155/2025 Habitats innovants
Habitations au Kelchweg, Zurich
Ensemble ‹Kuppe›, Trift Horgen
Immeubles Wolkengespräch, Zurich
‹Logements performatifs› Stampfenbachstrasse, Zurich
Werk 11, Bienne
Maison autonome évolutive, Soulce

Les nuages comme langage ludique: le bois offre, tant sur le plan constructif que créatif, un cadre idéal à l’expression architecturale et à la matérialisation colorée des deux immeubles polygonaux situés à la périphérie de Zurich.
Architecture: Ana Otero Architektur, Zurich. Photo: Andreas Buschmann, Zurich
1 La nouvelle vie d’une arrière-cour bâloise: le projet de la Colmarstrasse offre des espaces divers et variés pour y vivre et travailler. Architecture Rahbaran Hürzeler Architects, Bâle Maître d’ouvrage Privé
Photo Weisswert
2 La cour devient un espace de vie estival: elle relie deux maisons jumelles étroites et indépendantes. Les ateliers situés au rez-de-chaussée peuvent être transformés, si nécessaire, en petits appartements. Architecture Bearth-Deplazes-Ladner/ Collaborateur Jonas Crameri Maître d’ouvrage Gertrud Lind-Ronner, Steckborn
Photo Ralph Feiner




3 Utilisation polyvalente et démontable: une nouvelle construction de 100 mètres carrés, sans sous-sol, complète la grange existante pour devenir un logement. Architecture Lionel Ballmer Architectes, HauteNendaz Maître d’ouvrage Privé Photo Rory Gardiner
4 ‹Glück Homes›: le concept vise à standardiser la construction en proposant des solutions d’habitat individuelles, avec une surface de base de 30 à 35 m2 par personne. Un premier prototype est prévu à Zurich-Seebach. Idée et architecture
Glück Blueprint AG, Zurich Architecture
Philipp Wieting – Werknetz Architektur AG, Zurich Visualisation MAD


Le bois, source d’innovation dans l’habitat
En Suisse, changer d’appartement suit une tendance claire tout au long de la vie. C’est ce que montre l’étude ‹Repenser la mobilité résidentielle – entre décision individuelle et conditions-cadres structurelles› de la ZHAW School of Management and Law 1: alors que les jeunes adultes déménagent fréquemment, motivés par le début d’une carrière, le désir d’avoir plus d’espace ou de fonder une famille, cette propension diminue considérablement avec l’âge. Les personnes âgées restent ainsi souvent dans des logements qui vont au-delà de leurs besoins. Compte tenu de la pénurie actuelle, il s’agit d’un véritable enjeu social. Outre la dynamique du marché (les appartements occupés de longue date ont souvent des loyers moins élevés que les offres actuelles) et les conditions-cadres politiques (le financement hypothécaire étant notamment conçu pour une utilisation à long terme), le manque d’offres d’habitats flexibles et attrayants, dont la qualité compense la taille réduite, joue également un rôle. Il existe donc une forte demande pour des ensembles innovants, tant en milieu urbain qu’en zone rurale. La densification d’une cour intérieure typique au centre-ville de Bâle illustre la possibilité d’y parvenir: dans la Colmarstrasse, Rahbaran Hürzeler Architects ont créé un groupe d’appartements, de petits bureaux, d’ateliers et de pavillons résidentiels, adapté au site autour d’une cour commune. Dans le nouveau bâtiment principal, ils ont opté pour une structure poteaux-dalles en béton élancée, dotée de façades rideau en bois. La réduction des éléments porteurs verticaux à quelques piliers permet de gagner en flexibilité: les cloisons légères peuvent être supprimées ou ajoutées si nécessaire et le plan d’étage configuré de manière à former un unique volume, ou à disposer de quatre pièces distinctes 2 Les fondateurs de Glück Homes, Oliver Herren et Philipp Wieting, ont adopté une approche radicalement différente. S’appuyant sur un catalogue de composants géré par une plateforme – le Glück Blueprint, qui contient toutes les informations sur la conception, la durabilité et l’architecture – ils visent à standardiser et donc simplifier la réalisation, quelle que soit la taille du projet. Le paramétrage et le contrôle via la plateforme permettent de s’adapter aux règlements de construction et à la forme des terrains. Les composants sont ensuite préfabriqués. Un premier prototype en bois et argile doit être réalisé à Zurich Seebach. 3
Deux autres bâtiments situés à Urmein 4 dans les Grisons et à Baar 5 près de la station de ski de Nendaz montrent comme une maison individuelle classique peut être développée pour s’adapter à l’évolution des modes de vie ou aux saisons. Ainsi, la maison jumelée d’Urmein se compose de deux moitiés étroites et isolées de part et d’autre d’une cour ouverte.
Les deux ateliers situés au rez-de-chaussée pourraient, si nécessaire, être transformés en petits appartements, par exemple, pour personnes âgées. Entre les ateliers et le spacieux séjour avec cuisine sous les toits, un niveau surbaissé de deux mètres de haut abrite salles de bains et chambres, comme dans un wagonlit. Dans le cas de la maison de Baar, le projet initial était de réaffecter la grange existante. Celle-ci s’est toutefois avérée trop petite. Aujourd’hui, une nouvelle unité indépendante sans sous-sol, d’une surface de plancher brute de 100 m2, complète la grange, qui sert désormais de cave et de salle de réunion. Les pièces de la maison sont conçues de manière neutre et peuvent être démontables. À l’exception du sous-sol et de deux murs à l’étage supérieur, la maison est réalisée en bois lamellé-collé provenant de la région. Des plans ingénieux, des cloisons pivotantes, des utilisations flexibles et des combinaisons de matériaux surprenantes, tels sont les projets présentés dans ce numéro qui montre également le potentiel du bois en tant que matériau de construction pour des solutions d’habitat durables et innovantes. Il s’agit notamment du bâtiment et des ateliers ‹Werk 11› à Bienne, de l’ensemble ‹Kuppe› dans le quartier du Trift à Horgen, de la ‹Maison autonome évolutive› à Soulce, ainsi que de trois projets zurichois en cours: les ‹Logements performatifs› et les deux immeubles ‹Habitation au Kelchweg› et ‹Wolkengespräch›.
Quelques mots à titre personnel en conclusion: depuis le printemps 2019, Ariane Joyet a accompagné les éditions du Bulletin bois pour le Cedotec, Office romand de Lignum, en sélectionnant et rédigeant les articles des objets de Suisse romande et en traduisant ceux issus de Suisse alémanique. Elle goûtera dès la fin du mois de juin aux joies de la retraite et je tenais, chère Ariane, à te remercier pour ton engagement, ta compétence et ta collaboration fructueuse en faveur du Bulletin bois !
Nous vous souhaitons une bonne lecture et un bel été.
Jutta Glanzmann
Communication technique Lignum
Sources:
1) Lehner, S., Hohgardt, H. (2025). Repenser la mobilité résidentielle. Entre décision individuelle et conditions-cadres structurelles. Office fédéral du logement, Berne.
2) Projet Colmarstrasse: www.rharchitekten.ch/colmi_de
3) www.glueck.homes
4) Projet Umrein: https://bearth-deplazes.ch/de/ projekte/wohn-und-atelierhaus-lind-urmein
5) Projet Baar: www.lionelballmer.ch

