Paperjam plus - Fonds d'investissement

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Fonds d’investissement

MARS 2023
MARC BAERTZ « Mettre une valeur sur
les portefeuilles »
AYMERIC DE SERESIN
« Notre priorité est de verdir les immeubles »
CAMILLE THOMMES
« Il faut revoir la taxe d’abonnement »
OLIVIER PORTENSEIGNE « Réduire les frictions et les coûts liés à la distribution » STÉPHANE PESCH
« Le modèle de création de valeur du private equity est intact »
LAURENT TERNISIEN
«Mieux vaut investir dans un fonds qu’acheter un appartement »

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photographes

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La relève arrive

L’industrie des fonds a été incontestablement l’une des victimes collatérales du retour des tensions géopolitiques en Europe, de la fièvre inflationniste et des resserrements de politique monétaire. Premières victimes : les marchés des actions et des obligations. Les pertes sont sans appel. Sur un portefeuille mixte de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations, le rendement annuel moyen était de -17 % entre janvier et octobre 2022, a calculé J. P. Morgan AM...

Touchant en plein cœur la confiance des investisseurs, les performances négatives des marchés ont provoqué une vague massive de rachats des parts détenues dans les fonds. De la sorte, les fonds communs de placement et ETF européens ont connu un flux négatif de 250 milliards de dollars l’année dernière, indique J.P. Morgan AM. Les actifs sous gestion au Luxembourg, domicile naturel des fonds, ont quant à eux reculé de près de 14 % en l’espace d’un an. Le constat est glaçant.

Cependant, le tableau ne serait pas complet si l’on omettait de jeter un coup d’œil du côté des fonds classés comme durables qui, pour leur part, ont connu un afflux d’au moins 49 milliards sur la même période. Une tendance dont la Place ne peut que tirer avantage, puisqu’environ un tiers des actifs gérés par des fonds durables en Europe se trouvent au Luxembourg.

ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

Mais ce n’est pas tout. De nouvelles sources de croissance apparaissent dans les actifs privés. Trêve de mots. Les chiffres du marché luxembourgeois parlent d’eux-mêmes : 45 % de croissance pour les fonds de dette, 30 % pour les fonds de private equity, et 26 % pour les fonds immobiliers. Autant de vecteurs neufs de développement pour l’industrie des fonds alors que les analystes s’attendent à ce que les marchés boursiers ne puissent pas tenir toute l’année des performances aussi positives que celles connues depuis janvier. C’est sans compter sur le fait que les causes des performances négatives de 2022 sont encore bel et bien une réalité.

Auteur BENOÎT THEUNISSEN
Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. — ISSN 2354-4619 natureO f ce com DE-261- YACEBD Please recycle. Vous avez fini de lire
MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 3 Édito
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06 RADAR

Les actifs sous gestion en recul

10 STÉPHANE PESCH

« Le modèle de création de valeur du private equity est intact »

16 VUE DE MARCHÉ

La prudence reste de mise

18 CAMILLE THOMMES

« Il faut revoir la taxe d’abonnement » –

26 Dossier

Un nouveau vecteur de croissance

28 À CONNAÎTRE

Cinq véhicules à suivre

30 RÉGIME SPÉCIAL Élargir la boîte à outils pour les Reif

32 LEXIQUE Parlez-vous Reif ?

34 LAURENT TERNISIEN

« Mieux vaut investir dans un fonds qu’acheter un appartement »

40 GESTION

Face aux crises, les Reif et l’enjeu de la gestion de la liquidité

42 RADIOSCOPIE

Au Luxembourg, les fonds immobiliers s’érigent sur de solides fondations

44 AYMERIC DE SÉRÉSIN

« Notre priorité est de verdir les immeubles »

48 TRANSACTIONS

Les fonds immobiliers ont souffert en 2022 –

50 MARC BAERTZ

« Mettre une valeur sur les portefeuilles »

56 INSTRUMENT Eltif, véhicule de choix des actifs illiquides ?

58 OLIVIER PORTENSEIGNE

« Réduire les frictions et les coûts liés à la distribution »

64 RÉGLEMENTATION

L’agenda 2023

66 CRYPTOMONNAIE

Crypto winter : après la pluie, le beau temps

Photos Guy Wolff, Romain Gamba p.  34 Laurent Ternisien, CEO Luxembourg et chief client officer de BNP Paribas Real Estate Investment Management, aborde les perspectives du marché immobilier. p.  18 Camille Thommes, directeur général de l’Alfi, partage son analyse quant à l’avenir des fonds d’investissement sur la Place.
MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 5 Fonds d’investissement Mars 2023

Les actifs sous gestion en recul

Au fil de l’année 2022, le volume d’actifs sous gestion dans des fonds domiciliés au Luxembourg a considérablement fondu, passant de 5.859,5 milliards d’euros en décembre 2021 à 5.028,4 milliards d’euros en décembre 2022. Cela représente un recul conséquent de 831,1 milliards d’euros (-14,18 %) lié à la grande incertitude à l’échelle des marchés, à l’inflation et aux mesures prises par les banques centrales pour enrayer cette dernière.

1 0 2 3 4 5 6 1999 2007 2009 2015 2001 2017 2019 2003 2023 2005 2011 2013 2021 2022 Total des actifs (en milliards d’euros) 5.859 5.028 Source CSSF 6 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 RADAR
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE

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Silke Bernard, responsable mondiale de la pratique des fonds d’investissement chez Linklaters, présentait les inconvénients de l’ancien régime de l’Eltif, le 9 février 2023, à l’occasion d’un webinaire organisé par la LPEA.

Le 31 juillet 2022, Enrique Sacau, CEO de Kneip, soulignait l’importance de la qualité des données de fonds.

3 ACTIFS PRIVÉS

Le 17 janvier 2023, Lize Griffiths, partner et real estate leader chez Deloitte Luxembourg, notait l’intérêt des investisseurs retail les plus fortunés pour les marchés privés.

« Le

4 CONJONCTURE

des sociétés de gestion est

au marché puisque le modèle d’affaires, c’est de facturer les clients sur la base des actifs. »

Dans les colonnes du magazine Paperjam de février 2023, Jeanne Duvoux, directrice générale d’Amundi Luxembourg, analysait les conséquences des marchés baissiers.

5 INNOVATION

Marie Brière, head of investor intelligence & academic partnerships chez Amundi Institute, décrivait, le 7 février 2023, les conclusions d’une étude sur l’intégration de l’intelligence artificielle à la gestion de portefeuille.

Sélectionné par BENOÎT THEUNISSEN

Ristretto #Citations
Photos Romain Gamba (archives), Mike Zenari (archives), Deloitte Luxembourg, Matic Zorman, Magali Delporte
cours
très corrélé
« Nous avons démontré que les marchés réagissent davantage aux nouvelles relatives à de la prospective. »
« La tendance à la démocratisation des actifs privés s’accentue. »
2 DONNÉES DE FONDS
« Nous sommes obsédés par le fait de nous assurer que ce qui est diffusé est correct et cohérent. »
1 ÉVOLUTION RÉGLEMENTAIRE
« Un Eltif était considéré comme n’étant pas attractif, ni pour les investisseurs, ni pour les investisseurs de détail, ni pour les distributeurs. C’était donc un gros problème. »
8 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023

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« Le modèle de création de valeur du private equity est intact »

Alors que l’économie est appelée à ralentir, les acteurs du private equity appréhendent la conjoncture avec une certaine « sérénité ».

Comme l’explique Stéphane Pesch, CEO de la LPEA, si les levées de fonds sont actuellement moins importantes, l’attention se porte sur le renforcement de la valeur des actifs en portefeuille.

Photo GUY WOLFF Interview SÉBASTIEN LAMBOTTE
10 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Stéphane Pesch
Stéphane Pesch, CEO de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association.

En matière de private equity, comment s’est renforcé l’écosystème luxembourgeois ces dernières années ?

Les grands acteurs du private equity positionnent désormais leurs AIFM (alternative investment fund managers ) au Luxembourg, profitant de véhicules comme les limited partnerships (LP) ou les reserved alternative investment funds (Raif). Ce que viennent chercher les acteurs, c’est avant tout une plateforme stable et performante qui offre la possibilité de distribuer des produits, voire de lever des fonds à travers l’Europe. Mais ils trouvent ici bien plus qu’une boîte à outils et un passeport associé aux véhicules qu’ils y établissent. Nous sommes parvenus à développer un ensemble de services au niveau du middle office sur lesquels peuvent s’appuyer les gestionnaires d’actifs. De la gestion des risques aux enjeux de conformité en passant par les fonctions de valorisation des actifs, le Luxembourg dispose dorénavant d’une expertise qui répond à de nombreux besoins des gestionnaires, qui recrutent et fortifient ainsi leurs équipes locales.

Quelles pourraient être les répercussions des décisions prises par les banques centrales, dans l’optique de faire baisser l’inflation, sans oublier l’incertitude économique du moment, sur l’investissement dans le private equity ?

La conjoncture actuelle est moins propice au lancement de nouveaux véhicules et à la levée de fonds. Cela n’empêche cependant pas les gestionnaires de déjà planifier, malgré certains délais à prévoir, les prochains fonds qui seront lancés cette année. L’incertitude économique actuelle invite les investisseurs à la prudence et à temporiser. Le contexte ne remet pas pour autant en cause les stratégies et les démarches d’investissement déjà engagées, bien au contraire. Comme vous le savez, l’investissement dans le private equity s’envisage à travers des approches à long terme, suivant des stratégies de création de valeur définies par des pointures de la finance, de l’entrepreneuriat et de l’excellence opérationnelle. Dans la situation actuelle, qui n’est pas forcément idéale en ce qui concerne la valorisation des actifs dans le

cadre d’une stratégie de sortie, les gestionnaires vont se concentrer sur la gestion de leur portefeuille existant, en cherchant à renforcer la valeur à terme des sociétés détenues où à en intégrer de nouvelles au sein de leur portefeuille.

L’idée de démocratiser l’accès à l’investissement dans le private equity est régulièrement évoquée. Voyez-vous le marché évoluer dans cette direction ?

C’est l’une des voies poursuivies avec la nouvelle mouture de l’Eltif ou encore les fonds de type Partie II, qui émergent de nouveau au Luxembourg. Il y a une opportunité, à travers ces évolutions, de parvenir à s’adresser à une communauté plus large d’investisseurs. Toutefois, il faut relativiser. Je ne pense pas que ces investissements seront accessibles à tous les particuliers. Le ticket d’entrée moyen, après une démocratisation progressive via ces produits spécifiques, pourrait s’établir autour de 25.000 euros, comme récemment vu dans le marché, voire au-delà. Nous ne sommes pas encore dans une telle logique d’industrialisation. Et les défis en matière de démocratisation, considérant le fonctionnement des fonds de private equity, sont encore nombreux et exigeront de procéder à des adaptations.

Quels sont les grands enjeux qui attendent les acteurs du private equity au Luxembourg ?

La réglementation relative à la finance durable constitue un défi et une opportunité majeure pour les années à venir. Comme pour tous les investissements, les gestionnaires sont appelés à composer avec les critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance. Si les démarches ESG sont, de manière générale, plutôt bien appréhendées par les sociétés de gestion elles-mêmes, c’est au niveau des entreprises dans lesquelles elles investissent que c’est plus difficile. Il faudra accompagner les sociétés cibles vis-à-vis des enjeux de transition, d’une part, afin qu’elles parviennent à rendre compte de leurs impacts environnementaux et sociaux, et d’autre part, pour les aider à les minimiser.

509 MILLIARDS D’EUROS

Selon le dernier AIFM Reporting Dashboard, établi par la CSSF (situation au 31/12/2021), 509 milliards d’euros d’actifs sont gérés au départ du Luxembourg par des acteurs du private equity. En outre, cet indicateur n’inclut pas les investissements dans la dette privée, évalués par une récente étude menée par KPMG pour l’Alfi, à 267,8 milliards d’euros (source et méthodologie différentes).

Le Luxembourg s’est positionné comme un domicile de premier choix pour ces actifs en Europe et 18 des 20 principaux acteurs mondiaux dans le domaine du private equity gèrent des investissements dans le monde entier y compris grâce à leurs structures luxembourgeoises.

« L’incertitude économique actuelle invite les investisseurs à la prudence et à temporiser. »
12 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Stéphane Pesch

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Tailor-made solutions for fund projects

Amid increasing complexity in the fund industry, BIL Asset Services (BAS) provides clients with a comprehensive asset services solution, state Alain Bastin and Oliver Benner.

Launched to coincide with the adoption of the Alternative Investment Funds Managers Directive, BIL Manage Invest (BMI) has been proposing tailormade solutions for fund projects since 2013. It continues to benefit from a global

offering within BIL Asset Services and has seen a strong increase in demand in recent years for value-added services.

Alain Bastin, CEO of BIL Manage Invest, and Oliver Benner, Head of Strategic Development BIL Asset

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14 FONDS D’INVESTISSEMENT MARS 2023
Oliver Benner, Head of Strategic Development BIL Asset Services and Alain Bastin, CEO of BIL Manage Invest

Services, talk about their successful business model.

BMI was launched 10 years ago, which was when the AIFMD came into effect. How has it grown and evolved since then?

ALAIN BASTIN We launched the company from scratch and since then we have seen our assets under management (AuM) grow significantly.

Our business model is quite unique in its market segment. BMI is a management company that operates as a third-party provider, backed by the strength of a major banking group. This model, combined with our strong portfolio management capabilities, offers many opportunities for synergies across the group, especially in the case of entrepreneurial projects.

OLIVER BENNER We are highly satisfied with the development and the tremendous success of BMI. Our ambition is to continue growing the business and

expanding it with a selected range of clients. We want to keep our tailored boutique approach which ensures a high level of flexibility for our client’s needs.

What kinds of clients are you looking for?

ALAIN BASTIN We are aiming for quality over quantity. Today, we have around 30 clients, mainly from Europe. The next phase will involve development in Asia, which is, of course, a strategic region for us, with Legend Holdings as BIL Group’s main shareholder.

OLIVER BENNER We offer our services to asset managers, pension funds, insurance companies, family offices and UHNWIs. By having a boutique approach, we focus on clients looking for tailor-made solutions and long-term partnerships. We experience an increasing demand for our services as the market concentration continues.

And what differentiates BIL Asset Services from your competitors?

OLIVER BENNER The core of BIL Asset Services is our AIFM and depositary services. Central administration services are offered by selected preferred partners. As a universal bank, BIL links these core fund services with additional

services and products such as bridge financing, global custody, treasury management or wealth management solutions. This combination of services is a unique strength and competitive edge of BIL Group which creates true added value for our clients.

ALAIN BASTIN For me, there are two key factors that differentiate BMI. Firstly, the ManCo market today is being driven more and more by private equity players who are looking to make big volumes and sell in three years with a high profitability. We don’t have the same goal; we have a long-term vision. Secondly, if you look at ManCos within banks, most of them delegate portfolio management externally. We have strong portfolio management capabilities, that’s why we’re able to target entrepreneurs and specific projects that are outside the sweet spot of other banks.

How important is the name and reputation of Banque Internationale à Luxembourg?

ALAIN BASTIN For me, the name and the stability are key. The most important thing is the branding. And we can see how it is important during discussions with prospects.

OLIVER BENNER Founded in 1856, BIL is the oldest multibusiness bank in the Grand Duchy. The brand is known throughout the country for retail, private, corporate and institutional banking. Our goal is for BIL Asset Services to be equally associated with BIL Group in the near future.

CREATING VALUE FOR OUR CLIENTS

BIL Asset Services offers its clients looking for robust governance by creating a fund a comprehensive and fully-fledged solution.

We have a vast knowledge of traditional and alternative investments, such as PE, RE, private debt and fund of funds. BIL offers an attractive range of additional products and services: bridge financing, treasury management & global custody, banking services to GPs and SPVs, execution and brokerage.

As one of the leading thirdparty AIFMs in Luxembourg, BIL Manage Invest seamlessly integrates into the clients’ investment management process and operating model.

BRAND VOICE
“By having a boutique approach, we focus on clients looking for tailor-made solutions and long-term partnerships.”
Oliver Benner Head of Strategic Development BIL Asset Services
“ We are aiming for quality over quantity. ”
Alain Bastin CEO BIL Manage Invest
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MARS 2023 FONDS D’INVESTISSEMENT 15

La prudence reste de mise

Si le scénario du pire peut être évité d’un point de vue macroéconomique, l’incertitude règne encore en 2023. Malgré le rebond des marchés financiers depuis janvier, leur capacité à surperformer tout au long de l’année reste sujette à caution.

Comme il est de tradition vers la fin de chaque année, les gestionnaires d’actifs présentent leurs prévisions pour l’année suivante. Pour sa part, le 15 décembre 2022, J.P. Morgan AM avait donné rendez-vous à ses partenaires luxembourgeois pour leur présenter ses perspectives d’investissement. « Notre scénario de base prévoit que les économies développées entreront dans une légère récession en 2023 », s’exprimait alors Vincent Juvyns, executive director et global market strategist au sein du gestionnaire d’actifs.

Les prévisions ont-elles changé depuis lors ? « Le message donné en décembre reste d’application », confirme Vincent Juvyns. S’attendant à un recul de la croissance, sans pour autant « être catastrophique », il observe que les chiffres du quatrième trimestre de l’année précédente sont positifs un peu partout dans le monde, y compris en Europe. « Pour l’heure, il n’est donc pas question de récession. Elle peut toujours arriver, mais le consensus tablait sur une contraction de la croissance aux Q4 2022 et Q1 2023. » La patience reste donc de mise avant de crier victoire.

Fin 2022, l’expert de J.P. Morgan AM partait du principe que l’inflation allait finir par se normaliser en 2023. « Nous constations déjà qu’un pic de l’inflation était passé aux États-Unis. Entre-temps,

nous pouvons considérer que ce pic est dépassé en Europe », affirme-t-il à présent.

