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ÉDITO

JANVIER 2014 WWW.PAPERJAM.LU

par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction, rédacteur en chef – paperJam

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JANVIER 2014

ARRÊTS SUR IMAGES

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lus vite, plus haut, plus fort. La devise olympique se décline à l’envi dans le tourbillon d’informations qui souffle chaque jour. Les nouvelles vont toujours plus vite, les objectifs sont toujours plus hauts, les chocs sont toujours plus forts. L’année 2013 tire à sa fin et donne l’impression d’avoir été encore plus riche et foisonnante que ses devancières. Grâce (ou à cause ?) d’un appareil politique dépassé par certains événements, le pays est précipitamment entré dans une ère nouvelle. Il y a 12 mois, pas grand monde n’y aurait évidemment misé le moindre kopeck. Et les autres n’auraient sans doute pas misé sur le bon cheval, tant Étienne Schneider semblait être le plus en vue dans l’hypothèse – pour le coup, alors très hypothétique – d’une alternance politique. L’accolade entre le Premier ministre sortant Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel, son successeur, à qui il a remis les clés de l’Hôtel de Bourgogne en ce froid, mais ensoleillé,

matin du 5 décembre 2013, constituera sans nul doute l’une des images fortes de l’année. Une image pour l’Histoire, même. Presque autant que celle montrant ce même JeanClaude Juncker fatigué, au soir du 10 juillet, à la tribune de la Chambre des députés, lorsqu’il annonça, après quelque sept heures de débats, qu’il allait se rendre, dès le lendemain, au Palais pour demander au Grand-Duc de décider de la tenue d’élections anticipées. Il n’y a pas que des images d’hommes qui auront marqué les esprits cette année. L’enfilade de rideaux baissés sur une quinzaine de boutiques en plein cœur de la capitale figure également en bonne place sur les rayonnages de la boutique des souvenirs. Peut-être même plus fortement encore, tant l’événement a touché en son cœur toute une population, votante ou non. « Écrire l’histoire est une manière de se débarrasser du passé », disait Goethe. Le Luxembourg n’a évidemment pas nécessairement à rougir de

son passé et de son formidable développement économique, qui a transformé un pays rural en une place financière de premier choix, une destination privilégiée pour bon nombre d’investisseurs, un point d’ancrage incontournable pour bon nombre de groupes extra-européens souhaitant rayonner sur le Vieux continent (ne rayer aucune mention inutile). Mais le Luxembourg a encore une belle Histoire à écrire, et il s’apprête à le faire dans un climat d’où ressortent à la fois une grande fatigue devant les accumulations d’affaires et de doutes en tous genres et un enthousiasme retrouvé à l’aune d’une nouvelle législature tricolore inédite. À l’approche de la trêve des confiseurs, s’offrir quelques arrêts sur images ne peut évidemment pas faire de mal, tout en sachant qu’il faudra bien vite se résoudre à de nouveau appuyer sur la touche « lecture » pour faire défiler d’autres images plus vite, d’autres défis plus hauts, d’autres succès plus forts.

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sommaire

Sommaire

janvier 2014 économie & Politique

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Bilan des élections sociales

L’OGBL pèse partout

Le syndicat déjà majoritaire conforte sa position à l’issue du scrutin, tant à la Chambre des salariés que dans les entreprises. Il sort en tête dans pres­ que tous les secteurs, même hors de ses bastions. Il progresse même dans les services financiers de l’appareil judiciaire du pays.

36

Transparence fiscale

Le Grand-Duché hors normes

on en parle

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Politique

Quel avenir pour Jean-Claude Juncker ?

Malgré ses dénégations, l’ancien Premier ministre rêve de la présidence du Conseil de l’Europe. Le CSV essaie de se reconstruire. Mais comment le parti chrétien social en est-il arrivé là ? Analyse des coulisses du CSV et retour sur la descente de son héros fatigué.

Le rapport d’examen sous l’égide de l’OCDE et du Forum mondial ne manque pas de pertinence. L’administration luxembourgeoise manque parfois de pugnacité face aux banques dans les cas de demande d’informations.

entreprises

72

Lux-Airport

En bout de piste

Le CEO Fernand Brisbois est en retraite, après six ans et demi de règne sans partage. Un successeur pourrait être désigné le 13 décembre. Une normalisation des relations entre les acteurs de la plateforme aéroportuaire du Findel est espérée pour redonner un nouvel élan.

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Tendances

top 5

des articles les plus lus sur paperJam.lu Du 9 novembre au 5 décembre 2013 1. Pierre Gramegna : la surprise aux finances (lu 3.989 fois) 2. « Luxembourg danger pour l’Europe » (lu 3.952 fois) 3. Frieden fait marche arrière (lu 2.562 fois) 4. Lucien Lux pressenti commissaire de gouvernement (lu 2.536 fois) 5. 15 banquiers millionnaires au Luxembourg (lu 2.469 fois)

Le commerce des fêtes, le commerce en fête

Dans une période clé pour le business, entre traditions et nouveaux produits, les magasins épousent l’évolution démographique. Le centreville mise aussi sur des événements pour faire (re)venir le consommateur.

80

Start-up

Anonyme mais bien en vue

Lancée depuis cet été, la plateforme ZIDCard est un outil au service des recruteurs et autres chasseurs de têtes. Les candidats peuvent attirer l’attention, tout en restant discrets sur leurs intentions.

place financière

90

Madoff vu du Luxembourg

Cinq ans d’acharnement pour rien ?

Les procédures civiles sont bloquées au GrandDuché par les enquêtes pénales. Des associations de victimes de la fraude dévoilée en décembre 2008 réclament toujours l’intervention de la CSSF. Une plainte a été adressée au commissaire européen Michel Barnier.

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Retour sur une vente controversée

Capitalisme à la luxembourgeoise

Bien avant le retrait de BIP de la Bourse, d’autres opérations de la société ont fait grincer des dents. La CSSF s’est intéressée de près au rachat de SGG par BIP puis sa revente à Cobepa. Avec une plusvalue énorme qui a refroidi Deutsche Bank.

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sommaire

Sommaire Coverstory

42 Interview

Le nouveau Premier ministre a été assermenté le 4 décembre. Plus qu’une « méthode Bettel », l’homme fort du parti libéral mise sur un vrai travail d’équipe au sein du gouvernement.

48 Finances publiques

Le nouveau gouvernement promet « une politique meilleure et plus juste avec moins d’argent ». Un effort parti­­culier sera fourni sur la communication et la transparence, avec un nouveau, Pierre Gramegna, aux commandes.

52 Logement

Le pays a pris un virage politique, qui envoie le CSV dans l’opposition. Avec l’arrivée de l’équipe autour de Xavier Bettel, c’est un changement de génération et de style, aussi. Un nouveau gouvernement s’est mis en place, animé par une coalition à trois, libéraux, socialistes et écologistes. Les axes sont tracés.

Le logement est tombé dans l’escarcelle du DP. Une réforme de l’impôt foncier est annoncée, ainsi qu’une distribution plus sélective des subventions au logement.

56 Travail et emploi

La nouvelle coalition a laissé les rênes au titulaire sortant, Nicolas Schmit. Il poursuivra sa réforme de l’Adem. De nouveaux dispositifs légaux sont attendus, sur le droit des faillites ou le bien-être au travail.

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PLACE FINANCIère

Régulation et fiscalité sont des instruments pour attirer de nouveaux investisseurs.

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Sommaire

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103

désirs Culture Gastronomie Commerces Sélections Bien-être Interview Style watch

Zoom sur… Sophie Jung

LIFESTYLE ET PLUS

Culture

L’artiste luxembourgeoise vivant à Londres a remporté le Prix Edward Steichen qui l’emmènera pour six ans en résidence de création à New York.

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Sélection

Noël en scène Notre sélection de spectacles à voir pendant les vacances de fin d’année et de disques à écouter pour garantir une ambiance de Noël.

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Sous le sapin

C’est cadeau

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Bien-être

Zoom sur… Nuvola Baby Une juriste et une designer s’associent pour lancer une ligne de vêtements pour bébé avec la douceur et la qualité pour mots d’ordre.

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Interview

Christophe Pillet Le designer français est venu présenter les différents aspects de son travail avec, en fil rouge, la volonté de raconter des histoires.

Pour elle et pour lui, du luxe et du pas cher, du petit et du très gros… une double page de cadeaux originaux.

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Pour célébrer le quart de siècle de sa galerie, Marita Ruiter a invité un grand nombre d’acteurs du monde culturel.

Mode

Plateau ostréicole La meilleure saison pour manger des huîtres, c’est maintenant. Nous vous détaillons un plateau de dégustation.

Style Watch

25 ans de la galerie Clairefontaine

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agenda

À suivre 12/12

-13/1

Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.

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Innovation e

18h3

2 Forum du capital-risque

Conseil européen

Xavier Bettel à Bruxelles Photo : Sven Becker

Le nouveau Premier ministre luxembourgeois devrait participer à son premier Conseil européen, à Bruxelles, les 19 et 20 décem­bre. Au programme notamment : la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), une analyse commune de la situation économique dans les États membres et dans la zone euro, le renforcement de la coordination des politiques économiques et le point des évolutions en cours en matière de fiscalité.

Luxairport

Photo : archives paperJam

Un nouveau directeur pour Lux-Airport ?

Le conseil d’administration de Lux-Airport, présidé par Tom Weisgerber (photo), l’un des bras droits de l’ancien ministre CSV Claude Wiseler, doit valider le 13 décembre la nomination du nouveau directeur de la société. Il (ou elle) succèdera à Fernand Brisbois, qui a pris sa retraite le 31 octobre dernier. Pour l’heure, c’est la directrice d’exploitation, Claudine Leinenveber, qui assure l’intérim.

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1 22/0

Innovation

Économie

Regard sur 2020

Conférence

Le patient, au cœur du débat

Photo : archives paperJam

Mission officielle en Chine

Le ministère de l’Enseignement supérieur et Luxinnovation marquent, sur le plan national, le lancement de l’initiative européenne « Horizon 2020 » en faveur de la recherche et de l’innovation durant une conférence organisée à la Chambre de commerce. Une journée de formation pour chercheurs se déroulera en parallèle pour les préparer aux appels à projets dans le cadre d’Horizon.

Après sa participation remarquée à l’exposition universelle de Shanghai en 2010, le Luxembourg continue de prospecter le marché chinois. Étienne Schneider y conduira une mission économique officielle du 16 au 19 décembre, dans les régions de Qingdao, Hangzhou et Wuxi. Alors qu’une quatrième banque chinoise pourrait implanter prochainement son quartier général au Luxembourg, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur espère certainement entamer son deuxième mandat avec une bonne nouvelle dans son escarcelle du retour.

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9/01

Salon

En vacances Photo : archives paperJam

13/12

16/1

Photo : DR

Photo : archives paperJam

Deux jours pour convaincre : la Chambre de commerce accueille le 2e Seed4Start Pitching Day les 12 et 13 décembre. Le Forum trans­frontalier du capital-risque, lancé en septembre 2012, clôturera à cette occa­sion sa 2e édition. Pas moins de 20 start-up de la Grande Région, rigoureusement sélectionnées et préparées dans le cadre du programme Seed4Start, se présenteront à des investisseurs privés. Vendredi, une table ronde sur « Les facteurs clés de succès de l’investissement trans­fron­­talier  » sera animée par Jean Rognetta (PME Finance), avec le regard croisé d’Alexander Rhea (PwC’s Accelerator), autour d’un panel d’investisseurs.

0/12

Le traditionnel salon « Vakanz » se déroulera à Luxexpo. Plus de 200 expo­sants du monde entier seront présents dans les travées du plus grand salon dédié au voyage en Grande Région, pour faire découvrir aux visiteurs les charmes de leur pays. www.expovakanz.lu

Deloitte organise, dans ses locaux, en collaboration avec la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL), une matinée d’échange autour de la qualité dans les services hospitaliers, sur base d’une seconde enquête portant sur « la qualité au service des patients », dont un volet dédié aux nouvelles technologies et les évolutions compor­tementales en matière de prévention.


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actualité Économie & politique entreprises place financière

n on ele par Quel avenir politique pour Jean-Claude Juncker ?

Le parti, le pays, l’Europe Malgré ses dénégations, l’ancien Premier ministre rêve du poste de président du Conseil de l’Europe. Pour l’après-Juncker, le parti chrétien social peut-il se reconstruire autour de Marc Spautz ?

L’autocritique de la jeune garde du CSV a été étouffée.

Texte Véronique Poujol Photo  Christophe Olinger

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n sympathisant de longue date du CSV résume : « Juncker, c’est le problème du parti, du pays et même de l’Europe. » Le témoin s’inquiète de la magnanimité que les proches de l’ancien Premier ministre, désormais chef de l’opposition, lui accordent et du culte qu’ils lui vouent en public. Ce militant dénonce l’hypocrisie de l’entourage de JeanClaude Juncker, et ses ambigüités aussi : entre la reconnaissance pour l’œuvre de Juncker qui a su mettre le Luxembourg sur la carte de l’Europe et la tentation du parricide. Comme si les cadors du CSV refusaient obstinément de voir la réalité en face – l’usure du chef – et de faire l’analyse des raisons de la défaite électorale. « On lui reconstitue un bureau presque à l’identique que celui qu’il avait au ministère d’État pour qu’il ne se sente pas trop dépaysé, on veille à son confort jusqu’à s’occuper de sa voiture », s’énerve ce serviteur de la cause socialechrétienne qui, sous le couvert de l’anonymat, dit son incompréhension face au spectacle d’un homme qui semble se complaire dans le rôle du « héros blessé ». « Personne n’ose lui dire la vérité en face », ajoute-t-il. Pendant la campagne des législatives anticipées, où tout s’est joué autour de sa personnalité, Jean-Claude Juncker a bénéficié de la protection de toute une cour de proches. À commencer par la bienveillance de l’ancienne ministre de la Famille, Marie-Josée Jacobs, qui veillait à l’hygiène de vie du leader du parti chrétien social pour éviter tout dérapage. Officiellement, Jean-Claude Juncker sera donc, comme il l’a promis à ses électeurs, l’homme qui dirigera l’opposition pendant cinq ans. Mais il aura droit quand même à un aménagement de son temps de travail.

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« Personne n'ose lui dire la vérité en face. »


actualité Économie & politique entreprises place financière

Ainsi Juncker ne présidera pas la commission de contrôle parlementaire du Service de renseignement, comme c’est d’usage pour le chef de la fraction d’un des principaux partis d’opposition. En fait, le véritable chef de la fraction du CSV est Claude Wiseler, le pragmatique député qui pourrait sans doute le mieux incarner la relève et le renouveau du parti. Il sera sans doute aussi présent pour remplacer l’ancien chef du gouvernement au pied levé si jamais un destin européen devait l’appeler hors du Luxembourg. L’ancienne ministre Martine Hansen, qui fut placée au gouvernement après le départ de François Biltgen à la Cour de Justice de l’UE, par le seul choix de Juncker, devrait également tenir un rôle clef dans cette articulation de la fraction des chrétiens sociaux autour du leader fatigué, dépassé et profondément déprimé par sa première défaite politique sur le plan national. Faire la navette ?

Malgré ses dénégations face aux journalistes internationaux qui le harcèlent sur ses ambitions, après 19 ans de pouvoir à la tête du Luxembourg et huit comme président de l’eurogroupe (janvier 2005 à janvier 2013), Jean-Claude Juncker aurait encore des chances de jouer

Juncker a plus envie de la présidence du Conseil que de la Commission.

un rôle au niveau européen. Mais le job serait probablement moins prestigieux que l’intéressé en rêvait. Une information a filtré fin novembre via le journal autrichien Standard : Juncker serait désormais disposé à diriger les conservateurs du PPE au Parlement européen pour tenter de faire contrepoids à la puissance de feu du socialiste allemand Martin Schultz. L’actuel président du PE est en lice pour prendre la tête de la Commission européenne, un poste actuellement occupé par le conservateur José Manuel Barroso. Il est d’usage que le groupe le plus fort du Parlement européen désigne son champion pour l’envoyer à la tête de l’exécutif européen. Une source proche du PPE explique que la candidature de M. Juncker à la présidence du PPE serait un préalable posé par les dirigeants de ce groupe pour soutenir les ambitions du Luxembourgeois à une candidature plus ambitieuse. Pourquoi pas d’ailleurs la présidence du Conseil, si les arbitrages entre États membres devaient le permettre ? C’est, semble-t-il, à ce prix seulement que l’ancien Premier ministre CSV serait partant pour le Parlement. Ceci dit, Jean-Claude Juncker n’a pas très envie du poste de José Manuel Barroso, un job requérant beaucoup d’énergie et d’huile de coude. Il serait en revanche davantage tenté de prendre la relève du Belge Herman van Rompuy à la tête du Conseil européen. Le job lui avait échappé de peu en 2009, après le barrage que le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel avaient mis sur sa route, en préférant miser sur une personnalité plus consensuelle. Toutefois, dans l’entourage de la présidence du Conseil, on estime que les chances du Luxembourgeois sont assez minces. D’abord parce qu’il fait figure de vaincu, même si le CSV continue d’affirmer qu’il n’a pas perdu les élections du 20 octobre. Or, mieux vaut, pour un candidat à un poste influent, afficher un profil de gagnant… Toujours est-il que Juncker aurait l’avantage d’être soutenu par le gouvernement bleu, vert et rouge de Xavier Bettel. Le nouvel exécutif grand-ducal ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil le chef de l’opposition envoyé à Bruxelles. Il n’est pas certain, en revanche, que la candidature du socialiste Martin Schultz, malgré la coalition en Allemagne, soit sponsorisée par la CDU d’Angela Merkel. On peut toutefois supposer que cette question a été soulevée et réglée lors des négociations gouvernementales à Berlin. Une candidature de Juncker sera soutenue par la coalition bleue-rouge-verte à la présidence de la Commission européenne, même si le LSAP a obtenu dans les négociations le poste de commissaire européen. « Si M. Juncker est proposé pour être président de la Commission européenne, alors les trois partis soutiendront cette candidature », a déclaré Xavier Bettel. Une candidature de Juncker comme tête de liste du PPE au Parlement européen signifierait-elle alors qu’il devrait figurer sur la liste européenne que le CSV présentera en mai 2014 ? Les chrétiens sociaux disposent actuellement de trois députés sur les six postes attribués au Luxembourg. Les noms des candidats n’ont pas encore été arrêtés, mais janvier 2014 —

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actualité Économie & politique entreprises place financière

n on ele par

le glissement du CSV dans l’opposition va sans doute rendre le jeu plus compliqué que lors des précédents scrutins, dont les dates coïncidaient avec les législatives et où les seconds couteaux et les indésirables (i.e. Viviane Reding) étaient volontiers envoyés, comme en exil, faire la navette entre Strasbourg et Bruxelles. Déni de responsabilité

Ce qui est certain aussi, c’est qu’à Luxembourg, la garde rapprochée de Jean-Claude Juncker travaille à lui faciliter (lui forcer ?) la route vers un destin européen. Ainsi, le député et ancien ministre et candidat à la présidence du CSV, Marc Spautz, qui dispose de bonnes connexions dans la CDU à Berlin avec une ligne directe à Angela Merkel, ne ménage-t-il pas sa peine pour aller discrètement vanter à l’international les mérites de son mentor et soigner l’image d’Épinal du vieux héros. Ces ambitions européennes à peine voilées de Jean-Claude Juncker expliquent en partie pourquoi le parti chrétien social n’a toujours pas fait l’analyse de sa défaite électorale et ne se résout pas à désigner les vrais coupables. « Personne ne veut voir que Jean-Claude Juncker porte une responsabilité dans le résultat du 20 octobre », juge un militant du CSV. Au lieu de ça, on désigne des boucs émissaires, comme le Wort et son président Erny Gillen qui ont massacré, avant les élections, du 20 octobre la proposition de Juncker sur la suppression des cours de religion dans l’enseignement secondaire. Il est d’ailleurs assez symptomatique de voir comment a été étouffée dans l’œuf la critique émise par une certaine frange de la jeunesse du parti chrétien social (CSJ), essentiellement incarnée par le député Serge Wilmes. Invités quelques jours après les élections par le mensuel Forum à exprimer leurs vues sur « l’après Juncker », trois jeunes espoirs du parti, Serge Wilmes, Pierre Lorang et Julie Wieclawski (la nièce d’Octavie Modert, ce qui a aggravé le cas de cette jeune femme courageuse et spontanée) ont ouvertement critiqué le verrouillage du CSV, sa pensée unique, l’absence d’autocritique du parti, le peu de respect des principes démocratiques du système « noir ». Controversé, aussi, le choix de Juncker pour mener la bataille, le Premier ministre sortant étant vu dans son propre camp comme un homme du passé, pas le candidat idoine pour relever les défis attachés à la direction de la principale formation d’opposition. Aussitôt après cette conférence des « jeunes ingrats », les barons chrétiens sociaux, parmi lesquels Michel Wolter, actuel président du parti qui n’a pas souhaité se succéder à lui-même, ont sifflé la fin de la récréation. Serge Wilmes s’est fait rappeler à l’ordre lors de la première réunion de la fraction, quelques heures avant l’ouverture de la session extraordinaire de la Chambre des députés, en se faisant

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Mieux vaut, pour un candidat à un poste influent, afficher un profil de gagnant .

accuser d’avoir voulu ruiner l’image de Jean-Claude Juncker dans la presse internationale. Or, l’unique média non luxembourgeois à avoir relayé l’introspection critique des représentants du CSJ lors de cette conférence publique fut le quotidien de Trèves, le Trierischer Volksfreund. Procès en équité

Le procès fait à Serge Wilmes, qui se serait payé une belle engueulade, manquait donc d’équité et d’honnêteté intellectuelle. Il sera d’ailleurs intéressant de voir quels ressorts et responsabilités seront attribués au jeune député, pour connaître le degré de disgrâce dont il écopera au parti. Il ne faudra pas non plus perdre de vue le prochain congrès de jeunes chrétiens sociaux pour jauger de leur capacité à apporter de l’air frais au CSV et plus de démocratie dans ses structures de décision. Et voir aussi dans quelle mesure leurs revendications légitimes seront prises au sérieux par leurs aînés. Marc Spautz, qui a sept mois de moins que Michel Wolter, a toutes les chances de devenir le prochain patron du CSV. Il est probable aussi qu’il n’ait pas de concurrent. D’ailleurs, sans attendre le congrès du parti qui doit se tenir au plus tard à la mi-février 2014, devant valider ce choix, de nombreux militants l’ont déjà félicité et le tiennent désormais pour le nouveau président. Le parti devra tôt ou tard faire son examen de conscience, sans rejeter cette fois la faute sur les autres, pour se reconstruire dans l’ère de l’après Juncker. C’est seulement à ce prix que le CSV pourra espérer revenir au gouvernement.

Jean-Claude Juncker restera-t-il très longtemps à la tête de la fraction du CSV à la Chambre des députés ? Sans doute pas. Ses fidèles, parmi lesquels le député et le futur président du parti chrétien social Marc Spautz, sillonnent l’Europe pour tenter de trouver un débouché international à la carrière de l’ancien Premier ministre. Juncker rêve de la présidence du Conseil. Mais pour décrocher le pompon, les leaders conservateurs européens lui auraient demandé de devenir le chef de file du groupe PPE au Parlement européen.


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n on ele par Comment en est-on arrivé là ?

Du CD crypté à la chute de la maison Juncker

Un ex-agent du Srel livre son récit d’une entrevue avec Jean-Claude Juncker.

La défiance entre Marco Mille et le Premier ministre provient de l’humiliation du premier par le second. Un CD de 45 minutes toujours indéchiffrable, mais au contenu sensible. Texte Véronique Poujol Photo Christophe Olinger

L

’enregistrement que Marco Mille, l’ancien directeur du Service de renseignement de l’État (Srel), fit en janvier 2007 d’une conversation avec le Premier ministre Jean-Claude Juncker, dans le bureau de ce dernier, puis la révélation de son contenu, auront été les éléments déclencheurs de la chute de la maison CSV et de son chef. La commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du Srel a cherché, bien que mollement, le motif ayant poussé un homme aussi intelligent et futé que Marco Mille à la faute : emprunter une montre du service pour voler une conversation sensible avec le Premier ministre, du fichage des citoyens à la chasse aux gauchistes dans les années 1980. Dans ses auditions devant les membres de la commission d’enquête, M. Mille a tenté de justifier son acte en racontant qu’il avait cherché ainsi à protéger son service. Il s’agissait, pour lui, d’obtenir de Jean-Claude Juncker la preuve que ce dernier avait bien autorisé, au préalable, la mise sur écoute du fameux « Monsieur M. » (en l’occurrence Loris Mariotto), pour tenter de percer le mystère d’un CD crypté relatif à une audience que le Premier ministre avait eue avec le Grand-Duc Henri au Palais, vraisemblable– ment en 2006, dans le contexte de l’affaire du Bommeleeër. Pour rappel, l’enquête sur les attentats à la bombe des années 1980 avait été relancée après le témoignage d’un homme ayant aperçu le Prince Jean, frère du souverain, à proximité d’un endroit où une explosion eut lieu. Ce témoin est

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aujourd’hui décédé. La vraie raison de l’enregistrement de Mille avec Juncker serait toutefois à chercher ailleurs, plus précisément dans la défiance que le chef du renseignement luxembourgeois avait envers le Premier ministre, son supérieur hiérarchique direct. Pourquoi ? Le motif tiendrait à la personnalité même de Jean-Claude Juncker et à un de ses travers : un mélange d’arrogance et d’agressivité que d’aucuns attribuent à des déjeuners parfois très arrosés. Il y eut une cassure entre les deux hommes, au point que l’un ne fera plus confiance à l’autre. Cela remonte au début de l’année 2007, lorsque le Srel prit connaissance de l’existence de l’enregistrement au Palais grand-ducal et alla en informer le chef du gouvernement. L’affaire de la montre

Un récit, encore à paraître, et dont paperJam a eu connaissance, sobrement intitulé « Die Sache mit der Uhr » (L’affaire de la montre), livre une version de ce qui s’est passé dans le bureau du Premier ministre un soir de 2007, aux alentours de 18 h 30. Son auteur est André Kemmer, ancien agent du Srel et ex-conseiller en sécurité au ministère du Commerce extérieur. L’homme est actuellement suspendu de ses fonctions pour avoir été l’un des protagonistes de l’affaire du Srel avec Marco Mille et Frank Schneider, ancien directeur des opérations du Service de renseignement. C’est d’ailleurs Kemmer qui révélera plus tard au Premier ministre l’existence de l’enregistrement entre lui et Mille et lui en


actualité Économie & politique entreprises place financière

Juncker a quitté l'Hôtel de Bourgogne d'un pas alerte. Il a eu le temps d'en connaître les recoins et les coulisses.

apportera une copie. Juncker l’avait d’ailleurs perdue. Tous les trois étaient dans le bureau du Premier ministre et la description que Kemmer a faite de cette réunion a été corroborée par Frank Schneider. Tous les deux affirment d’ailleurs avoir apporté leur témoignage lors de leurs auditions respectives devant les officiers de police judiciaire dans le cadre d’une enquête ouverte fin 2012 sur des écoutes présumées illégales. L’ancien agent du Srel, dans son récit qui tient en 14 pages, remonte le fil du temps et évoque dans un premier temps le parcours du fameux CD crypté de la conversation de 45 minutes entre M. Juncker et le chef de l’État, tantôt en français, tantôt en luxembourgeois. Les circonstances dans lesquelles M. Mariotto dit en avoir eu connaissance restent encore assez floues : deux employés du Palais lui auraient fourni l’original de l’enregistrement qu’il a conservé et crypté (ce sera en quelque sorte son assurance vie) selon des procédés que l’ingénieur autodidacte avait acquis de ses contacts avec les milieux militaires italiens. Au Srel, l’ingénieur ne remettra seulement qu’en 2008 une copie cryptée, que personne jusqu’à présent ne serait parvenu à déchiffrer, pas même des experts suisses mandatés en début d’année 2013 par la commission d’enquête parlementaire. On ignore d’ailleurs quelles sont les mesures de contraintes que la justice a prises pour demander à M. Mariotto de rendre l’enregistrement lisible. Les enquêteurs disposent en tout cas du résumé qu’en fit l’ingénieur à André Kemmer, lorsqu’il fut enregistré par un téléphone du Srel. Cet

enregistrement constitue l’une des pièces de l’instruction menée dans le cadre de l’enquête pénale sur les dérives présumées du Service de renseignement luxembourgeois. Déballages

On ne sait pas non plus si M. Mariotto a été interrogé par la police. Il est probable que oui. En tout cas, la commission d’enquête parlementaire ne l’a jamais convoqué, sans doute pour ne pas créer d’interférence avec l’enquête judiciaire. L’ex-Premier ministre avait indiqué, pour sa part, aux membres de la commission que sa conversation au Palais n’avait pas porté sur des sujets « brisants ». Selon le récit qu’en fait André Kemmer, Loris Mariotto s’en fera une toute autre opinion. L’ingénieur fournira d’ailleurs à l’agent des motsclés prononcés par le Grand-Duc et qui serviront au Srel à tester auprès de M. Juncker la crédibilité de ses informations. Dans le vocabulaire et les expressions choisis, Kemmer évoque le mot « tourbillon » qu’Henri aurait prononcé pour décrire la situation dans laquelle fut la famille grand-ducale après les révélations du témoin en 2006. L’ex-agent du Srel raconte encore que la conversation au Palais aurait viré à un déballage d’une affaire d’État susceptible de faire sauter Jean-Claude Juncker de sa position  et qui relevait des « affaires internes du CSV ». On aurait donc évoqué au Palais une affaire « qui aurait coûté 300 kilogrammes de têtes de nègres ». Derrière cette expression subodorant la supériorité occidentale

L’ex-agent du Srel raconte que la conversation au Palais entre Juncker et le Grand-Duc aurait viré au déballage d’une affaire d’État.

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La note de « l'espion » est explicite. Un extrait en est reproduit ici, tel quel.

« Juncker s’est forgé lui-même un solide ennemi. »

(à moins qu’il s’agisse des fameuses têtes en guimauve enrobées de chocolat…), M. Kemmer y décrypte, dans son récit, une référence à l’affaire Lissouba, ancien président du CongoBrazzaville, dont des comptes furent découverts au Luxembourg, ce qui valut d’ailleurs une autre visite de Marco Mille, Frank Schneider et André Kemmer chez Jean-Claude Juncker. Une réunion à laquelle participa d’ailleurs l’ancien ministre CSV de la Justice et des Finances, Luc Frieden. L’enregistrement au Palais, selon ce qu’en avait rapporté M. Mariotto à M. Kemmer, évoque aussi une conversation insolite que Jean-Claude Juncker aurait eue avec Jean-Claude Trichet (gouverneur de la Banque centrale européenne) dans un endroit tout aussi insolite. Bref, il n’y aurait pas eu que des échanges de banalités entre le chef de l’État et le Premier ministre d’alors. André Kemmer écrit qu’un des points abordés aurait pu, s’il avait été révélé, coûter définitivement son mandat à M. Juncker. Agressivité et propos en dessous de la ceinture

C’est donc dans le but d’évaluer le risque que ce CD était susceptible de faire peser sur le Luxembourg et ses dirigeants que Marco Mille, accompagné d’André Kemmer et de Frank Schneider, prit rendez-vous avec Jean-Claude Juncker, un soir de janvier 2007, après les heures de bureau. M. Kemmer fait alors le récit d’une scène qu’il n’a pas osé révéler lors de ses auditions devant les membres de la commission de contrôle parlementaire : Jean-Claude Juncker était sans doute sorti d’un déjeuner bien arrosé, car il est décrit titubant. Mais il va surtout

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déverser pendant plus de 10 minutes des torrents d’agressivité contre Marco Mille et invectiver ce dernier avec des propos en dessous de la ceinture. paperJam reproduit ci-contre, et dans la langue originale du récit, la scène que vécurent les trois hommes du Srel, et que l’auteur du récit a appelée « Das Treffen mit dem Staatminister. ‘Das Aus’ ». En sortant du bureau de Jean-Claude Juncker, Marco Mille sera blanc comme un linge et surtout furieux : « Je vais le tuer », aurait-il alors dit à ses deux acolytes, tandis que Frank Schneider tentait de calmer le jeu et les esprits. « Juncker s’est forgé lui-même un solide ennemi », écrit l’ancien agent, qui dit comprendre pourquoi son directeur est allé plus tard enregistrer une de ses conversations dans le bureau du Premier ministre. André Kemmer indique que c’est à partir de cet épisode que Jean-Claude Juncker a perdu toute autorité et la confiance de son chef du renseignement. La maison Juncker connut là sa première fissure sérieuse. On connaît la suite…

Tout n’a pas été dit devant la commission d’enquête du Service de renseignement. Un ancien agent du Srel, André Kemmer, a fait le récit de ce qui s’est passé dans le bureau de l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, un soir de janvier 2007, lorsque trois hommes du Service de renseignement, dont le directeur Marco Mille, viennent l’informer de l’existence d’un CD crypté contenant une conversation qu’il avait eue quelques mois plus tôt avec le GrandDuc Henri au Palais. La réunion se passera mal et Marco Mille essuiera un flot d’insultes volant sous la ceinture. paperJam a obtenu une copie du récit.


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économie & politique

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Autorisation de commerce

Flavio Becca fait condamner l’État Le promoteur et développeur immobilier a fait condamner l’État à lui payer 2.500 euros de frais de procédure pour lui avoir refusé une autorisation pour un centre commercial à Bettembourg. Flavio Becca est l'heureux propriétaire du terrain sur lequel l'implantation du centre commercial a été refusée.

Photo : Luc Deflorenne

En avril 2012, Flavial a contesté la « décision » de l’ITM devant le Tribunal administratif, mais son recours a été rejeté en mai 2013, car jugé irrecevable, la lettre de l’Inspection du travail n’étant pas considérée comme une décision administrative, cette administration n’ayant pas de compétences pour ce faire. Flavio Becca a interjeté appel devant la Cour et six mois plus tard, il a gagné son affaire, faisant annuler la décision de refus de l’Inspection du travail et des mines. Et au passage, le promoteur fait condamner l’État à lui rembourser une partie de ses frais de procédure, 2.500 euros. Tout un symbole. Inégalité de traitement injustifiable

Une affaire kafkaïenne, a résumé un des avocats du promoteur et développeur immobilier Flavio Becca devant la Cour administrative. Un « second Bourmicht en puissance », a raconté un proche du dossier, en référence à la condamnation de l’État à rembourser le propriétaire d’un terrain de la zone d’activité de Bertrange avec lequel les autorités avaient joué au chat et à la souris, lui autorisant un coup la construction d’un immeuble en face d’un dépôt pétrolier et une autre fois lui refusant l’autorisation d’exploitation. Un scénario à l’identique est-il donc en train de se reproduire dans la zone industrielle et commerciale de Bettembourg autour d’un hall (ancien Eurofood) appartenant à la famille Becca, plus précisément à la société Flavial sàrl ? L’affaire a démarré avec un courrier du 29 octobre de l’Inspection du travail et des mines, qui sera interprété par Becca comme un refus de faire droit à sa demande d’autorisation d’exploiter un petit centre commercial à Bettembourg,

introduite un mois plus tôt. La famille Becca est propriétaire du terrain, ce qui est assez rare d’ailleurs, car en principe les terrains sur ce type de zone commerciale et industrielle relèvent de baux emphytéotiques. Zone Seveso

L’ITM jugea le dossier Flavial incomplet mais indiqua, dans le même temps, qu’il était impossible d’autoriser l’exploitation d’un complexe commercial dans le périmètre d’une zone classée Seveso, c’est-à-dire un site industriel présentant un risque d’accident majeur. La gare de triage de Bettembourg est en effet située à quelques encablures du site, sur la zone industrielle et commerciale. Pas question pour les autorités de valider une autorisation d’exploitation d’un commerce accueillant le public. « U ne autorisation d’exploitation ne pourra pas être délivrée », écrit ainsi l’ITM en octobre 2010.

