Mayotte Hebdo n°1081

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LE MOT DE LA RÉDACTION

SEMAINE DE LA PRESSE

Cette semaine est la semaine de la presse et des médias dans les écoles. C’est l’occasion pour les élèves de comprendre le rôle crucial des médias dans notre société. Cette semaine est une invitation à réfléchir sur la liberté de la presse, l'importance du journalisme responsable et l'accès à une information de qualité pour tous. À l'heure où la désinformation prolifère sur les réseaux sociaux et où les attaques contre les journalistes se multiplient. Ceux de Mayotte en font les frais régulièrement. On l’a encore vu lors des récents barrages qui ont mobilisé l’île durant plus d’un mois. Mais on ne s’en plaint pas car nous sommes conscients d’être lus, écoutés et regardés par un grand nombre de personnes qui croient encore en la parole du journaliste. Cependant, il est plus important que jamais de sensibiliser les jeunes à l'esprit critique face à l’information afin de comprendre les enjeux du monde qui les entoure et à devenir des acteurs responsables de la société de l’information.

Bonne lecture à tous,

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Le premier quotidien de Mayotte

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UNE PIÈCE DE THÉÂTRE QUI MET À L’HONNEUR LES FEMMES DE MAYOTTE

« Elles avant nous », c’est le titre de la pièce de théâtre créée par Leyla-Claire Rabih et Morgane Paoli. Elles mettent en scène l’histoire de trois femmes Mahoraises qui essayent de trouver leur chemin entre tradition et modernité. Elles sont tiralillées par l’envie de s’émanciper et le poids de leur culture et religion. Toute l’équipe de cette pièce de théâtre est à Mayotte en ce moment, et les comédiennes joueront ce samedi 23 mars au pôle culturel de Chirongui à 19h. La billetterie en ligne est déjà ouverte.

UN PREMIER CAS DE CHOLÉRA DÉTECTÉ À MAYOTTE

L’épidémie dans les Comores voisines ne laissait guère de place au doute. Une femme, arrivée à Passamaïnty ce lundi, a été testée positive au choléra. Présentant les symptômes de la bactérie (vomissements et diarrhée), c’est elle qui a joint le 15 pour être prise en charge. « Les équipes de l’ARS sont allées sur le terrain pour identifier le cercle familial et les cas contacts », selon Olivier Brahic, le directeur de l’agence régionale de santé. Interrogées sur la surveillance des frontières, les autorités restent sur le même modèle. Seuls les cas suspects, notamment venus des Comores ou du Kenya où l’épidémie est en cours, sont testés.

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L’AVENIR POLITIQUE DE DANIEL ZAÏDANI EN SUSPENS

L’ancien président du conseil général de Mayotte (de 2011 à 2015) comparaissait, ce mardi, au tribunal correctionnel de Mamoudzou pour détournement de fonds publics. La prévention visait des infractions commises entre 2012 et 2013, dont l’organisation d’un concert du groupe de rap Sexion d’Assaut à Madagascar, ou encore un foutari estimé à 5000€ à son domicile, tout cela sur des fonds publics de la collectivité mahoraise. Dans ses réquisitions, le Parquet a demandé qu’une peine d’interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans soit prononcée à l’encontre de l’élu. Le délibéré sera rendu le 30 avril.

HANDBALL : SIX MAHORAISES ENVOYÉES

AUX INTERLIGUES

Ce lundi, les jeunes joueuses mahoraises ont pris le départ pour disputer le tournoi interligue de de la Fédération française de handball, qui se dispute à Celles-sur-Belle (Deux-Sèvres), du vendredi 22 au dimanche 24 mars. Agées de 14 et 15 ans, elles y rejoindront les dix Réunionnaises avec lesquelles elles évolueront dans la sélection Mayotte/La Réunion. Dans le troisième groupe, elles affronteront les équipes d’Auvergne-RhôneAlpes, Centre-Val de Loire et NouvelleAquitaine, les vendredi et samedi. Les matchs de classement sont prévus dès le samedi et le dimanche.

LA PRISON DE MAJICAVO SURPEUPLÉE À 320%

Ce n’est un secret pour personne, le centre pénitentiaire de Majicavo est surpeuplée, mais on était loin d’imaginer à quel point. Selon les derniers chiffres publiés par la direction générale d’Outre-mer, la densité carcérale à Majicavo est de 320,2% au 1er février 2024. La capacité normale de l’établissement est de 114 places, alors qu’à l’heure actuelle 365 détenus y sont incarcérés.

LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

A MAYOTTE, LES DESSOUS D’UN RECENSEMENT CRITIQUÉ: «SI LES MIGRANTS ONT PEUR DE DONNER LEUR IDENTITÉ, ON MET UN FAUX NOM»

En s’appuyant sur sa dernière enquête, l’Insee dénombre 310 000 habitants sur l’île, quand les élus locaux, eux, s’accordent autour de 400 000, affirmant que les migrants ne sont pas comptabilisés. Une différence notable qui pourrait avoir une incidence sur le calcul des dotations annuelles de l’Etat. Pour en avoir le cœur net, «Libé» a suivi les recenseurs dans les bidonvilles où vit la grande majorité des sans-papiers.

En métropole, il arrive qu’un maire conteste le recensement, estimant que l’Insee s’est trompé sur le nombre de ses habitants. «Mais à Mayotte, c’est toute une île qui nous critique», se désole Loup Wolff, le directeur régional de l’Insee. La raison ? L’institut comptabilise, en s’appuyant sur la dernière enquête de 2017, 310 000 habitants dans le département de l’océan Indien au 1er janvier 2023. Or, comme l’écrit la Cour des comptes dans un rapport publié en 2022, «la plupart des interlocuteurs s’accordent sur le chiffre de 350 000, voire 400 000 habitants»

Pour Mansour Kamardine, député LR, la population s’élèverait même à 450 000. L’élu en veut pour preuve les centaines de milliers de bouteilles d’eau distribuées quotidiennement lors de la pénurie de la fin d’année sur l’île. Et de donner d’autres arguments, comme le volume des connexions à Internet ou le nombre de naissances : plus de 10 000 chaque année, ce qui fait du centre hospitalier de Mamoudzou «la plus grande maternité de France». Certains vont jusqu’à se référer à la consommation de riz, base des repas

à Mayotte, pour démontrer que l’Insee se trompe. Le média l’Info Kwézi avait ainsi fait ses calculs : sachant que l’île a importé plus de 20 200 tonnes de riz en 2021, que la consommation annuelle du féculent par personne est de 31 kilos dans les pays d’Afrique, «nous serions 653 742 âmes». Conclusion de Mansour Kamardine : «Tout le monde n’est pas recensé à Mayotte.» Estelle Youssouffa, députée Liot, a d’ailleurs préconisé, dans un rapport d’information adoptée par l’Assemblée nationale en juin, de mettre en œuvre «dès que possible un recensement complet» , persuadée elle aussi que le dispositif de l’Insee est défaillant.