Le rebond des marchés

Si les surprises positives vont bon train, tant du côté de la croissance que de l’inflation, « nous sommes dans un contexte relativement favorable », explique Vincent Juvyns, notant que les marchés avaient déjà augmenté en Europe et en Chine en décembre 2022 et qu’ils ont bien performé depuis le début de cette année. Prenant l’exemple des marchés des obligations souveraines, il relève des rendements entre 3 % et 3,5 %.

Après de forts vents contraires en 2022, les marchés des actions semblent, quant à eux, désormais être portés par un vent arrière. À un point tel que « les performances des marchés des actions sont allées un peu trop vite, interpelle Vincent Juvyns. Certains marchés, notamment la Chine ou l’Europe, affichent des performances qui atteignent parfois 10 %. On ne va pas pouvoir tenir ce rythme toute l’année. » Il est par conséquent attendu que le rythme de progression ralentisse.

Le rebond des marchés en ce début d’année n’est cependant pas surprenant, au regard de la réouverture « plus franche » de l’économie chinoise et de l’hiver doux qui relâche légèrement la pression sur

VINCENT JUVYNS Executive director & global market strategist J.P. Morgan AM
« La croissance est faible, mais elle tient.
J.P.
16 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
L’inflation baisse et le taux de chômage reste bas. »
Photo
Morgan AM
Auteur BENOÎT THEUNISSEN
VUE DE MARCHÉ

les prix de l’énergie. Ce qui a permis, du coup, à la dynamique inflationniste de ralentir. « Il est certain que les bonnes nouvelles sur une croissance plus résiliente et une inflation qui baisse plus rapidement sont venues soutenir l’optimisme des marchés », confirme Vincent Juvyns.

La performance des marchés n’est peutêtre pas étonnante, mais sa rapidité ne laisse pas les prévisionnistes de marbre. La reprise « trop rapide » de ce début d’année augmente dès lors le risque de prises de bénéfices à un moment, en raison soit de résultats décevants, soit d’incidents imprévus dus à l’environnement fragile actuel. « Les marchés ont pris conscience maintenant qu’on ne se dirige pas vers la catastrophe économique qui était annoncée. Le spectre d’une récession dure et d’une crise énergétique s’éloigne quelque peu. Par contre, il faut garder à l’esprit qu’on fait toujours face à un conflit géopolitique, une véritable épée de Damoclès. » À cela, il faut ajouter que de nombreux résultats d’entreprises se trouvent sous pression.

Les marchés obligataires

Les conditions macroéconomiques, combinées à la reprise des marchés, devraient en revanche promettre une année positive

pour les actifs sous gestion dans l’industrie de l’asset management. « C’est une certitude dans la mesure où il existe des opportunités dans à peu près toutes les classes d’actifs », commente Vincent Juvyns. Après une déconvenue, tant au niveau des performances que des actifs sous gestion dans les fonds, « en termes de flux, il y a matière à ce que les investisseurs reviennent sur les marchés », juge l’executive director. Outre les marchés des actions qui attirent de nouvelles souscriptions, il constate que le cash est à nouveau devenu attractif, avec les encours des fonds monétaires qui augmentent significativement, et que les marchés obligataires redeviennent attractifs. Malgré tout, un ralentissement conjoncturel se trouve à l’horizon. Vincent Juvyns appelle donc à la prudence sur les segments les plus spéculatifs, tels que la dette d’entreprise et la dette à haut rendement. Quoi qu’il en soit, la situation est propice à un retour sur les marchés des investisseurs à long terme.

Selon les analyses de J.P. Morgan AM, les actifs des fonds communs et des ETF européens ont reculé de 250 milliards de dollars en 2022, frappés par les performances des marchés financiers.

L’ère des fonds ESG

Les vents contraires macroéconomiques ajoutés au resserrement de la politique monétaire en Europe ont largement affecté les rendements sur titres en 2022. Sur un portefeuille composé à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations, le rendement annuel moyen était d’environ -17 % entre le 1er janvier et le 11 novembre 2022, selon les calculs de J.P. Morgan AM. Les rendements annuels de ce type de portefeuille étaient pourtant de +10 % en 2021 et +14 % en 2020. Les rendements offerts par les marchés ont, par conséquent, amené les investisseurs à opérer de nombreuses rédemptions de leurs avoirs dans les fonds. Ce sont ainsi 250 milliards de dollars qui

seraient sortis des fonds communs de placement et des ETF européens l’année dernière. Force est toutefois de constater que les fonds qui ont connu les plus grands volumes de rédemptions sont ceux qui ne sont pas classés comme durables, les fonds Article 6 et Article 8, selon la catégorisation de la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). Pour leur part, les fonds Article 8 plus et Article 9, qui investissent respectivement partiellement et entièrement dans des actifs durables, ont connu des flux positifs de souscriptions. « En 2022, c’est la classe d’actifs ESG qui a été la catégorie la plus plébiscitée. C’est d’ailleurs la seule qui a enregistré des flux positifs, alors que

le marché était en flux négatifs », confirme Vincent Juvyns. À la fin octobre 2022, environ 13 milliards de dollars avaient déjà afflué depuis le début de l’année dans les fonds Article 8 plus, et près de 36 milliards de dollars dans les fonds Article 9. Dans cet afflux positif de souscriptions dans les fonds durables, certains perçoivent les premiers effets des exigences de transparence imposées par la SFDR et la prise en compte des critères de durabilité des investisseurs au travers de Mifid II. Pour autant, la tendance à la canalisation des flux financiers vers les actifs ESG n’est pas neuve, à en croire les observations de J.P. Morgan AM. Sur les trois dernières années, les

fonds spécialisés dans les green bonds ont affiché une hausse de 52 % de leurs actifs sous gestion ; les fonds obligataires classés Article 9 ont enregistré une croissance de 47 % ; et les fonds obligataires Article 8 plus ont connu une hausse de 29 %.

L’augmentation des actifs gérés par les fonds durables reste cependant encore marginale par rapport aux investissements massifs requis par la transition énergétique, estimés par J.P. Morgan AM à 5.000 milliards de dollars annuels d’ici 2030 pour atteindre le « net zéro » d’ici 2050.

Ces investissements s’élevaient à près de 1.200 milliards de dollars en 2022, contre 1.000 milliards en 2015.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 17 Fonds d′investissement
250

« Il faut revoir la taxe d’abonnement »

L’industrie des fonds a été touchée par une forte vague de rachats en 2022, mais dégage de nouvelles zones de croissance grâce aux actifs privés et aux investissements durables.

Camille Thommes, directeur général de l’Alfi, évoque les enjeux de la compétitivité du secteur.

GUY WOLFF Interview BENOÎT THEUNISSEN
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18 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Camille Thommes
Camille Thommes souligne le poids des fonds dans l’économie.

En 2022, les actifs des fonds domiciliés au Luxembourg ont reculé de près de 14 %. Comment interpréter ce recul ?

Le secteur avait connu une croissance sans précédent au cours des dernières années jusqu’en mars 2022, notamment grâce à l’évolution positive des marchés financiers et l’abondance de liquidités. La donne a ensuite changé autour de mars 2022. À la suite de la guerre en Ukraine, l’industrie des fonds est entrée dans une période d’incertitude avec une volatilité des marchés financiers. Nous avons également enregistré une hausse des taux d’intérêt et une inflation élevée que beaucoup d’entre nous n’ont pas connues pendant de longues années, combinées à des craintes de récession. Tous ces éléments ont eu un impact sur les marchés et, par conséquent, sur les actifs des fonds. Il est donc clair que le Luxembourg, en tant que place financière internationale, n’est pas à l’abri de tels développements. Il en a résulté un recul des actifs dont une grande partie revient aux effets négatifs des marchés financiers.

Y a-t-il une corrélation entre les rendements des fonds et les volumes des actifs sous gestion ?

La pression sur les marges et les coûts pour les gestionnaires ne cesse de croître dans un environnement qui est volatil. Ils font face à une situation de fluctuation des marchés qui les oblige à réduire leurs coûts et à prendre des décisions difficiles quant aux investissements à réaliser. L’environnement actuel a évidemment un impact sur les actifs sous gestion, et donc, en corollaire, sur les chiffres d’affaires et les revenus générés par les gestionnaires. Ces aspects ont toute leur importance pour un secteur qui opère dans un environnement international très compétitif, où la maîtrise des coûts est essentielle pour rester attrayant.

Les marchés financiers témoignent d’un certain rebond depuis le début de l’année. Le recul des actifs sous gestion ne serait-il que temporaire ?

La volatilité reste d’actualité. De l’avis de certains économistes, nous pouvons nous attendre à une détente autour du

troisième trimestre de cette année, couplée à une stabilisation des taux d’intérêt en Europe. Évidemment, nous souhaitons que ça reparte, mais l’incertitude reste de mise.

La majorité des fonds à ne pas connaître d’afflux négatif sont ceux qui sont classés comme ESG. Comment interpréter ce phénomène ?

Il y a tout simplement un intérêt grandissant de la part des investisseurs institutionnels et de détail à placer leur argent dans des produits dont l’objectif est d’investir dans des sociétés durables et sensibles au changement climatique. Il y a une prise de conscience. De manière générale, la finance durable a pour vocation de devenir un processus essentiel pour les acteurs de la gestion collective. Pour leur part, les entreprises sont engagées pour atteindre le net zéro carbone d’ici 2050.

C’est à la fois vital pour la planète, mais cela représente aussi une multitude d’opportunités pour les gestionnaires. Par conséquent, l’offre de capital aligné sur le climat de la part des clients institutionnels et privés devrait continuer à augmenter.

Est-ce que la demande ne va cependant pas plus vite que l’offre en matière d’ESG ?

Oui, dans un certain sens. L’univers des entreprises d’investissement qui peuvent être purement considérées comme vertes est assez réduit. Nous nous trouvons dans une période de transition où, d’une part, les entreprises sont obligées, à partir de cette année, de divulguer les données sur le degré de durabilité dans leurs activités industrielles et, d’autre part, les gestionnaires de fonds doivent prendre en compte ces données pour en informer de manière adéquate leurs clients. Cette transition prendra plusieurs années.

Les gestionnaires d’actifs sont-ils suffisamment outillés pour faire face à cette transition ?

La charge de travail liée à l’impact de la mise en conformité pour l’industrie est très lourde. Il y a aussi un manque de disponibilité des données pour s’assurer que les investissements répondent aux critères requis. Non seulement il y a un manque

« Nous avons besoin de personnes hautement qualifiées. »
20 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Camille Thommes

Legal expertise Business understanding It’s

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de données fiables, mais aussi des incohérences dans les données. Le retard dans la disponibilité des données, voire parfois l’absence de données, s’explique parce que les sociétés visées dans lesquelles les gestionnaires investissent ne fournissent que depuis peu ces informations. Ce n’est donc pas intentionnel si les gestionnaires produisent des reportings où, après coup, il s’avère qu’il y a une part de non-durabilité dans l’investissement choisi. Ce n’est pas dans l’intention des acteurs de faire de manière délibérée du greenwashing, car cela commence à avoir un impact notable sur leur réputation.

Au-delà des produits ESG, les clients ont porté une attention particulière aux actifs privés en 2022. S’agit-il à présent d’une tendance lourde qui va s’affirmer en 2023 ou d’un effet de mode ?

Je ne dirais pas que c’est un effet de mode. Avec l’entrée en vigueur de la directive AIFM qui réglemente les gestionnaires de produits alternatifs ou privés, l’intérêt est énorme. Il reste continu, de sorte que les actifs alternatifs sont effectivement devenus le deuxième pilier de notre industrie. Les perspectives de croissance à moyen et long terme restent intéressantes. Nous avons aussi assisté à une montée en puissance de véhicules sur les classes d’actifs privés au Luxembourg au cours des dernières années. Nous observons que les fonds immobiliers ont connu une croissance de 26 %, les fonds de private equity de 30 %, les fonds de dette de 45 %. Au Luxembourg, nous avons saisi cette opportunité depuis quelques années en modernisant notre cadre réglementaire, notamment par l’introduction du Raif, qui a connu un succès fulgurant. Nous avons aussi créé la structure de sociétés en commandite, en l’occurrence les limited partnerships, des véhicules qui répondent spécifiquement aux besoins des gestionnaires de fonds alternatifs. Cet ajout à l’arsenal réglementaire a été un facteur déterminant dans la forte progression de ce segment au Luxembourg.

La pénurie de talents ne risque-t-elle pas de porter préjudice au succès futur de l’industrie locale des fonds ?

UN STATUT INCONTESTÉ

Selon les données de l’Alfi, en décembre 2021, le Luxembourg maintenait son statut de principal domicile des fonds en Europe, avec 26,8 % des parts de marché, devant l’Irlande (18,6 %) et l’Allemagne (13,3 %). Rien que pour les sicav, le pays accueille 35,5 % des actifs gérés par ce type de fonds. Sur le plan de la finance durable, le Grand-Duché garde son statut de leader, avec environ un tiers des actifs gérés par les fonds durables en Europe qui y sont domiciliés. Ce qui positionne le Luxembourg en champion mondial, étant donné que l’Europe détient 83 % des actifs nets des fonds durables mondiaux.

La pénurie de talents est un phénomène qui touche aussi d’autres centres financiers. Au Luxembourg, l’acquisition de talents est essentielle pour pérenniser le succès, mais aussi maintenir la compétitivité. Nous avons besoin de personnes hautement qualifiées et de profils qui sont adaptés aux priorités de demain. Il y a un constat unanime, tant de la part du secteur privé que des pouvoirs publics, que nous devons collectivement doubler les efforts pour promouvoir les activités de notre secteur auprès des futurs talents.

La digitalisation est souvent présentée comme une partie de la solution. Qu’en pensez-vous ?

En ce qui concerne la digitalisation, de nombreux efforts ont été faits, à l’instar de la création de la Lhoft. On essaie d’attirer des fintech au Luxembourg, car elles y trouvent un terrain propice pour commercialiser les produits qu’elles viennent de développer, pour interagir avec le monde des fonds, le secteur bancaire et celui des assurances. C’est un échange fructueux. En outre, il y a des efforts de digitalisation qui sont entrepris par les sociétés, que ce soit au niveau de la production de rapports, des traitements opérationnels ou des opérations financières. Cela permet de faire face partiellement à la pénurie de maind’œuvre, mais aussi de libérer la maind’œuvre existante pour la focaliser sur des tâches à plus haute valeur ajoutée.

Dans une perspective de compétitivité, faudrait-il revoir la taxe d’abonnement ? Selon les chiffres publiés en janvier dernier par Luxembourg for Finance, en partenariat avec Deloitte, le secteur des fonds a une importance majeure pour l’économie nationale, totalisant plus de 21.000 emplois et générant au total plus de 2 milliards d’euros de recettes fiscales. À cet égard, à elle seule, la taxe d’abonnement représentait 1,3 milliard d’euros en 2021. Il est évident qu’avec la chute des actifs, le résultat sera moins important en 2022. Il est clair que l’attractivité de notre Place ne se limite bien sûr pas à la seule taxe d’abonnement, le taux fiscal appliqué aux entreprises a aussi son importance. Donc, oui, il faut revoir le niveau de la taxe d’abon-

22 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Camille Thommes

nement de manière ciblée ou générale, car il s’agit d’une taxe que d’autres centres financiers ne connaissent pas. Et avec les pressions sur les marges et les coûts, la composante de la taxe d’abonnement devient de plus en plus importante dans le coût total des fonds.

Pourtant, réduire la taxe d’abonnement diminuerait le poids de l’industrie des fonds dans les recettes fiscales. C’est d’ailleurs l’argument qu’elle utilise pour se faire entendre. Il faut se préparer à l’avenir et rester compétitif. Sur les 10 dernières années, la taxe d’abonnement a augmenté d’environ 7 %. Notre secteur est souvent considéré comme la vache à lait de l’industrie financière. Nous sommes ravis de contribuer à la santé financière de l’État, de participer au financement de notre système de protection sociale et de projets d’infrastructures, mais il faut bien nour-

rir cette vache à lait pour qu’elle continue de donner du lait. Si on n’investit pas, il y a un risque qu’au fil du temps, on perde en attractivité. Si on perd en attractivité, on perd en opportunités d’affaires et en recettes. Il faut engager des réformes structurelles qui touchent à l’écosystème, au cadre fiscal des fonds et des entreprises, sinon, notre secteur risque de sortir perdant de cet environnement hautement compétitif.

Ces points sont-ils suffisamment pris en compte par les politiques en préparation des prochaines élections législatives ?

Je l’appelle de mes vœux, mais le constat est que plusieurs partis ne portent pas notre industrie dans leur cœur. Les patrons des principales associations de l’industrie financière ont récemment rencontré les principaux partis en vue des élections législatives pour faire part des réformes

RÉPARTITION DES CLASSES D’INVESTISSEMENT DES FONDS LUXEMBOURGEOIS

En décembre 2022, la valeur nette d’inventaire totale des fonds domiciliés au Luxembourg atteignait 5.028 milliards d’euros. Si les actifs privés et l’immobilier sont identifiés comme des vecteurs de croissance pour l’industrie, ces deux classes d’investissement restent encore marginales par rapport à la distribution totale des actifs sous gestion, principalement investis dans des actions et des obligations.

à engager afin de pérenniser le succès acquis et assurer le développement futur de notre industrie. Ils nous ont entendus, j’espère qu’ils nous ont écoutés. Personnellement, je suis un peu déconcerté par l’insouciance d’un nombre non négligeable de politiciens luxembourgeois qui pensent que les recettes fiscales que notre secteur génère coulent de source. Il y a des exceptions notables, mais la majorité d’entre eux ne se rendent pas compte de l’importance de notre secteur en termes de contribution à l’économie, de recettes fiscales générées par l’État. Chaque poste créé dans le secteur financier génère 1,1 emploi additionnel dans les autres secteurs de l’économie.