La Cour n’a toutefois pas voulu trop se mouiller dans ce dossier et n’en a pas exploré tous les tenants et aboutissants, se contentant d’annuler la décision de l’ITM et renvoyant les politiques à leurs responsabilités. Becca avait mis en cause les contradictions du raisonnement des autorités avec d’un côté, un dossier d’autorisation incomplet et la demande faite au promoteur de réaliser des études coûteuses (180.000 euros) pour démontrer la faisabilité de son projet, et d’un autre côté, l’assurance pratiquement nulle de voir son centre commercial autorisé, compte tenu de sa localisation dans un périmètre classé Seveso. Son avocat parlait de « mauvaise foi caractérisée de la part de l’État ». La présence dans la zone Seveso du magasin de bricolage Hella, disposant, lui, d’une autorisation d’exploitation, avait fait dire aux avocats du promoteur qu’il était victime « d’une inégalité de traitement flagrante et injustifiable ».V. P.

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Conseil d’État

Cour de justice de l’UE

Coûteuses eaux usées Le Luxembourg est condamné à de lourdes sanctions financières directes et à une astreinte journalière. En cause, la non-conformité du traitement des eaux urbaines résiduaires.

66 avis livrés dans les 30 jours À l’occasion de la présentation de son rapport annuel, début décembre, le Conseil d’État, présidé par Victor Gillen, a souhaité, non pas justifier son travail, mais « publier dans une forme plus ramassée les points essentiels de ses avis » et contribuer aussi « à une vulgarisation des principes de droit et par là à une meilleure formation du citoyen ». Les Sages ont rendu 302 avis au cours de l’exercice 2012-2013 (dont 112 projets de loi), contre 317 en 2011 / 2012, et ses 21 membres se sont réunis 22 fois en séance plénière et 15 fois en séance publique. Sur les 302 avis qui lui ont été demandés, le Conseil d’État en a traité 66 en moins d’un mois et 178 ont été rendus dans un délai de trois mois. Les avis ayant traîné plus d’une année sur les bureaux des Sages se limitent à 12. Au compteur, le Conseil d’État a émis 220 oppositions formelles, dont plus de la moitié furent relatives à la Constitution.

Photo : Luc Deflorenne ( archives )

Communications électroniques

Avis motivé contre le Luxembourg L’astreinte journalière de 2.800 euros par jour représente un poids semestriel de 511.000 euros sur les finances publiques.

Deux millions d’euros d’amende et une astreinte de 2.800 euros par jour de retard dans la mise en œuvre des mesures nécessaires pour la mise en conformité : la Cour de justice de l’Union européenne a eu la main lourde pour le Luxembourg, qui n’est toujours pas en phase avec la directive européenne relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, qui concerne la collecte, le traitement et le rejet des eaux usées provenant de certains secteurs industriels. Dans son arrêt du 28 novembre, la Cour ne peut que constater que le Luxembourg n’a pas adopté toutes les mesures nécessaires pour se conformer entièrement à ses obligations découlant d’un premier arrêt rendu en… 2006 ! En dépit « des efforts et des investissements importants », il reste encore six agglomérations (sur 12 initialement) qui ne remplissent pas les conditions requises : Beggen, Bleesbruck, Bonnevoie, Hesperange, Mersch et Übersyren. Manifestement prêt à rebondir sur la publication de l’arrêt le condamnant, l’État, par la voix du gouvernement, a immédiatement

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réagi dans un communiqué. « Suite à l’arrêt de 2006, se défend-il, les moyens de cofinancement des projets communaux par l’État moyennant le Fonds pour la gestion de l’eau ont évolué significativement à la hausse.» Le communiqué cite un cofinancement étatique de 23,5 millions en moyenne entre 1999 et 2004 (année de la création de l’Administration de la gestion de l’eau), qui est passé ensuite à une moyenne annuelle de 53,5 millions d’euros. « En 2013, la somme de 70 millions sera vraisemblablement atteinte », ajoute le gouvernement sortant, revendiquant des « e fforts soutenus et constants entrepris tout au long de la dernière décennie pour moderniser et agrandir les stations d’épuration ». L’astreinte journalière de 2.800 euros, qui sera à payer à un rythme semestriel (soit quelque 511.000 euros tous les six mois), a commencé à courir le jour de l’arrêt et diminuera en fonction de la mise en conformité progressive des stations d’épuration. À noter que l’eau fait partie des nouveaux ressorts ministériels du gouvernement qui vient d’être nommé…

La Commission européenne a adressé fin novembre un avis motivé au Luxembourg pour ne pas avoir mis en œuvre le cadre réglementaire 2009 de l’UE relatif aux communications électroniques. « À l’exception d’une notification tardive de trois marchés à analyser sur sept, le Luxembourg n’a pas notifié à la Commission d’analyse de marché depuis 2008 – voire depuis 2006 selon le marché concerné », constate Bruxelles. Le Luxembourg dispose maintenant d’un délai de deux mois pour prendre les mesures nécessaires afin de se conformer à cet avis motivé. Finances publiques

Budget : retour aux douzièmes Les élections anticipées du 20 octobre ayant rendu matériellement impossible la confection du projet de budget, Luc Frieden, le ministre CSV sortant des Finances, a déposé le 18 novembre un projet de loi pour ressusciter le régime des douzièmes provisoires, permettant ainsi à l’État de fonctionner entre janvier et avril 2014 avec un budget de quelque 3,879 milliards d’euros.

victor gillen


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Confiance des consommateurs

Au plus haut L’indice de confiance des consommateurs se met au diapason de la météo. Mais en pointant au degré zéro fin du mois de novembre, l’indicateur mesuré par la Banque centrale fait état d’une situation plus chaleureuse qu’il n’y paraît. Pour le quatrième mois consécutif, cet indice était en hausse : il était encore de -12 en juillet et a atteint, pour novembre, zéro, ce qui constitue son plus haut depuis août 2011. Pour le seul mois de novembre, toutes les composantes de l’indicateur de confiance ont évolué de manière favorable, à l’exception de celle relative à l’évolution future du chômage, pour laquelle les consommateurs demeurent préoccupés.

Sécurité budgétaire

Règle d’or : le patronat très critique Dans son avis rendu sur le projet de loi relatif à la gouvernance des finances publiques, la Chambre de commerce n’y va pas avec des pincettes envers le législateur.

Emploi

Chômage stable en octobre Le taux de chômage en octobre 2013 s’est maintenu au même niveau de 7 % que celui du mois précédent. Un an plus tôt, il n’était « que » de 6,2 %. En un mois, 457 nouveaux demandeurs d’emploi ont néanmoins été recensés à l’Adem, avec un total de 17.516 personnes. Le nombre d’entre eux ayant bénéficié de l’indemnité de chômage complet s’élevait à 7.334 fin octobre 2013, soit une augmentation de 15 % en 12 mois.

Électricité

Importations belges en hausse Selon les données publiées par l’Institut luxembourgeois de régulation, le Luxembourg a, au 31 août 2013, importé un total de 4.532 GWh d’électricité, soit 0,89 % de plus qu’en août 2012. Si les importations venant d’Allemagne sont restées stables, celles issues de la Belgique ont progressé de 15,2 % à 797 GWh. À l’inverse, les exportations vers le Royaume ont chuté, en un an, de 65 % à 436 GWh. La raison est simple : la centrale TGV de Twinerg a davantage été en mode « maintenance » en 2013. Or, pour des raisons de structuration de réseaux (et aussi parce que l’actionnaire principal est Electrabel), une très grande partie de l’électricité qu’elle produit est exportée en Belgique avant d’être réimportée au Luxembourg via d’autres canaux…

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Photo : Jessica Theis (archives)

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Quelques semaines après avoir supervisé cet avis de la Chambre de commerce dont il était le directeur général, Pierre Gramegna va passer de l’« autre côté » en prenant les rênes du ministère des Finances…

L’avis de la Chambre de commerce sur la projet de loi relatif à la coordination et à la gouvernance des finances publiques (qui doit être adopté avant la fin de l’année pour entrer en vigueur au 1er janvier prochain) ressemble presque à une feuille de route adressée au prochain gouvernement, qui voudrait faire croire qu’une radiographie des dépenses publiques serait une alternative crédible à des hausses d’impôts pour rester dans les clous fixés par Bruxelles en matière de déficit public. Et, par-là même, ne pas franchir le seuil fatidique d’une dette publique supérieure à 30 % du PIB, conditionnant le maintien de la note triple A du Luxembourg. La nomination du directeur général de la Chambre de commerce, Pierre Gramegna, au ministère des Finances, annoncée quelques jours après le dépôt de cet avis, lui donne évidemment une teneur encore plus particulière. Sur 33 pages,

le patronat ouvre en tous les cas des pistes et siffle surtout les dérapages (sans doute voulus) du gouvernement sortant, à qui il est reproché une transposition trop « soft » du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Parmi les chiffons rouges agités par l’institution : la question du statut juridique du projet de loi, dont un des axes principaux est l’introduction de la règle d’or budgétaire (un déficit structurel qui ne doit pas dépasser 0,5 % du PIB) et un mécanisme de correction si cette règle n’est pas respectée. On se rappelle que sous la pression des syndicats et de l’aile gauche du gouvernement, Jean-Claude Juncker n’avait pas voulu inscrire la règle d’or dans la Constitution luxembourgeoise, mais dans un texte de « loi spéciale » ne pouvant être modifié qu’à la majorité des deux tiers de la Chambre des députés. Or, signale la Chambre de commerce en le regrettant « profondément », l’exposé des motifs


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et le commentaire des articles sont « parfaitement muets à l’égard du statut particulier que pourrait ou devrait revêtir la loi ». Règle d’or bis

À défaut du caractère constitutionnel, les patrons se contenteraient d’un vote à majorité renforcée en proposant, dans ce but, de scinder le projet de loi en deux : un premier transposant la règle d’or budgétaire et le mécanisme de correction à adopter à majorité renforcée, et un second texte comportant les « d ispositions résiduaires » pouvant être, elles, adoptées à la majorité simple. Ce faisant, aucun gouvernement ne pourrait ainsi remettre en cause les règles de déficits publics structurels, ni l’automatisme du mécanisme de correction, ce qui constituerait aux yeux de la Chambre de commerce des « glissières de sécurité permanentes de la politique budgétaire luxembourgeoise, indépendamment des considérations politiques du moment ». On ne sait jamais ce qui pourrait se passer dans la tête des dirigeants de la nouvelle coalition… Autre point soulevé : l’objectif à moyen terme (OMT), actuellement fixé à un excédent de 0,5 % de PIB nécessaire pour maintenir l’équilibre des finances publiques luxembourgeoises. Il ne va pas assez loin non plus en raison de l’absence de soutenabilité à long terme de la sécurité sociale (et ce, malgré la réforme des pensions). La Banque centrale du Luxembourg (BCL) place d’ailleurs la barre de cet OMT à 1,15 %, pour assurer la pérennité du modèle social luxembourgeois, soit le double de l’objectif actuel, rappelle d’ailleurs la Chambre de commerce. Même la Commission européenne estime que la cible de +0,5 % n’est pas satisfaisante. Les patrons veulent d’ailleurs aller encore plus loin que la règle d’or dans le serrage de ceinture et l’effort de consolidation budgétaire. Ils suggèrent ainsi de prévoir en parallèle « une règle de déficit spécifique » applicable uniquement dans le chef de l’administration centrale (avec l’objectif d’un minimum de 0,5 % de déficit structurel). Car ils jugent le besoin de financement structurel « le plus inquiétant ». Cette règle d’or bis, poursuit l’avis, « pourrait, dans un stade initial, être limitée dans le temps et faire l’objet d’une réévaluation à l’horizon 2020 ».

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Balance des échanges commerciaux entre la Chine et le Luxembourg (en millions d’euros) Échanges commerciaux

Le déficit avec la Chine se réduit Selon les données publiées par Eurostat, le Luxembourg a réduit, en un an, le solde négatif de sa balance commerciale avec la Chine de près de 40 %. Les exportations calculées au 30 juin 2013 ont progressé de 27 % (de 90 à 114 millions d’euros), alors que les importations ont reculé de près de 33 % (de 808 à 543 millions). Au total, le déficit commercial du Luxembourg vis-à-vis de l’empire du Milieu n’est plus « que » de 429 millions d’euros (contre 718 millions un an plus tôt). Le principal partenaire commercial de l’UE avec la Chine est l’Allemagne : 32,4 milliards d’euros à l’exportation (soit 45 % de l’ensemble de l’Union) et 27,7 milliards à l’importation (21 % du total).

Taux d’intérêt immobiliers

Le fixe en hausse, le variable en baisse Selon les données d’octobre communiquées par la Banque centrale du Luxembourg (et non pas établies par la BCL, comme mentionné par erreur le mois dernier), le taux d’intérêt variable accordé aux ménages sur les nouveaux crédits immobiliers est en baisse de 1 point de base à 1,95 % par rapport au mois dernier et de 8 points par rapport à octobre 2012. En revanche, le taux d’intérêt fixe sur les crédits immobiliers augmente de 5 points de base en un mois à 2,63 % (et de 9 points comparé à octobre 2012). Dans le même temps, le taux d’intérêt sur les crédits à la consommation (pour une période de fixation initiale entre un et cinq ans) a diminué de 11 points de base en un mois, et de 29 points sur un an.

Institutions européennes

Les anti-Strasbourg et Luxembourg avancent Le Parlement européen a voté, le 20 novembre, le rapport « FoxHäfner » en faveur d’un siège unique des institutions européennes, établi à… Bruxelles. « Un monument d’incohérences », selon l’eurodéputé luxembourgeois Charles Goerens (DP), qui rappelle que le Parlement européen avait récemment décidé d’investir 450 millions d’euros dans un immeuble pour ses besoins au… Kirchberg. Son collègue socialiste, Robert Goebbels, a lui aussi voté contre, mais relativise la portée de ce vote. « Un transfert du siège à Bruxelles nécessiterait une conférence intergouvernementale avec l’accord unanime des 28 États, les ratifications de cet accord par 28 parlements nationaux et au moins un référendum, en Irlande. Bonne chance ! »

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Angolagate

Mondialisation

2030.lu

Le dossier connexe rouvert

Luxembourg sur le podium

355 idées citoyennes et un manifeste

Après huit mois d’attente, la Cour d’appel de la Chambre du conseil a décidé de rouvrir l’instruction à l’encontre de deux anciens dirigeants de la Sella Bank pour faux et usage de faux en relation avec l’argent de la négociation controversée de la dette angolaise. Un nouveau juge d’instruction va être nommé pour reprendre l’examen de l’affaire. Sauf que depuis l’arrêt, la banque a renoncé à sa plainte.

Selon une étude menée par Pankaj Ghemawat, professeur de l’école de commerce espagnole IESE, le Luxembourg, tout comme depuis 2005 (date de création de ce classement), est le 3e pays (sur 139) le plus « mondialisé » de la planète. Il se classe derrière Hong Kong et Singapour et devant l’Irlande, la Belgique et les Pays-Bas. Le pays pointe à la première place pour ce qui est des flux de capitaux et des flux de personnes (tourisme, étudiants étrangers, migration).

L’initiative citoyenne « 2030.lu – Ambition pour le futur », lancée en mars dernier, a clôturé son action fin novembre avec la présentation d’un impressionnant et volumineux recueil de 340 pages : 355 idées pour l’avenir du pays. « On y trouve des idées et non pas des solutions toutes faites », a expliqué Michel-Edouard Ruben, un des membres de l’équipe « opérationnelle » de 2030.lu. Un manifeste en 13 points a également été présenté, encourageant la société civile et le monde politique « à faire face aux défis socioéconomiques et écologiques qui guettent l’avenir du Luxembourg ».

« Nous n’allons pas nous présenter comme les mauvais perdants, vu que nous n’avons pas perdu ces élections. » Photo : Julien Becker (archives)

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Daniel Miltgen, président du Fonds du logement, a été reconduit dans ses fonctions. Mais pour combien de temps ?

Nominations

Fonds du logement : les indéboulonnables Avant de quitter ses fonctions, le ministre CSV du Logement a nommé les membres du comité directeur du Fonds du logement.

Deux jours avant les élections législatives anticipées, Marco Schank, le ministre CSV du Logement, a pris un arrêté grand-ducal (seulement publié fin novembre), pour mettre de l’ordre dans le comité directeur du Fonds pour le développement du logement et de l’habitat et y mettre aussi quelques affidés (lire aussi page 52). Sans surprise, Daniel Miltgen, premier conseiller de gouvernement, représentant du ministre ayant le logement dans ses attributions, s’est fait reconduire à la présidence. C’est désormais l’unique représentant du Fonds provenant du ministère du Logement, puisque Constant Kiffer, le bouillant conseiller de direction dans ce ministère, avait remis son mandat le 31 décembre dernier en raison de son désaccord avec la politique du logement social menée par le Fonds. L’arrêté grand-ducal portant nomination ne dit pas quelle sera la durée des mandats des membres du comité directeur, ni de son président. Rien ne dit que M. Miltgen, qui incarne depuis plus de 20 ans la politique du CSV, restera longtemps à son poste après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.

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Le Premier ministre sortant Jean-Claude Juncker, désigné chef de fraction du parti chrétien social, entend mener une opposition constructive, mais critique.

Pour 528 euros de plus

Il y a greffier et greffier La Cour constitutionnelle a jugé « conforme » à la Constitution luxembourgeoise, dans un arrêt du 15 novembre, le traitement différent qui est accordé aux greffiers du cabinet d’instruction, selon leur statut : fonctionnaire ou employé public. L’affaire était partie de la non-attribution d’une prime d’astreinte de 528 euros à une greffière ne disposant pas du statut de fonctionnaire. La Cour a estimé que le régime des agents employés de l’État se devait d’être « moins rigoureux et plus flexible », alors que les fonctionnaires « participent à l’exercice de la puissance publique » et que, de la sorte, « la situation des deux catégories n’est pas comparable ». L’affaire pourrait se poursuivre devant la Cour des droits de l’homme de Strasbourg.




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Bilan des élections sociales

L’OGBL pèse partout Le syndicat déjà majoritaire conforte sa position à l’issue du scrutin, tant à la Chambre des salariés que dans les entreprises. L’OGBL sort en tête dans presque tous les secteurs, même hors de ses bastions. Il progresse aussi dans les services financiers. Le taux de participation reste faible et comparable à celui de 2008. Texte Alain Ducat

A

près les élections législatives, on aurait pu croire que les urnes n’avaient pas accouché de perdants. En tout cas à en croire les analyses à chaud ou les réflexions à froid des plus piqués au vif. L’autre scrutin, qui a immédiatement suivi sous les feux de l’actualité, a livré, d’emblée, des résultats plus tranchés. « L’OGBL a non seulement consolidé sa majorité absolue, mais l’a même augmentée de deux sièges », pouvait-on lire sur le site du syndicat indépendant (de gauche quand même), quelques jours après un lent dépouillement des bulletins émanant des élections sociales du 13 novembre. À la Chambre des salariés (CSL), l’OGBL dispose désormais de 38 sièges sur un total de 60. Le LCGB qui s’était fixé comme objectif, raisonnable, d’obtenir une vingtaine de sièges, n’en a cueilli que 15 au final. Il en avait 16 en 2008. De quoi confirmer une voie royale, en tout cas présidentielle, à Jean-Claude Reding, ci-devant leader de l’OGBL et à la tête de la CSL depuis ses débuts (au lendemain du statut unique, qui avait abrogé les ouvriers d’un côté, les employés de l’autre, pour ne plus voir que des salariés). Au-delà des premiers constats qui sautent aux yeux, il y a des enseignements à tirer. Tout d’abord, le pays n’est pas syndicalisé jusqu’à la moelle. Pas si l’on mesure un taux de participation aux élections sociales, qui peut tenir lieu de baromètre mais qui, en l’occurrence, n’a rien d’affolant. Autour des 35 ou 36 %, la participation n’a pas été plus active en 2013 qu’en 2008. Encore raté donc, tant, pour l’ensemble des factions syndicales, l’ardeur à se manifester aux urnes était une grande interrogation et un enjeu du scrutin. Le vote n’étant pas obligatoire, chacun a fait campagne, d’information et de terrain, pour inciter les travailleurs à voter. Mobiliser les frontaliers, évidemment très nombreux dans les entreprises mais beaucoup moins dans les files électorales, relevait du challenge en soi. D’où les réunions et autres sollicitations dans les bourgades limitrophes, de

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Lorraine et de Wallonie notamment. En vain. La part marginale des frontaliers n’a pas gonflé le nombre de voix exprimées. Les résidents, eux, avaient déjà eu des chats électoraux à fouetter. Les abstentionnistes ont raflé près des deux tiers de la mise. Le taux de participation n’a dépassé la moitié du potentiel que dans trois groupes d’électeurs : l’administration publique (à peine plus de 50 %), la sidérurgie (55 %) et… les CFL (un bon 75 %), qui est évidemment un cas à part. L’Aleba, leader vacillant

À la CSL donc, sur les 60 sièges à répartir parmi neuf groupes de salariés, l’OGBL conforte encore un peu plus sa majorité en gagnant deux sièges. Le syndicat est d’ailleurs en tête dans tous les secteurs, et pas seulement là où sa présence était attendue, parce que traditionnelle. Dans le bastion de la sidérurgie, l’OGBL, qui perd cependant un représentant, mène encore 3-2 devant le LCGB. Dans les autres industries, le syndicat chrétien récolte 3 mandats pour 5 à son rival de gauche. Dans la construction, qui a été secouée par des faillites et des remous, des épreuves où l’importance syndicale prend parfois toute sa dimension, l’OGBL prend un mandat au syndicat chrétien et domine le terrain, avec 5 mandats contre 1. Les troupes de Jean-Claude Reding (sous sa casquette rouge) prennent aussi du poids, et c’était tout sauf évident, dans les secteurs financiers. Certes, l’OGBL ne sort pas en tête. C’est l’Aleba, syndicat spécifique à la banque et aux assurances, qui garde le leadership, avec 4 mandats. Mais l’OGBL arrive juste derrière, avec 3 sièges. Le LCGB, qui espérait grappiller du terrain dans ce secteur clé de l’économie se dessinant comme un fief peu enclin à se tourner vers la gauche, déchante...


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Photo : CSL

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Avec un nombre d’électeurs qui a tout de même augmenté (40.859 en 2013 contre 39.840 en 2008) au sein du secteur financier, l’Aleba devra probablement aussi mener sa propre analyse de la campagne. On notera que, dans les autres services, on voit aussi l’OGBL dominer, de la tête et des épaules, avec 10 élus, contre 4 au LCGB. Les administrations et entreprises publiques, qui représentent un fameux poids en soi dans le paysage socioéconomique, avaient quatre mandats à faire valoir à la CSL. Là aussi, l’OGBL, avec 3 sièges, tire les marrons du feu (sans se brûler les doigts), laissant un siège au LCGB. Le rapport de forces syndicales est, encore, en faveur de l’OGBL, à 5 contre 1, dans la santé et l’action sociale. On a vu que les chemins de fer représentaient un cas à part, et même isolé du contexte syndical global. Les syndicats maison squattent les wagons, avec le FNCTTFEL (dans la rangée de gauche) sur 2 sièges et Syprolux sur le strapontin restant, sans changement par rapport au dernier scrutin. La Chambre des salariés, dans sa composition, n’omet pas les retraités. Et, dans le groupe des « bénéficiaires de pensions de vieillesse et invalidité » (sauf CFL), c’est encore l’OGBL (4 mandats) qui domine, après avoir récupéré un siège aux dépens du LCGB (2 places). On peut aussi noter, au chapitre du bilan chiffré, que la Chambre des salariés devra encore se battre sur le front de

l’information, pourtant attaqué en quantité et en qualité par une campagne médiatique et des adresses directes aux salariés, pour bien sensibiliser et faire passer les messages. Car, outre la question de la participation, il faudra améliorer le taux de bulletins nuls, qui a notamment atteint 10,5 % dans le secteur de la construction et 8,3 % dans les services…

Toujours présidée par Jean-Claude Reding, la Chambre des salariés aura de nouveaux visages.

Comme une lettre à la poste

L’organisation avait fait l’objet d’une mise en place soignée. Le vote pour la CSL n’avait lieu que par correspondance. Les bulletins ont été adressés fin octobre par courrier aux 430.000 salariés concernés, dont près de 45 % de frontaliers. Il n’y avait « plus qu’à » remplir et renvoyer les bulletins, depuis le Luxembourg ou l’étranger, dans une enveloppe pré-adressée et surtout pré-affranchie – ce qui était une autre nouveauté de ces élections sociales 2013. Revers de la médaille sans doute, et probable explication partielle du taux de non-participation, bon nombre d’enveloppes brunes ont dû être oubliées sur un coin de table ou de bureau, au lieu d’atterrir, dûment complétées, dans une boîte aux lettres. L’autre volet de ces élections sociales concernait directement les entreprises. Indépendamment de la représentation des secteurs économiques à la Chambre janvier 2014 —


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La représentation des syndicats à la CSL

2

OGBL

10

(=) sièges

LCGB Aleba

Le poids des syndicats par secteur à la CSL (2013)

4

1

(=) siège

(- 1) sièges

FNCTTFEL

38

8

(+ 2) sièges 6

Syprolux

4

2

OGBL

des salariés, toutes les entreprises de plus de 15 personnes étaient invitées à composer une délégation du personnel en proportion. Le scrutin était, dans ce cas, organisé directement sur les lieux de travail, sous l’égide de l’ITM (Inspection du travail et des mines). Les fonctionnaires ont ainsi eu à traiter quelques centaines de procès-verbaux de résultats, adressés par les entreprises. Là où le scrutin a été mis en place, puisque, semble-t-il, quelques omissions (marginales et apparemment pas coupables) ont été relevées : certaines entreprises, qui avaient franchi le seuil de personnel requis, n’ont pas pu (ou ont oublié) d’organiser la chose en bonne et due forme… Il y a eu aussi quelques maladresses, de mauvais aiguillages ou des couacs. Pas de quoi refaire l’élection, mais peut-être alimenter les conversations à la pause-café. « Un maximum de choses sont mises en œuvre pour faciliter au mieux ces élections », avait souligné Christophe Knebeler, secrétaire général adjoint en charge des relations publiques au LCGB. Ainsi, cette année, sur proposition du ministère du Travail, avait été introduite – pour ceux qui ne travaillaient pas le jour J – la possibilité de s’exprimer par procuration, par l’intermédiaire de mandataires désignés au sein des entreprises. Le scrutin a aussi bénéficié de commodités, d’un étalement bienvenu. Pour des questions d’organisation, des entreprises aux effectifs importants ou fonctionnant en travail posté avaient obtenu le droit de démarrer plus tôt. Goodyear par exemple, en fonction de quatre pauses de travail et d’un total de quelque 1.300 salariés, a ouvert ses bureaux de vote dès le lundi,

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LCGB

rendant le scrutin accessible durant trois jours. D’autres salariés ont eu l’occasion de s’exprimer encore plus tôt, par correspondance également. Notamment les salariés du secteur du transport, puisqu’il n’était pas question de faire revenir expressément, pour le 13 novembre, des chauffeurs routiers du fin fond de l’Europe ou des pilotes d’avion de l’autre bout du monde. Dans le domaine de la comm’

La petite histoire sociale du pays retiendra peutêtre que, pour ces élections au cœur même des entreprises, ce ne sont pas les bannières syndicales qui ont le plus claqué au vent. Les grands vainqueurs de ce scrutin sont à coup sûr les délégués non affiliés à un syndicat, qui ont raflé quasi la moitié des mandats de délégué de personnel mis en jeu. Cela n’empêchera évidemment pas l’OGBL de célébrer son triomphe, logique. D’ailleurs, il avait déjà réussi à présenter plus de 5.000 candidats dans quelque 700 entreprises : une victoire en soi pour le puissant syndicat, une forme de noyautage pour d’autres, dirigeants de PME surtout. L’OGBL a, manifestement, aussi gagné la bataille de la communication et de l’utilisation intelligente des évolutions sociétales. Très actif sur les réseaux sociaux, il a aussi mené une campagne d’information assez subtile. Entre autres, ses candidats pouvaient être consultés, entreprise par entreprise, sur le site électoral que l’OGBL avait spécialement mis en place. La homepage donnait également accès à un simulateur de vote. Bilingue, dynamique et adapté aux différents types d’écrans et de

Aleba

FNCTTFEL

CFL

Pens ionné s

Sa & acte nté ur socia s ux

Adm inis & entr tration epris publi es ques

Servic es

Serv finan ices ciers

tion Cons truc

15

(- 1) sièges

Au indus tres tries

0 Sidér urgie

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Syprolux

navigateurs, via les tablettes et les smartphones aussi, le site a dû avoir son petit succès. Accessoirement, l’OGBL avait judicieusement utilisé la magie des noms de domaines, puisque l’adresse était www.electionssociales2013.lu (en version allemande : sozialwahlen.lu). Rien n’indiquait, a priori, que le site était celui de l’OGBL... Combien d’électeurs internautes, neutres syndicalement mais en quête d’informations, sont tombés dessus en ayant tapé « élections sociales Luxembourg » dans leur moteur de recherche ? Bien joué ! Cela n’enlève évidemment rien au succès de l’OGBL et cela ne le rend pas suspect non plus. Cela démontre juste qu’une campagne électorale, en plus de l’efficacité éprouvée au fil du temps, des agitations verbales des tribuns ou des polémiques distillées, se joue aussi sur le terrain de la stratégie pensée et des moyens électroniques.

Les élections sociales ont eu lieu, le 13 novembre, un peu à l’ombre des législatives anticipées. La Chambre des salariés est renouvelée et l’OGBL y a renforcé sa position majoritaire. Si le taux de participation reste faible, ce n’est pas faute d’organisation ou de moyens mis en œuvre. Dans les entreprises, où l’on élisait des délégués de personnel, les « non-affiliés » forment le groupe le plus important. Mais l’OGBL est aussi bien présent, notamment dans de grosses entreprises industrielles. Le syndicat indépendant mais marqué à gauche a d’ailleurs réussi une belle campagne, subtilement menée, notamment via les médias électroniques.


l’occasion Ecusson

www.bernard-massard.lu

Notre savoir-faire se dĂŠguste avec sagesse


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Tranparence fiscale

Le Grand-Duché hors normes

Le rapport d’examen sous l’égide de l’OCDE et du Forum mondial ne manque pas de pertinence. 5 % des comptes en banque privée sont numérotés. L’administration luxembourgeoise manque parfois de pugnacité face aux banques.

Texte Véronique Poujol

I

l faut lire le rapport d’examen du Luxembourg par ses pairs sur la transparence fiscale, rédigé sous la houlette de l’OCDE et du Forum mondial sur la transparence fiscale. D’abord pour relativiser les commentaires et interprétations philosophiquement marquées qui en ont été faits. Ainsi, il n’est mentionné nulle part que le pays, même s’il n’a pas obtenu la conformité sur de nombreux points, est un paradis fiscal. Surtout, le rapport permet de dresser un tableau finalement assez objectif de la manière dont l’échange d’informations fiscales se fait, entre le Luxembourg et ses partenaires, et comment il est possible d’améliorer le dispositif de coopération. Difficile donc de voir dans cet examen des indications laissant présumer un acharnement de l’étranger contre le Luxembourg, comme le ministère des Finances (dans un communiqué précédant la publication) l’avait pourtant laissé entendre. Il est quand même possible que d’autres juridictions, comme la Suisse, aient pu bénéficier d’un traitement plus favorable pour des raisons diplomatiques. L’appartenance du Grand-Duché au bloc de l’UE n’autorise pas l’analyse complaisante de son système de lutte contre l’évasion et la fraude fiscale. Cela dit, les « pairs » en question (Shauna Pittman, conseillère de l’administration fiscale canadienne, Silvia Allegrucci, fonctionnaire au ministère italien des Finances et Mélanie Robert du secrétariat du Forum mondial) qui sont venus au Luxembourg en novembre 2012 et ont jaugé le système juridique en place jusqu’en mai dernier et sa mise en pratique ne laissent pas pointer d’état d’âme dans leurs conclusions. Le rapport apporte sans doute des informations dont on serait privé sans la visite – la pression – des experts internationaux… Ainsi, on y trouve des chiffres et des statistiques inédites ou en principe difficilement disponibles, comme l’envergure des comptes numérotés et leur cadrage juridique, notamment par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Ce n’est que récemment d’ailleurs, après le passage en 2009 d’autres experts, ceux du Groupe d’action financière de lutte contre le blanchiment (Gafi), que la réglementation

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luxembourgeoise, sous forme d’un règlement grand-ducal du 1er février 2010, a interdit explicitement et de manière générale la tenue de comptes sous des noms fictifs, à l’exception des comptes sous forme numérotée. Un autre règlement de la CSSF de décembre 2012 s’est greffé sur ce premier texte pour clarifier les règles applicables à l’ouverture de tels comptes. Les autorités luxembourgeoises estiment ellesmêmes, sans disposer de chiffres précis, que 5 % des comptes relevant des activités de banque privée sont numérotés. Des contrôles effectués par le régulateur ont montré que les banques ne jouent pas avec le feu et disposent des informations relatives à l’identité et la propriété des détenteurs de comptes numérotés. Un contrôle de la CSSF a toutefois révélé des défaillances, sans qu’il y ait de sanction.

