Mayotte Hebdo n°1050

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Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • SIMPLE JACKPOT • Parution 30/juin/2023 • Remise 13/juin/2023 • LUC - BAT
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LE MOT DE LA RÉDACTION

« LE TRAVAIL NE MANQUERA PAS, SOYEZ-EN CERTAINS ! »

Éducation, santé, eau et électricité, puis désenclavement maritime et aérien, développement du tourisme, de l'agriculture, des nouvelles technologies, évolution économique et sociale de manière plus large… Younoussa Bamana a été un visionnaire intéressé, intéressé par son île, sa population à qui il a consacré son intelligence, son talent, sa force, son humour aussi, souvent. Il savait calmer une foule, mais aussi la porter au combat. Ce combat qu'il a lui-même porté avec ses compagnons de route durant des décennies. A contre-courant de la pensée dominante de l'époque, comme tout visionnaire.

Vivant humblement, comme un sage, il était respecté, que ce soit dans sa maison à Sada, Mamoudzou ou Poroani, que ce soit plus récemment dans sa vallée perdue de l'Ourovéni, au fond de cette piste serpentant au milieu des plantations, traversant la rivière et arrivant dans son jardin extraordinaire où les combavas croulaient sur les arbres, où les patates douces d'Afrique se frayaient un chemin au milieu des autres plantations. Côtoyant les plus grands hommes de la République, ayant une ligne directe avec le Président de la République comme l'a rapporté le préfet Jean-Jacques Brot, reçu sous les ors de la République, il n'oubliait jamais « la vraie vie » … La terre. Mayotte. La porte toujours ouverte, il recevait, écoutait, du plus humble au plus puissant, sans distinction aucune… Il conseillait, racontait, poussait à réfléchir, à agir pour l'intérêt de l'île. Cette popularité n'était pas usurpée, ni superficielle. Humaniste, fraternel, moderne, il était respecté, apprécié par toutes les couches de la société, toutes les communautés de l'île qui voyaient en lui un moteur du développement, mais aussi parfois un modérateur nécessaire. Clair dans ses objectifs, lucides dans les atouts dont il disposait, il a beaucoup donné à cette île, à la France. Ce don de soi pour l'intérêt général, ces efforts, ce travail doivent être continués, le flambeau doit être repris, porté pour que Mayotte continue à avancer. L'union des forces vives doit aussi se (re)faire, rapidement, dans l'intérêt de tous, pour tous les dossiers importants.

« Le travail ne manquera pas, soyez-en certains ! » , avait-il déclaré en 1978 dans un discours prononcé alors qu'il venait d'être élu à l'Assemblée nationale. « Réunir tous les Mahorais autour d'un projet de développement pour Mayotte : telle est notre première et grande responsabilité. (…) L'union sans équivoque et sans arrière-pensée de tous les Mahorais permettra de réaliser rapidement le développement que vous appelez de vos vœux. Que désire la population ? Des routes ? Des écoles ? Des dispensaires ? L'eau ? L'électricité ? Nous aurons tout cela si vous êtes unis et n'aurons rien si vous êtes divisés »

3 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23
Bonne lecture à toutes et à tous. Laurent Canavate, juin 2007.

tchaks

Carnaval de la fraternité à Chiconi

La sixième édition du carnaval de la fraternité aura lieu le vendredi 7 juillet à Chiconi. Cet événement sera articulé autour d’un défilé festif et musical qui regroupe les élèves des quatre écoles primaires de la commune. Ce carnaval célèbre avec enthousiasme la fin de l’année scolaire. C’est une initiative qui met en valeur l’esprit de fraternité et de solidarité qui unit les élèves de ces établissements scolaires, tout en favorisant le vivre-ensemble et la diversité culturelle de Mayotte. Les élèves, accompagnés par les animateurs et des parents bénévoles, présenteront des costumes créatifs et chorégraphies élaborées pour l’occasion. Le défilé démarrera de la place Hareza de Sohoa pour finir au stade de foot de Chiconi Kavani.

Elle s’appelait Nadine…

Elle s’appelait Nadine Seon, elle avait 33 ans, et elle était architecte et joueuse de rugby et handball à Mayotte. Cette femme était portée disparue à partir du dimanche 24 juin. Ses proches avaient lancé un avis de recherche sur Facebook. Et dès le début son ex-compagnon a été le principal suspect. Après avoir tenu des propos incohérents, l’homme aurait expliqué avoir étranglé son ex-compagne avant d’emballer son corps dans un sac poubelle et de le jeter dans une benne à ordures. Mais à l’heure où nos écrivons ses lignes, son corps n’a toujours pas été retrouvé. L’enquête poursuit son cours, en attendant les amis de Nadine ont ouvert une cagnotte afin d’aider ses proches.

4 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23

Forum de la mobilité à Mamoudzou

Le forum de la Mobilité aura lieu ce samedi 1er juillet, de 9h à 14h à la MJC de Mamoudzou. L'objectif est de permettre aux étudiants, demandeurs d’emploi ou personnes en reconversion professionnelle d'avoir accès à un ensemble d'informations et d'acteurs nécessaires à leur bonne insertion étudiante, professionnelle et citoyenne hors-territoire. Le forum de la Mobilité se veut être le rendez-vous incontournable des jeunes mahorais. Durant toute une matinée plus d’une vingtaine d’acteurs de la mobilité et des centres de formation seront présents pour accompagner et conseiller les jeunes visiteurs à préparer leur année de formation. Au cours de ce rassemblement, ils recevront des conseils personnalisés de professionnels et d’experts, découvriront les stratégies pour s’inscrire et suivre sur les différentes plateformes de mobilité, trouver un emploi, une formation, un contrat en alternance, un logement... Ils pourront aussi obtenir des réponses concrètes grâce à une table ronde portant sur les difficultés liées à la mobilité.

Collecte de vêtements avec le Rotary club

La fin de l’année scolaire entraine évidemment une valse de départs et d’arrivées sur l’île. Pour réduire un peu la charge au cours des déménagements, le Rotary club de Mamoudzou propose aux partants de faire don des vêtements dont ils ne veulent plus. « Vous ne savez plus quoi en faire ? Offrez leurs une deuxième vie, recyclez-les ! Ils ont de l’avenir auprès des plus démunis », annonce l’organisation caritative. Les dons sont à déposer dans le quartier des Hauts-Vallons, à Mamoudzou, ce samedi 1er juillet, de 8h à 13h, au restaurant le Quartz et à Habari Presse.

L’image de la semaine : GÉRALD DARMANIN DANS UNE MOSQUÉE

Lors de sa visite à Mayotte les 24 et 25 juin, le ministre de l’intérieur et des Outre-mer a rencontré les autorités religieuses de l’île, à la mosquée de Dembeni. Et une image a fait le tour des réseaux sociaux et a suscité de nombreuses réactions de la part des internautes. On y voit Gérald Darmanin assis, les genoux repliés sur un tapis de prière. Une position similaire à celle que l’on adopte lorsque les musulmans font la prière.

5 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

OPÉRATION WUAMBUSHU

À MAYOTTE : UN MOIS

APRÈS LA DÉMOLITION DU BIDONVILLE TALUS 2, SES

ANCIENS HABITANTS VIVENT

"ÉPARPILLÉS" ET "SANS ESPOIR »

Lundi 25 Juin 2023, par Robin Prudent pour France Infos

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est en visite dans le 101e département français samedi et dimanche. L'occasion de faire un point d'étape sur la lutte contre l'habitat insalubre, confrontée aux difficultés de relogement des familles issues des bidonvilles.

Au bord de la route nationale qui fait le tour de Mayotte, Adidja, 33 ans, tente de vendre quelques bananes aux habitants du quartier de Majicavo, dans le nord de l'île. Derrière elle, une colline semble comme scalpée, laissant apparaître une terre rouge aux allures de plaie encore à vif. C'est ici que s'étendait depuis des décennies l'un des plus grands bidonvilles de Mayotte, Talus

2. « Cela faisait onze ans que j'y vivais, affirme cette mère de trois enfants. On a appris à la télévision le jour où ils allaient détruire nos maisons. J'étais dévastée ». Le 22 mai, les pelleteuses ont démoli les 162 cases en tôle du quartier, lançant, dans les faits, l'opération Wuambushu voulue par Gérald Darmanin afin de lutter contre l'habitat insalubre, l'immigration illégale et l'insécurité à Mayotte. Un mois plus tard, le ministre de l'Intérieur revient dans le 101e département français, samedi 24 et dimanche 25 juin. Face à la colline balafrée, Adidja détourne le regard. « Je suis fatiguée », souffle la trentenaire. En plus de son banga familial – le nom des maisons en tôle à Mayotte – elle et son mari ont perdu ce jour-là une petite épicerie qu'ils tenaient dans le quartier. Depuis plusieurs mois, ils savaient que leur vie était en sursis. L'arrêté de démolition du bidonville a été pris en décembre 2022 après une enquête sociale sur place. La justice a finalement donné son feu vert mi-mai, une fois assurée que des offres de relogement avaient bien été réalisées.

« Ils sont venus nous proposer des logements pour trois ou six mois, sans pouvoir apporter nos affaires et loin des écoles de nos enfants, c'est indigne. On préfère encore se démerder », balaie Adidja. Sa famille vit désormais "éparpillée" chez des connaissances. « Il n'y a pas d'avenir ici, pas d’espoir », tranche-t-elle.

Près de la moitié des familles relogées

Adidja et sa famille ne sont pas un cas isolé. Sur les 96 familles expulsées qui habitaient dans le

bidonville Talus 2, 70 ont reçu une proposition de relogement – réservée aux personnes présentes légalement sur le territoire. Seules 44 ont accepté l'offre de la préfecture. « Nous avons relogé environ 250 personnes, c'est énorme », se félicite de son côté Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l'habitat insalubre auprès du préfet. Lors des démolitions précédentes, le taux de relogement était souvent bien plus faible.