Des zones difficiles d’accès

Pourtant, c’est à la demande des élus locaux que l’institut a changé de méthode en 2021. Auparavant, la population était recensée en une seule fois. Désormais, le régime commun, semblable à la métropole, est en cours. Une vague se termine cette semaine : les communes de plus de 10 000 habitants (au nombre de dix dans le département) sont recensées chaque année, sur un échantillon de

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logements, et les communes de moins de 10 000 habitants (sept) le sont une fois tous les cinq ans, mais de façon exhaustive. Quant aux recenseurs, ils sont recrutés par les communes elles-mêmes.

Alors pourquoi cette polémique ?

Le hiatus tient aux milliers d’exilés clandestins, en provenance des Comores voisines, qui débarquent chaque année sur l’île française. L’Insee ayant pour mission de donner le chiffre de la «population légale», les sans-papiers, en situation d’illégalité, seraient donc exclus de l’étude… Méprise grossière : le terme «légal» signifie juste qu’il s’agit de statistiques officielles. D’ailleurs, si les enquêteurs demandent la nationalité des habitants, ils ne se préoccupent pas de savoir si les étrangers ont ou non un titre de séjour en règle.

Cela étant, les bidonvilles où vivent les migrants sont situés dans des zones difficiles d’accès, au cœur des forêts, disséminés dans les collines, le long des mangroves de l’océan… Des zones où les Mahorais craignent de s’aventurer pour des questions de sécurité. Mais pas l’Insee, jure Zainabou Sudiki, superviseuse du recensement sur une moitié de Mayotte. Nous grimpons avec elle un raidillon caillouteux qui conduit au bien nommé bidonville Houssountoude («Occupe-toi de tes affaires»), sur la côte Est de l’île, lieu de violentes bagarres entre jeunes en septembre. «J’ai dressé la cartographie des cases, qui précède la collecte des données de population, sans rencontrer le moindre problème», se félicite la jeune

femme. Et de saluer une vendeuse d’aubergines, allongée sur un matelas, la jambe bandée après avoir été amputée d’un orteil. «A cause de mon diabète», explique en shikomori la mère de famille, sans papiers et récemment recensée. Des trésors de patience

Zainabou Sudiki reconnaît néanmoins être parfois menacée, comme ce fut le cas dans le bidonville de Majicavo, plus au sud : «Des gars m’ont lancé : “Maintenant on connaît ton visage, si on est décasés, on te retrouvera !”» Le décasage est la hantise des clandestins. Depuis des années, l’Etat procède à des destructions d’habitats insalubres pour reloger, ou expulser, ses occupants. «Avec Wuambushu, notre travail est plus compliqué, soupire la recenseuse, faisant référence à l’opération sécuritaire lancée par Gérald Darmanin en avril. Les migrants croient qu’on vient pour les chasser.» Rendus méfiants, les clandestins s’enfuiraient à la vue des enquêteurs ou refuseraient de répondre à leurs questions, ce qui fausserait les résultats, jugent les pourfendeurs de l’Insee. Asma Abdouroihamane, recenseuse à Labattoir, une commune de l’île de Petite-Terre, en est réduite à jongler avec le règlement… «Ce qui nous intéresse, c’est le nombre d’habitants, commente l’étudiante en licence. S’ils ont peur de donner leur identité à cause de Wuambushu, on met un faux nom.» Quant à l’année de naissance, souvent méconnue, les recenseurs apposent la date du 15 juin. C’est le cas ce matin, alors que nous serpentons dans des couloirs de tôle du bidonville de Polé, à l’ombre des bananiers, fruits à pain et manguiers. Une grand-mère, le visage

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LU DANS LA PRESSE

couvert d’une crème jaune – le masque de beauté traditionnel m’dzinzano –, ignore l’âge de ses sept enfants qui vivent aux Comores et en métropole. Dans sa cahute, ni électricité ni eau, la Comorienne sans papiers doit se contenter du liquide saumâtre du puits. Les recenseurs sont sur le point de la quitter lorsqu’ils remarquent une feuille de tôle branlante, derrière un enclos où sont nourris des cabris, et découvrent la porte d’entrée d’un autre logement. Karim, 21 ans, arrivé en 2020 à bord d’un kwassa-kwassa, ces barques motorisées pilotées depuis les Comores par des passeurs, ne cache pas sa méfiance. Il faut des trésors de patience à Kevine Ali Houssen, également enquêteur à Labattoir, pour l’amadouer et lui faire signer la feuille de logement et le bulletin individuel. Un travail de fourmi dans cet enchevêtrement de cahutes.

Un taux de réponse supérieur à 97 % en 2017

Plus au nord de l’île, Ibrahim Adani Siaka, le coordonnateur municipal du recensement à Bandraboua, 14 000 habitants, est tout aussi persévérant.

Après dix minutes de négociations, un homme accepte de prendre, à travers un interstice parmi les tôles, le formulaire à signer. On ne le verra pas. Même succès auprès d’une Comorienne, qui avait pourtant juré une semaine auparavant ne pas habiter dans une maison inachevée en parpaings. A la question de savoir si elle a un mari, la dame fait la moue. «Soit l’homme est volage, soit il est polygame et vit dans plusieurs maisons, analysent les recenseurs. On le comptabilisera là où on le trouvera.» Finalement, assure l’Insee, le taux de réponse est supérieur à 97 %. Mais ce taux remonte à 2017, bien avant le lancement de l’opération Wuambushu. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas les clandestins qui donneraient le plus de fil à retordre aux enquêteurs. Dans le quartier «compliqué» de Dzoumogné, Ibrahim Adani Siaka se heurte à la colère de l’épouse d’un policier municipal, collègue qu’il croise chaque jour au bureau. La mère de famille, titulaire d’une carte de séjour de deux ans, rouspète contre cette «intrusion», avant de tendre, enfin, les carnets de santé de ses quatre enfants. Selon l’Insee, «la population la plus difficile

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à recenser est celle des mzungus (métropolitains), qui n’ouvrent pas toujours la porte de leur résidence sécurisée et sont moins souvent chez eux». Pour convaincre les récalcitrants, Kevine Ali Houssen a son truc : «Je leur dis que plus on compte de monde dans la ville, plus on aura d’argent. S’ils ne répondent pas, on ne pourra pas donner de goûter à leurs enfants ni construire des écoles.» De fait, le montant de la dotation globale de fonctionnement (DGF), une aide financière de l’Etat essentielle pour les collectivités, dépend en grande partie du nombre d’habitants. C’est tout l’enjeu de la polémique qui oppose l’administration aux élus. La préfecture de Mayotte a beau rappeler qu’en 2023 «la totalité des communes, des intercommunalités ainsi que le département ont connu une progression de leur DGF [de 2,9 %]», les maires restent circonspects. «D’après des infos officieuses, l’Insee va conclure que nous sommes à peine au-dessus de 8 000 habitants, s’offusque Laïthidine Ben Saïd (Renaissance), maire de Mtsamboro, une des portes d’entrée des clandestins qui accostent sur l’îlot tout proche. Or, selon nos agents, nous comptons plus de 11 000 personnes !» Le cap des 10 000, capital, permettrait à la collectivité de bénéficier d’aides européennes pour, par exemple, la construction d’une station d’épuration.