Habitations au Kelchweg, Zurich
Les deux nouveaux bâtiments du Kelchweg, grâce à des cloisons qu’il est facile de déplacer, offrent différentes configurations au sein d’un même appartement. Ils s’adaptent ainsi à l’évolution des modes de vie de ses occupants. La construction en bois, apparente tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, s’affiche de manière sculpturale aux angles du bâtiment, leur conférant une expression formelle unique.
Les deux immeubles d’habitation situés au Kelchweg 9 et 11 remplacent deux bâtiments totalisant 15 appartements construits en 1949 et 1950 par la coopérative immobilière zurichoise Halde. Ces nouvelles unités sont le résultat d’un concours de projets anonyme à un tour, organisé en 2019 par le l’Office des constructions de la ville de Zurich pour le compte de la coopérative. Au moins 32 appartements contemporains de 2½ et 3½ pièces devaient être construits. Outre une bonne intégration urbaine dans le quartier et des espaces extérieurs de qualité, les objectifs visés étaient une construction durable, une préservation de la valeur à long terme, de faibles coûts d’entretien et une consommation d’énergie réduite.
Mathis + Kamplade Architekten ont proposé deux bâtiments individuels, similaires dans leur forme, mais non identiques. Leur implantation respective, parallèle aux rues qui bordent la parcelle, crée une aire centrale polygonale qui, avec les entrées et les buanderies disposées en face-à-face, forme le centre de gravité de l’ensemble. À partir de cette disposition de base simple, les aménagements extérieurs s’intègrent au parcours qui mène de cette placette aux appartements, à travers l’entrée couverte jouxtant les buanderies. Elle crée ainsi une séquence harmonieuse entre espace public et privé. Par son apparence et
sa volumétrie, le projet fait la transition entre les bâtiments fermés le long de l’artère principale au nord et le quartier résidentiel à échelle plus réduite de la rue au sud, renforçant ainsi la perception d’un quartier verdoyant. L’organisation interne des immeubles développe encore davantage le potentiel de cette implantation urbaine: les logements disposés à chaque angle bénéficient, grâce à leurs balcons en saillie, de multiples orientations et de vues variées. Les appartements suivent un plan rayonnant. Depuis la cage d’escalier centrale, le sas d’entrée permet d’atteindre les salles d’eau et le séjour, tandis que les chambres à coucher se situent dans la strate intermédiaire. La cuisine quant à elle occupe l’angle extérieur du bâtiment et s’ouvre sur le balcon. Des portes-fenêtres vitrées la transforment en une terrasse spacieuse. La cuisine devient ainsi un lieu social et un élément essentiel des échanges informels au sein de la coopérative et du voisinage.
La flexibilité des plans d’étage constitue une particularité du projet. Dans la partie centrale, des cloisons pivotantes permettent différentes configurations. Ouvertes, elles créent un espace de vie de type loft, tandis que fermées, elles divisent le volume en plusieurs pièces. L’appartement s’adapte ainsi aux différentes situations de vie de ses habitants et offre une variété de possibilités d’aménagement pour les personnes seules, les couples, les personnes âgées et les petites familles: un colocataire s’installe, un bureau à domicile devient nécessaire, un enfant agrandit la famille.
La mobilité des cloisons repose sur de grandes charnières qui permettent une manipulation aisée. Les portes sont maintenues fermées à l’aide d’aimants, avant que les segments de cloison ne pivotent sur le côté. La combinaison d’espaces compacts et de plans modulables s’adapte aux besoins individuels et à l’évolu-
tion des modes de vie au fil des ans. Pour le maître d’ouvrage, l’opportunité de séparer les pièces de jour et d’optimiser ainsi l’occupation des appartements était particulièrement intéressante: au contraire des unités classiques de 2½ et 3½ pièces, ceux-ci peuvent être divisés en pièces de taille similaire grâce à ce subterfuge. Sans dépasser les limites de surface fixées par les aides cantonales aux logements, ce type d’appartements pouvant être cloisonnés, bien que de surface plutôt réduite avec 3 pièces de 65 m2 ou 4 pièces de 82 m2, constituent des logements fonctionnels. Dans un souci de construction durable et afin de réduire au maximum la consommation d’énergie grise, le choix s’est porté sur une construction en bois. Autour d’un noyau central en béton armé, qui garantit la sécurité sismique et la protection incendie, s’articule une structure en bois. Un socle en béton apparent assure la protection structurelle du bois au contact du terrain et s’intègre à la topographie. La structure en bois se dessine dans les appartements et les parois, qu’elles soient pivotantes ou non, sont recouvertes de papier peint. Non seulement ces dernières sont faciles à entretenir, mais elles confèrent également une certaine légèreté à la construction. Côté balcon, là où les appartements s’ouvrent sur le quartier, la structure s’affine et se densifie, créant un effet sculptural aux angles du bâtiment.
Conformément à l’esprit low-tech, les appartements ne sont pas dotés d’une ventilation contrôlée. Des sondes géothermiques couplées à une installation photovoltaïque sur les toits végétalisés assurent la production d’eau chaude sanitaire et le chauffage. La construction compacte des deux immeubles, associée à une végétation luxuriante et une faible imperméabilisation des sols, assure un microclimat favorable.