A quelques kilomètres de l'ancien bidonville Talus 2, des constructions modulaires en préfabriqué entourées de hauts murs et de barbelés accueillent quelques-unes de ces familles relogées. Parmi elles, Toianti et deux de ses enfants ont été les premiers arrivés. Des tongs et des claquettes sont entreposées devant la porte de l'unique pièce de leur logement. « Ici, c'est stable, je suis tranquille avec mes enfants, alors qu'à Talus 2, c'était compliqué », souffle la quadragénaire, enveloppée dans un châle à fleurs.

Assis sur le sol en plastique bleu, son fils acquiesce en relevant les yeux de son téléphone portable. « Ça m'a fait mal au cœur quand ils ont détruit mon quartier mais je préfère habiter ici, au moins il n'y a pas de danger », lance Nastaoui. Sa nouvelle maison est aussi plus calme pour réviser son brevet, qui a lieu dans quelques jours. Tous ne sont pas de leur avis. A la porte d'à côté, Chamsia regrette sa vie d'avant. Avec son mari et leurs trois enfants, ils vivent à cinq dans la chaleur étouffante de l'unique pièce privée qui leur est louée pour une centaine d'euros par mois. « On nous a foutus dans une chambre, sans que l'on puisse prendre nos affaires, ce n'est pas du tout adapté à une famille ici », se lamente la mère de 44 ans. Avec ses douleurs au pied, elle a bien du mal à transporter sa marmite en métal de la cuisine commune du rez-de-chaussée jusqu'à leur pièce à l’étage. Des rideaux à fleurs ont été tendus pour séparer le coin nuit des enfants et celui des parents. Mais faute de place, les matelas sont superposés la journée avant d'être

6 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23

étalés tous les soirs. A côté, une armoire déborde de vêtements de toutes les couleurs. « On demande juste des chaises, une table et peut-être un canapé, glisse Chamsia. On nous avait promis une machine à laver… »

« J'ai eu le cœur déchiré »

Certaines familles relogées n'auront même pas le temps de s'installer véritablement dans leur nouvelle habitation. Plusieurs d'entre elles n'ont pu obtenir que des hébergements d'urgence ou d'insertion pour une durée de trois ou six mois, renouvelable. C'est le cas d'une cinquantaine de personnes qui habitent désormais gratuitement à une dizaine de kilomètres de leur ancien quartier, à Tsoundzou 2. Une distance qui peut vite devenir un obstacle insurmontable, sans voiture ni transports collectifs sur l'île.

« Tout ce qu'on nous proposait était trop loin de l'école de mes frères et sœurs », explique Soihibou, l'aîné d'une fratrie de neuf enfants qui a passé toute sa vie, avec ses parents, dans les cases en tôle de Talus 2. Alors, après vingt-cinq ans de vie en communauté, la famille a préféré emménager chez un cousin du quartier, malgré la promiscuité. « Il nous a laissé le salon, où dorment mes parents et les plus petits, explique le jeune homme en tongs jaunes et tee-shirt bleu. Je dors avec mes cousins, alors qu'avant, on avait plusieurs maisons pour toute la famille » Selon la préfecture, tous les enfants et adolescents de Talus 2 sont toujours scolarisés dans leur établissement, malgré des temps de transport parfois plus longs.

Certains habitants ont trouvé refuge juste de l'autre côté de la route nationale fraîchement goudronnée, dans la mosquée blanche et verte du quartier. La famille d'Anicha, elle, a fait quelques centaines de mètres en direction de la forêt tropicale pour trouver une nouvelle maison. Mais la blessure est encore intacte. « Je suis venue en vacances ici et la destruction a commencé, explique la Française qui vit désormais dans l'Hexagone. J'ai eu le cœur déchiré en voyant mon petit frère pleurer. » Cette mère de deux enfants aimerait ramener le reste de sa famille avec elle à Orléans (Loiret), mais ses parents, qui possèdent seulement une carte de séjour, doivent rester à Mayotte.

« Le travail est titanesque »

Tous les habitants de Talus 2 le savent : qu'ils soient relogés temporairement ou non par les services de l'Etat, tous devront trouver une nouvelle habitation dans un futur proche. Mais

où ? Le 101e département français manque cruellement de logements salubres et abordables. Ici, la moitié de la population vit avec moins de 300 euros par mois, selon l'Insee, et un tiers habite dans des cases en tôle, selon la préfecture.

« On est en train de chercher un endroit pour s'installer, mais il faut beaucoup économiser pour construire une maison en briques », lance Soihibou.

Ce rêve sera peut-être réalisable dans le quartier pour les familles les moins précaires. Quelques jours après que les bangas ont été déblayées de Talus 2, un nouveau chantier s'est déjà installé sur la colline. « Après avoir stabilisé la zone, nous voulons construire 50 logements et des commerces », assure le maire de la commune, Assani Saindou Bamcolo. Une volonté de maire bâtisseur saluée par la préfecture.

« Les opérations de décasage permettent de maîtriser le foncier. Ensuite, il faut que les mairies aient la volonté de construire du logement et qu'elles trouvent des gens qualifiés pour les constructions », énumère Psylvia Dewas. Un début encourageant selon l'experte du logement, dépêchée sur l'île en février 2022, même si elle reconnaît que « toutes les familles de Talus 2 ne retrouveront pas une maison » dans ce nouveau quartier en construction. « Le travail est titanesque. »

Bientôt de nouvelles démolitions

Le long de la route nationale, les tôles ondulées des bidonvilles grignotent toujours la végétation. Un mois après la première démolition dans le cadre de l'opération Wuambushu, le chemin semble encore long avant d'atteindre l'objectif des 1 000 logements insalubres détruits voulu par le préfet. Pas question d'y renoncer pour autant, d'autant que la date de fin de l'opération n'a jamais été révélée.

Lundi 19 juin, quelques jours avant la visite de Gérald Darmanin sur l'île, une nouvelle démolition de bangas a ainsi débuté, à quelques kilomètres de Talus 2. « Pour mener à bien une opération complète, il faut quatre à six mois », justifie le préfet, Thierry Suquet, en polo et baskets. Le rythme pourrait s'accélérer en juillet. « Cette semaine, nous signons notre dixième arrêté de démolition et nous en avons au moins cinq autres en préparation », assure le représentant de l'Etat, entre les pelleteuses en action. A l'écart du groupe, le maire de Koungou glisse discrètement un mot à la responsable de la lutte contre le logement insalubre à la préfecture. Un autre bidonville de la commune pourrait bientôt être sur la liste des démolitions.

7 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

22 juin 2007 – 22 juin 2023

Younoussa 16 ans après

YOUNOUSSA BAMANA A COMMENCÉ SA CARRIÈRE TRÈS JEUNE, À CONSEILLER GÉNÉRAL À L’ASSEMBLÉE TERRITORIALE DES COMORES, LORSQUE MAYOTTE S’EST SÉPARÉE DE L’ARCHIPEL VOISIN. DURANT 16 ANS APRÈS NOUS AVOIR QUITTÉS, IL MARQUE ENCORE LES ESPRITS. NOUS REVENONS SUR LA VIE DE CET HOMME CONSIDÉRÉ COMME

8 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23 GRAND ENTRETIEN

aprèsBamana,

À SEULEMENT 23 ANS. IL A DÉBUTÉ EN TANT QUE COMORES, AVANT DE DEVENIR PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DURANT PRÈS DE 30 ANS, IL S’EST BATTU POUR SON ÎLE NATALE. ESPRITS. À L’OCCASION DE L’ANNIVERSAIRE DE SA MORT, COMME ÉTANT LE « PÈRE DE MAYOTTE ».

Younoussa
9 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

MAYOTTE HEBDO N°340 – 29 JUIN 2007

Mayotte perd son Mzé

Younoussa Bamana, né le 10 février 1935 à Kani-bé, s'est éteint ce vendredi 22 juin au petit matin à Mamoudzou. Considéré comme le père de Mayotte moderne, cet instituteur en fut préfet d'août à mai 1976 ("seul préfet élu de la France" avait rappelé Jacques Chirac le 20 mai 2001 à Sada), 1er député de la Collectivité territoriale du 13 mars 1977 au 22 mai 1981 et surtout président du conseil général du 6 juillet 1977 à avril 2004. Le 14 avril 2006, il est désigné président d'honneur du conseil général. Il avait commencé sa carrière politique à 23 ans, comme conseiller général à l'Assemblée territoriale des Comores. Il fut élu député des Comores le 20 août 1967 et président du conseil de circonscription de Mayotte en 1969.

Combattant inlassable pour Mayotte française et la départementalisation de l'île, il avait été emprisonné 40 jours en 1973 par les autorités comoriennes et pour l'intérêt de Mayotte avait refusé de suivre les autres îles de l'archipel dans "l'aventure de l'indépendance", à contrecourant de l'histoire lui reprochait-on à l'époque. "Je ne veux pas de votre indépendance à la merde, à la con !", avait-il coutume de dire. Très populaire, vivant modestement et retiré en brousse, dans sa case d'Ourovéni depuis 2004, il suivait très attentivement l'actualité locale. Malade, il résidait dans le centre de Mamoudzou depuis quelques semaines.

Les principaux responsables politiques lui rendaient souvent visite pour recueillir ses conseils avisés.