L’un des points scrutés par les pairs fut l’accès aux renseignements bancaires et l’efficacité du cadre légal et règlementaire du Luxembourg, dans la pratique. Il s’agissait de déterminer si les droits et sauvegardes octroyés aux contribuables étaient compatibles avec un échange effectif de renseignements. La loi du 31 mars 2010 a permis l’échange d’informations fiscales. Auparavant, cet échange ne se faisait que sur le plan pénal et pas pour n’importe quel petit délit, mais surtout il ne permettait pas la levée du secret bancaire pour des raisons administratives. La loi de 2010 a assorti d’une amende (jusqu’à 250.000 euros) le refus de fournir les renseignements demandés. Aucune sanction n’a encore été prononcée, souligne le rapport. Pourtant, à l’époque du vote, des fiscalistes avaient eu l’impudence de


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Photo : Licence CC)

Le Forum mondial a fait rapport à Jakarta. Mais les « pairs » étaient venus au Luxembourg en novembre 2012.

prétendre que la condamnation à une amende pouvait être préférable à la levée du secret bancaire. Beaucoup criaient au loup et invectivaient les flous juridiques du mécanisme de l’échange, mais ces craintes ne se sont pas vérifiées et l’échange s’est presque banalisé. Sans doute sous l’effet du nombre de demandes venues de l’étranger. Informations illisibles… ou pertinentes

Entre 2009 et 2011, les autorités ont reçu 832 demandes : 660 ont été traitées sous l’ancienne procédure et 172 sous l’empire de la loi de 2010. L’immense majorité (80 %) des informations demandées sont disponibles, sans qu’il faille quémander dans une banque. Certains ont signalé des défaillances dans

l’échange, notamment lorsque le Luxembourg, après l’avoir accepté, a renvoyé à la juridiction d’origine des informations bancaires partiellement illisibles, certains détails ayant été noircis par la banque elle-même, sans que le bureau de liaison luxembourgeois – en l’occurrence l’Administration des contributions directes – n’ait trouvé à redire. « Les autorités luxembourgeoises n’utilisent pas leurs pouvoirs de collecte et de contrainte pour obtenir les informations manquantes en toutes circonstances lorsque la personne en possession des informations (la banque) a fourni des informations incomplètes », déplorent les experts du Forum. Ils signalent en outre le refus opposé par le Luxembourg de fournir des informations couvertes par le secret commercial. Les autorités grand-ducales n’ont pas pu fournir

d’explications sur la base légale d’un tel refus. Le rapport met également en cause le peu de pugnacité dont ces autorités font preuve pour réclamer des renseignements additionnels à d’autres personnes concernées « parce que les informations demandées étaient en lien avec la substance des activités commerciales d’entités n’ayant pas de présence substantielle au Luxembourg ». L’administration luxembourgeoise accepte généralement les demandes de l’étranger fournissant seulement un numéro de compte, mais ces demandes représentent une part très marginale (1 %) des demandes. En 2011, les demandes étrangères étaient traitées rapidement : dans les 90 jours pour les demandes de renseignement bancaires. 58 % de ces demandes reçoivent une réponse entre 90 et 180 jours. Depuis lors, les délais se sont améliorés : en 2012, le taux de réponse en moins de 90 jours est passé à 46 %. En principe, une banque doit répondre en un mois, sans quoi une lettre de rappel lui est envoyée. Après quoi l’établissement risque l’amende. Les sanctions sont jugées « appropriées » mais le Forum suggère que « l’exercice des pouvoirs de contraintes et l’application des sanctions devraient faire l’objet d’un suivi ». Il n’existe ainsi aucun pouvoir de saisie des documents bancaires « permettant de répondre aux enjeux de l’échange international de renseignements bancaires ». L’administration a également été prise en défaut d’exiger des banques les versions originales des documents : « Ce qui signifie que les autorités fiscales luxembourgeoises ont accepté la décision prise par les banques sur la pertinence des informations, sans avoir vu ces informations. » Interprétation trop restrictive

Autre grief ? Rejeter « systématiquement » les demandes visant les résidents luxembourgeois. « Le contribuable concerné étant un résident du Luxembourg, les demandes de renseignements à caractère bancaire ne peuvent être directement adressées à la banque », explique la formule type de rejet de l’entraide. Encore une nonconformité. janvier 2014 —

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me com , s n nt tio r i d i c ra i t e m e u e s . u j s nt t re tiq d’au ficier d’u iploma e u d q é s i b l e t p u b é n ra i s o n s s o p s t Il es sse, aien pour de i e la Su avorabl f plus

DONNÉES

Sociétés répertoriées Le rapport du Forum mondial sur la transparence actualise les chiffres sur le nombre de sociétés répertoriées au Luxembourg (au 30 septembre 2012). Sociétés de personnes : 442 sociétés en nom collectif, 900 en commandite simple et 3.889 sociétés civiles. Sociétés anonymes : 51.000 Sociétés européennes : 24 (depuis 2006 dans le droit luxembourgeois) Sociétés en commandite par actions : 1.200 Sociétés à responsabilité limitée : 52.000 Sociétés coopératives : 125 (mais il n’est pas nécessaire pour ce type d’entité de passer par un acte notarié) Sociétés étrangères : 1.335 (obligées de s’immatriculer au Registre de commerce et des sociétés) V. P.

Les recours durent en général six mois en première instance (la procédure est traitée prioritairement par le Tribunal administratif ). En cas d’appel, la procédure s’allonge sur un an. Le rapport reproche au Luxembourg de ne pas avoir mis en place de dispositif pour tenir informées les autorités requérantes de l’état d’avancement du traitement de leurs demandes. L’usage que les Luxembourgeois font du critère de « pertinence vraisemblable » pour accepter ou non une demande de renseignement venue de l’étranger ne serait pas non plus conforme aux normes de l’OCDE. Le rapport note que l’interprétation « excessivement restrictive » de ce critère empêche « le Luxembourg de s’engager dans un échange de renseignements effectifs et en conformité avec la norme internationale ». Les refus opposés par le Luxembourg, sous prétexte de violation de son droit interne, lorsque les demandes de renseignements s’appuient sur des bases prétendument non licites (par exemple les fichiers soustraits à une banque luxembourgeoise et communiqués ensuite à une administration fiscale étrangère), ne rentrent pas, non plus, dans les clous de l’OCDE. « Le Luxembourg estime que même si les données ont été transmises spontanément, il est légitimement en droit de refuser de répondre à la demande, car s’il le faisait, il se trouverait alors en situation de prendre part à une violation de son droit interne. » Or, notent les experts, les informations étaient transmises spontanément en conformité avec la directive européenne sur l’assistance mutuelle et, de plus, la Cour suprême du pays requérant avait jugé que les données étaient obtenues par des moyens licites en vertu de son droit interne. Au final, les experts du Forum mondial doutent de la manière dont le droit luxembourgeois sur le recel des choses et des biens volés est interprété pour justifier son refus d’échanger. « Il est recommandé au Luxembourg d’expliquer sur quelles dispositions juridiques précises se fonde valablement sa décision de ne pas communiquer les renseignements demandés dans ce type de situation. »

leurs clients. Ces données devraient être réduites au minimum. Cette divulgation d’informations, qui ne sont pas publiques, n’est pas, là non plus, conforme. Les échanges d’informations fiscales s’appuient sur un réseau d’accords bilatéraux. Le Luxembourg en a signé 75, qui prévoient l’échange de renseignements, 45 autorisant la fourniture de données à caractère bancaire. Il convient de distinguer ici les conventions signées avant et après 2009. Le (désormais ex-) ministre des Finances Luc Frieden avait alors annoncé que le pays allait se conformer aux standards internationaux pour les pays de l’OCDE (mais l’Inde, la Chine et le Brésil n’en font pas partie), accepter la coopération fiscale de l’étranger et donc la levée du secret bancaire, mais uniquement sur demande. Précisons que le Luxembourg est prêt à accepter l’échange automatique d’informations fiscales à partir du 1er janvier 2015, uniquement dans le cadre de la directive de 2003 sur la fiscalité de l’épargne. Des discussions sont en cours au niveau européen, encore bloquées par le Luxembourg et l’Autriche, pour étendre l’application de l’échange automatique à un plus grand nombre de produits financiers, comme l’assurance vie, qui y échappent actuellement. Selon que la demande tombe sous l’empire de l’ancienne norme ou de la nouvelle, elle sera traitée différemment, ce qui a l’art d’énerver les partenaires du Luxembourg. Le rapport du Forum en fait état et juge ce traitement différencié non conforme aux normes en vigueur. Il estime que les restrictions prévues dans les dispositifs entre le Luxembourg et la Suisse, l’Autriche et le Panama ne sont pas conformes aux standards internationaux. Ça fait donc beaucoup de non-conformités. Au nouveau gouvernement de voir dans quelle mesure il voudra rectifier le tir. Pierre Gramegna, le nouveau ministre des Finances, a promis de faire vite.

Des partenaires hors OCDE

Le rapport du Forum mondial sur la transparence financière a jugé le Luxembourg non conforme aux normes internationales. Ce document dresse un tableau sur la manière dont l’échange d’informations fonctionne. Il en épingle certaines défaillances comme le peu de pugnacité que l’administration met à exiger des informations que les banques oublient de lui donner.

Les experts expriment encore beaucoup de réticences sur la quantité d’informations que le Luxembourg divulgue, dans les lettres d’injonction adressées le plus souvent aux banques détenant des informations sur un de

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TexteS alain ducat, jean-michel Gaudron, Frédérique Moser, Véronique poujol et Thierry raizer Photos Christophe Olinger

Les prochains livres d’histoire du Luxembourg diront sans doute ce que notent aujourd’hui les observateurs de la chose politique : une page est tournée. Deux personnages tiennent les clés de ce changement d’ère : Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel. L’un quitte l’Hôtel de Bourgogne qui était un peu devenu sa maison, l’autre y emménage, en provenance du Knuedler. Beaucoup voient, dans cette passation des pouvoirs, et au-delà du virage politique qui envoie le CSV dans l’opposition, un changement de génération et de style, aussi. L’homme sait ce qu’il veut. Et il veut, aussi, travailler en équipe. Sans rien renier sur le fond ni brader sur la forme, comme il explique dans une grande interview à paperJam, réalisée le jour même de son assermentation. Cela étant, c’est tout un nouveau gouvernement qui s’est mis en place, animé par une coalition à trois, libéraux, socialistes et écologistes. Une autre grande première, surtout pour les Verts. Quelques grands ministères, des compétences rassemblées différemment, un intérêt pour les grands sujets de société… les accents sont posés. Les volontés de réforme existent, inscrites dans le programme de coalition. Finances publiques, logement, emploi, place financière… Quels sont les orientations, les défis, les enjeux ? Les axes sont tracés. Le temps est à l’action, commune et transversale. •

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Le nouveau Premier ministre a été assermenté le 4 décembre et a prononcé son discours programmatique le 10 décembre devant les députés. En matière de fiscalité de l’épargne, il n’entend pas remettre en cause ce qui a été signé par le précédent gouvernement, mais il restera attentif à l’évolution des négociations avec les autres États non-membres de l’UE, en particulier la Suisse. Plus qu’une « méthode Bettel », le président du parti libéral mise sur un vrai travail d’équipe au sein dugouvernement. Interview Véronique Poujol & Jean-Michel Gaudron Photos Christophe Olinger

Monsieur Bettel, que s’est-il passé exactement le soir de ce dimanche 20 octobre ? Comment la coalition à trois est-elle née ? « Nous avions déjà évoqué, avant le scrutin, l’hypothèse d’une coalition à trois, mais il ne s’agissait que de spéculations. Mais le comportement du CSV ce soir-là, répétant qu’il avait gagné les élections et qu’il allait choisir un partenaire de coalition, nous a confirmé que l’on était parti pour prendre les mêmes et recommencer. Seul aurait changé le partenaire de coalition, c’est tout. Depuis le temps que nous répétions qu’il fallait changer les choses, nous avions une occasion unique qui se dessinait. Qui d’Étienne Schneider ou de vous-même a fait le premier pas ? « La prise de contact a été naturelle entre nous deux. Nous avons constaté que 32 sièges pouvaient suffire pour bâtir quelque chose. Il faut bien avoir à l’esprit que, contrairement à ce que tout le monde attendait, les socialistes n’ont pas perdu ces élections ! Il est en effet très rare qu’un parti de coalition partenaire du CSV se maintienne au scrutin suivant. Ils l’ont fait et n’ont pas démérité. En ce qui nous concerne, nous avons fait un carton et j’ai alors très vite réalisé qu’il était important de mettre le Luxembourg à l’heure de l’an 2013. Cela dit, il est très dur de dire à un partenaire potentiel de coalition que les choses qu’il a faites auparavant ne sont pas toutes bien et ne correspondent pas à ce que nous souhaitons. L’ensemble du parti a-t-il tout de suite adhéré au projet ? « Non, le soir même, notre comité directeur était partagé, mais une grande majorité était tout

de même en faveur du lancement des discussions à trois. Nous avons néanmoins posé des conditions préalables, avec des choses qu’il n’était pas question de jeter par la fenêtre. Nous avions fixé des thèmes principaux : les finances publiques, le logement, l’éducation et le travail. Quand je vois ce que nous avons récupéré comme portefeuilles ministériels, je suis content d’y voir l’ensemble de ces priorités. Certains – à commencer par Charles Goerens, qui a souhaité rester député européen à Strasbourg alors qu’il a fait un carton dans la circonscription Nord – vous ont reproché de ne pas avoir du tout pris contact avec Jean-Claude Juncker. N’était-ce pas un peu trop violent comme démarche ? « Si le comité directeur avait décidé de discuter avec lui, je l’aurais évidemment fait. Mais j’avais tout de même du mal à imaginer entrer dans une coalition où l’on risquait de faire la même chose qu’avant, j’avais du mal. Les socialistes, qui sortaient de la coalition, disent pourtant qu’ils étaient prêts à négocier certains points… « Je n’étais pas autour de la table avec eux, je ne peux pas me prononcer. C’est la philosophie globale du parti qui me gêne. Quand je vois le comportement de Michel Wolter (le président du CSV s’est « illustré » pour avoir accueilli à la Chambre le député Déi Lénk Justin Turpel d’un retentissant « eh, Ducon », ndlr) par la suite… À notre niveau, que ce soit pour le programme ou pour les hommes et les femmes en place, je peux vous affirmer que nous avons une équipe bien soudée. Le programme que nous avons élaboré Janvier 2014 —

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« S’il (Juncker) n’avait pas été tête de liste, je ne suis pas sûr que le parti aurait obtenu un aussi bon score. » montre que nous avons pris les bonnes décisions. J’ai entendu certaines personnes dire que je participais à l’Histoire du Luxembourg. Non, je dirais plutôt que c’est notre programme qui va contribuer à faire avancer le Luxembourg. Je n’ai pas envie de parler de révolution, car le terme cache une connotation violente, mais plutôt d’une évolution dans le bon sens. N’y avait-il pas, pourtant, une certaine volonté du CSV de provoquer, peut-être trop tardivement, une rupture avec certains de ses propres principes, voire figures historiques ? « Ce n’est pas à moi de faire le ménage chez les chrétiens sociaux, ni de choisir qui fait quoi chez eux. La seule chose que je vois, c’est que nous avons une majorité de 32 sièges et que, début décembre, une très grande majorité des trois partis concernés a soutenu cette majorité. Je note tout de même qu’il est toujours très facile de tirer sur quelqu’un, une fois que les élections sont terminées. Mais avant, personne ne disait rien et tout le monde était bien content au CSV d’avoir Juncker avec soi. S’il n’avait pas été tête de liste, je ne suis pas sûr que le parti aurait obtenu un aussi bon score. Vous exprimiez à l’instant votre satisfaction d’avoir une « équipe bien soudée ». Pourtant, avant même que le gouvernement ne soit assermenté devant le Grand-Duc, le député socialiste Franz Fayot a émis des réserves quant au choix de Pierre Gramegna en tant que ministre des Finances, remettant en cause sa légitimité politique. Un premier couac ? « Un gouvernement n’est pas élu, il est nommé. Personnellement, je me refuse à dire ce que je pense de l’un ou de l’autre choisi par les autres partis de la coalition. Par le passé, il faut bien se rappeler que personne ne savait à l’avance qui allait être nommé à quel poste. En ce qui nous concerne, nous avons toujours beaucoup échangé et discuté de tous les profils. Il y a vraiment eu une très grande confiance au niveau de la coalition. J’ai reçu une mission, en tant que formateur, de former le gouvernement et de choisir une équipe à proposer au comité exécutif. Et au final, le choix proposé a fait l’unanimité des 42 votants. Cela me fait du bien et m’a conforté dans mes choix. Quand je repense à la situation au soir du 21 octobre, le lendemain des élections, lorsque nous avons pris la décision d’ouvrir les discussions avec les deux autres partis pour savoir si une telle coalition était possible, j’aurais pu m’attendre à un autre résultat. À ce moment-là, un certain nombre ne partageait pas le point de vue de la majorité du parti. Au final, les gens sont unanimes…

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Pierre Gramegna était-il votre premier choix ? Claude Meisch semblait avoir le profil… « Claude Meisch m’a très rapidement indiqué qu’il souhaitait se voir attribuer les responsabilités de l’Éducation. Il aura d’ailleurs un superministère d’avenir, qui va couvrir le cycle de vie, depuis la crèche jusqu’à l’université et la recherche, mais aussi la jeunesse dans son ensemble. Pour les Finances, cela aurait aussi pu être Alain Kinsch (le managing partner d’EY, ndlr), mais il a préféré rester dans le privé. Pierre Gramegna m’a toujours impressionné. J’apprécie les gens compétents qui savent expliquer les choses et que l’on arrive à comprendre. N’oublions pas qu’il a une double formation d’économiste et de juriste et qu’il a été diplomate. Je sais qu’il a des capacités. Et si jamais il y en a sur lesquelles il n’est pas à la pointe aujourd’hui, il le sera demain. Il est compétent et vif. Même Luc Frieden a jugé qu’il serait la bonne personne à la bonne place. Que va-t-il advenir de toute l’équipe déjà en place au sein du ministère des Finances ? « Je n’ai pas la prétention d’avoir la science infuse. J’ai besoin de l’expérience de tout le monde. Il n’y aura évidemment pas de chasse aux sorcières. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est très important de remplacer la fonction d’administrateur général par celle de secrétaire d’État. Un administrateur général restait généralement en place après un scrutin, quel qu’en fût le résultat. Un secrétaire d’État est directement lié à une équipe gouvernementale. L’un des premiers dossiers « financiers » qu’aura à traiter Pierre Gramegna concerne la fiscalité de l’épargne et l’échange automatique d’informations. Le Luxembourg va-t-il remettre en cause l’élargissement à d’autres produits que ceux prévus dans le cadre de la directive originelle de 2003 ? Y a-t-il un risque de veto en la matière ? « D’après mes informations, il y a une négociation en cours entre la Commission européenne et cinq autres pays, parmi lesquels la Suisse. Lors du prochain sommet européen des 19 et 20 décembre, il n’est évidemment pas question pour nous de faire marche arrière. Le principe d’échange automatique d’informations au 1er janvier, on n’y touche pas. Mais il y a encore des points à clarifier. S’il y a effectivement un engagement de négocier avec cinq autres pays, j’aimerais savoir où ça en est. Nous consacrerons en tous les cas une journée complète de préparation à ce sommet européen, avec Pierre Gramegna et Alphonse Berns (le directeur chargé des questions de fiscalité, ndlr).

Dans ce dossier, la pression est énorme, mais tout est aussi question d’interprétation. Et j’aimerais connaître la vraie position officielle de Luc Frieden sur le sujet. On entend tellement de choses sur la question ! En tout état de cause, il n’est pas question pour moi de brader quoi que ce soit. Quelles sont les pistes que vous comptez explorer pour maintenir, voire développer, l’attractivité fiscale du Luxembourg ? Étienne Schneider, pendant la campagne, évoquait l’idée de baisser le taux d’affichage des entreprises pour le mettre sous la barre des 20 % et dans le même temps élargir la base imposable. On n’en trouve pas trace dans votre programme… « Non, car nous pensons qu’une hausse de l’imposition des entreprises faite de manière aveugle serait totalement contre-productive. Ce serait un très mauvais signal pour la compétitivité du pays et pour la création d’emplois. Regardons d’abord ces entreprises qui ne paient pas d’impôt en usant d’artifices. Nous devons y remédier. Le programme gouvernemental évoque également la mise en place d’un mécanisme d’intérêts notionnels, afin d’encourager les entreprises à renforcer le financement par fonds propres. En Belgique, le système est dans le collimateur de la Commission européenne. Comment comptez-vous éviter de vous attirer les foudres de Bruxelles ? « Actuellement, à ma connaissance, le système d’intérêts notionnels n’est pas non conforme. Il n’est marqué nulle part que c’est interdit ! Même si elle regarde le dossier à la loupe, la Commission n’a pas dit que cela n’était pas possible. Il est évident que, quoi que nous fassions, nous resterons conformes aux dispositions européennes. En matière de ruling, le gouvernement veut instaurer « une procédure uniforme et un cadre solidement ancré en matière de décisions fiscales anticipées dans un but de transparence, de cohérence et de sécurité juridique pour les opérateurs ». Concrètement, comment cela va-t-il se traduire ? « Nous n’excluons aucune piste pour l’instant. Le Luxembourg a toujours su trouver des niches aux moments importants. On sait que certaines de ces niches commencent à être à bout de souffle, comme le commerce électronique. Pour ce qui est du ruling, nous voulons tout simplement être transparents et innovants et faire des choses conformes aux textes. De quelle façon entendez-vous faire travailler votre gouvernement ? « Je tiens tout d’abord à insister sur la notion de travail d’équipe. J’en ai ras le bol que l’on me parle de compétences verticales, de silos et d’imaginer que chaque ministre a sa compétence propre et rien d’autre. Je veux vraiment un travail collectif. Et chaque mois, je veux que l’on fasse le point sur le logement, sur l’emploi, sur les nouvelles entreprises qui se créent… Bref : faire une sorte d’état de la nation mensuel pour voir où sont les problèmes et pour voir ce qui avance.


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Vous aviez déclaré, lors de la table ronde organisée par paperJam, le 1er octobre dernier, qu’il était illogique et irresponsable d’augmenter les impôts et la TVA et, en même temps, d’augmenter les salaires de la fonction publique. Or, le programme gouvernemental prévoit une hausse de la TVA et vous ne remettez pas en cause l’accord salarial sur la fonction publique. Est-ce une approche « durable », comme vous souhaitez que soit votre politique ? « Il s’agit d’un des points négociés en coalition. Je vous rappelle que le DP n’a pas les 32 sièges à lui tout seul. L’accord financier sur la fonction publique sera en effet mis en vigueur. Dire, comme certains le souhaitent, ‘on va payer, mais on va renégocier’, c’est aller au casse-pipe. Le problème est que le gouvernement a signé ! C’est très délicat de dire aujourd’hui ‘non, on ne peut pas’. Cela étant dit, si l’année 2015 est une annus horribilis sur le plan économique, il est évident que nous devrons voir ce que nous pouvons faire. Quant à la TVA, oui, nous allons l’augmenter. On sait très bien que les pertes des recettes dues à la TVA sur le commerce électronique vont être de l’ordre d’un milliard d’euros. Le problème est que la façon de dépenser cet argent que nous n’aurons plus a déjà été décidée. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de trouver d’autres moyens de faire rentrer de l’argent. Le gouvernement annonce également revoir, pour les personnes physiques, la progression et les taux d’impôt pour toutes les tranches. Quelles dispositions comptez-vous mettre en œuvre ? « Cela va s’inscrire dans le cadre de la réforme fiscale que nous voulons réaliser. Il ne faut pas mal le comprendre, mais il est important que l’effort soit fait par tous. Même si c’est pour 3 euros, tout le monde doit participer… Y compris les personnes touchant le RMG ? « Non. On ne peut pas non plus déshabiller quelqu’un qui est déjà nu. Mais nous pensons qu’il est indispensable de faire participer tout le monde et ne pas taper uniquement sur les classes moyennes. Nous allons donc travailler sur une redéfinition des tranches d’imposition. Le logement fait partie de vos priorités. Le programme de coalition ne fournit aucun objectif chiffré sur vos ambitions en termes de nombre de logements à construire ou, par exemple, de niveau de prix de l’immobilier résidentiel. Estce voulu ? « À quoi cela servirait-il de dire que le prix des loyers ou du mètre carré doit arriver à tel ou tel niveau ? On ne peut pas le faire. Oui, bien sûr, nous voulons arriver à faire baisser les prix du logement et à faciliter les procédures en travaillant étroitement avec les communes. Mais il y a tellement de critères externes qui ont une influence. Nous nous sommes fixé des objectifs clairs, mais à ce stade, donner des chiffres pour en donner serait une idiotie. Il faudra bien tout de même établir un budget… « Oui, et nous avons trois mois pour le faire, puisque le système des douzièmes a été établi pour le premier trimestre. Nous allons évidemment procéder au grand ‘screening’ de l’ensemble des dépenses.

Xavier Bettel est passé de l’Hôtel de Ville à l’Hôtel de Bourgogne. Ses tableaux et sa déco aussi.

Par quel bout allez-vous commencer ? « Chaque ministère aura sa responsabilité. Il est évident qu’avant de demander à la population de participer à l’effort, nous allons déjà voir ce qu’il est possible de faire au niveau du gouvernement. Son train de vie peut être largement réduit, en améliorant certains automatismes. Je me rappelle qu’à la Ville, nous avons été en mesure d’économiser 10 % sur le budget de fonctionnement, sans que cela ne fasse de mal à quelqu’un. Vous tablez sur 10 % aussi pour le fonctionnement de l’État ? « Si nous atteignons ces 10 %, ce serait évidemment remarquable. Notre but sera de fixer très rapidement un objectif réel. Et là, vous aurez un chiffre… Vous avez régulièrement dénoncé, lors de la campagne électorale, la politique d’arrosoir

social qui a été menée ces dernières années. Cela veut-il dire que tous les robinets vont être coupés ? « Non, mais nous allons évidemment mettre davantage de filtres ! Je vais vous donner un seul exemple très significatif. Pendant 10 ans, un particulier peut avoir un plan d’épargne logement assorti de déductions d’impôts. C’est une très bonne chose. Mais au bout de 10 ans, il n’y a aucune obligation d’investir dans un projet immobilier ! Autrement dit, on a, là, un produit d’épargne déductible des impôts. Ce n’est pas normal ! Et des exemples comme ça, il y en a plein… Les chèques-services vont-ils vraiment être supprimés, comme vous l’avez laissé entendre ? « Nous partons du principe que les structures d’accueil des enfants, en particulier dans la tranche 0-3 ans, font partie intégrante du système éducatif et que l’éduJanvier 2014 —

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« Il n’y aura évidemment pas de chasse aux sorcières. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est très important de remplacer la fonction d’administrateur général par celle de secrétaire d’État. »

15 ministres, 3 secrétaires d’État

•Xavier Bettel (DP), 40 ans

(Premier ministre ; ministre d’État ; Communications et Médias ; Cultes). 28 ans de vie politique et tous les échelons gravés : conseiller communal, échevin, bourgmestre, député, président de fraction et de parti… Étienne Schneider (LSAP), 42 ans (Vice-Premier ministre ; Économie ; Sécurité intérieure ; Défense). Il a passé haut la main le test des urnes après avoir intégré l’équipe gouvernementale précédente en remplacement de Jeannot Krecké. Il sera épaulé par Francine Closener, en tant que secrétaire d’État en charge de la Force publique. Jean Asselborn (LSAP), 64 ans (Affaires étrangères et européennes ; Immigration et Asile). Le doyen du gouvernement rempile pour une troisième législature après avoir été Vice-Premier ministre des deux précédentes. Félix Braz (Déi Gréng), 47 ans (Justice). Conseiller communal puis échevin d’Esch, il a souvent ferraillé à la Chambre avec l’un de ses prédécesseurs, Luc Frieden. Nicolas Schmit (LSAP), 60 ans (Travail, Emploi, Économie sociale et solidaire). En dépit d’un faible score aux élections, il conserve un des portefeuilles-clés de l’exécutif. Romain Schneider (LSAP), 51 ans (Sécurité sociale ; Coopération et Action humanitaire ; Sports). Cet ancien fonctionnaire de l’Adem, devenu député en 2004, s’occupait de l’Agriculture dans le précédent gouvernement. François Bausch (Déi Gréng), 57 ans (Développement durable et Infrastructures). Premier échevin de la Ville de Luxembourg, il est un des fondateurs du parti vert et un des déclencheurs du séisme politique qui amena la chute du gouvernement dans l’affaire du Srel. Fernand Etgen (DP), 56 ans (Agriculture, Viticulture et Protection des consommateurs ; Relations avec le Parlement). Bourgmestre de Feulen depuis

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1994 (il en était conseiller communal depuis 1979), il était vice-président de la fraction depuis 2009. Maggy Nagel (DP), 56 ans (Culture ; Logement). Vice-présidente du DP et bourgmestre sortante de Mondorf, elle côtoiera, à la Chambre, son premier échevin, Lex Delles, le benjamin du parlement (29 ans). Pierre Gramegna (DP), 55 ans (Finances, Trésor et Budget). La surprise du chef, alors que l’intéressé occupait, depuis 10 ans, la direction de la Chambre de commerce, après une carrière de diplomate. Lydia Mutsch (LSAP), 52 ans (Santé ; Égalité des chances). Députée depuis 1989 et bourgmestre d’Esch depuis 2000, elle était la vice-présidente sortante de la Chambre. Daniel Kersch (LSAP); 51 ans (Intérieur ; Fonction publique et Réforme administrative) ; bourgmestre de Mondercange et conseiller d’État, il a aussi présidé le Syndicat des villes et communes Syvilcol. Claude Meisch (DP), 42 ans (Éducation nationale, Enfance et Jeunesse ; Enseignement supérieur et Recherche). Un surdoué de la politique, qui a dirigé le parti de 2004 à 2013 avant de céder le flambeau à… Xavier Bettel. Il sera épaulé par André Bauler, 49 ans, secrétaire d’État. Corinne Cahen (DP), 40 ans (Famille et Intégration ; Grande Région). Novice en politique, mais élue au Centre, cette ancienne journaliste dirige les magasins de chaussures Léon et a longtemps été présidente de l’Union des commerçants. Carole Dieschbourg (Déi Gréng), 36 ans (Environnement). La benjamine du gouvernement, conseillère communale d’Echternach, mais non élue, devra mettre de côté son travail en tant qu’associée à la direction du moulin familial. Elle sera épaulée par Camille Gira, 55 ans, secrétaire d’État.

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cation doit être gratuite. Compte tenu de l’état des finances publiques, il sera difficile de mettre en œuvre cette gratuité à court terme. Mais à long terme, oui, c’est ce que nous souhaitons. Aujourd’hui, nous avons tout de même l’honnêteté de dire que nous ne savons pas si nous serons en mesure de tenir cet objectif dans un délai de cinq ans. Quels seront les premiers dossiers que vous allez traiter ? « Je souhaite déjà régler celui de Cargolux. Mais je tiens aussi à ce que nous fixions tout de suite les règles du jeu. Il est important de dire ce qui va, ce qui ne va pas et de travailler la méthode. Quelle sera la méthode Bettel ? « Ce sera une méthode d’équipe avant tout. On accorde traditionnellement une période de 100 jours à un nouveau gouvernement pour faire ses preuves. Avez-vous le sentiment que, dans le cas présent, vous êtes encore plus attendus au tournant et que vous ne bénéficierez peut-être pas de ces 100 jours de grâce ? « Je n’ai jamais raisonné en termes de trêve des confiseurs, de rentrée ou quoi que ce soit de ce genre. Dans l’intérêt du pays, il faut faire de la politique de manière intelligente plutôt que de vouloir déposer des peaux de banane aux uns et aux autres. Toute idée constructive est importante. Et connaissant Jean-Claude Juncker (désormais chef de fraction du CSV, ndlr), il ne s’agit pas, là, du système de politique qu’il voudra faire. Qu’en est-il de l’avenir de M. Juncker, justement ? Vous affirmez que vous le soutiendrez si jamais il briguait un poste européen d’importance. Mais si cela concerne la Commission européenne, comment le ferez-vous alors que le parti socialiste a obtenu, dans l’accord de coalition, de choisir le prochain commissaire européen du Luxembourg ? « Il n’y a aucune ambiguïté sur le sujet : si effectivement M. Juncker est proposé pour être président de la Commission européenne, alors les trois partis de la coalition soutiendront cette candidature. Il serait irresponsable de faire passer l’intérêt d’un de nos partis avant l’intérêt du pays. Si nous avons la chance de pouvoir faire en sorte qu’une telle personnalité politique se retrouve à la tête de l’Europe, alors il faut le soutenir sans réserve. » •


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Ces dernières années, les comptes de l’État se sont dégradés sur fond de crise économique. Le nouveau gouvernement promet de faire « une politique meilleure et plus juste avec moins d’argent ». Un effort particulier sera fourni sur la communication et la transparence. Texte Jean-michel gaudron

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Sur le terrain glissant de la crise économique et financière globale, les finances publiques luxembourgeoises ont, ces dernières années, dérapé ; et le plan de sauvetage des banques systémiques (Bil et BGL BNP Paribas) en 2008 n’a évidemment pas contribué à la bonne tenue des indicateurs financiers. Certes, les derniers chiffres du comité de prévision sur lesquels ont planché les partis de la coalition tablent, pour 2013, sur un solde nominal de l’administration publique proche de l’équilibre (-0,2 % du PIB ou -96 millions d’euros) et solde « structurel » de +1 % du PIB. On serait alors au-delà de l’« objectif budgétaire à moyen terme » (OMT) de +0,5 % du PIB. On est évidemment loin des 1,3 milliard d’euros de capacité de financement de 2007… Pour autant, le gouffre de l’administration centrale (plus de 800 millions d’euros de déficit) pèse sur la dette publique, laquelle s’élève à plus de 15 milliards d’euros, soit 29,2 % du PIB au niveau de l’administration publique (il n’était que de 6,7 % en 2007). « Le gouvernement est déterminé à redresser la situation au cours de la législature et a le courage d’attaquer les problèmes budgétaires par le biais de réformes structurelles. Il poursuit l’objectif de faire mieux avec moins de moyens », annonce, en préambule, le programme gouvernemental. Il s’inscrit, en cela, dans la parfaite


Jean-Claude Juncker avait en charge le Trésor. Un portefeuille désormais dans la poche de Pierre Gramegna.

lignée des programmes de chacun des trois partis de la coalition, qui avaient tous mis l’accent sur l’urgence de la situation et la nécessité d’agir. « Faire une politique meilleure et plus juste avec moins d’argent » figurait d’ailleurs, noir sur blanc, sur le programme du DP. Rien d’étonnant quand on sait que ce volet des finances publiques faisait partie des points sur lesquels les libéraux n’entendaient pas lâcher le moindre gramme de lest au moment d’entamer les négociations à trois. Globalement peu fourni en chiffres précis, la profession de foi du nouveau gouvernement fixe tout de même deux objectifs précis : atteindre d’ici à 2018 un solde structurel des finances publiques d’au moins +0,5 % du PIB et maintenir la dette publique sous la barre des 30 % du PIB, ce qui en soi ne fait que répondre aux critères de Maastricht. Hausse de la TVA : les Verts devront s’y faire

Là où le comité de prévision (instance jusque-là informelle qui sera institutionnalisée et renforcée sous le titre de Comité économique et financier national) tablait sur un besoin de consolidation de l’ordre de 1 milliard d’euros en 2015, puis 1,4 milliard

en 2016 afin de rester dans les clous, le gouvernement, lui, estime ce besoin de consolidation annuel à environ 1,5 milliard d’euros. Pas question, pour autant, de parler de mesures d’austérité. Il s’agira, en tout premier lieu, de rogner dans les dépenses courantes. Xavier Bettel a prévenu : chaque ministère devra procéder à sa propre analyse en vue d’identifier les sources d’économies possibles en matière de dépenses (lire l’interview en page 56). L’expérience menée à la Ville de Luxembourg, dont il avait les clés ces deux dernières années, a permis de réduire de 10 % le poste des dépenses sans douleur apparente. Mais d’une manière globale, c’est une nouvelle stratégie budgétaire que le gouvernement veut mettre en place, basée sur trois concepts clés : transparence, efficacité, économies. Il entrera dans les attributions d’une nouvelle task force d’améliorer, ces deux prochaines années, l’efficacité de ces dépenses publiques « à travers l’identification de solutions moins chères pour arriver au même résultat ». Mais surtout, le gouvernement va lancer une réforme structurelle du processus d’établissement et d’exécution du budget, selon l’approche zerobased budget (chaque exercice étant reconsidéré en repartant de zéro, sans s’appuyer sur les périodes

« Le gouvernement est déterminé à redresser la situation. »

