlay, de retour de vacances après deux

semaines passées en Afrique du Sud. Les deux coordinateurs du jour, respectivement infirmiers au SMUR et en réanimation, sont sur le pied de guerre pour préparer l’évacuation sanitaire qui se profile à 9h45 dans les meilleures conditions. "Air Austral exige que nous soyons là trois heures

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il faut avoir au minimum deux ou trois années derrière soi", concède Marc-Antoine. En effet, la charge psychologique du service est conséquente. "Lors d'une evasan, Je suis parti avec un nouveau-né d’un jour qui était en couveuse. À la moindre erreur, le tube peut sauter ! Réintuber dans une couveuse et dans un avion est complexe. Je vous laisse l'imaginer. L’anticipation est le mot d’ordre."

UNE INSTALLATION EXPRESS DANS L’AVION Le transport entre l’hôpital et l’aéroport se fait en ambulance pour les patients en civière. Pour les autres, il se passe en minibus.

avant le décollage, sinon la compagnie considère que les retards sont de notre faute", alertent-ils. Un timing pour le moins serré. "Nous nous occupons de toute la logistique et nous avons toute une procédure de coordination à respecter." Le patient peut-il partir seul ? S’agit-il d’une évacuation sanitaire sociale, paramédicale ou médicale* ? Est-ce que toutes les éventualités ont été envisagées et anticipées en cas d’imprévu ? Autant de questions à prendre en considération avant le compte à rebours. Du côté du matériel emporté, les références ne sont pas les mêmes que dans les autres services puisque "le nôtre est certifié aéronautique", soulignent-ils. "C’est un travail d’expertise en fonction de la distance et de l’état du patient. Sur une civière, intubée et ventilée, nous partons sur un budget de 60 000 euros." Un sac médical pédiatrique/néonatologique ou adulte pèse jusqu’à 14 kilos, mais le poids a tendance à s’atténuer avec les nouvelles technologies. Pour preuve avec l’achat en début d’année d’un respirateur Hamilton T1, pour un montant de 20 000 euros, qui capte l’air extérieur et ne requiert qu’une bouteille d’oxygène au lieu de deux pour ses prédécesseurs. D’un regard furtif, Brigitte, infirmière d’astreinte aux urgences, réanimation et pour le SMUR, jette un œil à sa montre. À Mayotte depuis 26 ans et avec plus de 300 transferts à son actif, elle a un CV long comme le bras et une expérience à faire pâlir d'envie les novices dans le métier. "J’ai été l’une des premières coordinatrices pendant dix ans", se rappelle-t-elle en toute humilité, avant d’ajouter que "les grands brûlés et les pathologies psychiatriques sont toujours marquants et s’avèrent compliqués en termes de gestion, de manutention et de longueur de trajet". Ceci dit, elle prend un immense plaisir à "travailler avec plusieurs catégories professionnelles." Une raison qui la pousse à continuer ce métier "pluridisciplinaire" malgré le poids des années. Une expérience bienvenue, sachant que "pour bosser en evasan,

Peu avant 7h, la patiente sort de sa chambre. Atteinte d’une pathologique cardiaque, elle se rend à La Réunion pour passer des examens complémentaires. Délicatement, l’équipe médicale l’installe dans l’ambulance, qui se met rapidement en route pour "attraper" la prochaine barge. Gyrophare en marche, Karli est au volant. Ambulancier pendant de longues années entre Mamoudzou et les dispensaires situés en brousse, l’habitant de Bouéni évite les trous abyssaux d’une main de maître. Et depuis trois ans, il est également référent logistique evasan. Sa fonction ? "M’occuper du matériel et vérifier qu’il n’y ait pas de modifications de dernière minute en fonction de l’état du patient." À proximité de l’aéroport, le père de quatre enfants signale au loin la présence de l’avion et file se garer sur les places de stationnement réservées aux taxis. Il s’empresse alors de se diriger vers le comptoir de la compagnie aérienne pour se charger du laissez-passer et récupérer les billets.