Rez-de-chaussée et situation
Lieu Kelchweg 9 und 11, 8048 Zurich
Maître d’ouvrage Baugenossenschaft Halde, Zurich
Architecture Mathis + Kamplade, Zurich
Paysagiste Maurus Schifferli, Berne
Gestion de la construction/Direction des travaux Ghisleni Partner, Zurich
Ingénieur civil HTB Ingenieure, Zurich
Ingénieur bois Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee Technique du bâtiment Plentec Gebäudetechnik, Eschenbach
Ingénieur électricité Meyer + Partner, Stäfa
Construction bois et menuiserie Implenia, Rümlang (structure); Fenster Keller, Bütschwil (fenètres); Robert Fehr, Andelfingen (menuiserie)
Bois mis en œuvre Carrelets d’ossature/poutres DUO 134 m3, bois lamellé-collé 134 m3, planches juxtaposées 360 m3, plaques de plâtre fibrées 6900 m2, panneaux OSB 1000 m2, panneaux trois plis 430 m2, lames de terrasse 270 m2, revêtement de façade 900 m2
Origine du bois: FSC/PEFC, majoritairement D-A-CH)
Coût CFC 2 CHF 15,33 millions HT
Coût CFC 214 CHF 3,10 millions HT
Surface de terrain SIA 416 2310 m2
Surface bâtie SIA 416 720 m2
Surface de plancher SIA 416 4750 m2
Volume bâti SIA 416 14 260 m3
Durée de construction mars 2023 – juin 2024
Photographe Seraina Wirz, Zurich
Variantes de configuration: appartement 4 pièces
Variantes de configuration: appartement 3 pièces


Composition toiture:
Végétalisation extensive 100–120 mm
Couche drainante 20 mm
Membrane bitumineuse double couche
Isolation avec forme de pente 180 mm
Pare-vapeur
Panneau OSB 15 mm
Plancher en planches juxtaposées 80 mm
Composition façade:
Bardage vertical, rainé-crêté, épicéa, brut de sciage 21 mm
Lattage 30 x 60 mm
Contre-lattage 30 x 60 mm
Pare-vent
Plaque de plâtre fibrée 15 mm
Montants 60 x 240 mm/laine minérale
Panneau OSB 15 mm
Pare-vapeur
Doublage d’installation 50 mm/ isolation laine minérale
Plaque de plâtre fibrée 18 mm
Composition sol:
Chape anhydrite poncée 70 mm
Film polyéthylène
Isolation phonique 20 mm
Isolation thermique 40 mm
Surbéton 140 mm
Planches juxtaposées 120 mm
Composition balcon:
Lames douglas 25 mm
Lattage façon pente 35–68 mm
Isolation phonique tapis en caoutchouc
Lé bitumineux monocouche
Panneau trois plis 27 mm
Solives 120/200–253 mm
Sommier 160 x 280 mm
Composition terrasse:
Béton apparent finement taloché
Situation

