LE MOT DE LA RÉDACTION
AVEC LE TEMPS, VA
Il est indéniable que l’île aux parfums traverse en ce moment une crise sociale violente et nauséabonde, tant les plus jeunes de ses résidents s’entredéchirent, parfois de façon barbare. Les plus jeunes, peut-être, mais certainement pas l’avenir de Mayotte, tant le développement du territoire nécessite une endurance physique et mentale de tous les instants. Malgré l’urgence de nombreux chantiers, « il faut laisser le temps au temps », se répète-t-il partout. Comment pourrait-il en être autrement ? Des exactions d’un autre temps morcellent le département qui, après bientôt douze ans d’existence, n’a jamais connu autant de naissances. Rares sont celles et ceux qui agissent réellement pour l’île, investissent et s’investissent, voient au-delà de leur petite personne et de leurs entreprises. Deux d’entre eux sont dans nos pages cette semaine. Il s’agit d’Abdillah Sousou, initiateur de la venue des stars que sont Florent Piétrus et Benoît Gomis à Mayotte, et de Houssaini Assani Tafara, envoyant régulièrement des Mahorais prometteurs en Europe ou en Afrique. Tous deux agissent pour la jeunesse, et tous deux ont connu – et connaissent encore – de telles difficultés qu’elles seraient inconcevables pour un regard extérieur. Nous avons un problème de mentalité, en ayant intériorisé la lenteur administrative, le copinage aux dépens des compétences, le refus de voir l’autre réussir, les fauteurs de troubles dans nos quartiers… Une dégénérescence qui peut se résumer par l’irritant « C’est comme ça, c’est Mayotte ». Mais le temps va, et Mayotte reste là.
Bonne lecture à toutes et à tous.
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
Axel Nodinottchaks
5C’est le nombre d’éditions du Forum économique de Mayotte, qui se tiendra le mercredi 30 novembre et le jeudi 1er décembre au sein du cinéma Alpajoe, à Mamoudzou. Plusieurs activités sont au programme autour du « futur hub économique régional » que devrait être Mayotte, et notamment plusieurs conférences et débats sur les outils disponibles pour étendre son activité dans la région, avec les partenaires malgaches, comoriens ou d’Afrique de l’est. Les transports aérien et maritime seront également abordés, ainsi que la fiscalité et le régime douanier, l’autonomie alimentaire, et l’innovation.
« basculeMayottedans la guerre civile »
Peu enclin à la mesure, le député de Mayotte Mansour Kamardine appelle l’État à « franchir un saut quantitatif et qualitatif en matière de lutte contre l’insécurité dans le 101ème département » . Il est vrai que ces derniers temps, les épisodes de violences se succèdent sur l’île au lagon. Pour y remédier, le parlementaire affirme que tous les délinquants sont sanspapiers et réclame un « projet de loi ad hoc, prévoyant notamment l’expulsion de tous les ressortissants étrangers fauteurs de troubles à l’ordre public, quel que soit leur âge et leur date d’arrivée à Mayotte ». Mais aussi l’arrêt de la scolarisation des étrangers en situation irrégulière, de leur accès gratuit à la santé, ou de leur accès au logement social.
Une exposition de peintures de Gil à l’Arabesque
Ce sera l’un des évènements culturels de Mayotte en ce début du mois de décembre. La galerie d’art l’Arabesque, à Mtsapéré, met en valeur les œuvres du peintre Gil au sein d’une toute nouvelle exposition, dont le vernissage aura lieu le vendredi 2 décembre. L’établissement vous attend donc nombreux pour admirer de nombreuses huiles et aquarelles représentant la beauté naturelle de l’île au lagon et de ses habitants.
LU DANS LA PRESSE
“WANATSA (EN ENFANCE)”, SUR FRANCE 2 : UN SOUFFLE D’OPTIMISME DANS L’ENFER DE MAYOTTE
Le 16 novembre 2022, par Raoul Mbog pour Télérama.
Trois enfants mahorais racontent leurs rêves, leurs interrogations et leurs espoirs aux documentaristes Marie Dubois et Rémi Mazet. Un récit loin des clichés anxiogènes, à voir en replay dans “25 nuances de doc” : https://www. france.tv/documentaires/societe/4274227-wanatsa-enenfance.html
Comment raconter l’archipel de Mayotte autrement que par le biais anxiogène et misérabiliste des actualités ? L’exercice n’est pas simple, tant ce département français perdu au milieu de l’océan Indien cumule les difficultés : délinquance, immigration clandestine, inégalités sociales, déficit d’infrastructures, grande pauvreté, démographie galopante…
Le taux de chômage y est cinq fois supérieur à la moyenne nationale, et les trois quarts des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Sans nier ces problèmes, Wanatsa (en enfance), diffusé mercredi 16 novembre sur France 2, parvient à livrer un récit différent et enthousiaste, à hauteur de celles et ceux qui y vivent, notamment les enfants.
Les documentaristes Marie Dubois et Remi Mazet se sont immergés dans l’agglomération de Kaweni, non loin de la ville la plus peuplée, Mamoudzou, où s’entassent des milliers d’immigrés clandestins comoriens dans des baraquements de fortune, sans eau potable ni électricité. Ils sont ressortis de ce quartier considéré comme le plus grand bidonville de France en ayant rencontré des pépites : Nazmia, Nasri et Omar, trois élèves de CM2, ainsi que leurs camarades.
“À Mayotte, les gens essaient de se construire en dehors des termes épouvantables par lesquels on les présente. Ce sont les enfants qui l’illustrent le mieux.” Marie Dubois, documentariste
Devant la caméra, les jeunes s’affirment et s’épanouissent, battant en brèche tous les clichés d’une génération perçue comme sacrifiée et malheureuse. De fait, la moitié de la population mahoraise a moins de 18 ans et n’a que peu de perspectives. Mais Nazmia, Nasri et Omar racontent leur quotidien de manière positive, ils rêvent et s’interrogent, conscients de grandir dans un monde incertain. On les voit s’accrocher au moindre espoir, portés par leurs réflexions sur la justice, l’égalité, l’exil, l’amour et les questions tout aussi complexes d’identité culturelle.
