Photo © Fabrice Schiff
DOSSIER CIGARE
SEDAT KARTAL La cape et l’épée
H
omme de réseaux et d’influence, le président de la Chambre de Commerce franco-turque en Auvergne Rhône-Alpes est aussi membre du Cercle Delta Habana. Pour lui, le cigare contribue à rapprocher les hommes.
Dans le fumoir du Diplomatico, Sedat Kartal remonte le temps, un imposant cigare en bouche. De sa naissance à Kayseri, au pied du mont Erciyes, en Capadocce, à son arrivée à Lyon, au début des années 70, à l’âge de huit ans, avec ses parents et ses deux frères, en passant par des étapes intermédiaires à Istanbul et Zurich. Une itinérance juvénile qui explique peut-être (sans doute) son goût prononcé pour les échanges internationaux. « Cela tient aussi à la composition ethnique de la Turquie, une mosaïque de cultures qui favorise une ouverture d’esprit et sur le monde. Bref, après un DEUG d’Histoire et une formation de programmateur informatique, je me suis vite tourné vers le commerce international ». Aujourd’hui encore, Sedat Kartal met sa science des affaires et ses réseaux d’influence au profit des relations francoturques. « J’aide les entreprises régionales à accéder au marché turc, mais je cherche aussi à intégrer par le travail et la réussite professionnelle
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Lyonpeople / Décembre 2016
tous les Français d’origine turque », explique le président de la Chambre de Commerce francoturque Auvergne Rhône-Alpes. Entretemps, le dirigeant du Club d’Affaires franco-turc aura connu bien des aventures professionnelles, dans l’informatique, l’import-export, l’immobilier, le bâtiment et même... l’hôtellerie-restauration. En 2006, Sedat Kartal s’associe en effet à son ami Jacques Champion pour la reprise – à la barre du tribunal de commerce - de La Tour Rose. « A l’origine, on ne voulait que les murs et Nicolas Le Bec devait racheter le fond ». Las. L’ex-chef de la Cour des Loges jette l’éponge et Jacques Champion, « dans un excès d’euphorie », fait main basse sur le mur et le fond. Le début de la galère.
Le cigare, « accélérateur et facilitateur de lien social » Maniaco-dépressif, son associé est bientôt interné. Bon gré mal gré, Sedat Kartal récupère l’encombrant – et ruineux – bébé porté sur les fonts baptismaux par Philippe Chavent. « La première année, on perd 90 000 euros par mois ! Il fallait sauver les meubles, me défaire de ce sparadrap qui me collait aux doigts ! ». Finalement, les murs sont cédés à la
SACVL en 2008, puis l’exploitation à Alain Dinc. Des péripéties qu’il évoque au milieu des volutes de son opulent module, le meilleur des antidépresseurs à ses yeux. « Le cigare est toujours associé à un moment de détente, de partage. J’en ai d’ailleurs toujours deux ou trois sur moi à offrir. Comme le golf, une autre de mes passions, il est prétexte à des rencontres, à la découverte de personnalités que l’on n’aurait pas l’occasion d’approcher. La langue de bois disparaît. C’est un accélérateur et un facilitateur de lien social ». Dans cet esprit, le dirigeant apprécie les apéros partagés autour d’un vieux rhum dans la moiteur de l’été sur sa terrasse de Saint-Didier-au-Montd’Or avec ses amis, Claude Astic, Denis Di Leonardo, Serge Palombi, Christophe Ethore, Franck Hamouilli ou Jean-François Delettre, son vice-président à la Chambre de Commerce franco-turque. « L’hiver, j’aime bien déguster un bon cigare dans ma cave à vins avec une bouteille de Côte-Rôtie ou un grand Bourgogne ». Secrétaire du Cercle Delta Habana Club, il se retrouve aussi chaque mois au Diplomatico pour « fraterniser » et partager quelques agapes avec ses frères épicuriens dans la loge enfumée du quai Saint-Antoine. Un rite bien établi qu’il ne raterait pour rien PA au monde...