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Psychologie

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Faune

Faune

«Plus nous luttons contre ce que nous craignons, plus nous donnons à manger au diable»

Voilà, l’ambiance des Fêtes est finie, ne subsistent plus que quelques lumières dans les rues. Le quotidien reprend sa place, avec plus ou moins d’entrain. C’est en 2005, lorsqu’une agence de voyage britannique a tenté de faire le buzz pour vendre des séjours au soleil, que le troisième lundi du mois de janvier a hérité du titre de «journée la plus déprimante» de l’année. Le Dr Yves Gaudin, spécialiste en psychopathologie clinique, musicothérapeute et écrivain, nous livre son regard sur ce «Blue Monday». Yves Gaudin, le «Blue Monday», est-ce un discours marketing général ou quelque chose dont vous parlez avec vos patients? À mon sens, ce n’est qu’une nouvelle injonction de l’économie dans notre sphère privée. Et qui nous montre combien notre liberté et notre capacité de créer s’amenuisent à mesure que l’on édicte de telles formules, et qui se rapprochent d’autant d’interdits de penser. Le blues, c’est un début de quelque chose de grave ou pas du tout? Tout dérèglement peut occasionner une décompensation plus ou moins grave. Et comme les malheurs ne peuvent se comparer les uns aux autres, tout dépendra de la personne, de sa capacité à rebondir et à s’entourer. Ce qui

Ce que cache le «Blue Monday»

Le troisième lundi de janvier traîne la réputation d’être la journée la plus déprimante de l’année. À tort ou à raison?

Texte: Catherine Hurschler

change peut-être un peu, c’est cette idée qu’il ne faut plus forcément être fou pour aller consulter un psychologue. Dans notre société, pourquoi n’a-t-on jamais le droit de dire que l’on est triste? Peut-être qu’il s’agit là de la résurgence d’un temps où ne survivaient que les plus forts et les plus résistants. Mais s’il est certainement bien de voir le verre à moitié plein, il serait vraiment temps de ne plus considérer nos faiblesses comme uniquement des manques. Comment transformer des émotions négatives en quelque chose de positif? Souvent, nous avons l’impression que le «positif» ne résulte que d’une bataille contre le «négatif». Or, à mon avis, plus nous luttons contre ce que nous craignons, plus nous «donnons à manger au diable». Au contraire, il s’agirait donc de reconnaître nos peurs et de les nourrir, c’est-àdire de comprendre le message qu’elles ont forcément à nous transmettre.

Ce mois de janvier est bardé d’injonctions plus ou moins imposées, comme le «Dry January» (ne pas boire d’alcool pendant un mois). Pourquoi mettre tant de pression sur le début de l’année? Aux rites et aux initiations, nous faisons de plus en plus place aux recommandations qui, forcément, ne veulent plus dire grand-chose. Si ce n’est de nous permettre de faire une pause qui résulte davantage d’un impératif que d’un réel plaisir. Comment cela se fait-il, par exemple, qu’il nous faille plusieurs jours de vacances avant d’en profiter pleinement? La cinquième vague de coronavirus est pesante. Quels sont vos conseils pour garder le moral et faire du 17 janvier 2022 une belle journée? Plus que par le virus peut-être, évitons de nous contaminer aux mauvaises nouvelles et aux prédictions autodéclarées. Tâchons donc de lever notre tête pour sourire aux gens que l’on croise, pour profiter d’un petit rien, c’est toujours par là que les grands changements commencent, et pour dire aux gens qu’on aime qu’on les aime.  MM

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