A l'annonce de son décès ce vendredi matin, les services de la préfecture ont été fermés, toutes les manifestations sportives ont été annulées. Vers 11h00 son corps a été transporté à Kani-Bé et un immense cortège s'est formé pour se rendre à ses funérailles. Il a été enterré vendredi après-midi dans son village natal de Kani-bé, en présence de milliers de personnalités et d'anonymes venus lui rendre un dernier hommage.

"C'était un beau jour pour partir"

Vendredi dernier, 22 juin, Mayotte s'est réveillée en deuil. Au petit matin, la nouvelle tombe : le Mzé n'est plus. Aussitôt, les funérailles s'organisent et Kani-Bé deviendra l'espace d'une journée, le centre d'attention de toute l'île de Mayotte.

Vendredi dernier, Mayotte s'est réveillée dans la tristesse. L'ex-président du conseil général Younoussa Bamana est décédé au petit matin dans sa maison à Mamoudzou. Aussitôt la nouvelle se répand à toute vitesse, Radio Mayotte interrompt tous ses programmes et donne la parole aux auditeurs qui souhaitent rendre hommage au Mzé. Les administrations autorisent aussitôt leurs employés à quitter le travail et mettent leurs drapeaux en berne. Les

obsèques s'organisent aussitôt à Kani-Bé, son village natal. Des milliers de Mahorais, qu'ils soient notables, cadres, paysans, anonymes prennent la route pour le sud. Tout de suite, l'accès à Kani-Bé est bloqué par les gendarmes sur le CCD 4. Les plus matinaux ont pu se faufiler jusqu'au centre du village, alors que les autres en sont réduits à se garer comme ils peuvent le long du CCD 4. Certains malins ont bien essayé de se garer autour du terrain

10 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23 DOSSIER
Faïd Souhaïli

de football du village, mais cet emplacement avait été réservé aux autorités.

Les retardataires eux se retrouveront bloqués à Tsimkoura ou encore M'zouasia dans un embouteillage à la dimension de l'évènement. Vers 11 heures, une dizaine d'hommes, pelles en main, s'affairent sous un manguier à l'entrée du village. Ils creusent la tombe du Mzé, qui ne sera pas enterré au cimetière mais sur son domaine. Petit à petit la foule afflue. Certains, dont l'émotion ne peut être contenue, refusent de répondre aux journalistes, d'autres en profitent pour louer la sagesse, la pugnacité et la disponibilité de Younoussa Bamana. Sous un soleil radieux et une température idéale, tout le monde se dirige vers la maison de la famille Bamana, à proximité de la grande mosquée de Kani-Bé. "C'est un beau jour pour partir", déclare un vieil homme sur la grande place du village. "Le temps est idéal, ni trop chaud ni trop froid, il ne pleut pas, nous sommes vendredi, jour du seigneur. C'est un signe qu'Allah l'ait repris ce jour-là", continue-t-il. Une grande ferveur s'empare de la mosquée pendant la prière du vendredi. Celle-ci est trop petite pour accueillir tous les croyants venus prier pour le premier président du conseil général de Mayotte. A l'extérieur, les femmes assises sous une bâche entament des chants religieux lancinants, exprimant la tristesse de toute une population. Si certains gardent un stoïcisme (une dignité ?) rigoureux en ne laissant pas leur visage dévoiler leurs sentiments, d'autres ne peuvent s'empêcher de craquer à l'image de l'ancien député Mansour Kamardine, qui a du mal à contenir ses larmes. Al'ombre sur l'esplanade de la mosquée, les grandes personnalités – le préfet Vincent Bouvier, le sénateur Adrien Giraud, son prédécesseur Marcel Henry, Saïd Omar Oili, successeur de Younoussa Bamana à la présidence du conseil général, Mansour Kamardine, Darcaoui Toiliha, Maoulida Soula, etc. – discutent paisiblement et répondent aux questions des journalistes. Quelque temps après, vers 13h30, les personnalités se rendent dans la maison de la famille Bamana autour de la dépouille du Mzé.

Un dernier daïra exaltant en l'honneur du Mzé

Ensuite le corps est disposé dans un brancard recouvert d'une étoffe verte brodée de versets coraniques puis transporté de mains en mains à l'intérieur de la mosquée. Après une brève fatiha, le brancard ressort, "flottant" dans les airs, et de nombreux hommes forment une haie d'honneur pour transporter Younoussa Bamana dans sa dernière demeure. Les 800 mètres séparant la mosquée de la tombe sont parcourus à vitesse grand V. Ceux qui étaient en début de chaîne marchent ou courent pour se remettre à l'autre bout pour avoir l'honneur de porter le corps du Mzé. Lorsque le corps arrive à la tombe, tout le monde essaie d'approcher, mais impossible de faire un pas de plus. Les membres de la famille déposent le corps entouré dans un linceul blanc dans la tombe et le recouvre soigneusement de terre.

Ensuite, la foule se disperse pour entamer un daïra, danse religieuse issue du soufisme. Un rectangle se forme et une cinquantaine de personnes se mettent à sauter et sourire en entonnant des refrains célébrant Allah et son prophète. Des "Hahahaha" accompagnés de balancements de la tête de haut en bas montrent l'état second (la transe devrionsnous dire) dans laquelle se trouvent les danseurs, parmi lesquels figurent notamment le maire de Chiconi, Abdallah Souf Safi, Nabé du service culturel ou encore Ahamed Attoumani Douchina. Certains, notamment les femmes qui commencent à rebrousser chemin, commencent à montrer des signes d'agacement car la route de Kani-Bé est bloquée. Mais peut-on oser troubler une manifestation en l'honneur du Mzé Younoussa Bamana, le jour de ses funérailles ? Cela serait un crime de lèse-majesté. Alors que les uns commencent à partir, un imam appelle Zaïdou Bamana autour de la tombe pour une dernière fatiha. Celui-ci, les yeux fixés sur la tombe de son père, fait face avec dignité. Convaincu du destin exceptionnel de son père, il sera le premier à tout faire pour que les nouvelles générations de Mahorais sachent qui était cette personnalité historique de notre île.

Des milliers de personnes se sont rendues aux funérailles de Younoussa Bamana

11 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

DISCOURS

« Les Mahorais croient tout simplement aux valeurs

Quelques années après les référendums de 1974 et 1976, Younoussa Bamana, alors député de la collectivité de Mayotte et président du Conseil général, prononce une allocution à l’occasion de la visite de la mission parlementaire d’information au CG, le 4 septembre 1980. Le Mzé y insiste sur le combat mené par les Mahorais pour rester français, et appelle à ce que l’État réaffirme son engagement sur l’île au lagon. Un discours dont certaines nuances paraissent encore justes, 43 ans plus tard.

Messieurs les présidents de la délégation, les parlementaires, mes chers collègues, Je voudrais tout d'abord vous dire le plaisir qu'ont les Mahorais et leurs élus à recevoir aujourd'hui dans cette salle les représentants des Commissions des lois des deux assemblées. Mayotte sait bien tout ce qu'elle doit au Parlement qui dans un contexte difficile a imposé que soit respectée la volonté des Mahorais de rester Français. Laissez-moi vous dire encore une fois de plus, Messieurs, notre gratitude. Précisément parce que vous avez déjà beaucoup fait pour Mayotte, j'ai quelques scrupules à vous imposer le pensum supplémentaire d'un discours sur les problèmes mahorais. Mais je suis certain que vous comprendrez que nous saisissions l'occasion de votre visite pour vous demander d'informer nos collègues parlementaires, le Gouvernement et les milieux administratifs des difficultés que rencontre Mayotte. Notre ami le sénateur Henry vous exposera tout à l'heure nos préoccupations en matière d'investissements publics ; pour ma part, je voudrais dire aux spécialistes que vous êtes les problèmes dans le domaine législatif. Il y a, vous le savez, deux questions essentielles pur Mayotte en matière législative : celle du statut et celle de l'adaptation des textes métropolitains. Je crois utile de rappeler dans quels termes se pose la première question, celle du statut de Mayotte.

« Les Mahorais sont Français depuis 1841, ils entendent le rester »

12 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23 DOSSIER
de 1789 »

Depuis plus de vingt années, malgré toutes les pressions, malgré tous les efforts, malgré toutes les exactions, les Mahorais demandent de façon déterminée, constante et quasi-unanime l'assurance de pouvoir rester Français par la départementalisation. C'est tout d'abord, qu'ils sont Français depuis 1841, ils entendent le rester. C'est aussi que leur histoire récente comme leur histoire ancienne a appris aux Mahorais qu'ils avaient tout à redouter de l'impérialisme de leurs voisins dans une région périodiquement agitée de graves convulsions. Les Mahorais estiment que seule la départementalisation garantit leur liberté et leur sécurité dans l'ensemble français. Les Mahorais croient tout simplement aux valeurs de 1789.

C'est donc une affirmation que leur qualité de Français et une garantie politique de leur avenir de français que les Mahorais recherchent par la départementalisation. On a pu insulter notre volonté légitime en laissant entendre que Mayotte voulait profiter de tel ou tel flux financier en restant Français. Il faut tout d'abord remarquer que le calcul aurait été mauvais et à cet égard l'ingratitude est souvent plus "payante" que la fidélité. Mais surtout les Mahorais ont toujours dit – et leurs élus l'ont répété –qu'ils n'exigeaient rien d'autre qu'une garantie politique. Pour le reste il appartient à la France de dire quelle mesure selon quelles modalités la solidarité nationale peut être mise en œuvre au profit de Mayotte. Aucun Mahorais ne souhaite voir son île transformée en pays d'assistés et le prétendre est une injure à ce qu'il y a de plus important dans l'âme mahoraise.

en septembre 1977, qu'il y avait des chances sérieuses que Mayotte réintègre l'ensemble comorien.

