Lyon Poche #2055 (janvier 2025)

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La culture et les sorties depuis 1971

Janvier 2025 | N°2055 | Gratuit

VOUS PRÉSENTE

P©SARAHFOUASSIER

as tous les jours qu’une chanteuse lyonnaise trône en haut des classements mondiaux. C’est le cas de Pomme ces derniers jours, qui explose les compteurs grâce à Ma Meilleure ennemie - en duo avec Stromae -, enregistré spécifiquement pour la saison 2 d’Arcane, brûlante et magnifique série d’animation diffusée sur Netflix dont nous vous parlions le mois dernier. À l’instar d’autres séries par le passé (Skins, Samouraï Champloo, Peaky Blinders ou Treme…) Arcane marque les esprits par une BO inventive, collant à l’époque.

Produite par le studio Riot Games et réalisée par les Français de Fortiche, cette série est une adaptation du jeu vidéo League of Legends.

119 422 531 écoutes à l’heure où l’on écrit ces lignes : bravo, Pomme.

Sébastien Broquet

LA NEWS

40, quai Rambaud 69002 Lyon

E-mail : redaction@lyonpoche.com

Tél. 04 72 10 15 40

Directeur de la publication : Alexis André

Cheffe d’édition : Dominique Sée

Maquettiste : Andréa Canovas

Ont contribué à ce numéro :

Sébastien Broquet, Stéphane Duchêne, Louise Grossen, Vincent Raymond, Alexis Alouache

Distribution : Coyote

Imprimé

L’événement

Comment la K-pop a conquis la planète

BTS et Ateez côté musique, Parasite au cinéma : la Corée du Sud n’en finit plus d’exporter ses artistes, ses œuvres, imposant sa culture tout autour de la planète.

Le mois dernier, Seunghan, membre du groupe de K-pop Riize, a dû quitter sa formation. Son tort ? Avoir été pris en photo en train de fumer au Japon et avoir été vu embrassant sa petite amie. Autant de comportements qui, du temps du rock’n’roll américain, auraient fait de lui une icône. Pas en Corée du Sud, où l’on a importé les recettes d’Hollywood et de la pop culture américaine, mais surtout pas les mœurs qui restent extrêmement strictes. Surtout dans la K-pop, où l’on se doit d’être exemplaire dans son comporte-

ment. Et le plus lisse possible. « L’image des chanteurs compte plus que tout », écrivent Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre dans leur ouvrage de référence, K-pop - soft power et culture globale (Puf).

C’est l’une des caractéristiques de la vague K-pop, façonnée par l’État coréen dans un but affirmé et pleinement réussi de soft power - voire sweet power selon les deux auteurs suscités : il faut que rien ne dépasse. Si les modèles occidentaux (pop anglo-saxonne, cinéma hollywoodien) et japonais (premier pays non occidental à intégrer la pop culture globale) ont inspiré la Corée du Sud, elle s’est efforcée d’en gommer toutes les aspérités : pas de politique, de sexe, de rébellion, de subversion. On appelle cette vague - K-pop, K-dramas,

© DR

K-films, jeux vidéo - la Hallyu et elle déferle sans discontinuer depuis le début des années 2000 sur la jeunesse occidentale, qui en est tellement friande qu’elle en adopte et les codes, et la nourriture ; la cuisine coréenne à son tour s’est imposée en France ces dernières années. C’est cette diversité des produits coréens pénétrant la pop culture internationale qui en fait un cas unique. La Hallyu est clairement la conséquence d’une visée étatique, le gouvernement coréen ayant établi comme stratégie dans les années 1990 d’exporter ses produits culturels afin d'accroître son influence, nourrissant l’industrie culturelle d’aides. Après la crise de 1997, la Corée du Sud a voulu changer son image et incarner la modernité.

Ce seront d’abord des sitcoms (K-dramas) comme Winter Sonata, qui marchent alors surtout en Asie, puis au tournant des années 2010 le raz-de-marée musical de la K-pop, symbolisé par le Gangnam Style du chanteur Psy, dépassant en quelques semaines le milliard de vues sur YouTube. Un tournant datant de 2012. BTS est aujourd’hui le groupe le plus prisé de la Gen Z dans le monde - 100 millions de vues en 24 heures pour Dynamite, lors de sa sortie à l’été 2020 !

On appelle cette vague la Hallyu et elle déferle sans discontinuer depuis le début des années 2000 sur la jeunesse occidentale.

Tous les aspirants à une carrière dans la K-pop commencent très tôt et sont formés à la dure dans des « fabriques » à stars, apprenant à chanter, danser, jouer la comédie, communiquer. Aucun groupe ne se forme seul par affinités : tous sont façonnés par des grandes entreprises tentaculaires reprenant souvent le mot « Entertainment » pour être bien clairs dans leurs visées. Ainsi de KQ Entertainment, qui a construit Ateez. Trois dominent le marché : SM, JYP et YG. Pour en arriver là, beaucoup de travail et une discipline stricte sont nécessaires : les

Ateez attise

À ses débuts, Ateez n’avait pas de nom. Encore stagiaires de leur maison de production (KQ Entertainment), on les appelait KQ Fellaz. C’est durant l’été 2018, au moment de la sortie du premier disque Treasure EP.1 : All to Zero, que le groupe bénéficie enfin d’un nom et peut lancer officiellement sa carrière. Leur succès est fulgurant et les sorties s’enchaînent à un rythme régulier, certains des huit membres intégrant le K-drama Imitation, un autre présentant une émission de télé. Show millimétré, look coloré, influences R&B, rap et techno : tous les ingrédients du succès sont présents.

jeunes aspirant à une carrière sont d’abord choisis sur casting, ou via des émissions de télé-réalité, et passent parfois plusieurs années à se former avant d’intégrer l’un des groupes au concept bien réfléchi et à l’esthétique travaillée, qui sera propulsé sur le marché par l’entreprise les ayant cornaqués. Autre facteur important : les fans. D’importantes communautés suivent chaque artiste et en décuplent la communication. La Corée du Sud a pris tôt le virage digital et sa population est l’une des plus connectées au monde. Les réseaux sociaux ont très vite été utilisés comme atouts marketing. Un homme symbolise le passage de relais vers la Corée du Sud : précurseur, Teddy Riley, producteur américain qui était au début des années 1990 au top des charts américains avec un genre musical baptisé new jack swing - inspiré du hip-hop et du R&B -, ayant collaboré avec Michael Jackson, s’envola vers Séoul où il produisit quelques-uns de premiers succès du genre K-pop, comme Jay Pop, Rania ou plus tard Girls’ Generation : une sorte de transmission des savoirs entre le mainstream américain et la Hallyu coréenne. Sébastien Broquet

Infos

Ateez

Le 18 janvier à 20h. LDLC Arena, Décines. 82,90 €

Nouvelles têtes

Infos

Barkanan, La Traversée (Delco Music). Le 14 février à 20h30.

Iris, Francheville. De 16,80 à 19,80 €.

POST-PUNK

Eat-Girls

Quand on essaie de nous vendre Eat-Girls, voici ce qui est dit officiellement : « Un trio (un gars, deux filles, ndlr) lyonnais qui fabrique des musiques dans leur appartement (on sent l’amour de l’art plus que les élans show-biz) avec des boîtes à rythme cheap, des synthétiseurs maladroits, une basse post-punk et une voix qui raconte des trucs (ce qu’on appelle communément les moyens du bord et toutes ces histoires de diable qu’on tire par la queue à un moment donné) ». S’attendre donc à un truc lo-fi et un peu glacial (l’appartement n’est pas chauffé). Ne pas s’attendre en revanche à danser outre mesure, ou alors sur des ruines (celles de notre monde) pieds nus sur le verre pilé et le métal rouillé. Une sorte de contredanse qui nous met à l’amende. Se jeter sur ce premier album Area Silenzio, garni de tubes tordus garantis pas de l’été. S. D.

Barkanan

Ils reviennent tout juste des Bars en Trans de Rennes, sont dans la sélection des Inouïes du Printemps de Bourges pour 2025, intègrent les playlists de FIP : assurément, Barkanan est en passe de franchir un palier dans sa courte carrière, sur la foi d’un EP paru à l’automne, où les deux frères mêlent leurs voix disparates dans des harmonies limpides, portées par des mélodies folk et pop. Léo et Ianis, originaires de l’Essonne, vivent désormais à Lyon d’où ils pilotent ce projet né en 2020, ayant pris forme avec la parution l’année suivante d’un premier album autoproduit, Fleuve d’automne. Mais c’est La Traversée, nouvel EP cinq titres, qui a fait la différence (précédé par le single Cueillir l’année précédente, doté d’un très beau clip signé Juliette Laboria). On n’est pas très éloigné de Raoul Vignal, autre local dont on parle un peu plus loin. S. B.