L’entrée dans l’avion se fait par l’arrière, car les sièges réservés par le service Evasan se situent au fond de l’appareil.

Après l’aval de la police aux frontières, l’ambulance reprend son trajet, direction le tarmac, pour passer un dernier contrôle et attendre le camion-nacelle de Mayotte Air Service. Grâce à une manœuvre millimétrée, il approche la patiente – toujours installée sur un brancard – de l’avion. Vers 9h, la porte arrière-droite de l’appareil s’ouvre. Bacar, ambulancier lui aussi, gonfle le matelas coquille pour que l’installation se fasse plus facilement et en douceur. En une dizaine de minutes, la civière prend forme en lieu et

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REPORTAGE

L’installation de la civière dans l’avion ne prend que quelques minutes. La patiente est solidement attachée et est cachée par un rideau. Brigitte, l’infirmière, s’assoit juste à côté pour intervenir le plus rapidement possible en cas de problème.

place d’une douzaine de sièges rabaissés, sous le regard stupéfait des premiers voyageurs. "S’il y a un quelconque souci durant le vol, l’équipe médicale se charge de tout tandis que les personnels navigants sécurisent la zone", rassure un steward pendant les derniers préparatifs.

UNE ÉVACUATION SANITAIRE SANS ACCROC… OU PRESQUE La première partie de l’évacuation sanitaire se déroule sans accroc. Toutefois, Brigitte ne connaît pas encore exactement la suite de son programme. Une fois atterrie à La Réunion, elle se rend à l’hôpital de la capitale pour passer le relais à ses confrères. "Je transmets les conditions de vol, mais aussi ce que la patiente a reçu comme médicaments. Puis je remballe tout le matériel et me fais amener à l’hôtel." Si elle sait déjà que son retour se fait le lendemain à 9h, elle peut être encore sollicitée pour ramener quelqu’un sur l’île aux parfums. Seul hic, "n’étant pas médecin, je ne peux pas emmener avec moi un patient médicalisé", précise-t-elle. De retour au centre hospitalier, Karli apprend pour sa part que la patiente aurait pu ne jamais

s’envoler. "Pour partir, il faut absolument l’accord du SAMU 974, mais nous avons subi un problème informatique. Nous avons dû nous dépêtrer par téléphone", annonce Marc-Antoine. Suite à cette nouvelle, toute l’équipe pousse un soupir de soulagement, d’autant plus que tout départ peut se voir annulé dans pareille situation. À contrario, en cas de retard, les patients evasanés peuvent attendre quatre heures ou plus, comme n’importe quel passager lambda. Pour se donner les moyens de ne pas remettre en cause un travail de longue haleine et préparé sur-mesure, tout se réfléchit dans les moindres détails. Une crevaison, une barge en panne au milieu du lagon ou un papier manquant peuvent en effet faire capoter toute l’affaire. "Ça râle beaucoup sur le CHM et les évacuations sanitaires alors que nous nous défonçons pour que les gens partent en temps et en heure, c’est frustrant d’entendre tout et n’importe quoi", résume Christophe Gournay. n *Il existe trois types d'évacuation sanitaire. La première, l'évasan sociale, permet à une personne de voyager seule car elle n'a pas besoin de recevoir de soins. La deuxième, l'evasan paramédicale, ne nécessite que l'accompagnement d'un infirmier. Enfin, la troisième, l'evasan médicalisée, exige la présence d'un médecin aux côtés du patient durant le vol.