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« Identifier des solutions moins chères pour arriver au même résultat. »

antérieures). Il entend notamment intégrer des estimations budgétaires à moyen terme, en fixant un plafond global pour les dépenses agrégées au niveau de l’administration centrale et en effectuant « des analyses systématiques de sensibilité mesurant l’impact sur le budget des déviations par rapport aux hypothèses clés ». La fiscalité constituera évidemment un des leviers de la politique du nouvel exécutif qui sera le plus scruté, analysé, décortiqué, surtout en partant du principe que l’augmentation des recettes fiscales (et leur consolidation) est nécessaire pour parvenir à combiner réduction de la dette publique et maintien d’un niveau élevé de prestations étatiques (pensions, maladie, allocations familiales, service public…). Et même si le gouvernement souhaite avant tout que ces recettes soient portées par la croissance économique, il ne pourra pas éviter de passer par la case « augmentation des impôts ». À commencer par la TVA. Les Verts, dans leur programme, avaient fortement critiqué l’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée, « injuste sur le plan social », annoncée par le précédent gouvernement et prédit qu’une nouvelle hausse du taux de TVA ferait encore plus vite croître la charge pesant sur les faibles et moyens revenus. Ils devront pourtant s’y faire : le taux de TVA sera bel et bien revu à la hausse de 2 %, comme indiqué par le Vice-Premier ministre Étienne Schneider. Il s’agit, évidemment, de trouver une parade immédiate à la quasi-disparition des recettes de TVA relative au commerce électronique. Une opération qui n’empêche pas le Luxembourg de revendiquer le taux

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normal de la TVA le plus bas de l’Union européenne. La fiscalité directe sera également l’objet d’une profonde réforme, au terme de laquelle « tout le monde fera un effort », prévient Xavier Bettel (à l’exception des plus démunis, bénéficiaires du RMG, qui seront tout de même préservés). Pour l’heure, seul le principe même de réforme est acquis, mais aucune piste n’en est encore concrètement sortie. Tout juste saiton que les actuels barèmes et tranches d’imposition seront revus, « dans un objectif d’équité sociale ». Rien ne dit, donc, que l’introduction d’une nouvelle tranche d’impôt revendiquée par le LSAP (l’impôt sur les riches) et concernant les contribuables qui disposent d’un revenu annuel de 200.000 euros (en classe 1) et du double (en classe 2) sera bel et bien mise en œuvre. Rien ne dit non plus qu’en matière de fiscalité des entreprises, le souhait des socialistes (proposition qui fut d’ailleurs soutenue par Jean-Claude Juncker lors de la campagne) de voir abaissé le taux d’affichage de l’impôt sur les entreprises et d’augmenter dans le même temps l’assiette imposable soit retenu. Information renforcée

Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement entend s’attaquer notamment au phénomène dit du Mittelstandsbuckel, par lequel la charge fiscale pesant sur un revenu imposable augmente plus rapidement que ledit revenu, ce qui pénalise généralement en premier lieu les classes moyennes. L’exercice d’équilibriste ne sera pas aisé pour, à la fois, répondre aux besoins financiers de l’État et

assurer un haut degré d’attractivité fiscale pour le pays. Ce sera là une des tâches d’un autre organe qui va être créé au sein du ministère des Finances : le Comité consultatif de la fiscalité, dans lequel siègeront des experts des secteurs public et privé. Sur sa feuille de route figure l’élaboration de propositions concrètes d’amélioration du système fiscal et d’augmentation de l’attractivité du Luxembourg. Il s’agira surtout de préserver – et même de l’améliorer de nouveau – la prévisibilité et la stabilité du pays en matière fiscale, deux arguments massue lorsqu’il s’agit de convaincre des entreprises ou des investisseurs étrangers de venir s’établir au Grand-Duché. Le parti libéral, lors de sa campagne, avait émis des doutes quant à la véracité des chiffres publiés, soupçonnant une situation financière des pouvoirs publics « pire qu’il n’a été admis jusqu’à maintenant », par le fait, notamment, que le véritable besoin de financement des assurances sociales n‘était pas encore connu. D’où la volonté affichée par le nouvel exécutif de renforcer « significativement » l’information financière, sa transparence, l’audit interne et l’évaluation de la dépense. Il entend instaurer la publication d’un certain nombre de rapports, s’adressant aux commissions parlementaires en charge de superviser les budgets, mais aussi au grand public, dans un langage « compréhensible ». Des audits internes seront également réalisés dans les ministères et coordonnés au niveau d’une nouvelle entité centrale logée au sein du ministère des Finances. Voilà de quoi donner matière à Pierre Gramegna, qui a aussi désormais dans ses attributions le Trésor et le Budget.•



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Le logement est tombé dans l’escarcelle du DP. Maggy Nagel, bourgmestre de Mondorf, n’a jamais construit un seul logement social dans sa commune. Une réforme de l’impôt foncier est annoncée, ainsi qu’une distribution plus sélective des subventions au logement. texte véronique poujol

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Est-ce un bon signe que le logement soit tombé dans le giron du parti libéral et confié à Maggy Nagel ? La nouvelle ministre était députée-bourgmestre de Mondorf, une commune qui a la particularité de ne pas avoir construit un seul logement social… Il y a eu des ballottages dans les marchandages politiques de la coalition pour déterminer à qui reviendrait ce ressort du logement, un des dossiers prioritaires du gouvernement pour les cinq prochaines années. Il aurait fait sens que les socialistes décrochent le pompon, et encore plus logique que la politique du logement soit rattachée au ministère de l’Intérieur, qui a la gestion des communes dans ses attributions. De plus, la personnalité très ancrée à gauche d’un Dan Kersch (ministre de l’Intérieur) aurait donné un signal fort du gouvernement, d’autant que le programme électoral du LSAP ne manquait pas d’ambitions et portait sans doute sa marque. Le député maire de Diekirch, Henri Kox (Déi Gréng), aurait pu aussi incarner la détermination du gouvernement à faire baisser les prix de l’immobilier au Luxembourg à travers une politique de construction de logements, agressive et ambitieuse, passant par une viabilisation rapide des terrains à bâtir appartenant à l’État ou aux communes. Mais il n’en est rien. À Maggy Nagel de jouer… La mobilisation de terrains constructibles, inscrite dans le plan sectoriel « logement » du pré-


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Maggy Nagel est sortie des marchandages politiques pour le ressort du logement.

cédent gouvernement, portait sur 500 hectares. Étienne Schneider avait considéré, lors de la campagne électorale, qu’il en faudrait 500 de plus pour « casser les prix ou à tout le moins les freiner » et produire un effet à moyen terme sur le marché. Car il était à ses yeux « inacceptable » qu’une grande partie de la population dépense près de la moitié de ses revenus nets pour se loger. Pour sa part, Xavier Bettel, lorsqu’il battait le pavé pour le DP en campagne, déplorait que le pacte logement ait rapporté surtout beaucoup d’argent aux communes sans avoir pu démontrer son efficacité.

Avec les investisseurs privés et en accompagnant les communes L’ancienne députée LSAP Véra Spautz (qui est appelée à succéder à Lydia Mutsch, devenue ministre de la Santé et de l’Égalité des chances, à la Ville d’Esch-sur-Alzette), s’est dite déçue par le volet logement du programme gouvernemental, lors du congrès extraordinaire du parti socialiste qui devait l’approuver. Le nouveau gouvernement ne s’est pas donné d’objectifs chiffrés, en nombre de logements à construire. Mais c’était également le cas dans le programme du précédent gouvernement CSV / LSAP en 2009. La politique du gouverne-

ment Bettel s’articulera autour de quatre axes  : mobilisation de terrains à bâtir, dynamisation de la création de logements sociaux et de logements à prix abordables, révision du pacte logement et réforme de l’impôt foncier et des subventions au logement. On trouve d’ailleurs beaucoup de récupérations d’éléments du précédent gouvernement. Les pistes dégagées pour rendre rapidement disponibles davantage de terrains à bâtir passeront par un rôle plus actif des « investisseurs privés » et la mise en place d’un programme national « de mobilisation de terrains constructibles non utilisés », qu’ils appartiennent à des personnes physiques ou morales. Le gouvernement entend également agir sur la procédure en introduisant – soit dans le cadre du plan sectoriel logement (déterminant les nouvelles zones destinées à l’habitat), soit pour tous les autres terrains susceptibles d’être bâtis suite à une révision des plans d’aménagement généraux – des « contrats » assortis de l’obligation de construire dans un délai déterminé. Des engagements qui ne pourront se faire que si la durée des procédures de viabilisation est raccourcie. Le programme, qui ne diffère pas sur ce point des engagements pris par l’ancien gouvernement, prévoit de donner aux communes « les moyens nécessaires » pour combattre la spéculation sur base des instruments existant déjà au niveau national.

Le nouveau gouvernement ne s’est pas donné d’objectifs chiffrés pour les logements à construire.

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«  Permettre une affectation plus économe des ressources foncières. » Sur le front du logement social, le nouveau gouvernement prévoit de faire une évaluation des activités du Fonds du logement et de la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) avec pour objectif de « renforcer le rôle des intervenants publics comme acteurs réellement proactifs en matière de construction de logements sociaux, d’habitation à bon marché et de logements locatifs ».

Le Fonds et la SNHBM en jeu C’est le sort des deux organismes Fonds du logement et SNHBM qui sera en jeu dans cet arbitrage  : le nouveau gouvernement ne réactivera sans doute pas le projet de loi sur la création de la Société de développement urbain qui prévoyait une fusion-absorption de deux entités à l’avantage du Fonds du logement. Le Conseil d’État (probablement sous la houlette de l’ancien conseiller Dan Kersch) avait retoqué le projet de loi au printemps dernier, le jugeant inapplicable, et le ministre chrétien social sortant du Logement, Marco Schank, n’avait pas osé depuis lors y toucher. Tout n’est toutefois pas à jeter dans le texte, notamment sur l’accompagnement des communes dans la création de logements sociaux et les projets de lotissements. Le nouveau pouvoir ne devrait pas toucher à la SNHBM, qui a pu démontrer son efficacité. Il est en revanche acquis que le Fonds du logement sera restructuré pour « adapter son fonctionnement et son rendement aux besoins réels en politique de logement social et des priorités par le gouvernement  ». Ses missions ne devraient pas trop changer. En revanche, il faudra s’attendre à ce que sa gouvernance le soit et que, parallèlement, le rôle de son président directeur actuel, Daniel Miltgen, soit redéfini. Les Verts, dans leur programme électoral, avaient pointé les déficits du Fonds du logement et réclamaient déjà un audit de l’établissement public pour en identifier les faiblesses. Cet audit est, à leurs yeux, un préalable à toute réforme et surtout, il devait précéder la constitution de la Société de développement urbain. Le projet de loi de Marco Schank prévoyait la création de la Société nationale de développement urbain (SNDU), superstructure de droit privé destinée, à moyen terme, à noyauter la politique du logement social du gouvernement et à la rendre plus efficace. Un second volet du texte prévoyait de faire du Fonds du logement, opérant actuellement sous le statut d’établissement public, une

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société de droit privé chargée exclusivement de la gestion du parc locatif de l’État. Le bilan du Fonds du logement et de son indéboulonnable président (Marco Schank lui a renouvelé son mandat avant de quitter le gouvernement) avait été publiquement mis en cause en octobre par un haut fonctionnaire du ministère du Logement, Constant Kiffer, dans deux tribunes libres parues dans le Tageblatt. Le fonctionnaire faisait un bilan déplorable du Fonds du logement, qui avec ses 54 employés fin 2012 (contre 21 en 2001), avait réalisé l’exploit de mettre sur le marché locatif 27,5 logements locatifs en moyenne par an entre 2001 et 2012. Dans le même temps, le nombre de primes à la construction et à l’acquisition de logements avaient reculé de 49 %, passant de 3.562 unités en 1991 à 1.799 au compteur en 2012, alors qu’au cours de la même période le pays a connu un accroissement de sa population de quelque 60.000 personnes. Entre 1990 et 2012, les aides de l’État en matière de logement se sont élevées à plus de 4,3 milliards d’euros, soulignait Constant Kiffer en demandant à qui cette dispendieuse politique du logement du point de vue du contribuable avait vraiment le plus profité ?

Fin des cautions locatives et réforme de l’impôt foncier Son message a été entendu cinq sur cinq par le nouveau pouvoir qui entend revoir le « pacte logement » entre l’État et les communes et remettre à plat les mesures définies par le « paquet logement  » . Le gouvernement de coalition n’entend pas modifier certains dispositifs, comme l’exemption des plus-values et bénéfices de spéculation de l’impôt sur le revenu des personnes physiques vendant leurs terrains aux communes et aux syndicats de communes. Le sort des aides et subventions étatiques sera par contre passé au tamis, avec l’objectif de les attribuer selon des critères de sélectivité sociale. Actuellement, tout le monde, riche ou pauvre, en profite. Les aides étatiques au logement seront à l’avenir centralisées dans un seul service, dans l’esprit de simplification administrative. Le gouvernement promet en outre – ce à quoi d’ailleurs la Ville de Luxembourg a échoué – de prendre « des mesures permettant aux communes de lutter efficacement contre la désaffectation de logements à des fins bureautiques et autres ». Pour rendre l’accès au logement plus facile aux plus démunis, la coalition entend abolir le sys-

tème des cautions locatives (souvent exorbitantes) pour les remplacer par un dispositif de garantie de loyers destiné à protéger les propriétaires contre les impayés. Ce système ne fonctionnera bien sûr que pour les baux non commerciaux. Et pour contrôler davantage les loyers, le gouvernement entend réformer les commissions de loyers au niveau des communes. Ces commissions seront dotées d’un droit d’auto-saisine, notamment pour trancher les demandes d’attribution de subventions locatives. La coalition cherche des recettes fiscales supplémentaires, notamment pour financer le train de vie des communes et le financement des infrastructures locales. La réforme de l’impôt foncier – les taux de prélèvement sont très bas dans la comparaison internationale – participera à établir « une équité certaine entre les contribuables et permettre une affectation plus économe des ressources foncières  » . On n’en sait pas davantage. Le nouveau gouvernement luxembourgeois ne s’est donc pas donné d’objectif pour augmenter son parc de logements sociaux dont le taux (1  % du parc total) est un des plus faibles d’Europe. Les seules «  g randes villes » à avoir réalisé des programmes de logements à des coûts abordables à grande échelle ont jusqu’alors été celles du sud du pays  : Esch-sur-Alzette, Dudelange et Differdange. Les petites communes, pourtant pleines de bonne volonté pour augmenter le parc de logements sociaux mais manquant de ressources humaines et de repères juridiques, ont souvent mis en cause l’absence de soutien de l’État pour lancer des programmes immobiliers dans le cadre du pacte logement. C’est dans ce sens que l’ancien gouvernement voulait agir, en mettant en place des antennes locales de la Société de développement urbain (SDU) pour soutenir, sur un plan technique, la politique immobilière des communes signataires du pacte logement. Le projet de loi soutenu par Marco Schank avait mis tout le monde d’accord sur le principe, mais pas sur les moyens d’y arriver. Beaucoup de bourgmestres avaient vu d’un mauvais œil le rôle que le Fonds du logement entendait jouer. Ils ne voulaient pas d’un « Fonds du logement bis  » et militaient pour la mise en place d’un «  t roisième pilier » , à côté du Fonds et de la SDU, pour gérer les aspects financiers, mais aussi techniques (mise à disposition des communes d’architectes et d’ingénieurs) et administratifs adéquats.•


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La nouvelle coalition laisse les rênes dans les mains des socialistes, et celles de leur ministre Nicolas Schmit. Il poursuivra la réforme de l’Adem, pierre angulaire du volet Travail et Emploi. De nouveaux dispositifs légaux concernant le bienêtre au travail et le droit des faillites seront introduits. Texte Frédérique moser photo Christophe olinger

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Le gouvernement veut attaquer le problème du chômage par les deux bouts : améliorer l’accès (et le retour vers l’emploi) et créer de nouvelles opportunités en intensifiant « ses efforts en matière de diversification économique, de promotion de l’entrepreneuriat et de développement des nouveaux secteurs prometteurs susceptibles de créer des emplois », comme le détaille le programme gouvernemental. En somme, une convergence des principaux leitmotivs des trois partis. Pour réduire le taux de chômage (7 % en octobre, soit une hausse de 15  % par rapport à octobre 2012), les partenaires s’accordent sur le levier de l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem). Sa réforme et sa modernisation, introduites par la loi du 18 janvier 2012 et pilotées par Nicolas Schmit, n’auraient été qu’une première étape. Les chrétiens sociaux auraient-ils bridé les ardeurs du ministre socialiste qui aurait désormais les coudées franches ? La coalition bleue-rouge-verte promet en tout cas une Adem plus en phase avec les évolutions du marché de l’emploi, plus réactive et proactive pour répondre aux besoins des demandeurs d’emploi et des employeurs. Elle la veut également plus « transparente ». Qualité de service et modernisation des moyens et des procédures sont les maîtres mots.

Les effectifs vont être « progressivement renforcés, afin d’atteindre les standards européens », suivant en cela une préconisation du FMI et une demande récurrente de Déi Greng. Meilleures formations des conseilleurs professionnels (les anciens « placeurs »), spécialisation par secteur d’activité, équipes pluridisciplinaires… Le gouvernement s’engage à offrir « un encadrement complet et efficace » aux chômeurs. Plus de transparence, cela signifie notamment une ouverture à la critique et à l’amélioration continue. « La mise en place d’une ‘cellule sanctions centralisée’ et la création d’une instance de réclamation pour les employeurs ainsi que pour les demandeurs d’emploi contribueront à éviter les abus et à détecter et relever les problèmes de fonctionnement à un stade précoce », promet le programme d’actions qui reste muet, en revanche, sur un éventuel changement du mode de gouvernance de l’Agence.

Incitatif et coercitif L’Adem n’endossera pas, à elle seule, la charge de réduire le nombre de chômeurs. Le gouvernement en appelle à la responsabilité de toutes les parties prenantes, aussi bien les autres ministères, avec le développement de coopérations transversales (éducation, économie, formation profes-


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Nicolas Schmit va pouvoir poursuivre son travail.

sionnelle, égalité des chances, classes moyennes) que les administrations communales et, il va sans dire, les entreprises. Quelques rappels à la loi devraient leur être adressés, sur leurs devoirs en matière de quotas de salariés à besoins spécifiques et handicapés, sur les conditions de travail et les périodes de référence, le droit à la formation, l’égalité des chances… Incitatif, mais pas seulement, le gouvernement entend également passer par la case « règlements ». Il veut agir pour le bien-être et contre le stress au travail, fléau social autant qu’économique qui serait à l’origine de 50 à 60 % des journées de travail perdues. Deux projets de loi seront mis en chantier : le premier, pour offrir un cadre légal à la lutte contre le harcèlement moral ; pour l’instant, seule une convention non contraignante datant de 2009 lie les partenaires sociaux. Le second projet de loi mis sur les rails visera « la réalisation du principe d’égalité salariale entre les sexes en milieu professionnel ». Vaste chantier quand on pense que le texte en vigueur, un règlement grand-ducal de 1974, ne dit pas autre chose, mais que nombre d’entreprises peu scrupuleuses s’en affranchissent largement. Promesse électorale du LSAP, le projet de loi sera élaboré « après une large consultation avec tous les acteurs concernés ».

Une législature suffira-t-elle à conduire le projet de loi devant les députés ? Nicolas Schmit devra mettre tout son poids politique dans la balance, pour y parvenir. Plusieurs autres projets de loi pourraient aboutir durant la législature qui s’ouvre : celui relatif au dialogue social, d’abord, porté par les socialistes, mais sévèrement retoqué par le Conseil d’État quelques semaines avant la dissolution de la Chambre des députés. Le programme gouvernemental parle d’une version « adaptée », sans plus de précisions. Les libéraux devraient y mettre leur(s) grain(s) de sel, eux qui prônaient, durant leur campagne électorale, une extension « qualitative, mais non quantitative » des droits de codécision dans les entreprises.

Screening des mesures en faveur de l’emploi

« L’introduction des comptes épargnetemps permettra une meilleure flexibilité. »

Retour également à l’ordre du jour des comptes épargne-temps qui pourraient être – enfin – gravés dans le marbre. Le législateur veut s’appuyer, pour élaborer le texte du projet de loi, sur un avis du Conseil économique et social qui remonte à… 2004. «  L’introduction des comptes épargne-temps permettra une meilleure flexibilité dans la gestion du temps de travail, tant pour les entreprises que pour les Janvier 2014 —

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«  Un dispositif prévoyant des sorties plus flexibles du marché du travail. »

salariés, notamment en ce qui concerne la formation continue et la conciliation entre travail et famille », peut-on lire dans le programme de la coalition. L’aide au réemploi (permettant de compenser les écarts de salaires lors de l’embauche d’un chômeur) sera par ailleurs remise sur le plan de travail, et ce, afin « d’optimiser » le mécanisme et « d’éviter les abus. L’employeur doit être incité à payer au salarié bénéficiant de cette aide une rémunération juste par rapport à la grille des salaires normalement applicable dans son entreprise ». Cette aide, comme toutes les autres mesures existantes en faveur de l’emploi, fera l’objet du fameux screening annoncé par le DP durant la période préélectorale. « Nous voulons rapidement faire le bilan des innombrables instruments, initiatives et plans d’action pour le marché du travail, les réformer et leur donner une nouvelle orientation financière si nécessaire », annonçait ainsi le programme du parti libéral. Parmi les nouveaux instruments qui devraient voir le jour, se trouve encore la création d’un cadre légal jetant les bases juridiques des « sociétés d’impact sociétal », particulièrement chères aux élus verts, avec une définition des « domaines prioritaires où un soutien public renforcé peut contribuer au développement de l’économie sociale et solidaire  » . Un programme interministériel «  g reen jobs » visant à soutenir la création d’entreprises et la formation des jeunes sera également mis en place, après concertation de tous les acteurs et secteurs d’activités concernés. Pour prévenir les faillites d’entreprises qui envoient brutalement des centaines de salariés à l’Adem chaque année, le gouvernement tient à voir « instruit et adopté » rapidement par le parlement le projet de loi existant (no 6539). Le texte prévoit un système de clignotants, qui permet de reconnaître à temps les entreprises en difficulté. C’est au Comité de conjoncture que reviendra la charge de capter les signaux d’alerte en amont. Dans les négociations, le DP a, semble-t-il, dû abandonner son idée de créer le SSM formation, un salaire social minimum pour les salariés non qualifiés et situé «  n ettement au-dessous du salaire minimum actuel  » , afin de compenser les coûts liés à leur formation. Inexistante dans le programme gouvernemental, l’initiative libérale

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n’a pas convaincu, apparemment, les partenaires socialistes et écologistes. À côté du nouvel arsenal législatif prévu, le programme gouvernemental comprend un certain nombre de mesures visant à faciliter l’environnement des entreprises. Tout d’abord, par la mise en place d’un « s ervice employeurs » au sein de l’Adem, avec des conseillers dédiés et spécialisés formés, secteur par secteur. Les procédures pour déclarer un poste vacant et assigner les candidats seront simplifiées. L’Adem va également se doubler d’une « e-adem », portail de l’emploi sur internet, qui comprendra une bourse de l’emploi interactive ouverte aux demandeurs d’emploi et aux employeurs.

Pactes générationnels Pour favoriser le maintien dans l’emploi des seniors (et alors que le taux d’emploi des 55-59 ans, qui devrait atteindre 73 % en 2020 stagne à 56 % en 2012), le législateur prévoit de réfléchir, avec les partenaires sociaux, à la mise en place « d’un dispositif prévoyant des sorties plus flexibles du marché du travail », avec la possibilité de combiner retraite et emploi ainsi que le recours au temps partiel. Réclamé par les trois partis de la coalition, un pacte « solidarité emploi des jeunes » permettra enfin la mise en œuvre de la «  garantie pour la jeunesse », afin de mieux orienter les jeunes de moins de 25 ans. Entièrement individualisé, ce pacte, qui s’appuiera sur une panoplie de mesures existantes, permettra de leur proposer soit un parcours scolaire, soit un parcours professionnel avec accès au premier marché du travail, soit un parcours d’activation jalonné d’actions ponctuelles (volontariat, etc.) afin de les aider à mieux définir leur projet de vie professionnel. Tous les jeunes demandeurs d’emploi devraient en bénéficier dès juin 2014. Pour encadrer et étayer l’ensemble de ces mesures en faveur du travail et de l’emploi, le gouvernement Bettel souhaite renforcer le rôle de l’Observatoire de l’emploi, chargé de lui fournir des statistiques améliorées et détaillées. Doté de sa propre équipe de statisticiens et d’informations, l’organisme se verra désormais doté d’une base légale.•


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Les trois partenaires de coalition prônent la continuité de la place financière. Luxembourg for Finance et Luxembourg for Business seront fusionnées. Régulation et fiscalité sont des instruments pour attirer de nouveaux investisseurs. Texte Thierry Raizer

« La place financière dans son ensemble est face à une restructuration importante. Nous voulons accompagner cette restructuration (…). Nous considérons que la place financière est une chance unique pour notre pays et nous voulons contribuer à son succès et donc à des emplois sûrs et des recettes fiscales. » Ce postulat émanant du programme électoral du DP pourrait, à lui seul, résumer l’accord scellé entre les libéraux, les socialistes et les écologistes au sujet de la place financière. Aucun parti ne semblait en effet hostile à la place financière lors de la campagne, à quelques tonalités près. En représentant un tiers des recettes de l’État, la Place est devenue incontournable, dopée par les fonds d’investissement et leurs performances record, là où d’autres secteurs de l’économie se portent plus ou moins bien. Le nouveau gouvernement entend donc tout faire pour pérenniser la Place et, mieux, la doter d’un nouveau développement en posant les conditions nécessaires à la réussite de la mutation de certains secteurs comme la banque.

Le retour du « stabil » Le programme de l’exécutif se résume dès lors en trois axes de travail  : consolider et développer les piliers de la Place, renforcer les actions transversales au secteur et diversifier les activités financières. Passées à la loupe, les propositions révèlent quelques nuances, sous l’influence de l’un ou l’autre camp, et des concessions que certains

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auront accepté de faire. La fiscalité fait ainsi partie des thèmes que l’on peut utiliser comme indicateurs de la politique envers la Place. « Le gouvernement maintiendra l’absence d’un impôt sur la fortune au niveau des personnes physiques et l’absence d’un impôt sur les successions comme un avantage compétitif important pour la place financière et l’économie (…) dans son ensemble », relève l’accord de coalition. Il s’agit probablement de la reculade la plus marquante du partenaire socialiste face à l’impulsion libérale. Le LSAP indiquait en effet dans son programme électoral vouloir « introduire une nouvelle tranche d’impôt pour les contribuables qui disposent d’un revenu annuel de 200.000 euros en classe 1 et de 400.000 euros en classe 2 » (voir aussi page 52). Décriée par le nouveau Premier ministre Xavier Bettel à l’encontre du CSV avant les élections, la stabilité est tout de même de mise. Loin de renier la notion de continuité – qui n’est, du reste, pas incompatible avec le progrès –, l’exécutif se place dans la suite logique de son prédécesseur à plusieurs égards, notamment sur le front des négociations à venir sur le plan international. En matière d’échange d’informations fiscales, le Grand-Duché sera autour de la table avec ses pairs de l’Union européenne et les membres de l’OCDE mais le gouvernement entend s’opposer à toute extension de l’échange si un standard mondial n’est pas adopté. La même logique est défendue concernant la taxe sur les transactions financières. « Le gouvernement continue à écarter une participation luxembourgeoise à l’introduction d’une


Luc Frieden n’a pas tari d’éloges sur son successeur au ministère des Finances, Pierre Gramegna: «La bonne personne à la bonne place» a-t-il déclaré.

TTF. (…) Le Luxembourg pourrait être disposé à se rallier à une TTF au niveau mondial qui éviterait toute délocalisation d’activités hors de l’Union européenne. » Si le nouveau gouvernement se veut intransigeant sur certains principes pour garantir la compétitivité de la Place et maintenir le positionnement du pays comme « porte d’entrée » du marché européen, il se veut aussi exemplaire sur d’autres pans réglementaires. « Nous ne sommes plus depuis longtemps les first movers dans la transposition des directives importantes pour la place financière. En d’autres termes  : nous avons perdu l’un des principaux avantages structurels de notre pays  » , lançait le DP lors de ses intentions précédant le scrutin du 20 octobre. Si le Grand-Duché n’est pourtant pas à la traîne, il importe en effet de maintenir le pragmatisme au cœur des dossiers concernant la place financière, comme le souhaitent les professionnels du secteur.

Message pour les experts En réponse, le programme gouvernemental veut « revoir les compétences et les interactions entre le Banque centrale et la Commission de surveillance du secteur financier (…) ». Comme le LSAP le souhaitait, les trois partis annoncent aussi vouloir introduire un système de sanctions que la CSSF pourra appliquer dans le respect du droit international. « Il sera aussi formé un groupe de travail pour analyser la question de la surveillance du shadow banking  », précise la feuille de route gouverne-

« Le gouvernement continuera à promouvoir activement l’établissement de banques et d’acteurs financiers chinois. »

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« Le Luxembourg pourrait être disposé à se rallier à une TTF au niveau mondial qui éviterait toute délocalisation d’activités hors de l’Union européenne. » mentale. L’heure est à la régulation accrue mais raisonnable et dans l’intérêt de la Place. Le programme précise d’ailleurs que « le gouvernement sécurisera et développera le Luxembourg comme plateforme permettant la structuration financière et fiscale de transactions internationales, notamment en continuant à élargir son réseau de traités de non-double imposition et en encourageant l’augmentation de substance des structures de type soparfi à Luxembourg ». Création du cadre nécessaire pour devenir le premier centre de fonds alternatifs en Europe, absence d’augmentation de la taxe d’abonnement pour les fonds, réforme législative dans l’assurance vie… les ministres lancent des signaux clairs à la Place en montrant, par la même occasion, qu’ils maîtrisent le sujet. La participation, à la demande du DP, d’Alain Kinsch aux négociations qui ont précédé la formation du gouvernement n’est certainement pas étrangère à ce positionnement et à l’exhaustivité déployée. On sait d’ailleurs le managing partner d’EY sensible au marché du private equity dont il est spécialiste. D’où la volonté affichée pour le gouvernement d’attirer au Luxembourg les équipes dites « front office » des fonds de ce type qui y sont d’ores et déjà domiciliés et administrés. Pour préserver le dialogue entre les professionnels de la Place et l’exécutif, et donc saisir les éventuelles nouvelles opportunités, un nouveau «  s ecrétariat permanent » sera créé au sein du Haut Comité de la place financière. Il répondra directement au gouvernement pour faire du comité « un acteur d’innovation et de veille législative ».

Moyens supplémentaires à budgéter Il faudra certainement une certaine dose d’innovation et des arguments suffisamment solides pour attirer de nouveaux investisseurs et institutions financières. L’équipe de Xavier Bettel, dont les ministres des Finances et de l’Économie, vont donc devoir sillonner le globe pour vanter les mérites du pays. « Le gouvernement continuera à promouvoir activement l’établissement de banques et d’acteurs financiers chinois », mentionne le document signé entre le DP, le LSAP et Déi Gréng le

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29 novembre dernier. L’objectif de faire du pays le premier centre « off-shore » du renminbi en Europe est maintenu. De même que celui consistant à attirer des acteurs en provenance des pays du Golfe pour devenir la « première place dédiée à la finance islamique en dehors des pays musulmans ». « Le gouvernement définira aussi une liste de pays cibles en croissance vers lesquels il concentrera ses efforts et initiatives », apprend-on également. Sans livrer d’estimations chiffrées, il est acquis que les efforts de promotion à l’étranger seront renforcés. « La communication autour du secret bancaire aurait mérité davantage de professionnalisme », avait déclaré le nouveau député Franz Fayot à paperJam.lu en septembre dernier. Le «  m onsieur place financière » du LSAP doit donc être satisfait de voir la communication du secteur occuper une place importante à l’agenda de l’exécutif. L’une des mesures symboliques annoncées est la fusion des deux agences de promotion respectivement économique et financière, Luxembourg for Busines et Luxembourg for Finance, en une seule entité pilotée conjointement par les deux ministères de tutelle. Le défi reste grand afin de déployer un réel et cohérent « nation branding ». Si certaines impulsions plutôt libérales se font sentir dans l’accord de coalition, les consensus autour de la Place sont légion entre les trois partenaires. Les Verts ont, ceci dit, obtenu gain de cause sur le terrain de la « finance durable », dans l’esprit de leurs intentions préélectorales. Le dernier point du chapitre « place financière » de l’accord de coalition précise que les « investissements socialement responsables seront encouragés et qu’une plateforme sera mise en place (…) afin de stimuler et coordonner les initiatives législatives et de promotion dans ce domaine et il promouvra la constitution de fonds de capital à risque dans les domaines des start-up environnementales et des énergies renouvelables (…) ». Tout un programme qui se retrouvera sur le bureau du nouveau ministre des Finances, du Trésor et du Budget : Pierre Gramegna. Celui qui, lorsqu’il était président de la Chambre de commerce, côtoyait son prédécesseur, Luc Frieden, devra désormais probablement répondre à ses questions, ce dernier siégeant en tant que député dans les rangs de l’opposition.•


ADVERTORIAL

Une vision, des moyens et des postes à pourvoir Dans un monde où restructurations, restrictions et incertitudes sont de mise, Docler Holding fait figure d’exception. L’entreprise hongroise installée au Luxembourg avance même à pas de géant – et embauche au même rythme.

L’ambiance au bureau est décontractée. Laszlo Czero est un des seuls à porter une cravate… et encore, pas tous les jours.