Source Alfi 33,1 % 23,8 % 19,8 % 8,7 % 6,7 % 2,7 % 1,8 % 3,3 % MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 23
Actions Mix d’actions et obligations Money market & cash Fonds de fonds Immobilier Private equity / venture capital Obligations Autre

New perspectives from 175 years’ experience

The Lazard Group turns 175 this year. Its unique asset management approach is exemplified by its flexible bond fund and its new Article 9 green bond portfolio.

Luxembourg’s institutional investors have access to the expertise of Lazard Asset Management and Lazard Frères Gestion via the Brussels office of Lazard Fund Managers, which is headed by Bram Op de Beeck. “Our approach is based on commitment to active fund management driven by fundamental analysis, which delivers performance across all asset classes,” he said. It is an approach that actively seeks to respond to market events. “Investment strategies are adapted in real time to meet the challenges of often swiftly-changing investment environments,” he added. “Lazard is proud

to have advised generations of clients through major changes in global markets.”

Indeed, it has been 175 years since the Lazard Group was founded in the US by a family of French émigrés, and has since acquired deep institutional knowledge of managing during crises. Now headquartered in New York, the group has 3,000 employees worldwide, of which more than 1,000 work to manage around $200bn in assets. The group’s other specialisation is financial advisory, notably regarding M&A and strategy, sovereigns, restructuring, capital markets and more.

“Our other key focal point is that we are truly a

1848

fundamental house, with more than 250 global analysts in equities, fixed income and alternative management.”

The Brussels office serves B2B relationships in Luxembourg and Belgium. Mr Op de Beeck says the Lazard Credit pportunities Fund has been of particular interest to this market given its strong returns during the market turbulence of recent years. There is also excitement for the Lazard Global Green Bond Opportunities Fund, which is classified as an article 9 impact fund under the SFDR.

“The bond fund is an absolute return fund, with a flexible and unconstrained fixed income portfolio,” explained Eléonore Bunel, head of fixed income and managing director at Lazard Frères Gestion, Paris. She has been the lead portfolio manager of this

fund since 2018. “We work to generate performance in any market cycle using an unconstrained approach featuring significant tactical leeway,” she said.

“The fund’s reactivity is based on the use of interest rate and credit derivates, and high levels of liquidity, as well as variable hedging

BRAND VOICE
“Lazard is proud to have advised generations of clients through major changes in global markets.”
Bram Op de Beeck Head of Belgium & Luxembourg, Lazard Fund Manager
Fixed income
Sponsored content by LAZARD FUND MANAGERS Three brothers from Alsace (France), Alexandre, Lazare and Simon Lazard, found Lazard Frères in New Orleans (USA). 1854 Branch established in Paris. 1880 Branch established in New York.
24 FONDS D’INVESTISSEMENT MARS 2023
1870 Branch established in London.
A HISTORY OVER 170 YEARS

and credit risk duration,” she added. Investments are made in everything from sovereign debt and investment grade paper, through to high yield and emerging debt securities, all hedged by index futures contracts.

This proved to be a fruitful strategy last year. When many in the market were wrong-footed by persistent inflation and sharply rising interest rates, Ms Bunel and her team mapped out a path that resulted in a 5.4% return in 2022. “We believed since spring 2021 that rates would rise, as inflation was not temporary and central banks were probably late,” she said.

“This is an example of our approach using our own research, which gives us greater capacity to

1 service

Lazard is an asset management company and a strategic/financial advisory firm.

175 years

The group has its roots in New Orleans, being founded 175 years ago by French émigrés: Alexandre, Lazare and Simon Lazard.

3,000

They moved into banking in 1850 and asset management in 1970, with the group now employing 3,000 people.

26 countries

A publicly listed firm, it has offices in 41 cities in 26 countries, including Brussels.

deviate from market consensus,” she said. Moreover, this has not been a one-off approach, with the Lazard Credit Opportunities Fund delivering a 36% cumulative net growth since Ms Bunel started managing the portfolio in 2018.

Her team launched the Lazard Global Green Bond Opportunities fund last September and they have registered it as an impact Article 9 product with the French regulator, the AMF. “We use the same principles and research here as with our flagship fund. For instance, even if we see a chemicals company making progress on ESG, we will avoid it now, as we are currently negative on this sector,” she said.

1970

Development of asset management in the New York branch.

1995

Creation of Lazard Frères Gestion in Paris.

2005

Lazard is listed on the New York Stock Exchange. Lazard Asset Management and Lazard Frères Gestion became subsidiaries of Lazard Ltd.

Eléonore Bunel, Head of Fixed Income, Managing Director, Lazard Frères Gestion, Paris, is the portfolio manager of the Lazard Credit Opportunities Fund, a “flexible and unconstrained fixed income portfolio”. She is one of around 250 analysts in the group, with each conducting original market analysis and research.

2017

Lazard Asset Management and Lazard Frères Gestion manage over $200 billion worldwide.

2022

Launch of the first sustainable “Article 9” SFDR funds by Lazard Frères Gestion.

IN
LAZARD
FIGURES
EXPERT’S RESUME
more information, visit www.lazardfreres gestion.fr/FR/FixedIncome_119.html
For
“Our approach using our own research
gives us greater capacity to deviate
from market consensus.”
Eléonore Bunel Head of Fixed Income, Managing Director
Bram Op de Beeck is Head of Belgium & Luxembourg at Lazard Fund Managers, Brussels, part of a 30-strong team across Asset Management, Private Wealth and Financial Advisory services.
MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 25

Un nouveau vecteur

28 À CONNAÎTRE Cinq véhicules à suivre –30 RÉGIME SPÉCIAL Élargir la boîte à outils pour les Reif –32 LEXIQUE Parlez-vous Reif ? –34 LAURENT TERNISIEN « Mieux vaut investir dans un fonds que dans un appartement » de
croissance
GESTION Face aux crises, les Reif et l’enjeu de la gestion de la liquidité –
RADIOSCOPIE Les fonds immobiliers et leurs solides fondations –
AYMERIC DE SÉRÉSIN
priorité est de verdir les immeubles »
40
42
44
« Notre
fonds immobiliers ont souffert en 2022 –
48 TRANSACTIONS Les
une valeur sur les portefeuilles » 26 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
50 MARC BAERTZ « Mettre

Le secteur des real estate investment funds (Reif) a connu un véritable envol entre 2005 et 2017 sur la Place, passant de 29 fonds à 323. Depuis lors, le nombre d’unités de Reif qui ont élu domicile au Luxembourg a perdu de son souffle, plafonnant à 319 fin 2022. En revanche, la tendance est tout autre si l’on regarde les volumes d’actifs sous gestion de ces fonds. Avec actuellement une somme totale de plus de 126,7 milliards d’euros, le montant des actifs sous gestion des fonds d’investissement immobilier de la Place affiche une croissance constante depuis plus de 20 ans. Rien qu’entre 2021 et 2022, le secteur luxembourgeois des Reif a connu une évolution de +26 %. De quoi attirer les investisseurs déçus par les performances peu encourageantes des marchés obligataires et boursiers l’année dernière et peu rassurés par les vents contraires macroéconomiques qui restent encore d’actualité au premier trimestre 2023.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 27 Dossier

Cinq véhicules à suivre

1

Fonds d’investissement spécialisés (FIS)

Les fonds d’investissement spécialisés sont destinés à des investisseurs chevronnés, qu’il s’agisse d’institutions, de professionnels ou de clients privés. La clientèle privée doit d’ailleurs déclarer par écrit son adhésion au statut d’investisseur averti et investir un minimum de 125.000 euros dans le fonds, ou fournir un certificat attestant de son expertise. Ce type de fonds, bien que nécessitant un agrément, est faiblement réglementé par la CSSF.

2

Fonds d’investissement alternatifs réservés (Fiar) Introduit en 2016, il s’agit actuellement d’un des fonds les plus prisés. Concrètement, un Fiar est un organisme de placement collectif luxembourgeois destiné à rassembler des fonds d’investissement dans des actifs mobiliers ou immobiliers. Le principe de répartition des risques est appliqué, ce qui renforce la sécurité offerte aux investisseurs en diversifiant les placements.

Le pays est connu pour ses fonds d’investissement dans tous les domaines. L’immobilier étant un secteur prisé des investisseurs, nous vous proposons de découvrir cinq véhicules d’investissement privilégiés pour structurer ce type de placement.

3

Fonds d’investissement alternatifs (FIA) réglementés par les gestionnaires Certains fonds d’investissement immobilier ne sont pas réglementés par des lois. Ils sont tout de même considérés comme étant des FIA en vertu de la directive 2011/61/UE. Ils doivent cependant être gérés. La CSSF définit ce dernier comme étant une personne morale dont l’activité consiste à gérer un ou plusieurs FIA. Ils sont également soumis à la surveillance de la CSSF. Une manière de contrôler de façon indirecte l’activité du fonds et d’offrir certaines garanties aux investisseurs.

4

Sociétés d’investissement en capital à risque (Sicar)

La Sicar s’adresse aux investisseurs avertis recherchant des rendements supérieurs à ceux du marché. Ce type de fonds est particulièrement utilisé pour soutenir la création, le développement ou l’introduction en bourse d’entreprises. L’immobilier peut également représenter un investissement. Une nouvelle fois, pour créer une Sicar, il est nécessaire d’obtenir une agrégation de la CSSF.

5

Fonds d’investissement non réglementés

28 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Auteur MARIE JACQUEMIN
Ces fonds peuvent prendre plusieurs formes juridiques. Généralement, elle est la société mère d’une holding. Les différentes entreprises appartenant à la structure peuvent elles­mêmes détenir des biens ou des véhicules. Les fonds non réglementés fonctionnent de la même manière que les fonds réglementés. Cependant, ils peuvent offrir une plus grande flexibilité ou des frais de gestion moins élevés. Ce type de fonds apporte, en revanche, un niveau de protection moindre par rapport aux fonds réglementés. À CONNAÎTRE

Why stability is set for the spotlight in 2023

The primary challenges facing investors continue to be historically high inflationary pressures and high interest rates. Many investors are uncertain where to turn, but if we look at markets through a fundamental lens, equities remain the asset class most likely to deliver a robust return able to offset inflation.

We believe the most successful companies in 2023 will be those with steady earnings and robust balance sheets, which can be stabilising forces against economic weakness and rising rates. Stable equities are typically less economically sensitive than the broader market, as the businesses typically offer products or services that are essential to everyday consumption.

While such companies largely enjoy consistent demand throughout an economic cycle, it is vital to identify companies able to complement steady demand with pricing power. This is particularly important in an inflationary

environment, such as the one we are currently witnessing, as those with pricing power are in a far better position to continue delivering sales growth by passing on cost increases.

In addition, it is crucial to target companies with strong balance sheets, which can ensure sales growth translates into earnings growth. Such companies offer an element of inflation protection, without being highly cyclical and vulnerable to recession.

Finally, investors must keep a close eye on valuation –as a stable company is not automatically a stable share. Stable shares need to be trading on fundamentally attractive valuations. In this period of elevated economic uncertainty, we are convinced the market will appreciate the stable stock universe—which is in a better position to withstand today’s inflationary pressures.

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Élargir la boîte à outils pour les Reif

Dans un contexte de marché difficile, le Luxembourg reste un hub incontournable pour les fonds d’investissement immobilier (Reif). Mais, pour conserver sa position, le pays aurait intérêt à élargir sa boîte à outils, notamment en développant un régime Reit (real estate investment trust).

L’année 2022 a été marquée par le retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Cette situation difficile a eu des conséquences sur de nombreux secteurs d’activité, et l’immobilier, pourtant considéré comme particulièrement résilient, n’y échappe pas. En témoigne le ralentissement conséquent de ce marché au Luxembourg au cours des derniers mois. « Le constat est le même concernant les fonds d’investissement immobilier, et ce partout dans le monde , explique Lize Griffiths, real estate leader au sein de Deloitte Luxembourg. La hausse des taux d’intérêt concerne évidemment les prêts accordés par les banques pour tout investissement immobilier, ce qui impacte l’ensemble du secteur. Dans ce contexte incertain, les investisseurs et les gestionnaires de fonds sont prudents et les volumes d’investissement ont tendance à diminuer. »

En dépit de cette crise globale, le Luxembourg reste un domicile de choix pour les fonds d’investissement immobilier. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter l’enquête annuelle de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) sur les fonds immobiliers. En 2022, pas moins de 621 fonds immobiliers ont été répertoriés dans l’enquête. « Ce chiffre montre bien la popularité du Luxembourg comme hub pour les fonds d’investissement

immobilier, poursuit Lize Griffiths. Cela est lié, d’une part, au fait que l’appétit pour les fonds alternatifs reste important et, de l’autre, à la qualité de l’infrastructure luxembourgeoise pour la domiciliation des fonds. »

Les Raif explosent, en attendant le nouveau régime d’Eltif Le Luxembourg, en effet, offre un environnement privilégié pour ce type d’investissement, avec un grand nombre de véhicules disponibles. « La boîte à outils luxembourgeoise est très complète, avec des véhicules allant du fonds partie II, accessible aux investisseurs de détail, jusqu’aux fonds alternatifs directement ou indirectement régulés : SIF, Raif, sicar… », détaille Lize Griffiths. Certains véhicules, toutefois, s’avèrent plus populaires que d’autres. « Les Raif ont véritablement explosé au cours des dernières années, leur nombre ayant doublé entre 2019 et 2022, poursuit la real estate leader de Deloitte Luxembourg. Selon l’étude annuelle de l’Alfi, on compte à présent, au Luxembourg, au moins 170 Raif – contre 63 en 2019 – avec une stratégie d’investissement direct en immobilier. Cela est lié au fait que de nombreux investisseurs – fonds de pension, assurances, etc. – recherchent un véhicule d’investissement à la fois rapidement commercialisable, flexible et sûr

LIZE GRIFFITHS Real estate leader Deloitte Luxembourg
30 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
« Notre boîte à outils est très complète, avec les véhicules Eltif, le fonds partie II ou encore les fonds alternatifs. »
Auteur QUENTIN DEUXANT
RÉGIME SPÉCIAL

grâce à un cadre légal adapté. Le Raif, indirectement régulé via le gestionnaire du fonds, offre ces différentes qualités. »

La nouvelle version d’Eltif (European long-term investment funds), qui entrera en vigueur début 2023 et s’appliquera réellement neuf mois plus tard, viendra bientôt compléter la boîte à outils luxembourgeoise en matière d’investissement immobilier. « 84 fonds de ce genre ont déjà été créés depuis le début de l’année en Europe. La majorité est domiciliée au Luxembourg. L’intérêt de ce véhicule, qui simplifie la définition de ce qu’est un ‘actif réel’, est qu’il donne accès à des fonds d’investissement immobilier à des investisseurs de détail, ce qui était beaucoup plus compliqué auparavant. On espère donc que cette nouveauté dynamisera le marché au cours des prochains mois », explique Lize Griffiths.

Un futur entre prudence et inventivité

Pour assurer le développement de ces fonds au cours des prochains mois, la clé sera de parvenir à gérer l’illiquidité de ces placements. « En utilisant des outils dédiés, les gestionnaires de fonds vont devoir gérer à la perfection ce caractère illiquide des investissements immobiliers dans un contexte où certains investisseurs vont avoir besoin de liquidités. D’un autre côté, l’inflation va faire augmenter les loyers et représente

donc aussi une aubaine pour les investisseurs. Il leur faudra donc savoir où placer le curseur, entre la prudence nécessaire en raison de l’illiquidité de leur investissement et la volonté de profiter d’un contexte inflationniste qui peut leur être bénéfique », relève Lize Griffiths.

Au-delà des nouveaux véhicules que nous avons évoqués, le Luxembourg pourrait également tirer profit d’un élargissement de sa boîte à outils. « Le régime Reit n’existe pas encore dans la loi luxembourgeoise, alors qu’il est très populaire dans d’autres pays. Il constitue en effet un véhicule adéquat pour les investisseurs qui privilégient les rendements réguliers et qui visent un retour stable sur le long terme. Dans ce contexte incertain, le moment me paraît particulièrement bien choisi pour offrir cet outil supplémentaire aux investisseurs », conclut Lize Griffiths.

En 2022, 621 fonds directs d’investissement immobilier étaient inclus dans l’étude annuelle publiée par l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi). Le Luxembourg est donc un hub important pour ce type d’investissement.

En novembre dernier, l’Alfi présentait la 16e édition de son enquête sur les fonds d’investissement immobilier. L’occasion d’obtenir une photographie détaillée de ce marché au Luxembourg, mais aussi d’observer des tendances fortes, à commencer par la croissance soutenue des fonds de grande taille, comptant plus d’un milliard d’euros sous gestion.

L’enquête de l’Alfi s’arrête ensuite sur les véhicules qui sont privilégiés par les investisseurs pour mettre en place un fonds dédié à l’immobilier. Les Raif (reserved alternative investment funds) sont très bien représentés parmi les 621 fonds d’investissement immobilier

inclus dans l’enquête. Ils sont aujourd’hui 172, soit presque deux fois plus qu’en 2020 (98) et trois fois plus qu’en 2019 (63). Ils représentent ainsi 28 % de tous les fonds immobiliers luxembourgeois, mais sont toujours derrière les SIF (specialised investment funds) –37 % – et les SCS/SCSp (sociétés en commandite spéciale) – 53 %. Notons par ailleurs que les FCP (fonds communs de placement) voient leur nombre augmenter en 2022 (98, contre 86 en 2021 et 76 en 2020). Les fonds immobiliers du Luxembourg sont le plus souvent initiés depuis l’Europe (Benelux, Allemagne et Royaume-Uni) –à 84,3 % – et l’Amérique – 7,5 %.

