Carnets de route vers l'orient

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Carnets de route(s) vers l’Orient

Carnets de route(s) vers l’Orient croise les regards de cinq photographes sur les peuples qui, des rivages de la Méditérannée aux confins de l’Empire du Milieu, se tournent cinq fois par jour vers la Mecque. Sur les routes empruntées par Philippe Rochot, Marc Mangin, Olivier Calicis, Romann Ramshorn et Tristan Siegmann se mêlent les époques et les générations, les drames et les bonheurs des Hommes, les instants d’éternité ; les techniques aussi, argentique et numérique, noir et blanc et couleur. La dimension humaniste de leur travail scelle l’unité de ces cent vingt-cinq images rassemblées avec le concours de l’Espace Belleville à Paris. CONTACT : artgentique.lassos@gmail.com


Philippe Rochot

Siège de Tora-Bora et du refuge de Ben Laden / Afghanistan, novembre 2001.

Philippe Rochot a couvert pour la seconde chaine de télévision française une bonne partie des conflits de ces dernières décennies : Afghanistan, Irak, Liban, Gaza, Tchad, Rwanda… Il en a payé le prix fort puisqu’il a été otage au Liban en 1986 alors qu’il tentait d’expliquer le sort des français détenus à Beyrouth. Mais il estime que sa plus grande consolation est d’avoir été présent à Berlin, le jour de la chute du mur de la honte. A l’origine il se passionnait pour l’Asie. Il a pu devenir correspondant en Chine durant les six années qui ont précédé les Jeux olympiques de Pékin. Il a obtenu le prix Albert-Londres pour l’audiovisuel en 1986 pour l’ensemble de ses reportages au Liban.

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TREnTE AnnéES de reportage télévisé n’ont pas entamé ma passion pour l’image fixe. Elle a pour moi valeur d’éternité. Elle permet de figer le moment le plus intense, celui qui restera dans l’histoire. Mon itinéraire vers l’orient se situe dans un espace qui va des côtes de la mer rouge aux confins de la Chine et couvre une période de quarante années de reportages. Mon carnet de route commence aux sources de l’islam en 1970 en Arabie saoudite où durant deux années j’ai pu côtoyer les pèlerins de La Mecque. En voyant arriver ces milliers de croyants d’horizons très divers, j’ai fait le vœu de parcourir les pays d’où venaient ces hommes et j’estime aujourd’hui avoir tenu ma promesse.

Mes reportages m’ont conduit au cœur des conflits du ProcheOrient, dans la guerre du Liban, la révolution iranienne, les guerres d’Irak et les pistes d’Afghanistan mais dans ces situations extrêmes j’ai toujours cherché à traduire les valeurs de l’homme : le courage, la foi, le respect, la beauté d’une attitude ou d’un visage. Durant un long séjour de six années en Chine, avant les jeux olympiques de Pékin, j’ai côtoyé les minorités musulmanes et retrouvé à huit mille kilomètres de La Mecque les mêmes gestes de la Oumma, la communauté des croyants. Je peux donc aujourd’hui retracer par l’image ce long carnet de route à travers l’orient compliqué. PHILIPPE ROCHOT

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Marc Mangin

Né en 1957 à Fès (Maroc) et amputé du Père deux ans et demi plus tard à Beni Isgen (Algérie), Marc Mangin entretient avec le monde arabo-musulman une relation à la vie à la mort. « Photographe errant », « écrivain vagabond », il parcourt le monde depuis le milieu des années soixante-dix : l’Europe d’abord, puis – dans l’ordre et parfois même dans le désordre – l’Afrique du nord, l’Afrique noire, le Proche et le Moyen-Orient et, enfin, l’Asie. Tournant résolument le dos à l’information-spectacle mise en scène et calibrée entre deux pavés de publicité, il poursuit un travail argentique en noir et blanc, à l’image des maîtres de la photographie humaniste auxquels il se réfère volontiers, excluant filtres et lumière artificielle.

www.marcmangin.com

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A CEux qui seraient tentés de s’interroger encore, longtemps après ma mort, sur ce qui me fit courir le monde toute une vie, j’épargnerais ici une attente insupportable et de bien décevantes spéculations : le parfum des épices ou la proximité de la méditerranée ; l’odeur âcre d’un souk ou le tumulte d’un caravansérail ; une barrière de montagnes dressée contre l’horizon ou les assauts d’une bourrasque au milieu d’un orage ; partout des Hommes qui s’interpellent, s’échangent des nouvelles, s’attablent devant un verre de thé brûlant et une assiette de fruits secs ; la silhouette d’une femme aussi, glissant sur le mur de mes fantasmes. Et même l’appel à la prière qui se répand sur la ville, de minaret en minaret. Et même la plainte interminable d’un gong.