Evolution démographique hors norme

Ambdilwahédou Soumaïla, le maire LR de Mamoudzou, chef-lieu du département, rêve lui

aussi d’une DGF plus conséquente que les 24,7 millions d’euros annuels actuels pour construire des écoles, des équipements culturels et sportifs, des routes… «L’Insee nous donne le chiffre de 83 000 habitants au 1er janvier 2022 ; mais aujourd’hui, nous devons être plus de 90 000 ! Il faut que l’institut revoie sa façon de pondérer le fait que la majorité des clandestins n’est pas recensée», propose l’élu. Le «sarkozyste» raconte comment des quartiers sont squattés d’une année sur l’autre par de nouveaux migrants, non pris en compte puisque l’Insee serait passée entretemps sur une autre zone de la commune. Loup Wolff, le directeur régional de l’Insee, ne veut plus polémiquer et préfère encourager les élus à «se servir de nos études pour faire valoir leurs revendications» Car c’est bien l’institut qui documente le taux de pauvreté record de l’île, le pourcentage de la population étrangère (48 % en 2017) ou encore l’évolution démographique hors norme : selon la Cour des comptes, la population a été multipliée par douze en soixante ans. En fonction des flux migratoires, Mayotte comprendra entre 440 000 et 760 000 habitants en 2050, prévoit l’Insee. Pour avoir les résultats de la population réelle actuelle, il faudra attendre début 2026. Le temps de laisser les doutes gangrener davantage encore la société mahoraise.

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Protection, surveillance : Souriez, vous êtes filmés !

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ÀMAYOTTE,LAVIDÉOPROTECTIONS'ESTIMPOSÉECOMMEUNPILIER ESSENTIEL DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ ET POUR LA PRÉSERVATION DE LATRANQUILLITÉ PUBLIQUE. DANS UN CONTEXTE OÙ LA SÉCURITÉ EST UNE PRÉOCCUPATION MAJEURE, LES COMMUNES UTILISENT CE SYSTÈME POUR DISSUADER LES FAUTEURS DE TROUBLES ETDÉLINQUANTSDEPASSERÀL’ACTE.MAISFORCEEST DECONSTATERQUELESCAMÉRASINSTALLÉES SURLESAXESROUTIERS,ESPACESPUBLICS ET ZONES À RISQUES NE SONT PAS TOUJOURS DISSUASIVES. DELEURCÔTÉ,LESPARTICULIERS SE DOTENT ÉGALEMENT DE CAMÉRAS POUR PROTÉGERDOMICILES.LEURS

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Vidéoprotection Mamoudzou monte d’un cran

LA COMMUNE DE MAMOUDZOU EST LA PREMIÈRE VILLE DE MAYOTTE À AVOIR INSTALLÉ DES CAMÉRAS DE VIDEOPROTECTION. ELLE A COMMENCÉ TIMIDEMENT ET AUJOURD’HUI PRÈS DE SOIXANTE CAMÉRAS SONT DISPOSÉES SUR LE TERRITOIRE COMMUNAL. LE MAIRE ET SON ÉQUIPE DE SÉCURITÉ VOIENT LES CHOSES EN GRAND PUISQU’UNE CENTAINE VA S’AJOUTER À CELLES DÉJÀ EXISTANTES.

« VOUS ÊTES PROTÉGÉS, PAS SURVEILLÉS »

« Vous êtes où ? Dépêchez-vous au croisement Score Papaye vers le lycée Bamana car il y a un groupe suspect. Il faut aller voir. » L’opérateur vidéo installé confortablement devant les écrans du centre de supervision urbaine (CSU) de Mamoudzou est à l’affût du moindre fait anormal. Tous les agents sont très attentifs car leur mission est de protéger les habitants de la ville chef-lieu et ceux qui sont de passage. « Vous êtes protégés, pas surveillés » , rassure Anfane M’dogo, le chef de la police municipale de Mamoudzou. Il est vrai que lorsque l’on pénètre dans les locaux du CSU situé à côté de l’hôtel de ville, le mur géant d’écrans peut impressionner. « À la date actuelle, on a 58 caméras effectives sur l’ensemble du territoire de la commune » , précise le numéro un de la police municipale. Elles sont réparties sur des zones stratégiques propices aux accidents et aux agressions, et déterminées avec la police nationale. Cette dernière est d’ailleurs la première bénéficiaire des images stockées par ces appareils, dans un délai de trente jours (au-delà, elles sont détruites automatiquement). « Nos vidéos sont beaucoup utilisées par la police nationale dans le cadre de procédures judiciaires. Lorsque

les policiers ont besoin de nos images, ils font une réquisition et on les fournit. On chiffre le nombre de réquisitions à 200 par an, en moyenne » , continue Anfane M’dogo. Ce dernier réfute l’idée que les caméras ne fonctionnent jamais lorsqu’un individu se fait agresser. « Nos caméras filment 24h/24. Mais il peut arriver que l’une d’entre elle ne fonctionne pas sans qu’on ne s’en rende compte. Dès qu’on le constate on envoie nos partenaires qui assurent la maintenance. » Et pour assurer le visionnage des films diffusés en temps réel sur les écrans du CSU, huit agents

« NOS VIDÉOS SONT BEAUCOUP UTILISÉES PAR LA

POLICE

NATIONALE »

sont mobilisés en journée et quatre la nuit. Un déport vient d’être installé à la police municipale annexe de Passamainty. Ce qui signifie que les agents peuvent voir tout ce que les caméras de vidéoprotection transmettent sur les écrans. Ils pourront désormais prendre la main lorsque les opérateurs vidéo de Mamoudzou centre ne seront pas disponibles.

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Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa
DOSSIER

Huit agents sont mobilisés en journée et quatre la nuit.

« NOS VIDÉOS SONT BEAUCOUP UTILISÉES PAR LA POLICE NATIONALE »

AUGMENTER LE NOMBRE DE CAMÉRAS POUR UNE MEILLEURE PROTECTION

Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a récemment annoncé l’installation « d’une centaine de caméras de vidéo verbalisation » dans sa commune. En réalité, l’ensemble des caméras peut déjà faire l’objet de vidéo verbalisation. Ce qui va changer est la méthode de travail. « Les agents ne seront plus sur la route mais au CSU. Ils pourront prendre la main sur une caméra et zoomer pour constater une infraction, le nonrespect du code de la route etc » , explique le chef de la police municipale de Mamoudzou. Douze infractions sont déjà déterminées en ce sens. Le municipalité a voulu ajouter des caméras car le besoin s’est fait ressentir au fil des années. « Sur le terrain il y a beaucoup plus de monde, plus d’agressions.

Les écrans diffusent 24h/24 et en temps réel ce que filment les caméras de vidéoprotection.