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UN DISPOSITIF BIEN RODÉ, AUX GRANDES AMBITIONS AVEC PLUS DE 1 000 ÉVACUATIONS SANITAIRES SUR L’ANNÉE 2018, LE SERVICE EVASAN EST UNE MACHINE BIEN HUILÉE, À L’IMAGE DU COMITÉ MÉDICAL QUI SE RÉUNIT TOUS LES MARDIS POUR DONNER SON AVIS SUR LES DOSSIERS EN ATTENTE. TOUTEFOIS, POUR DEVENIR DEUX FOIS PLUS EFFICIENT, LE RESPONSABLE DE L’UNITÉ, LUDOVIC ICHÉ, PROPOSE DE CHANGER DE LOCAUX, D’IMAGINER UN LOGICIEL DE PRISE EN CHARGE UNIQUE MAIS AUSSI DE SE DOTER D’UN AVION SANITAIRE.

1006 ÉVACUATIONS SANITAIRES EN 2018

En 2018, il y a eu 251 évacuations sanitaires en civière, et 755 en siège pour, par exemple, un patient qui doit se faire opérer des ligaments croisés vers La Réunion. À cela, il faut rajouter 71 évacuations sanitaires vers la métropole pour procéder à des chirurgies cardiaques infantiles et à des greffes hépatiques. Les statistiques ne recensent qu’un quart de patients non affiliés. Depuis le début de l’année 2019, on recense 372 évacuations sanitaires (au 16 avril). Le service dispose d’un budget annuel avoisinant les deux millions d’euros. Le montant d’une évacuation sanitaire dépend non seulement de l’équipe médicale et du matériel (civière, assistance respiratoire, etc.), mais aussi du prix du billet d’avion. "Pour donner une fourchette, une évacuation sanitaire, tout compris, en civière médicalisée peut osciller entre 9 000 et 15 000 euros", annonce Ludovic Iché, responsable du service Evasan. Un patient peut être évacué lorsqu’il a besoin d’un plateau technique, dans le cadre d’une angioplastie, ou d’un spécialiste comme un neurochirurgien. Les motifs d’évacuation sanitaire les plus fréquents sont "des pathologies vasculaires, médicales complexes – cancéro, gastro et pneumo – et pédiatriques", précise Ludovic Iché. Faut-il donc ramener des spécialités à Mayotte ? "Nous ne demandons que cela en tant que praticiens, mais investir dans une table de coronographie n’est pas forcément nécessaire, car le nombre d’infarctus est faible et la population est jeune." L’installation de nouveaux plateaux techniques est possible, mais reste la difficulté de trouver des médecins spécialisés. Problème qui n’est pas unique à Mayotte.

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REPORTAGE

COMMENT PROCÈDE LE

COMITÉ MÉDICAL POUR ACCORDER UNE ÉVACUATION SANITAIRE ?

Par arrêté ministériel de 2004, un comité médical se réunit tous les mardis à partir de 13h30 pour accorder ou non une évacuation sanitaire. Seuls les médecins, les sages-femmes et les praticiens libéraux peuvent adresser une demande au service. Celle-ci est alors examinée par le président de la CSSM, un médecin de l’ARS, un médecin représentant les usagers et un médecin du Samu. "De manière générale, il est très exceptionnel que nous accordions un refus, et le plus souvent il s’agit simplement d’un report. Nous devons en avoir une cinquantaine par an et 93 refus en 2018 sur 1 300 demandes étudiées." Un refus est motivé par des demandes de soins injustifiées et réalisables sur place. Un report, lui, recquiert des informations supplémentaires. Si l’avis est favorable, le dossier revient aux coordinateurs qui organisent alors le transfert. "Nous pouvons passer trente secondes comme quinze minutes sur un cas", précise Ludovic Iché qui précise : "Nous demandons aux différents services d’être rigoureux dans la rédaction." L’organisation du service des évacuations sanitaires de Mayotte est unique en son genre parmi tous les départements d’Outre-mer. En effet, en dehors de Mayotte, le Samu ne s’occupe que des urgences vitales. Les dossiers "moins graves" sont gérés, eux, par la caisse de sécurité sociale de La Réunion, la CSSM ne s'en chargeant plus depuis 2014.