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Kharanaq / Iran. Vendredi 3 juillet 2009.

Tout ce qui caractérise le groupe sur lequel tranche la solitude du voyageur. Je suis parti comme tout le monde, parce que rien ne me retenait, jusqu’à ce que, devenu bien trop sauvage, plus personne ne se risquât à me retenir. Du Maroc jusqu’en Chine et au-delà, j’ai traversé des mondes où l’étalage de l’opulence par les uns n’enlève rien à la richesse des autres ; où l’on accepte de perdre aujourd’hui ce que l’on a gagné hier, parce qu’un esprit divin verra toujours une part de vol dans le commerce ou la propriété ; où le bon prix se détermine au terme d’une longue palabre. Des mondes reliés entre eux par un enchevêtrement de pistes, sillonnées depuis la nuit des temps par des marchands de sels et de

soie, des trafiquants d’opium et d’esclaves qui ont troqué leurs chameaux de Baktriane contre des chevaux vapeurs. Commerçants que l’on ne saurait confondre avec des commerciaux. De Marrakech à xi’an, ils parlent dix mille langues, mais se fient toujours à la parole donnée, clé de toute richesse. Photographier l’Orient, n’est pas photographier l’image que l’on s’en fait a priori ; ce n’est pas davantage photographier une actualité dont les véritables enjeux échappent trop souvent au voyageur de passage. Je n’ai finalement pas photographié l’Orient, mais ce que l’Orient m’a laissé photographier : des rencontres souvent éphémères, mais toujours complices tant la photo est, avant tout,

un moment partagé, une émotion restituée sous forme d’image offerte au regard de l’autre. Il suffit de passer une nuit sur le trottoir du Boujloud, se griser de vins à Kefraya, manger un cornet de glace au chocolat devant le mont Ararat ou à l’orée du Wadi Rum, se perdre dans les bazars de Tabriz, d’Ispahan et de Yazd, se goinfrer de Xiao mien pièm près de la grande mosquée de Kashgar puis s’enfoncer dans le Taklamakan pour changer de regard et voir des humains dans ces Hommes que les généralisations hâtives et l’ignorance voudraient nous faire prendre pour des barbares. Et la guerre, me direz-vous ? La guerre ! Que ceux qui veulent la voir aillent la faire. MARC MAnGIn

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Olivier Calicis Vous qui passez parmi les paroles passagères portez vos noms et partez Retirez vos heures de notre temps, partez Extorquez ce que vous voulez du bleu du ciel et du sable de la mémoire Prenez les photos que vous voulez, pour savoir / que vous ne saurez pas Comment les pierres de notre terre bâtissent le toit du ciel. MAHMOUD DARWICH

Né à Gosselies en 1964, vit actuellement à namur en Belgique. Profession : auteur photographe et monteur vidéo freelance (RTBF : Une Brique dans le Ventre ; C’est du belge. ARTE : 50°Nord. Fictions : Une Chaîne pour Deux [Long métrage de Fred Ledoux] ; Mon Cousin Jacques et I Cannes Get Now [courts métrages de xavier Diskeuve]. Documentaires : Marhaban [Eric Detilleux] - Kilda [Sylvestre Sbille]...). une visite de la Biennale de la Photo de Marchin en 2007 provoque le désir de faire de la photographie. Je m’inscris à l’atelier photo du théâtre de namur dirigé par Baudoin Lotin. Après une année de prise de vue argentique et de tirage en labo, je passe au numérique et suit d’autres formations en Belgique et en France.