Ce fil narratif sur l’intime apparaît, dès lors, comme un cri de résilience et de résistance. « Nous ne voulions pas faire un film bêtement positif, mais proposer quelque chose d’optimiste. À Mayotte, les gens essaient de se construire en dehors des termes épouvantables par lesquels on les présente. Ce sont les enfants qui l’illustrent le mieux », souligne la coréalisatrice Marie Dubois.
Les auteurs mêlent enquête et fiction, et jouent sur la mise en abyme d’une pièce de théâtre sur l’esclavage et la colonisation nourrie de textes du chantre du mouvement de la Négritude Aimé Césaire, que les élèves préparent, aidés par leur instituteur. « Cela a été imaginé comme un outil pédagogique que l’on espère efficace pour tout le monde. Il permet en tout cas à ces jeunes de monter sur scène et d’être écoutés, de retrouver la fierté de ce qu’ils sont et de leur Histoire », se félicite Marie Dubois.
Optimisme béat ? « C’est une vision des choses probablement illusoire et naïve. Mais elle est nécessaire tant que l’on aspire à un monde meilleur », répond Marie Dubois, avant de lâcher : « Le climat est arrivé à un tel point de crispation qu’il est difficile d’imaginer que les choses ne s’embrasent. Les ingrédients du malheur et de la violence se sont accumulés pendant de nombreuses années. Le retard à rattraper à tous les niveaux est immense et rien n’est fait, ou si peu. »
PORTRAIT
Raïnat AliloiffaHOUSSAINI ASSANI TAFARA EN TOUTE
INTIMITÉ
Il est connu comme étant « monsieur formation » à Mayotte. Houssaini Assani Tafara est l’un des propriétaires du centre de formation Daesa depuis dix ans. Il est très engagé dans l’accompagnement professionnel des jeunes mahorais, pourtant son parcours et ses expériences le prédestinaient à une autre vie.
PORTRAIT
Originaire de Kani-Kéli, le jeune Houssaini quitte son village natal avec ses parents à l’âge de 6 ans, et toute la famille s’installe à La Réunion. Lorsqu’il commence sa scolarité en CP sur l’île voisine, ses enseignants réalisent qu’il ne sait ni lire, ni écrire. « Au début je ne parlais que kibushi » , précise-t-il. Motivé par l’envie de réussir, le petit garçon redouble d’efforts et apprend très vite le français, mais également le créole et le shimaoré. Tout au long de sa scolarité il est l’un des meilleurs élèves. Cependant, son travail contraste avec son comportement. Le jeune Houssaini est perturbateur et bagarreur. Personne ne comprend ses agissements, et pourtant s’il est ainsi c’est pour une raison précise. « Ma sœur et moi subissions beaucoup de racisme. On nous appelait « bande Comores » parce qu’on était différents. À l’époque nous étions les premiers Mahorais à arriver dans l’école » , explique le sudiste.
NOUS SUBISSIONS BEAUCOUP DE RACISME À LA RÉUNION »
Seul le foot arrive à le canaliser. Il est d’ailleurs un bon joueur et évolue rapidement dans les différents niveaux des équipes réunionnaises. « Je suis très compétiteur, j’aime gagner » , avoue-t-il. Il fait donc tout pour toujours être le meilleur, mais plus il avance dans ses études, moins ses parents ont envie qu’il continue à jouer au football. Il leur prouve alors qu’il est capable de faire les deux en cumulant les excellentes notes et les mentions. Arrivé au lycée, même si tous ses professeurs l’incitent à opter pour une carrière scientifique, Houssaini passe un bac STI (Sciences et technologies de l’industrie) qu’il obtient avec mention, puis s’envole pour poursuivre ses études dans l’Hexagone.
Le choc des réalités
Une fois sur le territoire, il découvre un autre environnement, à des années lumières de ce qu’il imaginait. « À La Réunion j’ai vécu le racisme et je trouvais ça normal. Arrivé en métropole, je m’attendais à vivre la même chose et ça n’a pas été le cas. Je me suis pris une claque, j’étais agréablement surpris » , explique-t-il. Le jeune homme fait un BTS mécanique et automatismes industriels, mais là encore il tombe des nues lorsqu’il découvre que le niveau est beaucoup plus élevé que ce qu’il pensait, y compris pour un très bon élève comme lui. Motivé par l’envie de rendre fière sa mère, il s’acharne au travail et obtient son diplôme. À la suite de cela, il part travailler aux États-Unis, dans la filiale de Cristalline implantée à Los Angeles, puis rentre en France un an plus tard pour passer une licence professionnelle « production industrielle, option qualité amélioration continue. » Il finit ses études avec un master obtenu dans une école de commerce. Houssaini
enchaîne les expériences professionnelles à succès, puis décide un jour de rentrer à Mayotte.
« J’avais un objectif, ne pas être salarié »
Lorsqu’il revient sur son île natale qu’il avait quittée 20 ans en arrière, « j’avais un objectif, ne pas être salarié » , affirme-t-il. Il commence donc par créer un cybercafé dans son village d’origine à Kani-Kéli, puis travaille dans le milieu de la nuit en organisant des concerts. Et en 2012 il rachète une partie du centre de formation Daesa. Le chef d’entreprise est loin de son domaine de prédilection et de ce qu’il a étudié mais il poursuit en ce sens, car il souhaite avoir un impact sur son territoire et « le meilleur moyen d’y arriver est d’accompagner les jeunes » , selon lui. Avec ses associés, ils mettent la priorité sur des formations à forte potentialité d’embauche à Mayotte tel que le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, l’informatique, le numérique, et l’automobile.