- en 1979, M. le ministre de la Coopération déclarait à un déjeuner de presse : "La France souhaite la réunification des Comores et le Gouvernement s'y emploie"

- La loi du 24 décembre 1976 avait prévu la consultation de la population à l'initiative du conseil général après un délai de trois ans ; pourtant, le Gouvernement déposait quelques semaines avant la date prévue pour cette consultation un projet de loi ouvrant un nouveau délai de cinq années supplémentaires et retardait ainsi la satisfaction d'une aspiration constante et quasi-unanime des Mahorais.

On objectera que, s'agissant de la garantie politique souhaitée, M. le secrétaire d'Etat aux Dom-Tom rappelle périodiquement que Mayotte est française en sorte que les inquiétudes mahoraises devraient être apaisées. Il convient ici de rappeler quelques fats :

- Le 31 janvier 1972, M. le ministre chargé des Dom-Tom s'engageait à ce que lors des consultations éventuelles sur l'indépendance des Comores, les votes soient décomptés île par île de manière que Mayotte puisse rester française. En juin puis en septembre 1973, le ministre des Dom-Tom revenait sur cet engagement en enclenchant un processus global d'accès à l'indépendance.

- En mai 1976, le Gouvernement déposait un projet de loi prévoyant la départementalisation de Mayotte. C'est le moment que choisissait notre ambassadeur auprès de l'ONU pour préconiser, dans une note rendue publique, l'abandon de Mayotte et qualifier le combat de la population mahoraise "d'affaire dérisoire". En décembre 1976, le Gouvernement sans même avoir retiré le premier projet de loi en déposait un nouveau abandonnant la départementalisation.

- La loi du 24 décembre 1976 faisait de Mayotte une collectivité de la République française pourtant, M. le ministre des Affaires étrangères estimait, aux Seychelles,

Quels étaient donc les motifs invoqués par le Gouvernement pour aboutir à cette loi du 22 décembre 1979 que les Mahorais ont ressenti comme une grande déception ? Quels sont les arguments invoqués à l'encontre de la départementalisation ? On nous a dit que la société mahoraise ne pourrait absorber l'ensemble des règles de droit métropolitain. En réalité, il est tout à fait hors de question d'étendre systématiquement les règles métropolitaines. L'article 73 de la Constitution permet toutes les adaptations rendues nécessaires par la spécificité des Dom. Cette possibilité est utilisée dans les Dom et les élus de Mayotte ont fait au Gouvernement des propositions précises en vue de telles adaptations. Il n'y pas encore été répondu car en réalité on entretient un faux débat en faisant semblant de confondre les deux contenus du mot "département". Un département c'est d'abord une collectivité locale définie par la Constitution et c'est cela, cela seulement, que réclament les Mahorais : voir ériger leur île en collectivité locale départementale. Par ailleurs, un département c'est aussi un niveau de l'action administrative de l'Etat, un des niveaux où le Gouvernement exécute les lois votées par le Parlement et c'est précisément à ce niveau que toutes les adaptations sont possibles et mêmes nécessaires pour rendre compte de l'évidente spécificité mahoraise. Je répète que les Mahorais et leurs élus sont parfaitement conscients de cette nécessité.

« Est-il vraiment équitable de reprocher à Mayotte, française depuis 138 ans, le fait qu'elle n'a pas de routes, que ses enfants sont mal ou pas du tout scolarisés ou encore qu'ils meurent du tétanos ? »

On nous a dit aussi que le niveau général du développement économique et social ferait douter de la réalité de l'institution départementale. Est-il vraiment équitable de reprocher à Mayotte, française depuis 138 ans, le fait qu'elle n'a pas de routes, que ses enfants sont mal ou pas du tout scolarisés ou encore qu'ils meurent du tétanos ? D'ailleurs le niveau mahorais actuel est-il très éloigné du niveau de la Guyane ou de certains secteurs de la Réunion lors de leur départementalisation ? On nous dit enfin qu'une départementalisation hâtive inquiétait les habitants et les élus des Dom. Ceux-ci ne seraient-ils pas réellement inquiets si la prolongation du délai d'épreuve

13 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23
« Il y avait des chances sérieuses que Mayotte réintègre l'ensemble comorien »

DOSSIER

laissait ouverte la possibilité de "larguer" une partie de l'outremer français ?

« Nous attendions des ordonnances sur des sujets aussi importants que la santé publique, l'urbanisme, le régime foncier, la fiscalité, l'organisation judiciaire… Nous les attendions et nous les attendons toujours »

Voyons maintenant ce qu'on n'a pas dit aux Mahorais ni aux parlementaires. En réalité, la départementalisation, en attestant la détermination de la France à respecter la volonté des Mahorais, aurait comme principal inconvénient d'indisposer certains Etats membres des organisations internationales et spécialement de l'ONU ? A Cet argument appellent deux remarques. Tout d'abord, est-il bien digne, s'agissant du territoire national, de s'en remettre à la volonté d'Etats étrangers ? Ensuite, et sauf à envisager le largage pur et simple de Mayotte, le maintien du statut de Collectivité territoriale permettrait- il de régler les problèmes internationaux ? Le rapporteur de la Commission des lois au Sénat disait bien, en décembre 1976, ce qu'il fallait en penser, je cite : "C'est une illusion de croire qu'un statut évolutif serait de nature à atténuer les critiques dont notre pays est l'objet au plan international. Bien au contraire, en laissant espérer à certains un fléchissement de notre position, il ne peut qu'exacerber leurs pressions, alors qu'une décision sans équivoque prise par le Parlement quant au maintien de Mayotte dans la République française avec le statut souhaité par ses habitants aurait l'immense mérite de démontrer à nos adversaires, l'inanité de leurs efforts et aurait ainsi quelques chances de les en décourager"

Quoi qu'il en soit, la loi du 22 décembre 1979 sera appliquée même si elle a déçu l'attente des Mahorais. J'ai jugé utile de procéder à

ce rappel de la question du statut car nous souhaitons que les parlementaires aient conscience de ce qu'il y a de très constant et de parfaitement légitime dans l'aspiration départementale des Mahorais. La deuxième raison de ce rappel est que le problème du statut commande bien évidemment celui de l'adaptation à Mayotte des textes métropolitains. La loi du 24 décembre 1976 qui avait donné à Mayotte son statut provisoire de Collectivité territoriale spécifique précisait les règles juridiques qui seraient appliquées à notre île. Plus exactement, elle laissait l'élaboration d'un certain nombre de textes à la diligence gouvernementale qu'il s'agisse de légiférer par voie d'ordonnances ou qu'il s'agisse du pouvoir réglementaire normal. En ce qui concerne les ordonnances, elles auraient dû évidemment avoir pour objet d'adapter à Mayotte les grands textes législatifs regroupés en métropole dans ce qu'on appelle les codes. De fait, nous attendions des ordonnances sur des sujets aussi importants que la santé publique, l'urbanisme, le régime foncier, la fiscalité, l'organisation judiciaire… Nous les attendions et nous les attendons toujours. Au début de 1978, le directeur de Cabinet de M. le ministre Stirn nous les annonçait comme imminentes ; affaires de semaines, disait-il, presque de jours… En réalité, aucune ordonnance n'a été prise en dehors de celles qui permettaient la mise en place du conseil général et des communs. Encore n'en a-t-il pas été rendu compte au Parlement.

Aujourd'hui, nous avons deux raisons de croire que ces textes paraîtront bientôt. Le Gouvernement a tout d'abord chargé un groupe de travail de leur élaboration et ce groupe s'est réuni en… juin 1980. Fallait-il attendre juin 1980 pour préparer des textes dont une loi de 1976 précisait qu'ils devraient intervenir avant juillet 1979 ? Notre deuxième raison de croire à l'imminence de ces ordonnances tient au fait que la loi de décembre 1979 fait obligation au Gouvernement de rendre compte chaque année au Parlement de ses efforts en vue de l'adaptation et de l'extension à Mayotte des textes métropolitains. Je vous demande, messieurs les parlementaires, de veiller au respect de cette disposition essentielle pour nous et de vous assurer que l'avis – requis par la loi – de notre conseil général sur ces projets d'ordonnances aura bien été pris en compte. A quoi servirait-il en effet d'invoquer la spécificité mahoraise si l'on ne tient pas compte de l'avis de ceux qui la connaissent le mieux ? Si j'ai insisté sur ces problèmes des ordonnances c'est qu'elles sont particulièrement importantes pour nous. Il faut prendre celles qui sont

14 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23

prêtes et étendre par d'autres ordonnances les grandes règles de droit public métropolitain. En effet, l'absence de cadre législatif nouveau comporte pour Mayotte deux graves inconvénients : tout d'abord le maintien des textes législatifs anciens et, ensuite, l'arbitraire des services administratifs à la faveur de l'imprécision législative.

« Les règles anciennes sont constituées par un enchevêtrement de textes de Madagascar, de l'autonomie administrative et de l'autonomie interne comorienne »

Car en l'absence de règles nouvelles fixées par ordonnances, les textes de nature législative précédemment applicables au territoire des Comores continuent à s'appliquer à Mayotte. Cette disposition comporte quatre dangers :

- Premièrement, les règles anciennes sont constituées par un enchevêtrement de textes de Madagascar, de l'autonomie administrative et de l'autonomie interne comorienne, enchevêtrement au sein duquel les meilleurs spécialistes ont quelques fois de la peine à dire ce qui est le droit.