Et puis le système rassure » , selon Anfane M’dogo. L’objectif est d’aussi couvrir certains villages qui étaient jusque-là oubliés. « Il faut en installer dans certains quartiers comme M’tsapéré et Vahibé. Mais on va le faire en fonction de ce que nous dit le référent sécurité car une caméra coûte cher. Si on la met à un endroit où elle ne peut pas être protégée ça ne sert à rien » continue le représentant de la police municipale en ajoutant que le remplacement d’un de ces appareils peut avoisiner les 8000€. L’équipe municipale déplore le nombre de caméras dégradées. Certaines n’ont pas été remplacées à l’exemple de celles qui étaient à Passamainty. Se pose alors la question de la limite de ce système censé lutter contre la délinquance. « Quand une personne est déterminée à commettre un acte, ce n’est pas la caméra qui va l’en dissuader. Ce qui nous aide est de pouvoir identifier ces individus ou déterminer le chemin qu’ils empruntent, les arrêter et les traduire en justice » , nuance notre interlocuteur. La mairie espère terminer la première phase au mois de juin de cette année. 58 caméras vont s’ajouter à celles déjà existantes. L’ensemble du projet coûte 4,8 millions d’euros. « On a eu une aide financière d’un million d’euros de l’État, et le reste est financé par la commune. » Avec l’arrivée de Caribus, une partie du dispositif sera dédié aux voies de bus.

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Le centre de supervision urbaine de Mamoudzou est installé dans les locaux de la police municipale. - Anfane M’dogo, le chef de la police municipale de Mamoudzou assure que la commune a besoin de plus de caméras de vidéoprotection.

DOSSIER

reportage

Des caméras de vidéoprotection pour lutter contre la délinquance en Petite-Terre

FAUT-IL AUGMENTER LEUR NOMBRE ? FAUT-IL LES GÉNÉRALISER DANS LES 17 COMMUNES DE L'ÎLE ? LES CAMÉRAS DE VIDÉO PROTECTION DANS L'ESPACE PUBLIC NE FONT PAS TOUJOURS L'UNANIMITÉ SUR LEUR EFFICACITÉ À LUTTER CONTRE LA DÉLINQUANCE EXPONENTIELLE SUR LE TERRITOIRE. CELLE-CI N'AYANT PAS LES MÊMES PROPORTIONS NI LA MÊME FORME PARTOUT, L'APPRÉCIATION DE CES OUTILS PAR LE PUBLIC NE PEUT DONC QU'ÊTRE MITIGÉE.

Loin des clichés reçus par le cinéma sur les installations du même type aux États-Unis d'Amérique, un Centre de Supervision Urbaine (CSU) demeure un lieu à dimension moyenne, avec certes un mur entièrement recouvert d’écrans faisant face à une grande table allongée sur laquelle sont posés des écrans d'ordinateurs. « Ceux-ci fonctionnent toujours par deux, un premier qui donne la position de toutes les caméras installées dans la localité et un deuxième qui diffuse en continue les images prises à l'endroit de la caméra sélectionnée » , nous indique Thomas Février, un des responsables de la société réunionnaise Demot'île chargée de l'installation de ce dispositif dans les communes de Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir. Dûment habilités par les autorités locales pour nous servir de guide, sous bonne garde, en présence de l'adjoint au maire en charge de la sécurité, Elamine Abdourahamane et des policiers municipaux. Bien que ce ne soit ni le siège de la NASA ou celui du FBI, ou de toute autre agence gouvernementale de ce type, le CSU reste un lieu où l'accès est très fortement réglementé. « Chaque

personne affectée dans ce service doit disposer d'un badge personnel pour entrer dans cette pièce, à défaut, remplir un registre pour y être accompagné. Ce personnel est sélectionné sur des critères draconiens, en particulier celui de n'avoir aucun antécédent judiciaire. C'est très très important vu qu'il s'agit de manipuler des images sensibles par rapport aux droits des individus filmés (à leur insu) » , précise l'un des responsables de la police municipale de Pamandzi. En effet, contrairement aux pays anglo-saxons, la réglementation française en la matière est hyper exigeante, le sujet de la vidéoprotection dans l'espace publique revenant régulièrement sur la table des assemblées parlementaires. Le respect de la vie privée de chaque citoyen n'étant pas négociable, de nombreux gardes fous ont été mis en place pour régenter cette activité ! « Ici même les femmes de ménage qui viennent nettoyer font leur travail en présence d'agents de police avec la consigne absolue de ne pas se focaliser sur les écrans » , fait remarquer l'élu de tutelle. Conscients de nombreux clichés circulant dans l'opinion publique au sujet de cet outil, Thomas Février tient à démystifier la vidéoprotection, « La France

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SIAK

Il est actuellement question d'augmenter le parc de ces caméras sur le périmètre de la Petite-Terre.

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DOSSIER

Lieu complètement clos, où il faut disposer d'un cesam pour y pénétrer, un CSU est constitué d'un mur entièrement recouvert d'écran et d'une table où des policiers opèrent en manipulant des images sur des écrans d'ordinateurs.

n'est pas la Chine (pas plus que d'autres pays) ou la Russie qui pratiquent la reconnaissance faciale et l'identification des personnes à partir d'images captées par les caméras de vidéo protection. Cela est strictement interdit, et plusieurs gardes fous sont mis en place pour empêcher que cela ne se produise »

« CE N'EST PAS UN OUTIL, À PROPREMENT PARLER, DE LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE

»

Ainsi apprend-on que ces caméras ont bel et bien une portée suffisante pour permettre un tel exercice mais qu'un dispositif de floutage automatique y est intégré pour empêcher une telle opération. De sorte que si d'aventure une personne était tentée de zoomer sur une image, la manœuvre deviendrait immédiatement sans effet. De plus, la conception du dispositif permet de l'identifier en temps et en heure grâce à la traçabilité offerte par ses propres codes d'accès au système. « Que ce soit à Dzaoudzi-Labattoir ou à Pamandzi, les deux CSU étant identiques à l'exception du sol (carrelé pour le premier et en parquet pour le second), le mécanisme est le même, doté de capacités semblables, de jour comme de nuit » selon Thomas Février.

À Mayotte, le débat sur le recours aux caméras de vidéo protection dans l'espace publique remonte à 2014-2016. À l'instar des autres départements français de l'hexagone

et des Outre-mers, ce sujet est loin de faire l'unanimité parmi les citoyens. Pour de multiples raisons, il demeure encore l'objet de discussions davantage technocratiques que populaires. Son efficacité réelle reste à prouver vis-à-vis des attentes véritables de la population. Celles-ci divergent de celles des autorités judiciaires qui trouvent en ces caméras des outils supplémentaires de prévention de la délinquance (en général). « Il faut garder à l'esprit que ce n'est pas un outil, à proprement parler, de lutte contre la délinquance. Toutefois, il constitue un moyen efficace de persuasion, et un moyen prouvé pour déplacer le problème ailleurs dès l'instant où les délinquants se savent filmés et potentiellement reconnaissables par les forces de l'ordre en cas de méfaits. Donc, là aussi susceptibles d'être retrouvés pour être traduits en justice », ajoute le policier qui nous guide dans le CSU.