Depuis son arrivée au Luxembourg durant l’été 2012, Docler Holding n’a cessé de se développer. « Nous avons commencé par envoyer deux personnes au Luxembourg pour tâter le terrain. C’était notre premier essai au-delà des frontières hongroises et nous avons très vite décidé de transférer nos activités principales ici », explique le directeur général Laszlo Czero. Rien que ces derniers mois, le siège administratif luxembourgeois de Docler Holding est passé de 35 employés à... 200. « Et nous prévoyons d’être 400 d’ici février ! Nous avons un grand nombre de projets et envisageons également de déplacer encore plus de nos activités au Grand Duché », prévient Czero. Dans le domaine du live streaming, Docler Holding est l’un des principaux acteurs au niveau mondial. L’entreprise développe, gère, héberge et assure le maintien d’un grand nombre de sites web à succès, dont le très populaire LiveJasmin.com à contenu réservé aux adultes – l’un des sites les plus visités au monde – ainsi que le site spirituel Oranum.com (encore plus en vogue depuis son apparition dans une vidéo musicale de Christina Aguilera). Toutefois, Laszlo Czero tient à souligner que Docler Holding, c’est bien plus que ses 20 sites web et ses 5 000 partenaires associés, même si ces mêmes services génèrent un trafic impressionnant de 50 millions de visiteurs par jour, et des revenus conséquents. « Nous travaillons en permanence sur de nouveaux projets ; et pour développer de nouvelles possibilités. L’ambiance au bureau, c’est un peu comme dans une start-up du Silicon Valley, décontractée et bourdonnante de créativité. Le seul à porter une cravate ici, c’est moi ! », sourit Czero, en regardant les jeunes s’affairer dans les open spaces autour. « Les frontières ici sont flexibles, et il y a des opportunités pour tout le monde. Tout est possible pour ceux qui ont de la volonté et utilisent leur fibre créative. On n’est pas une entreprise type, on travaille à partir de visions, pas selon un business plan. Docler Holding est également financièrement performante et stable, ce qui explique pourquoi nous pouvons effectuer de grands sauts en avant. » Pour illustrer cela, il suffirait de mentionner les films produits par la société (trois cette année), l’énorme magasin de luxe Il Bacio Di Stile qu’elle vient d’inaugurer à Budapest, les nouveaux bureaux ouverts à Los Angeles ou les nombreuses entreprises de haute technologie et les projets créatifs à fort potentiel dans lesquelles elle investit et donne son soutien logistique. On pourrait également parlerw de sa prochaine entrée en

Docler Holding prévoit d’employer 400 personnes d’ici février pour son siège luxembourgeois.

bourse ou du fait que Docler Holding va « ouvrir des bureaux dans tous les pays importants en Europe » dans les six prochains mois. Cependant, là tout de suite, Laszlo Czero a d’autres choses en tête. « L’une des prochaines étapes sera d’amener nos systèmes de live streaming à la télévision et construire une régie média. Il s’agit d’une transition importante. Notre première chaîne satellite, qui sera une parmi beaucoup d’autres, va être lancée en janvier. Nous avons nos propres studios télé ici au Luxembourg et comptons diffuser 24 h / 24, 7j / 7. Nous filmons et testons des émissions depuis quelque temps déjà. On ne parle pas ici d’émissions pour adultes, mais de divertissement varié : cuisine, mode, talk shows… » Afin de poursuivre son développement fulgurant, l’entreprise cherche à embaucher un certain nombre de personnes parlant anglais. « Nous avons beaucoup de postes à pouvoir et cherchons des personnes dans des domaines différents : présentateurs télé, techniciens studio, éditeurs vidéo, développeurs PHP, spécialistes SEO, développeurs Flash, designers, spécialistes en médias sociaux, ingénieurs réseaux, conseillers de clientèle… pour n’en citer que quelques uns. Nous cherchons également notre responsable informatique, notre chef du marketing et notre responsable des relations publiques. » Vous avez envie d’en savoir plus ? Direction la section « carrières » du site www.doclerholding.com. « Notre vision, nos conditions de travail et nos ressources font de Docler Holding l’endroit idéal pour progresser dans tous les sens du terme. »

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texte jean-micheL gaudron

« Intégrité », « exactitude » et « impartialité ». C’est en se portant garant de ces trois valeurs que 15 ministres et trois secrétaires d’État ont juré fidélité au Grand-Duc et à la Constitution le 4 décembre 2013, pour former le gouvernement Bettel-­Schneider. Après plus de trois mois d’agitation politique, depuis la chute de la maison Juncker, en juillet, jusqu’aux résultats des élections législatives du 20 octobre, le pays aspire désormais à un retour « à la normale ». Mais à l’inverse du canard qui ne laisse rien paraître en surface tout en agitant énergiquement ses pieds palmés sous l’eau, le gouvernement va devoir tout à la fois s’activer en coulisse et afficher – rapidement – ses premiers actes concrets, sur le terrain. Du reste, « esprit d’ouverture » et « transparence » figurent en très bonne place dans le préambule du programme gouvernemental de 193 pages ficelé en un mois par le DP, le LSAP et Déi Gréng. Après avoir si souvent et énergiquement fait savoir, à qui voulait les entendre, que l’heure du changement était venue, les partis du nouveau gouvernement vont devoir désormais montrer leur savoir-faire sur le sujet. Ou plutôt sur les sujets. Car c’est une bataille sur plusieurs fronts que vont devoir mener les troupes bleues, rouges et vertes, pour sortir le pays d’une situation économique chancelante, quoiqu’encore largement moins mauvaise que celle des voisins. On peut évidemment compter sur le bouillonnant Xavier Bettel pour ne pas se contenter d’observer le tout

aux jumelles, mais enfiler, lui aussi, une tenue de combat. Dès le 19 décembre, à Bruxelles, le Premier ministre aura l’occasion de se plonger dans le grand bain européen, de tâter le terrain et de se faire connaître (en attendant de se faire reconnaître) auprès de partenaires d’une Union forcément curieuse de savoir qui diable est ce jeune loup qui a déboulonné Jean-Claude Juncker, ce que d’aucuns ont presque considéré comme un crime de lèse-majesté. Qu’on ne s’y trompe pas : le plus grand crime serait bel et bien de ne pas aller au bout des idées largement martelées depuis trois mois (voire plus) par ceux qui étaient alors encore dans l’opposition. « Courage », « Réformes », « Avenir porteur d’espoir », « Dynamique nouvelle », « Transparence », « Culture du dialogue  » , «  Détermination  » , «  C réativité  » … la sémantique employée regorge des meilleures intentions du monde. Entre programme et promesse, il n’y a qu’un gramme de différence et une messe que la population n’a pas envie de se voir chanter. Les milieux économiques, eux, sont au moins tout autant impatients de voir quels seront les actes entrepris pour redonner un nouvel élan à l’économie et rendre au pays une pleine compétitivité mise à mal ces dernières années. « Le changement, c’est maintenant », n’est désormais plus un simple slogan de campagne porté, en France, par le candidat François Hollande. C’est la réalité du jour de ce côté-ci de la frontière.•

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Cargolux

Une ultime étape à franchir Validée par le gouvernement en formation, la reprise de la participation de 35 % du capital de la compagnie nationale de fret par les Chinois de HNCA doit encore être éclaircie sur certains points juridiques. Rendez-vous le 13 décembre.

Photo : Viktor Làszl (Cargolux)

Cargolux pourrait renouer avec des résultats positifs en 2014.

Décidément, rien n’aura été simple dans le dossier Cargolux, depuis l’annonce du retrait de l’actionnaire Qatar Airways jusqu’à la finalisation de la reprise des 35 % par le groupe chinois HNCA. Car avant de trancher le choix du partenaire, il s’agit, surtout, de lever toutes les ambiguïtés émaillant encore le projet de contrat commercial. Des flous juridiques ont en effet été identifiés par un cabinet d’avocats américain, Shearman & Sterling, dans un rapport daté du 7 novembre dernier qui fut présenté fin novembre aux membres du conseil d’administration de la compagnie. Cargolux a déjà eu l’occasion de travailler avec ce cabinet américain, puisque c’est ce dernier qui avait été en charge de la défense des intérêts de la compagnie dans le cadre de son litige aux ÉtatsUnis au sujet des ententes sur les prix du fret entre plusieurs compagnies aériennes. L’analyse avait été demandée à Shearman & Sterling pour épauler les juristes maison : l’avocat Paul Mousel (Arendt & Medernach), qui siège au conseil d’administration, et Henning zur Hausen, chargé des affaires juridiques et de la compliance au sein du comité de direction de Cargolux. Selon les informations qui ont filtré de cette réunion, le rapport Shearman & Sterling se

montre très réservé sur les avantages de l’alliance entre Cargolux et HNCA, à tout le moins au stade actuel des négociations. Il émet également des réserves sur le projet de contrat, qu’il faudra donc remettre une nouvelle fois sur le métier pour en supprimer les passages et les termes pouvant prêter à confusion. Les points litigieux concernent, entre autres, les avantages et les subventions (32.800 dollars pour chaque vol de Cargolux vers Zhengzhou) que le candidat chinois fait miroiter dans le projet de contrat commercial au niveau des obligations pesant sur les Luxembourgeois, et leur rôle pour développer la plateforme aéroportuaire de Zhengzhou. Risques juridiques

« Conclure un accord présenterait, selon nous, un risque juridique significatif pour Cargolux », soulignent les avocats américains, ajoutant que les « incertitudes » sur l’étendue des obligations pesant sur la compagnie de fret en Chine étaient susceptibles d’aggraver encore les risques. Outre le fait d’opérer, dans un premier temps, quatre vols par semaine (c’est-à-dire 30.000 tonnes par an en volume) pour desservir l’aéroport de

Zhengzhou et de transférer du savoir-faire en matière de maintenance aéroportuaire, il est en effet prévu de mettre en place une jointventure avec HNCA en vue de lancer une nouvelle compagnie de fret aérien. Toujours selon le cabinet Shearman & Sterling, le risque serait accru pour Cargolux en raison de « sa visibilité limitée sur les négociations qui ont cours avec HNCA ». Aussi, le conseil d’administration a-t-il décidé de placer un membre du comité de direction de Cargolux, en l’occurrence Henning Zur Hausen, aux côtés du CEO Richard Forson (avec la banque conseil UBS et le cabinet d’avocats Clifford Chance) pour remanier l’accord commercial et en revoir les points problématiques. Ils devront remettre un rapport au conseil d’administration pour le 13 décembre prochain. C’est à partir de ce moment-là que la décision définitive sera prise de faire rentrer HNCA dans le capital de la compagnie de fret. Ou pas. Entre-temps, l’informateur Robert Schaus, nommé début novembre, a eu le loisir de remettre son rapport aux partenaires de la future coalition gouvernementale qui étaient alors encore en négociations. Ceux-ci ont jugé favorablement le projet de reprise de la compagnie par les investisseurs chinois. Autre copie à revoir pour Cargolux : celle du budget prévisionnel établi par le comité de direction, mais rejeté par le conseil d’administration en raison de leur caractère trop optimiste. La compagnie, dont le budget pour 2013 tablait sur une perte de 27 millions de dollars, devrait terminer l’année avec des résultats en équilibre. De fait, l’augmentation de capital prévue pour le début de l’année prochaine pourrait être repoussée au printemps 2014 et surtout être moins importante que prévu : 125 millions de dollars au lieu des 175 initialement prévus. Et surtout, Cargolux devrait sortir en 2014 du rouge, avec une prévision de résultat positif entre 20 et 30 millions de dollars. V. P.

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TV

Feu vert pour Adria News Le dernier conseil de gouvernement présidé par Jean-Claude Juncker a, entre autres choses, validé la demande de concession pour une télévision qui s’adressera à la population des Balkans. Portée par la société Adria News, cette demande était en cours depuis début septembre. La chaîne, présentée à la fin de l’été, avec le soutien du ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, est pour l’heure baptisée « N1 », et prévoit la diffusion de programmes produits au Luxembourg et d’images fournies par CNN.

Photo : RTL

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Business Guide

Nouvelle app pour Index Alors que l’édition print d’Index 2014 est en cours de finition, l’application mobile du business guide de paperJam a fait peau neuve. Disponible pour iPhone et Android, elle propose pas moins d’une centaine d’améliorations et de nouveautés, parmi lesquelles, outre un nouveau design, la possibilité de trouver une entreprise à proximité par géolocalisation ou encore de sauvegarder les contacts directement dans le répertoire du téléphone, puis de partager les informations trouvées via les réseaux sociaux.

Récompenses

Deux awards pour le Lëtzebuerger Journal Dirigé par Marc Hansen, le Lëtzebuerger Journal vient de recevoir deux récompenses dans le cadre du 15e European Newspaper Award qui récompense, depuis 1999, les concepts les plus innovateurs et créatifs dans le monde de la presse écrite. Le journal a été primé dans la catégorie « Alternative Marc Hansen Storytelling » pour un sujet paru en juillet 2013 sur le monde de la BD au Luxembourg et pour son édition du 29 octobre 2012, notamment avec sa rubrique sportive hebdomadaire.

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En reprenant 50 % de DNR, RTL assied un peu plus encore son monopole commercial sur les ondes.

Radio

RTL2 : un dossier pour l’Alia La validation « réglementaire » de la reprise de la fréquence de DNR par RTL sera l’un des premiers dossiers qu’aura à traiter la toute nouvelle autorité de l’audiovisuel.

Le paysage radiophonique luxembourgeois va connaître un profond bouleversement au printemps, avec l’avènement de RTL2, radio francophone de format « Music & News » au détriment de DNR, la radio du groupe Saint-Paul (éditeur du Wort), dont les fréquences vont être reprises, suite à un accord passé avec le groupe RTL. Ce dernier va prendre 50 % du capital de la Société de radiodiffusion luxembourgeoise qui détient la permission de diffusion. L’opération, annoncée fin novembre, a suscité bon nombre de réactions. La toute nouvelle députée DP Corinne Cahen devenue ministre entretemps (et jadis journaliste de RTL au moment de la libéralisation des ondes en 1991), s’est inquiétée à la fois du respect du cahier des charges initial et du risque de perte du « pluralisme » voulu par le législateur il y a 20 ans. En effet, RTL Radio Lëtzebuerg, déjà « leader » sur le marché national, détient 75 % du capital de son « dauphin », Eldoradio. Avec DNR, les trois radios cumulent une part d’audience de près de 66 %. « Avec la reprise par RTL des fréquences DNR, (…) RTL se retrouvera à nouveau unique radio commerciale hors concurrence au Luxembourg. Qu’en est-il alors de la diversité radio au Grand-Duché prévue par la loi ? », s’inquiète Mme Cahen. Quant au problème du cahier des charges, il entrera dans les attributions de la nouvelle Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) d’en vérifier la teneur. « Nous avions reçu une demande d’amendement au cahier des charges existant une semaine avant l’annonce faite par RTL », explique Georges Santer, président de l’actuelle Commission indépendante de la radiodiffusion qui cessera d’exister au 31 décembre. « Compte tenu des délais, nous n’avons rien fait d’autre qu’accuser réception de cette demande. Nous n’avons pas le temps, matériellement de l’étudier plus en profondeur. » Au-delà du seul aspect « radio », il est aisé de deviner que cette collaboration entre Saint-Paul et RTL vise également à aller chasser, commercialement, sur les terres du groupe concurrent, Editpress, particulièrement présent sur le créneau du lectorat francophone. J.-M. G.


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RSE

Monopol

Saint-Paul

Six nouveaux labels

Financement suspendu

L’hémorragie continue

Rachetés en 2007 par le développeur Breevast, les neuf anciens magasins Monopol sont, depuis, en phase de redéveloppement. Un projet de longue haleine qui vient de connaître un imprévu d’ordre financier. La banque néerlandaise SNS Reaal a en effet annoncé la suspension pour six mois des lignes de crédit accordées au développeur, pour cause de « réorientation » de ses activités. Le directeur de Breevast Luxembourg n’exclut évidemment pas la possibilité de se tourner vers des solutions de financement alternatives.

Partir, revenir… et repartir ! Paul Meyers, directeur financier du groupe SaintPaul, quittera ses fonctions à la fin de l’année. Il rejoint la firme KPMG. Un départ cette fois-ci définitif, et de son plein gré, après une première mise à l’écart, début mai, par Erny Gillen, président du conseil d’administration du groupe (en même temps qu’avait été écarté Paul Lenert, le directeur général du groupe). Quelques semaines plus tard, M. Meyers avait, à la surprise générale, été rappelé aux fonctions… d’assistant d’Erny Gillen, en charge des finances, mais aussi du risk management et de la radio. Il avait néanmoins un champ de responsabilités restreint et n’avait jamais vraiment été « réhabilité ». Ces derniers mois, une bonne vingtaine de personnes auraient quitté le groupe de leur propre initiative, parmi lesquelles un certain nombre de cadres et la quasi-totalité du service RH.

L’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) a remis, à la mi-novembre, 14 labels ESR à des entreprises ayant répondu avec succès aux critères de labellisation. Six ont été nouvellement labellisées (ADT-Center, Advanzia Bank, Berlitz, CTG Luxembourg PSF, KPMG et Rehazenter), les huit autres ayant vu leur label confirmé (Bebop, Abbaye de Neumünster, ebrc, Goblet & Lavandier, Plan K, Sales-Lentz, Siemens et Sodexo).

Cisco-Telindus

Photo : Olivier Minaire

Unis dans le cloud

Les quatre mousquetaires entrepreneurs sur le projet Join Experience (Claude Lüscher, Frank Fischer, Claude Strasser et Pascal Koster).

Prise de participation

Post s’associe à l’aventure Join Annoncé dès avril par paperJam, le nouvel opérateur 4G luxembourgeois aux ambitions internationales grandit encore, avec l’entrée dans le capital de Post Luxembourg.

L’opérateur Telindus (filiale de Belgacom) et le constructeur Cisco ont lancé, ensemble, la solution professionnelle de communications unifiées et de collaboration « U-nify Enterprise », sur base d’une plateforme cloud basée au Luxembourg. Un développement qui s’inscrit dans le plan d’investissement de 20 millions d’euros sur cinq ans lancé par Telindus en 2011 et qui permet, aux entreprises clientes, de faire une totale abstraction de l’emplacement géographique de l’utilisateur, qu’il soit assis à son bureau ou en déplacement à l’autre bout du monde. Elle s’adapte, en outre, plus facilement à l’évolution – à la hausse ou à la baisse – du nombre d’utilisateurs. L’offre devrait être complétée, début 2014, par un volet mobile assuré par Tango, également filiale de Belgacom.

Trois entrepreneurs luxembourgeois (Pascal Koster, Claude Lüscher et Frank Fischer) et un partenaire de poids, pour lancer un opérateur 3.0 : c’est l’équation de l’opérateur Join Wireless désormais associé avec Post Luxembourg. Précisément, l’opérateur historique prend 50 % du capital de Join Experience, le nouveau nom de Blue Communication, l’actionnaire de référence de Join Wireless. « L’intérêt pour nous de s’associer à ce projet se situe indéniablement au niveau des ambitions internationales de la start-up », a indiqué Claude Strasser, directeur général de Post Luxembourg. Join, qui mise sur la convergence IT-Telecom, entend proposer ses premiers services dès le début de l’année 2014, au travers une offre de téléphonie mobile 4G (voix et data) à l’international sur le Belux, faisant fi des contraintes du roaming. La société est, actuellement, en train de recruter une centaine de personnes sur le Luxembourg.

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FDL–Partners for growth

Cargolux

Cactus

Fandel, le retour

Luxair s’allège

Toujours plus près…

On connaît désormais le nouveau projet professionnel de Jean-Marc Fandel, ancien CEO de Cetrel, parti de la société en juin dernier. Il s’est associé à deux autres experts de la place financière, François Dorland et Fabrice Lallemand. Sous l’entité FDL–Partners for growth, ils proposent des services de type 2.0, en allant au-delà du simple conseil, en allant jusqu’à l’exécution de leur stratégie, sur la base initiale d’une méthode propre d’aide au repositionnement. Les trois associés veulent aussi mettre en jeu leur responsabilité personnelle en siégeant, si besoin, aux conseils d’administration, ou en proposant des profils adéquats d’administrateurs indépendants.

La compagnie nationale a annoncé son intention de vendre 8,41 % de sa participation dans Cargolux à l’État, pour la ramener de 43,42 % actuellement à 35,01 %. L’État pourrait même faire monter jusqu’à 10 % sa participation dans la compagnie de fret, via la conversion d’un prêt qu’il avait accordé à Cargolux en janvier dernier. Avec 35,01 % du capital de Cargolux, Luxair resterait son premier actionnaire et disposerait de quatre représentants au conseil d’administration, alors que HNCA, le probable actionnaire chinois avec ses 35 %, n’aurait droit qu’à trois mandataires. Le prix de vente par action demandé par la compagnie à l’État sera identique à celui auquel le Qatar avait acheté sa participation en 2011, c’est-à-dire 31,69 dollars par action.

L’enseigne luxembourgeoise de distribution continue son expansion et vient d’ouvrir sa 20e boutique « Shoppi » à Esch-sur-Alzette : une chaîne de magasins déployée principalement au sein des stationsservice depuis cinq ans. « Nous sommes potentiellement ouverts à tous les pétroliers, précise Laurent Schonckert, mais nous avons aussi ouvert deux enseignes hors pompes à essence et en nom propre à Mamer, ainsi qu’à la gare de Mersch. » Sont encore prévus, à court terme : l’ouverture d’un nouveau « Marché » de 1.500 m2 à Merl-Belair en février prochain, la reprise de la Coopérative de Bonnevoie en juin et l’ouverture d’un nouveau centre commercial à Esch / Lallange, programmée pour fin 2015.

« La télévision de demain sera de plus en plus interactive et participative. »

Photo : Luc Deflorenne (archives)

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Legitech, qui va perdre le marché du Mémorial C, ne se laisse plus faire.

Marchés publics

Legitech montre les crocs La société d’édition et de services juridiques Legitech conteste l’attribution d’un marché public pour l’assistance rédactionnelle pour le compte du portail guichet.lu.

Legitech met en cause, dans un recours devant le Tribunal administratif, la légalité et le caractère anticoncurrentiel de l’attribution par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative du marché public de l’assistance rédactionnelle et de veille pour l’évolution du portail citoyen guichet.lu géré par le Centre de traitement informatique de l’État (CTIE). Deux entreprises étaient alors en lice, Legitech et IT Consulting (Lancelot Group). Cette dernière a remporté le marché, mais selon la société éliminée, le cahier des charges aurait été trop « restrictif » et confectionné sur mesure pour IT Consulting qui travaillait déjà pour le CTIE, lequel « favorise ainsi ostensiblement et sans raison, le précédent titulaire du marché ». Après son élimination du marché en avril dernier, Legitech avait introduit deux recours devant la juridiction administrative : un premier sous la forme d’un référé pour obtenir la suspension immédiate de l’attribution (ce en quoi elle échoua) et le second qui est un recours au fonds, désormais en cours.

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Steve Schmit, directeur des programmes, RTL Télé Lëtzebuerg, a rappelé, à l’occasion de la Journée mondiale de la télévision, le 21 novembre,que les téléspectateurs passent en moyenne 187 minutes par jour devant leur écran.

Commerce

Hello Zalando, goodbye Tie Rack Zalando, le site leader en Europe pour la vente en ligne de vêtements et de chaussures, déjà présent sur 14 marchés via des sites dédiés, se dote d’une nouvelle extension « .lu ». Il entend saisir les opportunités grand-ducales (pour l’heure les consommateurs luxembourgeois sont redirigés vers la plateforme belge) en optimisant la livraison des achats pour le Grand-Duché, via une collaboration mise en place avec Post Luxembourg. Dans le même temps, les deux boutiques luxembourgeoises de la marque Tie Rack (au centre commercial Belle Étoile et dans la galerie Auchan du Kirchberg) sont sur le point de fermer. Victime de la mode, c’est tout le temple britannique de la cravate qui périclite et qui va totalement cesser ses activités. Dix emplois sont concernés au Grand-Duché.


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Anniversaire

Life-longlearning.lu a 10 ans

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C’est au restaurant Maho que l’INFPC a célébré, le 28 novembre, le 10e anniversaire de sa plateforme internet de contact entre demandeurs et offreurs de formation. Photos Charles Caratini

Roger Thoss (Luxembourg School for Commerce)

Xavier Kieffer (G4S)

Claude Faber (Adem), Francis Bressan et Fabrice Matuszyk (Greta Lorraine)

Anne Oswald et Dominique Matera (INFPC)

Laurent Chapelle (RH Expert) et Linda Szelest (CRP Henri Tudor)

Carole Gaasch et Christian Weiland (Olap)

Jean Ries (Statec) et Alex Durand (INFPC)

Jos Noesen (LTETT) et Brigitte Bever (ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle)

Anne-Marie Theisen (Acord International) et Franziska Rieder (Anefore)

Stephan Hawlitzky (Adem) et Karin Pundel (Anefore) Janvier 2014 —

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Lux-Airport

En bout de piste

Le CEO Fernand Brisbois a pris sa retraite le 31 octobre, après six ans et demi de règne sans partage.

Un cabinet de recrutement a été mandaté pour lui trouver un successeur, qui pourrait être désigné le 13 décembre. Une normalisation des relations entre les acteurs de la plateforme aéroportuaire du Findel est espérée pour lui redonner un nouvel élan. Texte Jean-Michel Gaudron

T

apis rouge, confettis dorés, musique… Lux-Airport n’a pas lésiné sur les moyens pour symboliquement célébrer en grandes pompes, le 5 décembre, le deux millionième passager à utiliser, cette année, les infrastructures de l’aéroport du Luxembourg dont elle a en charge l’exploitation. Une fréquentation record et des chiffres toujours à la hausse pour le site depuis l’inauguration du nouveau terminal A en avril 2008. En 2009, ils avaient été 1,55 million de passagers à avoir transité par le Findel. En franchissant la barre des 2 millions en 2013, la progression affichée en quatre ans est de près de 30 % et restent dans la fourchette haute des prévisions. Difficile de faire la fine bouche devant cette bonne santé, qui renforce l’objectif affiché – mais pas encore vraiment atteint – de faire de l’aéroport du Luxembourg le point d’entrée incontournable au cœur de la grande Région, mais aussi au cœur de l’Europe. Le tapis rouge, en revanche, n’était pas spécialement de sortie pour le départ à la retraite de Fernand Brisbois, le directeur quasi historique de Lux-Airport, qui a quitté ses fonctions le 31 octobre dernier. Une petite fête organisée avec le personnel, simple, sans lambada ni flonflon, pour sceller une collaboration qui aura duré près de sept années. L’homme de la situation

Il n’est pas impossible néanmoins que quelques confettis aient été lancés une fois que M. Brisbois eût définitivement fermé la porte, tant sa forte personnalité était loin de faire l’unanimité dans son entourage professionnel. Le style main de fer dans un gant d’acier qui n’est pas toujours bien passé auprès de tous. Âgé de 62 ans, ce self-made-man a effectué toute sa carrière dans les métiers de l’aviation, en particulier dans le domaine du cargo. Il a commencé sa carrière en 1968 chez Luxair, en tant qu’agent Aircargo. Il y a gravi les échelons au fur et à mesure, accédant aux fonctions de directeur général adjoint handling services puis, entre 2006 et 2007, vice-président du comité de direction de la compagnie nationale, en charge, notamment, de la supervision du cargo handling, du traitement du

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Conseil d’administration

Du changement en vue ? Alors que Lux-Airport se cherche un nouveau directeur général, va-t-elle également changer de tête pour son conseil d’administration ? La fonction est actuellement occupée par Tom Weisgerber, premier conseiller de gouvernement, en charge de la coordination générale du département des Travaux publics au sein du ministère du Développement durable et des Infrastructures (il fut le bras droit du ministre Wiseler). Il avait succédé à Frank Reimen en janvier 2011 et a été un des principaux artisans techniques des négociations menées dans le cadre de la reprise de la participation de 35 % dans la compagnie de fret Cargolux. Rien ne dit que le nouveau gouvernement – le ministère de tutelle est désormais entre les mains du vert François Bausch – le maintienne dans ses fonctions… Une première rencontre « officielle » entre les deux hommes a, en tous les cas, eu lieu le 5 décembre dernier. J.-M. G

Avec le départ de Fernand Brisbois, Lux-Airport s’apprête à prendre une nouvelle direction.

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fret aérien, de la gestion des entrepôts ou encore de l’assistance au sol. Son profil était donc pour le moins idéal quand est venue, au printemps 2007, l’heure de trouver – dans une certaine urgence – un nouveau directeur général à Lux-Airport, après l’annonce du départ du CEO d’alors, Marc Faber. Les travaux du nouveau Terminal A étaient bien avancés, avec une inauguration qui se profilait pour l’année suivante. « Fernand Brisbois disposait d’une très bonne connaissance du site et des acteurs sur place, mais aussi des dossiers aéroportuaires, explique Frank Reimen, alors président du conseil d’administration de la société, qui a procédé au recrutement du nouveau directeur général. Il disposait en outre d’une bonne expérience en matière de gros travaux de construction, puisqu’il avait été responsable, en son temps, de la construction du centre cargo de Luxair. Il était vraiment le candidat idéal et à partir du moment où il a très rapidement répondu favorablement à la proposition, nous n’avions pas eu besoin d’approcher d’autres personnes, voire de confier cette tâche à un cabinet de recrutement. » C’est donc sous le règne – parfois très autoritaire – de Fernand Brisbois que l’aéroport de Luxembourg a franchi quelques-unes des étapes clés de son récent développement : l’inauguration, bien sûr, fin avril 2008, du Terminal A dessiné par le cabinet d’architectes luxembourgeois Paczowski et Fritsch, mais aussi, quelques mois plus tôt, la mise en service du terminal d’aviation générale. Un projet rondement mené, longtemps bloqué au stade des études, mais finalement confié à LuxAirport en juin 2007 par le ministre des Transports socialiste de l’époque, Lucien Lux. Les travaux, commencés en septembre 2007, s’achevèrent moins de cinq mois plus tard. « Les projets initialement imaginés étaient très coûteux, se souvient Frank Reimen. Nous avions trouvé une solution provisoire pour un montant global de 1,5 million d’euros. Et c’est une solution provisoire qui a finalement duré. Cela souligne le caractère pragmatique, la volonté absolue de vouloir aller de l’avant et le goût du travail bien fait de M. Brisbois. » Ce perfectionnisme, poussé parfois à l’extrême, ne lui a pas toujours valu que des amitiés au sein de la plateforme aéroportuaire. Ses relations avec les syndicats, par exemple, ont longtemps été Janvier 2014 —

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En avril dernier, Fernand Brisbois avait reçu le TM Travel Award en tant que « Homme de l’année ».

tendues. Avec, comme point d’orgue, la plainte déposée par l’OGBL auprès de l’Inspection du travail et des mines (ITM), pour manquement au Code du travail en matière de congés payés. Un contrôle de l’ITM, effectué après cette plainte, avait alors révélé, selon l’OGBL, que 16,6 % des 351 demandes de congé présentées entre janvier et août avaient été refusées. Une situation que Fernand Brisbois s’est fait fort de régler avant son départ, plus aucun refus de congé n’ayant alors été acté, depuis, par les syndicats. La question de la succession se pose évidemment aujourd’hui. Ce 13 décembre, le conseil d’administration pourrait nommer le nouveau directeur général, pour le recrutement duquel, cette fois-ci, un cabinet extérieur a été mandaté, preuve de l’importance accordée à ce dossier par Claude Wiseler, ministre CSV sortant du Développement durable et des Infrastructures. En attendant de connaître le nom de l’heureux élu, l’intérim a été confié à Claudine Leinenveber, directrice d’exploitation de Lux-Airport, arrivée dans la société pratiquement au même moment que M. Brisbois, après 15 années passées en tant que responsable informatique dans les activités Cargo chez Luxair. Une étude stratégique sur le feu

Se pose également la question de l’évolution même de la société, notamment dans ses relations avec les autres acteurs de la plateforme aéroportuaire. Il n’est un secret pour personne que Cupidon n’a pas souvent, ces derniers temps, survolé les échanges entre l’Administration de la navigation aérienne (ANA) et Lux-Airport, alors que la promiscuité de leurs missions respectives nécessiterait, au contraire, que le courant passe de manière permanente et fluide. Un état de fait qui s’inscrit dans un contexte déjà très tendu au niveau de l’organisation du ciel aérien luxembourgeois et qui avait amené Claude Wiseler a faire un peu de ménage début 2012, en redessinant le contour des compétences de l’ANA, mais aussi celles de la Direction de l’aviation civile. Lux-Airport est en charge de l’exploitation de l’aéroport de Luxembourg, y compris l’administration et la gestion des infrastructures aéroportuaires. L’ANA, pour sa part, assure, outre

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Photo : Olivier Minaire

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la gestion du trafic aérien, le fonctionnement opérationnel de l’aéroport ainsi que le respect des servitudes liées à la navigation aérienne. Or, ces dernières années, il semblerait que LuxAirport et son directeur omniprésent, ait davantage eu tendance à centraliser et contrôler les choses, rendant plus que difficile toute coopération. Pourtant, une étroite coopération entre LuxAirport et l’ANA s’avère souvent indispensable. Elle l’est, par exemple, dans le cadre de la « certification aérodrome » que Lux-Airport doit obtenir d’ici à 2015, conformément à la réglementation européenne. « C’est un des gros chantiers en cours, confirme John Santurbano, l’actuel directeur faisant fonction de l’ANA. Nous travaillons également sur l’utilisation commune de certains équipements techniques, comme le radar de mouvement de surface pour assurer une couverture complète de l’aéroport. Sa mise en service est prévue pour 2016. » D’ici là, il faut espérer que la nouvelle équipe de direction ait permis une normalisation des relations entre toutes les parties concernées. Cela ne pourra toujours que faciliter la vie des deux millions de passagers – et plus – de l’aéroport du Luxembourg et renforcer les ambitions légitimes de la plateforme aéroportuaire luxembourgeoise. Pour l’heure, le conseil d’administration de LuxAirport doit encore statuer sur les résultats de l’étude stratégique « Airport and Aviation Strategy », commandée en 2012 auprès d’un cabinet extérieur. Cette étude s’est notamment penchée sur les

aspects de sûreté aéroportuaire et de lutte antiterroriste. Le conseil d’administration doit, à la suite de ce rapport, établir un plan stratégique (un document hautement sensible et, par conséquent, classé) de mise en œuvre des recommandations établies. À l’heure où nous clôturions cette édition de paperJam, la question n’était pas inscrite à l’ordre du jour du conseil de ce vendredi 13 décembre. L’ANA, elle aussi, y est allée de sa propre enquête : une analyse de satisfaction client appuyée par Claude Wiseler et menée auprès de l’ensemble des utilisateurs de la plateforme aéroportuaire. L’évaluation des résultats est en cours et devrait être présentée au nouveau ministre de tutelle François Bausch (Déi Gréng) en début d’année prochaine, en vue d’établir, là aussi, un planning de correction et d’amélioration. « Certains domaines concernés sont directement liés à l’ANA, mais il y en a qui touchent aussi d’autres acteurs, dont Lux-Airport », indique M. Santurbano. Si tout va bien, les deux parties pourraient donc envisager sereinement cette étape cruciale pour le développement de l’aéroport.

Lux-Airport se cherche un nouveau directeur général après le départ en retraite de Fernand Brisbois. L’occasion pour la société en charge de l’exploitation de l’aéroport de Luxembourg d’envisager un nouveau décollage à l’heure où l’attendent d’importantes échéances qui impliqueront aussi l’Administration de la navigation aérienne et la Direction de l’aviation civile.