BIENTÔT UN

AVION

SANITAIRE AU CHM ?

Pour répondre aux diverses péripéties liées au monopole d’Air Austral, Ludovic Iché réfléchit à plusieurs options. Le service des évacuations sanitaires sollicite déjà avec parcimonie la compagnie Run Aviation, basée à La Réunion. Toutefois, elle n’est pas du tout adaptée à la médecine d’urgence. Et comme il s’agit d’un avion avec un turboréacteur à hélices qui a un rayon d’action de 2 000km, soit près de la distance entre Mayotte et La Réunion, le temps de trajet est plus long qu’un vol commercial. Et avec le repos automatique du pilote, le trajet revient à trois jours : "Nous l’appelons donc pour des transports, dits de semi-urgence, simples et peu complexes." Le responsable se renseigne également pour faire appel à des jets, mais cette solution explose le budget. Des privés existent à Madagascar, mais ils ne sont pas avisés sanitaires. "Des compagnies spécialisées dans le sanitaire existent en Afrique du Sud et au Kenya, mais le prix est exorbitant." La réponse la plus appropriée serait alors que le centre hospitalier se dote de son propre avion sanitaire. Un choix tout à fait envisageable pour Ludovic Iché : "Ça intéresse les élus, le Département, l’ARS et le ministère de la Santé. Reste que l’hôpital est trop petit pour prendre à sa charge le projet dans sa globalité." La venue d’Emmanuel Macron au mois de juin pourrait être l’occasion de remettre le sujet sur la table et au coeur des discussions. Reste à savoir si son agenda l’emmènera au CHM.

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DEUX

SOUHAITS ÉMIS PAR LE SERVICE DES ÉVACUATIONS SANITAIRES Avec trois secrétaires, une assistante sociale, un infirmier coordinateur à temps plein, un infirmier et un médecin d’astreinte, deux ambulanciers et un responsable d’unité, le service des évacuations sanitaires évolue dans une pièce inadaptée par rapport à sa mission. "Notre objectif est de changer de locaux pour emménager dans des bureaux plus confortables", confie Ludovic Iché. Une demande d’autant plus indispensable que les archives s’entassent les unes sur les autres. Si ce vœu se concrétise, cela permettrait à l’ensemble du service de travailler dans conditions optimales et de proposer un meilleur accueil aux patients et aux familles. Un autre souhait s’impose : celui d’avoir un logiciel propre au service des évacuations sanitaires. Le but ? "Avoir de la fluidité, de la transparence, mais aussi un meilleur suivi." Opérant par emails et appels téléphoniques, les infirmiers coordinateurs ont jusqu’à onze prestataires à gérer pour que le dossier aboutisse après l’avis favorable du comité médical : "Si le patient est affilié à la CSSM, il suffit de la signature du président du comité. Si ce n’est pas le cas, il faut celle de l’ARS." S’ensuit alors l’organisation de l’hébergement, de la billetterie et de l’accompagnement.

MON ÉVACUATION SANITAIRE LA PLUS

MARQUANTE

Marc-Antoine Pangallo et Christophe Gourlay ont de la bouteille. Si, aujourd’hui, ils sont devenus coordinateurs, ils ont – et encore maintenant lorsqu’ils sont infirmiers d’astreinte dans leurs services respectifs – effectué plus de soixante évacuations sanitaires. "Pour ma première, je suis parti avec une dissection aortique [l’artère du coeur se retrouve fissurée, ndlr]", se souvient Marc-Antoine, qui poursuit : "J’étais le seul disponible sur le planning donc j’ai accompagné le médecin réanimateur." Sur le coup, la pression monte chez le jeune homme. "La moindre petite turbulence dans l’ambulance pouvait entraîner sa mort. Une fois l’installation dans l’avion, j’ai croisé les doigts et le patient est arrivé vivant", se réjouit-il. Pour Christophe Gourlay, la donne est sensiblement différente. Son expérience marquante remonte à un mois et demi : "J’étais d’astreinte un dimanche soir, mais le samedi matin, le réanimateur de garde m’a annoncé la pose d’un ecmo (extracorporeal membrane oxygenation) sur un patient. Il avait une tumeur énorme dans le ventricule gauche. Comme j’étais le seul infirmier formé sur la machine, je suis parti en quatrième vitesse. Il y a eu une bonne grosse dose de stress, mais il a été sauvé le lundi matin."