UN CSU DANS CHAQUE COMMUNE DE PETITE-TERRE

Dans le cas de la Petite-Terre, le projet d'équiper les deux localités de Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir en caméras de vidéo protection est porté par l'intercommunalité sans qu'il ne soit facile d’en déterminer le fondement. La plus crédible des explications avancées, est qu'au lendemain de la création de l'intercommunalité de Petite-Terre, celle-ci souffrait de missions définies pour s'asseoir dans le paysage polico-administratif du territoire. Quoi qu'il en soit, le projet a fait suite à un

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diagnostic remontant à 2014-2016 visant à installer un Centre de Supervision Urbaine (CSU) à Pamandzi. Mais en raison de dissensions politiques entre les 2 communes concernées, les travaux n'ont démarré qu'il y a seulement 3 ans. Toujours faute d'accord entre les maires des deux localités, le premier magistrat de Dzaoudzi-Labattoir de l’époque, alors Saïd Omar Oili, décide d'installer en très peu de temps un autre CSU dans les locaux de la police municipale, un centre inauguré lors d'un passage sur l'île en 2023 de Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer, venu lancer l'opération Wuambushu 1 en compagnie de Philippe Vigier, ministre délégué aux Outre-mers. Une rapide faisabilité qui s'explique par des conditions plus souples (à l'époque) d'obtention de l'agrément préfectoral et de l'avis de la commission de sécurité au sein de laquelle siège le préfet et des élus locaux. Les documents administratifs (Cerfa 13) à produire et les conditions d'attribution de ce sésame sont les mêmes pour les deux communes de Petite-Terre. Elles reposeraient en très grande partie sur la localisation des caméras de vidéoprotection dont il faut convaincre du bien fondé.

DES IMAGES EFFACÉES AU BOUT DE 30 JOURS

Dans la pratique, le personnel préposé à la gestion quotidienne des images prises par les caméras sonne l'alarme auprès de la gendarmerie ou de la police municipale dès qu'un acte suspect est constaté. Les coordonnées précises sont fournies pour faciliter une intervention. Celle-ci donne lieu à un rapport écrit à destination du maire (s'agissant de la police municipale) ou d'un procès-verbal (s'agissant de gendarmerie qui dispose d'officier de police

judiciaire). Dans le cas de faits graves, notamment d'agressions, de racket, de caillassages ou de vols à la tire, le procureur de la République est susceptible de demander à visionner l'image du délit. En l'espèce, une réquisition est adressée au maire qui peut autoriser une extraction de la séquence aux fins d'enquête dans des conditions très strictes. « La réquisition doit porter sur la date et une tranche horaire où l'événement s'est produit. Si le maire accepte de donner suite à la réquisition du magistrat, il doit le signifier par écrit au directeur de la police municipale. L'extraction de l'image s'opère dans une pièce attenante au CSU, dite chambre de relecture. Ne peut être communiquée que la séquence relative au faits en question » , tient à préciser l'un des responsables de la police municipale, qui ajoute que chaque individu se sachant filmé à un moment donné par ces caméras a le droit de demander à les visionner et à s'assurer de leur destruction dans un délai maximal de 30 jours. Elles ne peuvent d'aucune façon être stockées au-delà de cette durée. Le CNIL (Commission nationale des informations et libertés), fait partie des instruments mis en place par le législateur pour veiller au respect absolu des droits des citoyens à la vie privée. Elle intervient systématiquement dès qu'une atteinte à cette règle lui est signalée. Par ailleurs, la société Demot'île qui se charge de l'entretien de ce matériel et de la formation des agents de police habilités à le manipuler a également l'obligation de vérifier et rappeler tout manquement à l'obligation d'effacer les images stockées dans les serveurs dans les limites réglementaires. Ses techniciens présents actuellement sur l'île pour effectuer la première révision annuelle du matériel installé dans l'intercommunalité de PetiteTerre, assure n'avoir constaté aucun dérapage de ce type.

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La commune de Tsingoni se dote de la vidéoprotection

AFIN DE LUTTER CONTRE L’INSÉCURITÉ, LA COMMUNE DE TSINGONI S’ÉQUIPE DE CAMÉRAS DE VIDÉO PROTECTION. LA PREMIÈRE PARTIE DU DISPOSITIF SERA MISE SUR PIED DÈS LE MOIS DE JUILLET, MALGRÉ UN MANQUE DE MOYENS HUMAINS DANS LA POLICE MUNICIPALE. FLORENT ABODALA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES À LA MAIRIE DE TSINGONI DEPUIS LA FIN DE L’ANNÉE 2017, A PRIS À BRAS-LE-CORPS CE DOSSIER. IL RÉPOND À NOS QUESTIONS.

« ON EST PARTI SUR UN SCHÉMA D’IMPLANTATION DE TRENTE-DEUX CAMÉRAS SUR L’ENSEMBLE DE LA COMMUNE »

Mayotte Hebdo : Pourquoi avez-vous fait le choix de mettre en place un dispositif de vidéo protection dans votre commune ?

Florent Abodala : Il faut contextualiser. En 2020, on a tous connu le conflit intervillageois entre Miréréni et Combani avec de nombreuses scènes de violences. C’est à ce moment-là qu’on a eu un déclic. On s’est dit qu’il faut qu’on ait des moyens de prévention. La vidéo protection en fait partie. Avec l’ancien maire, Mohamed Bacar, nous avons fait appel à un cabinet spécialisé. Cela s’inscrivait dans la stratégie territoriale de lutte contre la délinquance,

un plan pluriannuel. La vidéoprotection était notre priorité.

M.H. : Comment allez-vous procéder ?

F.A. : On est parti sur un schéma d’implantation de trente-deux caméras sur l’ensemble de la commune de Tsingoni. Mais nous allons devoir nous concentrer dans un premier temps sur la boucle Miréréni-Combani. Nous allons installer dix caméras. Le marché a déjà été obtenu par un groupement de Vinci il y a près d’un an. Cela dit, c’est très complexe à mettre en place sur le volet matériel. On a connu des aléas qui ont compliqué l’acheminement des matériaux.

M.H. : Quand est-ce que les premières caméras seront installées ?

F.A. : Sans tenir compte des aléas qu’on connaît à Mayotte, on envisage une livraison du matériel le 13 mai 2024. Début juillet, nous devrions avoir installé les dix caméras à Miréréni et Combani.

M.H. : Cela implique aussi une logistique et un centre de surveillance urbain. Qu’en est-il ?

F.A. : Dans un premier temps, nous allons devoir faire sans. On va mettre en place un

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interview
Propos recueillis par Samuel Reffé
DOSSIER

Florent Abodala et ses services ont fait appel à un groupement de Vinci pour mettre en place le dispositif à Combani et Miréréni dans un premier temps.

« ON VA METTRE EN PLACE UN SYSTÈME DE VIDÉOPROTECTION
QUI ENREGISTRERA EN CONTINU »

système de vidéoprotection qui enregistrera en continu. En cas d’infraction ou de délit, on pourra vérifier a posteriori via ces caméras.

M.H. : Dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin en novembre 2023, vous sollicitiez une subvention de l’Etat pour couvrir

le coût prévisionnel de l’augmentation des effectifs de votre police municipale, qui compte actuellement dix agents. Votre budget est trop serré ?

F.A. : On essaie de sensibiliser. Aujourd’hui on a un centre commercial, demain on aura le deuxième hôpital de Mayotte, le rectorat envisage de trouver un terrain pour la construction d’un lycée… Toutes ces infrastructures nécessitent qu’on rassure la population de la commune de Tsingoni. On doit mettre les moyens. Pour l’instant, cette lettre n’a pas trouvé de réponse. Le maire [Issilamou Hamada] a relancé pendant la visite de la ministre déléguée aux Outre-mer. À Mayotte, les élus essaient de faire des choses. Si on part sur un recrutement d’une dizaine de policiers supplémentaires, on aura besoin de 500.000 euros environ. Pour information, les charges salariales dans la commune frôlent les 700.000 euros. Cette augmentation des effectifs ne peut être réalisée par la seule commune de Tsingoni.