L’enquête de l’Alfi permet aussi d’identifier quelles étaient les stratégies privilégiées par les gestionnaires de fonds immobiliers en 2022. À ce niveau, ce sont les stratégies multisecteurs qui ont continué à tenir le haut du pavé au cours de l’année écoulée : 49 % des fonds optent pour cette stratégie, soit plus qu’en 2021 (47 %), 2020 (42 %) et 2019 (33 %). En ce qui concerne les stratégies « single sector », le résidentiel est privilégié (12 %), suivi du bureau (7 %) et du commerce (6 %). Quant à l’argent rassemblé dans ces structures, il a permis d’investir dans des projets situés en Europe (66 %), mais aussi en Amérique du Nord

(9,2 %) et dans la région AsiePacifique (6,9 %). 8,2 % de ces fonds ont investi globalement, sans région de préférence.

Concernant les actifs sous gestion dans des fonds d’investissement immobilier luxembourgeois, les chiffres au troisième trimestre 2022 restent encourageants, avec un total s’élevant à 126,769 milliards d’euros, en hausse par rapport aux années précédentes. Un chiffre particulièrement impressionnant si l’on jette un œil plus loin dans le rétroviseur : en 2012, on ne comptait que 1,843 milliard d’euros placés dans de tels fonds.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 31 Fonds d′investissement
621
Un état des lieux des Reif

Parlez-vous Reif ?

Fonds d’investissement immobilier

Commençons par les bases en définissant les fonds d’investissement immobilier. Initialement, un fonds d’investissement est un produit financier dans lequel plusieurs souscripteurs ayant les mêmes objectifs investissent leurs capitaux. Dans le cas des Reif (real estate investment funds, pour « fonds d’investissement immobilier »), les capitaux sont investis dans des biens immobiliers tels que des bureaux ou des surfaces commerciales.

Charte de pondération

Utilisée par les experts immobiliers, la charte de pondération permet de calculer la valeur locative d’un bien. Concrètement, lors de la mise en location d’une surface commerciale, un montant doit être défini pour le loyer. La charte de pondération fournit à l’expert un certain nombre de facteurs qu’il prend en compte pour calculer la valeur pondérée du mètre carré du local. La localisation, l’étage auquel se situe le bien, sa surface et son éclairage… De nombreux paramètres influencent cette pondération.

Yield

Le yield, que nous pouvons traduire par « rendement », est un paramètre important pour les investisseurs. En effet, il s’agit du revenu généré par l’investissement, qui dépend du capital initialement investi. Suivant le fonds d’investissement choisi, ce rendement peut être plus important. Lorsqu’il s’agit d’estimer le rendement annuel d’un fonds, de nombreux paramètres sont pris en compte. Cependant, il ne s’agit que d’une estimation, considérant que de nombreux facteurs peuvent influencer les marchés.

Société en commandite spéciale (SCSp)

Constituée des commanditaires et des partenaires illimités, la société en commandite spéciale partage de nombreuses caractéristiques avec la société en commandite simple. La différence majeure réside dans le fait que les associés commanditaires ne verront en aucun cas leur responsabilité engagée. Cependant, cela peut changer automatiquement s’ils participent à des actes de gestion à l’égard des tiers. Ces tâches sont réalisées par les associés commandités.

Liquidity management

La gestion des liquidités, traduction française de liquidity management, est une étape essentielle du processus d’investissement. En effet, cela permet de vérifier que l’investisseur détient bien les fonds qu’il prétend avoir en sa possession. Tout au long de la vie du fonds, les gestionnaires estiment de quelle manière ces liquidités seront affectées selon les situations.

32 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Auteur MARIE JACQUEMIN
Quelques termes décortiqués pour aborder les real investment funds avec sérénité.
LEXIQUE

Thématique : une ressource essentielle pour les investisseurs

L’investissement thématique s’intéresse aux tendances attendues à long terme, ce qui permet d’accéder à des évolutions structurelles qui peuvent bouleverser une industrie.

L’investissement thématique est-il judicieux aujourd’hui malgré des conditions de marché agitées ? Chez BlackRock, nous pensons que l’investissement thématique est judicieux à tout moment. Notre rôle est d’aider les investisseurs à naviguer dans les cycles à court terme pour profiter des tendances à long terme. Notre gamme d’ETF (fonds indiciels cotés en Bourse) thématiques illustre la façon dont nous pouvons tirer parti des vastes ressources de BlackRock pour identifier les grandes rotations macroéconomiques futures.

La gestion indicielle est-elle le meilleur moyen d’obtenir une exposition thématique ?

A la différence des ETF standards, les ETF thématiques sont composés de titres qui ne sont limités ni par secteur ni par pays, mais par thème. L’un des obstacles à l’investissement thématique était le coût associé à la sélection manuelle des actions dans le cadre d’une gestion active. Cela évolue avec la hausse des données d’entreprises disponibles qui permet aux gestionnaires d’actifs de limiter le fossé entre les gestions actives et indicielles.

Comment l’investissement thématique permet de réagir à un environnement macroéconomique changeant ?

L’investissement thématique en ETF présente une pléthore d’options à travers les secteurs. Les thèmes des fonds iShares sont intrinsèquement liés à des objectifs de développement durable des Nations unies. Les produits thématiques sont ainsi particulièrement efficaces pour fournir des histoires que les investisseurs peuvent comprendre, ce qui les aide à adapter leurs portefeuilles au fil des tendances d’actualité macroéconomiques ou sociétales.

Avertissements : Risque de perte en capital. La valeur des investissements et le revenu en découlant peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et ne sont pas garantis. L’investisseur n’est pas assuré de récupérer son investissement initial. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances actuelles ou futures et ne doivent en aucun cas constituer le seul facteur de sélection d’un produit ou d’une stratégie. Les fluctuations des taux de change entre les devises sont susceptibles d’entraîner une diminution ou une augmentation de la valeur des investissements. Les fluctuations peuvent être particulièrement importantes pour les fonds dont la volatilité est plus élevée et la valeur d’un investissement peut diminuer subitement et de manière substantielle. Les niveaux d’imposition et leur assiette peuvent évoluer à tout moment.

Information réglementaire : Dans l’Espace économique européen (EEE) : ce document est émis par BlackRock (Netherlands) B.V. et est autorisé et réglementé par l’Autorité néerlandaise des marchés financiers. Siège social Amstelplein 1, 1096 HA, Amsterdam, tél. : 020 - 549 5200, tél. : 31-20-549-5200. Registre du commerce n° 17068311. Pour votre protection, les appels téléphoniques sont généralement enregistrés. © 2023 BlackRock, Inc. Tous droits réservés. [MKTGM0223E/S-2728173-1/1]

Homme portant des lunettes de réalité virtuelle.
PARTNER CONTENT
Crédits Westend61

« Investir dans un fonds : une source de diversification et de performance »

CEO Luxembourg et chief client officer au sein de BNP Paribas Real Estate Investment Management, Laurent Ternisien évoque les perspectives du marché de l’investissement immobilier en 2023.

Interview QUENTIN DEUXANT
Photo ROMAIN GAMBA
34 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Conversation Laurent Ternisien
Laurent Ternisien souligne l’importance des nouvelles stratégies d’agencement des bureaux pour attirer les collaborateurs.

L’année 2022 a été mouvementée, avec d’importants bouleversements économiques. Comment ont-ils impacté le marché de l’investissement immobilier ?

En 2022, nous avons assisté à un changement fondamental dans le comportement des investisseurs particuliers. Alors qu’ils avaient été plutôt attentistes depuis le Covid, ils ont commencé à réinvestir dans l’immobilier dans le courant de l’année 2022, principalement pour se protéger contre l’inflation. D’un autre côté, les investisseurs institutionnels ont adopté une attitude plus prudente durant la deuxième partie de l’année, attendant de voir les prix remonter. Au terme de l’année 2022, durant laquelle nous avons levé un milliard et demi d’euros, la répartition s’était ainsi inversée : deux tiers de ces actifs provenaient d’investisseurs particuliers, tandis qu’un tiers était issu d’institutionnels. Ce phénomène constitue une réelle nouveauté.

Le ralentissement du marché immobilier est-il de nature à se prolonger sur une partie de l’année 2023 ?

Il est vrai que les volumes d’investissement ont quelque peu diminué en 2022, de même que les prix en eux-mêmes, particulièrement dans des zones géographiques bien définies, comme l’Allemagne, et sur des classes d’actifs comme la logistique, les bureaux situés dans les périphéries, ainsi que les commerces. Dans notre rapport Lighthouse annuel, qui vise à offrir une vue prospective aux investisseurs, nous avons estimé que ce phénomène de baisse des prix devrait se poursuivre durant les deux premiers trimestres 2023, mais pas au-delà.

Après cette année difficile, quelles sont les principales tendances qui porteront l’immobilier d’investissement en 2023 ?

Quelles sont les stratégies à adopter ?

Chez BNP Paribas REIM, nous développons toujours nos convictions sur base de mégatendances, qui ont à voir avec l’évolution démographique, technologique, sociale, etc., et qui sont vouées à s’inscrire dans la durée. Au cours des derniers mois, nous avons ainsi lancé une série de fonds qui, selon nous, répondent à des besoins

très actuels. Le premier est une structure paneuropéenne dédiée au secteur de la santé. Son but est de financer des cliniques, des maisons de repos et d’autres infrastructures médicales qui sont indispensables pour répondre aux besoins structurels liés au vieillissement de la population. Lancé en mars 2020, il dépasse déjà le milliard d’euros d’actifs sous gestion. Une autre tendance fondamentale est celle de l’ESG. À l’heure actuelle, 85 % de nos fonds ouverts à la collecte sont déjà classifiés Article 8 ou 9 de la Sustainable Finance Disclosure Regulation.

Qu’en est-il de l’immobilier de bureaux, qui avait souffert durant la pandémie ? L’immobilier de bureaux constitue toujours un pan essentiel de notre industrie, considérant que ces actifs représentent plus de 50 % du stock d’immeubles en Europe. Même si les volumes sont en baisse, la demande reste forte. Les immeubles de bureaux post-Covid sont toutefois un peu différents de ceux que l’on connaissait avant. Cela peut paraître contre-intuitif au Luxembourg, où l’on essaie de décentraliser les bureaux pour éviter les soucis de circulation, mais la tendance générale est justement de placer les lieux de travail au cœur des villes pour attirer les collaborateurs, d’accorder moins de place au bureau individuel et davatange aux espaces partagés, etc.

Comment attirer les investisseurs de détail vers les fonds d’investissement immobilier ? Des nouveaux véhicules, comme l’Eltif, pourront-ils changer la donne ?

Le problème, au Luxembourg, concernant l’attraction des investisseurs de détail, est que l’épargnant classique a plutôt tendance à acheter un appartement en guise de placement plutôt qu’à investir dans un fonds immobilier. Or, mieux vaut investir dans un fonds qu’acheter un appartement. Le fonds offre une plus grande diversification, en termes de types d’actifs et de zones géographiques, et s’avère souvent plus performant. Au-delà des véhicules utilisés, il y a donc une forme d’éducation à faire par rapport à l’intérêt de ces produits.

PARTENAIRE DES LUXREAL × PAPERJAM + DELANO REAL ESTATE AWARDS

Membre du board de LuxReal depuis un an, BNP Paribas Real Estate Investment Management se réjouit de voir arriver la première édition des LuxReal Awards, organisés en collaboration avec Paperjam et Delano Dans la continuité de la mission de LuxReal, qui est notamment de renforcer l’industrie immobilière au Luxembourg, ces prix, remis le 11 mai, mettront à l’honneur les meilleurs projets immobiliers dans différentes catégories, mais aussi des fonds et des personnalités.

« L’immobilier de bureaux constitue toujours un  pan essentiel de notre industrie. »
36 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Laurent Ternisien

PME : SCALE ME UP !

FR Colonne vertébrale de l’économie luxembourgeoise, les PME font preuve d’inventivité et de pragmatisme pour accélérer et structurer leur croissance de façon échelonnée. Innover, recruter, produire, vendre, lever des fonds : ces dirigeants cumulent les défis. Ils sont à l’honneur lors de ce 10×6. Cette soirée sera ouverte par un mot de bienvenue de M. Lex Delles, ministre des Classes moyennes et ministre du Tourisme.

EN As the backbone of the Luxembourg economy, SMEs are showing inventiveness and pragmatism in order to accelerate and structure their growth in a staggered way. Innovating, recruiting, producing, selling, raising funds: these leaders face many challenges. They will be particularly highlighted during this 10×6 event. The evening will be opened by a welcome speech from Mr Lex Delles, minister for Small and Medium-Sized Entreprises and minister for Tourism.

25 April 2023 18:30 22:30

Athénée de Luxembourg

24, Bd Pierre Dupong

L-1430 Luxembourg

Registration on paperjam.lu/club

Damien Chasseur Positive Thinking Company Genna Elvin Tadaweb Myriam Filali Rockids Felix Hemmerling Kodehyve Patrick Kersten Vesperia Vincent Lyonnet Steel Shed Solutions Aida Nazari LuxAI Carolyn Prestat Fiveoffices Jean-Marc Ueberecken Arendt & Medernach Clémentine Venck Cocottes
GOLD PARTNER
Welcome address by Lex Delles, minister for Small and Medium-Sized Entreprises and minister for Tourism

Transformer les sites et quartiers en lieux de vie

Nhood fédère les principaux métiers du secteur immobilier avec des solutions pour accompagner les propriétaires publics et privés, ainsi que les entreprises et les marques, dans la création de valeur durable pour leurs actifs.

Monsieur Perino, pouvezvous présenter Nhood ?

Nhood est la contraction de « neighbourhood ». Nous sommes convaincus depuis toujours que le succès d’un lieu dépend de la vie de quartier qui se développe autour. Le rôle de Nhood est donc de créer, dynamiser, transformer et animer des quartiers et actifs immobiliers pour en faire des lieux de vie qui soient singuliers et innovants. Nhood est une société de solutions et de services

immobiliers spécialisée dans le retail, le food & beverage et la régénération urbaine. Nous sommes une société familiale, avec un ADN de commerçants du fait de notre appartenance à l’actionnaire AFM (Association familiale Mulliez).

Avec quels objectifs Nhood Luxembourg a-t-elle vu le jour ?

En tant que société de services, notre but est d’accompagner les propriétaires, les

investisseurs, les entreprises et les enseignes commerçantes afin de transformer et valoriser leurs sites immobiliers retail et urbains dans un environnement en mutation rapide et permanente. Pour se distinguer, ces espaces ne doivent pas être monothématiques mais mixtes, avec plusieurs fonctions et pas uniquement du commerce. Nhood s’emploie à privilégier cette pluralité d’usages. Nous accompagnons ainsi nos clients sur quatre axes.

Photo Marie Russillo (Maison Moderne) Contenu sponsorisé par NHOOD LUXEMBOURG Immobilier
38 FONDS D’INVESTISSEMENT MARS 2023
Matteo Perino, directeur général de Nhood Luxembourg, société de conseils, solutions et services immobiliers.

D’abord, développer la mixité d’usages en créant des lieux de vie diversifiés pour vivre une expérience. Ensuite, augmenter l’attractivité des lieux gérés, leur fréquentation, et donc le chiffre d’affaires. Puis aider les commerçants à croître, tant en termes de chiffre d’affaires que de développement immobilier. Enfin, avoir un triple impact positif : pour les personnes (résidents et travailleurs), pour la planète (via l’économie circulaire et la certification des sites) et pour la prospérité. Les actions menées dans la restructuration d’un site et les animations réalisées s’inscrivent donc toujours sous ces « 3P ». Nous animons et gérons actuellement le centre commercial de la Cloche d’Or et celui du Kirchberg.

Comment participez-vous à la régénération d’un site ?

Nous nous donnons pour mission de transformer les sites afin d’y rapprocher les fonctions : logement, travail ou encore espaces de loisirs. La méthode privilégiée dans ce contexte repose sur la participation et l’écoute, en intégrant les principes de la ville des courtes distances. La revalorisation d’un site implique de faire appel à l’ensemble des parties prenantes, d’être attentif aux besoins des clients et aux sensibilités de chacun et, enfin, de créer un lieu partagé avec toutes les personnes qui participent à la vie de celui-ci.

Quels services proposezvous dans ce contexte ?

Nous proposons des services de property

NHOOD LUXEMBOURG EN CHIFFRES

+ 10 années de présence au Luxembourg

35 collaborateurs aux  expertises variées

300 baux sous gestion, 137.000 m² de retail et 50.000 m² de bureaux gérés

100 %

des sites certifiés BREEAM

In-Use, label qui garantit les performances environnementales des sites que nous gérons

management, d’asset management, de marketing et conseil aux entreprises, de commercialisation, ainsi que du développement et de la promotion pour les sites que nous revitalisons.

Quelles sont vos ambitions à la tête de Nhood Luxembourg pour cette année ?

Il s’agit d’abord de gérer et d’animer nos sites de la meilleure manière possible pour qu’ils soient toujours plus surprenants et dynamiques et que les visiteurs et nos clients soient satisfaits. Nous souhaitons ensuite développer, avec les propriétaires immobiliers, développeurs, enseignes et commerçants, des partenariats qui ont du sens et qui s’inscrivent dans la durée. Enfin, notre souhait est de continuer à régénérer des sites, en collaboration avec des acteurs partageant le même intérêt pour un triple impact positif.

ENTRETIEN AVEC

EMILIE PERNOT

Directrice du développement commercial

Emilie Pernot a récemment pris la direction du développement commercial et accompagne les clients dans toutes les étapes de leurs projets. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, elle s’est fixé plusieurs priorités. En tant que plateforme de services à 360°, le leitmotiv de Nhood est de créer des lieux « en mieux ». Ensuite, il s’agit d’accompagner les propriétaires et entreprises pour concevoir ces lieux grâce au savoir-faire d’experts. Et, enfin, d’aider les enseignes et marques dans leur développement au Luxembourg, dans la définition de leur stratégie et de leur concept, et dans la recherche d’un emplacement.