Infos
Eat-Girls, Area Silenzio (Bureau B).
© JULIA LAUNAY
© LOUIS DERRIEN

THÉÂTRE

Margot Thery

Les Clochards Célestes couvent une nouvelle pièce et une nouvelle metteuse en scène puisque Margot Thery, qui avait déjà épaté la critique avec son Cabaret des Indociles, s’apprête à montrer sa deuxième création suintant la vengeance et la truanderie. Après une « école de la vie du théâtre à Lyon » et des collaborations de renom (Louise Vignaud, Jacques Audiard sur Emilia Pérez...), l’artiste issue de la danse fonde, en 2021, le Théâtre Marguerite pour explorer les liens entre la scène et le corps, la dramaturgie et les énergies collectives - et affirme la volonté d’une mise à l’honneur des femmes au plateau. Avec Gangster.e.s, elle convoque l’univers de la comédie musicale et des films de genre pour tutoyer la pègre. La metteuse en scène se joue de la morale, insufflant un vent frais dans le théâtre contemporain. L. G.

Bibliothèque Municipale de Lyon, 30 boulevard Marius Vivier Merle, Lyon 3

Infos

Gangster.e.s

Du 24 janvier au 2 février, horaires variables. Clochards Célestes, Lyon 1. De 8 à 14 €.

BIBLIOTHÈQUE

Ophélie Ramonatxo

Elle est la nouvelle directrice de la Bibliothèque municipale de Lyon, en remplacement de Nicolas Galaud. Titulaire du diplôme de conservatrice territoriale des bibliothèques, elle a commencé sa carrière à la direction d’un réseau de lecture publique en Seine-SaintDenis (de 2006 à 2010), avant d’occuper deux postes successifs dans le réseau diplomatique français à l’étranger (de 2010 à 2017), auprès des ambassades de France au Royaume-Uni, puis en Espagne. Recrutée en 2017 par la Bibliothèque nationale de France en tant que directrice du grand projet de nouveau site à Amiens, puis directrice déléguée aux Relations internationales, elle dispose selon le communiqué annonçant sa nomination « de fortes compétences et expériences en lecture publique, direction d'établissement, management d'équipes et gestion de projets immobiliers ».

Le concert

Infos

Köln Concert

Le 24 janvier à 20h.

La Trinité, Lyon 2. De 12 à 30 €.

À 18h15, un avant-concert animé par l’artiste et Ludovic Florin, spécialiste de Keith Jarrett

4 récitals de piano

Du lundi 13 au 17 janvier, horaires variables.

Opéra de Lyon, Lyon 1. Gratuit.

François Mardirossian Un pianiste pas si minimaliste

On pourrait presque parler de « mois François Mardirossian », tant le pianiste lyonnais va occuper les plus belles scènes de la ville avec un répertoire iconoclaste.

Commençons par la pièce de choix : le fameux Köln Concert d’une légende du jazz, Keith Jarrett, qui fête les 50 ans de sa première interprétation, suivie de peu d’autres et pour cause : elle était entièrement improvisée. Un disque paru sur le label ECM en a pourtant gravé la légende pour toujours. Pochette en noir et blanc minimaliste, photo de l’artiste en pleine exécution quasi mystique, tout contribue à la naissance d’un mythe.

Ce concert du 24 janvier 1975 débute par les notes de la sonnerie de rappel de l’opéra de Cologne, où Jarrett est contraint de jouer sur un mauvais piano pour cause de grève, ajoutant à sa mauvaise humeur du jour - il était à

un doigt d’annuler le show. C’est ce que conte la petite histoire. La grande aura retenu soixante minutes d’improvisation, de création libre sous les yeux du public, renouvelant le genre en enjambant les contraintes du soir - la fatigue et ce piano d’étude abîmé - pour créer un moment de grâce. François Mardirossian, habitué du répertoire des minimalistes américains, a décidé de s’emparer de cette improvisation, par définition non écrite, 50 ans jour pour jour après sa création, pour la rejouer à l’identique dans l’écrin de la Chapelle de la Trinité. Répétons-le : c’est le concert du mois. Mardirossian ne s’arrête pas là, puisqu’il investit également l’Opéra pour quatre récitals de piano, dont un quizz, lors desquels le pianiste explorera les liens entre son instrument et le cinéma, interprétant les plus célèbres airs d’Ennio Morricone, Francis Lai, François de Roubaix et autres grands de la musique pour cinéphiles. Sébastien Broquet

Infos

Le Sonic 4 quai des Étroits, Lyon 5.

Le Sonic

L’ACTU

Le bateau rouge n’en finit plus d’affronter des vents contraires. Quand ce ne sont pas les voisins à l’ouïe trop fine, ce sont les politiques. Et lorsque les politiques - et le service de l’écologie urbaine - se tiennent tranquilles, c’est le bateau lui-même qui crie à l’usure du temps.

Suite à une visite de contrôle routinière il y a quelques semaines, le verdict est tombé : la coque du Sonic est trop endommagée par la corrosion et, dans un an, le bateau devra quitter les eaux. Branle-bas de combat du côté de l’équipe : hors-de-question de tout lâcher, mais les réparations étant trop onéreuses et immobilisant le bateau de longs mois (donc sans exploitation), décision est prise d’acheter un nouveau bateau et de l’aménager en un Sonic 2.0. Mais ça coûte 300 000 euros.

Le Centre National de la Musique vient de donner son accord pour une subvention « concernant l'étude préparatoire au projet de rénovation (architecte, acousticien, isolation thermique et phonique, classement ERP) ». Une fois l’étude réalisée, le Sonic pourra solliciter le second volet de la subvention concernant la reconstruction en elle-même, pouvant atteindre 60 % du montant total. En attendant, une cagnotte a été lancée afin d’aider ce lieu-phare du rock underground à passer cette nouvelle épreuve, via HelloAsso. 7000 euros ont déjà été recueillis.

CRÉATION

Fondé en 2006 par Stéphane Bony et Thierry Vignard - auparavant bibliothécaire et éducateur -, le Sonic est devenu au fil des années l’incontournable rendez-vous des amateurs de rock underground et autres musiques peu représentées en ville, prenant d’une certaine manière la suite du Pezner de Villeurbanne, qui a grandement inspirée le duo ; lequel programmait déjà des groupes au sein de son association Sonotone. Depuis, ils ont été rejoints par Élisa pour la programmation des concerts et Jason pour les soirées queer, comme l’indique Rue89Lyon dans une très belle série consacrée aux lieux underground de Lyon.

CÔTÉ PROGRAMMATION

Aucun concert prévu en janvier : un autre problème soulevé par Stéphane Bony, qui regrette que les tourneurs ne proposent désormais leurs groupes « qu’en mai et en novembre », ou presque, laissant de nombreuses dates, en dehors de ces créneaux temporels, délaissées. Reprise prévue le 1er février avec Famous, excellente nouvelle pousse londonienne évoluant entre post-punk et pop. Le lendemain 2 février, il ne faudra pas rater le nouveau passage des Legendary Pink Dots, groupe légendaire de la cold wave qui tourne depuis… 44 ans. Le 7 février se présenta Lolina, curieuse anglaise adepte d’un trip hop revisité. S. B.

Concerts

FOLK

AFRO-FUNK

H-Burns Vaudou Game

20 ans de carrière pour H-Burns, qui décide de fêter ça au Transbo en conviant quelques amis pour des duos qui devraient pimenter la soirée. Pour rappel, il a déjà collaboré avec des artistes comme Pomme, Chris Bailey ou Dominique A, venus se frotter à son univers oscillant entre folk et indie rock.

Le 16 janvier à 19h. Transbordeur, Villeurbanne. De 18,80 à 22 €.

FUNK

Keziah Jones

Le natif de Lagos est de retour avec un nouveau disque, Alive & Kicking, un bestof augmenté, avec deux inédits. L’auteur de Rhythm is Love s’est fait rare depuis près de dix années. Ce concert dans un cadre intimiste sera l’occasion de revisiter ses classiques et de découvrir Melissa, superbe nouvelle ballade.

Le 22 janvier à 19h30.

Docks 40, Lyon 2. Gratuit.

La bande de Peter Solo ouvre le festival Saint-Fons Jazz : toujours un plaisir de succomber à leurs rythmes afro-funk estampillés seventies, nourris des influences togolaises de leur chanteur. Déjà 10 ans que ce groove imparable séduit, sur disque (le cinquième album, Fintou, sort le 17 janvier) ou sur scène.

Le 18 janvier à 20h30. L’Épicerie Moderne, Feyzin. De 7 à 20 €.

REGGAE

Tiken Jah Fakoly

Le chanteur ivoirien avait fait une entrée fracassante sur la scène reggae à la fin des années 1990. Son succès ne s’est jamais démenti, ses textes les plus anciens restent malheureusement d’actualité. Il les revisite dans un nouvel album baptisé Acoustic et une tournée… acoustique.

Le 23 janvier à 20h. Radiant-Bellevue, Caluire. De 34,90 à 44,90 €.

INDIE ROCK

Bryan’s Magic Tears

À part le fait qu’ils devraient apprendre à poser pour leurs photos de presse, on n’a rien à reprocher à Bryan’s Magic Tears qui, depuis quatre albums, s’est imposé au firmament du rock français, piochant dans le noise, le shoegaze ou la pop tubesque. De quoi alimenter un répertoire frôlant la perfection.