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DOSSIER

Formée de quatre villages (Tsingoni, M’roalé, Combani et Miréréni) la commune de Tsingoni est la cinquième plus grande du département démographiquement. Fait particulier : les quatre villages cités plus haut sont classés en quartiers prioritaires de la Politique de la Ville. Le plus grand en nombre d’habitants, Combani-M’roalé, concentre 54,3% de la population communale et une majeure partie des faits de délinquance. « À ces problématiques s’ajoutent les tensions sociales et inter-villageoises propres à la commune. En effet, des oppositions, ayant des origines principalement historiques et sociales, sont soulignées par les partenaires et contribuent au climat ambiant. Enfin, l’« inoccupationnel », résultant de problèmes sociaux et sociétaux (précarité, chômage, infrastructures publiques, population en forte croissance, …), semble être un facteur important dans le cadre de la commission de ces infractions et de l’observation de certains

phénomènes dans l’espace public », précise le cabinet Althing, mandaté par la commune, dans un rapport portant sur l’extension des effectifs de la police municipale que nous nous sommes procurés.

La police municipale en manque de moyens Dans les statistiques de la gendarmerie, ce constat s’illustre par une augmentation drastique (+82,93%) des faits de destruction et de dégradation volontaire entre 2016 (41 faits) et 2022 (75 faits) dans les quatre villages de la commune. Une sécurisation renforcée des biens et des personnes apparaît donc nécessaire. Car la commune de Tsingoni envisage notamment de devenir le troisième pôle économique de Mayotte. En octobre 2023, elle accueillait le premier centre-commercial implanté en dehors de Mamoudzou.

En parallèle, Tsingoni prévoit vingt-cinq opérations représentant un investissement

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Pour aller plus loin

TSINGONI, UNE COMMUNE EN DÉVELOPPEMENT

CONFRONTÉE À UN FAISCEAU DE DIFFICULTÉS

de 48,1 millions d’euros dans son Plan Pluriannuel des Investissements (2021-2026). Parmi les projets en cours : la construction d’un établissement d’accueil du jeune enfant à Tsingoni d’une capacité de trente berceaux et d’un groupe scolaire, la construction d’un Dojo municipal et d’un plateau sportif ou encore la réhabilitation de l’ancienne mosquée et la mise sur pied d’un pôle culturel. Dans l’objectif de protéger ces infrastructures, la commune veut donc augmenter ses effectifs dans la police municipale. Malgré une évolution démographique en hausse de +34% entre 2007 et 2017, les ressources humaines demeurent constantes dans ce service.

« En effet, composée actuellement de 16 agents de police municipale (+3 ASVP) le ratio agent/habitants [à Tsingoni] se rapporte à un agent pour 871 habitants répartis sur les quatre villages représentant une superficie totale de 34,42 km² », rapporte le cabinet Althing. L’augmentation des effectifs à trente-six agents de police municipal au total permettrait de diviser par 2,25 le ratio agent/habitants, soit 387 habitants par agent.

UN RÉÉQUILIBRAGE NÉCESSAIRE

Le maire de Tsingoni, Issilamou Hamada, a récemment interpellé le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer au sujet de la police municipale de la commune. En novembre 2023, il sollicitait ainsi une aide de 2.216.000 euros, nécessaires au recrutement de 26 policiers municipaux et à l’extension des locaux, dans l’objectif d’accueillir un centre de surveillance urbain nécessaire pour la vidéosurveillance.

La commune a droit à deux types d’aides financières distinctes pour ce changement de dimension. Elle peut solliciter le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) et la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), dotée d’un milliard d’euros par le gouvernement après la crise sanitaire. Des aides qui sont complémentaires. Le montant de la DSIL, par exemple, ne peut excéder 40% du coût total du projet. La commune, si elle obtient des aides, s’engage de son côté à financer a minima 20% du projet.

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Boom de la vidéosurveillance à Mayotte

LA MONTÉE EN PUISSANCE DE LA DÉLINQUANCE ET DE LA VIOLENCE À MAYOTTE PROVOQUE UNE RUÉE VERS LES PRESTATAIRES DE VIDÉO SURVEILLANCE. UNE ACTIVITÉ QUI CONNAÎT UN ACCROISSEMENT DE 70 % CES QUATRE DERNIÈRES ANNÉES, DE L'AVEU MÊME DES PROFESSIONNELS DU SECTEUR.

« LE SEUL MOYEN D'ÊTRE TRANQUILLE
C'EST DE S'ATTRIBUER LES SERVICES D'ENTREPRISES DE GARDIENNAGE »

Le gardiennage était déjà une activité lucrative il y a quelques années en arrière, il l'est davantage depuis quatre ans, conséquence directe de l'explosion de la délinquance et des violences urbaines dans le département. La montée de ce phénomène au cours des quinze dernières années s'accompagne d'un développement conséquent du secteur de la surveillance privée. Les entreprises spécialisées se sont multipliées, dans un tohu-bohu ingérable, pour finir dans un alignement sélectif, les plus aguerris engloutissant les plus fragiles, les plus performants absorbant les moins professionnels. Il faut reconnaître que la concurrence fut rude à un moment où le marché a commencé à se structurer grâce à l'expansion des centres commerciaux, des supérettes et des magasins à travers l'île. Nassuf est cadre chez Mayotte Sécurité Surveillance, une société de gardiennage installée depuis vingt-deux ans dans la commune de Tsingoni au centre de l'île.

Il est convaincu que « l'explosion de la violence est certes un facteur important dans le développement de l'activité de vidéosurveillance sur le territoire, mais il n'explique pas à lui seul la très forte demande émanant du secteur professionnel privé et des particuliers ». Il observe en parallèle une augmentation importante des créations de sociétés durant la même période. « Beaucoup de nouveaux créateurs d'entreprises ont le réflexe de chercher à protéger leurs investissements, leurs installations. Le seul moyen d'être tranquille c'est de s'attribuer les services d'entreprises de gardiennage » confie-til. En raison des évolutions et performances technologiques de ces dernières années, la vidéoprotection et la télésurveillance ont le vent en poupe à tel point qu'elles constituent une activité spécifique au sein de la plupart des entreprises locales de gardiennage. Pour répondre à une demande sans cesse croissante, celles-ci ont quasiment toutes intégré cette nouvelle "offre tendance" dans les catalogues de leurs prestations.