Voulant toujours faire plus, il crée en parallèle l’association Emanciper Mayotte, qui accompagne les nouveaux bacheliers mahorais qui partent étudier en métropole. Fort de son succès auprès de la jeunesse, il met en place le programme Erasmus dans l’île aux parfums et l’île Bourbon, et permet ainsi aux jeunes mahorais et réunionnais de vivre une expérience professionnelle de six mois dans un pays d’Europe. Actuellement, il fait partir 30 jeunes tous les six mois, 20 de Mayotte et 10 de La Réunion. « L’idée est de leur apporter une ouverture d’esprit » , indique-t-il. À 36 ans, Houssaini Assani Tafara n’a pas fini de faire parler de lui, et des grandes ambitions qu’il a pour son île. n
BASKET DEUX GÉANTS À MAYOTTE
Du 14 au 19 novembre, l’île au lagon accueillait Florent Piétrus, l’un des joueurs les plus sélectionnés avec l’équipe de France de basketball, et Benoît Gomis, entraîneur particulier de stars de la balle orange. L’occasion de conseiller – parfois sans concession – les jeunes générations mahoraises, mais aussi les plus âgés, comme lors de la finale de la coupe de Mayotte.
SPORT FLORENT PIÉTRUS ET BENOÎT GOMIS, DEUX GÉANTS DU BASKET À MAYOTTE
DU 14 AU 19 NOVEMBRE, L’ÎLE AUX PARFUMS ACCUEILLAIT FLORENT PIÉTRUS, FIGURE ILLUSTRE DU BASKETBALL FRANÇAIS, ET BENOÎT GOMIS, ENTRAÎNEUR PARTICULIER DE GRANDS NOMS DE LA BALLE ORANGE. L’OCCASION POUR LES DEUX HOMMES DE S’ADRESSER AUX JEUNES MAHORAISES ET MAHORAIS, AFIN DE LEUR INCULQUER LA DÉTERMINATION ET LE TRAVAIL NÉCESSAIRES POUR ARRIVER EN HAUT DE L’AFFICHE, OU DU MOINS À LA HAUTEUR DE L’ARCEAU.
« Ce serait super égoïste de garder mon expérience, il faut que je la transmette ! ». D’emblée, Florent Piétrus témoigne des valeurs fraternelles du basketball. Il faut dire que l’ailier-fort connaît assez bien la balle orange. Avec 230 sélections en Équipe de France, entre 2001 et 2006, il dépasse aisément des stars telles que Jacques Monclar, Tony Parker, Richard Dacoury ou Nicolas Batum. Le colosse de 2m02 se montre pourtant humble, lors de cette conférence au Mermoz, lundi matin. Tout comme Benoît Gomis, coach particulier ayant entraîné de grands talents français, à l’image de Rudy Gobert, Vincent Poirier, Sekou Doumbouya, ou encore « l’extraterrestre » de 18 ans et 2m19, Victor Wembanyama.
Si de telles personnalités peuvent fouler le sol mahorais, c’est à la faveur de la Ligue régionale de basketball de Mayotte et de la DRAJES (via la certification « Paris 2024 »), qui organisaient l’évènement, sous l’impulsion de Soussou Sportswear et de son fondateur, l’hyperactif Abdillah Sousou. « On n’est
pas seulement là pour profiter du soleil, ça ne m’excite pas de venir pour des photos », prévient cependant l’international français. Les deux basketteurs ont effectivement fait le tour des établissements scolaires pour mener des stages sportifs auprès des jeunes. L’école Pamandzi 5 et les collèges de Labattoir et Kawéni 1 étaient notamment au programme, pour apporter de précieux conseils à celles et ceux qui seraient intéressés par une carrière professionnelle, et notamment les élèves des sections sportives. « Même à 10 000 kilomètres, il faut qu’ils sachent qu’on pense aussi à eux, qu’ils se sentent soutenus, affirme Florent Piétrus. S’ils ne retiennent qu’une ou deux choses, alors on aura gagné. »
« QU’EST-CE QUE TU ES CAPABLE DE SACRIFIER ? »
Jusqu’envoyer de jeunes talents en métropole ou à La Réunion ? C’est en tout cas le souhait de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports. Pour
cela, pas d’autre choix que de quitter Mayotte, tant les infrastructures et l’encadrement sont insuffisants sur l’île au lagon. La DRAJES a d’ailleurs regretté les quotas de Mahorais imposés – mais non respectés – par La Réunion, ainsi que le manque d’accompagnement des jeunes lors de leur départ, se sentant parfois isolés et dépaysés. Un discours qui surprend Florent Piétrus, le Guadeloupéen ayant dû décoller pour la métropole très jeune : « Je sais ce que c’est de ne rien avoir. À mes douze ans, ma tante me disait que je ne réussirais jamais au basket. Je suis parti de la Guadeloupe à 15 ans, j’étais seul, ni entouré, ni soutenu, mais je savais pourquoi j’étais là, et c’est ce qui a fait mon parcours. »
Intransigeant, le rugueux ailier-fort continue : « Qu’estce que tu es capable de sacrifier ? », secondé par un Benoît Gomis moins loquace que déterminé : « Et qu’est-ce que tu mets en place pour atteindre tes objectifs, et ensuite pour rester au niveau ? ». Des questions à se poser pour chaque jeune joueur de basket, sport de partage mais aussi de volonté. « J’avais moins de talent, mais ma force était mentale, j’ai surpris beaucoup de gens », conclut Florent Piétrus. Avant de prendre sa retraite en 2021, il est indéniable que le natif des Abymes avait martyrisé de nombreuses raquettes par ses écrans dévastateurs, ses box-outs et sa défense sur l’homme. Un exemple besogneux, à suivre pour les aspirants basketteurs de l’île. n
ENTRETIEN MAYOTTE, « UN RÉSERVOIR DE CHAMPIONS »
Mayotte Hebdo : Comment s’est déroulée cette semaine de stages à destination des scolaires ?