Ensemble ‹Kuppe›, Trift Horgen
Les cinq bâtiments en bois regroupés autour d’un espace central commun véhiculent, tant sur le plan formel que constructif, l’idée d’une architecture modulable à caractère temporaire et offrent d’intéressants espaces intérieurs adaptés à différents modes de vie.
Le quartier de Trift Horgen, situé à la périphérie de Horgen-Oberdorf, illustre ce que peut être une conception durable lorsqu’elle est envisagée de manière globale: économique, économe en énergie et socialement intégrée. L’héritière des terrains le souhaitait comme une alternative à la privatisation des zones résidentielles qui oppose à la recherche d’espace et de délimitation territoriale individuelle – courante en zone périurbaine – un principe communautaire de l’habitat. Les quatre cabinets d’architectes sollicités ont développé cha-
cun un concept spécifique à l’un des terrains à bâtir. Un chemin large et confortable, qui suit les courbes de niveau, relie ces quatre zones en serpentant légèrement. Le site développé par Esch Sintzel, qui s’établit sur un replat à flanc de colline constitue la première étape de ce programme. Afin de préserver un certain dégagement, les architectes ont développé un concept d’aménagement qui place les maisons en périphérie, formant une sorte de campement semblable à celui de roulottes de cirque, avant le montage du chapiteau. L’ovale ainsi formé devient le centre communautaire, véritable protagoniste de l’ensemble. L’analogie avec le camping, qui s’incarnerait dans une occupation temporaire du terrain et une évolutivité permanente, est devenue le véritable leitmotiv du projet. En effet, il s’est avéré qu’il n’était pas si simple de

construire sur un terrain vierge et ouvert, d’où la retenue de cette appropriation. Les constructions elles-mêmes rejettent ainsi l’orientation conventionnelle vers une rue ou un panorama, bien que la disposition réfléchie ouvre des dégagements vers le lac de Zurich en contrebas. Leur regroupement informel semble en quelque sorte un premier instantané, et non un état final figé. Ils reposent sur des semelles et ne disposent que d’un sous-sol réduit, sans parking souterrain. Les habitants renoncent donc à posséder une voiture particulière. Les cinq bâtiments de deux étages abritent un mélange coloré de 30 appartements de 1½ à 4½ pièces. Leurs intérieurs se caractérisent par des surfaces brutes avec meubles et portes coulissantes qui permettent des configurations spatiales variées, même sur deux étages. Grands et petits logements s’imbriquent

de manière complémentaire, offrant ainsi un cadre propice à une cohabitation harmonieuse entre les occupants.
La vie de quartier est également perçue comme un processus changeant et modulable, alternant proximité et délimitation. Ce qui pourrait être assimilé à de grandes portes de grange devant chaque appartement remplissent cette fonction, régulant non seulement la lumière et l’intimité de chaque unité, mais aussi la répartition territoriale de la terrasse continue. Celleci est protégée par des avant-toits largement débordants. La distinction entre le toit froid et les locaux chauffés souligne le principe additif de la construction en bois clouée, vissée et collée, qui anticipe déjà les évolutions futures tant sur le plan formel que structurel. Les plantes – houblon et osier – qui s’appuient sur des filins tendus en pignon font également
office de pionnières de ce qui deviendra à terme autant de séparations douces. Quant au mode énergétique du quartier, c’est un système de chauffage à distance conforme aux exigences énergétiques SIA qui poursuit les objectifs de la société à 2000 watts.
Rez-de-chaussée et situation


Lieu Bergstrasse 79/81/83/85/87, Horgen-Oberdorf
Maître d’ouvrage Trift Bewirtschaftung von Grundstücken AG, Zurich Architectes, bureau d’étude et entreprise totale Esch Sintzel GmbH Architekten ETH BSA SIA, Zurich, in Arbeitsgemeinschaft mit BGS & Partner Architekten AG, Rapperswil
Paysagiste Manoa Landschaftsarchitekten GmbH, Meilen
Ingénieur civil Ernst Basler Partner AG, Zurich
Ingénieur électricité Enerpeak AG, Dübendorf
Physique du bâtiment BWS Bauphysik AG, Winterthur
Conception incendie Esch Sintzel GmbH, Zurich
Technique du bâtiment Planforum GmbH, Winterthur
Construction bois et menuiserie W. Rüegg AG, Kaltbrunn Bois mis en oeuvre Maison A (exemple représentatif de l’un des cinq bâtiments résidentiels): total bois/produits dérivés du bois utilisés 169 m3: bardage 10,5 m3 (bois peu noueux CH; bois noueux FIN/SE); panneau de fibres isolant 24 m3; plaque de plâtre fibrée 18,5 m3; panneau trois plis 41 m3 (DE, A); bois de structure, collé 75 m3; Remise à vélos, bois total/produits en bois 8,4 m3: dont bardage 1,9 m3 (bois peu noueux CH, bois noueux FIN/SE) et bois de structure, collé 6,5 m3
Coûts CFC 1–9 CHF 14,223 millions TTC
Coût CFC 214 CHF 4,1 millions HT
Prix/m3 CFC 2 SIA 416 CHF 907.–
Surface de terrain SIA 416 8871 m2
Surface bâtie SIA 416 1700 m2
Surface de plancher SIA 416 3890 m2
Volume bâti SIA 416 14 038 m3
Durée de construction janvier 2020 – septembre 2021
Photographie Philip Heckhausen, Zurich
Rez-de-chaussée