Le 24 janvier à 20h30.

Marché Gare, Lyon 2. De 14 à 18 €.

ROCK ALTERNATIF

Les Sheriff + Poésie Zero + Supermunk

Ah, tiens, Les Sheriff sont de retour. On avait oublié ces rejetons des Ramones et d’OTH, plus de vingt ans sans rien publier, jusqu’à ce Grand bombardement tardif en 2021. Et force est de constater que les Montpelliérains n’ont rien perdu de leur verve et de leur capacité à enflammer un public.

Le 24 janvier à 19h. La Rayonne, Villeurbanne. De 22,99 à 28 €.

Concerts

JAZZ

Sophye Soliveau

Si Alice Coltrane a introduit la harpe dans la panoplie des instruments du jazz, peu l’ont suivie sur ce chemin escarpé.

Sophye Soliveau s’y est récemment aventurée et a poussé la persévérance jusqu’à autoproduire son premier album, Initiation, via un crowdfunding. Convaincant.

Le 24 janvier à 20h. Centre d’Art, Saint-Fons. De 5 à 15 €.

SCH

Certains l’ont découvert comme juré de Nouvelle École sur Netflix, d’autres par l’intermédiaire de Jul, mais tous savent qui est SCH : un rappeur marseillais qui explose les chiffres d’écoute et comble les Arena. Troisième volume d’une trilogie entamée en 2021, JVLIVS III : Ad Finem est paru en décembre.

Le 25 janvier à 20h. LDLC Arena, Décines. 45 €.

Raoul Vignal + Matt Elliott

Shadow Bands, dernier album de Raoul Vignal, signe son retour dans sa ville natale après dix années d’expatriation. Le maître des arpèges évanescents conte alors sa redécouverte des rues de son enfance et des événements l’ayant marqué. Une collection de folk songs mélancoliques, mais lumineuses.

Le 25 janvier à 20h. Marché Gare, Lyon 2. De 14 à 19 €.

CINÉ-CONCERT

Charlie Chaplin, non content d’être le génie du cinéma que l’on sait, composait également lui-même les musiques de ces films. Celle des Temps modernes est un chef d’œuvre, avec la chanson Smile qu’il interprète, et l’Europäische FilmPhilharmonie s’en est emparé pour construire un ciné-concert mêlant différents extraits des films du créateur de Charlot. Au tour de l’ONL de s’emparer de ce programme. Les 22 et 23 janvier à 20h.

Auditorium, Lyon 3. De 10 à 54 €.

SARAH BOURGE
Chaplin with a smile

Madame Butterfly Drame japonisant

Un grand classique de Puccini est à l’honneur en ce mois de janvier avec Madame Butterfly, qui devrait être magnifiée par la présence de la soprano Ermonela Jaho.

Àl’origine, une pièce de théâtre éponyme signée Belasco, qui inspira Giacomo Puccini en 1900 ; lequel décida aussitôt de l’adapter et en fît un opéra créé à Milan quatre ans plus tard. En trois actes, le compositeur italien s’empare de ce drame mettant aux prises une geisha tombée amoureuse d’un officier américain en transit au Japon, lequel n’accorde que peu d’importance au mariage les unissant et lui préfère une Kate bien américaine. Une très grande partie de cette œuvre étant centrée sur son personnage principal, la présence de la soprano albanaise Ermonela Jaho (sur la moitié des

représentations, en alternance avec Francesca Dotto) crée l’événement : elle est considérée comme l'interprète contemporaine de référence pour ce rôle. Côté baguette, on assiste au retour de Sesto Quatrini qui n’avait pas dirigé à Lyon depuis trente ans.

Sébastien Broquet

Madame Butterfly de Giacomo Puccini

Direction musicale : Sesto Quatrini.

Mise en scène : Andrea Breth.

Avec Ermonela Jaho, Francesca Dotto, Adam Smith, Mihoko Fujimura… Du 22 janvier au 3 février.

Opéra de Lyon, Lyon 1. Complet.

Nuits blanches

LB aka Labat + Thelma

Se résoudre à l’évidence : la fête électronique se déroule désormais en journée, et Le Sucre l’avait compris avant tout le monde en lançant ses Sunset Society. Celleci convie l’un des maîtres de la house music à l’heure actuelle, le local (même s’il est né à Strasbourg et a grandi en Inde) LB aka Labat, digger compulsif de disques de jazz, de soul et autres groove qu’il transforme en une délicieuse potion à 120 BPM pour les clubs les plus open minded. Pour l’accompagner, venue de Barcelone, Thelma, compositrice en ascension qui devrait pencher plus vers la techno pour ce DJ set.

Infos

Le 19 janvier, de 18h à minuit

Le Sucre, Lyon 2. De 0 à 18 €.

BASS MUSIC

Get in step

EZ! débute l’année en conviant la soirée parisienne Get in Step, qui a l’habitude de mettre le feu à des salles, comme le Trabendo ou le Cabaret Sauvage. Pour cette première de par chez nous, sont conviés le Belge qui redynamise la drum&bass, Basstripper, un Anglais qui persévère dans le dubstep avec Badklaat, et un back2back drum&bass en compagnie des deux Français Asco et Zorel, qui uniront à leur manière les deux entités - le premier représentant EZ!, le second Get in Step. Eluun (drum&bass) et le Lyonnais Chmx (dubstep) complétant ce line-up : on se croirait propulsé au début des années 2000 !

Infos

Le 24 janvier à 23h30 . Club Transbo, Villeurbanne. 22,80 €.

HOUSE MUSIC
© DR
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MAGHREB TECHNO

Deena Abdelwahed + Glitter55

Attention, gros line-up pour ce samedi soir concocté sous l’égide du label lyonnais Shouka, convoquant trois valeurs sûres des nouvelles musiques maghrébines, avec tout d’abord Deena Abdelwahed, véritable tourbillon sonore, mêlant musiques traditionnelles tunisiennes, bass music, techno et electro, avec une maestria rare qui lui a valu de rapidement signer sur le label Infiné. La Marocaine Glitter55 évolue dans une veine proche, quoique plus techno et inspirée par le gqom sud-africain. Enfin, Aïda mon amour, duo rap marocain composé de Widad Mjama et du compositeur Khalil Epi, dévoilera en concert son premier album Abda à sortir à la fin du mois.

Infos

Le 25 janvier de 23h à 5h.

Le Sucre, Lyon 2.

De 10 à 14 €.

Cinéma

Infos

Rétrospective Robert Zemeckis

Jusqu’au 26 janvier.

Institut Lumière, Lyon 8.

De 0 à 8,5 €.

Robert Zemeckis en majesté à l’Institut Lumière

Sa faculté à transcender les genres, à convoquer la nostalgie et ses audaces de précurseur font de Robert Zemeckis un réalisateur contemporain majeur ; il est hélas scandaleusement sous-estimé. L’Institut Lumière répare cette injustice en 17 films jusqu’à la fin janvier.

Il y a un paradoxe Zemeckis. Figurant parmi les cinéastes les plus adulés pour ses pop corn movies - le diptyque du Diamant, la trilogie Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ou Forrest Gump sont autant d’efficaces spectacles que de troublantes réflexions sur le rapport à la création, au temps, à la famille et à l’Amérique - le Grand Bob voit ses plus récentes réalisations snobées par les studios… pour ne pas dire quasi sabotées. En témoigne la sortie en catimini de son dernier long en date, Here, film-concept scellant les retrouvailles à l’écran entre Tom Hanks et Robin Wright Penn se doublant d’innovations technologiques dont ce précurseur dans l’âme a toujours été friand.

Curieuse s’avère en effet la trajectoire de ce proche de Spielberg, lequel eût pu voir en lui son plus sérieux rival mais n’en fit jamais son concurrent. Comme Steven, Bob a voyagé

avec la même aisance de la comédie noire (La Mort vous va si bien) au thriller (Apparences) en passant par la fable philosophique (Seul au monde).

Robert aime les FX

Zemeckis a par ailleurs essuyé les plâtres d’une quantité hallucinante de procédés FX depuis l’aube des années 1980. Certes, quelques trucages numériques balbutiants peuvent avoir mal vieilli (Le Pôle Express, 2004, et Le Drôle de Noël de Scrooge, 2009, doivent se considérer aujourd’hui à l’aune des moyens du passé) ; d’autres continuent à défier la compréhension : le plan-séquence « au miroir » de Contact demeure un modèle du genre. Luxueux écrin pour sa recherche fondamentale permanente, l’œuvre de Zemeckis n’a jamais cessé de s’adresser au grand public, le cinéaste tirant les leçons formelles d’un Hitchcock et narratives d’un Capra. Pas étonnant donc qu’il ait trouvé en Tom Hanks son acteur fétiche, avec cinq collaborations. Il faut profiter du talent de ce conteur-né et de cette rétrospective programmant son rare premier long, Crazy Day (1978) les 14 et 17 janvier, où il était (déjà) question de rock, de teenagers et de nostalgie. Vincent Raymond

LE FILM DU MOIS

Le Dossier Maldoror de Fabrice du Welz

De Fabrice du Welz, on a toujours apprécié l’art de filmer l’obstination jusqu’à la folie depuis son fondateur Calvaire (2004), montrant que derrière les plus inoffensives apparences pouvaient se cacher les pires perversités. Portait-il déjà Maldoror en germe à cette époque ? Œuvre monstre à bien des égards, ce polar revisite par la fiction l’effroyable traumatisme sociétal belge des années 1990, l’affaire Dutroux, dans une épopée à la fois synthétique et cathartique. Sur fond de guerre des polices, on y suit le parcours désespéré d’un jeune gendarme (Anthony Bajon, qui ne cesse d’étonner) sacrifiant famille et carrière, luttant contre une hiérarchie ambitieuse pour retrouver de jeunes disparues victimes d’un réseau pédocriminel. Âpre et poisseux, ce voyage dans les tréfonds de l’âme humaine, non exempt d’accents élégiaques rappelant The Deer Hunter, réunit une distribution de fidèles du réalisateur. Et prouve, s’il le fallait encore, le primat du cinéma sur les séries télé. V.