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Tendances

Le commerce des fêtes, le commerce en fête Les commerçants capitalisent sur plusieurs moments clés du calendrier, dont les fêtes de fin d’année. Entre traditions et nouveaux produits, les magasins épousent l’évolution démographique. Le centre-ville mise aussi sur des événements pour faire (re)venir le consommateur. Interview Thierry Raizer Photos Sven Becker

I

l n’y a plus de saisons ! » Si, au moins dans le commerce. En jouant sur tous les fronts de la communication festive à l’occasion des rendez-vous incontournables de fin d’année que sont SaintNicolas et Noël, les commerçants font, à leur manière, mentir l’adage. Les investissements publicitaires et autres actions de marketing sur site ont pour objectif de capter le budget destiné spécifiquement à ces moments clés. Il sera cette année de 825 euros au Luxembourg, selon la 16e étude de Deloitte dédiée aux achats de fin d’année et menée, pour la deuxième fois, avec la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) pour ses résultats grand-ducaux. Le budget dégagé par les ménages luxembourgeois est le deuxième plus important parmi les 18 pays d’Europe et l’Afrique du Sud scrutés pour les besoins de l’enquête. L’Irlande est en tête avec 894 euros. Et à y regarder de plus près, les cadeaux offerts (voir tableau page 78) traduisent bien la volonté des consommateurs de faire plaisir et de se faire plaisir. « Le cadeau de fin d’année est un achat dicté par le plaisir », déclare Simon de Wasseige, directeur de Hifi International, l’enseigne désormais détenue par le groupe belge Krëfel. « Cette tendance s’observe davantage dans le petit électro et les produits hi-tech que dans le gros électro, qui est plus un marché de remplacement. » L’autre calendrier de l’avent

Tablettes, machines à café ou smartphone devraient donc, à nouveau, se retrouver sous le sapin. De quoi nourrir des espoirs pour la chaîne hifi qui a récemment repris les trois magasins Darty implantés au Luxembourg, et ce, afin de compléter son maillage, tout en accentuant son positionnement dans l’électroménager. « Le mois de décembre est le mois le plus important, ajoute Simon de Wasseige,

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« Nous devons évoluer avec les mentalités, mais les produits traditionnels restent incontournables. »

« Nous devons miser sur nos compétences en matière de conseils. »

« Le e-commerce est devenu un concurrent en soi. »

Christopher Vanderfelt (Muse by)

Simon de Wasseige (Hifi International)

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« Indépendamment des prix, le consommateur attend toujours une qualité irréprochable. » Marc Hoffmann (Cactus)

Max Nickels (Namur)

combiné à celui de janvier, ils peuvent générer jusqu’à 50 % de chiffres d’affaires supplémentaires par rapport à un mois normal. » Et si l’appétit des commerçants se mesure à leur communication, les repas de fin d’année risquent d’être copieux. Les actions publicitaires commencent d’ailleurs bien avant décembre. « Dès la fin du mois d’octobre, nous lançons un folder dédié à la Saint-Nicolas , qui marque le début de la saison », note Marc Hoffmann, directeur marketing chez Cactus. L’étude de Deloitte révèle que si la plupart des consommateurs (37 %) achètent leurs cadeaux entre le 1er et le 15 décembre, ils sont tout de même 28 % à faire leurs emplettes en novembre. « Mais les achats frais concernant les repas de fin d’année se font bien sûr plus tard. Souvent, nos clients ne concoctent leurs recettes et menus de Noël que courant décembre. » Grâce aux sites internet et autres applications en ligne, le consommateur peut exiger, consciemment ou non, des prix très compétitifs. Surtout depuis que les hard-discounts se sont implantés sur le marché. Le premier distributeur du pays a donc dû s’adapter, tout en misant sur la valeur intrinsèque des produits disposés en rayons. « Nous remarquons que le prix reste un élément important, d’où nos 500 promotions hebdomadaires. Indépendamment de l’agressivité de nos prix, le consommateur attend toujours une qualité irréprochable », ajoute Marc Hoffmann. Le groupe détenu par la famille Leesch s’est doté de sa propre agence de communication, avec 55 collaborateurs, pour mettre en place sa stratégie marketing. « Pour développer nos parts de marché, les investissements publicitaires seront maintenus. Nous venons, d’ailleurs, d’éditer un nouveau magazine consacré aux plaisirs culinaires pour les fêtes, le Cactus Gourmet, tiré à 240.000 exemplaires dans la Grande Région, en complément de notre magazine d’information hebdomadaire », précise Marc Hoffmann. Comme Cactus, le commerce grand-ducal se

fixe une cible à l’échelle d’une zone de chalandise élargie hors-frontière. Celle-ci est, de plus en plus, multiculturelle, à l’image de l’évolution démographique du Luxembourg où résident 44 % d’étrangers. « Nous devons évoluer avec les mentalités, mais nous constatons que les produits traditionnels, comme la bûche crème au beurre, restent des incontournables », déclare Max Nickels, à la tête, avec son père Jean-Paul, de la maison Namur, qui fête cette année ses 150 ans. Noël et Pâques confondus, le pâtissier et traiteur réalise 40 % de son chiffre d’affaires grâce à ces deux fêtes. Pas question dès lors pour le personnel de la maison de prendre congé durant le « coup de feu » qui débute, dans le cas de la fin d’année, dès le 15 novembre pour les préparatifs. « Les journées commencent à minuit pour la première équipe », ajoute Max Nickels. « Nous équilibrons le temps de travail de nos 180 employés avec des périodes moins chargées comme l’été. » Une petite armée d’artisans employée à la confection de quelque 5.000 bûches (dont la moitié au moka), 12.000 bûchettes et 4.000 figurines de Saint-Nicolas. « Nous utilisons des couleurs naturelles et effectuons leur décoration à la main », tient à préciser Jean-Paul Nickels. Traditionnel, mais mobile

Amateur de nouveautés, mais fidèle à ses traditions ; connecté mais loyal aux magasins, le consommateur ne raisonne pas de manière monolithique. Selon l’étude de Deloitte, 70 % d’entre eux achètent leurs cadeaux dans les rayons physiques (68 % pour la moyenne européenne). « Pour 88 % des personnes interrogées, ce choix est motivé par le service aprèsvente, suivi de la protection des données personnelles pour 82 % d’entre eux », déclare Georges Kioes, associé chez Deloitte, responsable des secteurs commerciaux et industriels. Même s’il reste minoritaire, l’achat via un device Janvier 2014 —

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Comparaison

Sous le sapin

Répartition des dépenses

Les livres ont toujours la cote Voici le top 10 des cadeaux planifiés au Luxembourg pour la famille et les amis, hors enfants et adolescents.

% 40

2013

2012

1

Livres

1

2

Cosmétiques, parfums

2

3

Bijoux, montres

5

4

Argent (cash)

10

5

Chèques-cadeaux

3

6

Chocolat

4

7

Vêtements, chaussures

6

8

Soins de beauté

7

9

Accessoires (dont des sacs)

8

10

CD

11

30

20

10

0

L’argent est en nettre progression d’une année à l’autre dans les intentions de cadeaux pour les adultes. Chez les enfants de moins de 12 ans, les livrent arrivent en premier des intentions d’achat, devant les jeux vidéos. Ces deux produits sont aussi plébiscités pour les 12-18 ans, mais leur place respective est inversée. Une note positive : les cadeaux éducatifs arrivent en troisième position à l’attention des plus jeunes…

mobile est en progression au Luxembourg. 32 % des interrogés (22 % l’an dernier) effectuent désormais cette démarche, contre 26 % en Europe. À noter que, logiquement, les achats en ligne concernent les produits technologiques et culturels. « Le e-commerce est aussi devenu un concurrent en soi », reconnaît Simon de Wasseige. « Nous avons donc adapté notre site internet pour être plus présents à cet égard, même si nous constatons qu’il est avant tout utilisé pour des besoins informatifs. L’acte d’achat final s’opère en magasin. » De son côté, Cactus veut atteindre 1 % de son chiffre d’affaires via son service Cactus @ Home. À chaque saison son prétexte

Autre conséquence de l’accès à l’information sans limites, le personnel a dû revoir ses arguments de vente et les grandes surfaces ont développé des concepts autour de gammes de produits. « Par le passé, les formations de nos collaborateurs étaient surtout consacrées aux aspects techniques », rappelle le directeur d’Hifi International qui mobilise, lui aussi, l’entièreté de ses troupes pour la période des fêtes, avec parfois un renfort d’intérimaires. « Désormais, le client connaît autant le produit que nous. Le rôle de nos vendeurs est donc de mettre en avant les fonctionnalités du produit et de valoriser un concept qui l’entoure. » Saint-Valentin, Pâques, Fêtes des mères et des pères, rentrée, braderie,

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Source : © 2013 Deloitte

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2011 Alimentation

2012 Cadeaux

2013 Vie sociale

Voyages

Alimentation et cadeaux continuent à représenter la majeure partie du budget de fin d’année ! Au détriment des voyages.

soldes,… le calendrier commercial est ponctué de nombreux prétextes pour la création d’un événement, sans compter la volonté des commerçants de créer leurs propres manifestations. Ce qui s’observe dans les galeries commerçantes se vérifie en effet aussi en centre-ville. L’association des commerçants des rues Philippe II et Porte-Neuve a investi dans des décorations lumineuses pour doter le piétonnier d’une ambiance aussi féérique que possible avant Noël. « Nous avons débloqué un budget de 20.000 euros grâce à l’organisation des ‘Vignes’ », déclare Christopher Vanderfelt, président de l’asbl regroupant 40 commerçants. « Nous voulons favoriser le passage dans le centre, en collaboration avec la Ville qui nous a soutenu via le montage des guirlandes », ajoute le gérant de la boutique Muse by. L’ambition d’embellir en permanence un cadre, et donc l’image du commerce de proximité, est légitime pour des commerçants urbains qui doivent, eux aussi, composer avec une concurrence accrue. Les faillites commerciales de début septembre digérées (les magasins sont presque tous repris), l’heure serait à la consolidation de l’offre commerciale. « Nous devons miser sur nos compétences en matière de conseils tout en veillant à maintenir une offre diversifiée », relève Christopher Vanderfelt, tout en pensant déjà  à un nouveau projet qui habillerait d’ombrelles, de façon éphémère, une partie du piétonnier. L’exemple de ce commerçant optimiste reflète

l’état d’esprit d’un secteur qui croit, outre dans le potentiel transfrontalier, au dynamisme de l’économie grand-ducale qui a su, grosso modo, résister en période moins faste. Au-delà des événements ponctuels, le commerce présente des évolutions de fond, dont celles relatives aux heures d’ouverture. Si du progrès reste à faire en la matière, notamment en centre-ville, les membres de l’Union commerciale de la Ville (UCVL) ont perçu l’intérêt d’élargir leurs ouvertures en période de forte demande durant quatre dimanches en 2013, un de plus que l’an dernier. Toutes les saisons sont donc bonnes pour réaliser des affaires…

Derrière les jeux lumineux et autres décorations de fin d’année se cache un véritable business, plutôt juteux pour qui saura alpaguer le chaland. Avec 825 euros par ménage dédiés aux cadeaux à déposer sous le sapin, le Luxembourg se classe, selon Deloitte, deuxième en Europe des pays les plus dépensiers en la matière. De quoi aiguiser l’appétit des commerçants dont le métier est de plus en plus saisonnier.



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tr a st p u

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : ZIDCard

Ressources humaines

Anonyme mais bien en vue

Lancée depuis cet été, la plateforme ZIDCard est un outil au service des recruteurs et autres chasseurs de têtes. À travers elle, les candidats peuvent attirer leur attention tout en restant discrets sur leurs intentions. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire

— Janvier 2014


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C

réée fin 2011, la société ZIDCard a développé un outil à destination des professionnels du recrutement et des candidats à un nouvel emploi. Partant de son expérience de chasseur de têtes, Jérôme Pittie, son fondateur, a essayé de concevoir l’outil rêvé pour la profession. « Un chasseur de têtes perd beaucoup d’énergie et de temps dans la prise de contact de candidats qui, finalement, ne correspondent pas aux attentes ou ne souhaitent pas changer d’employeur. L’enjeu, à travers l’outil que nous avons imaginé, était de limiter aux plus pertinents les contacts pris dans le cadre de missions confiées par des entreprises. Il fallait faciliter le matching entre les attentes des candidats et les besoins de l’employeur », explique Jérôme Pittie. Au travers de ZIDCard, d’un côté, le recruteur peut publier des offres – des JobCards – en déterminant très précisément le profil à recruter à partir d’un nombre important de critères précis, en définissant très clairement ses exigences quant à l’expérience ou encore au niveau de compétences recherché. De l’autre côté, des candidats peuvent créer leur ZIDCard, une fiche d’identité professionnelle très complète, de manière totalement anonyme. « Le candidat peut même définir précisément les sociétés qui pourront avoir accès à ses données. Par cette garantie d’anonymat et un contrôle de l’accès à ses données, un candidat, en poste dans une entreprise, peut donc se rendre disponible pour une autre opportunité d’emploi, se signaler à l’attention des recruteurs sans risquer d’attirer l’attention de son employeur actuel, poursuit Jérôme Pittie. Le candidat a une maîtrise complète sur sa fiche d’identité professionnelle, sur la manière dont elle sera visible. Il peut par exemple décider s’il veut être contacté directement ou s’il préfère que le premier contact soit anonyme. » Le recruteur à la recherche de talents, au départ des critères qu’il a établis, pourra se faire une idée rapide des candidats à la hauteur de ses attentes. Grâce aux items de recherche proposés, il pourra faire un matching rapide et repérer directement les candidats qui correspondent le mieux au profil espéré. « L’outil permet d’économiser 70 % de temps sur la partie ‘recherche de candidat et premier contact’. Les gains qu’il permet sont évidents. Nous sommes parvenus à développer un outil pointu qui répond réellement aux besoins des recruteurs, qui ne devront plus lire 300 CV inadéquats lors de chaque mission », poursuit Jérôme Pittie.

Ainsi, le recruteur dispose, en quelques clics, d’une vision précise des possibilités qui s’offrent à lui et peut opérer une sélection rapide. « Une messagerie sécurisée intégrée à l’outil permet au recruteur d’entrer en contact avec les candidats qui l’intéressent tout en préservant l’anonymat de ces derniers », poursuit le créateur de ZIDCard. « Très rapidement, le recruteur pourra savoir s’il est possible d’aller plus loin. » Des réseaux sociaux aux campagnes ciblées

La plateforme a été mise en ligne en octobre 2012, sous une version Béta. La version finale est opérationnelle depuis juin 2013. Ce type de solution, pour se développer, doit à la fois rassembler une certaine masse de candidatures pour être attractive aux yeux des recruteurs et, d’autre part, présenter des possibilités d’opportunités d’emplois pour séduire les candidats. « Pour parvenir à une certaine masse critique, nous avons travaillé avec quelques sociétés qui ont accepté de nous faire confiance, mais nous avons aussi développé une présence sur les réseaux sociaux et des campagnes de mailing assez light, précise Jérôme Pittie. Maintenant que la plateforme est lancée, nous tablons sur une croissance du nombre de candidats et allons développer des campagnes ciblées. » Les candidats accèdent au service gratuitement. Les entreprises, elles, paient pour bénéficier des services proposés par ZIDCard. « Elles pourront choisir parmi nos nombreuses formules forfaitaires en fonction de leurs besoins, du nombre de critères sur lesquels elles veulent travailler, de la quantité d’offres qu’elles veulent publier, du nombre de contacts qu’elles pourront établir, etc. Le service s’adresse donc aussi bien à des grands cabinets de recrutement qu’à des fiduciaires de petite taille qui proposent des services RH à leurs clients. » Fin de l’année 2013, la plateforme enregistrait plus de 5.000 ZIDCards et avait déjà permis plus de 70 recrutements. La solution devrait évoluer dans les mois à venir, et notamment être déclinée sous forme d’application mobile. Et si ZIDCard a choisi le Luxembourg pour se développer, ses ambitions sont internationales. La plateforme doit pouvoir être utilisée partout dans le monde, et s’étendre aux différents secteurs professionnels.

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Analyse SWOT Strengths (= forces)

Weaknesses (= faiblesses)

– L’efficacité et la précision de l’outil – La confidentialité permettant aux candidats d’être rassurés

– La taille de la plateforme – Le nombre de candidatures à développer

– La pénurie de profils qualifiés qui s’annonce à moyen terme – Des possibilités de développement à l’international

– Un marché de l’emploi qui ne permet que peu de mouvements – Une concurrence sectorielle accrue

Opportunities (= opportunités)

Threats (= menaces)

CV

Ingénieux et entreprenant Ingénieur commercial de formation, Jérôme Pittie a notamment travaillé dans l’audit et a accompagné de nombreux projets réglementaires et organisationnels dans de grands groupes européens. Devenu chasseur de têtes freelance, il a souhaité développer sa propre structure et la mettre au service de son métier. En 2011, il a créé ZIDCard et fonde à présent de solides espoirs sur sa croissance internationale.

Fiche technique

ZIDCard Objet: Création et gestion d’une solution en ligne destinée aux recruteurs et aux candidats. Siège : à Bertrange. Création : fin 2011. Emploi : 4 personnes. Chiffre d’affaires : dépasser le million d’euros en 2014.

Des concurrents

Dans une logique de réseau Monster Pays : USA Création : 1999

LinkedIn Pays : USA Création : 2003

HumanSourcing Pays : France Création : 2003

Facejobb Pays : Belgique Création : 2011

Jobintree Pays : France Création : 2008

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Anniversaire

Les 10 ans d’Easy Solutions

Le spécialiste des solutions informatiques pour le secteur immobilier a choisi le showroom de Mercedes pour souffler, le 5 décembre, ses 10 bougies. Photos Charles Caratini

Philippe Raynaud (Easy Solutions)

David Ducrocq (Isquare)

Edouard Schwarmes (Mercedes), Marc Bingen (Immo Nord) et Christoph Faber (Kartheiser)

Nicolas Foret (Abri & Co) et Emmanuelle Saidi (Mercedes) — Janvier 2014

Olivier Borodine (Lamano)

Pierre Wagner (Wapiti Consulting)

Françoise Ventura (Aventura) et Mélanie Delannoy (Mélanie 2Lannoy)

Julien Danet et David Lamesc (Lutin Technologies)

Julien Lespagne (Easy Solutions) et Patrick Briolotti (Parcours Luxembourg)


Le tour du monde en 1000 publicités

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Conjoncture

Mesurer le risque d’une Place affaiblie Le Statec ne modifie pas son scénario de croissance modérée. Mais si les actifs nets sous gestion devaient baisser de manière significative, il faudrait revoir les prévisions, pour le secteur financier et pour l’économie. 2.000 emplois pourraient tomber aussi.

Photo : Fonds du Kirchberg

Assurément, selon les barrières posées à l’économie domestique, la vue sur le Luxembourg pourrait changer.

Dans sa publication mensuelle sur l’état de la conjoncture luxembourgeoise, le Statec continue à tabler sur une « lente sortie de récession ». Les prévisions adoptent, comme scénario central, une croissance « molle » dans la zone euro en 2014. L’hypothèse est que la crise financière puisse continuer à se résorber, sans heurt majeur. Mais si le volet financier ne se redressait pas aussi bien que prévu, les risques de devoir corriger le tir à la baisse ne seraient pas négligeables. Le Statec anticipe, pour le Luxembourg, une croissance du PIB (produit intérieur brut) en volume de l’ordre de 2 % en 2013, et de 2,7 % en 2014. Cette lente remontée devrait encore s’accompagner d’un chômage en courbe ascendante pour atteindre une moyenne annuelle de 7,2 % en 2014 (contre 7 % aujourd’hui) et, dans le prolongement classique du paradoxe du marché local, d’une augmentation de l’emploi global. Celui-ci plafonnerait cependant à +1,7 %, avec une dynamique essentiellement puisée dans les services non marchands ou dans les

secteurs peu soumis à la concurrence transfrontalière… Dans l’hypothèse d’une stabilité des prix pétroliers, le Statec voit, en 2014, l’inflation à 1,5 % en moyenne annuelle. Soit un mieux sensible par rapport à 1,7 % cette année. A priori, la situation économique ne permettrait pas encore une reprise des salaires, hors indexation. La hausse devrait se calquer seulement sur celle de l’échelle mobile (+2,5 %, en octobre). Un private banking déplumé

Le Statec se veut aussi en phase avec les estimations établies par Xavier Bettel, en tant que formateur du gouvernement (et inversement, puisque le Statec collabore au comité de prévision), pour évaluer une hausse des recettes publiques (4,8 % en 2013) supérieure à celle des dépenses (4 %). Le solde des finances publiques passerait ainsi à -0,2 % du PIB. Un peu mieux qu’en 2012 (-0,6 %). Et même mieux que la

prévision de 2014 (-0,4 %), à politique inchangée en tout cas. Reste que, dans un scénario de sortie de crise, le risque domestique, pour la place financière soumise à des pressions externes (réglementaires notamment), n’est pas à négliger. Le Statec a voulu évaluer ce risque « constitué par l’introduction de l’échange automatique en matière d’avoirs financiers détenus par des non-résidents ». L’office statistique a réalisé des simulations, en cas de baisse (allant de 5 à 15 milliards d’euros) des fonds sous gestion dans le private banking. L’impact négatif sur la valeur ajoutée nominale du secteur financier serait de l’ordre de 5 %. Celui sur le PIB en volume d’environ 1 %. Cela aurait évidemment une incidence sur les finances publiques. Et cela pourrait raboter l’emploi total de quelque 2.000 personnes. Bien entendu, les simulations n’ont pas pu tenir compte de « compensations », d’autres rentrées de capitaux ou de hausses de valeurs boursières. À ce stade, le Statec, qui a tenu à analyser des données récentes pour vérifier les orientations, peut « supposer que l’arrivée de nouveaux clients a permis de compenser, en partie du moins, les retraits ». Et une hausse des indices boursiers européens ces derniers mois (12 % depuis mars) a pu aussi masquer le manque à gagner accusé par ailleurs. En tout cas, pour l’instant, le Statec n’a pas vraiment infléchi son scénario de croissance modérée pour 2014. « Mais si la baisse des actifs nets sous gestion se renforçait en fin d’année », il pourrait, prévient-il, se voir obligé de « baisser l’hypothèse de croissance dans le secteur financier et, partant, dans l’économie entière ». A. D.

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LuxCSD

Crédit Suisse premier de cordée Crédit Suisse Fund Services (Luxembourg) est le premier agent de transfert basé au Luxembourg à rejoindre LuxCSD, le dépositaire central international de titres établi conjointement par la Banque centrale du Luxembourg et Clearstream, rendant ainsi plus de 1.500 classes d’actions de fonds d’investissement éligibles aux opérations de règlementlivraison en monnaie « banque centrale euro ». Cette migration se traduit notamment par un risque de règlement réduit du fait de l’accès direct à la monnaie des banques centrales.

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Étude

15 banquiers millionnaires au Luxembourg L’autorité bancaire européenne a publié, fin novembre, une étude sur les banquiers touchant plus d’un million d’euros de revenus annuels… Il y en a aussi au Grand-Duché qui touchent en moyenne 1,58 million d’euros.

Numericable

Altice aux portes de la Bourse La holding d’investissement spécialisée dans les télécommunications Altice, principal actionnaire de Numericable (40 %), a décidé d’accélérer son projet d’introduction en Bourse et le fera au Luxembourg, pays où est domiciliée la société. Objectif de cette opération : lever des fonds pour asseoir sa politique d’acquisition qui est déjà passée, ces derniers mois, par la Belgique, Israël, la Suisse ou encore le Portugal.

Deloitte

Les PSF en plein boom Les professionnels du secteur financier (PSF) se montrent résilients dans un contexte évolutif, selon le dernier rapport d’analyse annuel publié par Deloitte Luxembourg consacré à ce domaine d’activité. Les PSF se situent au deuxième rang des employeurs luxembourgeois au sein de l’industrie financière. Entre 2008 et 2012, l’emploi dans les PSF a augmenté de plus de 8,2 %, alors qu’il a reculé de 2,4 % au sein des banques. D’après le rapport de Deloitte, les PSF comptent près de 15.000 collaborateurs, soit plus de 56 % des emplois bancaires directs, un chiffre qui témoigne de leur importance pour l’économie luxembourgeoise. « Le secteur bancaire s’appuie de plus en plus sur des fournisseurs extérieurs. Il existe donc un lien direct, en termes d’emploi, entre l’augmentation dans les PSF et la baisse dans le secteur bancaire », constate Raphaël Charlier, partner audit chez Deloitte.

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Photo : archives paperJam

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Entre 2010 et 2012, le nombre de banquiers « millionnaires » a plus que doublé au Luxembourg.

Selon l’autorité bancaire européenne (ABE), ils étaient 3.530 banquiers au sein de l’Union européenne à avoir perçu, en 2012, plus d’un million d’euros de rémunération. Plus des trois quarts de ces « riches » dirigeants de banque (2.714) se trouvent au Royaume-Uni ou sont salariés dans un autre pays (y compris hors de l’Union) par une banque établie en GrandeBretagne. L’Allemagne (212), la France (177), l’Italie (109) et l’Espagne (100) complètent le Top 5. On note, avec amusement, qu’il y a en Grèce un seul banquier qui émarge à plus d’un million d’euros de revenus… Au Luxembourg (tout comme en Belgique), ils sont 15 à avoir été recensés par l’ABE. Un est actif dans l’investment banking et quatre dans l’asset management. Les 10 autres proviennent « d’autres secteurs », sans plus de précision. On peut aisément imaginer que la banque privée en fournit la grande majorité. Ces 15 privilégiés cumulent 7,43 millions d’euros de rémunération fixe ; 16,33 millions de rémunérations variables et 6,25 millions

de rémunérations variables différées. À cela s’ajoute, pour les quatre asset managers, un total de 2,35 millions de prestations de pensions individuelles. Au total, la rémunération moyenne par tête s’élève à 1,58 million d’euros. C’est à peu près autant que la France (1,57 million) et l’Allemagne (1,56 million), et bien plus qu’en Belgique (1,29 million). Mais c’est loin d’être le plus haut montant relevé par l’ABE. Paradoxalement, ce sont dans les pays les plus touchés par la crise (Chypre et Espagne) que les dirigeants bancaires sont les plus payés : 2,2 millions d’euros en moyenne pour les trois Chypriotes et 2,17 millions en moyenne pour les 100 Espagnols. Les banquiers britanniques, eux, émargent en moyenne à 1,95 million d’euros. En 2010, seuls six banquiers luxembourgeois millionnaires avaient été recensés par l’ABE (pour un montant moyen de 1,83 million d’euros). Ils étaient 10 en 2011 et avaient touché un peu moins (1,66 million).


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Statistiques

Photo : DR

Les fonds gardent la forme

Gouvernance financière

Exceptés en juin et en août, les performances mensuelles des fonds luxembourgeois sont orientées à la hausse. Au 31 octobre dernier, le patrimoine global net des OPC et des fonds d’investissement spécialisés a atteint 2.590,128 milliards d’euros contre 2.539,2 milliards le mois précédent. Soit une augmentation de 2,01 % et, surtout, un nouveau record historique. Sur les 12 derniers mois, l’encours est en augmentation de 11,18 %.

International

Bientôt une 4e banque chinoise ?

Quel rôle pour la BCL ? Dans son avis rendu sur le projet de loi relatif à la gouvernance des finances publiques, la Chambre de commerce s’interroge sur le mandat qui pourrait échoir à la Banque centrale du Luxembourg (BCL) dans le futur dispositif de surveillance du respect des règles budgétaires. Le patronat s’interroge sur une éventuelle incompatibilité entre l’indépendance requise de la BCL vis-à-vis des autorités budgétaires, d’une part, et le fait qu’elle se prononce voire émette des avis publics « sur le bien-fondé ou l’utilité de politiques publiques ». La Chambre souhaiterait instaurer une sorte de contre-pouvoir par le biais d’autres institutions indépendantes telles que la Cour des comptes, les chambres professionnelles (y compris elle-même…) ou encore le Conseil économique et social. On attend maintenant l’avis de la Banque centrale du Luxembourg, assorti de celui de la BCE, pour répondre aux patrons.

Eurisbank

ABBL

Une banque du Golfe pour Luxembourg

Transition en douceur

L’information, déjà évoquée par paperJam en mai dernier, se précise : la première banque dédiée à la finance islamique dans l’eurozone devrait établir son quartier général au Luxembourg début 2014. Eurisbank, portée par Excellencia Investment Management et son dirigeant Ammar Dabbour, disposerait d’un capital initial de 60 millions d’euros et installerait ses services complets (retail, corporate, private banking) et « sharia compliant » (conformes aux préceptes de la finance islamique). Elle aurait en outre déjà planifié l’ouverture de filiales à Paris, Bruxelles, Francfort ou Amsterdam. Au moment de clôturer cette édition, la Commission de surveillance du service financier a confirmé l’existence de « discussions préliminaires », mais sans qu’un dossier ne lui ait été concrètement remis.

L’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) ne subira pas de choc trop violent à l’occasion du départ annoncé de son actuel CEO Jean-Jacques Rommes, qui prendra la direction de l’UEL au printemps prochain. Son successeur désigné par le conseil d’administration de l’ABBL (présidé par Ernst Wilhelm Contzen, lui aussi en fin de mandat), qui a misé sur la continuité, puisqu’il a choisi Serge de Cillia pour occuper, à compter du 1er mai (Jean-Jacques Rommes restant pleinement en poste jusqu’au 30 avril), les fonctions de CEO et head of the management board. Âgé de 52 ans, M. de Cillia est un « ancien » de la maison. Il siège, depuis 2001, au sein du comité de direction de l’association, qu’il avait rejointe après 14 années passées à la BGL où il a occupé diverses fonctions et responsabilités managériales.

L’option de l’arrivée d’une quatrième banque chinoise à Luxembourg se dessine assez nettement… Le désormais ex-ministre des Finances Luc Frieden a reçu le président de l’Agricultural Bank of China (ABC), la 10e banque mondiale en termes de capitalisation. Il a été question du développement stratégique de la banque en Europe et son envie de renforcer la coopération avec la place financière luxembourgeoise via l’implantation de son QG européen sur les rives de la Pétrusse. Agricultural Bank of China, créée en 1951, emploie dans le monde plus de 450.000 personnes.

Domiciliation

De PSF à l’immobilier La société de domiciliation Fidugia a renoncé en novembre à son statut de PSF pour « défaut d’activités », a fait savoir la CSSF qui a radié, à sa demande, la société de sa liste des entités surveillées. À l’issue d’une AG extraordinaire, le 25 octobre, Fidugia a modifié ses statuts pour effectuer, entre autres, des activités immobilières. La société affichait fin 2012 une perte reportée de 38.589 euros et n’actait dans son bilan aucun revenu autres que les intérêts et produits financiers. Le nom de Mauro Giallombardo apparaît dans le conseil d’administration de la société. Il avait fait la une de la presse en 1994, après son arrestation en Italie dans une affaire de pots de vins dont fut accusé l’ancien leader socialiste italien Bettino Craxi. M. Giallombardo avait été présenté comme son bras droit.

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Fonds immobiliers

Trois questions à Marc Hengen (Aca)

Croissance continue

« Prêts à digérer les changements »

En marge de la conférence dédiée à la gestion alternative, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) a présenté sa 7e étude sur les fonds d’investissement immobiliers au Grand-Duché, place qui concentre environ 20 % du marché en Europe. La croissance du secteur depuis 2006 s’affiche à 241 %, avec un taux moyen annuel de 23 % et des actifs nets sous gestion frisant les 30 milliards d’euros, contre 24 milliards fin 2012.

La 15e édition de la Journée de l’assurance, organisée par l’Association des compagnies d’assurances, a permis de mesurer le degré d’enthousiasme d’un secteur fortement touché par les évolutions réglementaires et législatives.

Assurances

À la demande d’un courtier qui avait vu ses prélèvements augmenter de 333 %, le Tribunal administratif a annulé, mi-novembre, le règlement grand-ducal du 21 juillet 2012 relatif aux taxes et aux frais de fonctionnement du Commissariat aux assurances. Le texte avait été adopté selon la procédure d’urgence, c’est-à-dire en se passant de l’avis du Conseil d’État, en principe garant de la légalité de ce type d’acte. Les juges ont estimé que « des raisons budgétaires (le Commissariat affiche des pertes depuis 2010, ndlr) ne sauraient justifier l’urgence invoquée dans le cadre du règlement grand-ducal ».

Fédération européenne des Bourses

La Bourse de Luxembourg au conseil Lors de son assemblée générale qui a eu lieu le 20 novembre 2013, la Federation of European Securities Exchanges (FESE), qui représente 41 établissements, a élu pour trois ans Robert Robert Scharfe Scharfe, CEO de la Bourse de Luxembourg, en tant que membre de son conseil d’administration et président du comité d’audit.

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Photo : DR

Photo : archives paperJam

Taxes annulées pour vice de procédure

Marc Hengen : « Le statut de PSA est très important pour nous. »

Monsieur Hengen, pourquoi avoir privilégié l’assurance vie en libre prestation de services à l’occasion de la 15e édition de votre Journée de l’assurance ? « C’est un pan d’affaires très important pour le secteur de l’assurance luxembourgeois, représentant plus de 80 % du chiffre d’affaires de nos activités. Nous avons consacré des panels aux défis face auxquels la place financière luxembourgeoise – et le secteur des assurances – se trouve ou va se trouver confrontée. C’est un choix qui a été fait parmi d’autres dossiers qui nous occupent pour l’instant, comme la transparence fiscale et l’échange automatique d’informations, même si à ce stade il ne concerne pas encore le secteur des assurances. Je pourrais également vous citer le projet européen de distribution – vers plus de transparence – des contrats d’assurance ou encore la directive sur la solvabilité des entreprises d’assurance et de réassurance qui va entrer en vigueur en 2016 et à laquelle nous nous préparons déjà.

Qu’en est-il de l’importance que vous accordez, ou pas, au statut de professionnel du secteur des assurances (PSA) ? « Ce statut est important car il ouvre la soustraitance dans le domaine des assurances, avec des prestataires qui seront soumis au même respect des lois que notre secteur. La directive Solvabilité II sousentend aussi des obligations de reporting largement renforcées et donc beaucoup plus chères que jusque-là. L’idée était donc de pouvoir mutualiser certains frais en recourant à la sous-traitance de certaines fonctions et obligations. J’ajouterais que la loi PSA ouvre de nouvelles activités ici à Luxembourg, dont la gestion d’entreprises ou de portefeuilles d’assurance qui ne sont plus commercialisés, appelés en runoff, mais qui nécessitent une gestion jusqu’à leur expiration. Cette partie-là va pouvoir être maintenant exploitée ici, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Quel est selon vous l’avenir à moyen terme du secteur des assurances ? « Je ne me fais pas de souci sur l’avenir de notre secteur d’activité, même s’il est confronté, notamment dans des marchés européens, à d’importants changements. Mais je ne doute pas de notre capacité à pouvoir ‘digérer’ ces nouvelles données. Le contrat d’assurance – et a fortiori le contrat d’assurance vie – est et restera un outil de prévoyance et de gestion patrimoniale dans l’ensemble des pays européens. Pour le reste, à un niveau local, nous avons présenté certaines de nos idées au futur gouvernement en lui demandant de s’afficher clairement, et également vers l’extérieur, en soutien de notre secteur financier. L’expertise qui a été construite ici à Luxembourg en a fait une place financière diversifiée et reconnue qu’il convient de maintenir à ce niveau, malgré les ‘attaques’. »



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Madoff vu du Luxembourg

Cinq ans d’acharnement pour rien ? Les procédures civiles sont bloquées au Luxembourg par les enquêtes pénales.

Des associations de victimes de la fraude dévoilée en décembre 2008 réclament toujours l’intervention de la CSSF. Une plainte a été adressée au commissaire européen Michel Barnier. Texte Véronique Poujol Photo Jessica Theis

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bstruction, votre honneur ! » pourraient paraphraser les victimes, si elles étaient dans une série TV américaine. Il y a cinq ans (décembre 2008) était découverte l’affaire Madoff, une fraude mondiale à plusieurs centaines de millions de dollars. Depuis l’été 2012, une bonne partie des procès au civil est totalement bloquée au Luxembourg. Ceux-ci ont été intentés par les liquidateurs des fonds d’investissement, ayant été placés dans les sociétés de l’escroc Bernard Madoff, contre la banque dépositaire UBS et les différents acteurs (sociétés de gestion, administrateurs, réviseurs) qui ont rendu possible la fraude, bien qu’ils s’en défendent. En cause, les enquêtes pénales engagées contre certains responsables, notamment de la banque dépositaire et des sociétés de gestion des fonds d’investissement « madoffés ». Il y en avait deux principalement : Luxalpha et Luxinvest, en liquidation depuis 2009. Un troisième « gros » fonds, Herald Lux, avait été mis en place via un autre circuit. HSBC en était la banque dépositaire. Ces fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg étaient des produits destinés au grand public et réglementés (contrôle de la Commission de surveillance du secteur financier). Avec leur passeport européen, ils pouvaient pourtant être commercialisés en Europe sous le label Ucits de droit luxembourgeois. Les investisseurs les ont souscrits un peu les yeux fermés et ont vu leurs économies englouties en décembre 2008, lorsque le scandale Madoff a éclaté. Ils jugent avoir été trompés par les banques dépositaires et bernés par une documentation défaillante et des clauses dérogatoires enlevant leurs responsabilités aux banquiers.