- Deuxièmement, il se trouve que les délibérations de l'assemblée territoriale puis de la chambre des députés se sont vu conférer le caractère législatif sans qu'on ne soit jamais sérieusement interrogé sur la réalité de ce caractère. Or le partage des compétences entre l'Etat et le territoire des Comores était tel que, pour justifier leur existence, ces assemblées étaient contraintes de délibérer sur des objets qui sont normalement du domaine réglementaire le plus habituel et qui devraient donc pouvoir être réglés par arrêté préfectoral. Les délibérations en cause ayant valeur de lois, elles en peuvent être aujourd'hui modifiées que par des lois ou par des ordonnances, même lorsqu'il s'agit de sujets les plus mineurs.

- Troisièmement, il est évident que ces textes, souvent désuets à l'époque où ils s'appliquaient normalement, le sont plus encore aujourd'hui. Ainsi pour prendre un exemple, le seuil à partir duquel on impose les revenus à Mayotte est de 2.000 francs par an, soit moins de la moitié de la rémunération minimale d'un salarié à Mayotte (4.800 francs par an) et environ vingt-cinq fois moins que le Smic métropolitain. Il y a là une évidente injustice due à l'ancienneté d'un texte qui ne peut être modifié que par la loi.

- Quatrièmement, il faut souligner surtout que les règles comoriennes qui continuent à s'appliquer ont été un des instruments de la politique du gouvernement comorien à l'égard de Mayotte et qu'il n'y a donc que des inconvénients politiques à utiliser les textes contre lesquels les Mahorais se sont révoltés. Textes injustes, règles iniques, lois de circonstances destinées à briser la détermination mahoraise, tel est notre héritage paradoxal puisque Mayotte reste le seul endroit où ces dispositions s'appliquent.

Ainsi, l'absence d'ordonnances adaptées à la spécificité mahoraise nous impose le recours à des textes totalement inadaptés. Par ailleurs, elle nous livre à l'arbitraire des

services administratifs centraux qui au milieu du fouillis des règles juridiques prélèvent ce qui leur semble servir la politique de leur ministère à l'égard de Mayotte, chaque ministère ayant sur le sujet sa propre politique.

« L'état actuel de notre tissu législatif et réglementaire fournit un prétexte à toutes les mauvaises habitudes administratives, alors que la situation de Mayotte imposerait un investissement administratif tout à fait exceptionnel »

À titre d'exemple, je signale que quatre ans après la mise en place de l'administration directe de type départemental par la loi de décembre 1976 qui prévoyait l'intervention des ministères techniques, un seul ministère a créé sa direction à Mayotte, les autres services déconcentrés étant dans le vide juridique le plus absolu. La même loi a prévu l'intervention à Mayotte des entreprises nationales et des établissements publics nationaux ; or quatre ans plus tard EDF n'est toujours pas installé ici et le ministère du Budget mène un combat d'arrière-garde contre l'intervention du Forma, pour ne citer que deux exemples. La succession de deux régimes institutionnels fait que notre Collectivité territoriale, la plus démunie de France à n'en pas douter, finance la construction du réseau routier national. L'Etat à Mayotte se refuse de prendre en charge la solde des instituteurs ou celle des agents des services agricoles. Car nous ne sommes ni Dom ni Tom et toutes les procédures à mettre en œuvre ici sont dérogatoires. Or vous savez que l'administration ne fait bien que ce qu'elle sait faire et que notre volonté d'obtenir ces dérogations a peu de chances d'aboutir en raison du peu d'intérêt de notre petit pays, en termes quantitatifs dans les bilans de l'action administrative.

Perversion supplémentaire, l'imprécision des textes et leur concurrence fréquente alimente le pointillisme excessif des services centraux et des services locaux des finances et justifient leur attitude habituelle qui consiste à ne rien payer, attitude particulièrement grave lorsqu'il s'agit de collectivités nouvelles dont la crédibilité dans l'opinion mahoraise n'est pas encore parfaitement assise. Plus généralement on peut dire que l'état actuel de notre tissu législatif et réglementaire fournit un prétexte à toutes les mauvaises habitudes administratives, alors que la situation de Mayotte imposerait un investissement administratif tout à fait exceptionnel. J'ai été long et je vous prie de m'en excuser. Vous aurez noté aussi que j'avais moins cherché à faire une allocution qu'un exposé et que j'avais quelque peu sacrifié la forme à la nécessité de vous dire un maximum de choses en un minimum de temps. Je sais pouvoir compter sur votre compréhension. Mais je sais aussi que les Mahorais peuvent compter sur votre soutien, sur vos efforts et sur votre vigilance pour que soit enfin mis en place le cadre juridique qui donnera à Mayotte sa véritable chance de développement dans l'ensemble français. Pour ce soutien, d'avance nous vous remercions.

15 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

Younoussa Bamana, père de Mayotte et père de famille

Younoussa Bamana était considéré comme le père de Mayotte. Mais il était aussi père de famille et celle-ci a dû le partage avec l’ensemble des Mahorais. Sa fille Anchya Bamana, qui a suivi ses traces dans le domaine de la politique, revient sur son enfance et les souvenirs qu’elle garde de lui.

Mayotte Hebdo : Comment vous décririez la personnalité de Younoussa Bamana en tant que père ?

Anchya Bamana : En tant que père de famille, c’était quelqu’un de très consciencieux. Malgré sa vie politique qui l’emmenait à s’absenter souvent, il était très à cheval sur l’éducation de ses enfants. Tout le monde devait faire des études, y compris les filles. D’ailleurs la scolarisation des filles a été un de ses combats politiques. Je me rappelle qu’à chaque fin de trimestre il vérifiait tous nos bulletins scolaires. Si on ne travaillait pas, les sanctions étaient au rendez-vous. Pour lui, l’éducation était un facteur de liberté. Il était très rigoureux concernant les études, mais il était aussi un ami. Si on avait de bonnes notes à l’école, on avait droit à des discussions amicales, à des voulés durant lesquels il faisait à manger. Et quand il rentrait de Paris il nous ramenait des cadeaux.

MH : De quelle manière sa vie d’homme politique a eu un impact dans vos vies d’enfants ?

A.B : On ressentait son absence mais on a eu beaucoup de chance car notre mère a fait le travail à la maison. Elle n’a pas été à l’école laïque, mais elle était aussi très sensibilisée à notre éducation scolaire. Par exemple, les soirs où papa n’était pas là, elle s’asseyait avec nous autour de la table et surveillait pour que l’on fasse nos devoirs, même si elle ne savait pas ce qu’on faisait. Et quand papa rentrait, maman faisait le compte rendu de tout ce que nous avions fait. Tous les deux formaient une bonne équipe et ils ont pu trouver un équilibre.

Papa a eu quatre femmes dans sa vie, nous sommes plusieurs frères et sœurs mais maman avait accueilli ses enfants issus de ses autres mariages. Donc nous avons quasiment

tous vécu ensemble à Sada. C’était quelque chose d’essentiel pour papa. Comme il était absent, il voulait nous réunir.

MH : Est-ce que vous arriviez à dissocier le père de famille et l’homme politique ?

A.B : Dès le plus jeune âge on a senti qu’il n’était pas uniquement notre père, mais le père des Mahorais. Toute petite je voyais défiler tout Mayotte chez nous à Sada. D’ailleurs je ne dis jamais « mon père ». Donc on ne l’a jamais vraiment dissocié de l’homme politique.

MH : Quel meilleur souvenir gardez-vous de votre père ?

A.B : C’est quand il était à la maison. Il faisait tout pour gommer son absence. D’ailleurs quand il était là, maman ne cuisinait pas. Il aimait beaucoup faire des voulés, des pique-niques, c’était sa façon de faire oublier l’homme autoritaire, sa personnalité forte, pour partager des moments plus conviviaux en famille. C’était aussi quelqu’un qui parlait beaucoup, ce n’est pas par hasard s’il était instituteur. Donc même à la maison il parlait beaucoup. Je me rappelle lorsque j’étais toute petite je l’écoutais parler des heures. À la fin je lui disais « arrête de parler, moi aussi j’ai des choses à dire ! » Il s’arrêtait, il rigolait et il me donnait la parole.

Je me souviens aussi que notre maison n’était jamais fermée, les gens venaient des quatre coins de Mayotte pour l’écouter. Notre foyer était la maison de Mayotte. Il disait que l’essentiel c’est d’être ensemble. La solidarité et le vivre-ensemble étaient des principes essentiels pour lui. Je pense que c’est pour cela qu’il était apprécié de tous. Il avait envie de réunir les Mahorais, il voulait que l’on reste ensemble pour le bien du territoire.

16 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
DOSSIER Entretien réalisé par Raïnat Aliloiffa

MH : C’est grâce à lui que vous êtes en politique aujourd’hui ?

A.B : Il faut savoir que papa était quelqu’un de très visionnaire. Sur l’ensemble de ses enfants il avait détecté que je n’étais pas Anchya mais « Anichya » qui veut dire en mahorais « celle qui me dépasse ». C’est comme ça qu’il m’appelait parce qu’il avait senti que j’avais apprivoisé son autorité. Ceci dit, Il était tellement absent qu’avec tous mes frères et sœurs nous disions que nous ne ferions jamais de politique, car on ne voulait pas de cette vielà. On voyait la difficulté, les sacrifices qu’il fallait faire. Nous l’avons vécu de l’intérieur. Mais ironie du sort, il décède en 2007, et en 2008 je débute la politique à Sada. Mais j’ai beaucoup appris à ses côtés, J’étais petite, je ne me rendais même pas compte que j’étais en train d’apprendre. Tout ce que j’ai fait à Sada de 2014 à 2020, tout ce qui m’a guidée, c’est tout ce que j’ai pu entendre à ses côtés. C’est ce qui me guide jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs.

NOTREUNIQUEMENT

MH : Pourquoi avoir attendu son décès pour entrer en politique ?