Infos

Gaïa Bellugi, Alexis Manenti, Sergi López… Sortie le 15 janvier.

Mutoscope

Petit frère, version courtmétrage, d’Hallucinations

Collectives, Mutoscope ouvre l’an par un cortège d’œuvres mutantes sublimant le cinéma de genre. Sept séances compétitives, plus une clôture dédiée aux films de Maya Deren, éblouiront le public du Comœdia du 10 au 12 janvier. Reprise du palmarès le 14.

Un poing c’est court

Déjà un quart de siècle d’existence et une énergie intacte ! Le festival vaudais de courtsmétrages réinvestit le cinéma

Les Amphis, du 17 au 25 janvier, avec sa compétition et sa foule de temps forts dont la carte blanche en ouverture, l’hommage (Paulin Soumanou Vieyra, le 20) ou la nuit du Court (le 24).

Festival Télérama

Le meilleur de 2024 à 4 euros la place : c’est le principe du Festival Télérama proposant, du 22 au 28 janvier, sa sélection de 16 films et 5 avant-premières. À Lyon, on ira notamment au Lumière Bellecour, à la Fourmi ou au Comœdia pour (re)voir

Emilia Pérez, The Apprentice ou Le Comte de Monte-Cristoentre autres.

Le Dossier Maldoror de Fabrice du Welz.
Avec Anthony Bajon, Alba
© SOFIE GHEYSENS
© DR
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© DR

Streaming

APPLE TV+

Severance

La claque télévisuelle de 2022 est enfin de retour. Cette série réalisée par Ben Stiller est rapidement devenue culte, et les trois ans passés à attendre la saison 2 des investigations de Mark Scout (brillant Adam Scott) ont été un calvaire. Au travail, cet employé de Lumon Industries n’a aucun souvenir de sa vie à l’extérieur, et vice-versa. Un deal censé protéger son entreprise d’éventuelles fuites, mais qui cache évidemment un complot d’une plus grande ampleur. Disponible le 17 janvier.

MUBI

Memories of Murder

Mubi sait toujours rebondir sur les sorties en salle. En plus de faire écho au dernier Schrader en date Oh, Canada en diffusant son biopic Mishima dès le 14 janvier, la plateforme nous régale en accompagnant la sortie du nouveau Bong Joon-ho (Mickey 17) par la programmation de son fondateur Memories of Murder. Ce thriller inspiré de la traque d’un serial killer coréen, avait révélé au monde entier le futur réalisateur de Parasite et son interprète, Song Kang-ho. Un must ! V. R. À partir du 24 janvier.

FILMO

Chinas

Repéré au SSIF, prix du jury jeune au Festival du cinéma espagnol de Nantes, Chinas est le troisième long de fiction de Arantxa Echevarría, qui avait convaincu en 2018 avec Carmen & Lola, histoire d’amour et d’émancipation de deux ados de la communauté gitane, encore visible sur Filmo. La réalisatrice met en scène ici deux fillettes d’origine chinoise (l’une enfant d’immigrés, l’autre adoptée) éprouvant des sentiments différents vis-à-vis de leur identité respective. V. R. À partir du 9 janvier.

ARTE

Lost in California

Mathieu Rochet est de retour : le journaliste rap, stand-upeur et, ici, réalisateur signe une seconde saison de son docufiction, après la très réussie première mouture Lost in Traplanta, où il suivait la trace d’Outkast. Voici cette fois l’enquêteur Larry à Los Angeles, toujours interprété par l’humoriste belge Kody Kim, qui explore les tréfonds de l’histoire du hip-hop californien. Cinq épisodes de 15 minutes au fil desquels vous croiserez la route de NWA et de collaborateurs de Dr Dre. S.B. Disponible.

En famille

Ouvre…

Je suis un chien !

rencontres

Mer 29 janvier –

Sam 1er février 2025

INSTITUT LUMIÈRE, LYON

Flammarion a eu la délicieuse idée de rééditer un magnifique ouvrage (paru une première fois en France en 1999) pour les enfants signé Art Spiegelman, dont on oublie parfois que s’il est un auteur de comics pour adultes absolument génial (Maus, première BD à obtenir le prix Pulitzer en 1992, en témoigne), il est aussi un auteur pour la jeunesse. Ouvre… Je suis un chien ! conte l’histoire d’un chiot turbulent, parti à la poursuite d’un lapin motorisé mais se perdant dans une forêt enchantée, devenant la cible de divers sortilèges l’amenant à finir en forme de livre, mais gardant son âme de chien. Tout - l’histoire, le dessin, l’objet-livre en lui-même avec ce velours incitant à la caresse - est parfait dans cet ouvrage qui rendra joyeux vos enfants.

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Art Spiegelman, Ouvre… Je suis un chien ! (Flammarion, 14,90 €)

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INSTITUT LUMIÈRE, LYON, FRANCE

L’entretien

Nicolas Droin : « Montrer que nous sommes un lieu de musique, mais aussi de culture »

Un an après sa prise de fonction à la tête de l’Auditorium et de l’Orchestre National de Lyon en remplacement d’Aline SamGiao, Nicolas Droin dresse un premier bilan et évoque les perspectives futures d’une noble maison fêtant en 2025 ses cinquante ans d’existence.

Propos recueillis par Sébastien Broquet

• Quel bilan tirez-vous de vos premiers mois à la tête de cette institution qu’est l’Auditorium ?

Ça fait pile un an que je suis arrivé : le bilan est plus que positif. Je m’en doutais, j’ai de la famille à Lyon, je venais constamment les voir ici et je connaissais donc la ville, l’Auditorium, Aline (l’ancienne directrice, ndlr). Je ne peux que confirmer l’idée très positive que je me faisais de cette maison. La maison en question comporte deux piliers. Bien sûr, l’orchestre : l’un des plus grands en dehors de Paris, d’un niveau artistique d’une qualité assez incroyable. Nous venons de sortir un nouveau disque sur Strauss et un très bon journal de Vienne vient de nous encenser. Se faire complimenter par un média de là-bas sur Strauss, en tant que Français, c’est pas mal !

Et ce bâtiment extraordinaire qu’est l’Auditorium ! Les Lyonnais et les Lyonnaises l’oublient peut-être : ça a été pendant très longtemps la plus grande salle en France de musique classique. Depuis l’ouverture de la Philharmonie de Paris il y a 10 ans, c’est la deuxième plus grande salle du pays avec 230 000 visiteurs par an et, certes, cette architecture marquante. On aura avec ce geste architectural la même approche qu’avec Beaubourg à Paris : ça a pu déconcerter pendant des années et ensuite, c’est devenu iconique. Cette architecture a de grandes qualités : la salle est très belle avec ses 2 100 places ayant toutes une très bonne visibilité, une très bonne acoustique. Lyon doit être fière de l’Auditorium.

• Pensez-vous que son image puisse s’améliorer ?

Quand j’ai été nommé, tout le monde a cru que j’allais à l’Opéra ! Beaucoup de Lyonnais n’ont pas encore totalement identifié l’Auditorium. C’est lié à un parti-pris : la façade n’est pas sur la rue. On voit l’arrière, on se demande ce que c’est… C’est une architecture qui ne se décode pas facilement. Oui, on peut améliorer les choses : je prends ça comme un défi. C’est in-

© JULIEN BENHAMOU

téressant, comment au bout de cinquante ans continuer à donner un éclat et aider à mieux identifier ce lieu ? C’est pour ça que l’on veut que ce bâtiment réponde présent pour tous les grands moments de la ville de Lyon. Pour la première fois cette année, on a accueilli une œuvre pour la Fête des Lumières.