UNE QUINZAINE DE NOUVEAUX CLIENTS TOUS LES MOIS

« Cela varie en fonction des activités de nos commanditaires, selon qu'ils soient des particuliers ou des entreprises, et aussi l'option choisie entre alarme intrusion et télésurveillance proprement dite » explique Nassuf. Il continue « Dans le premier cas, une alarme retentit sur le téléphone du client ou directement dans nos locaux. L'information nous est partagée et une équipe est immédiatement dépêchée sur les lieux pour les sécuriser. Des rondes peuvent également être effectuées par des équipes spécialisées, de jour comme de nuit, selon la commande du client. »

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reportage
SIAK
DOSSIER

L'autre option est la pose de caméras à différents endroits directement reliés à un système de télésurveillance chez le client ou sur son téléphone portable. Il peut ainsi visualiser toute intrusion ou vandalisme au sein de ses installations et solliciter une intervention de la société de gardiennage. Le rythme d'accroissement de la télé et vidéo surveillance battrait tous les records en ce moment, selon plusieurs acteurs de la place. La progression est estimée à 70 % en seulement quatre ans, à raison de quinze nouveaux clients par mois. Le phénomène du caillassage de véhicules de transport de personnel de grandes sociétés contribuerait également à cette hausse de la demande, à travers des missions d'escorte depuis certains chantiers vers les sièges d'entreprises ou les domiciles. Pour assurer ces missions de gardiennage, surveillance, télé et vidéo surveillance et autre convoyage, Mayotte Sécurité Surveillance s'appuie sur une centaine d'employés.

DEMOT'ÎLE VEUT S'ÉTENDRE À MAYOTTE

Lauréat du marché de vidéoprotection lancé en 2019 par l'intercommunalité de Petite-Terre, Demot'île a décidé de s'implanter de manière permanente sur le territoire. Il s’agit d’une entreprise réunionnaise spécialisée dans le domaine démocratique au sens large. Son activité s'est longtemps concentrée dans l'affichage dynamique dans les magasins avant de se diversifier dans différents domaines grâce aux compétences qu'elle possédait en interne (deux ingénieurs informatiques et plusieurs techniciens de maintenance de haut niveau). C'est ainsi qu'elle s'est étendue dans les secteurs de la vidéosurveillance, la WiFi dans les hôtels et les aéroports, la distribution des faisceaux hertziens dans l’hôtellerie et les collectivités locales et les entrepôts logistiques dans les ports. À Mayotte, Demot'île est connu pour avoir installé le WiFi à la bibliothèque municipale de Pamandzi et assuré la vidéosurveillance des bâtiments de l'INSEE à Kawéni depuis plusieurs années. C'est en 2019 qu'il a

remporté un appel d'offre lancé par l'intercommunalité de Petite-Terre portant sur un parc de 37 caméras de vidéoprotection sur les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, dont trente-et-un éléments sur l'espace publique, six dans les deux Centres de Supervision Urbaine (CSU) ainsi qu'à l'intérieur et extérieur du lieu d'emplacement des serveurs informatiques de stockage des images classée zone à risques. L'entreprise assure également l'installation et l'entretien de douze écrans et trois postes d'exploitation d'images et un poste de relecture dans chacun des deux CSU de Petite-Terre. Demot'île envisage de créer très prochainement une antenne mahoraise avec du personnel local pour y développer sur place la compétence nécessaire à la poursuite de ses activités.

VIDÉOSURVEILLANCE : QUE DIT LA LOI ?

L’installation de caméra de vidéosurveillance par un particulier est très réglementée. Il a le droit de filmer l’intérieur de sa cour et de sa maison. Les choses se compliquent dès lors qu’il souhaite en installer une à l’extérieur pour filmer sa clôture ou son portail. Il doit s’assurer que la caméra ne filme pas la voie publique ni les individus qui passent à côté, mais uniquement sa propriété. La réglementation est toute aussi stricte pour les commerçants. « Un commerçant peut filmer la voie publique pour assurer la protection des abords immédiats de ses bâtiments et installations, dans les lieux exposés à des risques d'agression ou de vol ou à des actes de terrorisme. Il doit d'abord informer le maire de la commune. Les caméras extérieures doivent être déconnectées des caméras installées à l'intérieur pour empêcher le commerçant d'avoir accès aux images enregistrées », peut-on lire sur le site « service-public » du gouvernement.

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À L’ÉCOLE DE M’RONABÉJA, « ON NE PEUT MÊME PAS CONSTRUIRE DE PRÉAU »

Les écoles situées dans les villages côtiers sont pour la plupart soumises aux risques d'inondation et de submersion. Mais lorsque le danger est trop élevé, cela peut bloquer les financements de rénovation. C’est ce qui arrive à l’école primaire de M’ronabéja, dans la commune de Kani-Kéli.

Dans la commune de Kani-Kéli, la plupart des écoles sont à risque d'inondation ou de submersion, étant situées dans des villages côtiers. Mais celle de M’ronabéja en paye particulièrement les frais. Située entre deux ravines et à même pas 100 mètres de la mer, l’école est à risque fort d'inondation et très fort de submersion. En effet, le terrain de l’école est particulièrement plat,

au même niveau que la mer, et une des ravines se trouve seulement à quelques pas. “Quand il pleut, c’est tellement plat qu’on a des problèmes au niveau de l’évacuation des eaux”, commente Ahmed Djanfar, chef du service Aménagement et urbanisme à la mairie de Kani-Kéli.

Le risque est tel que le plan pluriannuel d’investissement (PPI) de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm), ne prévoit plus de financement pour les travaux de rénovation dans cette école. “On avait un de nos bâtiments qui était vétuste. On l’a détruit et on voulait le reconstruire. Mais on n’a pas pu avoir les financements alors on ne l’a pas fait”, explique Ahmed Djanfar, en nous montrant un bout de terrain couvert d’herbe dans la cour de l’école. “On ne peut même pas construire de préau” , ajoute-t-il, désignant cette fois l’arbre qui permet aux 140 élèves de Mronabéja de trouver un peu d’ombre. En attendant, la commune ne peut que financer quelques réparations ici et là, quand le besoin est urgent.

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Marine Gachet
L’école primaire du village de Mronabéja a commencé à être construite dans les années 1980.

Un déménagement inévitable

Impossible donc de rénover ou d’agrandir l’école, dont les premières fondations ont été posées dans les années 1980, avant d’être étendues au début des années 2000. À l’époque, le risque existait déjà, mais ces critères étaient peu connus et entraient encore moins en ligne de compte de manière systématique dans les projets. C’est depuis une dizaine d’années environ que le problème a commencé à se poser, avec la réalisation des premiers diagnostics. De mémoire, Ahmed Djanfar affirme que l’école n’a encore jamais subi d'inondation.

“En 2022, le village a été inondé, mais l’école a été épargnée”, se souvient-il. Ce n’est donc pas tant le risque d'inondation et de submersion en lui-même qui remet en question la capacité d’accueil de l’école à court terme, mais l’impossibilité de l’agrandir en raison de ces risques.

Quoiqu’il en soit, avec la montée du niveau de la mer induit par le dérèglement climatique et le recul du trait de côte inévitable, l’école primaire du village et ses deux bâtiments sont condamnés à déménager. “Il

faut délocaliser l'école. On a désigné un site entre M’ronabéja et Passi-Kéli, mais il faut l’arbitrage des élus municipaux pour entamer les procédures de maîtrise foncière”, relate le directeur de l’aménagement, qui reconnaît qu’il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre du point de vue foncier. En attendant, les élèves resteront sur le site, et si leur nombre augmente, il faudra peut-être passer aux emplois du temps alternés, comme à Mamoudzou. “Mais on aimerait éviter”, assure Ahmed Djanfar.