A.B : C’est venu naturellement. Mais je pense que ce n’est pas du hasard. C’est une forme de continuité. Et quand on voit la situation de Mayotte, on ne peut pas baisser les bras. Ceux qui ont la capacité de faire de la politique pour défendre les intérêts de cette île, doivent le faire. Il va falloir s’y mettre sérieusement, parce que personne d’autre ne viendra défendre notre territoire si ce n’est nous-même.

MH : Selon, vous, s’il était encore en vie, qu’est-ce qu’il penserait de Mayotte d’aujourd’hui ?

A.B : Déjà lors de son dernier mandat au conseil général qui s’est achevé en 2004, il était inquiet pour l’avenir du territoire. Il disait qu’il souhaitait mourir très vite pour ne pas voir le désastre. Tout ce qu’il avait prédit, on le vit aujourd’hui. Il avait peur pour l’avenir car il pensait que les élus ne seraient pas solidaires. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. On dit défendre le pays mais au fond chacun défend ses propres intérêts. Il n’y a aucune solidarité dans le combat de Mayotte. Il n’y a pas de leader parce qu’on ne s’écoute pas. Aujourd’hui les élus n’arrivent pas à se réunir autour d’un projet commun, alors que nos anciens en avaient un. Ils avaient une unité indestructible pour défendre le territoire, ce que nous n’avons pas. Comment voulez-vous que nous puissions avancer ? Comment voulez-vous que l’Etat nous écoute si nous sommes incapables de parler d’une même voix ? Tout cela il l’avait prédit et il voyait au conseil général que les jeunes qui allaient prendre sa place n’avaient pas cette même exigence.

MH : Aujourd’hui portez-vous son combat, ou avezvous le vôtre en tant que femme politique ?

A.B : Il y a des deux. Ce que nous faisons aujourd’hui c’est la continuité de leur combat. Les anciens se sont battus pour construire la maison, nous avons enfin le statut de département dans la Constitution. C’était leur objectif. Et notre travail c’est de meubler cette maison, c’est-à-dire que nous devons développer l’île. C’est notre combat. Nous devons penser notre projet de société pour le développement de Mayotte. Ce qu’il aurait aimé c’est que l’on s’asseye tous autour d’une table pour savoir ce que nous voulons. Si nous ne sommes pas unis, nous n’aurons jamais de rapport de force devant l’Etat. Chaque élu mène son combat de son côté et ça pénalise le territoire.

17 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23
« IL N’ÉTAIT PAS
PÈRE, MAIS LE PÈRE DES MAHORAIS »
Marcel Henry Bamana et Zoubert Adinani. Archives de la famille Bamana.

« Younoussa Bamana était quelqu’un de déterminé »

Peu de personnes aujourd’hui peuvent se venter d’avoir milité avec Younoussa Bamana. L’écrivain Salim Mouhoutar, en fait partie. Il l’a connu durant ses jeunes années et l’a accompagné dans son combat pour Mayotte jusqu’au bout. Il nous raconte les ambitions et les rêves de celui que l’on appelle désormais le père de Mayotte.

Mayotte Hebdo : Comment avez-vous connu Younoussa Bamana ?

Salim Mouhoutar : Je jouais au foot dans une équipe qu’il présidait, c’est comme ça que je l’ai connu. Il m’appréciait pour mon côté sportif. Puis je suis entré au Mouvement Politique Mahorais (MPM) en tant que militant et on a commencé à militer ensemble.

pour que ce référendum ait lieu. Et en 1999 il avait dit que si la France ne veut plus nous consulter officiellement, nous allons organiser notre propre consultation. À ce moment, la France a eu peur que cela soit organisé par les Mahorais et le gouvernement a consulté la population en 2000 pour passer de collectivité territoriale à collectivité départementale.

MH : Que retenez-vous de ses années de mandature en tant que président du conseil général ?

MH : Le plus grand combat de Younoussa Bamana était-ce le fait que Mayotte reste française ou la départementalisation ?

SM : Je dirais les deux. Il était un combattant inlassable pour Mayotte française, et il était aussi un convaincu de la départementalisation. On retrouve beaucoup d’émotion dans ses discours lorsqu’il était président du conseil général, demandant rapidement que l’on mette en place le fameux référendum prévu par la loi 1976. Celle-ci disait qu’au bout de trois ans Mayotte pouvait être consultée sur son statut soit pour être un territoire autonome dans la France, ou devenir un département, ou tout autre statut. Arrivé en 1979, au lieu de consulter les Mahorais on a renouvelé la loi. Pendant tout ce tempslà, Younoussa Bamana a multiplié les prises de paroles pour demander la tenue de ce référendum. Il disait que seule la persévérance et la cohésion des Mahorais pourront faire fléchir les gouvernements successifs. Pendant des années il s’est battu

S.M : Ce que je retiens de Younoussa Bamana c’est que c’est le père du développement de Mayotte parce que c’est uniquement durant son mandat de président du conseil général, depuis 1979 jusqu’en avril 2004, qu’on a vu émerger tout ce qu’on est et tout ce qu’on a aujourd’hui : les écoles, le développement de la santé, les salaires, l’évolution des habitats en dur avec la SIM, les grandes voies de communication qu’on a aujourd’hui, l’adduction d’eau, l’électrification, le port de Longoni, la première campagne de planification familiale le fameux 1,2,3 bass. Tout cela s’est fait quand il était président. Je pense que son seul regret est la piste longue, il la voulait tellement…

MH : Quel héritage politique laisse-t-il aujourd’hui ?

S.M : J’observe beaucoup les mouvements qui sont en cours et malheureusement très peu connaissent l’histoire politique de ce territoire parce que la population est très jeune. Même les élus ne sont pas plus intéressés par cette histoire politique. Au fond l’héritage politique qu’on a gardé de lui c’est juste le fait d’être français et vouloir le rester.

MH : Comment travaillait-il avec les autres pour mener ses combats ?

18 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
DOSSIER Entretien réalisé par Raïnat Aliloiffa
« IL TRAVAILLAIT AVEC TOUT LE MONDE »

S.M : Il était assez têtu, il était fidèle à ses convictions et quand il avait une idée en tête, il tenait à ce que ça se passe comme il voulait. Et c’était un leader, les gens suivaient ce qu’il disait ou faisait. Lorsque l’on a voulu le mettre en confrontation avec Marcel Henry, il n’a pas aimé. Ils ont toujours marché ensemble et entre le choix de développement du port ou de l’aéroport ils ont choisi le port de Longoni d’un commun accord alors qu’il voulait absolument que Mayotte ait sa piste longue. Mais ils avaient compris que le développement de Mayotte dépendait du port. Il travaillait avec tout le monde et il était quelqu’un de très déterminé. Il avait ce côté très collectif, c’était l’un de ses atouts. Il savait rassembler pour mener ses combats. Malheureusement c’est quelque chose que l’on perd de nos jours.

MH : S’il était en vie, que penserait-il de Mayotte d’aujourd’hui ?

S.M : Il avait prédit des choses qui se sont réalisées. Il avait déjà prévu depuis son époque qu’il faudrait agrandir la prison, aujourd’hui on y est. S’il était encore là, je pense que son seul regret serait de constater qu’il n’y a toujours pas de piste longue car lorsqu’il était président il disait déjà qu’il en fallait une. Je pense qu’il aurait également accentué ses efforts sur le CUFR de Dembeni pour en faire une université de plein exercice, parce que l’éducation était une priorité pour lui. Je rappelle qu’il était enseignant. D’ailleurs dès que Mayotte s’est détachée des Comores, sa première stratégie a été de construire des écoles pour instruire les enfants de l’île. Et comme il était aussi un excellent sportif, il aurait vraiment accompagné la mise en place des jeux des îles à Mayotte.

MH : Quel meilleur souvenir vous gardez de lui ?

S.M : On faisait de longues marches ensemble et je discutais beaucoup avec lui. Je suis un scientifique de base, mais j’ai tellement appris à ses côtés, qu’aujourd’hui les gens pensent que je suis anthropologue. Il m’a donné des clés du fonctionnement de notre société que j’ai gardées et je m’en sers encore aujourd’hui.

19 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23
« C’EST LE PÈRE DU DÉVELOPPEMENT DE MAYOTTE »

MAYOTTE

À LA RECHERCHE DE SES « SENTINELLES DE LA NATURE »

Depuis quelques jours, la plateforme « Sentinelles de la nature » est déployée à Mayotte. Portée localement par l’association Mayotte Nature Environnement, cette plateforme numérique collaborative permet de signaler des atteintes à la nature et des initiatives favorables à l’environnement.

« Sentinelles de la nature », porté par France Nature Environnement, est un projet participatif lancé en 2015. Cette plateforme numérique permet à chacun de réaliser un signalement des atteintes à la nature et des initiatives favorables à l’environnement. Déjà déployé par de nombreuses associations adhérentes, le dispositif couvre tout le territoire métropolitain, la Guyane et depuis mi-juin, l’île de Mayotte. Cette implantation locale a été mise en place grâce à la mobilisation de l’association Mayotte Nature Environnement (MNE). Sentinelles de la nature permet à toute personne munie d’un smartphone ou d’un ordinateur de faire un signalement. « Il faut penser à bien renseigner la localisation, mettre une photo, une description et ensuite ce signalement nous sera envoyé directement », explique Léna Lessard, juriste et en charge du projet à Mayotte Nature Environnement. Une fois ce signalement effectué, l’association va « accompagner au maximum la personne pour qu’elle effectue les démarches afin d’y mettre fin », complète-t-elle.

Pourquoi avoir ouvert cette plateforme à Mayotte ?