• Que souhaitez-vous amener ou changer pour apposer votre empreinte ? Je voudrais saluer le travail des équipes. Quand je suis arrivé, on a expérimenté beaucoup de choses. Par exemple, on a de plus en plus d’expositions dans nos espaces publics. Le musée d’Art contemporain nous prête des œuvres, souvent en lien avec notre programmation, comme en ce moment autour du thème « Amérique ». On a aussi proposé une conférence littéraire sur ce thème avec la Villa Gillet. Tout ça pour montrer que, bien sûr, nous sommes un lieu de musique, mais aussi de culture. Ça va continuer. Dans le cadre du cinquantième anniversaire, on va proposer une grande exposition sur la genèse de ce lieu. Cinquante ans, ce n’est pas si vieux, beaucoup d’abonnés sont venus me voir en me disant qu’ils étaient là pour le premier concert. Il s’agit pour nous de mettre en valeur ceux qui ont fait ce lieu. On va recueillir les souvenirs, c’est du patrimoine impalpable : comment les gens ont vécu ces premiers jours ? Plus que jamais, nous voulons ouvrir l’Auditorium toute la journée. On va pouvoir s’appuyer sur la salle Proton-de-la-Chapelle qui a été inaugurée il y a quelques semaines. Elle va permettre de proposer des choses plus petites : jeune public, scolaire, conférences, des moments de musique de chambre ou contemporaine, des musiques plus exploratoires pour qui la salle de 2 100 places serait trop grande. Elle va nous permettre d’aller plus loin sur l’ouverture aux répertoires, aux formes artistiques différentes et sur l’amplitude horaire.

• Les ateliers pour les enfants ou d’éveil pour les bébés sont perpétuellement complets…

On est victime de notre succès ! Effectivement, ces ateliers, quelques jours après leur mise en vente, sont déjà complets. On va continuer à les développer, oui, mais de deux manières : on a cette salle qui nous permettra d’en faire plus sur le site de l’Auditorium. Mais nous voudrions aussi aller au contact d’autres Lyonnais, plus éloignés, nous sommes en train d’évoquer la possibilité de faire des ateliers dans d’autres salles de la ville. En particulier pour ceux avec les plus petits : c’est plus pratique que ce soit à proximité des habitants. Cette saison, nous avons lancé des collaborations avec le Palais de la Mutualité, nous avons participé à la réouverture de la salle Molière, aussi bien avec de la musique de chambre mais bientôt aussi avec des propositions jeune public, nous sommes présents dans un certain nombre de musées, comme le MAC et le musée des Beaux-arts : tout ceci va être renforcé.

• C’est un moyen de faire rayonner et connaître l’Auditorium, le « hors-les-murs » ?

On a l’Auditorium et l’Orchestre National de Lyon. Transporter l’Auditorium, évidemment, c’est compliqué. Mais que les musiciens qui habitent ce lieu puissent se projeter ailleurs sur le territoire, oui évidemment, c’est possible. Eux-mêmes portent une partie de notre image et l’on joue pleinement sur cette double capacité. L’ONL va proposer un certain nombre de projets partout dans Lyon. On a cette chance incroyable à Lyon d’avoir cet orchestre.

• Quel regard portez-vous sur l’écosystème culturel à Lyon ?

« À Lyon, il y a une vraie entente entre les institutions, une volonté de coopérer, d’aller parler à tous les publics. »

Cet écosystème est particulièrement intéressant. On a la chance d’avoir la bonne taille : des acteurs culturels de très haut niveau, bien évidemment je pense à nos collègues de l’Opéra, il y a la Trinité qui ouvre aussi. Dans le théâtre, Lyon ne manque pas de salles dirigées par des gens extrêmement talentueux, comme Pierre-Yves Lenoir ou Jean Bellorini - j’inclus Villeurbanne. On a les deux Biennales, les musées, les Nuits de Fourvière, Nuits sonores : une concentration d’acteurs de très haut niveau. C’est intéressant car on peut envisager des collaborations entre nous. L’offre est

L’entretien

variée et de niveau international. Moi qui viens de Paris, je m’en excuse presque maintenant, je vois que l’on a suffisamment d’acteurs avec qui réfléchir - je pense aussi aux Subs –et, en même temps, on n’est pas perdu dans une immense ville où il y aurait tellement d’acteurs que ça ne serait même pas intéressant d’aller coopérer. J’avais parfois ce sentiment à Paris où vous êtes toujours un petit poucet quoi que vous fassiez. Ici, il y a une vraie entente entre les institutions, une volonté de coopérer, d’aller parler à tous les publics.

• Vous avez évoqué l’Opéra, disant qu’il était important d’avoir deux acteurs de haut niveau sur la musique classique. Il a pu être évoqué en coulisses - sans que rien ne soit lancé - que pour faire des économies, il faudrait peut-être fusionner les deux orchestres en prenant l’exemple de Leipzig : l’orchestre du Gewandhaus assure aussi les concerts à l’Opéra de Leipzig.

On ne m’en a jamais parlé et ce n’est pas mon projet. Est-ce que les deux maisons ont un public ? À l’évidence, oui. Est-ce qu’elles ont un projet artistique fort ? À l’évidence, oui. Aller toucher des structures artistiques qui marchent bien, avec une vision de fusion… c’est très dangereux. Je salue le travail de l’Opéra, notre complémentarité est intéressante car nous sommes sur deux genres très différents. Oui, on essaye tous les deux d’amener le public vers la musique classique. C’est passionnant ! Chacun va avoir son approche et on va se compléter. Demandez à des chefs d’entreprise si la fusion est la réponse à tout : vous verrez que ce n’est pas si simple. Quel projet artistique pour quel public et pour quel territoire ? C’est ça la question. Et toujours faire attention quand on touche à quelque chose qui marche : les concerts de l’Orchestre, c’est un taux de remplissage de 95 % ! On est dans un environnement économique excessivement difficile. Bien évidemment, je comprends des élus qui ont la responsabilité de la meilleure utilisation possible des fonds publics et peuvent se poser la question d’économies. Dans nos structures, nous avons une obligation de bonne gestion, encore plus qu’ailleurs,

car c’est de l’argent public. Que l’on puisse rapprocher des structures pour faire des économies, on peut regarder. Mais l’Opéra de Lyon a une très belle image, l’ONL a un remplissage incroyable ! Nous faisons 160 concerts par an et l’activité de cette salle ne coûte pas d’argent à la Ville : au contraire, l’Auditorium et l’ONL ont une telle billetterie - bien sûr la Ville est le principal financeur - que l’orchestre lui-même génère un flux financier très loin d’être négligeable et qui aide à la vie de la maison. Il n’y a que quelques orchestres en France, et peutêtre même en Europe, qui ont cette capacité. Notre activité n’est pas déficitaire. Tout ce que l’on fait ici, on arrive à faire en sorte que ça ne coûte pas : il faut faire très attention à garder ça. Il vaut mieux optimiser quelque chose qui marche que tout casser et tout rebâtir.

• Comment relier les mondes des musiques amateures et l’excellence de l’ONL ?

On doit les relier. J’ai la vision d’une pyramide : des professionnels qui, depuis 20 ou 30 ans, travaillent tous les jours pour avoir un niveau incroyable, de niveau international. C’est la pointe de la pyramide. Mais elle n’existe pas si vous n’avez pas des gens qui ont une approche plus amateure. Nous sommes très heureux d’avoir ici un travail constant avec les amateurs, avec l’orchestre de la Part-Dieu qui est un orchestre coaché par les musiciens de l’ONL. Et on a également le chœur de la Part-Dieu. Et bien sûr, l'orchestre Démos avec les enfants, qui est extrêmement important et va être relancé en ce mois de janvier.

• Un énorme succès, l’orchestre Démos ! Voilà. Naturellement, ces amateurs jouissent de la proximité des professionnels. Et dans l’autre sens, les professionnels trouvent aussi quelque chose dans cette proximité avec les amateurs. Les deux se parlent. J’engage tout le monde à venir à notre concert participatif en juin : l’ONL est sur le plateau, plein d’amateurs entrent dans la salle avec leurs instruments et leurs partitions, on répète tous ensemble. Le chef se tourne et il dirige la salle en même temps que l’Orchestre joue : c’est le symbole de cette symbiose.

• Un disque de l’ONL vient de paraître… Nous avons démarré une collaboration avec Channel Classics, une grande marque anglaise, avec l’idée d’enregistrer les grands poèmes symphoniques de Strauss. Là, c’est le Don Quichotte. Nous voulons à chaque fois proposer un contrepoint, soit avec une œuvre française à peu près de la même époque, ou alors une œuvre contemporaine que l’on mettra en regard. C’est une manière de montrer l’éclectisme du répertoire de la maison. Avec certes la force du répertoire allemand - nous sommes l’un des très rares orchestres en France à pouvoir aborder ce répertoire tout en étant encensé par les critiques -, mais aussi montrer que nous avons ces attaches avec la musique française qui reste dans notre ADN et avec la musique contemporaine. Bien sûr, nous allons enregistrer la Fantastique. Ça sortira à la fin de l’été 2025. Mais il faut aussi faire découvrir d’autres pièces : c’est notre idée avec cette collection qui se poursuivra pendant quatre ou cinq années.

• Organiser des concerts de musique pop, pourquoi ? N’est-ce pas une concurrence vis-à-vis de salles de concerts dédiées à ce style ?