L’exemple d’un Big Four Durant près de six mois, nous avons travaillé en étroite collaboration avec un Big Four avec lequel nous partageons des valeurs communes autour des « 3P » (people, planet, prosperity), permettant à Nhood de valoriser ses expertises leasing et marketing. Nhood a travaillé sur l’offre de restauration collective de cette entreprise et accompagné cette dernière sur trois problématiques : faire de la restauration un levier créateur de valeur pour les collaborateurs et l’entreprise, incarner ces valeurs et le positionnement unique de la société à travers ces espaces et, enfin, offrir des plats variés adaptés aux besoins des salariés et aux tendances.

Solutions offertes

Quatre axes d’accompagnement ont été proposés : l’optimisation et le renforcement de l’offre food, la fluidification du parcours client et la création d’espaces adaptés, la mise en place de services physiques et digitaux et la création d’un programme d’animation des espaces.

Pour en savoir plus sur Nhoodrendez-vousLuxembourg, sur www.nhood.lu

« Nhood est une plateforme de services à 360° »
BRAND VOICE
FONDS D’INVESTISSEMENT MARS 2023 39

Face aux crises, les Reif et l’enjeu de la gestion de la liquidité

Alors que les marchés sont en proie à une grande incertitude, dans un contexte économique marqué par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, comment les enjeux de liquidité sont-ils appréhendés par les gestionnaires de fonds immobiliers ?

L’industrie des fonds joue un rôle-clé au niveau du système financier. Elle constitue une source de financement indispensable au fonctionnement de l’économie, permettant le développement de projets entrepreneuriaux et soutenant aussi le secteur public face à ses besoins divers. Pour l’investisseur, l’activité de gestion d’actifs permet de mettre son épargne au travail, notamment pour pourvoir à des besoins financiers futurs, liés à la retraite par exemple, ou encore pour préserver son patrimoine face à l’inflation.

L’écosystème, pour répondre aux besoins des uns et des autres, doit toutefois veiller à certains enjeux, et notamment à une gestion responsable de la liquidité. Imaginons la situation d’investisseurs souhaitant, pour une raison ou une autre, récupérer les montants investis en revendant leurs parts d’un fonds et que, en raison d’une immobilisation des ressources financières, celui-ci soit incapable de les leur restituer. « Les vulnérabilités structurelles dues à une inadéquation des liquidités sont des problèmes bien connus qui sont abordés depuis des années par les régulateurs nationaux et internationaux, ainsi que par les gestionnaires d’actifs, reconnaît David Zackenfels, senior legal adviser au sein de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement). L’alignement de la liquidité

entre les actifs et les passifs d’un fonds est, et a toujours été, une considération essentielle pour les gestionnaires d’actifs. »

Inquiétudes seulement à court terme La nature de l’actif immobilier, plus particulièrement, exige d’opérer avec prudence lorsque l’on évoque les enjeux de liquidité. En effet, l’investissement immobilier implique une immobilisation importante du capital au niveau du bien acquis. Ces montants ne peuvent être libérés qu’au moment de la revente de l’actif. Et alors que le marché semble ralentir au Luxembourg et dans d’autres régions du monde, en raison d’une hausse des taux d’intérêt, de nouvelles inquiétudes apparaissent. «  Nous sommes actuellement confrontés à de fortes hausses des taux d’intérêt sur une période relativement courte. Or, il est vrai que la hausse des taux d’intérêt est souvent associée à une baisse des prix de l’immobilier », commente David Zackenfels, prenant soin de tempérer la situation et d’inviter à la prudence. À ses yeux, il est à ce jour difficile d’anticiper l’impact de la décision d’une banque centrale de relever les taux d’intérêt. En outre, il faut prendre un peu de recul à l’égard de ces transformations et distinguer les effets à court et moyen termes. « En résumé, si le tableau

ZACKENFELS
40 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
« L’immobilier demeure avant tout un investissement générant des revenus récurrents. »
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE
GESTION

s’assombrit, c’est principalement pour les investissements immobiliers à court terme, mais cela fait partie de l’évolution normale du marché, avec une hausse des taux qui intervient après une longue période où ils ont été très bas. En outre, l’immobilier, en raison de sa nature, demeure avant tout un investissement générant des revenus récurrents et de la valeur sur le long terme. »

Fonds ouverts vs fonds fermés Y a-t-il lieu de s’inquiéter, au regard de la situation de marché, vis-à-vis de ces enjeux de liquidité ? Dans le domaine de l’investissement immobilier, ces problématiques sont bien appréhendées, tant par les régulateurs que par les acteurs qui font l’objet de leur surveillance. « Les fonds d’investissement immobilier sont souvent fermés, commente David Zackenfels. Selon notre enquête Alfi Reif Survey 2022, c’est le cas de près de deux tiers (64 %) des fonds immobiliers. »

Qu’en est-il toutefois des fonds immobiliers ouverts, offrant plus de flexibilité aux investisseurs ? Les gestionnaires de ces véhicules doivent mettre en place des mécanismes de liquidité appropriés, au regard de la nature des actifs et des enjeux de marché, pour répondre aux demandes des investisseurs. « Notre enquête de 2022, basée sur des données de 2021, révèle que ces outils

ne sont que rarement mobilisés. Compte tenu de l’évolution des marchés, il y a lieu de voir si, dans les mois à venir, le recours à ces outils sera ou non plus important. »

Pas de risque substantiel Selon une récente mission de surveillance menée par l’Esma autour de ces enjeux de liquidité, il n’y a actuellement pas de risque substantiel pour la stabilité financière. La clé, lorsque l’on évoque les enjeux de liquidité, réside dans une bonne anticipation et préparation des éventualités qui pourraient survenir. « Nos membres affirment qu’ils testent régulièrement leur capacité à réagir, sur un plan opérationnel, à diverses situations particulières, comme des rachats importants de la part des investisseurs ou des problèmes liés à la valorisation, commente le conseiller de l’Alfi. Il faut que les outils de gestion de la liquidité soient adaptés en permanence aux besoins et à la situation de marché. » En tant qu’association, l’Alfi maintient un dialogue permanent avec ses membres autour de ces enjeux d’actualité. « Si la hausse des taux d’intérêt peut être un sujet de préoccupation, souligne David Zackenfels, on constate aussi une demande croissante pour le segment des investissements alternatifs et des actifs privés, dont l’immobilier est un pilier solide dans une perspective à long terme. »

Selon l’enquête Alfi Reif Survey 2022, 64 % des fonds d’investissement immobilier sont fermés. David Zackenfels explique que, « pour ces véhicules, pendant toute leur durée de vie, on ne devrait pas avoir de répercussions liées à certains effets de marché causés par l’évolution des taux d’intérêt, de prêt, etc. ».

Des outils de gestion de la liquidité

Le régulateur européen des fonds (Esma), en collaboration avec les autorités compétentes nationales (dont la CSSF), a récemment réalisé une étude portant sur le risque de liquidité au niveau des fonds de dettes accordées aux entreprises et des fonds immobiliers. Les résultats montrent que les fonds inclus dans le champ de l’analyse ne présentent pas de risque substantiel pour la stabilité financière. Si le degré de conformité global est satisfaisant, l’étude met également en évidence certaines possibilités d’amélioration et de surveillance continue, notamment en ce qui concerne les tests de résistance des liquidités et l’évaluation des actifs moins liquides. Si l’on évoque les outils

de gestion de la liquidité des fonds ouverts, la CSSF a récemment présenté un travail d’évaluation empirique de leur efficacité. Ces outils sont les suivants : la gestion du portefeuille des fonds, y compris des liquidités et autres actifs liquides, l’utilisation du swing pricing ou encore la suspension temporaire des rachats. Dans les conclusions de son document de travail, la CSSF indique notamment que, pour la plupart des fonds, « le ratio d’actifs liquides dépasse généralement les rachats quotidiens maximums, ce qui suggère que ces fonds ont des tampons de liquidité suffisants pour faire face à des rachats élevés ». Le document précise aussi que les estimations des gestionnaires de

fonds sur la manière dont la liquidité du portefeuille du fonds serait affectée dans un scénario de stress varient considérablement d’un fonds à l’autre. « Certaines évaluations peuvent sous-estimer l’impact potentiel des ventes concertées des mêmes actifs, ou d’actifs fortement corrélés, par d’autres fonds », lit-on dans les conclusions. Une autre gestion de la liquidité, bien que peu utilisée par les fonds immobiliers, réside dans le mécanisme de swing pricing, dont l’objet vise à répercuter les coûts de transaction sur les investisseurs. Le swing pricing atténue la dilution de la valeur du fonds. Il atténue aussi les sorties de fonds lors d’épisodes de volatilité élevée du marché. Enfin, les fonds

suspendent rarement les rachats.

« Les suspensions précèdent souvent la fermeture définitive et la liquidation du fonds. Elles peuvent également entraîner des sorties plus importantes de fonds ayant des portefeuilles similaires, précise le communiqué. Des taux de survie plus faibles et des effets de signal négatifs peuvent impliquer que les fonds attendent trop longtemps avant de suspendre les rachats. » Dans l’ensemble, ces résultats confirment généralement la pertinence et l’efficacité de ces outils pour contribuer à la gestion globale du risque de liquidité des fonds ouverts, en particulier pour aider les fonds ouverts à gérer les sorties importantes.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 41 Fonds d′investissement
64 %

Au Luxembourg, les fonds immobiliers s’érigent sur de solides fondations

La croissance soutenue du volume d’actifs au sein des Reif

Ces dernières années, l’investissement au sein des fonds immobiliers a connu une croissance soutenue. En 2022, bien que la conjoncture économique ait entraîné un recul conséquent des valeurs à l’échelle des marchés financiers, le volume d’actifs gérés au départ de fonds immobiliers domiciliés au Luxembourg a continué d’évoluer à la hausse.

280
3.235 850 2.280 14.746 6.180 24.082 1.843 49.597 993 90.652 2.843 115.726 4.328 4.495 4.495 121.311 126.769 42 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 RADIOSCOPIE 2000 2004 2012 2016 2020 Q1 Q2 Q3 2008
Part II funds SIFs 0 30.000 60.000 90.000 120.000  En millions d’euros 2022

Au regard des indicateurs de la CSSF et des résultats de l’Alfi Reif Survey 2022, l’activité des fonds immobiliers (Reif) se porte bien au Luxembourg. Ses acteurs, en outre, gagnent en maturité, comme en témoigne la diversification des stratégies mises en œuvre.

Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTE

Dans quels biens les fonds immobiliers investissent-ils ?

Où investissent les Reif ?

En 2022, 66 % des Reif concentrent leurs investissements dans l’UE – un taux stable par rapport aux données de 2021.

Amérique centrale et du Sud

Amérique du Nord

Pas de focus (global)

Asie/Pacifique

Liquidité des fonds d’investissement immobilier

64 % des fonds immobiliers interrogés sont fermés. En 2019, les fonds ouverts sans restrictions représentaient 6 %, soit la moitié du niveau actuel.

Multisecteurs Tous les secteurs Bureau Vente au détail

Industriel Résidentiel Hospitalité

Autres secteurs spécialisés uniques

EU

Moyen-Orient et Afrique

Autre (Europe)

Fermé Ouvert (aucune restriction)

Ouvert (avec restrictions)

Semi-ouvert (non continu)

D’où sont originaires les investisseurs ?

L’origine des investisseurs est restée stable au fil des ans. Derrière les lancements de Reif, on constate que l’écrasante majorité des investisseurs sont européens.

Fonds d’investissement
Amérique Afrique Asie/Pacifique Europe Hautement diversifiés Moyen-Orient FONDS D’INVESTISSEMENT MARS 2023 43
Part II funds SIFs Un nombre d’unités de fonds immobiliers stable 0 150 250 350 50 Unités de fonds 2000 2010 2020 Q1 Q2 Q3 2022 5 10 13 166 325 7 9 319
Source Alfi Luxembourg Reif Survey 2022 13 % 49 % 8 % 2 % 12 % 3 % 6 % 7 % 0 % 100 % EU + EFTA 20 % 40 % 60 % 80 % 12 % 64 % 23 % 1 % 0 % 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % 2019 2020 2021 2022

« Notre priorité est de verdir les immeubles »

Le secteur de l’immobilier vert connaît un essor dans une volonté d’investir de manière durable sur le long terme. L’occasion de décrypter les nouvelles opportunités et les nouveaux enjeux du verdissement de l’immobilier professionnel avec Aymeric De Sérésin, lead portfolio manager chez

Fidelity International.

WOLFF Interview BENOÎT THEUNISSEN
Photo GUY
44 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Aymeric De Sérésin

Les principales émissions carbone des entreprises de services proviennent de leurs occupations immobilières, rappelle Aymeric De Sérésin.

Quels sont les enjeux ESG de l’immobilier ?

Nous constatons que 40 % des émissions de CO2 dans le monde proviennent du stock immobilier. Dans les villes, ce chiffre tourne même autour de 60-70 %. Un autre constat est qu’au moins 80 % du stock immobilier se trouve encore loin de là où il devrait être pour répondre aux attentes de l’accord de Paris. Le stock de l’immobilier commercial est tout particulièrement concerné. Mais ce n’est pas tout. Notre secteur d’activité est assez lent, et nous voyons qu’à peine 1 % du stock immobilier est rénové chaque année. En continuant sur cette trajectoire, il y a un risque de manquer les objectifs de l’accord de Paris d’ici 2050.

Comment accélérer alors la transition du stock immobilier ?

Il y a l’idée un peu folle de tout mettre par terre pour ensuite reconstruire des actifs hyper-efficients. Mais il existe la notion d’embodied carbon qui implique qu’une destruction-reconstruction émet l’équivalent de quasiment 50 % des émissions carbone de l’immeuble. Cela veut dire que si nous devions opter pour cette solution, nous émettrions des quantités énormes de CO2 dans l’atmosphère. Il ne faut surtout pas faire ça. Notre choix porterait donc plutôt sur la rénovation du stock existant : en nous focalisant uniquement sur le stock existant, et sans faire de la rénovation lourde de bâtiments, nous pouvons contribuer à accélérer la transition vers du « net zéro carbone » pour l’immobilier tout en minimisant l’embodied carbon.

Quelles sont les opportunités pour les propriétaires d’immeubles ?

Nous observons que les entreprises qui occupent les immeubles ont un agenda « net zéro carbone » qui s’accélère. Il y a encore cinq ans, les gens commençaient à prendre de plus en plus conscience du problème climatique, et les entreprises prenaient des mesures pour s’aligner sur l’accord de Paris. C’est déjà du passé, à l’heure actuelle. Les entreprises accélèrent. Elles ne disent plus qu’elles doivent être prêtes pour 2050, mais bien pour 2030. Le secteur immobilier doit s’adapter pour accompagner cette tendance. Pour les

entreprises dans le secteur des services, la plus grosse partie des émissions carbone provient de leur occupation immobilière.

Quels obstacles y a-t-il au verdissement du stock immobilier ? Nous savons malheureusement que le stock immobilier n’est pas encore prêt. L’industrie immobilière a, pour sa part, un agenda « net zéro carbone » qui porte jusqu’en 20402045, alors que celui des sociétés se rapproche davantage de 2030. Nous entendons d’ailleurs même que certaines sociétés annoncent des dates autour de 2026-2027. Comment vont faire ces sociétés si elles ne peuvent pas louer des bâtiments qui ne sont pas capables d’opérer selon une approche « net zéro carbone » ?

C’est donc là que vous intervenez ?

La stratégie que nous avons mise en place consiste en effet à rénover des bâtiments existants, les rendre « net zéro carbone » pour ensuite les relouer. Nos chiffres montrent que la demande locative est très forte. Ce qui va alors nous permettre de profiter de cette situation au cours des cinq ou six prochaines années. Il y a un déséquilibre très fort entre, d’une part, la demande de plus en plus forte et, d’autre part, l’offre qui reste limitée. Nous voulons tirer avantage de ce marché.

Quels types d’actifs permettraient d’obtenir le plus d’impact ?

Il est plus pertinent, selon nous, de se positionner sur les secteurs des bureaux et de la logistique. Ces deux secteurs restent de loin les secteurs les plus liquides au niveau locatif, et ce sont aussi les deux secteurs sur lesquels un investisseur peut avoir le plus d’impact en matière de réduction de CO2. Nous considérons que le secteur retail reste plus limité et compliqué en raison du moindre niveau d’alerte – pour l’instant – des occupants retail sur les aspects ESG. Ils sont, dès lors, moins sensibles aux améliorations ESG que nous pouvons apporter à un bâtiment. Mais je ne doute pas que cela va arriver.

La rénovation du parc immobilier est donc la clé. Comment vous y prenez-vous pour réduire les taux d’émissions lors des rénovations ?

« Plus de 80 % du stock immobilier doit être rénové. »
46 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Aymeric De Sérésin

Nous sommes bien conscients des impacts CO2 d’une rénovation. Il y a cependant des statistiques qui nous montrent qu’entre une démolition-reconstruction et notre type de rénovation, il y a un facteur d’un à quatre en termes d’émissions carbone. Nous demandons donc à nos fournisseurs de comptabiliser tous les effets des émissions carbone sur leurs travaux, comme les entrées et sorties des camions sur les chantiers, ou le sourcing des matériaux et leur recyclage. Nous exigeons de leur part qu’ils réduisent l’impact carbone au maximum. Le but n’est pas de le mettre à zéro, on ne le pourra pas. Nous ne sommes pas favorables non plus à la réalisation d’offsetting que d’autres acteurs font en finançant de la reforestation. Ce n’est pas ce que nous voulons. Nous mesurons ce que nous faisons pour en minimiser l’impact au maximum.

D’où l’intérêt d’un monitoring et d’un reporting stricts ?

Nos fournisseurs doivent effectuer le reporting de leurs activités et nous le faire parvenir. Il sera disponible à tous nos investisseurs.

Pour y parvenir, comment allez-vous surmonter les défis posés par la disponibilité des données ?