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« La politique d’obstruction est en marche », se plaint un des avocats de victimes Madoff au Luxembourg. Sur le plan civil, où il serait possible de mettre en cause la responsabilité des banquiers, un premier jugement de mars 2012 avait tenté de forcer les avancées des procédures engagées par les liquidateurs de Luxalpha (les créanciers du fonds sont privés du droit d’engager des actions à titre individuel et doivent donc s’en tenir au bon vouloir des liquidateurs). Le but ultime était d’obtenir des banquiers dépositaires qu’ils remboursent les victimes et assument leurs responsabilités inscrites dans les lois et directives européennes sur la protection de l’épargne. Il s’agissait d’une décision importante dans les annales du droit, puisque le jugement du 23 mars rejetait les demandes des banquiers et anciens administrateurs du fonds Luxalpha de suspendre les affaires au civil tant que ne serait pas tranchées le volet pénal. Les affaires civiles pouvaient continuer leur chemin. Un appel fut interjeté, et à son tour rejeté en juillet 2012 : « Il n’existe aucun empêchement à ce que l’instruction de l’affaire commence », indiquait le jugement. Cette décision constitua un choc, car le principe selon lequel le pénal tient le civil en l’état vacillait. Mais, depuis lors, une cascade d’autres recours, venant pour l’essentiel des avocats d’UBS, a paralysé toute avancée. On en est donc là. Ce qui a fait enrager un investisseur et ancien banquier Juan de Liedekerke, le 13 novembre dernier lors de l’assemblée annuelle de Luxalpha. Il s’est dit « interpellé par la CSSF et son silence assourdissant dans cette affaire, sous le prétexte que des actions entamées devant la justice au Luxembourg l’empêchent d’agir contre la banque dépositaire, gestionnaire et promotrice de Luxalpha ». Silence radio sur l’enquête pénale

Madoff est en cage. Mais des actions, entravées, voire au point mort, restent ouvertes au Luxembourg contre des organismes dépositaires des fonds de l’escroc américain.

Sur le plan pénal, où en est la procédure ? « Rien ne filtre de l’instruction pénale menée par Ernest Nilles, le juge d’instruction directeur. Même les liquidateurs ne savent rien de l’avancée de l’enquête », déplore un avocat. La presse n’est pas mieux logée. Aucune communication n’a été Janvier 2014 —

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« La politique d’obstruction est en marche. » Un avocat des victimes de Madoff, à Luxembourg

faite sur les banquiers et responsables inculpés, alors qu’il faut supposer qu’il y en a puisque leurs avocats réclament la surséance des procédures civiles. L’affaire se complique en raison de l’état du droit luxembourgeois à l’époque où la fraude Madoff est intervenue et fut découverte (entre 20032004, date de la mise en place des fonds réglementés et 2009, chute de la maison Madoff ) : la responsabilité pénale des personnes morales n’existait pas encore. Aussi, c’est à titre d’administrateur ou de dirigeant que les banquiers ont dû être assignés. Et c’est là que le bât blesse : ces personnes physiques susceptibles d’être inculpées par le juge Nilles ou qui le sont déjà ne peuvent pas être amenées à prendre position sur le plan civil, car cela

Coulisses

La plainte des liquidateurs Les liquidateurs de Luxalpha ont détaillé, dans une plainte introduite en décembre 2009, le fonctionnement de la Sicav dans les coulisses de sa banque dépositaire. UBS a touché 83,7 millions de dollars pour servir de prête-nom et de boîte aux lettres à Bernard Madoff, lit-on dans la plainte. Les liquidateurs ont fourni un travail de bénédictin pour rassembler les pièces du mécano Luxalpha (Luxinvest fonctionnait selon des schémas identiques) et reconstituer le plus fidèlement possible les faits qui ont abouti à la disparition de près d’un milliard et demi de dollars. L’assignation ne vise pas qu’UBS, mais 13 autres parties, dont le réviseur Ernst & Young (EY aujourd’hui), la CSSF et une pléiade d’administrateurs. Les liquidateurs réclament 1,323 milliard de dollars de dommages et intérêts. Selon la plainte, deux sociétés sont à la base de la constitution de Luxalpha le 5 février 2004 : UBS AG en Suisse et UBS SA au Luxembourg. L’agrément du fonds, demandé le 22 janvier 2004 à la CSSF, a été obtenu le 8 mars avec effet rétroactif au 11 février. Cette date n’est pas anodine : si la CSSF avait donné son feu vert deux jours plus tard, Luxalpha aurait été soumis immédiatement après son agrément aux dispositions de la loi du 20 décembre 2002 sur les OPC, transposée d’une directive européenne, qui interdit le cumul des fonctions de gestion des avoirs de la Sicav avec la mission de dépositaire des actifs. L’ancienne loi l’autorisait encore et les nouvelles dispositions accordaient un délai (jusqu’en février 2007) d’adaptation aux banques pour se conformer aux nouvelles

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contraintes de la directive. Pour profiter de ce régime de faveur, les Sicav devaient avoir reçu leur agrément ministériel avant le 13 février 2004, soit 15 mois après le vote de la loi. Luxalpha rentrait dans les clous. UBS se soumettra aux dispositions de la loi de 2002 en août 2006 en confiant les fonctions de gestion à un tiers, UBS Third Party Management Company (UBSTPM). Les deux entités assureront également les fonctions de distributeurs et agent administratif… Dans le montage, les liquidateurs épinglent aussi les sociétés Access (aux États-Unis et au Luxembourg), des « conseillers en gestion » français – relais avec le financier escroc américain – François Thierry de la Villehuchet (qui s’est suicidé peu après l’éclatement du scandale Madoff) et Patrick Littaye (qui fut le premier inculpé de l’affaire en France et qui est sous le coup d’une procédure administrative par la CSSF, toujours en cours). Les liquidateurs parlent d’une « communauté d’intérêts UBS Access » qui a fait perdre aux différents acteurs leur indépendance et leur faculté de contrôle objectif. D’autant que, derrière la façade officielle de la Sicav luxembourgeoise grand public, instrument financier qui doit offrir toutes les garanties de sécurité aux investisseurs, se dissimule un « simple véhicule d’investissement canalisant l’épargne vers BMIS », l’une des sociétés de Madoff à laquelle seront abandonnés tous les leviers de contrôle. Les liquidateurs se réservent encore la possibilité de s’interroger « sur les conditions dans lesquelles la CSSF a pu remplir sa mission à l’égard de Luxalpha ». V. P.

risquerait de leur nuire sur le plan pénal. « Le vrai problème, résume un connaisseur du dossier, c’est que la procédure civile luxembourgeoise n’est pas assez élaborée ». Pour le nouveau ministre Déi Gréng de la Justice, Felix Braz, très éloigné des seuls intérêts de la place financière et du lobby des avocats d’affaires, voilà un champ à explorer, qui donnerait le sentiment aux victimes Madoff de ne pas être livrées à elles-mêmes. Ceci d’autant plus que le programme du gouvernement bleu-rouge-vert entend œuvrer à la protection des consommateurs, et de fait des investisseurs. À défaut d’obtenir le moindre geste favorable à leur égard, de nombreux investisseurs – ils étaient essentiellement étrangers – se tournent vers leurs propres juridictions, dans l’espoir d’obtenir réparation. En France, c’est le juge Renaud Van Ruymbeke qui instruit la procédure pénale, notamment contre UBS. Son enquête semble être à un stade plus avancé que celle de son homologue luxembourgeois. À tout le moins, la justice en France est un peu plus communicative qu’au Grand-Duché sur une affaire relevant toute de même de l’intérêt public. Pour autant, les avancées de l’enquête de Van Ruymbeke devraient intéresser au plus haut point le cabinet d’instruction luxembourgeois. Le magistrat français avait convoqué le 26 mai dernier sous le statut de « témoins assistés » deux anciens cadres d’UBS Luxembourg. Ils ont fini par se mettre à table en lui faisant des révélations sur le niveau de connaissance de la banque UBS au Luxembourg, mais surtout à Zurich, sur l’intégrité de Bernard Madoff et la solidité de sa société d’investissement. Il en ressortirait, selon une source proche du dossier, qu’en interne le groupe UBS n’avait pas le droit de toucher à Madoff. Ce qui ne l’a pas empêché de faire commercialiser à grande échelle des produits de l’escroc américain à des milliers de petits clients en utilisant le label luxembourgeois des fonds réglementés. L’un des banquiers aurait dit devant le juge français que son chef de Zurich l’avait appelé au Luxembourg pour l’enjoindre d’y « monter une Sicav ». Il lui avait d’abord répondu que le produit envisagé n’était pas compatible avec le statut d’OPCVM coordonné, c’est-à-dire de fonds réglementé. Une discussion avec des juristes de la banque s’en serait suivie et aurait abouti à la mise en place d’un dispositif de protection de la banque UBS contre les risques à s’engager dans la confection de produits sortis des ateliers de Bernard Madoff. C’est la fameuse clause que les investisseurs devront signer, reconnaissant qu’UBS n’était pas


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responsable en cas de défaillance de l’Américain. Un des témoins aurait également raconté à Van Ruymbeke que des instructions internes au groupe UBS dans son ensemble enjoignaient de ne jamais traiter en direct avec Madoff, « un type dangereux ». Ce qui n’a pas empêché la banque de vendre ses produits aux épargnants. Des plaintes pénales avaient été déposées au Luxembourg par des victimes. Les liquidateurs eux-mêmes ont déposé, en décembre 2009, mais au civil, une plainte détaillant le fonctionnement du mécano Madoff au Luxembourg. De son côté, le Parquet s’est saisi lui-même en ouvrant une information judiciaire sur les conditions dans lesquelles les fonds Madoff furent vendus depuis le Luxembourg en violation de la réglementation financière, notamment en matière d’information et de protection des épargnants. Des milliards, mais pas un iota

Cinq ans après, les victimes et associations de victimes ne désespèrent pas de pouvoir un jour placer UBS devant ses responsabilités, même si de bonnes nouvelles sont arrivées récemment des États-Unis où plus de 2 milliards de dollars seront distribués aux victimes directes de Madoff par la justice américaine (lire page 93). Lors de la dernière assemblée extraordinaire du fonds Luxalpha, mercredi 13 novembre, des avocats de victimes se sont désolés du fait que les dossiers d’indemnisation et l’enquête pénale autour d’une fraude d’une telle ampleur n’avancent pas d’un iota au Luxembourg. UBS pour sa part continue de se défendre « vigoureusement », rappelant dans un communiqué de novembre dernier n’avoir rien à se reprocher « à l’égard des pertes causées par l’affaire Madoff ». « Le fonds Luxalpha, écrit la banque, a été créé à la demande explicite de clients fortunés qui ont demandé un fonds sur mesure pour leur permettre de continuer à investir leurs avoirs chez Madoff ». Ces clients sophistiqués, assure la banque, « étaient pleinement conscients de la nature des investissements ». Cette ligne de défausse met en colère Juan de Liedekerke, ancien banquier, investisseur et victime indirecte de la fraude : « UBS persiste dans sa défense simpliste et mensongère, témoigne-t-il. « Quid des victimes ayant investi selon les règles, en se basant sur les seuls documents de UBS qu’ils étaient supposés connaître, à savoir le prospectus et le rapport de gestion, lesquels occultaient complètement le nom de Madoff et son rôle central dans Luxalpha ? » La plupart des victimes de l’escroc américain croit de moins en moins dans les capacités de la justice luxembourgeoise et celle de

« Luxalpha a été créé à la demande explicite de clients fortunés. » Communiqué, en novembre UBS

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Aux États-Unis

2,3 milliards de dollars à distribuer aux victimes directes À défaut de pouvoir obtenir le remboursement de leurs économies investies dans des fonds Madoff, confectionnées sous le label réglementé luxembourgeois, de la part des banques dépositaires au Grand-Duché (censées avoir des responsabilités à l’égard des victimes), les investisseurs peuvent espérer récupérer une partie de leurs mises auprès de la justice américaine. « Suite à une décision annoncée le 18 novembre 2013 par Monsieur Richard C. Breeden, représentant du Fonds d’indemnisation des victimes de Madoff établi par le ministère de la Justice des États-Unis, les investisseurs, dans ce qu’on appelle communément les ‘fonds nourriciers Madoff’, seront en principe éligibles pour bénéficier de la distribution d’un montant de 2,35 milliards de dollars destinés à compenser les victimes de la fraude Madoff », annonçait le 19 novembre un communiqué de Déminor, la société mandatée par un groupe de victimes pour défendre leurs intérêts. C’est donc une bonne nouvelle, car jusqu’à ce jour, rappelle Déminor, « les distributions via les fonds nourriciers ont été bloquées par différentes procédures judiciaires ». Cette décision, poursuit le communiqué, « représente la première opportunité pour les investisseurs dans ces fonds nourriciers de bénéficier directement d’une compensation partielle de leurs pertes ». Ce fonds est exclusivement réservé aux victimes directes, à l’exclusion des intermédiaires. Les fonds nourriciers eux-mêmes ne sont pas éligibles. « Il paraît clair que seules les victimes finales peuvent postuler, ce qui doit encore être clarifié avec la CSSF et les liquidateurs des fonds Madoff, qui ont été désignés comme les seuls responsables de la défense des victimes au Luxembourg », précise Juan de Liedekerke, ancien banquier et victime de Luxalpha, l’un des plus gros fonds de droit luxembourgeois utilisés dans le système Madoff. « Pour autant, ajoute-t-il, ceci est extérieur au recours qui avait été introduit contre la banque UBS, dépositaire des fonds Luxalpha et Luxinvest, entre autres, mais risque d’être utilisé par la banque pour alléger les charges contre elle, lancées par les victimes ayant omis de remplir le formulaire du Madoff victim fund. » Les investisseurs doivent donc se dépêcher : ils ont jusqu’au 14 février 2014 pour remplir le formulaire. Le fonds d’indemnisation a été constitué, rappelle Déminor dans son communiqué, suite aux efforts du procureur général des États-Unis, qui a récupéré plus de 7 milliards de dollars. Plus de 5 milliards de ces sommes confisquées à des personnes impliquées ont été transmis à la liquidation judiciaire de Madoff et ont été distribués en partie aux clients directs floués. La plupart des investisseurs européens, qui ont subi une perte indirecte dans les fonds nourriciers, ont été exclus – à ce jour – des compensations. « Les investisseurs qui ne déposeront pas ce formulaire de créance et qui ne seront pas en mesure de fournir les preuves nécessaires avant cette date seront exclus de la distribution », souligne Déminor. V. P.

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En décembre 2008, le financier Bernard Madoff devenait un escroc international aux yeux de tous. Cinq ans plus tard, les échos résonnent encore au Luxembourg.

Photo : Getty Images

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« Quid des victimes ayant investi selon les règles, en se basant sur les documents d'UBS ? » Juan de Liedekerke Ancien banquier, investisseur floué

son régulateur financier, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), à apporter des solutions et reconnaître les responsabilités de la banque UBS dans le schéma de fraude et les sanctionner. Certains investisseurs attendent toutefois avec beaucoup de curiosité les résultats de l’enquête de la CSSF. « La CSSF, si elle s’est fait une conviction sur une faute grave d’un intermédiaire financier, trahirait sa mission (d’intérêt général, ndlr) en retardant la publication de ses conclusions et de la sanction appropriée éventuelle sous prétexte qu’un recours en dommages devant la justice par les victimes n’a pas encore été jugé », avait expliqué dans une note annexée au procès-verbal de l’assemblée du 13 novembre dernier Juan de Liedekerke. Il avait par ailleurs rappelé au régulateur sa mission première consistant « à dénoncer les violations des règlementations en vigueur, avec sanctions correspondantes, dans les meilleurs délais ». Pour lui faire écho, Alfred Biebuyck, le président de l’association de défense des investisseurs Investor Protection Europe, cité début décembre par le Financial Times, assurait avoir envoyé fin novembre une plainte à la CSSF ainsi qu’au Premier ministre sortant

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Jean-Claude Juncker et au commissaire européen responsable du marché intérieur et des services Michel Barnier. Il y réclamait des sanctions contre la banque dépositaire des fonds Madoff à Luxembourg. « La CSSF doit prendre des mesures contre la banque UBS » pour avoir émis des documents contradictoires et fait signer aux investisseurs des clauses la dégageant de ses responsabilités de dépositaire, indiquait M. Biebuyck. Mais, à Luxembourg, on en est encore à s’interroger sur l’étendue de la responsabilité de la banque dépositaire et sur ses obligations en matière de dédommagements des investisseurs. Les juristes se battent sur les concepts très théoriques pour déterminer si les banques qui détiennent l’argent des clients dans la gestion collective ont seulement une obligation de conservation, de surveillance ou, quand même, de restitution. Parce qu’évidemment ni la réglementation luxembourgeoise ni les textes européens ne fournissent de réponses limpides susceptibles d’éclairer la justice locale et le gendarme de la place financière. Si c’était simplement une question de courage ?

Cinq ans après l’éclatement de la fraude Madoff, les investisseurs qui avaient utilisé des fonds de droit luxembourgeois attendent toujours d’être remboursés. Mais les procédures engagées par les liquidateurs des fonds sont embourbées. Il y a obstruction de la part des établissements financiers impliqués dans ce scandale. Compte tenu des enquêtes pénales sur les responsabilités des banques dépositaires et des gestionnaires des fonds, tout le processus au civil reste bloqué. L’espoir viendra peut-être des États-Unis où plus de deux milliards de dollars vont être distribués.



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Retour sur la vente controversée de SGG

Capitalisme à la luxembourgeoise Bien avant le retrait de BIP de la Bourse, d’autres opérations de la société ont fait grincer des dents. La CSSF s’est intéressée de près au rachat de SGG par BIP puis sa revente à Cobepa. Des dirigeants de Deutsche Bank étaient très refroidis de cette vente au holding belge avec une plus-value énorme. Texte Véronique Poujol

B

IP Investment Partners a fait parler d’elle depuis la rentrée de septembre, avec le rachat d’une partie de son capital et son intention de sortir de la Bourse de Luxembourg. L’opération est pratiquement bouclée, la Bourse ayant donné son feu vert le 25 novembre 2013 à la demande de retrait des actions de la négociation officielle. Les derniers mouvements boursiers seront pour le 28 février 2014. D’autres opérations réalisées par BIP avaient également suscité la controverse, bien que de manière plus discrète que l’offre publique de rachat, jugée insuffisamment attrayante par des petits actionnaires. Ainsi, en 2010, la vente de SGG, spécialiste des services corporate et de family office et leader de la domiciliation, avec une énorme plus-value, avait fait grincer des dents, notamment des dirigeants de la Deutsche Bank, ayant été actionnaire indirect de SGG, via sa filiale Sal. Oppenheim. À l’époque, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) avait demandé des explications aux dirigeants de BIP : elle subodorait un abus de marché, alors que le régulateur avait autorisé la transaction en décembre 2010. Trois ans après, des documents remontent à la surface. paperJam en a pris connaissance et a jugé utile de les exhumer, même si l’affaire est un peu datée. Car les circonstances dans lesquelles BIP a acquis SGG en 2010, au plus fort de la crise financière, ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les conditions extrêmement avantageuses dans lesquelles la société de participations financières se dégagea en juin 2011 de ses actions (11,5 %) dans la compagnie de fret Cargolux pour faire la place au Qatar. Après avoir longtemps été ballotée d’un actionnaire à l’autre, SGG semble avoir trouvé, depuis la fin 2010, un propriétaire stable dans la holding belge Cobepa. On y retrouve de richissimes familles belges, mais aussi des familles luxembourgeoises, comme les Hentgen ou Pauly, de la Compagnie financière La Luxembourgeoise. Un actionnaire que l’on retrouve aussi dans BIP. SGG est l’un des principaux acteurs dans son domaine au Luxembourg, un des plus vieux aussi. La société a été créée sous le nom de Kredietrust (KTL) et elle fit beaucoup parler

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d’elle et de ses dirigeants (ils furent inculpés en Belgique) lorsqu’éclata l’affaire KBL, liée à une gigantesque fraude fiscale présumée organisée par les banquiers entre le Luxembourg et la Belgique. La holding financière belge Almanij s’était délestée de KTL en 1998, au plus fort de l’enquête pénale à Bruxelles, en vendant la société au cabinet Arthur Andersen Luxembourg, d’où était issu Serge Krancenblum, l’actuel patron de SGG. Arthur Andersen Luxembourg était alors dirigée par Norbert Becker. On le retrouve aussi dans le conseil d’administration de BIP. De l’affaire KBL aux investisseurs du Qatar

À la faillite du réseau mondial de conseil, en 2002 – dans le sillage du démantèlement du géant de l’énergie Enron aux États-Unis et dont Arthur Andersen était le réviseur –, SGG était rachetée par son management (Serge Krancenblum et Carlo Schlesser) avant de tomber, en 2005, dans le giron de la filiale luxembourgeoise de la banque privée allemande Sal. Oppenheim. À l’époque, l’agence financière Thomson Merger News (devenue désormais Reuters) estimait le deal à 20 millions de dollars. SGG restera dans le patrimoine de Sal. Oppenheim Luxembourg, alors dirigée par François Pauly, jusqu’à sa revente à BIP en mars 2010. Et en juin, François Pauly démissionnera de Sal. Oppenheim pour prendre la direction par intérim de BIP. Il sera ensuite recruté par la BIL, rachetée par le fonds d’investissement du Qatar, Precision Capital. Le même fonds a mis aussi la main sur le capital de la KBL, initialement promise au groupe indien Hinduja, avant une volte-face du régulateur luxembourgeois, refusant de valider la vente. Les faits sont connus et furent d’ailleurs débattus devant la Chambre des députés : c’était après que des soupçons d’ingérence, dans le sillage de l’affaire Cargolux, aient pesé sur le rachat controversé des deux banques, BIL et KBL, par les investisseurs du Qatar. Revenons à 2010… Sal. Oppenheim, aux prises avec des difficultés financières, passe à 100 % dans les mains de Deutsche Bank. Le groupe allemand y avait déjà fait son


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Photo : Luc Deflorenne (archives)

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entrée en 2009. Sal. Oppenheim, banque privée de Cologne, avait pris la décision en 2007 de transférer son siège d’Allemagne vers le Luxembourg. L’établissement prévoit de se construire un nouveau siège au Kirchberg et achète dans ce but un terrain au Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg. La banque paie, en décembre 2007, 31,23 millions d’euros. Trois ans plus tard, empêtrée dans de graves difficultés et après le rachat par Deutsche Bank, la banque revend au Fonds Kirchberg. 27,027 millions d’euros, alors que les prix immobiliers pour le plateau étaient restés haussiers. Sal. Oppenheim perd donc plus de quatre millions d’euros dans l’affaire, alors que l’établissement financier était au bord du gouffre. On notera que le terrain sera remis sur le marché par le Fonds Kirchberg dans des conditions assez énigmatiques : la firme d’audit KPMG, en association avec le promoteur Giorgetti, l’acquerra pour 3.000 euros de plus seulement (27,050 millions d’euros), à l’issue d’un appel à candidatures selon une procédure simplifiée. La transaction fut validée par le gouvernement en conseil. Il ne s’agira pas là de l’unique faveur consentie. L’ancien ministre des Finances Luc Frieden, proche de François Pauly, a soutenu des deux mains les projets de déploiement de la banque privée et son transfert,

de Cologne au Luxembourg. Sur le plan fiscal, l’histoire dira peut-être un jour comment Sal. Oppenheim fut avantageusement traitée, malgré quelques réticences d’ailleurs au sein du ministère des Finances. Cette venue suscita également des réserves sur le volet de la garantie des dépôts, car une éventuelle défaillance d’une banque privée d’une telle importance risquait de rompre l’équilibre du système. Mais l’implantation de Sal. Oppenheim était si prestigieuse en termes d’image pour le Luxembourg que toutes les résistances cédèrent une à une.

L’achat-vente de SGG, avec prise au passage de copieuses plusvalues, dans un petit cercle d’investisseurs, avait quand même de quoi interpeller.

Acheté 40, vendu 100 millions d’euros

Il faut dire encore que le conseil d’administration de l’entité luxembourgeoise de Sal. Oppenheim comprenait du beau monde, notamment Romain Bausch, patron de la SES, ou Paul Mousel, associé influent de l’étude Arendt & Medernach. Romain Bausch siégeait parallèlement dans le conseil d’administration de BIP et il y est encore. Précisons en outre que l’étude d’avocat avait également, bien qu’indirectement, une petite participation dans SGG, ce qui explique la présence de l’avocat Claude Kremer, également associé de Arendt & Medernach, dans le CA. En 2010, les plans ambitieux de Sal. Oppenheim s’écroulent et obligent la Deutsche Bank, sa maison mère, Janvier 2014 —


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actualité Économie & politique entreprises

place financière

Le régulateur a demandé aux dirigeants de BIP une liste des personnes initiées, une description chronologique détaillée du déroulement des faits, des copies des procès-verbaux des réunions du conseil d’administration en relation avec le deal SGG. à des arbitrages dans le portefeuille de participations. Dont SGG, contrôlée aux deux tiers par la banque privée. La transaction avec BIP va être rondement menée : le 21 janvier 2010, son conseil d’administration approuve à l’unanimité l’investissement dans SGG et, en mars, l’opération baptisée « Solaris » est bouclée. Le soutien par la société de participations au rachat du groupe leader de la domiciliation s’effectuera en partie en capital et en partie à travers un financement mezzanine pour un montant de 10,5 millions d’euros. Selon nos informations, le prix d’achat global tournait autour de 40 millions d’euros. La revente à Cobepa, six mois plus tard, se fera pour un peu plus de 100 millions d’euros. C’est cette seconde opération qui interpella la Commission de surveillance du secteur financier, sans que le régulateur y fasse d’ailleurs de suite connue (la CSSF ne communique pas sur des dossiers particuliers). Cette revente permettra à SGG « de franchir une nouvelle étape dans son développement », selon son rapport annuel 2010. Et à BIP de dégager une plus-value de 38,2 millions d’euros. Certains dirigeants de la Deutsche Bank tirèrent beaucoup d’amertume lorsqu’ils prirent connaissance de la plus-value ainsi dégagée par ceux qui leur avaient racheté SGG pour une bouchée de pain. Faut-il voir dans l’intervention tardive du régulateur financier une sorte d’examen de rattrapage, alors que dans des documents à disposition de paperJam, la CSSF avait approuvé (en décembre) le rachat de SGG par le holding Cobepa ? Quoi qu’il en soit, le 3 mai 2011, la direction de BIP reçoit une lettre de la CSSF, signée Laurent Charnaut, chef de bureau adjoint, et Françoise Kauthen, conseiller de direction : « Dans le cadre de la surveillance des marchés, y lit-on, la Commission de surveillance du secteur financier a noté la publication d’un communiqué de presse daté du 3 novembre 2010, par lequel BIP Investment Partners SA (…) annonçait la cession de sa participation dans SGG à Cobepa. Selon notre analyse, des éléments d’information à notre

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disposition, l’information qui a été rendue publique à travers ce communiqué est susceptible de remplir les critères d’une information privilégiée telle que définie dans l’article 1er) de la loi du 9 mai 2006 relative aux abus de marché. » Le régulateur, qui subodore un délit d’initié, demandera aux dirigeants de BIP de lui faire parvenir sous quinzaine une liste des personnes initiées, une description chronologique et détaillée du déroulement des faits, des copies des procès-verbaux des réunions du conseil d’administration en relation avec le deal SGG et d’indiquer « s i d’autres informations relatives à cette restructuration et susceptibles de constituer des informations privilégiées (…) auraient été distribuées en interne ». La réponse de BIP est signée Alain Georges, alors président du conseil d’administration, et Viviane Graffé, directrice administrative et financière et « Madame Compliance » de la société. La lettre est datée du 18 mai 2010. Parmi les pièces annexées, on trouve un courriel de Viviane Graffé. Elle avertit les proches de BIP, membres du conseil d’administration et employés, de la « période close », interdisant toute transaction d’achat ou de vente sur les actions de la société, cotée en Bourse de Luxembourg, jusqu’à la fin de la transaction, soit après le 3 novembre 2010 (date de la publication du communiqué de presse ayant annoncé la vente à Cobepa). L’interdiction fut étendue au 5 novembre pour les présidents du conseil d’administration et du comité d’audit. Dans la liste des personnes initiées et averties, on trouve tous les membres du conseil d’administration, parmi lesquels Romain Bausch, Norbert Becker, Marc Giorgetti, Pit Hentgen, Claude Kremer, François Pauly et Michel Wurth. Le dossier montre que BIP avait pris – à tout le moins en théorie –, dans le cadre du projet « Solaris », toutes les mesures requises pour éviter les « oppositions d’intérêts déclarées ou potentielles dans le chef de plusieurs membres du comité d’investissement ». Ainsi, ni François Pauly (qui était encore le patron de Sal. Oppenheim)

ni Romain Bausch (qui était administrateur de la banque), ne prirent part à une réunion du 21 janvier 2010 qui donna le feu vert à l’acquisition sous condition de SGG. Norbert Becker et Claude Kremer se firent également excuser « en raison de leur relation avec la société en voie d’acquisition ». Red Flags

Parmi les conditions suspensives figuraient la réalisation d’une due diligence (avec une analyse géographique des bénéficiaires économiques des entités gérées par SGG) par l’équipe d’investissement pour identifier d’éventuels « red flags » (signaux d’alerte) ainsi que la conclusion d’un pacte d’actionnaires protégeant les intérêts de BIP. Quant à la revente de SGG à Cobepa, le compte rendu d’une réunion du comité d’investissement de BIP, le 23 septembre 2010, montre que François Pauly, qui siégeait comme administrateur du holding belge, n’y participa pas en raison du conflit d’intérêt évident. De même qu’il s’abstint, sous sa casquette d’administrateur de Cobepa, de voter le rachat du champion de l’ingénierie fiscale made in Luxembourg. Avec toutes les précautions d’usages, cet achat-vente de SGG, la prise au passage de copieuses plus-values, dans ce petit cercle assez fermé d’investisseurs, mêlant administrateurs et intérêts croisés, tout cela avait quand même de quoi interpeller. Cela a pu émouvoir plus d’un observateur du capitalisme à la luxembourgeoise.

La société de participations BIP va sortir en 2014 de la Bourse de Luxembourg. Ce retrait a suscité la controverse. Une autre affaire plus ancienne avait également interpellé plus d’un observateur. Le rachat en 2010 du leader de la domiciliation et du family office SGG pour une bouchée de pain à la banque Sal. Oppenheim avait été suivi d’une revente à Cobepa. La CSSF, après avoir approuvé la transaction, s’est intéressée à ses dessous. Beaucoup d’intérêts s’y croisent.


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actualité Économie & politique entreprises

place financière

Conférence

ACA Insurance Day

À l’occasion de la traditionnelle journée de l’Assurance (15e du nom), Pierre Gramegna, assermenté la veille, a effectué sa première sortie officielle en tant que ministre des Finances. Photos Luc Deflorenne

Véronique Piquard (ministère des Finances) et Nicolas Henckes (UEL)

Marc Lauer (Foyer)

Eliseo Peroni (Midas Gestion), Pietro Longo (Intertrust Luxembourg) et Anja Grenner (EY)

James Doyle (Zurich Insurance Company)

Alain Nicolai (Axa)

Pierre Gramegna (ministre des Finances)

Patric Schols (Iwi)

Karel Van Hulle (KU Leuven)

Victor Rod (Commissariat aux assurances)

Pit Hentgen (Lalux / Aca) et Marc Hengen (Aca)

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désirs

Désirs

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Photo : Sven Becker

Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.

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Entre rap, électro et chanson, le Belge a fait une percée fulgurante. Le 20 décembre à la Rockhal

Sasha

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100 ans après sa création, la chorégraphe revient sur le Sacre du Printemps de Stravinsky. Les 9 et 10 janvier au Grand Théâtre

B or d

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Keep Your Feelings in Memory mène une réflexion sur la résistance, la mémoire et le monument. Jusqu’au 27 avril au Musée de la Résistance à Esch

Ricca

Sophie Jung C’est avec surprise et fierté que Sophie Jung a appris qu’elle était la lauréate du Prix Edward Steichen qui allait lui offrir une résidence de création de six mois à New York. « Quand on m’a dit que j’étais nominée, je pensais que c’était pour la plus courte résidence (qui va forcément à un artiste luxembourgeois, ndlr). » Basée à Londres où elle présente actuellement sa première exposition personnelle, Sophie Jung a aussi vécu à Bâle, à Amsterdam ou à Zurich : « Cela fait partie de moi de me reconstruire à chaque déménagement. J’aime l’idée de ne pas avoir de chez-moi. » Cette grande voyageuse n’est pourtant jamais allée aux États-Unis. Très influencée par la pratique théâtrale (elle est la fille du comédien André Jung), Sophie Jung intègre la performance et le langage. D’abord

photographe, elle s’est ouverte à de nombreuses autres formes d’art (vidéo, installation, texte…). Elle mélange régulièrement son expérience personnelle, l’histoire et des aspects complètement fictionnels. Le cœur de son travail s’intéresse aux stéréotypes et représentations des systèmes culturels et sociaux. Elle n’a pas encore d’idée précise quant à ce qu’elle va produire là-bas, mais sait déjà qu’elle va trouver sur place les matériaux propices à sa création. « New York sera un terrain fantastique pour mes recherches, tellement on y colle des images et des représentations. » On pourra découvrir le travail de Sophie Jung lors de l’exposition sur l’ensemble des Prix Steichen au Mudam en février. Elle sera aussi exposée à la galerie Dominique Lang de Dudelange en mars.

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Avec le Chicago Symphony Orchestra pour la 5e Symphonie de Beethoven et la Symphonie fantastique de Berlioz. Le 18 janvier à la Philharmonie

De Pa

lm a s

Rythmique reggae, cuivres cinématographiques, son nouvel album offre une densité en tubes potentiels. Le 30 janvier à l’Atelier

www.sophiejung.com Janvier 2014 —

Photos : Bernd Uhlig / riccardomuti.com / D.R.

zoom sur


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Sélection

Noël en chansons, joie à la maison ! Les chansons de Noël peuvent être un brin irritantes, mais il existe quelques albums bien balancés qui rendent cette tradition beaucoup plus agréable. Petite sélection pour passer une « Douce Nuit » de Noël.

Noël nouvelle version

Chanté Nwel

Noël à la plage

US intello

OVNI Belge

Noël ! Noël !! Noël !!!

Noël aux Antilles

The Beach Boys’ Christmas album

Songs for Christmas

Another Christmas Album

Les plus grandes chansons de Noël ont été revisitées par Michel Legrand, qui a invité une guirlande d’artistes (Mika, Cœur de Pirate, Iggy Pop, Émilie Simon, etc.) accompagnés d’un orchestre symphonique et un Big Bang Jazz. Des standards à la sauce d’aujourd’hui. Label : Barclay

Cet album enregistré en 1968 et réédité en 1993 est un concentré des chants traditionnels antillais. Autant dire que ça donne envie de chanter et danser ! Une fois que vous aurez écouté ces cantiques, difficile de revenir aux traditionnels ! vec Manuela Pioche, Henri A Debs & Guy Alcindor Label : Henri Debs

Ce groupe iconique de la surf music a aussi réalisé un album de Noël, tradition américaine oblige, mais certaines chansons prennent à contre-pied les thématiques habituelles et nous plongent avec « Blue Christmas », par exemple dans un lendemain de rupture amoureuse sur fond de décors kitsch de Noël.