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LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LE MÉTIER DE LA SEMAINE ANIMATEUR DE VENTE L'ANIMATEUR DE VENTE EFFECTUE LA PROMOTION ET LA VENTE DE VÊTEMENTS, DE PETIT ÉLECTROMÉNAGER, DE PRODUITS ALIMENTAIRES, ETC., LORS DE CAMPAGNES D'ANIMATION SELON LES OBJECTIFS COMMERCIAUX (SALON, SEMAINE PROMOTIONNELLE, LANCEMENT DE PRODUIT, ETC.) D'UNE MARQUE OU D'UN CLIENT. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

- Boutique, commerce de détail - Grand magasin - Grande et moyenne surface - Grande surface de bricolage - Grande surface spécialisée - Marché, foire, exposition

COMPÉTENCES

- Animer une vente - Vérifier le réassort d'un rayon - Installer un stand et des produits de démonstration - Contrôler des produits de démonstration - Présenter un produit à des clients potentiels - Proposer une dégustation à des clients - Distribuer des bons de réduction, échantillons et cadeaux - Réaliser le compte rendu d'une animation commerciale

ACCÈS AU MÉTIER

FORMATION

Ce métier est accessible sans diplôme ni expérience professionnelle. Un diplôme de niveau CAP/BEP à Bac+2 (BTS, DUT, etc.) dans un secteur spécifique (esthétique, œnologie, etc.) peut être requis selon le type de produit vendu et sa technicité. Les recrutements peuvent être ouverts sur contrats de travail à durée déterminée. Le permis B peut être requis.

TÉMOIGNAGE

HACHIM BEN ALI, 23 ANS

ATTEINT D'UNE SCOLIOSE DORSALE, LE JEUNE HACHIM BEN ALI A PU BÉNÉFICIER D'UN ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA PART DE L'ASSOCIATION MESSO, DANS LE CADRE DE SA CELLULE INSERTION À L'EMPLOI DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.

"Je m’appelle Hachim et j’ai un niveau bac +2 en Administration économique et sociale. Avant de venir dans ce centre de formation, je restais tout le temps à la maison et je ne faisais rien. Puis est arrivé ce jour où j’ai entendu parler de l’association via les réseaux sociaux. Au vu de ma situation irrégulière et de mon handicap, j’ai directement sollicité leur aide afin d’avoir un accompagnement tout au long de mes démarches administratives. Ils m’aident beaucoup dans mes démarches pour avoir une situation stable, et pour obtenir tous les documents qu’il faut pour arriver à concrétiser mon projet professionnel : devenir assistant administratif. Ici, à Messo, on nous apprend à utiliser des logiciels en bureautique, à faire des CV et des lettres de motivation, à accueillir et informer les gens. Mais pour le moment je n’ai pas encore pu rentrer dans la pratique. Chaque chose en son temps !"

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FORMATION : POEC (ADVF) : Assistant De Vie aux Familles Le métier : l’ADVF intervient pour faciliter la vie quotidienne de personnes “fragilisées” : personnes âgées, malades ou handicapées, familles avec de jeunes enfants. Cela se traduit par des services tels que l’assistance pour l’hygiène corporelle, l’alimentation, les déplacements, le bien-vivre dans la société, la prise en charge de leurs jeunes enfants, l’entretien de leur cadre de vie. Public : Demandeur d’emploi Conditions d’admission : Lire, écrire, compter. Objectifs : être capable d’assurer les missions et activités relatives au métier d’ADVF. Pédagogie : - Méthode interactive - Apports théoriques - Mise en situation professionnelle - Evaluation en cours de formation 3 modules de formation + stage obligatoire Durée : 4 mois – 400 heures de cours présentiel + 140 heures de stage Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