Le montage du documentaire Marhaban de Eric Detilleux me donne l’occasion de séjourner en Palestine en avril 2009. Les photos qui y sont faites sont le point de départ du projet Za’atar. Le projet est confronté au regard de JeanLuc Cormier pendant une semaine de workshop aux Rencontres de la Photo de Arles. En décembre 2009, un second séjour permet d’étoffer le travail… Depuis, une dizaine d'expos, des prix et reconnaissances dans différents festivals, des appels à contribuer à divers projets, le plaisir à déclencher me confirment que le médium « photographie » est la voie d'expression qui me réalise.

www.kli6.net

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AvRIL 2009

Seconde journée passée à sillonner les ruelles de la vieille ville de Jérusalem, déjà poussé une centaine de fois sur le déclencheur et quelques images me semblent “bonnes”… “bonnes”, mais somme toute assez banales, un sentiment de “déjà-vu”. Je dois pouvoir ouvrir mon regard à autre chose.

Se poser sur un banc, et quoi ? où est la faille, celle dont parle Léonard Cohen, celle qui permet le passage de la lumière. Ici, je ressens une frénésie, un besoin de mouvement... comme pour chasser l’idée que l’on va se heurter à un mur. voilà, il faut arriver à rendre ce mouvement, expérimenter son influence sur les couleurs, voir com-

ment les lumières figent ou décuplent ce besoin de déplacement. Za’atar est donc le fruit de ces envies… Za’atar est aussi le nom d’un mélange à base de thym que l’on croise souvent dans l’alimentation en Palestine, entre autre au petit déjeuner, accompagné de pain trempé dans l’huile d’olive. OLIVIER CALICIS

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Romann Ramshorn

Mardin / Turquie. Né en 1977 à Brive-la-Gaillarde, licence en Philosophie cru 1999 à Bordeaux, auteur photographe voyageur depuis l’an 2000. Toujours en argentique, d’abord en diapositive, aujourd’hui en noir et blanc, lancé dans un courant post-humaniste et subjectif de la photographie, sur la route comme à travers les rues. une trentaine d’expositions depuis 2004, à Paris, Bordeaux, Istanbul, Dubaï, Perpignan… Lecteur de Portfolio pour la nikon School et MAP 11 Prix du public des Photos D’Avril de Montcuq 2009 Lauréat du Prix Pose T – Ricoh 2009 Membre du jury de l’Eté photographique de Cahors 2008 Remarqué au prix du jury « Ilford » 2008 Lauréat concours « Kodak – Réponses Photo » 2008 Prix du jury de l’Eté photographique de Cahors 2007 www.romannramshorn.book.fr

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néE DE L’EFFOnDREMEnT de l’empire Ottoman, puis cadenassée par la guerre froide, la frontière syroturque a encore aujourd’hui des allures de rideau de fer. 615 000 mines séparent toujours des populations qui jusque-là avaient vécu ensemble durant des siècles. Malgré tout, ces derniers mois, plus de 10 000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie, traversant à pied cette frontière pour fuir la répression féroce du régime de Bachir El-Assad. Entre 2003 et 2006, j’ai effectué de nombreux voyages en Turquie, un pays dont tout homme sensé tombe immédiatement amoureux. voyager vers l’est, dans l’immense Anatolie, sur les vastes plateaux de

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l’Asie mineure, traverser l’Euphrate, le Tigre, deux fleuves qui ne se rejoignent qu’à Bagdad, provoque une profonde sensation d’excitation et de plénitude mélangées. La Mésopotamie ! J’ai photographié la route, les paysages, les villes, les habitants, avec une approche directe, sans à priori. J’étais heureux, saisi par le calme et la sidération que génère ce territoire brut au peuple si accueillant. une fois, par une petite route poussiéreuse, je me suis rendu à la frontière avec la Syrie. Les militaires étaient tellement étonnés de me voir débarquer qu’ils n’ont même pas songé à se montrer agressifs. visa en poche, c’est finalement