Abdillah Sousou : C’est une vraie réussite, je ne m’attendais pas à toucher autant de monde, sachant qu’on aurait pu encore mieux faire. Le bilan est très bon. Nous avons été à Pamandzi mardi, de 18 à 21 heures, à Cavani mercredi, et à Mgombani jeudi. Vendredi, nous avons effectué un entraînement spécial à Pamandzi avec le club de Vautour, avant de finir avec l’école de Labattoir, samedi. Je regrette néanmoins le manque de mobilisation de la part des acteurs sportifs locaux. Cette mobilisation est pourtant la base de l’organisation d’un évènement tel que les Jeux des Îles, il faut un collectif, du soutien.
M.H. : Quelle était la réception des jeunes de Mayotte, face à deux talents tels que Florent Piétrus et Benoît Gomis ?
A.S. : Tout le monde connaissait ou avait entendu parler de Florent Piétrus, notamment. La notoriété de Benoît a été visible lorsqu’on leur a dit les grands noms qu’il avait entraîné. Le poste d’entraîneur est un peu bâtard, car il agit dans l’ombre. Les jeunes ont retenu beaucoup de choses, il y a aussi eu un peu de formation envers les entraîneurs. C’est très
positif, même si le basket mahorais est encore un grand chantier.
M.H. : Pourquoi cela ?
A.S. : Les personnes que nous avons rencontrées nous ont dit que majoritairement, les joueurs pensaient plus à marquer qu’au collectif. C’est quelque chose qui bloque, à un moment donné, en métropole, même si ce sont des athlètes hors normes. Au karaté, les plus grands champions gagnaient leurs matchs d’un ou deux points, ça ne sert à rien de marquer de dix points, ça veut dire que tu as couru, sachant que les matchs s’enchaînent. C’est donc maintenant qu’il faut changer les choses, que Mayotte doit prendre ses responsabilités, dans toutes les disciplines d’ailleurs.
M.H. : Quelle est l’impression des deux basketteurs sur Mayotte et ses sportifs ?
A.S. : Ils ont apprécié l’expérience, ainsi que l’île, puisqu’ils ont eu la chance de faire du jet ski, du saut en parachute, une visite de la plage de Ngouja, ils ont vu des makis, des tortues… Ils m’ont également dit, au contact des jeunes et des joueurs de Vautour, qu’il y avait un potentiel incroyable à Mayotte, c’est un réservoir de champions. Maintenant, il faut les accompagner.
EN IMAGES MTSAPÉRÉ ET CAVANI SUR LE TOIT DU BASKET
Des couleurs chatoyantes, un bâtiment assourdissant et un public chauffé à blanc, bienvenue à la finale des coupes de basketball de Mayotte. Ces dernières avaient lieu samedi dernier, au sein du gymnase de Pamandzi, et réunissaient les deux meilleures équipes de la saison – masculine et féminine – avant de les départager, inévitablement. Il s’agissait, chez les hommes, du Basket club de Mtsapéré, qui s’est imposé 74 à 70 contre le Vautour club de Labattoir, au terme d’une partie disputée. Du côté des femmes, on retrouvait l’inévitable duel entre deux des meilleures équipes mahoraises : le BC Mtsapéré et les Fuz’Ellips de Cavani. Ce sont ces dernières qui ont soulevé la coupe régionale, après avoir maîtrisé leurs adversaires 64 à 52.
De nombreuses personnalités étaient présentes dans l’enceinte du gymnase de Petite-Terre, telles que les conseillers départementaux Maymounati Moussa Ahamadi, El-Anrif Hassani, Laïni Abdallah Boina ou Hélène Pollozec. Mais, outre les joueurs, les véritables stars de la journée étaient Florent Piétrus et Benoît Gomis, vers qui jeunes et moins jeunes se pressaient pour obtenir une photo. Pour Abdillah Sousou, initiateur de leur venue sur l’île, « tout s’est très bien passé. Ils ont fait les coups d’envoi, ainsi que les remises de coupes. Ils se sont divertis, puisque ça n’était pas prévu qu’ils restent jusqu’à la fin des matchs, et finalement, ils se sont pris au jeu ». Une bien belle édition donc, avant de reprendre le rythme du championnat de pré-nationale.
SPORT VICTOR WEMBANYAMA, UN ESPOIR « HORS NORMES »
EN CE MOMENT, SI L’ON PARLE DU BASKET FRANÇAIS, UN NOM EST INCONTOURNABLE : VICTOR WEMBANYAMA. PRESSENTI POUR ÊTRE LE PREMIER CHOIX DE LA DRAFT NBA 2023 (VOIR ENCADRÉ), L’AILIER-FORT DE 18 ANS ET 2,19 MÈTRES AFFOLE LES RÉSEAUX ET LES OBSERVATEURS AMÉRICAINS PAR SA MOBILITÉ, SA VISION DU JEU ET SON ADRESSE, EXCEPTIONNELLES POUR UN JOUEUR DE SA TAILLE. NOS DEUX INVITÉS DE LA SEMAINE NE POUVAIENT QU’ABORDER LE SUJET ET NE S’Y TROMPENT PAS : LA FRANCE TIENT UNE FUTURE STAR MONDIALE.