Sufjan Stevens, chanteur américain adulé par la critique, a composé depuis 2001 des chansons de Noël qu’il offrait à ses proches. Enregistré avec des amis, il les a rassemblés en un album concept, home made, mêlant banjo, aubois, flute à bec, clochettes… Un christmas cake bien confit ! abel : Asthmatic Kitty L Records

Label : Capitol Records

Excitant projet, cet album de Valley of Love n’est pas une compilation, mais un disque produit par une seule et même personne entourée d’artistes de tous bords. Gil Mortio a invité plusieurs de ses amis auteurs et compositeurs à interpréter le thème de Noël selon leur style. Éclectique, délirant, touchant, drôle, réinterprétations et créations… À découvrir. abel : Cheap Satanism L Records

À voir

Découvertes de saison

Les périodes de fin d’année sont l’occasion de se laisser surprendre dans les salles de spectacles. Sélection de trois spectacles à ne pas rater.

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La compositrice luxembourgeoise Catherine Kontz dévoile sa nouvelle création : un paysage musical qui prend place dans le Japon du 19e siècle, avec un poète de haïku, un peintre aveugle, un samouraï et une funambule française. Une expérience extraordinaire, une fable magnifique d’amour, de perte et de vie. 19 et 20 décembre, au Grand Théâtre

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Corpus Acrobatics est une troupe néerlandaise qu’il sera possible de découvrir le soir du réveillon du Nouvel An. Cette compagnie internationale mêle dans un spectacle sur-mesure vidéo, effets d’eau, feux d’artifices et rampe de skate œuvrant à créer un monde féérique empli d’illusions et d’acrobaties spectaculaires. 29, 30 et 31 décembre, au Grand Théâtre

L’OPL et CantoLX donneront un concert pour toute la famille. Après avoir écouté Giovanni Battista Sammartini et Felix Mendelssohn Bartholdy, l’assemblée pourra chanter avec les musiciens des chants de Noël. 21 décembre, à la Philharmonie


Galerie art collection

exPosition Du 9 novembre 2013 au 31 Janvier 2014

Nouvelle AccrochAge   SélectioN d’oeuvreS

Hsia Yan, Huile sur toile, 1981 - 95 x 133 cm

Jean Miotte · etienne HaJdu · Horia daMian · Lucien WercoLLier · cHu teH-cHun · daniLo di Prete · Maurice estève · Mirko BasaLdeLLa · aLfonso ossorio · WoLf vosteLL · Pierre aLecHinsky · Hsia yan

GaLerie f. HessLer 21 rue astrid L-1143 Luxembourg tél. : (+352) 27 28 12 77 GsM : (+352) 621 327 749 Heures d’ouvertures : Mercredi : 14h - 18h , vendredi : 14h - 18h , samedi : 10h - 12h et 14h - 18h et sur rendez-vous : www.galeriefhessler.lu


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P ou

Des cadeaux faire

e l l re

Pas d’idées pour vos cadeaux de Noël ? Nous avons choisi parmi nos coups de cœur du moment, du cadeau clin d’œil à celui qu’on donne pour la vie. À offrir sans rougir.

Clou XXL Un bijou signature, imposant et qu’on porte pourtant avec beaucoup d’aisance. Une allure rock, un style incomparable. Cartier

Souvenir d’Inde Ces foulards ont été élaborés au fil d’un voyage dans le nord de l’Inde, des évocations du faste de l’époque des Maharadjas.

L’art comme une histoire

Percy Stone

Voici une histoire de l’art pas comme les autres. Des impressionnistes à nos jours, elle se lit comme un roman et a la particularité d’être écrite en luxembourgeois. En plus, chaque chapitre comprend un éclairage sur le contexte artistique au Luxembourg. En bonus, les délicates et poétiques illustrations de Stina Fisch. Claude Moyen : Eng Geschicht vun der Konscht vun haut – Mudam Akademie

Boudoir Un petit fauteuil pivotant comme on en a rêvé : des proportions justes, des formes accueillantes et une délicatesse tout en élégance. Le tout à prix très démocratique. On salue. Collection Stockholm, Ikea

Jeunesse éternelle La vie en pixels Une veste de pluie vraiment pas comme les autres grâce à ces énormes pixels. En plus, elle est écolo, car réalisée à partir de bouteilles PET recyclées. On adore ! Maxjenny, www.denicheuse.com

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Ce sérum en provenance d’Islande est un concentré de nature et de recherche. Cet anti-âge nouvelle génération contient des activateurs cellulaires à base de plantes, ce qui permet de réparer ses propres cellules. Révolutionnaire. EGF Serum, Bioeffect

La main verte Cette petite branche intelligente contient quatre capteurs qui mesurent la luminosité, la température, le taux d’humidité et d’engrais. Une application alerte directement sur le mobile en cas de besoin pour la plante. Flower Power, Parrot


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qui vont mouche Impossible Instant Lab Cette tour magique transforme les photos d’iPhone ou iPod touch en photo polaroid. Pour que les photos ne restent pas que numériques. www.the-impossible-project.com

Pour les branchés Enfin une multiprise qu’on ose montrer. Sous un élégant bloc rond aux bords courbes se cachent cinq prises électriques qui peuvent être aisément désactivées grâce au bouton on/off central. Existe en blanc, noir et rouge. ES 01, Punkt.

Voir double Cette montre permet de lire deux fuseaux horaires simultanément, et ce, de manière plus précise que le GMT grâce à l’UTC (Universal Coordinated Time). L’aiguille colorée indique la seconde heure. HyperChrome UTC, Rado

À vos armes ! L’accessoire, une parade quotidienne qui sert à affronter l’extérieur ? Ce porte-monnaie en cuir moulé sur un bouclier ancien en est le témoignage. Du grand art guerrier qu’on exhibe volontiers. hield Collection, S Louise Leconte

Photo shot Le photographe luxembourgeois Tom Hermes vient de faire paraître deux nouveaux ouvrages, l’un dédié à la photo sportive (In da club), l’autre pensé comme un recueil d’images qui démontrent qu’une autre esthétique photographique est possible (Barbari Oculus). barbari-oculus.com

Grande roue Après les hélicoptères, Hermès revient sur terre et propose un magnifique vélo, d’une simplicité évidente, d’une élégance imposante. Existe en version loisir (blanc, noir, rouge) ou sportive (blanc, noir). Le Flâneur, Hermès

Odeurs familières Premier masculin de cette collection de parfums qui évoquent des instants olfactifs qui en appellent aux réminiscences de chacun. Ici, c’est l’odeur et l’ambiance d’un club de jazz new-yorkais qui est suggéré. eplica, Jazz Club, R Maison Martin Margiela

P ou r

LUI

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Bon appétit Dégustation ostréicole L’hiver est certainement la meilleure saison pour déguster des huîtres, met festif par excellence. La Brasserie Guillaume nous a concocté un plateau de dégustation pour découvrir ces trésors iodés. À savourer avec un vin blanc fruité et sec pour contrebalancer le salé de l’huître.

Cette Oléronaise est très originale puisqu’elle passe l’essentiel de sa vie en Charente pour finir par un affinage en Irlande, dans une baie peu salée. D’une couleur blanche, elle est très charnue et croquante. Peu salée, elle affiche une longueur en bouche impressionnante.

B e l on

L’huître plate représente une catégorie à part. Cultivée au bout du bout de la Bretagne, à Carantec, elle affiche une couleur rosée. Son goût est très iodé et salé avec une longue persistance en bouche et un parfum de noisette très reconnaissable.

Cuvée ige Pr e s t le Spécia eau d r a Gill

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Voilà une huître de pleine mer, provenant d’Irlande dont la couleur blanche annonce la douceur en bouche. Croquante et charnue, elle révèle un petit goût sucré original. Cette spéciale s’accompagne, dans son pays, de stout (type Guiness).

Provenant de la région de Marennes-Oléron, cette spéciale est élevée pendant plusieurs années à faible densité pour lui offrir un développement optimal. Charnue et croquante, elle est légèrement sucrée et se pare de reflets bleutés.

Photo : Jessica Theis

La Prat-ar-Coum provient de Carantec. Élevée en pleine mer, cette huître est d’un gris foncé. Plutôt maigre, elle a un goût salé et iodé qu’apprécieront les novices.

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Cette huître de Charente maritime est reconnaissable à ses branchies vertes. Affinée dans des claires, ces bassins argileux peu profonds, elle est plus douce et moins salée. Tendre et peu charnue, c’est l’huître parfaite pour ceux qui veulent découvrir le produit.

Comme chaque année, le Guide Gault&Millau décerne des points et distingue un « chef de l’année ». Pour l’édition 2014, c’est le chef de Ma langue sourit, Cyril Molard, qui est salué. « Nous le suivons depuis de nombreuses années. Il a désormais une maturité et une technique qui s’affinent chaque jour un peu plus », a justifié Philippe Limbourg, le directeur du guide. Maîtrise technique, excellence des produits, originalité d’approche sont autant de cordes à l’arc de ce Vosgien de 43 ans. Par ailleurs, le guide salue l’excellence du travail des restaurants Mosconi, Clairefontaine et La Distillerie en leur attribuant la très bonne note de 18/20.

Étoiles Les surprises du Michelin Deux de moins et une de plus. C’est le nouveau paysage gastronomique luxembourgeois version Guide Michelin. Si Luxembourg compte toujours 11 tables étoilées, la répartition vient de changer. Les Roses au Casino 2000 de Mondorf perdent leur macaron et Mosconi, jusqu’ici le seul doublement étoilé du pays, se retrouve avec un seul astre dans son ciel. Le grand gagnant de la nouvelle donne est le Becher Gare qui, après seulement deux années d’existence, gagne sa première étoile. Le chef Jérémy Parjouet voit son travail sur les produits de saison et les classiques revisités récompensé.

La Distillerie (Bourglinster), Favaro (Esch-sur-Alzette), Lea Linster (Frisange),La Gaichel (Gaichel), Le Bouquet

Garni, Le Clairefontaine, Mosconi (Luxembourg), Le Patin d’Or (Kockelscheuer), Ma langue sourit (Moutfort) et Toit pour Toi (Schouweiler) affichent toujours une étoile.

— Décembre 2013

Photo : Olivier Minaire

Distinction Cyril Molard : chef de l’année

Photo : Luc Deflorenne

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UR PO S U VO EURS SSI ME

Casual mais pas trop Maison fondée en 1939, Boggi Milano vient de s’installer à Luxembourg. Les hommes y trouveront un large éventail de vêtements tant pour le travail (costumes, chemises, cravates) et pour les loisirs. La marque propose de nombreuses vestes qui seront parfaites pour l’hiver : doublées, réversibles, avec débardeur matelassé incorporé. Boggi Milano – 36, rue Philippe II à Luxembourg (Centre-ville) www.boggi.com

Basic & Bespoke voit double Pascal Zimmer dédouble son activité sur deux adresses. La boutique Basic & Bespoke déménage et se déploie sur deux niveaux, pour le prêt-à-porter et pour le sur-mesure. À l’ancienne adresse, les espaces accueillent des vêtements, meubles et accessoires vintage, avec un beau rayon de tweed qui prend de la valeur avec les années. Basic & Bespoke – 2, rue du Marché-aux-Herbes et 9, rue de la Boucherie à Luxembourg (Vieille ville)

Photos : Luc Deflorenne

Du sur-mesure abordable Aidé par une machine qui prend plus de 200 points de mesure, il est possible de se faire faire costumes et chemises sur mesure à prix démocratiques (et réalisés en Chine). On choisit les détails de personnalisation. Les tissus proviennent d’Italie. Les Nouveaux Ateliers – 30, rue Notre-Dame à Luxembourg (Centre-ville)

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Zoom sur

Nuvola Baby L’une est juriste de formation, l’autre graphic designer. Mais toutes deux sont mamans et ont eu envie de se lancer dans une nouvelle aventure qui a pris le doux nom de Nuvola Baby (« nuvola » signifiant « nuage » en italien). « Nous nous sommes rencontrées il y a un peu plus d’un an », précise Isabelle Marinov.  « Nous nous sommes aperçues que nous avions les mêmes goûts et que nous nous entendions bien, poursuit Runa Egilsdottir. Nuvola Baby est née de l’idée d’Isabelle, et le développement s’est fait à deux. » L’âme de Nuvola Baby est de créer des vêtements tout doux, conçus spécifiquement pour les bébés. Les deux jeunes femmes veulent s’adresser aux parents qui sont à la recherche de vêtements de qualité, produits dans des conditions respectueuses de l’environnement et responsables éthiquement, dans des matières confortables et qualitatives : cachemire, mérinos, alpaga, coton bio et coton Pima… Les matières premières ont été sélectionnées avec soin, tout comme les personnes qui vont fabriquer les vêtements. « Nous souhaitons privilégier une production réalisée en Europe. Si nous sortons de cette zone, c’est alors pour aller directement à la source comme pour le coton Pima qui est originaire du Pérou ou faire travailler des communautés fair

trade. Actuellement, nous travaillons avec une entreprise de tricotage en Italie et nous sommes en cours de discussion avec une entreprise au Portugal », précise Isabelle Marinov. Parce qu’il faut bien commencer quelque part, Nuvola Baby propose déjà des basiques : des petites vestes, des leggings, des pyjamas, et des couvertures. « Pour le lancement, nous avons créé une collection pour les bébés, les 0-2 ans », explique Isabelle Marinov. Si tout va bien, la taille de leurs vêtements devrait grandir avec l’âge de leur entreprise. Mais les fondatrices sont réalistes et mènent leur affaire étape par étape. « Pour le moment, nous ne travaillons pas de collections saisonnières et nous privilégions les vêtements mixtes », précise Runa Egilsdottir. Leur engagement se manifeste également à travers l’action « Cloud of love ». Certains produits proposés à la vente permettent de soutenir une action caritative que les fondatrices ont choisie. « Nous tenons beaucoup à avoir le cœur net avec cette entreprise, à faire les choses dans le respect de chacun et dans une volonté de transparence », conclut Isabelle Marinov. Sans jamais oublier leur objectif premier : le confort des enfants, saupoudré d’une bonne dose de poésie et de tendresse.

En attendant une distribution en magasins, les produits de Nuvola Baby sont disponibles sur l’e-shop du site internet. www.nuvolababy.com



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Interview

Un design qui raconte des histoires On lui doit de nombreux meubles pour Cappellini, Driade ou encore Serralunga ou Moroso, mais aussi les boutiques Lacoste et Jitrois, les hôtels Sezz de Paris et Saint-Tropez… Christophe Pillet a présenté les différentes facettes de son travail, allant de la création de mobilier au packaging, en passant par le design d’intérieur, l’architecture et la scénographie, lors d’une conférence organisée par Design Friends. Interview  France Clarinval Photo Sven Becker

Vous travaillez autant le design d’objet que l’architecture, la scénographie voire la direction artistique... Est-ce le même métier ? « Il faut bien comprendre que ces diverses pratiques artistiques étaient dans le temps définies par des savoir-faire techniques propres à chacune d’entre elles. Mais aujourd’hui, ces aspects techniques sont tellement vastes qu’ils sont confiés à des bureaux d’études, des ingénieurs. Quelle différence reste-t-il alors entre ces disciplines ? En grande partie, il s’agit de présenter une vision d’un monde auquel on peut aspirer. De créer des espaces ou des objets qui proposent un environnement nouveau et meilleur. De raconter des histoires. Je conçois mon travail comme celui d’un romancier ou d’un cinéaste : je raconte des histoires. De nos jours, les objets ne sont plus créés pour répondre à des besoins. Nous sommes dans une société où, en gros, tout le monde a tout et où tout marche très bien. On achète parce que l’on a envie de s’approprier une his-

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toire, par simple désir. Les objets sont alors chargés affectivement. On achète une chaise parce qu’on l’aime, parce qu’elle nous parle, nous raconte quelque chose. Mais, bien sûr, entre une cuillère, un canapé, une boutique et un hôtel, il y a une grande différence d’échelle, tant dans la taille que dans le temps. Quand on participe à une architecture, c’est pour durer. On est obligé de se projeter dans le futur et de se demander comment les utilisateurs futurs vont se l’approprier. J’essaie d’envisager mes projets pour qu’ils soient encore valables et compréhensibles demain et après-demain. La responsabilité n’est donc pas la même, à l’échelle de l’architecture, on a une responsabilité culturelle. Vous avez travaillé aux côtés de Philippe Starck. Qu’en retenez-vous ? « J’y suis resté cinq ans, de 1988 à 1993, j’étais débutant et j’ai appris beaucoup et très vite. À l’époque, c’était la seule personne reconnue dans le monde du


désirs

Avec Kartell, Christophe Pillet magnifie le plastique pour le faire ressembler à du Murano.

«Quand je travaille pour une marque, je suis comme un interprète qui reprend un titre et le transforme. » design, cela apporte forcément une certaine visibilité et surtout l’accès au meilleur en termes de fabricants, de technologie, de contacts professionnels. Parallèlement, je continuais mon travail personnel, j’ai d’ailleurs dessiné la chaise XO alors que je travaillais chez Starck. Mais je ne voulais pas être assistant jusqu’à 70 ans. En 1993, j’ai donc décidé de fonder ma propre agence pour travailler à mon nom, en tant qu’indépendant. Avant d’étudier le design, à la Domus Academy de Milan, vous étiez plutôt tourné vers la musique. En avez-vous gardé des traces dans votre travail ? « Il reste d’abord une frustration de ne pas être musicien et un sentiment de ne pas être tout à fait à ma place dans l’univers du design. Mais je crois surtout qu’il me reste de la musique une attitude, une dimension conceptuelle de partage, de compréhension immédiate, pour tous. Je cherche à rendre mes projets compréhensibles, simples, justes… un peu comme une mélodie que l’on retient facilement, qu’on a envie de partager. Il y a aussi une notion de tempo, de rythme, de tension, de répétition qui n’est pas forcément visible dans les réalisations, mais qui m’importe. Votre travail se caractérise par une économie de traits pour arriver à une sorte de pureté. Est-ce que le « Less is more » de Mies van der Rohe reste une référence pour vous ? « Je travaille en effet plutôt en soustraction, en enlevant de la matière. Mais je ne cherche pas le minimalisme pour la radicalité. La simplicité, ce n’est pas l’épure, c’est la juste dose, la frontière entre en mettre trop ou pas assez. Quand il y en a trop, on arrive à un résultat ampoulé. S’il n’y en a pas assez, le projet n’est plus compréhensible. Vous travaillez pour des clients très variés. Comment allier le respect de l’ADN d’une marque et la signature personnelle du designer ? « De la même façon qu’un acteur va s’adapter à différents rôles, différents metteurs en scène, différents scénarios : il va y mettre ses émotions, son vécu, son talent au service du réalisateur. Quand je travaille pour Lacoste, par exemple, je ne raconte pas mon histoire, mais j’interprète celle de Lacoste avec mon point de vue, ma vision des choses. Quand je travaille pour une marque, je suis un interprète, comme un musicien qui reprend un titre et le transforme sans le dénaturer.

L'hôtel Sezz de Saint-Tropez bénéficie d'une belle ouverture vers l'extérieur.

Quelles sont les étapes de la conception d’un meuble ou d’une architecture ? Qu’est-ce qui vient d’abord ? « Ce qui naît en premier, c’est l’angoisse de ne pas savoir par où commencer. Comme je ne capitalise pas d’un projet à l’autre, je repars forcément à zéro, ce qui est assez difficile. Le travail commence par la pensée, le concept, l’imagination. Je pense les choses avant de les dessiner. Je les visualise en trois dimensions dans ma tête, je circule dans les espaces que je crée de manière très précise. Ensuite seulement vient le dessin, quand les formes fonctionnent. En dessinant, je précise les proportions, je teste différentes solutions. Après on peut passer aux tests et aux prototypes… Quand le projet est fini, qu’est-ce qui est le plus important : la forme, la lumière, le concept, le confort... ? « Tout cela en fait. Ce qui compte, c’est ce que cela raconte et surtout la compréhension qu’en ont ceux à qui c’est destiné. Je suis toujours à la limite de l’insatisfaction quand c’est fini, parce que, forcément, tout n’est pas parfait et tout n’est pas compris comme je le voudrais. Alors, tout de suite, je me remets au travail, je repars à zéro pour le projet suivant. Comment voyez-vous l’avenir dans ces domaines ? Que peut-on attendre ou craindre dans le futur ? « Je ne suis pas quelqu’un qui fait des prédictions. Je ne fais pas de plan de carrière et je n’ai pas de mission pour changer le monde. Cependant, je pense qu’on vit une époque charnière. Il y a longtemps qu’on ne croit plus au mythe de la modernité qui veut que demain soit meilleur. Nous sommes restés figés dans une nostalgie d’une grandeur passée, à ressasser, réinventer et revisiter toujours les mêmes poncifs. S’il y a des évolutions, des avancées, des progrès, il n’y a plus eu de réelle révolution technologique comme l’arrivée du béton ou du plastique, qui a créé une rupture dans les typologies et les règles de physique. Mais je me réjouis qu’on s’intéresse à nouveau enfin au futur. Aussi, aujourd’hui, la foi dans la science pour trouver des solutions salvatrices sur les questions essentielles de survie (eau, climat, alimentation...) est en train de renaître. De là viendront l’innovation et la créativité. » www.christophepillet.com

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e l y St ch t a w

Photo : DR

désirs

e ntain o f e r s, Cl a i e r i e se s 2 5 a n u x l a g re La a fêté omb nde n e d o avec tés du m . invi culturel

légende Comme tous nom ses xxxx invités, xxxx MARITA RUITER pose devant l’œuvre de Dana Wyse.

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Photos : Olivier Minaire

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désirs

JENNY arbore des collants très tendance.

AINHOA aux couleurs de l’automne.

ELLIOTT dans les bras de ses parents ANNE et BENJI.

ROLAND a choisi sa pilule artistique.

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ours

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JanVier 2014 Paru le 12 décembre 2013

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JANVIER 2014

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ISSN 2354-4619

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index

Index A

C

ABBL 87 Abri & Co 82 Aca 88, 100 Access 90 Acord International 71 Adem 28, 56, 71 Administration de la gestion de l’eau 26 Administration de la navigation aérienne 72 Adria News 68 ADT-Center 69 Advanzia Bank 69 Agricultural Bank of China 87 Aleba 32 Alfi 88 Alia 68 Allegrucci Silvia 36 Almanij 96 Altice 86 Anefore 71 Arendt & Medernach 67, 96 Art Collection 105 Artelis 122 Arthur Andersen 96 Asselborn Jean 42 Auchan 70 Autorité bancaire européenne 86 Aventura 82 Axa 100

B Banque de Luxembourg 55 Barnier Michel 90 Bauler André 42 Bausch François 42, 72 Bausch Romain 96 BCE 20, 87 BCL 28, 60, 86, 87, 29 Bebop 69 Becca Flavio 25 Becker Norbert 96 Belgacom 69 Berlitz 69 Bertrand Nadège 71 Bettel Xavier 42, 48, 52, 56, 60, 85 71 Bever Brigitte BGL 87 Biebuyk Alfred 90 BIL 8, 96 Bingen Marc 82 BIP Investment Partners 96 Blondel Arnaud 82 Blue Communication 69 82 Borodine Olivier Bourse de Luxembourg 86, 88 Brasserie Hervé 119 Braz Félix 42, 90 Breeden Richard C. 93 Breevast 69 Breevast Luxembourg 69 Bressan Francis 71 Briolotti Patrick 82

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Cactus 70, 76 Cactus@Home 76 Cafetine de Buenos Aires 119 Cahen Corinne 42, 68 Cargolux 67, 72, 96, 70 Castegnaro 59 Caves Bernard-Massard 35 Cegecom 122 Cetrel 70 Chambre de commerce 29, 87 Chambre des députés 28, 56 Chapelle Laurent 71 Charlier Raphaël 86 Charnaut Laurent 96 Cisco 69 Citroën 31 CJUE 26 CLC 76 Clearstream 86 Clifford Chance 67 CNN 68 Cobepa 96 Comité de prévision 85 Commissariat aux assurances 88, 100 Commission d’analyse de marché 26 Commission européenne 29 Commission indépendante de la radiodiffusion 68 Compagnie financière La Luxembourgeoise 96 Conseil d’État 26, 56, 88 Conseil économique et social 56, 87 Contzen Ernst Wilhelm 87 Coopérative de Bonnevoie 70 Costa 51 Cour administrative 25 Cour constitutionnelle 30 Cour d’appel de la Chambre du conseil 30 Cour des comptes 87 Cour européenne des droits 30 de l’Homme Craxi Bettino 87 Crédit Suisse Fund Services (Luxembourg) 86 CRP Henri Tudor 71 CSL 32 CSSF 36, 60, 90, 93, 96, 87 CSV 20, 30, 60 CTG Luxembourg PSF 69 CTIE 70

401 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

D Dabbour Ammar 87 Danet Julien 82 Data 4 12 de Cillia Serge 87 de la Villehuchet Thierry 90 de Liedekerke Juan 90, 93 de Wasseige Simon 76 Déi Gréng 42, 48, 56, 60 Delannoy Mélanie 82 Deloitte 76 Deloitte Luxembourg 86 Deminor 93 Département des Travaux publics 72 Deutsche Bank 96 Dieschbourg Carole 42 Direction de l’aviation civile 72 DNR 68 Domaines de Vinsmoselle 27 Dorland François 70 Doyle James 100 DP 29, 42, 48, 68, 56, 60 Ducrocq David 82 Duodecad IT Services Luxembourg 62, 63 Durand Alex 71

E Easy Solutions 82 Ebrc 69 Editpress 68 Eldoradio 68 Enron 96 État luxembourgeois 2 5, 26, 29, 30, 70 42 Etgen Fernand Eurisbank 87 Eurofood 25 Eurostat 29 Excellencia investment management 87 EY 42, 60, 90

F Faber Christoph 82 Faber Claude 71 FaceJob 80 Fandel Jean-Marc 70 Fayot Franz 42, 60 FDL–Partners for growth 70 Federation of European Securities Exchanges 88 Fidugia 87 Fischer Frank 69 FJD 122 Flavial sàrl 25 FMI 56 FNCTTFEL 32 Fonds du logement et de l’habitat 30, 52 Fonds Kirchberg 96 Fonds pour la gestion de l’eau 26 Foret Nicolas 82 Forson Richard 67 Forum mondial 36 Fox Ashley 29 Foyer 100 Frieden Luc 20, 26, 36, 42, 60, 87, 96, 100

G G4S 71 Gaasch Carole 71 Garage Intini 23 Georges Alain 96 Ghemawat Pankaj 30 Giallombardo Mauro 87 Gillen Erny 69 Gillen Victor 26 Giorgetti 96 Giorgetti Marc 96 Gira Camille 42 Goblet & Lavandier 69 Goebbels Robert 29 Goerens Charles 29 Goeres 6, 7 Gouvernement luxembourgeois 28, 30, 67, 85, 26, 68 Graffé Viviane 96 Gramegna Pierre 28, 42, 60, 100 Greta Lorraine 71 Groupe Saint-Paul 69, 68 Groupe Weis 111

H Häfner Gerald 29 Hansen Marc 68 Haut Comité de la place financière 60 Hawlitzky Stephan 71 Hella 25 Henckes Nicolas 100 Hengen Marc 88, 100 Henri Grand-Duc 20 Hentgen Pit 96, 100 Herarld Lux 90 Hermes 4, 5 Hifi International 76 Hinduja 96 HNCA 67, 70 Hoffmann Marc 76 Hotel le Royal 39 HSBC 90 HumanSourcing 80

I IESE 30 Ikki 89 ILR 28 Immo Nord 82 Index 2014 68 INDR 69 INFPC 71 Investor Protection Europe 90 Isquare 82 IT Consulting 70 ITM 25, 32 Iwi 100

J Jean Prince 20 Jean-Claude Juncker 20 Jobintree 80 John Santurbano 72 Join Wireless 69 Juncker Jean-Claude 28, 30, 68, 90


index

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

K Kartheiser 82 Kauthen Françoise 96 KBL 96 Kemmer André 20 Kersch Dan 52 Kersch Daniel 42 Kieffer Xavier 71 Kiffer Constant 30, 52 Kinsch Alain 42, 60 Kioes Georges 76 Knebeler Christophe 32 Koster Pascal 69 Kox Henri 52 KPMG 96, 69 Krancenblum Serge 96 Krëfel 76 Kremer Claude 96 KU Leuven 100

L La Commission européenne 26 Lallemand Fabrice 70 Lalux 100 Lamano 82 Lamesc David 82 Lancelot Group 70 Lauer Marc 100 LCGB 32 Legitech 70 Leinenveber Claudine 72 Lenert Paul 69 Lespagne Julien 82 Lëtzebuerger Journal 68 Librairie Ernster 10 LinkedIn 80 Littaye Patrick 90 L’original 109 Louis Vuitton 15 LSAP 42, 48, 56, 60 LSC 71 LTETT 71 Lüscher Claude 69 Lutin Technologies 82 Luxair 72, 70 Lux-Airport 72 Luxalpha 90, 93 LuxCSD 86 Luxembourg for Business 60 Luxembourg for Finance 60 Luxemburger Wort 68 Luxexpo 47 Luxinvest 90, 93

M Madoff Bernard 90, 93 Mariotto Loris 20 Martins Patrick 82 Matera Dominique 71 Matuszyk Fabrice 71 Meisch Claude 42 Mélanie 2Lannoy 82 Mémorial C 70 Mercedes 19, 82 Meyers Paul 69 Mille Marco 20 Miltgen Daniel 30, 52 Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle 71 Ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative 70 Ministère des Finances 28, 100 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 72 Monopol 69 Monster 80 Mousel Paul 67, 96 Muller Georges 122 Muse by… 76 Mutsch Lydia 42

N Nagel Maggy 42, 52 Namur 76 Nickels Jean-Paul 76 Nickels Max 76 Nicolai Alain 100 Nilles Ernest 90 Noesen Jos 71 Numericable 86

O Observatoire de l’emploi 56 OCDE 36, 60 OGBL 32 OLAP 71 Oswald Anne 71

P

S

paperJam 68, 69, 87 Parcours Luxembourg 82 Parlement européen 29 Pauly François 96 Piquard Véronique 100 Pittie Jérôme 80 Pittman Shauna 36 Plan K 69 Post Luxembourg 69, 70 Post Telecom 124 Precision Capital 96 Pundel Karin 71

Q Qatar Airways

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R Raynaud Philippe 82 Reding Jean-Claude 32 Rehazenter 69 Reimen Frank 72 Restauberge Peitry 99 RH Expert 71 Rieder Franziska 71 Ries Jean 71 Robert Mélanie 36 Rod Victor 100 Rommes Jean-Jacques 87 RTL 68 RTL Radio Lëtzebuerg 68 RTL Télé Lëtzebuerg 70 RTL2 68 Ruben Michel-Edouard 30

Saidi Emmanuelle 82 Sal. Oppenheim 96 Sales-Lentz 69 Santer Georges 68 Schank Marco 30, 52 Scharfe Robert 88 Schaus Robert 67 Schlesser Carlo 96 Schmit Nicolas 42, 56 Schmit Steve 69 Schneider Étienne 42, 48, 52 Schneider Frank 20 Schneider Romain 42 Schols Patrick 100 Schonckert Laurent 70 Schwarmes Edouard 82 Securex 71 Sella Bank 30 Service de renseignement de l’État 20 SES 96 SGBT 2 SGG 96 Shearman & Sterling 67 Siemens 69 SNHBM 52 SNS Reaal 69 Société de développement urbain 52 Société de radiodiffusion luxembourgeoise 68 Sodexo 69, 79 Statec 71, 85 Strasser Claude 69 Stugalux Constructions 82 Syprolux 32 Szelest Linda 71

U UBS 90, 93, 67 UEL 87, 100 Union commerciale de la Ville 76 Union européenne 29, 86

V Van Hulle Karel Van Ruymbeke Renaud Vanderfelt Christopher Ventura Françoise

100 90 76 82

W Wagner Pierre 82 82 Wapiti Consulting Wasabi 101 Weiland Christian 71 Weisgerber Tom 72 Wiseler Claude 72 Wolter Michel 42 Wurth Michel 96

Z Zalando 70 ZIDCard 80 zur Hausen Henning 67 Zurich Insurance Company 100

T Tango 69 Telindus 69 Theisen Anne-Marie 71 Thomson Reuters 96 Thoss Roger 71 Tie rack 70 Tribunal administratif 25, 70, 88 Trichet Jean-Claude 20 Turk Hava Yollari A.O 123 Turpel Justin 42 Twinerg 28

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opinion

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Georges Muller Directeur Artelis/ Cegecom Président de la FJD

Nous libérer de nos atermoiements

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epuis cinq ans déjà, nous côtoyons la crise. Au Luxembourg, cette compagne d’infortune nous a longtemps été étrangère. Elle fait aujourd’hui partie de notre quotidien. Pour autant, nous devons cesser de nous lamenter sur notre sort, chasser ce pessimisme ambiant, et considérer l’avenir en termes de défis. Les solutions existent ! Elles sont à la mesure de notre capacité à changer et à nous adapter ; elles sont donc à notre portée et n’attendent plus qu’une impulsion et des efforts de notre part pour les construire, les développer et puis les pérenniser. À court terme, les récessions impliquent des durcissements sociétaux, économiques, sociaux et budgétaires inévitables, certes. Cependant, elles induisent aussi des changements et des mutations que nous devons regarder comme autant de pistes et de nouvelles chances de développement, pour notre société de demain. En tant que décideurs économiques, il est de notre responsabilité de valoriser nos

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compétences, de détecter les opportunités d’affaires pour l’avenir de notre pays, de soutenir les initiatives, et d’en faire des success-stories. À ce titre, la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise de Luxembourg (FJD), que j’ai l’honneur de présider depuis peu, a un rôle à jouer. La vision positive d’un avenir fait d’opportunités, qui animait à l’époque le groupe d’entrepreneurs d’avant-garde lorsqu’il a fondé cette institution en 1977, revêt aujourd’hui encore toute son actualité. Aussi, fidèle à leur esprit, j’ai axé mon programme d’action, pour ce mandat 2013/2014, sur ce que j’appellerai les megatrends. Mon objectif : utiliser ces orientations sociétales, économiques, écologiques, démographiques… (qui marqueront leur époque pour les décennies à venir) comme sources d’inspiration pour impulser un nouveau souffle au Luxembourg et ancrer le pays dans l’après-crise. Ces défis sont au nombre de 12 : la globalisation ; l’ouverture des carrières pour les femmes ; la connectivité ; l’urbanisation ; la société du

vieillissement actif ; une écologie globale et équilibrée des ressources ; la santé ; la démocratisation des études ; la mobilité ; l’équilibre vie professionnelle / vie privée ; l’individualisation et, enfin, la simplification. Des groupes de travail ont été créés. Ils auront la tâche de réfléchir à ces « mégatendances », en liaison avec un secteur de notre économie (financier, construction ou commerce), et de proposer des solutions durables pour notre pays. Le Luxembourg a en effet un potentiel culturel, démographique, éducatif, intellectuel, social, économique inestimable. Les idées existent, et les chances demandent à être saisies : il s’agit maintenant de les mettre en œuvre. Pour cela, nous devons nous libérer de nos contraintes, de nos doutes et atermoiements, pour aller de l’avant, innover, générer de nouvelles idées. C’est en s’affranchissant du pessimisme ambiant que notre pays saura créer sa propre voie, avancer dans un état d’esprit positif et construire son avenir sur des bases sereines et pérennes.


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