Composition toiture:
Tôle ondulée 42 mm
Sous-structure profilés creux acier 60 x 60 mm
Chevrons 140 x 180 mm
Espace sous toiture ventilé
Lé de sous-toiture ouvert à la diffusion 5 mm
Panneau de fibres isolant 60 mm
Poutraison, bois massif C24, 60 x 320 mm
Isolation laine de verre 320 mm
Frein-vapeur/étanchéité à l’air
Panneau trois plis 27 mm
Sommier BLC 120 x 280 mm
Composition dalle du rez/radier:
Chape anhydrite poncée, vitrifiée/chauffage au sol 65 mm
Frein-vapeur polyéthylène
Isolation acoustique 20 mm
Isolation PIR 140 mm
Étanchéité bitumineuse 5 mm
Béton armé 250 mm
Béton maigre 80 mm
Composition façade:
Panneau trois plis avec protection UV 19 mm
Doublage d’installation/ laine minérale 27 mm
Panneau trois plis 27 mm
Montants C24 60 x 220 mm/isolation
Panneau de fibre isolant 40 mm
Papier coupe-vent
Ventilation 40 mm
Bardage vertical à recouvrement
20 + 20 mm
Coupe de détail
Immeubles Wolkengespräch Zurich
Les deux nouveaux bâtiments situés en périphérie nord de Zurich se caractérisent par un langage formel ludique et des matériaux colorés. Ces ouvrages polygonaux, organisés de manière particulièrement judicieuse, offrent des espaces de vie spacieux et diversifiés. Le bois constitue le cadre idéal de ces réalisations, tant sur le plan constructif qu’esthétique.
Les deux bâtiments de substitution destinés à accueillir 35 logements coopératifs se situent à Zurich-Affoltern, à la limite entre ville et campagne. Cette situation en périphérie se reflète dans l’implantation, la forme et l’expression architecturale des bâtiments. La conception des surfaces extérieures repose également de cette dualité: la prairie fleurie, le jardin de plantes vivaces et les arbres fruitiers entourent les édifices, faisant le lien entre la nature et l’urbain, tandis que les deux immeubles sont regroupés autour d’une place commune qui s’ouvre, côté sud, vers l’agglomération. Pour la conception des bâtiments, l’architecte s’est inspirée de l’expressivité des nuages et de leur succession: ce principe géométrique se reflète dans les plans des appartements et dans le dialogue entre les chambres et le séjour, ainsi que dans les carreaux de céramique des salles de bains et les balustrades des balcons. Les deux immeubles individuels sont compacts et organisés de manière particulièrement rationnelle: une seule cage d’escalier en béton
dessert entre trois et cinq logements par étage. Pour des raisons de coût et de durabilité, son emprise a été réduite dans la mesure du possible, de sorte qu’elle ne contribue pas à la stabilisation, assurée uniquement par la construction en bois. Les plans polygonaux des bâtisses permettent non seulement un éclairage et une orientation optimum de tous les appartements, mais confèrent également aux pièces à vivre une générosité et une diversité inattendues. Le cœur de chaque logement est constitué d’un vaste salon/salle à manger également polygonal, où se déroule la vie familiale, à partir duquel rayonnent les autres pièces. Le salon et une chambre se partagent un balcon couvert en forme de losange. Cet aménagement met ainsi l’accent sur l’homme et ses mouvements dans l’espace. Le type d’éclairage et les matériaux mettent en scène la transition de l’espace public à l’intimité: grâce à des briques de verre colorées, la lumière de la cage d’escalier tamisée et bigarrée diffuse dans les appartements et inversement, de sorte que le noyau commun de l’escalier et les logements interagissent de manière vivante. Les trois couleurs des briques de verre – rouge, jaune et bleu – servent de base à l’ensemble du concept chromatique des immeubles et se retrouvent dans différents matériaux et situations, à l’instar du rouge utilisé par exemple pour les cadres de fenêtres et les plinthes des appartements, tandis que les salles de bains arborent des catelles

rouges, jaunes et bleutés en un jeu de couleurs varié. Utilisées pour les garde-corps des balcons et les baies vitrées, les trois couleurs confèrent à l’aspect des bâtiments une expression joyeuse et chaleureuse, tout en révélant une part de la vie intérieure de l’ouvrage. En résonance avec la nature et la forêt voisine, le bois est le principal matériau de construction et d’aménagement: sur un socle en béton qui ancre le bâtiment de manière monolithique dans le sol, se dressent des façades légères au bardage vertical en bois dotées de pilastres continus qui font référence aux arbres environnants. Ces pilastres soulignent la forme des bâtiments et confèrent un rythme régulier et harmonieux à leur enveloppe changeante. Les garde-corps ouvragés des balustrades rappellent de manière ludique le jeu raffiné d’ombres et de lumières créé par le bruissement des feuilles d’une clairière ensoleillée. Les planchers sont constitués de dalles mixtes bois-béton sur la base de planches juxtaposées, valorisant ainsi au mieux le rendement du débit des grumes. Les parois extérieures et intérieures sont réalisées quant à elles en ossature bois. Le langage des formes polygonales se prête bien à la construction en bois dont les différents éléments ont été préfabriqués en atelier. Le bois se dessine alors comme un élément de conception architecturale qui apparait sur les façades ainsi que les sous-faces des balcons et des plafonds.

