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Mode
S’habiller positivement
En un an, Billie Joy Beytrison et Baptiste Monnet ont fait décoller leur marque de vêtements de sport, conçue pour faire du bien au corps et à l’esprit.
Texte: Catherine Hurschler Photo: Darrin Vanselow
Amoureux dans la vie depuis deux ans, Billie Joy Beytrison et Baptiste Monnet sont également deux jeunes entrepreneurs valaisans qu’absolument rien ne décourage. «Parce qu’on n’avait rien au départ», commente la jeune femme de 24 ans, cuisinière de formation. Rien? Ils ont le plus important: des idées, et ce feu créatif qui fait que leurs journées de travail font rarement huit heures, mais bien davantage. Avec 500 francs, ils se sont lancés en janvier 2021 dans les vêtements de sport pour femme et ont développé une philosophie très précise, centrée sur le bien-être et une approche positive du corps. Les silhouettes trop parfaites des mannequins stars sont mises de côté, au profit de courbes féminines plus réalistes. «Et là, pour la première fois, cela fonctionne», dit Baptiste, 28 ans.
Fait remarquable, BJ Positive Wear, leur marque, est leur deuxième création. «La première, c’était un podcast sur les problématiques autour de la sexualité, mais en Valais, disons que cela n’a pas très bien fonctionné et on a préféré bifurquer vers quelque chose pour les femmes», raconte Billie Joy, qui décrit son projet comme «féministe». Avant de prôner le féminisme, il fallait mettre en avant la sororité, cette solidarité entre femmes, et cela nous amène à la notion de confiance en soi. Quand on a confiance en soi, on ne perd pas son énergie à critiquer les autres», dit-elle. Tout est allé très vite. «Pour le nom, on a pris ‹BJ›, comme Billie Joy, sans trop réfléchir. On avait connu des échecs et là, nous n’avions plus d’attentes et nous ne pensions pas que cela allait marcher. On se disait que seules nos amies s’intéresseraient à nos vêtements de sport.»
La marque BJ Positive Wear fait son chemin, uniquement sur les réseaux sociaux, et capte très vite l’attention de personnes qui dépassent leur cercle d’amis. Dès qu’ils ont eu les moyens de personnaliser leurs demandes auprès de leur fournisseur en Asie, Billie Joy et Baptiste ont ajouté un niveau supplémentaire, en intégrant la protection de l’environnement dans leur développement. «Les emballages sont désormais biodégradables et plus du tout en plastique, et nous avons pu proposer de nouveaux vêtements écoresponsables, qui intègrent le label Repreve. Il s’agit d’un tissu fait avec des bouteilles de PET recyclées. C’est un énorme pas en avant pour nous», relève la jeune femme. C’est aussi un choix courageux qui montre que le duo travaille avec des valeurs autres que financières: «Nous avons choisi une manufacture qui agit correctement avec les employés, tant pour les conditions de travail que pour les salaires versés.» Leur entreprise, Billie Joy et Baptiste en sont les capitaines, faisant flotter au sommet le drapeau de la résilience. Leur vie personnelle n’avait pas jusqu’à présent la douceur de leurs vêtements, entre une enfance marquée par une adoption pour Baptiste, né en Thaïlande et qui a grandi avec sa mère adoptive en Suisse, et un drame familial pour Billie Joy, qui la laissera orpheline de mère à l’âge de 8 ans. «Peu importe ce que l’on traverse dans la vie, on peut toujours s’en servir pour créer quelque chose. C’est soit on regarde les pots cassés sans rien faire, soit on les recolle et on avance», résume Baptiste.
Un mode de vie Autour de leur marque, c’est en fait tout un mode de vie qui se construit. «Attention, on ne fait pas dans les tendances mode», précise Baptiste. «Il ne s’agit pas seulement d’habiller la personne qui choisit nos habits. Nous souhaitons qu’elle ressente tout ce que nous apportons au vêtement: l’énergie, la bienveillance», souligne Billie Joy. Dans BJ Positive Wear, il y a également un message d’acceptation de soi, de son corps, mais pas n’importe comment. «Pour moi, le ‹body positive›, ce n’est pas seulement assumer ses rondeurs et danser devant une caméra, c’est aussi manger sainement, faire du sport, prendre soin de son corps», explique Billie Joy.
En véritable ambassadrice de sa marque, l’entrepreneuse
«Pour moi, le ‹body positive›, ce n’est pas seulement assumer ses rondeurs, c’est aussi manger sainement et faire du sport»
Billie Joy Beytrison, cofondatrice de BJ Positive Wear
Baptiste Monnet, cofondateur de BJ Positive Wear
confie avoir arrêté le shopping auprès d’autres enseignes. «J’ai donné tous mes autres vêtements à des associations, je ne porte plus que du BJ, même pour sortir.» Dans cette entreprise, elle a embarqué l’une de ses sœurs, qui s’occupe des commandes et a accepté de garder le stock dans sa maison, dans un petit local dédié. «Cela nous a beaucoup rapprochées.»
Utile à la société Et toujours dans cette optique d’avoir une utilité sociale en premier lieu, Billie Joy et Baptiste ont participé en novembre dernier au Green Friday, le mouvement de résistance face au Black Friday, pour récolter des fonds en faveur d’une association qui s’occupe de violences conjugales, eu égard à l’histoire familiale de Billie Joy. «On leur a reversé 1300 francs de bénéfices.»
De l’argent, le duo en donne aussi tous les mois à l’association Eden Reforestation Projects, qui plante des arbres dans le monde. Chaque commande passée chez BJ Positive Wear permet de planter dix arbres. À l’heure actuelle, la marque a contribué à hauteur de plus de 19 000 arbres. Comment voientils l’avenir? «Baptiste me parle tout le temps de BJ Jeans», sourit Billie Joy, qui pense d’abord à une collection de maillots de bain. Se jeter à l’eau, c’est bien leur style! MM