« Il va être un problème », lâche avec le sourire Giannis Antetokounmpo, champion NBA et double MVP (Meilleur joueur de la saison NBA) lors d’un podcast. Si le « Greek Freak », l’un des basketteurs les plus talentueux de sa génération, rit jaune, c’est parce qu’il vient de voir des extraits du dernier match de Victor Wembanyama. À 18 ans, la pépite française est déjà impressionnante : champion de France la saison dernière avec l’ASVEL, il est aussi élu meilleur espoir de la compétition, avec le record de points sur un match (33) pour un joueur de moins de 20 ans, dépassant pour l’occasion Tony Parker. Sélectionné il y a quelques jours en équipe de France, le phénomène n’a pas déçu. Pour ses deux premières capes chez les Bleus, Wembanyama compile 20 points et 9 rebonds contre la Lituanie, et 19 points (à 50% à 3 points), 4 rebonds, 2 interceptions et 2 contres contre la Bosnie-Herzégovine, trois jours plus tard.
PLUS IMPRESSIONNANT QUE RUDY GOBERT
« C’est un extraterrestre », affirmait Florent Piétrus cette semaine. Car au-delà des statistiques, c’est l’impression visuelle qui prédomine. Cette longue tige de 2,19 mètres est capable d’attaquer le cercle, de jouer poste bas, ou de shooter de loin, tout cela avec une rapidité déconcertante pour sa taille. Les images de ce tir à 3 points, sur une jambe, en célébrant avant que la balle ne soit rentrée dans le cercle, ont fait le tour du monde. De quoi choquer Benoît Gomis, de passage à Mayotte cette semaine. Le coach individuel a pourtant entraîné des stars qui ont fait leurs preuves en NBA. Rudy Gobert, trois fois défenseur de l’année en NBA, Nicolas Batum ou encore Serge Ibaka sont par exemple passés entre ses mains. « Les autres restent impressionnants, affirme-t-il. Mais dans la globalité, par rapport à toutes ses forces et qualités, Victor l’est encore plus. Sa taille,
sa coordination, sa motricité, sa capacité à prendre rapidement les informations… Ça en fait un joueur hors normes, hors pair. »
Prochaine étape, la plus grande des ligues, la National Basketball Association. Donné favori par les observateurs pour être le numéro 1 de la future Draft NBA – ce qui serait une première pour un Français –, Victor Wembanyama a déjà éclaboussé les États-Unis de son talent. C’était à Las Vegas, au début du mois d’octobre, lors d’un match « amical », durant lequel l’intérieur a dominé ses adversaires américains, enregistrant la bagatelle de 37 points, 4 rebonds et 5 contres, à 7 sur 11 à 3 points ! Le frenchie faisait pourtant face à Scoot Henderson, son principal rival pour être numéro 1 de la Draft, qui a lui aussi fait chauffer les compteurs : 29 points, 5 rebonds et 9 passes décisives. « Si je n’étais pas né, je pense qu’il aurait mérité la première place », s’est fendu Wembanyama après le match. Cette confiance en soi, couplée à ses performances, ont séduit LeBron James, l’un des deux meilleurs joueurs de l’histoire du basket : « Personne, moi le premier, n’a jamais vu quelqu’un d’aussi grand que lui, être aussi fluide et gracieux lorsqu’il est sur le terrain. […] C’est clair qu’il s’agit d’un talent générationnel »
WEMBAMANIA
La « hype » autour de Victor Wembanyama atteint donc des sommets ces derniers mois. Si de telles attentes autour d’un jeune joueur peuvent donner la « grosse tête », à l’image de Kylian Mbappé en football, le basketteur semble garder les pieds sur terre. D’autant que son talent inouï est encore perfectible, en témoignent les rares critiques sur le nombre de ballons qu’il joue. Loin d’être de l’individualisme, cette propension à prendre beaucoup de tirs pourrait s’avérer un mal nécessaire, selon Benoît Gomis. « Il faut qu’il le fasse maintenant, ce n’est pas quand il arrivera au plus haut niveau qu’il pourra le faire, explique l’entraîneur. Ça va l’aider à épurer son jeu, à améliorer certaines choses. C’est plus facile de progresser de cette manière. »
De quoi ravir les supporters des Houston Rockets, la franchise NBA possédant le premier choix de la Draft NBA 2023. Du côté de l’équipe de France, la pépite française a déjà prévenu qu’il voulait faire partie des sélectionnés pour la Coupe du Monde 2023, qui se jouera en Indonésie, au Japon et aux Philippines. Vincent Collet, rigoureux sélectionneur des Bleus, cherche à calmer cette frénésie Wembanyama : « Aujourd’hui, je pense qu’il a fait un match moyen, très clairement, a-t-il déclaré au sortir du match contre la Bosnie. Mais pour lui, comme c’est un joueur exceptionnel, même quand il est moyen, il reste encore plutôt bon. » Si le joueur de 18 ans garde son sérieux et échappe aux blessures, l’enthousiasme est donc de rigueur pour ces prochaines années, et la balle orange pourrait bien se teinter de bleu-blanc-rouge… n
LA DRAFT NBA, C’EST QUOI ?
La Draft NBA est un évènement annuel permettant de présenter aux 30 franchises américaines les nouveaux talents du basket mondial. L’équipe ayant terminé der nière du championnat possède le premier choix de draft, un système permettant de renforcer les plus faibles des franchises. Cette année, ce sont les Houston Rockets, et Victor Wembanyama a de grandes chances d’être appelé en premier le soir du 22 juin 2023.
UNE ÎLE EN TRAVAUX
UN APPEL AUX DONS POUR LE CENTRE CULTUREL MUSULMAN
VOULANT RÉALISER UN CENTRE CULTUREL MUSULMAN AU CENTRE DE MAMOUDZOU, L’ASSOCIATION
DES FINANCEMENTS.
DÉBUTE
SUR LE PARVIS DE LA MJC DE M’GOMBANI.
Avec sa mosquée devenue trop étroite, l’association Masdjid el Djoumoi de Mamoudzou compte depuis de très nombreuses années sur un nouvel endroit pour accueillir des fidèles. Le projet de « L’espace de témoignage et de la découverte de la culture musulmane de Mayotte » devrait y remédier.