Rez-de-chaussée

Etage courant
Lieu Riedenhaldenstrasse 96/98, 8046 Zurich
Maître d’ouvrage Baugenossenschaft Waidmatt, Zurich
Architecte Ana Otero Architektur, Zurich
Architecte paysagiste Johannes von Pechmann
Stadtlandschaft, Zurich
Direction des travaux ffbk Architekten AG, Zurich
Ingénieur civil Gruner AG, Zurich
Ingénieur bois, physique du bâtiment et protection incendie Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee Ingénieur électricien Network 41 AG, Sursee
Entreprises bois Tschopp Holzbau AG, Hochdorf (structure); Marobag AG, Dänikon (menuiserie); Bresga Fenster AG, Egnach (fenêtres); TT Türenfarbrik Turbenthal AG, Turbenthal (portes); El-ba AG, Volketswil (revêtements de sol) Bois mis en oeuvre Maison A: bois de structure (CH) 144 m3, éléments massifs en bois (CH) 361 m3 et 2084 m2, panneaux lamellés croisés pour parois de stabilisation 122 m3 et 976 m2. Maison B: bois de structure (CH) 88 m3, éléments massifs en bois (CH) 201 m3 et 1115 m2, panneaux lamellés croisés pour parois de stabilisation 45 m3 et 381 m3
Coût CFC 2 CHF 13,5 millions
Prix/m3 SIA 416 CHF 941.–
Surface de terrain SIA 416 2966 m2
Surface bâtie SIA 416 867 m2
Surface de plancher SIA 416 4756 m2
Volume bâti SIA 416 14 337 m3
Durée de construction juillet 2020 – février 2022
Photographe Andreas Buschmann, Zurich et Oliver Malicdem, Zurich (extérieurs)

Composition toiture:
Installation photovoltaïque
Végétalisation extensive 60/110 mm
Couche drainante 1 mm
Lé de protection anti-racines 5 mm
Étanchéité 2 couches 4 mm
Isolation façon pente 160 mm
Isolation façon pente 90 mm
Étanchéité de chantier 3,5 mm
Panneau OSB 15 mm
Planches juxtaposées à arêtes vives, apparente, 240 mm
Composition façade:
Plaque de plâtre haute densité 18 mm
OSB cloué 15 mm
Montant, collé 60 x 280 mm/
isolation laine minérale
Plaque de plâtre 15 mm
Pare-vent
Lattage/ventilation 30 mm
Contre-lattage 30 mm
Bardage vertical 25 mm
Composition planchers:
Parquet 12 mm
Chape en ciment 80 mm/chauffage au sol
Pare-vapeur PE 0,2 mm
Isolation phonique 2 x 20 mm
Surbéton 140 mm
Planches juxtaposées à arêtes vives C24, apparentes, 160 mm
‹Logements performatifs› Stampfenbachstrasse, Zurich
Le principe constructif de cet immeuble résidentiel de 31 petits appartements au cœur de Zurich s’apparente à un château de cartes, avec planchers et murs en panneaux de bois massif liés horizontalement ou verticalement au moyen d’assemblages simples. Une paroi mobile et une estrade côté façade constituent le ‹mobilier› et renouvellent sans cesse les apparences comme le ferait un vêtement.
Sur la base de son mandat portant sur la réalisation de petits appartements au 131 Stampfenbachstrasse, le bureau Emi Architekt*innen a développé un type de logements offrant une résidence de moyen terme, qui va au-delà d’un habitat traditionnel minimal ou du simple loft d’une pièce unique. Le concept repose sur un ‹espace performatif› qui, grâce à des éléments mobiles de séparation et d’aménagement, s’adapte à l’occupant. Semblable à un vêtement, il se remodèle sans cesse et offre diverses ‹poches› et surfaces de rangement pour les objets du quotidien. En partant de cette idée, les éléments constitutifs de l’architecture ont été reconsidérés: sol et plafonds, portes et parois, placards et meubles, fenêtres, rideaux, miroirs, etc. Outre les composants mobiles, les estrades côté façade jouent un rôle important: elles transforment le sol en surface pour s’allonger ou s’asseoir, concrétisant ainsi un mode d’habitation avec peu de mobilier.
Avant de réaliser le projet de la Stampfenbachstrasse, les architectes d’Emi ont étudié ce type d’appartement à l’aide d’une maquette à l’EPF de Zurich. Grâce à ce modèle à l’échelle 1:1, la chaire du professeur Mosayebi et ses étudiants ont exploré le potentiel architectural de ces espaces performatifs. La maquette elle-même a été préfabriquée en panneaux de bois massif (CLT). Ces derniers ont été utilisés pour les parois et les planchers et, simplement peints, forment autant la structure porteuse qu’ils délimitent l’espace. La construction ressemble ainsi à un simple ‹château de cartes›, où les panneaux de bois semblent se maintenir dans un équilibre précaire. La stabilisation est pourtant assurée en plaçant les panneaux verticaux à chaque fois dans un angle différent. À l’intérieur, à part la peinture des parois et des plafonds, ce sont les revêtements en linoléum coloré des sols et des estrades qui façonnent la spatialité. Outre les mesures acoustiques, la maquette a permis de tester, à l’aide d’un prototype, l’interaction des habitants avec les éléments mobiles dans les conditions de vie quotidienne. L’immeuble de la Stampfenbachstrasse occupe une parcelle d’angle en face du parc du Beckenhof. Mitoyen sur un de ses pignons, il dessine une petite cour à l’arrière et dispose de deux entrées qui desservent au total 31 appartements. Les fondations et les deux niveaux de sous-sol en béton de l’ancien bâti-
ment ont été conservés et adaptés à la nouvelle construction. Au-dessus s’élèvent des étages entièrement construits en panneaux massifs bois préfabriqués, y compris les deux cages d’escalier et les cages d’ascenseur. D’un point de vue tectonique, le bâtiment est similaire à la maquette décrite plus haut: parois et planchers sont constitués de panneaux de bois lamellé-croisé (CLT) identiques, dotés d’assemblages simples pour former des éléments horizontaux ou verticaux. Toutes les parois sont porteuses et stabilisent l’édifice. Les panneaux CLT restent apparents dans les pièces à vivre et sont uniquement peints. Le plus grand défi a été la transmission du son par les voies indirectes, pour laquelle il n’existait aucun détail testé. La solution avec des chevilles en hêtre pour réduire la section transversale du couplage entre les parois a été mesurée et vérifiée sur la maquette à l’EPF Zurich. Une fine peau métallique protège l’immeuble côté rue, tandis qu’à l’arrière les balcons donnent sur la cour et la verdure.