Nous avons un partenariat avec une société tierce pour nous aider justement dans la collecte de ces données. Il existe énormément de données sous-jacentes, bien au-delà des simples consommations. Nous les collectons, les monitorons, en faisons des calculs et un reporting clair, aussi bien pour nous que pour nos investisseurs et le régulateur, dans le but de démontrer trimestriellement la progression de chacun des immeubles. Nous avons environ 20 indicateurs sur lesquels nous allons faire du reporting en temps presque réel.

Ces enjeux de reporting sont d’autant plus importants que la réglementation se renforce...

En effet, la réglementation en matière d’investissements responsables se durcit. L’harmonisation de cette réglementation va dans le bon sens, même si cela demande au secteur de s’adapter. Cela s’applique aussi au secteur de l’immobilier. Dans

VOUS AVEZ DIT FONDS ARTICLE 9 ?

Dans les colonnes de la presse financière, il est régulièrement fait référence aux fonds Article 6, Article 8 et Article 9. Il s’agit des articles du règlement européen sur la divulgation des informations relatives au financement durable, dit SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation).

Les fonds de l’Article 8 utilisent des critères de durabilité dans leur processus d’investissement, les fonds de l’Article 9 ont un objectif de durabilité pour leurs investissements, tandis que les fonds de l’Article 6 ne font aucune déclaration de durabilité.

cette optique, nous envisageons de transformer des immeubles pour les rendre compatibles avec les nomenclatures Article 8 et, surtout, Article 9 de demain. Ces fonds commencent à avoir des intransigeances sur ce qu’ils voudront acheter. Par exemple, ils ne pourront bientôt acheter que des immeubles capables d’opérer selon une approche « net zéro carbone ».

Comment identifiez-vous les immeubles à rénover ?

Plus de 80 % du stock immobilier doit être rénové. Nous allons donc puiser dans ce stock-là, qui est immense. De plus en plus de propriétaires d’immeubles sont conscients qu’ils font face au risque d’avoir des immeubles dans leur portefeuille dits stranded, des immeubles qui requièrent donc une injection de travaux assez importante. Tous les propriétaires ne disposent pas forcément des capacités, des équipes et de la connaissance pour ce faire. Et, chose aussi très importante, tout le monde n’a pas toujours le cash disponible pour cela. Nous connaissons ces propriétaires et avons des discussions avec eux pour leur proposer des solutions.

L’immobilier ESG apporte-t-il de meilleurs rendements que le non-ESG ?

Plus qu’une amélioration de rendement apportée par l’ESG, nous préférons regarder le risque induit par le non-ESG. En effet, nous sommes persuadés que si vous ne verdissez pas votre patrimoine, alors, à terme, votre patrimoine connaîtra une décote. Les investisseurs et les banques commencent à appliquer des décotes sur leurs prix. Ainsi, de plus en plus d’acteurs sont en train de procéder à l’analyse de leur portefeuille pour déterminer si – et à quelle date – chacun de leurs immeubles peut devenir stranded (non compatible avec l’accord de Paris 2050). Les évaluateurs immobiliers commencent eux aussi à refléter de telles décotes.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 47

Les fonds immobiliers ont souffert en 2022

Le ralentissement du marché tout au long de l’année 2022 a fait perdre de la valeur à de nombreux fonds d’investissement immobilier. Si parler de crise serait sans doute trop fort, ces structures ont toutefois dû apprendre à faire le gros dos.

Si les chiffres ne sont pas encore officiels, les signaux venus des professionnels du secteur, eux, sont clairs : le volume de transactions immobilières a considérablement diminué en 2022, au Luxembourg mais aussi de façon globale. Cette situation s’explique principalement par la crise économique à laquelle nous sommes confrontés depuis la guerre en Ukraine, marquée par une forte inflation et la hausse des taux d’intérêt. Et elle a eu des conséquences sur les acteurs de l’immobilier d’investissement. « Dans ce secteur qui, au Luxembourg, concerne principalement les bureaux et le retail, on s’est retrouvé tout à coup dans une situation où il était difficile de savoir quel était le prix du marché, étant donné que plus aucune transaction n’avait lieu, explique Jérôme Coppée, director Capital markets au sein de CBRE Luxembourg. Sur certains marchés plus profonds que le Luxembourg, quelques transactions ont tout de même eu lieu, donnant une direction aux investisseurs. Mais ce n’était pas le cas au Luxembourg, où quasiment aucune transaction majeure n’a eu lieu depuis le début de la crise. »

Alors que l’année 2023 est bien entamée, peut-on s’attendre à une reprise rapide du marché de l’immobilier d’investissement ? « La relative stabilisation

des taux d’intérêt à long terme depuis un gros trimestre donne une meilleure visibilité aux investisseurs, qui commencent à sortir de leur position attentiste. Les transactions commencent donc à reprendre doucement , poursuit Jérôme Coppée. Cela dit, nous estimons que les taux d’intérêt vont encore augmenter d’ici l’été 2023, avec un impact négatif sur les rendements, avant une vraie stabilisation au mois de septembre. » Pour les propriétaires qui ont une échéance de refinancement, le coût de leur prêt s’avérera beaucoup plus élevé qu’il y a quelques années… De quoi les inciter à vendre – alors qu’ils n’en voyaient pas l’intérêt avant – et alimenter à nouveau le marché.

Des pertes brutales

Cette marche au ralenti du marché a donc eu de nombreuses conséquences sur le secteur de l’immobilier d’investissement. Les fonds, qui placent de l’argent dans différents actifs immobiliers, ont notamment accusé le coup. « Nous ne suivons pas directement les fonds d’investissement immobilier, mais nous savons qu’ils ont connu des pertes de valeur au cours des derniers mois, plus brutales que dans l’immobilier physique , relève Jérôme Coppée. Si l’on excepte les fonds actifs dans le retail, toutes les structures

JÉRÔME COPPÉE Director Département Capital markets de CBRE Luxembourg
48 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
« Certains fonds devront se séparer d’actifs immobiliers. Mais il y a de la liquidité sur nos marchés : si un fonds doit vendre, il trouvera des acheteurs. »
Auteur QUENTIN DEUXANT
TRANSACTIONS

de ce genre, en Belgique et au Luxembourg, ont souffert en 2022. »

Pour maintenir le bateau à flot, différentes options s’offrent aux gestionnaires de ces fonds. Elles dépendent en grande partie des conditions de refinancement qu’ils obtiennent une fois leur financement arrivé à échéance. « Il n’est pas facile de recapitaliser le fonds lorsqu’il a perdu beaucoup de valeur. Pour certains, il sera indispensable de vendre, de se séparer de certains actifs », estime le director Capital markets de CBRE. Heureusement, nous ne nous trouvons pas dans un véritable contexte de crise. « Il y a de la liquidité sur ce marché : si un fonds doit vendre, il trouvera des acheteurs , assure Jérôme Coppée. Ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour vendre, mais, si on y est obligé, on devrait y parvenir sans que la perte soit trop importante. Je ne pense toutefois pas qu’au Luxembourg et en Belgique, nous nous trouvions dans une situation où les fonds d’investissement soient contraints de liquider. La situation pourrait être par contre nettement plus tendue pour les fonds résidentiels aux Pays-Bas ou dans les pays nordiques, par exemple, qui ont investi dans des actifs avec des rendements initiaux très faibles, sous le niveau des taux d’intérêt actuels. »

Des fondamentaux dans le vert  S’il est difficile de savoir précisément quand le marché repartira à la hausse –et, avec lui, l’activité des fonds d’investissement immobilier –, on peut toutefois se rassurer en se rappelant que tous les fondamentaux du marché au Luxembourg sont au vert. « Même en 2022, la diminution des prises en occupation était fondamentalement liée à un manque de produits disponibles sur le marché. Le pourcentage de vacance a d’ailleurs lui aussi baissé. Aujourd’hui, de nombreuses sociétés sont à la recherche de nouveaux bureaux, et d’autres arrivent encore sur le marché luxembourgeois », commente Jérôme Coppée.

Qui plus est, l’inflation que l’on connaît pour les prix de l’immobilier résidentiel au Grand-Duché ne concerne pas tant les biens de bureau ou retail, qui sont le cœur de cible des fonds d’investissement immobilier au Luxembourg. Les transactions restent donc « abordables » et devraient se multiplier dans les prochains mois, lorsque les perspectives macroéconomiques se seront améliorées…

3,6 %

C’est le rendement qu’offrent, au troisième trimestre 2022, les fonds immobiliers luxembourgeois actifs dans les biens de bureaux, soit un pourcentage qui se situe à peu près au niveau du taux de financement. De quoi éviter la « panique à bord » constatée dans d’autres pays.

Le Luxembourg, mal outillé face à l’ESG ?

La mise au point d’une série de réglementations, au niveau européen, dans le cadre du New Green Deal, a également un impact important sur l’investissement immobilier au Luxembourg. Ces règles – notamment la taxonomie verte qui définit quel investissement peut être considéré comme durable – concernent en effet en priorité le secteur financier… et donc les fonds d’investissement immobilier. « Les banques et les fonds d’investissement demandent dès aujourd’hui des garanties sur le caractère durable d’un immeuble dans lequel ils veulent investir. Or, aujourd’hui, le Luxembourg

est mal outillé pour pouvoir donner des arguments cohérents à ces acteurs », estime Jérôme Coppée.

La difficulté est de parvenir à s’accorder sur un certain nombre de standards qui attesteraient du respect, au niveau d’un immeuble, des critères ESG tels que définis dans la réglementation européenne.

« Il faudrait pouvoir disposer d’une base de données recensant les différents bâtiments du pays, ainsi que leur certification énergétique, par exemple la certification européenne EPC, avance Jérôme Coppée. Cela nous permettrait d’offrir plus de garanties aux fonds qui souhaitent acquérir un bien

durable  pour respecter leurs engagements en la matière. » Le director Capital markets de CBRE estime ainsi qu’il serait intéressant que les pouvoirs publics luxembourgeois planchent, avec différents bureaux d’études, sur un tel projet.

En attendant, la situation est aujourd’hui très délicate, puisque les acteurs de l’immobilier luxembourgeois sont obligés, pour évaluer le caractère durable d’un bien, de se baser sur ce qui se fait aux Pays-Bas ou en Flandre, où la façon de calculer l’efficacité énergétique d’un bâtiment, par exemple, n’est pas comparable.

« On se retrouve donc dans une situation un peu absurde où la méthode utilisée ne correspond pas vraiment à la réalité. Or, il serait tout de même intéressant d’avoir un outil qui permette aux promoteurs ou aux propriétaires de faire les bons choix afin de développer des bâtiments réellement durables aux yeux du législateur européen », conclut Jérôme Coppée.

Loin d’être anecdotique, cette démarche permettrait en effet de pérenniser le secteur de l’investissement immobilier, qui ne pourra plus retarder très longtemps sa transition verte…

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 49 Fonds d’investissement

« Mettre une valeur sur les portefeuilles »

L’évaluation des biens immobiliers détenus par des fonds intervient tant en amont du financement que lors du calcul de la valeur nette d’inventaire. Marc Baertz, partner et head of valuation chez INOWAI, nous éclaire sur le rôle de la valorisation immobilière.

Photo MATIC ZORMAN Interview BENOÎT THEUNISSEN
50
D′INVESTISSEMENT MARS 2023
FONDS
Marc Baertz constate la tendance de certains fonds à n’acquérir plus que des immeubles disposant de certifications.

Quelles sont vos activités en matière de valorisation immobilière ?

Nous sommes une équipe de trois personnes chez INOWAI en charge des évaluations immobilières. Nous traitons entre 150 et 175 dossiers par an et évaluons l’équivalent d’entre 4 et 5 milliards d’euros de valeur. Nos évaluations portent à 70 % sur de l’immobilier de bureaux et à 25 % sur des projets résidentiels.

Qui sont vos clients ?

Nous réalisons des évaluations pour des fonds qui ont des besoins de valorisation pour leurs bilans trimestriels, semestriels ou de fin d’année. Nous travaillons également énormément pour des banques qui nous sollicitent lorsqu’elles accordent un financement à des promoteurs. Nous avons aussi des clients qui souhaitent établir un partage dans le cadre d’héritages. Nous leur permettons de mettre une valeur sur leur portefeuille pour qu’ils puissent répartir les biens entre les héritiers.

Quelle est l’importance de la valorisation pour les portefeuilles de fonds immobiliers ?

Tout d’abord, il faut rappeler que les fonds calculent une valeur d’actifs nets sur base de laquelle les investisseurs peuvent souscrire ou vendre leurs parts. Pour calculer l’actif net du fonds, il faut donc qu’il y ait une valeur à un moment donné qui indique combien vaut un bien en portefeuille. Ensuite, il ne faut pas non plus oublier que les fonds se financent en partie sur l’acquisition de biens immobiliers. Les contrats de financement contiennent des règles qui veillent à maintenir le loan to value, un ratio du montant du prêt par rapport à la valeur du bien. Dans l’hypothèse où un bien se déprécie trop dans le temps, cela pourrait donc induire une violation du contrat de financement puisque la valeur du bien ne serait alors plus celle qui a été convenue dans le contrat. Par conséquent, la banque serait en droit d’imposer une réinjection de fonds propres ou la vente du bien.

Lors de vos évaluations, établissezvous la valeur d’un bien sur la base d’un prix ou d’une fourchette ?

Nous donnons toujours un prix. En revanche, nous avons la possibilité d’inclure des sensibilités dans nos rapports. Par exemple, avec les hausses des taux d’intérêt, nous pouvons insérer une sensibilité et indiquer que si les taux d’intérêt montent à nouveau de 25 ou 50 points de base, cela pourrait avoir une certaine incidence sur la valeur du bien évalué. Une règle générale veut que si les taux d’intérêt montent de 1 %, les valeurs immobilières baissent de 5 %. Le financement devient alors plus cher.

Quels autres facteurs d’incertitude prenez-vous en compte ?

Dans les projets de développement, nous évaluons la valeur des terrains. Au cours de notre évaluation, la plus grande incertitude concerne les coûts de construction, qui ont fortement augmenté. Ce qui nous amène donc à inclure parfois des sensibilités liées aux coûts de construction. Un autre facteur d’incertitude que nous pouvons aussi prendre en compte est le prix de vente. Pour l’instant, les ventes en l’état futur d’achèvement tournent autour de zéro au Luxembourg. Nous ne sommes pas encore en mesure de déterminer si cela aura un impact sur les prix de vente ou non.

L’état du marché constitue-t-il une incertitude particulière ?

En Europe, en général, l’immobilier résidentiel fait face à quelques problèmes en raison des coûts des matériaux et des taux d’intérêt. Au Luxembourg, il y a une proposition de loi sur la table du ministre du Logement, Henri Kox (déi Gréng), qui veut limiter le rendement sur un appartement du Bund. Le problème est malheureusement que cette loi vise à plafonner les rendements à 3,5 % du capital investi alors que le financement coûte actuellement plus de 4 %. En toute logique, personne ne se lance dans l’acquisition d’un bien s’il sait qu’in fine, il gagnera moins que ce que cela lui coûte. En outre, pas mal de promoteurs ont acheté des terrains il y a 12 mois ou plus dans l’idée de les revendre rapidement.

Cela n’a finalement pas été possible, d’abord à cause de la crise en Ukraine qui est apparue et qui a été suivie des

« L’évaluation immobilière n’est pas une science exacte. »
52 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023

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of the financial centre, its development and the structuring of its products, and those who represent it internationally.

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hausses consécutives des taux d’intérêt et finalement de la proposition de loi sur les rendements. Par conséquent, les banques vont exiger à nouveau des évaluations pour s’assurer que les terrains qu’elles ont financés il y a plus d’un an ont toujours la même valeur.

À quelle fréquence doivent être faites les évaluations ?

Dans le cas des fonds, la fréquence des évaluations est inscrite dans leurs prospectus. Cela peut être sur une base trimestrielle, semestrielle ou annuelle. Pour leur part, les assurances le font annuellement pour leurs bilans. En ce qui les concerne, les banques effectuent des évaluations à l’occasion de financements à long terme avec une mise à jour tous les trois ans, en général. Les conditions économiques et de marché peuvent aussi amener ces acteurs à réitérer leurs demandes d’évaluation.

Quels sont les critères essentiels pour une valorisation immobilière ?

Nous avons construit notre modèle de valorisation sur la base du niveau de rendement et du taux d’actualisation sur les cash flows. Ce n’est pas une science exacte. L’immobilier est une classe d’actifs comme une autre. Nous comparons toujours les actifs par rapport à la classe de risques d’investissement à zéro risque. Pour ce faire, à zéro risque, nous prenons souvent l’obligation à 10 ans de l’Allemagne, le Bund 10-YR. Historiquement, vous avez toujours des primes de risque qui s’ajoutent au rendement initial, qui tourne actuellement autour de 2,3 %. S’agit-il d’un immeuble neuf ou ancien ? Se trouvet-il en plein centre-ville ou en périphérie ? Les locataires sont-ils du secteur public ou privé ? En fonction des réponses, vous allez, à chaque fois, prendre une prime de risque ou non. C’est comme cela que se construit le taux d’actualisation des cash flows.

Les incertitudes liées à la nonoccupation de certains bureaux en raison du télétravail ajoutent-elles des primes de risque ?

Il existe deux écoles sur cette question. Les uns disent qu’il n’y aura aucun effet

UNE QUESTION DE LIQUIDITÉ

Certains fonds alternatifs sont affectés par des enjeux de liquidité. Qu’en est-il des fonds immobiliers qui détiennent des biens au Luxembourg ?

La liquidité des immeubles est en principe meilleure lorsqu’ils se trouvent dans les quartiers d’affaires. « Au Luxembourg, nous avons le Kirchberg, le centre-ville, la gare et la Cloche d’Or. Environ 75 % de tous les bureaux du pays sont répartis entre ces quatre quartiers », explique Marc Baertz. Ainsi, « si votre immeuble est localisé dans l’un de ces quatre quartiers, il sera donc plus liquide que s’il se trouvait ailleurs ».

négatif sur les bureaux. Les employés télétravaillent un ou deux jours, mais les bureaux existants vont être transformés en vue de disposer d’espaces conviviaux qui favorisent les rencontres. Les autres s’attendent à ce qu’il faille entre 10 % et 25 % de bureaux en moins. Personnellement, je ne pense pas qu’il soit déjà possible d’identifier une tendance. C’est encore trop tôt pour voir d’éventuels impacts.