EN QUOI CONSISTE LE PROJET ?
Lors de la prière du vendredi, la grande mosquée de Mamoudzou ne peut pas accueillir plus d’un millier de croyants, déplore l’association. Imaginé par le cabinet d’architecture Tand’M, le nouveau lieu devrait en recevoir 2.000, et même 3.000 avec les annexes. Avec sa coupole un peu futuriste et son minaret de 32 mètres de haut, le bâtiment comportera également une chambre mortuaire, un auditorium, une madrassa, une bibliothèque et un parking, pour l’instant, d’une quarantaine de places. Pour l’emplacement, il est déjà tout trouvé sur un espace entre la rue du Commerce et celle de M’gombani, l’entrée se faisant par cette dernière. Même si des études sont encore à faire, un planning des travaux est déjà prévu à l’horizon fin 2023.
POURQUOI CE N’EST PAS QU’UNE SIMPLE MOSQUÉE ?
« Il y a un projet éducatif », argue Habib Souffou Hadja, le vice-président de l’association, lors d’une conférence de presse, ce lundi, à la MJC de M’gombani. « On veut que les jeunes qui traînent dans la rue aillent à la mosquée. » D’où un auditorium et une madrassa prévus dans le projet initial. « On ne veut pas en faire un lieu austère. On pourra y prendre un café, écouter de la musique. » Le bureau de l’association défend un lieu ouvert à l’extérieur. « On veut démontrer que l’islam peut vivre avec la république. Et même servir d’exemple en métropole », poursuit le vice-président. « Historiquement, dans la culture musulmane, la mosquée est un centre de vie », ajoute Aress Saïd Ali, qui s’occupe du volet communication.
COMBIEN COÛTE-IL ?
Un prévisionnel table sur treize millions d’euros. « La levée de fonds se fera à travers Mayotte et la communauté mahoraise à l’extérieur », espère l’attaché de presse. « Les entreprises peuvent aussi participer et avoir des déductions fiscales », renchérit le
MASDJID EL DJOUMOI DE MAMOUDZOU CHERCHE CELA PAR UN APPEL AUX DONS, UN MADJLISS, ORGANISÉ CE SAMEDI 26 NOVEMBRE, DE 9H À 14H30,secrétaire de l’association, Nawirdine Nafion. Au financement des travaux, s’ajoutent le coût de fonctionnement du lieu et des salariés dédiés. Une partie de l’espace représentant 300 mètres carrés et qui donne sur la rue du Commerce pourra être consacré à des commerces justement ou des services. Cela assurerait un loyer de quelques milliers d’euros.
EST-CE QUE DES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS SUIVENT ?
Malgré un Département qui a prêté une oreille attentive pendant un temps, le projet n’est pas vraiment soutenu autrement que par des fidèles. Une situation que regrette l’association qui défend une vision qui doit dépasser le simple cadre du culte. « Rien n’interdit les institutions de financer un tel projet », estime d’ailleurs le secrétaire de l’association.
EN QUOI VA CONSTITUER L’ÉVÉNEMENT DE SAMEDI ?
Alors que le madjliss a d’habitude lieu en soirée, celui-ci se fera ce samedi, de 9h à 14h30. Plusieurs moments de prières et de chants auront lieu. Un wassilati chafti, un barzangué, un chadi et un moulidi sont au programme, tandis qu’un debaa clôture cette journée spéciale. Des élèves de madrassas de Mamoudzou y réciteront des versets du Coran en milieu de matinée, tandis qu’une présentation du projet suivra. Il y aura même des plats traditionnels en vente pour le prix de cinq euros. Les fidèles ou ceux qui veulent simplement soutenir le projet auront des urnes pour les dons. « Ils pourront même payer par carte bleue », fait remarquer Aress Saïd Ali, qui promet qu’un comptage public permettra d’assurer la transparence du projet.
Samedi 26 novembre, de 9h à 14h30, sur le parvis de la MJC de M’gombani, à Mamoudzou, madjliss pour le projet « L’espace de témoignage et de la découverte de la culture musulmane de Mayotte ».
LA FILIÈRE DE LA VANILLE SE STRUCTURE
L’association Saveurs et Senteurs, qui réunit 37 producteurs de vanille, s’est donné pour objectif de relancer la filière à Mayotte en assurant la transformation et la commercialisation de l’orchidée. En quatre ans, elle a fait passer ses quantités de 65 kilos à 1,4 tonne.
« Auparavant, les producteurs n’avaient pas vraiment de débouchés » , assure Julie Montet, coordinatrice de Saveurs et Senteurs. L’association née en 2011 réunissait, à ses débuts, les exploitants de vanille pour leur donner plus de poids lors d’événements comme le salon de l’agriculture. Avant de prendre un tournant en 2017. Son objectif : relancer la filière à Mayotte. « A cette époque, de nombreux producteurs mahorais avaient arrêté leur production ou ne produisaient que pour leurs proches » , détaille la coordinatrice. Après avoir réalisé un état des lieux de la filière, l’association est allée à la rencontre de ces agriculteurs pour les inciter à lui vendre leurs gousses. En 2018, seulement 65 kilos, émanant de sept exploitations ont été collectés. Une quantité passée à 750 kilos trois ans après et qui a encore doublé en 2022 pour atteindre 1,4 tonne. Aujourd’hui, 37 producteurs vendent leur vanille à Saveurs et Senteurs.
Parmi eux, Daouirou Siaka, installé à Poroani, produit en moyenne 40 kilos d'orchidées. Le producteur, également président de l’association, a relancé sa production il y a deux ans. « C’est un produit qui demande énormément de temps, beaucoup d’entretien et il faut faire
la fécondation manuellement. Mais c’est rentable » , assure-t-il.