Lieu Stampfenbachstrasse 131, 8006 Zurich
Maître d’ouvrage Moyreal Immobilien AG, Zurich
Architecte et D.T. EMI Architekt*innen, Zurich
Paysagiste Daniel Ganz Landschaftsarchitekt*innen GmbH, Zurich
Ingénieur civil wlw Bauingenieure AG, Zurich
Ingénieur bois et physique du bâtiment Timbatec Holzbauingenieure
Schweiz AG, Zurich
Ingénieur CVS Böni Gebäudetechnik AG, Oberentfelden
Ingénieur électricité Gutknecht Elektroplanung AG, Au
Construction bois Häring AG, Eiken (éléments bois préfabriqués)
Menuiserie NILO Schreinerei Küchenbau AG, Wettingen
Bois mis en œuvre Bois lamellé croisé (diverses épaisseurs) 3800 m2; bois de structure (lamellé-collé) 40 m3; panneaux trois plis (diverses épaisseurs) 120 m2
Coûts CFC 1–9 CHF 8,76 millions
Coût CFC 2 CHF 7,8 millions
Prix/m3 CFC 2 CHF 1033.–
Surface de terrain SIA 416 596 m2
Surface bâtie SIA 416 340 m2
Surface de plancher SIA 416 2666 m2
Volume bâti SIA 416 7550 m3
Durée de construction avril 2021 – octobre 2022
Photographe Roland Bernath, Zurich


1er étage
Composition plancher du 2e étage aux combles:
Linoléum 5 mm
Chape anhydrite 60 mm
Isolation phonique 30 mm
Gravillons 60 mm
Panneaux bois lamellé-collé 200 mm.
Composition des murs extérieurs du 1er au 4e étage:
Tôle ondulée 10 mm
Lattage horizontal 25 mm
Lattage vertical/ventilation 35 mm
Pare-vent
Plaques de plâtre fibrées 2 x 15 mm
Montants 60 x 160 mm/ isolation laine minérale
Film perméable à la vapeur
Isolation laine minérale 20 mm
Panneau bois lamellé croisé 120 mm

Werk 11, Bienne
Le bâtiment Werk 11 est un projet remarquable qui incarne une vision contemporaine d’une architecture flexible et durable. Ce projet intègre dans une structure en bois innovante des espaces qui peuvent être tour à tour de vie ou de travail. Il témoigne d’un modèle de construction respectueuse de l’environnement qui anticipe l’évolution de la cité.
A proximité du centre-ville de Bienne, longeant le canal de la Suze, le Werk 11 se situe dans le quartier de Madretsch, une ancienne zone industrielle qui a connu une transformation importante au cours des dernières décennies. Autrefois occupé par des usines et des bâtiments commerciaux, ce quartier a progressivement cédé la place à de nouveaux projets urbains, parfois perçus comme une perte d’identité pour la ville par l’effacement des traces de son passé artisanal. Ainsi, lorsque les architectes ont acquis ces parcelles avec l’intention de créer un projet hybride en harmonie avec l’histoire industrielle de la ville, elles n’étaient qu’une friche envahie de végétation et ponctuée de constructions vétustes. La ville de Bienne n’offre pas de limite précise entre l’habitat et l’industrie, une particularité qui s’est reflétée dans la conception du bâtiment. Le projet se distingue ainsi par sa flexibilité, permettant selon les besoins un usage professionnel ou résidentiel. Bien que principalement conçu pour accueillir des bureaux, l’immeuble pourrait également être transformé en logement, sans nécessiter de profondes interventions. Cette approche durable et adaptative propose une solution aux demandes du
marché et marque une rupture avec les objets immobiliers à l’affectation unique souvent réalisés dans le quartier.
Le Werk 11 est un bâtiment de quatre niveaux en bois, édifié sur un sous-sol béton incluant un parking, qui repose sur une structure poteaux-poutres rythmée par une trame de 3,30 mètres. L’intérieur se caractérise par la modularité des espaces. Les vastes plateaux, avec une hauteur sous plafond de 3,10 mètres, offrent une grande liberté dans leur aménagement. La cage d’escalier en béton, à laquelle sont rattachés les sanitaires et l’ascenseur, stabilise la structure en bois. Dans les étages, seule une rangée centrale de piliers qui supporte, entre autres, le toit en papillon et intègre deux gaines techniques divise les volumes. Des balcons continus, qui courent le long des deux façades principales entièrement vitrées, jouent un rôle essentiel dans la circulation de l’air et l’éclairage naturel. Ces surfaces intermédiaires semi-extérieures permettent aux occupants de se mettre en retrait tout en restant connectés entre eux, dans un environnement propice à la détente, à la rencontre ou à des pauses professionnelles. Equipées de stores extérieurs verticaux, elles contribuent à limiter les apports de chaleur en été, alors que les larges fenêtres favorisent une circulation naturelle de l’air. En hiver, cette disposition maximise les gains solaires, réduisant ainsi les besoins de chauffage. Au rez-de-chaussée, un local commun encourage les échanges entre les occupants, avec une cuisine partagée donnant sur le jardin, des salles pour des activités comme le yoga et des bureaux destinés aux
entreprises alentours. Cette diversité fonctionnelle dans un même lieu fait partie intégrante de la mentalité des architectes et leur volonté de réinventer l’usage de l’espace urbain, tout en créant un environnement où l’interaction sociale est encouragée, mais où chacun peut aussi bénéficier d’une certaine intimité. Le bois apparent de la structure est le matériau central du Werk 11. Il offre à la fois une légèreté visuelle et une sensation de chaleur, qui contraste avec l’austérité des anciens bâtiments industriels du quartier. Ce choix permet d’allier esthétisme et durabilité. L’ouvrage est conçu de manière à minimiser son empreinte écologique: il est équipé d’une pompe à chaleur air/eau couplée à une installation photovoltaïque, produisant l’énergie nécessaire à son fonctionnement. L’un des aspects innovants de cette réalisation est son système de régulation thermique passive, le faible degré de technicité du bâtiment privilégiant des solutions simples et efficaces. La structure est constituée d’éléments préfabriqués, facilement adaptables et réutilisables le cas échéant. Ceci confirme la démarche écoresponsable du projet et témoigne d’une volonté d’une utilisation mesurée des ressources assurant un confort optimal.
Le Werk 11 incarne ainsi une réinterprétation réussie et respectueuse du patrimoine industriel de Bienne. Par son design flexible, son recours au bois et son approche durable lowtech, il offre un modèle de bâtiment qui anticipe l’évolution des besoins de ses habitants dans une vision résolument tournée vers l’avenir.
Situation