L’immobilier n’échappe pas à la tendance de la finance durable. Les critères ESG sont-ils intégrés dans vos modèles de valorisation ?

Oui, dans le sens où nous savons très bien que certains grands fonds immobiliers n’achèteront plus d’immeubles qui n’ont pas de certification. Nous voyons même que certains fonds vendent de vieux bâtiments qu’ils ont en portefeuille. Par exemple, en décembre dernier, l’un de nos clients nous a rapporté son intention de vendre de vieux bâtiments, car, après analyse de son portefeuille, il a conclu que c’était la seule façon pour lui d’atteindre ses objectifs carbone d’ici 2030. Les fonds préfèrent continuer à investir par l’acquisition de bâtiments neufs disposant de certifications.

Sur les marchés, il est souvent question de stranded assets, des actifs qui ont subi des dépréciations imprévues ou prématurées. Pourrait-on voir un jour des « immeubles échoués » ?

C’est possible, mais il faut savoir que le stock de bureaux est assez récent au Luxembourg. Près de 50 % des bureaux ont moins de 20 ans. En plus d’être assez neuf, le stock est détenu en majorité par des investisseurs institutionnels qui veillent à maintenir leurs bâtiments à un bon niveau ESG. À cela s’ajoute que les locataires institutionnels vont également devoir effectuer des reportings ESG sur la façon dont ils sont logés. Finalement, au Luxembourg, dès qu’il y a un bien immobilier à rénover, entre cinq et sept développeurs tournent autour pour l’acheter et le rénover. L’impact des stranded assets immobiliers sera donc très limité dans le pays.

54 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Conversation Marc Baertz
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Eltif, véhicule de choix des actifs illiquides ?

La seconde version d’Eltif (European Long-Term Investment Funds) arrive en 2023. Suite à sa révision, ce véhicule devrait devenir un instrument de choix pour les investisseurs désireux

C’est la nouvelle sensation des marchés financiers, dont on entend parler quasi quotidiennement. Pourtant, le véhicule Eltif (European Long-Term Investment Funds) a été créé en 2015. Pourquoi, dès lors, a-t-il fallu tant d’années pour qu’il devienne si populaire ? « Cet instrument, créé dans le sillage de la crise financière de 2008 pour aider à reconstruire l’économie européenne, avait déjà été accueilli avec enthousiasme à l’époque, explique Dietmar Klos, real estate sector leader au sein d’EY Luxembourg. En donnant la possibilité tant aux professionnels qu’aux investisseurs de détail d’accéder à une grande diversité d’actifs réels – tangibles, non cotés en Bourse – dans toute l’Europe, Eltif avait tous les atouts pour devenir un véhicule de choix dans le cadre de stratégies d’investissement alternatives. »

Mais aussi séduisante qu’ait été la théorie, la mise en pratique d’Eltif s’est avérée plus délicate. « La liste des actifs éligibles était trop restrictive, rendant complexe la mise au point de produits permettant d’offrir les rendements espérés par les investisseurs, poursuit Dietmar Klos. Les investisseurs institutionnels ont donc eu du mal à percevoir la réelle plusvalue d’Eltif par rapport à d’autres véhicules alternatifs bien connus. Il faut ajouter à cela, concernant les investisseurs

de détail, des exigences en matière de monitoring et de substance rendant l’option Eltif peu attractive. »

Une révision dans un contexte favorable  Si Eltif a donc fait un flop au cours de ses premières années d’existence, l’intérêt pour ce véhicule est allé croissant à partir de 2020. « De 2015 à 2020, seuls 20 Eltif avaient été enregistrés dans l’ensemble de l’Union européenne. Aujourd’hui, on en compte 84 », relève ainsi Norman Finster, alternative investments consulting leader chez EY Luxembourg. Plusieurs raisons expliquent cet engouement récent. « Je pointerais tout d’abord la solidité de la ‘marque’ Eltif en matière d’investissement durable, un sujet très à la mode. Par ailleurs, je pense qu’un certain nombre de gestionnaires de fonds ont cherché à démontrer leur expertise sur ce véhicule avant l’entrée en vigueur d’Eltif 2.0  », ajoute le partner d’EY Luxembourg.

C’est que la version revue et corrigée d’Eltif, qui entrera en vigueur dès le premier trimestre 2023, mais ne s’appliquera réellement que neuf mois plus tard, risque bien de faire mouche. Elle corrige en effet l’ensemble des problèmes rencontrés avec sa première version. « Tout d’abord, le gestionnaire de fonds aura la possibilité de réaliser des co-investissements dans

NORMAN FINSTER Alternative investments consulting leader EY Luxembourg
Photo EY Luxembourg 56 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
« Les gestionnaires, administrateurs et distributeurs de fonds doivent se préparer à cette nouveauté, notamment en ajustant leur modèle opérationnel. »
de se tourner vers les actifs réels, comme l’immobilier. Explications.
Auteur QUENTIN DEUXANT
INSTRUMENT

d’autres fonds ou véhicules, à condition qu’il ait préalablement pris des mesures au niveau du fonds Eltif afin de limiter les risques de conflits d’intérêts. Ce n’était pas le cas avant, et c’est un changement très important, estime Norman Finster. Ensuite, le spectre des actifs éligibles va s’élargir, permettant d’investir dans des fonds alternatifs européens gérés par des AIFM déjà investis dans des actifs Eltif, mais aussi dans des obligations vertes ou des titrisations standardisées. »

Un potentiel très important

Parmi les autres nouveautés, on peut citer la fin du ticket d’entrée minimal fixé à 10.000 euros, la possibilité d’investir dans un plus grand nombre d’entreprises (toutes celles avec une capitalisation allant jusqu’à 1,5 million d’euros, contre 500.000 euros auparavant), la diminution de l’allocation liée aux investissements illiquides de 70 à 55 % et l’augmentation de celle dédiée aux investissements liquides de 30 à 45 %.

« Le tout permet un meilleur profil de liquidité pour les investisseurs. L’amendement des règles de diversification qu’introduit Eltif 2.0 va aussi faciliter leur gestion », précise Norman Finster. Notons encore que l’effet de levier ne sera plus limité à 30 %, mais à 50 % pour les Eltif dédiés aux investisseurs retail, et que, en ce qui

concerne la distribution, le régime d’Eltif sera conforme aux exigences de Mifid II.  Cette refonte a toutes les chances de faire de ce véhicule un incontournable au cours des prochaines années. « Eltif est un véhicule ‘one size fits it all’ pour les actifs illiquides, qui peut être utilisé par des investisseurs tant de détail qu’institutionnels. Il limite aussi les risques et offre des rendements intéressants. En plus, à la différence des AIF, il peut être distribué dans toute l’Europe sans devoir tenir compte de réglementations nationales supplémentaires », explique Dietmar Klos. Le Luxembourg, où sont enregistrés plus de 50 % des Eltif créés à ce jour, pourrat-il faire de ce véhicule une nouvelle successstory digne de celle des Ucits ? « Il y a une réelle opportunité, mais il faudra, pour cela, que les gestionnaires, administrateurs et distributeurs de fonds du pays se préparent correctement à cette nouveauté, notamment en ajustant leur modèle opérationnel à ses particularités », conclut Norman Finster.

En Europe, on compte désormais 84 fonds Eltif enregistrés. Plus de la moitié (48) sont enregistrés au Luxembourg. Le pays tire ainsi profit de son riche écosystème en matière de fonds, même si les acteurs devront s’adapter aux particularités d’Eltif.

Pourquoi si peu d’Eltif immobiliers ?

Eltif a été conçu dès le départ comme un outil permettant d’investir dans des actifs réels, dont fait évidemment partie l’immobilier. Pourtant, très peu d’Eltif ont aujourd’hui été créés dans l’intention d’investir dans l’immobilier. Cette situation est-elle due au ralentissement qu’on constate sur le marché, au Luxembourg comme dans le reste de l’Europe ? « L’une des raisons qui expliquent le petit nombre d’Eltif développant des stratégies real estate est plutôt la nature même de la réglementation. Celle-ci vise en effet à s’assurer que les capitaux placés dans des structures Eltif

soient dirigés vers des projets contribuant à placer l’Union européenne sur le chemin d’un développement intelligent, durable et inclusif, explique Norman Finster. Or, toutes les stratégies d’investissement en immobilier ne répondent pas à ces critères. Au contraire, les investissements en infrastructure – que l’on parle d’énergie, de transport ou d’infrastructures sociales – sont bien mieux adaptés aux objectifs d’Eltif. C’est la raison pour laquelle les Eltif dédiés aux actifs en infrastructure sont pour l’instant bien plus nombreux que les Eltif en immobilier »

La seconde version d’Eltif clarifie toutefois le fait qu’il n’y a pas d’exigence ESG spécifique pour les investissements immobiliers réalisés à travers une structure Eltif. De quoi relancer la machine et voir exploser le nombre de fonds dédiés à l’immobilier ? « Le nouveau régime augmente clairement l’attractivité du véhicule Eltif, non seulement pour l’infrastructure et le financement de PME, mais aussi pour l’immobilier, estime Dietmar Klos. C’est d’autant plus vrai dans un contexte où l’appétit des investisseurs institutionnels et de détail pour le privaty equity et la dette va croissant. » Pour voir

les fonds Eltif se développer dans le futur, que ce soit par rapport à des actifs immobiliers ou autres, le rôle des distributeurs sera cependant crucial. « Les banques et les conseillers financiers devront être capables de conseiller leurs clients sur l’intérêt d’Eltif. Or, ces réseaux de distribution ainsi que les investisseurs retail eux-mêmes n’ont que peu d’expérience en matière de produits d’investissement alternatif. Il y a donc encore un important effort de pédagogie à produire pour que les fonds Eltif soient un réel succès dans cette industrie », ajoute Norman Finster.

MARS 2023 FONDS D′INVESTISSEMENT 57 Fonds d’investissement
84

« Réduire les frictions et les coûts liés à la distribution »

Le modèle de distribution des fonds qui prévaut actuellement est archaïque et coûteux, nous dit Olivier Portenseigne, CEO de FundsDLT. En réponse, la technologie blockchain permet désormais de simplifier le processus, de rapprocher les acteurs, de réduire les frictions et les coûts. L’enjeu est de repenser l’approche, pour que tout le monde soit gagnant.

Photo ROMAIN GAMBA Interview SÉBASTIEN LAMBOTTE
58 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Conversation Olivier Portenseigne
Selon Olivier Portenseigne, la blockchain réduit les coûts liés à la distribution des fonds.

Conversation Olivier Portenseigne

FundsDLT entend simplifier la distribution des fonds d’investissement. En quoi le modèle actuel est-il problématique ?

L’écosystème qui soutient la distribution des fonds est, il faut le reconnaître, archaïque, relativement inefficient, constitué de nombreux intermédiaires et intégrant une grande diversité de fonctions. Les tâches et opérations effectuées par les différents acteurs sont redondantes. L’ensemble se révèle, dès lors, coûteux. Entre le gestionnaire d’actifs et l’investisseur se trouve toute une série d’acteurs, comme la banque, le dépositaire central, l’agent de transfert… Chacun, au cœur de cette chaîne de valeur, doit composer avec des obligations, notamment en matière de réconciliation des informations, en veillant à se rémunérer pour le service qu’il preste. Souvent, le concepteur d’un produit financier n’entretient qu’un lien distant et surtout indirect avec son client. Les nouvelles technologies, la blockchain et d’autres solutions portées par les acteurs de la fintech, doivent contribuer à fluidifier les échanges, à accélérer le traitement des opérations tout au long de la chaîne de distribution et, in fine, à réduire les coûts.

Quels sont les principaux facteurs qui poussent à la transformation de ce vieux modèle ?

Avec les développements technologiques, le monde a changé à bien des égards. Aujourd’hui, chacun de nous s’attend à pouvoir profiter d’une expérience utilisateur qualitative, quel que soit le service proposé. Nous vivons à l’ère de l’instantanéité, nous souhaitons du « temps réel ». Enfin, et surtout, nous souhaitons en avoir pour notre argent. Or, la chaîne de distribution, comme elle est organisée actuellement, a tendance à manger la performance associée aux produits d’investissement proposés. Chaque acteur devant se rémunérer pour le service proposé grignote sur la valeur générée. Enfin, les acteurs opèrent au départ de systèmes qui étaient les plus récents… il y a 20 ans de cela. Non seulement la partie visible des utilisateurs, à savoir les interfaces front-end, n’est pas à la hauteur des attentes, mais les systèmes opérationnels, en arrièreplan, ne sont pas efficients.

En quoi l’amélioration de la distribution contribue-t-elle à soutenir le développement de l’industrie des fonds ?

C’est un enjeu-clé pour l’industrie et l’économie. Les fonds d’investissement ont un rôle capital à jouer au service d’un développement économique durable. L’un des défis, pour demain, est de parvenir à mobiliser plus facilement l’épargne des citoyens pour la mettre au service des défis qui nous occupent tous. À ce titre, il faut rendre les produits financiers beaucoup plus accessibles qu’ils ne le sont actuellement, et ce notamment en limitant les coûts inhérents à la distribution.

Si les autorités européennes cherchent en effet à mobiliser l’épargne pour soutenir l’économie, et notamment la transition vers une société plus durable, n’est-ce pas la réglementation elle-même, en imposant un ensemble de fonctions, qui rend la distribution des fonds particulièrement lourde ?

S’il y a des frictions tout au long de la chaîne de valeur, je ne pense pas qu’il faille remettre en cause la réglementation. Celle-ci est là pour répondre à des enjeux de protection des investisseurs et pour lutter contre la fraude. Il ne s’agit pas de s’en affranchir, au contraire, mais de trouver les moyens de fluidifier et d’accélérer les processus en recourant aux possibilités offertes par la technologie.

Comment se positionne le modèle de FundsDLT dans cette perspective ? Nous recourons à la technologie blockchain notamment pour réduire les points de friction et limiter la redondance des opérations tout au long de la chaîne de valeur. Au départ d’un registre distribué, considéré comme infalsifiable, l’ensemble des acteurs peuvent plus facilement partager une même information pour mener à bien les fonctions dont ils assument la responsabilité.

Comment le modèle fonctionne-t-il ? La technologie blockchain permet de répondre à certaines obligations, une fois pour toutes et pour tous les acteurs de la chaîne. Les données relatives au

« La blockchain et d’autres solutions portées par les acteurs de la fintech doivent contribuer à fluidifier les échanges. »
60 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023

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L’actualité de la place financière

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client final, grâce à une combinaison de certains partenaires et des bases de données distribuées (et non plus blockchain), peuvent être partagées avec l’ensemble des acteurs et intermédiaires prenant part au processus de distribution. Les opérations de réconciliation sont communes à tous les acteurs. Cela évite à chacun de devoir mener ces opérations de son côté. On peut dès lors réduire considérablement la complexité liée à une démarche d’investissement. Cela n’est pas anodin. Récemment, dans le cadre du recrutement de jeunes universitaires, nous avons posé la question de leur intérêt à l’égard d’une démarche d’investissement. Lorsqu’on leur a demandé s’ils avaient déjà investi dans des fonds, beaucoup ont répondu négativement, soulignant que cela était trop complexe. Ces mêmes universitaires ont préféré investir dans les cryptos, plus directement accessibles.

Comment décririez-vous la proposition de valeur de votre plateforme ?

Tout d’abord, la blockchain permet un gain d’efficacité opérationnelle et contribue à la réduction des coûts. Surtout, elle permet de gagner beaucoup de temps. Plusieurs opérations peuvent être réalisées de manière simultanée, et plus uniquement les unes à la suite des autres. Au-delà de cela, le modèle permet d’envisager de nouveaux services, et ce grâce à une meilleure compréhension des attentes des clients par l’ensemble des acteurs. Avec une approche traditionnelle, comme nous l’évoquions, le gestionnaire d’actifs ne dispose pas d’une connaissance approfondie du client final. Souvent, il ne sait pas qui il est. La blockchain et les bases de données distribuées logées dans le cloud permettent à tous les acteurs d’accéder au même niveau d’information. Cela doit permettre au gestionnaire d’envisager la création de produits plus en phase avec les attentes de l’investisseur final, de pouvoir proposer des approches plus personnalisées. L’asset manager, grâce à la tokénisation des actifs au niveau de la blockchain, peut aussi envisager de nouveaux canaux de distribution, à travers des banques numériques ou des plateformes cryptos.

BLOCKCHAIN

Le projet FundsDLT a été initié en 2016 par la Bourse de Luxembourg et Fundsquare. En 2017, l’initiative a permis d’opérer la première souscription de fonds sur blockchain au monde. En avril 2020, FundsDLT devient une société commerciale à part entière, détenue par des acteurs majeurs de l’industrie : Clearstream, Credit Suisse Asset Management, la Bourse de Luxembourg et Natixis Investment Managers. La société compte actuellement près d’une quarantaine de collaborateurs et affiche des ambitions de développement importantes en Europe et au-delà. Son siège social est à Luxembourg. La société est déjà présente en France.

Certains intermédiaires, avec cette technologie, pourraient ne plus avoir de raison d’être ?

Nous ne prônons pas la désintermédiation. Nous pensons qu’au sein de la chaîne de valeur, chacun a un rôle à jouer, une expertise à faire valoir. Cependant, au regard des obligations auxquelles chacun doit répondre, les intermédiaires consacrent parfois beaucoup de temps à des choses pour lesquelles ils n’ont pas de valeur ajoutée. Un conseiller en investissement, proche de l’investisseur, aura toujours une raison d’être. Le temps qu’il ne passe pas sur des aspects administratifs, il peut le consacrer à l’écoute de ses clients.