Les prix du marché multipliés par quatre
Pour convaincre les agriculteurs de vendre leur production à l’association, cette dernière a en effet multiplié par quatre les prix du marché. « Alors que le kilo se vendait entre 15 et 20 euros, nous leur avons proposé un prix d’achat de 30 euros, aujourd’hui passé à 60 euros » , indique la coordinatrice. Et l’opération serait payante. « L’objectif pour nous est de faire un produit de qualité. » La structure cible donc les marchés haut de gamme, et vend ses produits dans les épiceries fines, à l’aéroport ou dans les commerces de fruits et légumes comme le magasin Baraka frais, à Ouangani. « Nous trouvons facilement des débouchés, nous n’arrivons d’ailleurs pas à satisfaire la demande. L’enjeu pour nous est plutôt de collecter davantage de vanille » , insiste Julie Montet.
La filière profite toutefois d’un contexte favorable et devrait voir ses quantités encore augmenter dans les années à venir. « Chaque producteur double sa production chaque année. Ils profitent d’une très bonne
floraison » , poursuit la salariée de l’association qui prévoit déjà de collecter près de deux tonnes de gousses en 2023.
« Il faut au minimum huit mois avant de pouvoir les commercialiser » , précise la coordinatrice.
Dans les locaux de l’association, situé au sein du pôle d’excellence rurale de Coconi, seuls Julie Montet et un apprenti assurent les différentes étapes de transformation. Une fois la vanille verte collectée, il faut procéder à l’échaudage qui consiste à « plonger les gousses dans l’eau chaude pour stopper leur vieillissement et créer un choc thermique afin d’activer la formation des arômes » . La deuxième étape est l’étuvage qui consiste à enfermer les gousses dans des caissons étanches, pour les déshydrater. Ces dernières sont ensuite séchées au soleil pendant dix à quinze jours, puis durant un à deux mois dans des coffres en bois.
Pour continuer à se développer, la structure, qui commence à être à l’étroit dans ses locaux, envisage de déménager d’ici la fin d’année prochaine, dans un local plus grand, toujours sur le site de Coconi. Et espère recruter une personne supplémentaire. « Notre objectif est de réussir à satisfaire la demande locale et à développer la vente en ligne avec la métropole » , poursuit la coordinatrice.
Car même si la vanille de Madagascar - beaucoup moins cher - est vendue sur le territoire, les gousses de Mayotte ont rencontré leur public. « Les touristes veulent ramener des produits mahorais » , souligne la jeune femme. « Et c’est aussi un cadeau que font les habitants, quand ils vont en métropole par exemple » n
La fête de la Vanille, c’est ce week-end
Samedi 26 novembre , trente exposants se réuniront à Coconi pour vendre des produits locaux à base de vanille. Des artisans, pâtissiers, glaciers et restaurateurs qui commercialiseront des confitures, des achards ou des jus. « L’idée est de mettre la vanille à l’honneur, sous toutes ses formes » , indique Julie Montet, coordinatrice de l’association Saveurs et Senteurs, à l’initiative de cette journée. Des visites du jardin du pôle d’excellence rurale seront également organisées ainsi qu’une conférence sur la vanille de Mayotte et la diversité des vanilles du monde.
Le lendemain, dimanche 27 novembre , trois producteurs organiseront des visites de leurs exploitations. Les visiteurs peuvent dès à présent s’inscrire via la page Facebook des Jeunes agriculture de Mayotte.
Samedi 26 et dimanche 27 novembre , de 9 h à 14 h, sur le site du pôle d’excellence rurale de Coconi.
«
Développer la vente en ligne avec la métropole »Daouirou Siaka, producteur et président de l’association Saveurs et Senteurs, récolte environ 40 kilos de vanille par an sur sa parcelle d’un demi-hectare, où il cultive également des bananes.
Ambass Ridjali, À part ça, tout va bien à Mayotte !, éditions L’Harmattan, 2012.
LISEZ MAYOTTE LA DÉPARTEMENTALISATION SELON RIDJALI
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
Le 29 mars 2009, les Mahorais ont voté à plus de 95% pour la départementalisation de leur île. Pour cette grande majorité, il s'agit de la fin d'une longue lutte menée par plusieurs générations, afin d'être « libres ». Oui, les Mahorais ont voulu « être Français pour être libres ». Libres de quoi ? Libres de qui ? Mais connaissentils les avantages et les inconvénients de ce nouveau statut ? Quels seront les changements dans la société, les rapports entre les deux communautés : Mahorais et Wazungu ? Le pouvoir de la République face au pouvoir de la religion.
Nous revenons à présent vers Ambass Ridjali, dont nous avons déjà présenté deux pièces : Scandales dans la famille X (2007) et Les Coulisses d’un mariage incertain (2008). Après avoir collaboré avec Kalamu des îles puis Komedit, le dramaturge se tourne vers L’Harmattan pour publier une pièce au titre ironique : À part ça, tout va bien à Mayotte ! Le lecteur affûté mesure déjà l’écart entre les deux membres de la phrase : tout vat-il vraiment bien à Mayotte et quel est le contenu de cet « à part ça » ?