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LES OFFRES D'EMPLOI ASSISTANT / ASSISTANTE DE DIRECTION

AGENT / AGENTE DE SECTEUR DE GARDIENNAGE (H/F)

AUTEUIL OCEAN INDIEN AGEPAC MAYOTTE - 976 - MAMOUDZOU L'Assistant(e) de direction intervient en soutien de l'ensemble des membres du CODIR. Il/elle collabore avec les différents services de l'Association sur des activités transversales

976 - MAMOUDZOU

Assurer la surveillance générale de l'établissement : - sécurité des biens surveillance technique des immeubles et équipements - contrôler et vérifier les allées venues des personnes

AUSTRAL FROID CLIM ETUDES ET TRAVAUX - 976 - MAYOTTE

TECHNICIEN(NE) DE MAINTENANCE (H/F)

Recrute pour MAYOTTE. Vos missions : - Exécuter les tâches définies par le Responsable d'Affaires en respectant les modes opératoires de travaux et les plans de maintenance

RONDIER / RONDIÈRE EN SÉCURITÉ (H/F)

976 - MAMOUDZOU Assurer la sécurité des biens et des personnes en faisant une ronde. Carte professionnelle indispensable Scooter et téléphone de fonctions fournis.

TECHNICIEN(NE) ELECTROTECHNIQUE CUISINISTE (H/F)

AUSTRAL FROID CLIM ETUDES ET TRAVAUX - 976 - MAYOTTE Recrute pour MAYOTTE. Vous effectuerez la pose et la mise en service, la maintenance et les petits travaux associés auprès des installations techniques des différents sites où vous interviendrez

AGENT D'ENTRETIEN H/F

AGENT DE GARDIENNAGE (H/F)

976 - CHIRONGUI Au sein du Pôle culturel, l'agent d'entretien, sous la responsabilité de la direction, assure les travaux d'entretien de tout l'équipement.- Il-Elle assure le nettoyage et l'entretien des locaux

976 - CHIRONGUI Au sein du Pôle culturel, sous l'autorité de la direction, l'agent de gardiennage assure la surveillance générale de l'établissement. Il-Elle assure la sécurité des biens

* voir site Pôle emploi

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FORMATION : POEC : Animateur socio-éducatif Le métier : il peut aider les enfants et les adultes en difficulté sociale. Sa priorité est la socialisation par l’échange d’idées et l’activité de groupe. Du montage d’un atelier vidéo dans un foyer de jeunes à l’organisation d’une randonnée pour un club du 3è âge, l’animateur intervient là où les besoins se font sentir. Travailleur social, son champs d’intervention s’étend de la prévention de la délinquance à la réinsertion de personnes démunies.* Public : Demandeur d’emploi Conditions d’admission : Niveau Bac ou équivalent, une expérience dans le secteur serait appréciable. Objectifs : être capable d’assurer les missions et activités relatives au métier d’animateur socio éducatif. Pédagogie : - Méthode interactive - Apports théoriques - Mise en situation professionnelle - Evaluation en cours de formation 3 modules de formation + stage obligatoire Durée : 4 modules de formation ( 400 heures) + stage obligatoire (140 heures) Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier Rédactrice en chef adjointe Houdah Madjid

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Couverture :

Maillots jaunes : des citoyens contre l'insécurité Journalistes Ichirac Mahafidhou Lyse Le Runigo Hugo Coeff Romain Guille Solène Peillard Ornella Lamberti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan, Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com

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ÉCRIRE ENSEMBLE L’AVENIR DE MAYOTTE BAILLEUR • CONSTRUCTEUR • AMÉNAGEUR

www.sim-mayotte.com


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