En s’appuyant sur la blockchain, les possibilités qu’offre la technologie en matière d’automatisation ne risquent-elles pas de rendre certaines fonctions obsolètes ?

Certaines fonctions, au niveau du backoffice, pourront être entièrement automatisées grâce à la technologie. C’est évident. Mais c’est une bonne chose pour l’ensemble de l’industrie. À l’avenir, les acteurs n’auront plus qu’à gérer ce qui ne va pas, les exceptions qui pourraient survenir au cœur de la chaîne de distribution. Si certaines fonctions pourraient disparaître, de nouvelles opportunités vont aussi émerger dans l’objectif de mieux servir l’investisseur final.

La plateforme FundsDLT, demain, pourrait-elle devenir une infrastructure de distribution paneuropéenne ?

C’est l’ambition à long terme. Les perspectives, en outre, ne se limitent pas au marché européen. Il y a un intérêt pour la technologie qui émane notamment d’Asie. Toutefois, les défis sont nombreux. Actuellement, le marché européen est encore fragmenté, avec des divergences au niveau des réglementations entre pays qu’il nous faut pouvoir appréhender, en adaptant parfois la plateforme à certains marchés, mais le cœur reste identique. Nous sommes là pour soutenir le changement, accompagner les acteurs en créant des solutions nouvelles. Il s’agit de protéger l’investisseur, de réduire les coûts, d’améliorer les processus…

62 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Conversation Olivier Portenseigne

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RÉGLEMENTATION

L’agenda 2023

Quelles seront les cinq priorités réglementaires pour les acteurs de l’industrie des fonds pour les années à venir ? Tentative de réponse avec Benoît Sauvage, director et membre de la team RegWatch chez Deloitte Luxembourg.

L’Eltif 2.0 va devenir une priorité business Les promoteurs de fonds se préparent à l’entrée en vigueur, en 2023, du nouveau régime relatif aux fonds européens d’investissement à long terme (Eltif). Plus aligné avec la réalité du marché, l’Eltif 2.0 devrait s’accompagner d’une augmentation tant du nombre d’Eltif que des investisseurs de détail. « L’Eltif 2.0 offre les avantages d’un FIA ‘passportable’ aux clients retail et permet d’agir en faveur de l’économie européenne. Il va devenir une priorité business, avec 2024 comme année cible. »

2

L’ESG toujours à l’agenda

« Pour l’ESG, la communication sur les principal adverse impacts (PAI) et le greenwashing sont les priorités réglementaires à court terme, tandis que l’application de la CSRD pour les plus grands acteurs doit monter en puissance sur le long terme. » Ces PAI constituent un ensemble d’indi–cateurs qui permettent d’évaluer les incidences négatives des inves–tissements en matière de durabilité, en lien avec le règlement SFDR.

3

La sécurité digitale Compte tenu des risques toujours plus importants de cyberattaques, le règlement européen sur la résilience opérationnelle numérique du secteur financier (règlement Dora) doit permettre au secteur financier européen de rester résilient en cas de perturbation opérationnelle grave. « La cyber-résilience et le digital sont les grands sujets sur lesquels toute société de gestion doit se pencher dans le courant de l’année pour être prête en 2025 et alignée sur la stratégie digitale de la Commission européenne. »

La thématique AML/CFT

Elle devient de plus en plus présente opérationnellement, surtout pour les aspects liés aux investissements. « Les autorités nationales comme européennes anticipent les changements de la nouvelle autorité européenne et la transformation en règlement européen de la directive actuelle. Ainsi, en plus de l’application des règles côté investisseur, les attentes porteront également sur les investissements, d’autant plus dans les secteurs non listés. »

Le « value for money »

Il renforcera significativement la responsabilité fiduciaire des acteurs de la finance, avec des impacts directs et indirects sur les gestionnaires. « Les changements à anticiper pourraient porter sur la communication et les rétrocessions, et ainsi impacter fortement l’ensemble des acteurs de la chaîne. L’horizon serait lointain, mais les ajustements via les lignes directrices de l’Esma devraient amener l’industrie dans la direction souhaitée. »

64 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Auteur MICHAËL PEIFFER
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Tout au long de 2023, année de ses ans, Maison Moderne tient à réaffirmer sa politique Anti-Gaspi.

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Crypto winter : après la pluie, le beau temps

Malgré la chute de FTX l’an dernier, les crypto-actifs continuent d’éveiller les curiosités et de susciter des développements, notamment réglementaires. L’hiver dans lequel sont plongées ces valeurs depuis novembre 2021 pourrait bientôt laisser place à un printemps radieux…

Le 11 novembre dernier, la plateforme américaine FTX, plateforme d’échange globale dédiée aux cryptomonnaies, se déclarait en faillite, causant un véritable tremblement de terre dans ce secteur. Cet événement majeur n’était toutefois qu’un nouvel épisode dans la longue descente aux enfers des crypto-actifs, entamée en novembre 2021, et baptisée « crypto winter ». « À cette époque, la capitalisation totale des cryptomonnaies atteignait plus de 3 trilliards d’euros, un montant absolument colossal , explique Laurent Marochini, head of innovation au sein de Société Générale Securities Services (SGSS) Luxembourg. Mais, depuis lors, cette valorisation s’est lentement tassée, entraînée par la défaillance de certaines plateformes dans ce secteur. »

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cet épisode hivernal est de nature à refroidir les acteurs qui, il y a quelques mois encore, s’apprêtaient à miser beaucoup sur cette nouvelle catégorie d’actifs. Les cryptos, comme produits d’investissement, sont-elles mortes ? « Pas du tout, tranche Laurent Marochini. J’ai eu la chance d’assister au Crypto Summit de Davos il y a quelques jours, au cours duquel l’écosystème semblait convenir que les cryptomonnaies ont un avenir. » Cet avenir passera notamment par des fonds d’investissement

Head

Société Générale Securities Services (SGSS)

dédiés. « Aujourd’hui, on compte environ 800 fonds dans le monde qui investissent dans des cryptomonnaies, surtout les plus liquides, poursuit le head of innovation de SGSS Luxembourg. À côté de ces structures, il existe une série d’autres fonds, qui investissent à la fois dans les cryptomonnaies, mais aussi dans des start-up actives sur le segment de la blockchain. On ne compte toutefois pas encore de fonds régulés de ce genre enregistrés au Luxembourg. »

La clé de voûte blockchain

La blockchain, ce registre distribué sur lequel les transactions peuvent être enregistrées de façon infalsifiable, constitue en effet la clé de voûte du système des crypto-actifs. Et c’est également cette technologie qui attire le plus de convoitises, au-delà des seules cryptomonnaies.

« Cette technologie a un vrai potentiel, qui est bien perçu par les différents acteurs, poursuit Laurent Marochini. En 2021, la Banque européenne d’investissement (BEI), en collaboration notamment avec SG Forge, a ainsi lancé sa première obligation numérique sur une blockchain publique. La possibilité de voir émerger un ‘digi-euro’ dans les prochaines années devient, elle aussi, de plus en plus claire. »

La blockchain ouvre également la voie à une tokénisation des actifs, c’est-à-dire

LAURENT MAROCHINI of innovation
66 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
« La réglementation ne signera pas l’arrêt de mort des cryptomonnaies. Au contraire. »
Auteur QUENTIN DEUXANT
CRYPTOMONNAIE

TABLE RONDE 2/4

Élections communales 2023

ÉLECTIONS COMMUNALES: QUELLES SONT LES PRIORITÉS DES PARTIS?

Plus grande commune du Luxembourg, avec ses quelques 130.000 habitants, et qui voit sa population doubler les jours ouvrables, la capitale est le poumon économique du pays. Quelle personnalité pour diriger ce flagship communal?

Comptant plus de 70% de résidents étrangers en provenance de plus de 170 pays, ce patchwork culturel et social représente un défi politique quasi unique au monde.

Logement, mobilité et vélo en ville, qualité de vie et sécurité, cohésion sociale: quelles sont les priorités des partis?

Inscriptions sur paperjam.lu/club
TRADUCTION SIMULTANÉE
04 mai 2023 18:30 21:30 Chambre de Commerce 7 Rue Alcide de Gasperi L-1615 Luxembourg E LYDIE POLFER (DP) C FRANÇOIS BENOY (DÉI GRÉNG) A PASCAL CLEMENT (PIRATEN) B ALEX PENNING (ADR) F GABRIEL BOISANTE (LSAP) D SERGE WILMES (CSV)  C  E  F  D

à leur division en parties plus réduites, facilitant l’accès à l’investissement.

Cela pourrait notamment être le cas pour les investissements immobiliers, comme on le voit déjà au Luxembourg avec un projet comme BlocHome. « Cette initiative permet à des investisseurs d’accéder à des morceaux de propriété d’un immeuble, ce qui est évidemment plus abordable qu’un immeuble entier. Par ailleurs, cela rend aussi cet investissement plus liquide : vous pouvez acheter et revendre facilement vos ‘parts’, précise Laurent Marochini. Demain, on pourrait même imaginer tokéniser d’autres biens physiques, comme des lingots d’or par exemple. »

Indispensable réglementation

Si les possibilités offertes par les investissements dans les crypto-actifs sont donc séduisantes, l’expérience FTX a bien démontré que le secteur avait besoin de réglementation pour être viable. Mais une lourde panoplie réglementaire ne viendrait-elle pas compromettre la nature de cette industrie ? « Je ne crois pas que la réglementation signera l’arrêt de mort des cryptos. Elle pourrait au contraire être bénéfique pour le secteur, pour mieux prévenir les crises, estime l’expert de SGSS. L’arrivée du règlement européen Mica, à la fin de l’année 2024, est en ce sens une

bonne nouvelle. Il permettra de donner un cadre à l’ensemble du marché des cryptoactifs et de rassurer les investisseurs. Le régime pilote DLT, qui entrera en vigueur dès la fin mars 2023, clarifie quant à lui les règles concernant la tokénisation des actifs financiers. Ces deux nouveautés réglementaires vont certainement renforcer l’attrait pour les crypto-actifs. » Reste à voir si le Luxembourg arrivera à tirer son épingle de ce jeu qui commence à se mettre en place. « Ce qui est sûr, c’est que si on ne le fait pas, cela sera fait ailleurs. La CSSF a déjà commencé à s’intéresser au sujet, et l’écosystème se développe dans ce sens à l’échelle du pays. Il faut aujourd’hui que toutes les forces en présence jouent le jeu intelligemment », conclut Laurent Marochini.

Si l’on entend beaucoup parler, depuis quelques mois, des règlements sur le marché des crypto-actifs (Mica) ainsi que sur la résilience opérationnelle numérique (Dora), le régime pilote DLT est moins souvent mis sous les projecteurs. Pourtant, il est un élément central de la stratégie européenne en matière de finance numérique, visant à la fois à soutenir l’innovation concernant la technologie des registres distribués et à offrir une certaine protection aux investisseurs.

Concrètement, ce règlement, qui entrera en vigueur le 23 mars prochain et sera testé durant 6 ans, concerne les actifs considérés

comme des instruments financiers au sens de Mifid II (directive concernant les marchés d’instruments financiers). Pour ce type d’actifs, les infrastructures de marché auront l’opportunité de demander des exemptions temporaires par rapport à différentes réglementations en vigueur, comme Mifid II et CSDR (Central Securities Depositories Regulation). Elles pourront, par exemple, faire l’impasse sur l’enregistrement des titres, l’intégrité de l’émission, la séparation des comptes, etc. Bien évidemment, une série de conditions devront être

respectées pour pouvoir bénéficier de ces exemptions. Pour s’assurer du succès de ce test grandeur nature, les différents États membres devront, eux aussi, adapter leur cadre réglementaire. Le Luxembourg a ainsi voté, le 15 juillet dernier, une loi transcrivant dans le droit luxembourgeois ce nouveau règlement européen. Mais au-delà des règles étatiques, ce sont aussi les entreprises elles-mêmes qui devront s’adapter, en offrant notamment des produits et services correspondant à ces nouvelles normes.

Cela requerra un nouvel effort des différents acteurs de la place financière pour maîtriser des

éléments techniques qui, aux yeux de nombreux professionnels du secteur, paraissent encore peu compréhensibles… « On apprend tous les jours sur de tels sujets, reconnaît Laurent Marochini. Mais, si ce n’est pas encore le cas, il ne faut plus tarder à s’intéresser à ces thématiques. L’arrivée d’une réglementation étoffée et, un peu plus tard, du ‘digi-euro’, va contribuer à faciliter l’adoption de la blockchain dans le domaine financier et à rendre très populaires les crypto-actifs. »

68 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023 Fonds d′investissement
Le régime pilote DLT, vecteur d’expérimentation

PRIVATE BANKING

EN With 46,200 millionaires domiciled in Luxembourg, private banking is a rapidly growing sector. Wealth management and optimisation professionals are deploying attractive solutions to serve UHNWIs and HNWIs who are increasingly

30 March 2023 18:30 21:30

Arendt & Medernach

41, av. John F. Kennedy

L-2082 Luxembourg

savvy about finance, sustainability and technology. This round table is an opportunity for wealth managers to showcase their offerings and for service providers to outline current regulatory, technological and social trends.

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TABLE RONDE
EMILIE SERRURIER-HOËL Banque Internationale à Luxembourg SANDRINE DE VUYST ING Luxembourg CAROLINE QUÉRÉ Spirit Asset Management
REAL-TIME TRANSLATION
PASCAL RAPALLINO Verona MFO

Le succès des fonds luxembourgeois

L’attractivité

« Le premier facteur décisif consiste dans le fait que le Luxembourg est le hub unique d’accès au marché et aux investisseurs européens. »

Pour les gestionnaires de fonds, le premier facteur décisif consiste dans le fait que le Luxembourg est le hub unique d’accès au marché et aux investisseurs européens. Plusieurs autres facteurs expliquent cette attractivité, comme la réputation et les standards élevés de gouvernance des investisseurs institutionnels, l’existence d’un véritable écosystème relatif aux fonds ou le caractère international des prestataires du secteur. Le pays est aussi reconnu pour sa stabilité historique. Enfin, il y a la flexibilité et le grand nombre d’options de structuration de fonds. Pour préserver cet attrait, il faut améliorer la compétitivité du pays, notamment en attirant les talents ou en améliorant l’efficacité des institutions bancaires par rapport à l’ouverture de comptes.

L’écosystème luxembourgeois englobe et intègre des gestionnaires d’actifs internationaux de tailles et de domaines d’intérêt variés, des prestataires de services, un cadre réglementaire et une représentation active du secteur. Le pays offre une boîte à outils puissante qui, en définitive, est conçue pour permettre une importante distribution internationale. Le Luxembourg a fait ses preuves en étant toujours flexible dans son offre de prestations. Le chemin vers la durabilité appelle le secteur à rester à la pointe de l’innovation, en veillant à ce que les besoins des clients, restent au centre des préoccupations, et à ce que les avantages et les rendements attendus soient au rendez-vous. Parvenir à apporter rapidement des solutions à ces nouveaux défis sera essentiel pour que le Luxembourg continue à prospérer.

« Le Luxembourg est un terreau fertile pour la mise en place, la gestion et la distribution de fonds d’investissement. »

Member of the management committee & fund administration director Arendt Services

« Le pays offre une boîte à outils puissante qui, en définitive, est conçue pour permettre une importante distribution internationale. »

Offrant un écosystème complet de services hautement spécialisés et un environnement politiquement et financièrement stable, le Luxembourg est un terreau fertile pour la mise en place, la gestion et la distribution de fonds. Le label de fonds Made in Luxembourg est mondialement reconnu. Il faut souligner l’éventail de véhicules disponibles dans le pays, régulés, non régulés ou encore semi-régulés, qui couvrent toutes les classes d’actifs, tous les types d’investisseurs ou canaux de distribution. Aujourd’hui, nos nouveaux terrains de conquête sont la retailisation des classes d’actifs alternatifs autour des véhicules Eltif, le développement des labels ESG et la montée en puissance des services aux investisseurs.

des fonds luxembourgeois n’est plus à démontrer. Nous avons interrogé trois responsables de sociétés de gestion de fonds sur les ingrédients de cet attrait et sur les actions à entreprendre pour le préserver à l’avenir.
FORECAST
Propos
recueillis par MARIE JACQUEMIN
70 FONDS D′INVESTISSEMENT MARS 2023
Photos IQ-EQ, Arendt Services et Sparinvest

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La valeur des investissements et le revenu qu’ils génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale Les seuls documents fiables pour l’offre de fonds sont le Prospectus et les autres documents constitutifs de l’offre requis localement : en Europe, il s’agit du document d’information clé pour l’investisseur (DICI) conforme au règlement européen PRIIPs

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Le succès des fonds luxembourgeois

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pages 70-71

ÉLECTIONS COMMUNALES: QUELLES SONT LES PRIORITÉS DES PARTIS?

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Crypto winter : après la pluie, le beau temps

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L’agenda 2023

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L’actualité de la place financière

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Conversation Olivier Portenseigne

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Eltif, véhicule de choix des actifs illiquides ?

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« Mettre une valeur sur les portefeuilles »

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Les fonds immobiliers ont souffert en 2022

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« Notre priorité est de verdir les immeubles »

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Au Luxembourg, les fonds immobiliers s’érigent sur de solides fondations

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Face aux crises, les Reif et l’enjeu de la gestion de la liquidité

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Transformer les sites et quartiers en lieux de vie

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« Mieux vaut investir dans un fonds qu’acheter un appartement »

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Thématique : une ressource essentielle pour les investisseurs

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Parlez-vous Reif ?

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Élargir la boîte à outils pour les Reif

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Why stability is set for the spotlight in 2023

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Cinq véhicules à suivre

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New perspectives from 175 years’ experience

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« Le modèle de création de valeur du private equity est intact »

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La relève arrive

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