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Henrik Jeppesen in front of Khartoum’s iconic Corinthia hotel, in Sudan. “Almost all countries in the world, no matter how poor, have luxury hotels.” Henrik Jeppesen devant l'emblémati­ que hôtel Corinthia à Khartoum, au Soudan. « On trouve des hôtels de luxe dans presque tous les pays du monde, même les plus pauvres. »

Globe-trotter malgré lui. Henrik Jeppesen, 28 ans, est la personne la plus jeune à avoir visité tous les pays au monde. Il lui a fallu 10 ans, plus de 850 vols et une bonne dose de cou­ rage et de débrouillardise pour y arriver. Nous l’avons rencontré lors de son pas­ sage au Luxembourg. FR

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orsqu’Henrik Jeppesen a décidé, à 17 ans, de partir seul en Égypte, il ne se dou­ tait pas qu’il arriverait 10 ans plus tard en Érythrée en étant la personne la plus jeune à avoir visité les 193 pays au monde. « Je n’avais aucune intention de battre des records quand j’ai commencé. Je voulais juste voyager », explique ce Danois originaire de Thisted, dont le seul séjour à l’étranger avait jusquelà été des vacances familiales dans le sud de la France. Alors que ses camarades en école de commerce dépensaient leur argent en vêtements de marque et sorties, Henrik, lui, mettait le sien de côté pour ses voyages. « Cela avait beaucoup plus de sens et honnêtement, faire la fête et boire de l’alcool, ça n’a jamais été mon truc. » Une agression à Liverpool quel­ ques mois avant son 18e anniversaire a failli mettre un terme à son envie de voir le monde. « Je suis rentré en me disant que je ne partirai plus, admet-il. Mais six mois plus tard, j’étais de nouveau sur la route. J’ai été

dépouillé trois autres fois depuis, à Bruxelles, Xi’an et en Gambie, et il y a eu quelques situations où j’ai eu très peur. Sans oublier une intoxication alimentaire en Inde qui m’a terrassé pendant six mois. Mais je n’ai jamais regretté d’avoir embarqué pour cette aventure ! » Au moment de terminer ses études en 2010, Henrik avait déjà visité 61 pays. Il a alors décidé de viser les 100, a vendu toutes ses affaires, y compris sa rare collection de films indépendants, et a fait un emprunt à la banque. « Je n’avais pas les moyens de vivre comme un touriste. J’ai surtout fait du couchsurfing, séjournant chez l’habitant, et bien sûr je n’allais jamais au restaurant et je n’ai jamais pris de taxi – cela m’aurait coûté une semaine de budget ! Acheter à manger dans les supermarchés et faire de l’autostop fait économiser beaucoup d’argent. J’ai voyagé dans plus de 1 000 voi­tures à travers le monde. Au début, j’ai trouvé difficile de faire du stop, mais cela aide de commencer sur une petite île où c’est considéré comme normal. Bien sûr, il m’est arrivé de me coucher en ayant faim et de dormir dans des endroits peu recommandables, mais je suis arrivé à la conclusion que pour vaincre ses peurs, il faut les affronter. » Le jeune Danois a également appris à voyager léger. On ne le verra jamais avec une valise, ni même une veste. « Une fois, je suis parti six mois avec seulement ce qui tenait dans mes

poches : passeport, carte de crédit, smartphone et un mini-chargeur. En réalité, c’est tout ce dont on a besoin », insiste-t-il. Il y a 193 pays dans le monde selon l’Onu. Se rendre dans chacun d’entre eux n’est pas évident. Alors qu’il s’est avéré plutôt facile pour Henrik d’entrer en Corée du Nord, il n’en fut pas de même pour la Libye par exemple, car personne ne voulait l’aider à obtenir un visa. Cependant, grâce à sa persévérance et d’heureuses rencontres, le Danois a non seulement réussi à y séjourner, mais il a également été invité à rencontrer l’un des Premiers ministres ! « Le Soudan du Sud a probablement été le pire endroit où je suis allé. Je ne m’y sentais pas en sécurité du tout », raconte-t-il, avant de souligner que de nombreux endroits sont tout de même très différents de ce qui est dépeint dans les médias. « On ne peut pas juger un pays avant d’y être allé. Je n’ai jamais eu peur en Afghanistan et j’ai adoré la Somalie, c’est un pays merveilleux. Et c’est en Iran que j’ai rencontré les personnes les plus sympathiques. » Le Danois est resté quelques jours dans certains pays et plusieurs mois dans d’autres. Lorsqu’on l’interroge sur ses endroits préférés, il avoue qu’il est difficile de faire un choix. « La Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Italie, les Maldives et l’Australie font partie de mes favoris, mais j’ai aussi beaucoup aimé le Rwanda, les Seychelles, Vanuatu,

les Palaos, la Thaïlande, le Laos, le Japon, le Bhoutan, l’Estonie, la Namibie, la Suède et les ÉtatsUnis. Mon pays natal, le Danemark, est bien sûr à part. » Bien qu’ayant atteint son objectif de devenir le plus jeune voyageur à visiter tous les pays du monde, battant par la même occasion le record du nombre de compagnies aériennes empruntées (plus de 200), le Danois ne compte pas ranger son passeport dans l’immédiat. Ses projets futurs incluent la visite de chacun des États américains, et il veut aussi devenir la personne la plus jeune à se rendre dans tous les territoires au monde. « Selon le Travelers’ Century Club, il y a 325 territoires. J’en ai visité 289 et je compte faire les restants avant fin 2018, même si certains sont très difficiles d’accès. » En attendant, son prochain voyage sera aux Maldives, où il rêve de séjourner dans 50 complexes différents au total sur des îles privées (il en a déjà fait 37). Au cours des dernières années, grâce à son écriture (il tient un blog avec, entre autres, une liste d’hôtels de luxe testés et a publié un livre), Henrik ne voyage plus seulement en low-cost et dort rarement dans les gares. Il arrive à trouver des hôtels et des compagnies aériennes qui soutien­ nent son projet, au moins une partie du temps. « Au fil des ans, mes parents m’ont également aidé financièrement et j’ai fait pas mal de petits boulots. À l’avenir, j’espère aussi donner plus de conférences. » « Il m’arrive de rêver de plus de stabilité et d’un vrai ‘chez moi’. Ce n’est pas facile d’entretenir les amitiés ou de fonder une famille quand on est tout le temps sur la route, avoue-t-il. Peut-être que je commencerai par acquérir un camping-car au Danemark. Comme ça je pourrai aussi partir faire le tour de l’Europe. Il y a de nombreux pays que je voudrais connaître davantage... » Il y a fort à parier qu’Henrik Jeppesen n’arrêtera pas de voyager de sitôt. Comme disait son compatriote, Hans Christian Andersen : « Voyager, c’est vivre. » .

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