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3. Diverses Méthodes émergentes
Aujourd’hui, on comprend qu’il n’est plus vraiment question de tout vouloir goudronner, de changer le cours d’un fleuve, ou encore de raser les arbres qui nous gênent. L’évolution de la pensée architecturale et de notre mauvaise condition climatique revient à remettre la nature en premier plan, tant en sensibilisant, qu’en tentant de la respecter. Mais si cet effort n’est pas encore suffisant, on observe différentes solutions émergentes qui témoignent d’une construction respectueuse du site et leur paysage, touchant le tourisme comme l’habitat.
C’est donc ici qu’un travail de design qui est opéré dans cette optique de moindre impact. L’enjeu de ces architectures est d’user du paysage en tant que lien entre l’édifice construit et la nature qui l’entoure. Parmi les différents concepts que l’on peut observer, outre l’architecture bioclimatique et éco-responsable qui usent de techniques naturelles pour construire mais qui ne font pas toujours formellement l’objet de réelle intégration dans le paysage (A13), on observe une tendance d’intégration parfaite, voir de réel camouflage. En effet, on peut s’appuyer sur bon nombres de références architecturales (A14) dont l’Historial de la Vendée situé au coeur de l’espace naturel de la vallée de la Boulogne . Inspiré du design des musées nord-américain, le but était ici s’enchâsser le bâtiment dans la pente en incorporant à ce dernier un toit végétalisé. Le résultat fait que ce dernier sait, d’un point de vue du ciel ou de loin, parfaitement s’intégrer au paysage environnant, se faisant presque oublier. Dans le même principe, on trouve une maison grecque semi enterrée située face au front de mer dans une petite crique rocheuse (A15). Cette maison, est ici parfaitement intégrée au paysage dans lequel elle semblerait même s’oublier en faveur de ce dernier. Elle n’est d’ailleurs pas visible à l’horizon. Par ailleurs, de nombreuses structures se voit revêtues de panneaux miroirs, qui les rendent presque invisibles, s’adaptant à n’importe quel paysage. Ces différentes architectures respectent ainsi la nature via le paysage dans lequel elles s’intègrent presque parfaitement, mais cette technique de simple camouflage peut être démentie par un autre concept dit de « mise à distance ».
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En effet, si l’on constate à travers cette approche une considération évidente pour le lieu dans lequel on s’implante, on note également une emprise au sol évidente, faite de couverture de béton importante ou encore de soustraction de volume, soit de modification évidente du site en lui-même. Dans une idée peut être plus respectueuse de l’environnement, on peut citer notamment la maison individuelle de Lacaton et Vassale située au cap ferret en France (A16). Construite en 1998, elle présente la particularité d’avoir une emprise au sol très faible de par la présence de douze micropieux sur lesquels elle repose. Les pins présents initialement sur le site eux, sont directement intégrés à la structure de par la conception intelligente de la maison qui laisse ces derniers la traverser. Ce concept est ici témoin d’un grand respect et d’un faible impact sur l’environnement naturel qu’elle complète.
Par ailleurs, on peut également citer différents exemple de belvédères (A 17), très présents dans le tourisme puisque ces derniers sont prévus de sorte à offrir aux touristes une vue imprenable sur le paysage. On peut particulièrement citer le belvédère de Château Thébaud qui s’est installé sur la falaise à 40m du sol, une aubaine pour les touristes de la région. En effet, ces derniers peuvent, grâce à cette structure, observer de loin les vignes qui leur font face tout en admirant la verdure et le granit de la falaise. Cette extension permet ici de tenir les touristes à un endroit précis, sans nourrir leur curiosité de s’aventurer à l’intérieur de ce dernier, et donc à long terme, de lui porter atteinte. Ce principe de mise à distance des gens sur le paysage est également valable en ville. comme indiqué précédemment, la ville dite « biophilique » qu’est aujourd’hui
Singapour avec son jardin suspendu (A8) permet de tenir les gens à distance des nouvelles plantations formées au sol, à travers une balade ici presque aérienne, dans un concept par ailleurs biomimétique.

Pour finir, cette option de mise à distance des gens est elle aussi illustrée par Peter Zumthor évoqué ci-dessus. Travaillant toujours la notion de Genius Loci à travers ses projets, il a notamment revétu les fondations de l’église Sainte Colombe à Cologne d’une nouvelle peau externe la complétant, ainsi que de passerelles intérieures qui déterminent le passage des visiteurs (A18), et ce, dans une attention particulière donnée aux vestiges de l’église. Ce travail minutieux nous permet de faire la visite de ce lieu plein d’histoire, avec un peu de hauteur, sans lui porter atteinte. Cette idée de concervation du patrimoine architectural historique peut être utile quand à la préservation d’espaces naturels ici étudiés, méthode que l’on retrouve par ailleurs à Ausay en France (A19).
Finalement, l’intégration de ces structures dans la nature et le paysage doit être pensée à travers plusieurs éléments. Si il est facile d’intégrer une structure dans un paysage, il n’est pas pour autant automatique que celle-ci respecte la nature du site, et inversement. Chacun des critères doit ainsi être prit en compte dans cette démarche. Ces critères ne sont autres que la forme, les matériaux utilisés, son rapport au sol mais aussi sa fonction. Il faudrait, dans l’idéal, penser à la notion de réversibilité, de douceur, quand à l’intégration de ce dernier. Il faut s’adapter au site, pour construire le batiment ou structure qui sera alors adapté à sa fonction, le tout dans une optique de moindre impact à la fois visuel et technique.