Ça a été fait avant mon arrivée et je souhaite continuer. Je désire que l’Auditorium soit perçu comme un lieu de musique, certes avec l’ONL, mais aussi avec beaucoup d’autres artistes, ils sont les bienvenus et souvent on peut faire des collaborations, comme avec Souad Massi. On va le maintenir. C’est très important pour qu’il y ait plusieurs

L’intégralité de l’entretien est à retrouver sur

portes d’entrées : la moitié du temps c’est l’Orchestre, mais c’est aussi du jazz, de la pop, des musiques actuelles, des ciné-concerts…

On a une proposition extrêmement variée et c’est important de garder ceci. Cette variété est source de renouvellement de public. Estce que l’on fait concurrence ? Je ne pense pas. On remplit une case différente. Les salles de musiques actuelles sont plus petites, elles ont des propositions différentes avec des artistes en devenir. Ou alors, ce sont les énormes salles comme la Halle Tony Garnier et l’Arena. Nous sommes entre les deux, avec des noms connus ou bien des gens qui pourraient faire des Arena, mais souhaitent une approche plus qualitative. Notre offre est complémentaire.

• Vous-même, d’où venez-vous artistiquement ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je suis un Parisien né à Marseille. J’ai passé mon enfance en Afrique : Maroc, Togo, Sénégal. D’où, chez moi, un éclectisme de goûts, un profond respect des autres cultures parce que j’ai moi-même habité ailleurs. Je ne suis pas musicien, mais j’ai eu la chance de rencontrer de très grands musiciens, très jeune, quand j’étais étudiant et de redécouvrir la musique. Vous n’avez pas besoin d’avoir fait du piano dès 3 ans pour aimer cette musique. Je suis façonné par l’idée que l’on peut à tout moment la découvrir ou redécouvrir et c’est pour ça que nous devons ouvrir toutes les portes possibles. Nous devons à tout moment donner au public la possibilité de s’émanciper.

Expositions

Francisco de Zurbarán, Saint-François d'Assise, 1636.

Huile sur toile, H. 209 ; L. 110 cm.

Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Francisco de Zurbarán Créateur d’icône

Trois Saint-François d’Assise de la main de Zurbaràn réunis, c’est déjà un événement. Exposés et racontés au mitan d’un parcours intelligemment agencé, ça nous offre l’une des meilleures expositions de la décennie à Lyon.

«L’histoire du Saint-François d’Assise de Zurbarán est consubstantielle de celle du musée des Beaux-arts de Lyon », insiste Ludmila Virassamynaïken, la commissaire, au cours d’une visite de cette nouvelle exposition qui, divulgâchons-le d’emblée, est l’une des plus fascinantes et intelligentes vues ces dernières années par ici. Parce qu’elle met en scène un chef d’œuvre, bien sûr, qui fût peint en 1636 et se révèle le pivot de toute cette exposition. Mais n’oublions pas que nous pouvions le voir, ce SaintFrançois d’Assise, puisqu’il est l’une des premières pièces acquises par le musée quatre ans après son ouverture, en 1807, alors que Zurbaràn (1590-1664) était bien loin d’avoir la notoriété qui est la sienne aujourd’hui. Et c’est là où l’intelligence du parcours, comme de la structure de l’exposition, fait la différence. Ce n’est évidemment pas une rétrospective autour de l’œuvre du peintre espagnol du

Siècle d’Or et ami de Velàzquez. Ce n’est pas non plus un assemblage disparate d’œuvres récentes pour maquiller un vide et encadrer l’œuvre centrale comme on le voit parfois. Il s’agit d’un storytelling savamment conté qui nous emmène de la prémonition à la révélation d’un chef d’œuvre dans l’imaginaire collectif et dans celui des autres artistes.

La restauration - financée par l’association des amis du musée - faite pour cette exposition a permis de redécouvrir un pied. On a redécouvert aussi une niche. L’œuvre resplendit aux côtés de ses jumelles venues du Museu Nacional d’Art de Catalunya de Barcelone et celle du Museum of Fine Arts de Boston. C’est la première fois que ces trois peintures de Saint-François d’Assise, mort mais d’apparence vivante, tel qu’il a été découvert par le pape Nicolas V en 1449, dit la légende, sont réunies dans une même pièce. Attention au syndrôme de Stendhal ! Sébastien Broquet

Infos

Zurbaràn, réinventer un chef d’œuvre Jusqu’au dimanche 2 mars 2025. Musée des Beaux-arts, Lyon 1. De 0 à 12 €.

Pompéi

un voyage immersif au cœur de l’Antiquité

Découvrez la vie quotidienne à Pompéi, avant l’éruption du Vésuve, grâce à cette exposition immersive et imaginée avec le musée Galilée de Florence et le musée archéologique de Naples. Objets authentiques, reconstitutions 3D et parcours sonore vous plongeront au premier siècle de notre ère. Les visiteurs suivent l’histoire de Caius, un jeune Pompéien envoyé à Misène par son père après un premier tremblement de terre. Ce témoin fictif, mais évocateur, permet d’incarner le quotidien des habitants de l’époque. L’exposition ne se limite pas à l’événement tragique. Elle met en lumière les prouesses techniques et les pratiques agricoles de Pompéi. Une expérience onéreuse, mais plutôt bien pensée et idéale pour toute la famille. A. A.

Infos

Jusqu’au 27 juillet 2025, du mardi au dimanche, de 10h à 18h. La Sucrière, Lyon 2, 18,90 euros.

théâtre théo argence

HÂL, BALLADES AMOUREUSES

CHEMIRANI QUARTET

Sam. 1er février 2025

LE VERTIGE DE L’ENVERS L’ENVOLÉE CIRQUE

Mer. 5 février 2025

LE GRAND HUIT

TARTINE REVERDY

Sam. 15 février 2025

CLAIRE CHAZAL

Jeu. 20 février 2025

LE POINT VIRGULE FAIT SA TOURNÉE

Sam. 22 mars 2025

LE PETIT PRINCE LA SCALA

Sam. 29 mars 2025

JEAN-FRANÇOIS ZYGEL

Jeu. 3 avril 2025

TO LIKE OR NOT CIE EX VOTO À LA LUNE

Mar. 8 avril 2025

OLIVIA RUIZ

Ven. 11 avril 2025

Expositions

Jean Jullien

La nouvelle exposition de Jean Jullien, artiste résidant à Paris et repéré internationalement - il vient de bénéficier d’une rétrospective à Séoul -, invite au voyage. Maritime, le voyage ! Illustrateur reconnu, peintre réputé, photographe averti, le natif de Nantes investit la toujours avisée galerie Slika avec des toiles, des dessins sur les murs et même un bateau en forme d’installation, dévoilant et son univers, et ce récit d’une virée menant de sa Bretagne natale à la Méditerranée, explorant les côtes de la France, la Grèce, l’Italie. Il y a de la beauté intemporelle, de l’humour badin et la mer, omniprésente dans les peintures, au fil de cette exposition.

Infos

Jusqu’au 18 janvier. Galerie Slika, Lyon 2. Gratuit.

Pac-Man de Toru Iwatani

Un jeu vidéo est-il une œuvre d’art ? Oui, sans conteste. C’est l’idée des Subs qui renouvellent pour la seconde fois leur événement Sauve qui peut la vie en ce début d’année, présentant vingt jeux vidéos dans une « exposition immersive » - ces jeux sélectionnés par le collectif lyonnais Sous les néons (qui co-programme ce rendez-vous) seront en accès libre. Parmi ceux-ci - tous liés à l’alimentation et la nourriture, thème de cette édition - figure l’illustre Pac-Man, initialement créé par Toru Iwatani en 1980, emblématique de la première génération de jeux d’arcade, dont le succès ne s’est jamais démenti depuis. Une version développée par Bandal Nemco de cette madeleine de Proust des gamers, sera ainsi mise à disposition. On parie que ce sera l’un des plus choyés lors de cette expo prenant place aux Subs du 29 janvier au 16 février.

ZOOM SUR UNE ŒUVRE

Conférences & ateliers

Visite guidée de l’Opéra

17 étages, une sublime restauration signée Nouvel en 1993, mariant l’ancien et le moderne, et en clou du spectacle, la vue depuis le studio du ballet : c’est possible grâce aux visites commentées. Dix dates proposées en janvier. Opéra de Lyon, Lyon 1. 12 €.

De l’ombre à la lumière

Cet atelier parent-enfant (4 à 6 ans) permet la fabrication d’une marionnette, après observation et avant sa manipulation au sein d’un théâtre d’ombres. Le 15 janvier à 15h30. Musée Gadagne, Lyon 5. 4 € par enfant, gratuit pour l’accompagnateur.

L’autrice espagnole vient présenter son livre Give it to me, sexe, femmes, musique. Tatoueuse et illustratrice, elle porte dans cet essai dessiné un regard lesbien et féministe sur l’histoire de la musique. Le 23 janvier à 18h30. Hôtel71, Lyon 2. Gratuit.

Il a marqué le rap français au sein d’Assassin ou avec la compilation La Haine - Musiques inspirées du film. Danseur, acteur, DJ, ce sont mille vies qu’il raconte dans Note mon nom sur ta liste. Le 10 janvier à 18h. Fnac Bellecour, Lyon 2. Gratuit.