La pièce paraît en 2012 dans la collection « Théâtre des cinq continents ». Son contexte pertinent est donc la départementalisation de Mayotte, processus longtemps désiré et concrétisé à partir de 2009. Ambass Ridjali invite son lecteur, ou son spectateur, à faire le diagnostic de l’état de santé de l’île aux parfums pour voir à quelles exceptions près elle va - ou non - bien. Si l’on en croit le grand kadi, c’est-à-dire le juge musulman suprême à Mayotte, qui perd toute autorité légale, les choses vont mal :
« Ils m’ont trahi ! Ils m’ont menti ! Ils m’ont enterré vivant ! Que n’ai-je pas fait pour leur résister ? Ils m’avaient promis dix maisons, deux cents zébus, un terrain de cinq hectares. Ils m’avaient promis un poste de haut responsable au Conseil général et à la Préfecture. Ils m’avaient promis une rente
de vingt mille francs à l’époque. Jamais ! Jamais je n’aurais pensée que l’homme était capable d'une telle hypocrisie. D’un mensonge ! Je sombre dans une ignominie indescriptible. J’ai vendu mon âme au diable (en pleurs). » (p. 11)
Dramaturge polyphonique, Ambass Ridjali ne prend pas parti pour ou contre la départementalisation, thème important dans l’histoire de Mayotte depuis l’indépendance de l’archipel des Comores et thème déjà traité – maltraité – par Abdou Salam Baco à la fin de Brûlante est ma terre ; il se contente de rapporter les discours qu’il entend en les faisant incarner par des personnages qui s’opposent, conformément à la logique théâtrale de l’agôn – joute verbale. En plus de mettre en scène des personnages, Ambass Ridjali fait aussi monter sur scène des allégories, en l’occurrence la France et Mayotte dont l’échange est véhément : « Mayotte - In’na lil’lahi ! Impôts sur les impôts ? ! Bwi ! C’est ça le département ?
Ah non ! Non ! Tsi vendze ! Tsi vendze ça veut dire je ne veux pas. Je ne veux pas d’un département à la con ; pardon, à la merde ! Excuse-moi du terme.
France - Département à la merde ? À la con ? Eh bien, tu vas voir ! Je vais installer des inégalités dans tous les domaines. À la préfecture, tous les directeurs et les chefs
des services seront Blancs. Dans les administrations à caractère étatique, je veux dire La Poste, la CAF, la Caisse, le Trésor. Tous les directeurs seront des Blancs ou des Antillais et Réunionnais catholiques. Au vice-rectorat, tous les chefs seront Blancs. Dans les collèges et les lycées, jamais un Mahorais n’aura le titre de principal ou de proviseur. Que des Blancs, des Réunionnais et des Antillais catholiques. » (p. 32)
Mayotte se récrimine face à ce que signifie la départementalisation, en terme fiscal notamment. Mais l’intérêt du passage est la reprise des slogans en faveur de Mayotte française comme Tsi vendze ainsi que les « gros mots » prononcés par Younoussa Bamana et qui avait, à l’époque, frappé Nassur Attoumani qui s’en souvient dans deux nouvelles des Aventures d’un adolescent mahorais (2006) : « ‘Nous ne voulons pas de leur indépendance à la merde ! À la con !’ déclame lors d’un congrès politique exceptionnel,
Monsieur Younoussa Bamana, le Député de Mayotte, à l’endroit du gouvernement comorien et de l’État français. Quelques mois plus tard, le président Ahmed Abdallah Abderemane déclare unilatéralement l’indépendance des Comores, le 6 juillet 1975. » (p. 89)
Nous sommes ici au cœur de ce qui pose problème à Mayotte, à savoir le décalage culturel entre la Métropole et Mayotte, deux systèmes qui ont du mal à nouer un dialogue interculturel. En lieu et place de ce dernier, on entrevoit le spectre de l’assimilation d’une part, et le rejet de l’exogène de l’autre. Cela aboutit au sentiment d’être floué, comme le kadi, ou discriminée, comme l’allégorie de Mayotte.
Christophe CoskerFOOTBALL
Régional 1
Journée 20
AS Rosador de Passamaïnty 2–1 AS
Bandraboua
ASC Kawéni 0–1 FC Mtsapéré
AS Sada – ASC Abeilles de Mtsamboro
Jumeaux de Mzouazia 2–0 AJ Kani Kéli
USCP Anteou 2–1 Bandrélé FC Diables noirs de Combani 1–1 Tchanga SC
Journée 21 – Samedi 26 novembre à 15h
Tchanga SC – FC Mtsapéré
AS Rosador de Passamaïnty – Diables noirs de Combani
Bandrélé FC – ASC Kawéni
ASC Abeilles de Mtsamboro – Jumeaux de Mzouazia
AS Bandraboua – AJ Kani Kéli AS Sada – USCP Anteou
FOOTBALL
Régional 2
Journée 20
FC Chiconi 1–0 Foudre 2000 AJ Mtsahara 2–0 ASJ Moinatrindri
FC Dembéni 1–1 AS Neige de Malamani
UCS de Sada 1–0 USCJ Koungou
Olympique Miréréni – FC Kani Bé
US Kavani 1–1 FC Majicavo
Journée 21 – Samedi 26 novembre à 15h
FC Majicavo – AS Neige de Malamani
FOOTBALL
Régional 1 féminines
Journée 19
Entente Miréréni / Tsingoni 3–2 Olympique de Sada Wahadi ASC (forfait général) 0–3 ASJ Handréma ASO Espoir Chiconi – US Kavani FC Mtsapéré 0–0 Club Unicornis AS Jumelles de Mzouazia 8–0 Devils Pamandzi Exemptées : USC Labattoir
FOOTBALL
Régional 1 féminines
Journée 20 – Dimanche 27 novembre à 15h30 USC Labattoir – AS Jumelles de Mzouazia Devils Pamandzi 3–0 Wahadi ASC (forfait général) ASJ Handréma – FC Mtsapéré US Kavani – Entente Miréréni / Tsingoni Club Unicornis – ASO Espoir Chiconi Exemptées : Olympique de Sada
MAGAZINE D’INFORMATION
NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE
Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros
7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com
Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com
Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com
Rédacteur en chef Axel Nodinot
Couverture : Basket, deux géants à Mayotte
Journalistes Axel Nodinot Jéromine Doux Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Said Issouf
Direction artistique Franco di Sangro
Graphistes/Maquettistes
Olivier Baron, Franco di Sangro
Commerciaux
Cédric Denaud, Murielle Turlan
Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com
Première parution
Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000
N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960
Site internet www.mayottehebdo.com