par les airs, en Janvier 2006, que je me suis rendu en Syrie, via un vol Istanbul-Damas. J’avais seulement trois semaines pour quadriller le pays. Au bout de quelques jours, à Tartous, dans l’Hôtel du téléphone noir, j’ai subitement découvert la polémique qui surgissait à propos des caricatures de Mahomet. Comme moi, un couple de Suédois regardait avec stupéfaction les images des ambassades en feu à Damas. Ils ont fuit le jour-même par Beyrouth. Avec ma compagne de l’époque, nous avons décidé de poursuivre notre voyage normalement. Après quoi je n’ai jamais autant parlé de religion. Chacun voulait avoir notre opinion, et dé-

sirait ardemment débattre. Au début, j’avouais mon athéisme, puis j’ai finalement accepté d’être assimilé à un chrétien. Les Syriens affichaient une étonnante unité, et dans ce contexte je les ai senti soudés, y compris derrière leur président. Mais comment en être sûr ? Je sais juste avoir croisé des personnes ouvertes, désireuses de se faire comprendre et accepter par le monde extérieur. Aujourd’hui certaines de ces personnes sont peut-être mortes d’avoir voulu réellement vivre cette volonté d’ouverture et de dialogue. voilà le sentiment qui me domine aujourd’hui, une impénétrable tristesse. ROMANN RAMSHORN

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Tristan Siegmann

Né à Paris en 1960, Tristan Siegmann devient photographe reporter, en 1983, pour des agences de presse telles que Gamma et Kipa, il réalise notamment les photos du Rainbow Warrior coulé dans le port d’Auckland. Puis se succèdent pendant une vingtaine d’années des voyages et des commandes pour des journaux et magazines français et étrangers qui l’emmènent jusqu’en Afrique de l’Ouest et au Moyen-Orient. Dès 2000, il adopte une nouvelle alternative et oriente désormais son travail vers une recherche documentaire entre impressions au sens large et reportage. Sentant que c’est à Berlin que se joue l’émergence d’un monde et d’une Europe en devenir, il s’y installe en 2005. Depuis 2006, une série d’expositions présentent son travail sur les villes, les lieux, les traces et les frontières réelles ou virtuelles. Lieux institutionnels et galeries accueillent régulièrement ses travaux. Actuellement Tristan Siegmann vit en Indre-et-Loire.

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Enfant, Tripoli / Liban, 1998.

EnTRE 1990 ET 1998, je fus envoyé à plusieurs reprises au MoyenOrient… Ces photos en noir et blanc n’accomplissant pas leur rôle d’illustration parfaitement lissée que les magazines souhaitent aujourd’hui, ce carnet de route est longtemps resté l’expression d’un simple souvenir de voyage… Les villes que j’ai parcourues et les gens que j’ai regardé vivre, expriment pourtant dans leurs différences et leurs similitudes des réalités d’un

monde arabe où l’élégance du geste rencontre la sagesse d’un regard. Où le présent se dilate et rejoint un passé traditionnel qui ne veut pas totalement disparaître. Où le prix de la liberté d’expression et des principes d’émancipation ne se confond pas avec la valeur de l’écoute et de la parole. Où le rituel des affaires ne se perd pas dans la valeur marchande du temps. De l’Egypte à la Jordanie en passant par le Liban et la Syrie, j’y ai vu

l’utopie d’un unique peuple arabe relié par cette même palpitation et dont la rue m’offrait l’image la plus sensible. Ces photos expriment plus précisément, avec les années qui passent, des émotions bien plus personnelles qu’un constat factuel et journalistique. Ce carnet de route dévoile un regard qui s’attarde et nous laisse des traces photographiques sur l’essence des lieux et des êtres humains. TRISTAN SIEGMANN

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Caractéristiques techniques : 125 images Conditions de location : 4 000 euros / mois 6 500 euros / 2 mois 9 500 euros / trimestre Cette exposition peut être ramenée à une sélection de 100 images :

3 500 euros / mois 5 500 euros / 2 mois 8 400 euros / trimestre ou de 75 images :

2 700 euros / mois 4 300 euros / 2 mois 6 500 euros / trimestre Frais de transport, d’installation (présence d’au moins un des cinq photographes) et d’assurance à la charge de la structure invitante. Règlement : 50 % à la réservation, le solde au moment de l’installation. En cas de dédit, les sommes versées ne seront pas remboursées.

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