En semi-résidence à l’Opéra, le saxophoniste distille concerts et conférences musicales. Nous vous conseillons Et le cinéma dans tout ça ?, où il relate l’intime relation entre jazz et cinéma. Le 16 janvier à 19h. Opéra de Lyon, Lyon 1. De 12 à 15 €.

La voix chaude, qui berce les auditeurs de France Inter dans Very Good Trip, a transposé son concept radio en livres réjouissants, qui après un premier volume autobiographique se décline en thématiques. Le 30 janvier à 18h30. Hôtel71, Lyon 2. Gratuit.

Raphaël Imbert
Michka

Infos

L’art de ne pas dire

Les 8 et jeudi 9 janvier à 20h30. Radiant-Bellevue, Caluire. De 19 à 39 €.

Indestructible, luttes et vieille bagnole

Manon Worms et Hakim Bah ont fusionné leurs sensibilités pour imaginer cette fiction documentée où se croisent, à la fin des années 1960, les histoires des travailleurs immigrés et celles des établis (ces militants de gauche ayant lâché leurs études pour mener la révolution dans les usines). Inspirée du livre de Robert Linhart, la pièce mêle mémoire ouvrière et réflexions politiques autour d’un objet symbolique et icône robuste de cette époque industrielle : la Peugeot 504, alors surnommée « l’Indestructible » (que l’autrice Sabrina Bakir Rio célèbre dans son livre 504). Une pièce qui promet d’éclairer les débats contemporains sur l’intégration, le travail, les luttes sociales et la mémoire postcoloniale. L. G.

Viktorovitch, fausse conférence, vrai discours

Clément Viktorovitch n’est pas novice dans l’art de déconstruire le langage politique. Après avoir publié Le Pouvoir Rhétorique et être devenu le roi de la vulgarisation dans les médias, il s’aventure pour la première fois sur les planches. Dans ce projet pensé pour résonner jusqu’à l’échéance présidentielle de 2027, il transmet des outils pour analyser les discours politiques de nos décideurs et incarne aussi une critique incisive des dérives communicationnelles actuelles. Et c’est en campant le personnage d’un conseiller déchu du président de la République, qu’il déroule une conférence fictive dans laquelle tous les secrets du pouvoir sont dévoilés. Que reste-t-il de la démocratie quand les mots n’ont plus de sens ? Réponse sur scène. L. G.

Infos

Indestructible

Du 8 au 18 janvier. Les Célestins (Célestine), Lyon 2. De 8 à 26 €.

© MATHILDE DELAHAYE
© SARAH JOCTEUR

George de Molière, bêêêêh-te à manger Dandin

Le théâtre classique : ennuyeux et poussiéreux ? Certainement pas avec la Clinic Orgasm Society (COS), qui réinvente le George Dandin de Molière dans une farce créative dont les costumes seuls suffisent à nous convaincre (des bergères buissons, un troupeau de moutons pas si con...).

Le texte, fidèle à ses rimes d’origine, se confond à une mise en scène punk et déjantée pour offrir une satire acerbe des rapports de domination sociale. Cette relecture iconoclaste, sacrée meilleur spectacle par le prix Maeterlinck en 2022, récolte les louanges depuis plusieurs années. Pour pénétrer davantage ce monde loufoque, une visite tactile des décors et costumes est prévue le 30 janvier pour les personnes aveugles, malvoyantes et les autres. L. G.

George de Molière

Du 28 janvier au 1er février, horaires variables. Théâtre de la Croix Rousse, Lyon 1.

De 6 à 29 €.

Toxxic

Jennifer Gold et Antoine Briot présenteront aux Subs, le 23 janvier, leur pièce en création, Toxxic : une plongée immersive aux frontières du réel et du virtuel convoquant le corps et l’esprit...

Propos recueillis par Louise Grossen

• Comment est née l’idée de Toxxic ?

J. G. : Nous nous sommes rencontrés sur Daddy, une pièce (de Marion Siéfert, ndlr) où j’étais comédienne et danseuse et Antoine s’occupait de la création vidéo. Ce projet explorait la domination masculine, le métaverse et les jeux vidéo.

A. B. : Je viens des arts numériques et sonores, et j’ai toujours vu des parallèles entre l’espace virtuel des jeux vidéo et la scène théâtrale.

• Jennifer n’est pas tout à fait seule en scène...

J. G. : On raconte l’histoire d’une jeune danseuse qui n’arrive pas à vivre de son art et se tourne vers le métaverse pour incarner des avatars sur commande. Son métier ? Réaliser les fantasmes des utilisateurs.

A. B. : On questionne les métaverses comme des espaces d’expression et d’aliénation, où chacun peut projeter ses désirs, réparer des manques ou se perdre. L’idée est de mettre en lumière la frontière floue entre le réel et le virtuel, notamment à travers le corps.

• Quelles spécificités technologiques au sein de Toxxic ?

A. B. : Nous recréons un espace virtuel dans lequel on va pouvoir interagir, on est une sorte de mini studio de jeu vidéo. Chaque représentation est interactive et en direct.

J. G. : Le numérique devient un prolongement du corps, mais soulève aussi des questions éthiques sur ce que cela signifie d’incarner les désirs d’autrui.

© ANOEK LUYTEN

Humour

Passage de flambeau

« Les humoristes avec lesquels je pars en tournée, c’est le futur de demain, sans déconner », affirme Jamel Debbouze sur son compte Insta. Sans disserter sur la conformité de l’expression « Le futur de demain » (vous avez quatre heures), l’essentiel est là : la star a regroupé douze de ses meilleurs poulains passés par son Comedy Club parisien pour sillonner la France. Ces noms, aujourd’hui bien identifiés dans le paysage humoristique français, sont notre fierté locale : Julien Santin (entre nous, l’élève a déjà dépassé le maître, non ?), la géniale Doully, la piquante Marine Leonardi, Farid Chamekh, Félix Dhjan, Nash ou Rey Mendes pour n’en citer qu’une partie. Il y a fort à parier qu’on va se poiler. L. G.

Infos

Jamel Comedy Club

Le 15 janvier à 20h.

Halle Tony Garnier, Lyon 7. À partir de 42 €.

Amandine Lourdel, joli

bordel

Celles et ceux qui n’auront pas entendu sa voix de rogomme à la radio auront peut-être vu passer ses vidéos hilarantes sur Instagram : derrière un bar, qui n’est manifestement pas le sien, la comédienne au 131 000 followers astique la vaisselle à mesure qu’elle enchaîne les blagues comme autant de réflexions philo-comiques dans ses « brèves de conteuse ». La fausse tenancière ne fait pas dans la sobriété oratoire, et c’est toujours réussi. À 36 ans et demi, celle dont « la trace d’oreiller s’est installée définitivement » sur le visage, a même songé à « la faciale de poisson pour rajeunir ». Elle débarque enfin à Lyon après de nombreux prix gagnés en festivals. On aurait tort de louper ça. L. G.

Infos

Renversée

Le 23 janvier à 20h30. Complexe du Rire, Lyon 1.

Big up au Big White

Le Big Comedy club, ce plateau hebdomadaire d’humoristes installé dans la cave du Big White (Vieux-Lyon), ne cesse de grandir, et c’est amplement mérité, puisqu’il s’affaire tous les lundis à livrer une programmation équilibrée et engagée, conviant sept ou huit artistes aux univers souvent complémentaires. Véritables dénicheurs de talents, les deux compères à la tête du projet - Rémy Sojah et Jacob - animent ces soirées découvertes en s’octroyant toujours un moment de gloire sur scène pour tester leurs meilleures blagues. Une excellente façon de découvrir la crème de la scène locale et nationale autour d’une bière, histoire de se féliciter d’avoir survécu au lundi. L’entrée se fait sur conso, la sortie au chapeau. L. G.

Le Big Comedy club
Tous les lundis.
Big White, Lyon 5. Au chapeau.

Danse & Cirque

DANSE

Leïla Ka

La grande sœur de Zaho de Sagazan présente Maldonne, sa première grande chorégraphie (créée en 2003) après trois courtes pièces l’ayant propulsée sous le feu des projecteurs. Dans Maldonne, Leïla Ka, révélation de la danse contemporaine, explore le féminin au son de Leonard Cohen et Vivaldi, avec cinq interprètes se jouant des couleurs et des carcans pour mieux s’épanouir. À voir aussi en version court-métrage sur Arte.

Le 8 janvier à 19h30 et le 9 janvier à 20h30. Maison de la Danse, Lyon 8.

De 13 à 32 €.

CIRQUE

L’envol de la fourmi

La vie des poules passée au filtre d’un clown qui voudrait voler : on pourrait résumer par cette baseline ce spectacle de cirque de la Compagnie Au Fil du Vent que l’on aurait aussi pu déplacer dans notre rubrique Famille, puisqu’il est destiné aux enfants (dès 3 ans) comme aux adultes. Funambulisme, humour, poésie : tout est réuni pour faire voyager et réfléchir à notre condition humaine, au sein de cette création aussi légère que profonde.

