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Un marché du retail « bipolaire »
DE NOUVELLES TENDANCES
Dimitri Collignon (JLL Luxembourg) et Muriel Sam (Immobel Luxembourg) dressent le bilan du marché immobilier commercial en 2021 et nous livrent les tendances de demain pour le secteur.
La pandĂ©mie a accĂ©lĂ©rĂ© la tendance du e-commerce et, selon Immobel, celle-ci devrait impacter le parc immobilier luxembourgeois. « Nous allons trĂšs probablement observer le renouvellement partiel ou une hybridation des magasins traditionnels avec de nouveaux espaces et plateformes logistiques type last mile. Proches de la ville et facilement accessibles, la localisation idĂ©ale de ces espaces sera semblable Ă celle des retail parks, situĂ©s en pĂ©riphĂ©rie immĂ©diate des centres urbains», explique Muriel Sam, head of development au sein dâImmobel Luxembourg. «Avec une conscientisation Ă©vidente de la consommation et lâaccĂ©lĂ©ration de la tendance Ă©coresponsable, nous allons voir davantage de commerces proposant des circuits courts, des producteurs locaux, des produits sains, sans emballage, en lien avec une forme de shopping plaisir qui donne du sens.» LâactivitĂ© dans le centre de la capitale a connu un beau rebond et une vingtaine de nouvelles transactions ont Ă©tĂ© signĂ©es en 2021. Dans le quartier de la Gare, si la disponibilitĂ© des surfaces commerciales reste Ă©levĂ©e, la situation tend tout de mĂȘme Ă sâamĂ©liorer avec lâouverture de quelques nouveaux points de vente en 2021. Pour Muriel Sam et Immobel Luxembourg, la tendance du shopping plaisir dans les centresvilles ne devrait pas disparaĂźtre. « Il reprĂ©sente le besoin fondamentalement humain dâavoir une activitĂ© sociale. Toutefois, cela Ă©voluera trĂšs certainement vers plus de plaisir que de shopping. Finalement, lâexpĂ©rience devient plus importante que le produit que lâon achĂšte », explique la head of development. En termes de valeurs locatives, le loyer «prime» (la valeur moyenne haute) dans les axes du centre de la capitale est passĂ© de 150âŹ/mÂČ/mois en 2020 Ă 140⏠en 2021. En revanche, les loyers «primes» sont restĂ©s stables pour les centres commerciaux (110 âŹ/mÂČ/mois).
AprĂšs une annĂ©e 2020 marquĂ©e par le choc de la crise sanitaire, 2021 devait ĂȘtre celui du rebond en termes de consommation des mĂ©nages au Grand-DuchĂ©. Quâen est-il vraiment ? AprĂšs avoir connu une chute record de 6,9 % pour le Luxembourg en 2020, selon les estimations dâOxford Economics, la consommation des mĂ©nages a enregistrĂ© un rebond de 5,3%. «Si la consommation nâest pas encore revenue Ă son niveau dâavant-crise, cela devrait ĂȘtre le cas en 2022», explique Dimitri Collignon, head of retail agency chez JLL Luxembourg, qui se montre tout de mĂȘme prudent en raison du contexte inflationniste actuel. « Selon le Statec, nous sommes passĂ©s dâune inflation de 0,6 % fin 2020 Ă 4,1 % en dĂ©cembre 2021 ! Symbole de cette inflation, des gĂ©ants comme Ikea, Zara, H&M ou Primark ont annoncĂ© des hausses de prix de 9 Ă 10 % cette annĂ©e. » Comparativement Ă lâindexation des salaires et Ă lâaugmentation du coĂ»t de la vie, ces hausses de prix devraient avoir un impact important sur les chiffres dâaffaires en 2022. En 2021, JLL a enregistrĂ© pour 21.545 mÂČ de prise en occupation au Luxembourg, soit un tout petit peu moins que lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente (23.155 mÂČ). «Les chaĂźnes de supermarchĂ© comme Delhaize, Lidl et Colruyt ont enregistrĂ© Ă eux seuls 37 % du volume. Cela illustre leur expansion au Grand-DuchĂ©. Nous pouvons Ă©galement qualifier le marchĂ© du retail de âbipolaireâ. En effet, le luxe demeure une valeur sĂ»re, mais aussi le marchĂ© du low cost, comme en tĂ©moignent les transactions rĂ©alisĂ©es par Action, Lidl et Trafic, entre autres », ajoute Dimitri Collignon. Mipim 2022
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Auteur A. B.