Qui ne s’est pas senti un jour démuni en découvrant une décharge sauvage, un cours d’eau pollué ou une parcelle de forêt rasée ? Maintenant, chacun a la possibilité d’agir, au travers des signalements par le biais de la plateforme. « Il y a plein de manières de fait du mal à l’île de Mayotte et en signalant on pourra faire quelque chose », informe David Lorieux, chargé de communication de l’association MNE. En devenant une Sentinelle de la nature, chacun a la possibilité de faire la différence pour l’île aux parfums. Les signalements effectués peuvent déclencher des actions concrètes pour protéger l’environnement du territoire.

Ce dispositif possède plusieurs objectifs principaux comme la sensibilisation des habitants, fournir des données à l’association quant aux atteintes et initiatives liées à l’environnement. Le troisième objectif est de pouvoir transmettre aux autorités publiques les informations, « pour orienter les prises de décision et les interventions dans le bon sens », argumente la juriste. Cette plateforme permet également de compiler en un seul endroit toutes les données. « On a une vue d’ensemble de ce qui se passe à Mayotte, de ce qui est signalé », observe le chargé de communication. Cette vue globale est l’un des avantages de l’ouverture de la plateforme.

Comment utiliser "Sentinelles de la nature" ?

Le projet Sentinelles de la nature est accessible via le site internet ou par le téléchargement d’une application gratuite. « C’est vraiment accessible à tous », insiste David Lorieux. Mais si une personne qui ne possède pas de smartphone ou d’ordinateur, « on peut s’arranger avec elle si elle veut agir à son échelle », rassure-t-il. « Plus on aura de participation, plus la plateforme sera efficace », lance Léna Lessard. L’appel aux signalements est donc lancé. Pour le chargé de communication, il espère que « cela créera un effet boule de neige ». L’avantage de réunir des sentinelles à Mayotte permettra de quadriller le territoire et « d’avoir un impact, car l’union fait la force », ajoute ce dernier.

Ce dispositif permet d’avoir un suivi des signalements et de montrer ce qui va en ressortir. Est-ce arrivé à la fin ? Il y a-t-il eu un nettoyage ou une réhabilitation ? Est-ce que ce signalement à mener au tribunal ? Le suivi permettra de répondre à ces questions.

20 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
Agnès Jouanique

« Ça permet aussi de montrer aux habitants qu’il y a un vrai projet derrière et que maintenant, on peut faire quelque chose et pas juste dire « j’ai signalé » sans rien derrière », admet la juriste.

Quels sont les signalements possibles ?

Deux formes de signalements sont réalisables, soit une atteinte à l’environnement, soit une initiative favorable.

« Même en cas de doute, vous pouvez quand même le signaler », signifie-t-elle. Par la suite, l’association analysera la situation et étudiera si elle constitue une infraction illégale. Les atteintes à l’environnement représentent de nombreux exemples comme la construction illégale, le dépôt de déchets (larges décharges sauvages, rejets, polluants), le défrichement, les actes illégaux de pêche

(braconnage de poulpe, tortue, non-respect des quotas) ou encore l’atteinte à des espèces protégées (dérangement d’espèces protégées comme les mammifères marins). « Tout ce qui a l’air d’être une atteinte à l’environnement », résume Léna Lessard.

Le positif peut aussi être signalé, ce qui représente les initiatives favorables. Celles-ci peuvent être une réhabilitation de façon exemplaire, renaturation ou réhabilitation, une protection de la biodiversité, la mise en place d’une agriculture respectueuse ou d’une ressourcerie. L’objectif final serait d’atteindre « un équilibre dynamique, qu’on est des nouveaux et anciens signalements, qu’ils soient réparés et qu’à terme, on n’est plus rien à signaler », espère David Lorieux.n

Tous comme les atteintes à l’environnement, les initiatives favorables à l’environnement peuvent également être signalées au travers de la plateforme. De quoi envoyer un signe positif. (Crédit photo David Lorieux –Mayotte Nature Environnement)

21 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

Recueil de nouvelles ou chronique romancée d'un Mahorais nommé Lodosomono, attachant et naïf ? Mais aussi, ana de pensées profondes : « Mieux vaut discuter avec un édenté que de se disputer avec un sourd » ? Ou encore contes revisités : « Le cavalier magique » ? Côté

anachronisme : « Ramsès II », « Machiavel », « La panthère rose » sont dans un jury désigné par « La Française des jeux ». Satire caustique : « Le Procureur pénal international souhaiterait le voir lapider »... Comment définir ces textes ? Les anachroniques de Mayotte sont tout cela à la fois, avec l'humour en bonus : « Judas Iscariote veut vendre le verdict à CNN pour la modique somme de 30 piastres... »

NASSUR ATTOUMANI ET SES

ANACHRONIQUES DE MAYOTTE (8/10)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Le septième texte bref des Anachroniques de Mayotte (2012) s’intitule « Un Bouvier incroyable ». Cette fois-ci, il s’agit bien d’une périphrase pour désigner Lodosomono. Rappelons qu’un bouvier est celui qui s’occupe des bœufs, activité importante dans la société traditionnelle et rurale de Mayotte. Dans le texte, le roi Mwalimu Boro cherche à marier sa fille et lance le défi suivant aux prétendants : « Mwalimu Boro avait une fille. Elle était en âge de se marier. Chacun voulait être le gendre du roi. Les prétendants se croisaient, se bousculaient, défilaient dans la cour du souverain. Ceux-ci pour leur prestige personnel, ceux-là pour acquérir une nouvelle carte d’identité. Comme les demandes en mariage ne désemplissaient pas, le roi fit envoyer un mail aux prétendants. Et le message électronique disait ceci : ‘La princesse vierge reviendra à celui qui nous ramènera la plus grosse vache du royaume. Vous avez toute la journée devant vous.’ » (p. 113)

Le canevas est ancien, et moderne la forme, si l’on prête attention à la menace du mariage gris ainsi qu’à l’utilisation de la messagerie électronique. Le défi lancé

est celui de ramener un bovin, le bouvier qu’est Lodosomono s’avérant parfaitement apte pour cette tâche. Mais ce n’est pas lui le propriétaire de Kondzo :

« Persuadé d’être le meilleur bouvier du royaume, Ali rassembla son cheptel et y choisit un zébu. C’était le plus vieux zébu que M’tzamboro ait jamais élevé. Son fanon lui tombait aux genoux. Sa queue balayait le sol. Sur son dos couleur de bigorneau, une dizaine de pique-bœufs jouaient aux femmes de ménage. En permanence, avec leurs becs, ils astiquaient, ils lissaient, ils polissaient chaque poil de la bête. De la tête à la croupe. Souvent, ils se payaient eux-mêmes en nature. Dans le dos du bovidé. Sur la brosse graisseuse du garrot. Comme il était haut sur patte, ce zébu ! Ses naseaux, ronds comme des jeunes pousses de bambou lui servaient de soufflets. Ils effrayaient, repoussaient, mais jamais ils n’arrivaient à tenir à distance mouches, moustiques et autres colonies de puces, puceaux et pucerons en quête de bonheur. » (p. 113-114)

Lodosomono doit chercher un autre moyen de battre Ali, d’autant plus que le roi est agacé par la vue des bêtes des autres candidats au mariage de sa fille. Il décide

22 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
Nassur Attoumani, Les anachroniques de Mayotte, éditions Ndze, 2013.
LITTÉRATURE LISEZ
MAYOTTE

alors de changer de stratégie : « Lorsqu’il se détacha des autres prétendants, Lodosomono tirait une longue corde en lin. À l’autre extrémité de la corde, un adolescent imberbe, une dame dodue, un vieillard sénile. » (p. 116). Ainsi Lodosomono semble-t-il hors concours puisqu’il ne ramène pas une bête, mais trois hommes dont une femme. Le premier ne savait pas le jour de la semaine, la seconde la date et le troisième le mois.

Lodosomono est le seul à avoir compris la différence entre le sens propre et le sens figuré de la demande du roi :

« Pour la main de la princesse, nous avons certes demandé aux prétendants de nous amener des vaches. Malheureusement, tous sont arrivés au château avec des quadrupèdes cornus. Seul l’honorable Lodosomono a compris le sens caché de notre message. Alors, je vous demande de vous ressaisir. Car, en

vérité, dans la langue de nos ancêtres, ne dit-on pas ‘gnombé kayasoma’, c’est-à-dire ‘une vache qui n’a pas lu’ pour désigner un analphabète ? » (p. 120)

Encore une fois, la nouvelle repose sur la volonté d’illustrer une tournure propre à Mayotte, comme celle de la rivière sucrée de Mtzamboro. Certes, cette expression permet de problématiser l’analphabétisme à Mayotte, mais d’autres questions restent en suspens. En quoi ce concours du roi est-il pertinent pour marier sa fille ? La nouvelle est-elle le fruit d’un auteur élitiste ? De façon irénique, nous y verrons une incitation à se cultiver, dans toutes les langues et dans toutes les cultures.