Le 26 janvier à 15h30. Théâtre de Vénissieux. De 5 à 8 €.

DANSE

Rocio Molina

Rocio Molina entame avec Inicio (Uno) une étude autour de la guitare. Elle dialogue dans un duo musical avec Rafael Riqueni, qui compose et interprète toutes les musiques originales - il est considéré comme l’un des plus grands de l’histoire du flamenco. Et son instrument emblématique est placé au centre l’attention, tandis que la chorégraphe déploie des mouvements augurant d’une grande complicité entre le corps et l’instrument.

Le 29 janvier à 19h30.

Maison de la Danse, Lyon 8.

De 13 à 40 €.

PERFORMANCE

Akène Lenoir & Marco Mary

Les Subs sortent de leur belle enceinte pour aller à la rencontre d’un autre public à la Maison des Étudiants, proposant ce spectacle réunissant l’art de la performance, la danse et la sociologie. Akène Lenoir est danseur et chorégraphe, quand Marco Mary est lui sociologue et danseur. Tous deux se réunissent pour interroger « les dynamiques sociales qui façonnent l’univers de la danse ». Intrigant et intéressant.

Le 20 janvier à 18h30, le 22 janvier à 19h. Maison des Étudiants, Lyon 7. Gratuit.

Shane MacGowan Vie et mort d’un poète punk

Un an après le décès de Shane MacGowan, la biographie du chanteur des Pogues est enfin disponible en français. Le journaliste Richard Balls y conte au plus près un homme un peu défait, crooner alternatif et immense poète du rock britannique. Un petit must.

Shane MacGowan nous a quittés il y a un peu plus d’un an, le 30 novembre 2023, à l’âge pas si canonique de 66 ans. Un beau score, néanmoins, si l’on considère tout ce que « le légendaire chanteur des Pogues » s’est mis dans le cornet depuis l’enfance. MacGowan, c’était d’abord une dialectique physique : une trogne essentiellement digressive (chez lui, tout était en biais), faite essentiellement d’excroissances (oreilles, nez) et de soustractions (dents, menton), qui avait une légère tendance à prendre le pas sur l’essentiel : une sublime voix éraillée, une intelligence et une culture hors-norme, et le génie de la transgression. C’est pourtant bien par là qu’il mena une carrière fantastique avec les Pogues, basée sur une idée force : revisiter la musique traditionnelle irlandaise au prisme de la révolution punk britannique. Né en Irlande, grandi à Londres, mais passant ses étés dans la campagne natale, MacGowan est en effet nourri d’un double atavisme qui fait de ce mariage musical une hybridation naturelle. Richard Balls conte en détails le destin unique de ce petit garçon farceur et choyé, initié très tôt à Joyce et à la bière (à quatre ans, il boit deux Guinness par jour) dont la jeunesse fleurit dans les concerts du Clash et des Sex Pistols ; de cet homme ravagé par les addictions (valium, LSD, alcool,héroïne…) ; de ce crooner, un peu zombie, qui fut aussi l’un des plus grands paroliers de son temps (phénomène littéraire, il remporte un concours national à 13 ans). Un très bel addendum, nourri d’une foule d’entretiens à Crock of Gold, le sensationnel documentaire qui lui avait été consacré il y a quatre ans. Stéphane Duchêne

Le 22 janvier à 19h.

Jean Rolin à L’œil cacodylate

Petit événement à la librairie L’œil cacodylate, avec la venue de Jean Rolin. Attention, ne pas confondre l’intéressé avec son homonyme Jean Rollin (grand réalisateur de nanars vampirico-érotique), ni avec Olivier, son frère écrivain. Il y a peu de risques tant l’œuvre du J est importante. L’auteur de L’Organisation (Prix Médicis 1996) vient présenter Tous passaient sans effroi (P.O.L.) sur les chemins de fuite pyrénéens de la Seconde Guerre mondiale, en écho à la Chanson de Roland revue par de Vigny. S. D.

L’œil cacodylate, Lyon 2. Gratuit.

Culture food

LIVRE

FrançoisRégis Gaudry se livre

Celui qui chaque dimanche régale les papilles comme les oreilles avec son émission On va déguster sur France Inter, vient de publier un nouvel ouvrage : Recettes et récits - Les meilleures recettes sont celles qui se partagent. Ce régional de l’étape - l’ancien critique gastronomique de L’Express est né à Sainte-Foy-lès-Lyon - n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà quelques publications à son actif, qui jusque-là reprenaient le nom de l’émission. Mais, pas de thématique autre que ses coups de cœur, recettes familiales ou issues de ses voyages et rencontres, qu’il agrémente de souvenirs personnels liés à ces plats. François-Régis Gaudry, Recettes et récits - Les meilleures recettes sont celles qui se partagent (Marabout, 35 €)

Goutanous Le goût de la Réunion

Jérôme, avec le concours de sa mère Elisabeth, cuisine sans chichi comme au pays. Une carte déjà rodée avec, en entrées, les samoussas de thon et de poulet, les nems, les accras de morue, les grosses crevettes, les bouchées vapeur, les torpedos, adoucis par un subtil achard de légumes. Suivent les morceaux de bravoure : le carry de poulet, le rougail boucané de saucisse de volaille, le cabri massalé, un massalé de bœuf lentilles et parfois un rougail de vivaneau ou de requin. On peut accompagner ces plats avec une bière Dodo. On termine avec la crème brûlée à la vanille Bourbon, les litchis au sirop et le gâteau de patates douces, relevées au rhum. Encore du rhum, cette fois « arrangé », pour digérer avec bonheur.

Infos

Goutanous, Lyon 3 Ouvert du lundi au samedi.

Musée des Confluences, 10 ans

C’était un boulodrome. Rasé en mai 2005 pour faire place nette au tout nouveau musée des Confluences, qui fête cette année ses 10 ans de succès. Car c’est bien d’une success story dont on parle, le public s’étant approprié immédiatement les lieux et ne cessant d’y revenir.

Oubliée, la petite polémique très habituelle sur l’architecture des lieux, trop moderniste. Enterrée, celle sur le dépassement des coûts - réelle et pas du tout négligeable, presque quatre fois le montant initialement prévu, soit 300 millions d’euros environ au lieu de 61. On sait maintenant que le geste architectural voulu

pour cette institution s’intègre parfaitement dans son environnement, que les collections et expositions présentées, elles aussi aux confluents - des arts, des disciplines, des médias -, ont achevé de convaincre les plus réticents.

Raymond Barre, alors maire de la ville, et Michel Mercier, président du conseil général du Rhône, voulaient un nouveau musée d’envergure, s’inspirant en partie du musée Guggenheim de Bilbao, une œuvre phare de l’architecte Frank Gehry qui a changé le regard sur la ville basque. C’est en 1999 que le conseil général du Rhône confie à Michel Côté – qui, au Canada dont il est originaire, est présenté comme un « créateur de mu-

sées » - la responsabilité de configurer ce projet qui doit prendre la suite du Muséum de Lyon. Il quitte son poste au musée de la Civilisation au Québec, s’y consacre 11 années durant, avant de voir Hélène LafontCouturier, l’actuelle directrice, lui succéder. Les collections du musée Guimet (en juillet 2007, à la fermeture au public des lieux) et du musée colonial de Lyon fermé depuis 1968 doivent rejoindre ce tout nouveau musée des sciences et des sociétés, comme il est alors présenté. La collection d’objets de l’Œuvre de la propagation de la foi dirigée par Pauline Janicot, est aussi versée au futur musée des Confluences qui agrège ainsi plusieurs sources disparates pour nourrir son fonds, ne cessant de s’enrichir, par exemple avec le don de la collection de coiffes d’Antoine de Galbert.

Une création autrichienne

En 2001, est lancé le concours international pour choisir les architectes du projet : ce sont les Autrichiens de Coop Himmelb(l)au qui l’emportent avec leur édifice en trois parties, nommées « nuage », « socle » et ce fameux « cristal », le tout trônant sur une gigantesque dalle en béton consolidée par 536 piles de soutènement. 190 mètres de long, 90 de large, 41 mètres de haut et une découpe splendide, tel un origami se lovant dans l’horizon lorsque l’on se tourne vers le Sud, laissant le Rhône s’écouler dans le dos du musée. Fondée en 1968 par Michael Holzer (rapidement parti), Wolf D. Prix et Helmut Swiczinsky, cette agence basée à Vienne incarne le mouvement déconstructiviste et avait déjà créé l’Akron Art Museum dans l’Ohio, en 2007, et réalisera le Great Egyptian Museum au Caire quelques années plus tard.

En octobre 2006, débute la construction. Retards et coûts supplémentaires commencent à s’additionner, des désaccords se faisant jour entre l’entreprise choisie pour les travaux et les autres protagonistes. Tout s’accélère en 2009 après deux nouveaux appels d'offres et l’arrivée de Vinci. Les Lyonnais et les Lyonnaises découvrent enfin leur nouveau musée le 14 décembre 2014 à 10 heures. Une autre histoire débute alors, loin d’être terminée à ce jour.

Sébastien Broquet

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JANVIER 2025

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