Si lors des premiers diagnostics, la situation était présentée comme urgente, la faible augmentation du nombre d’élèves dans le village permet de relativiser le risque pour l’instant. Heureusement, car la future école ne pourra voir le jour que dans plusieurs années. n

préau ne pouvant pas être construit, les élèves s’abritent sous cet arbre pour avoir de l’ombre.

Les ravines à proximité, qui peuvent déborder avec les marées, augmentent le risque d'inondation. Des renforcements en pierres ont été construits pour éviter les débordements.

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L’école est à très fort risque de submersion, se trouvant à moins de 100 mètres de la mer. Un

LISEZ MAYOTTE ENCYCLOPÉDIES DE MAYOTTE (1/3)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Mayotte. Regards croisés… nous paraît être, en 2011, le début de quelque chose de nouveau. Mais si cette nouveauté est rupture, elle s’inscrit néanmoins dans une continuité. En effet, ce livre a deux auteurs et l’un d’entre eux est un photographe : Gilles Tordjeman. Et comme un photographe peut en cacher un autre, Gilles Tordjeman photographie ce qui se trouve au-dessus du niveau de la mer et Emmanuelle Camallonga ce qui se trouve dessous. On songe donc au beau livre, non pas au beau livre photographique qui croise le regard mzungu et la plume endogène, mais à une nouvelle sorte de beau livre qui le dispute à l’encyclopédie, sous l’égide de Thierry Mesas. Les poèmes d’élèves, qui rythment le texte, annoncent d’autres productions futures du (vice-) rectorat pendant la COVID-19 et l’orientent du côté de la littérature de jeunesse.

Les deux principaux collaborateurs à l’origine du livre sont présentés, de la façon suivante, par l’un des mécènes de l’ouvrage, à savoir le directeur de la Colas, Serge Cavasino : « Thierry Mesas, enseignant et humaniste, a parcouru la planète et voue une attention particulière aux hommes, aux femmes et aux paysages, à la beauté et au miracle de la vie, en somme. Gilles Tordjeman, photographe professionnel, a été son complice et lui a prêté son regard subjectif. En posant un cadre sur ce que nous voyons tous les jours sans y prêter attention, il a transformé des gens simples et des paysages familiers en autant d’œuvres d’art qui nous sont offertes ici. Ma rencontre avec eux a immédiatement suscité curiosité et enthousiasme.

Tant de livres sont parus sur Mayotte : en quoi leur point de vue serait-il différent ? La réponse est entre vos mains ; à son tour, elle interroge notre propre regard et notre rapport à l’activité humaine et à la nature, et finalement à l’autre et au monde. »

La présentation du directeur de publication explique le dessein environnementaliste et idéaliste présenté en quatrième de couverture. La présentation du photographe cherche à saisir la spécificité de livre qui se comprend non seulement dans l’intention de son directeur, mais encore dans la façon dont son regard de chef d’orchestre croise celui du photographe.

Mayotte. Regards croisés… appréhende l’île aux parfums à plusieurs niveaux comme le montrent les trois panoramiques en première de couverture : hauteurs verdoyantes des sommets de l’île, maisons chatoyantes au niveau intermédiaire et coraux scintillants sous la mer tropicale.

Mais le dessein de l’ouvrage n’est pas seulement photographique ou touristique, mais encyclopédique. Thierry Mesas veut faire le tour des choses. C’est la raison pour laquelle il fait appel à de nombreux collaborateurs dont, conformément à son titre, il croise les regards. Le sien est d’emblée, historique, dans l’article « Mayotte, le 101e département français. ‘Maore Farantsa’ » Il le croise ensuite avec celui de Christophe Grosdidier pour évoquer « Un parc naturel marin remarquable ». Plusieurs spécialistes livrent des articles sur leur domaine de compétence comme Bruno Wils avec « Un système éducatif en pleine évolution » ou

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LITTÉRATURE

Serge Cavasino avec « Mayotte, une île en construction ». Christophe Grosdidier a le dernier mot ou presque avec « Une économie vivrière poussée vers la modernité ». On ajoutera, pour le lecteur polyglotte, les extraits en langue vernaculaire ainsi que la traduction en anglais. Mais plus que par les textes, c’est par les images que le texte brille. Certaines sont des documents, notamment un cliché publicitaire en faveur de la départementalisation de Mayotte ou encore un saluva représentant Nicolas Sarkozy. D’autres sont des monuments. Nous goûtons particulièrement les photographies qui mettent en valeur l’eau de la saison des pluies, cette eau dense et violente qui ravale tout et fait pièce à l’exotisme facile du soleil tropical qui grille et anesthésie.

27 • Mayotte Hebdo • N°1081 • 22/03/20 24

Section 1 : Identification de l'acheteur

Nom complet de l'acheteur : SMIAM (976)

Numéro national d'identification :

Type : SIRET - N° : 20000892800018

Code postal / Ville : 97600

Mamoudzou

Groupement de commandes : non

Section 2 : Communication Moyens d'accès aux documents de la consultation

Lien vers le profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr

L'intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d'acheteur : oui

Utilisation de moyens de

communication non communément disponibles : non

Nom du contact : Bourahima ALI

HADHURAMI - Tél : +33 063920975 - Mail : bourahima.ali-hadhurami@ smiam.yt

Section 3 : Procédure

Type de procédure : Procédure adaptée ouverte

Conditions de participation : Aptitude à exercer l'activité professionnelle : L’offre, qu’elle soit présentée par une seule entreprise ou par un groupement, devra indiquer tous les sous-traitants connus lors de son dépôt. Elle devra également indiquer les prestations (et leur montant) dont la sous-traitance

est envisagée, la dénomination et la qualité des sous-traitants qui l’exécuteront à la place du titulaire. Le pouvoir adjudicateur ne souhaite imposer aucune forme de groupement à l’attributaire du marché. Toutefois, en cas de groupement conjoint le mandataire devra être solidaire.

Technique d'achat : Sans objet Date et heure limite de réception des plis : Vendredi 12 avril 2024 - 12:00 Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non

Possibilité d'attribution sans négociation : oui L'acheteur exige la présentation de variantes : non

Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : La réalisation d’une prestation de levée topographique dans le cadre de la maitrise foncière du patrimoine du SMIAM

Classification CPV : 71351810

Type de marché : Services

Description succinte du marché : Réalisation d'une prestation de levée

topographique dans le cadre de la maitrise foncière du patrimoine du SMIAM.

-Décomposition de la consultation

La prestation ne fait l'objet d'aucune décomposition en tranches ou en lots - Durée du marché

Le marché est passé pour une durée ferme allant de sa date de notification à la date d'admission des prestations - Montant du marché

Le montant du marché correspond au prix global et forfaitaire figurant dans la Décomposition du Prix Global et Forfaitaire (D.P.G.F.)

Lieu principal d'exécution : Département de Mayotte

Durée du marché (en mois) : 4

La consultation comporte des tranches : non

La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non Marché alloti : non

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Date d'envoi du présent avis 16 mars 2024

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