23 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23
Christophe Cosker

SPORT

Calendriers - classements - résultats

FOOTBALL

Régional 1

Journée 4

Bandrélé FC 0–1 Jumeaux de Mzouazia

USCEP Anteou 3–2 ASC Abeilles de Mtsamboro

AJ Mtsahara 1–4 AS Rosador de Passamaïnty

ASC Kawéni 3–0 Foudre 2000

AJ Kani Kéli 2–3 Diables noirs de Combani

FC Mtsapéré 1–1 US Kavani

Journée 5 – Samedi 24 juin à 15h

ASC Abeilles de Mtsamboro – AJ Kani Kéli

AS Rosador de Passamaïnty – FC Mtsapéré

Foudre 2000 – Bandrélé FC

US Kavani – USCEP Anteou

Jumeaux de Mzouazia – AJ Mtsahara

Diables noirs de Combani – ASC Kawéni

FOOTBALL

Régional 2

Journée 4

AS Sada – FC Chiconi

ASJ Handréma 3–1 FC Labattoir

AS Bandraboua – Tchanga FC

AS Neige de Malamani 1–1 UCS de Sada

Choungui FC 3–2 FC Majicavo

FMJ Vahibé 2–1 FC Dembéni

Journée 5 – Samedi 24 juin à 15h

FC Dembéni – Choungui FC

Tchanga FC – AS Neige

de Malamani FC Chiconi –
Bandraboua FC Majicavo – AS Sada UCS de Sada – ASJ Handréma FC Labattoir – FMJ Vahibé Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Kawéni 12 4 4 0 0 +8 2 Jumeaux de Mzouazia 10 4 3 1 0 +3 3 AS Rosador de Passamaïnty 9 4 3 0 1 +3 4 ASC Abeilles de Mtsamboro 9 4 3 0 1 +4 5 Diables noirs de Combani 9 4 3 0 1 +5 6 AJ Kani Kéli 6 4 2 0 2 +7 7 FC Mtsapéré 4 4 1 1 2 +4 8 US Kavani 3 3 0 3 0 0 9 USCEP Anteou 3 4 1 0 3 -5 10 Bandrélé FC 1 4 0 1 3 -3 11 AJ Mtsahara 0 3 0 0 3 -5 12 Foudre 2000 0 4 0 0 4 -10 Equipe Pts J G N P Dif 1 UCS de Sada 8 4 2 2 0 +4 2 ASJ Handréma 8 4 2 2 0 +3 3 FMJ Vahibé 8 4 2 2 0 +2 4 FC Dembéni 7 4 2 1 1 +1 5 Choungui FC 7 4 2 1 1 -1 6 FC Labattoir 6 4 2 0 2 +1 7 Tchanga SC 6 3 2 0 1 +1 8 FC Chiconi 4 3 1 1 1 +1 9 AS Sada 4 3 1 1 1 0 10 AS Neige de Malamani 2 4 0 2 2 -2 11 AS Bandraboua 0 3 0 0 3 -5 12 FC Majicavo 0 4 0 0 4 -5 24 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
AS

FOOTBALL

Régional 1 féminines

Journée 3

Jumelles de Mzouazia 9–0 Olympique Miréréni

Club Unicornis Passamaïnty 8–1 EF le Daka

ASO Espoir Chiconi 2–2 ASJ Handréma

USC Labattoir 0–0 FC Mtsapéré

Devils Pamandzi 2–1 Olympique de Sada

Journée 4 – Dimanche 25 juin à 15h30

FC Mtsapéré – Devils Pamandzi Olympique de Sada – Club Unicornis Passamaïnty

EF le Daka – ASJ Handréma Jumelles de Mzouazia – ASO Espoir Chiconi Olympique Miréréni

FOOTBALL

Régional 1 Entreprises

Journée 4

ASC Sodifram 4–2 Mairie de Mamoudzou

AS Police – AS Cuisibains

OGC Tilt SOS 3–0 Mayotte air service

AS Emca 1–0 AS Colas

Mlezi Maoré – AS Département

ASC Tamandjema VCB 2–2 Entente CPSM

Journée 5 – Vendredi 23 juin à 18h

Entente CPSM – Mlezi Maoré

AS Colas – OGC Tilt SOS

AS Département – AS Police

Mayotte air service – ASC Tamandjema VCB

Mairie de Mamoudzou – AS Emca

AS Cuisibains – ASC Sodifram

– USC Labattoir Equipe Pts J G N P Dif 1 Club Unicornis 7 3 2 1 0 +11 2 FC Mtsapéré 7 3 2 1 0 +7 3 AS Jumelles de Mzouazia 6 3 2 0 1 +16 4 Devils Pamandzi 6 3 2 0 1 0 5 ASJ Handréma 5 3 1 2 0 +2 6 USC Labattoir 4 3 1 1 1 -2 7 ASO Espoir de Chiconi 4 3 1 1 1 -3 8 Olympique de Sada 3 3 1 0 2 -8 9 EF le Daka 0 3 0 0 3 -9 10 Olympique Miréréni 0 3 0 0 3 -14 11 ASC Kawéni 0 0 0 0 0 0 12 USCEP Anteou 0 1 0 0 1 -3 Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Sodifram 12 4 4 0 0 +17 2 OGC Tilt SOS 10 4 3 1 0 +8 3 AS Emca 7 4 2 1 1 +2 4 Mairie de Mamoudzou 6 3 2 0 1 +2 5 Entente CPSM 5 4 1 2 1 -1 6 AS Cuisibains 4 2 1 1 0 +3 7 ASC Tamandjema VCB 4 3 1 1 1 +2 8 AS Colas 3 4 1 0 3 -2 9 Mayotte air service 3 4 1 0 3 -5 10 Mlezi Maoré 0 2 0 0 2 -5 11 AS Département 0 3 0 0 3 -9 12 AS Police 0 1 0 0 1 -12 25 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

SPORT

Calendriers - classements - résultats

BASKET

76–84 Vautour club

78–67 Basket club

BASKET

Prénationale féminine

Fuz’Ellipse de Cavani 58–50 Basket club de

49–57 Fuz’Ellipse de

2022-2023 : Fuz’Ellipse de Cavani

Finales Match 1
Mtsapéré Match 2 : Basket
de Mtsapéré
Cavani
Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 27 14 13 1 +362 2 Fuz'Ellipse de Cavani 23 14 12 1 +585 3 Golden Force 22 14 8 6 +45 4 Magic Basket Passamaïnty 21 14 10 3 +262 5 Chicago club de Mamoudzou 19 14 5 9 +4 6 Partizan BCA 19 14 5 9 -288 7 Colorado Beetle Mtsahara 16 14 2 12 -459 8 Basket club Iloni 15 14 1 13 -491
:
club
Championnes
Prénationale masculine Finales Match 1 : Basket
Mtsapéré
de Labattoir Match 2 : Vautour
de Labattoir
de Mtsapéré Champions 2022-2023 : Vautour
de Labattoir Equipe Pts J G P Dif 1 Vautour club de Labattoir 34 18 16 2 +279 2 Étoile bleue de Kawéni 32 18 14 4 +297 3 Basket club de Mtsapéré 32 18 14 4 +198 4 Rapides Éclairs 29 18 11 7 +55 5 TCO Mamoudzou 28 18 10 8 +157 6 Gladiator de Doujani 26 18 8 10 -46 7 Fuz'Ellips de Cavani 24 18 8 10 -46 8 Colorado Beetle Mtsahara 22 18 4 14 -301 9 Basket club de Tsararano 17 18 3 15 -376 10 Jeunesse Canon 2000 16 18 2 14 -254 26 • Mayotte Hebdo • N°1050 • 30/06/20 23
club de
club
club

HANDBALL

Poule haute masculins

Acoua 31–31 AJH Tsimkoura HC Bandrélé 0–20 TCO Mamoudzou

Tchanga Handball 30–33 CH Combani

ASC Tsingoni 45–16 Bandraboua HC

Champions 2022-2023: ASC Tsingoni

HANDBALL

Poule relégation masculins

Bouéni 30–31 AJH Koungou

Hand 30–34 HC Kani Kéli

Labattoir 32–31 Sohoa Handball

Sada 35–29 AC Chiconi

HANDBALL

Prénationale féminine

0–20 AJH Tsimkoura

HC Kani Kéli 19–23 Haima Sada

Championnes 2022-2023: ASC Tsingoni

Dernière journée HC
Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 22 8 7 0 1 +123 2 CH Combani 22 8 7 0 1 +30 3 HC Acoua 19 8 5 1 2 +31 4 HC Bandrélé 17 8 5 0 3 +44 5 Tchanga Handball 16 8 4 0 4 +23 6 TCO Mamoudzou 13 8 3 0 5 -54 7 AJH Tsimkoura 9 8 0 1 7 -39 8 Bandraboua HC 8 8 0 0 8 -158
Dernière
PC
Alakarabu
Haima
Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Labattoir 20 8 6 0 2 +34 2 PC Bouéni 20 8 6 0 2 +30 3 Haima Sada 18 8 4 2 2 +39 4 HC Kani Kéli 16 8 3 2 3 +4 5 Sohoa Handball 14 8 3 0 5 -11 6 AC Chiconi 14 8 3 0 5 -25 7 AJH Koungou 13 8 4 0 4 -51 8 Alakarabu Hand 10 8 1 0 7 -20
journée
HC
Dernière journée HC
HC
HC
HC
Select 976 20–0 Doujani
TCO Mamoudzou 23–42 ASC Tsingoni PC Bouéni 35–27 Moinatrindri HC
Passamaïnty – CH Combani
Bandrélé
Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 64 22 21 0 1 +355 2 HC Select 976 63 22 20 1 1 +323 3 CH Combani 55 21 17 0 4 +205 4 PC Bouéni 50 22 13 3 6 +37 5 Haima Sada 47 22 12 1 9 +40 6 HC Bandrélé 45 22 11 2 9 -27 7 AJH Tsimkoura 41 22 8 3 11 -72 8 HC Kani Kéli 40 22 8 2 12 -45 9 HC Passamaïnty 32 21 6 1 14 -104 10 Moinatrindri HC 29 22 4 1 17 -236 11 TCO Mamoudzou 25 22 3 0 19 -222 12 Doujani HC 22 22 1 0 21 -254 27 • Mayotte Hebdo • N°1049 • 23/06/20 23

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédacteur en chef

Axel Nodinot

# 1050

Couverture : Younoussa Bamana 16 ans après

Journalistes

Axel Nodinot

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Agnès Jouanique

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

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