Lieu Rue du Chantier 11, 2503 Bienne
Maître d’ouvrage WOW Immobilien AG, Bienne
Architecte et D.T. Studio WOW sa, Bienne Jürg Bart, Stephan Buchhofer, Florian Trachsel, Lea Schmitt, Jordan Marchand, Lois Hug
Architecte paysagiste Studio WOW sa, Bienne
Ingénieur bois B3 Kolb AG, Bienne
Entreprise bois schaerholzbau ag, Altbüron
Bois mis en œuvre Epicéa lamellé-collé 146 m3; bois massif 94 m3; planches juxtaposées 221 m3; lamellé croisé 36 m3; panneaux trois plis 1240 m2; panneau de fibres de bois 860 m2; OSB 430 m2
Ingénieur civil Schmid & Pletscher Ingenieure, Nidau
Conception incendie Prona, Bienne en collaboration avec studio WOW
Ingénieur CV Maxplan, Büetigen
Ingénieur sanitaire AquaPlanIng GmbH, Lyss
Ingénieur électricité
Electro Stettler+Thönen AG, Büren
Surface de terrain SIA 416 1786 m2
Surface bâtie SIA 416 821 m2
Surface de plancher SIA 416 2629 m2
Surface utile SIA 416 1985 m2
Volume bâti SIA 416 12 416 m3
Coûts CFC 1–9 CHF 8,0 millions TTC
Coût CFC 2 CHF 7,34 millions TTC
Dont coût CFC 214 CHF 1,139 million TTC
Prix/m3 SIA 416 (CFC2) CHF 600.– TTC
Durée de construction novembre 2020 – avril 2022
Photographes Linus Bart, Biel (extérieurs), Markus Frietsch, Zürich (3ème étage sous toiture), Studio WOW, Biel (rez-dechaussée)


Coupe transversale
Rez-de-chaussée
étage
étage – exemple avec logements
Composition toiture (photovoltaïque):
Panneau photovoltaïque 30 mm
Lattage 30 mm
Contre-lattage/ventilation 60 mm
Lé de sous-toiture
Panneau de fibres isolant 60 mm
Structure bois 240 mm/
isolation fibres de cellulose
Panneau trois plis 27 mm
Composition toiture (tuiles fibro-ciment):
Plaque ondulée fibro-ciment 57 mm
Lattage 30 mm
Contre-lattage/ventilation 60 mm
Lé de sous-toiture
Panneau de fibres isolant 60 mm
Structure bois 240 mm/
isolation fibres de cellulose
Panneau trois plis 27 mm
Composition toiture balcons:
Support remontée étanchéité 130 mm
Gravier 60 mm
Lé de rétention 30 mm
Lé bitumineux d'étanchéité 10 mm
Bois panneauté multicouches 120 mm
Composition plancher rez et 3e étage:
Chape flottante anydrite 60 mm/ chauffage au sol
Isolation phonique 30 mm
Gravillons 84 mm
Panneau OSB de stabilisation 18 mm
Plancher en lames juxtaposées 140 mm
Sommier lamellé-collé 240 x 420 mm
Composition façade longitudinale:
Poteau intérieur 240 x 360 mm
Moises extérieures 2 x 60 x 240 mm
Fenêtres en bois
Supports balcons:
Poteau 180 x 240 mm
Moises 2 x 60 x 300 mm




La Maison autonome évolutive de Soulce, réalisée en partie en autoconstruction, explore les potentiels du bois structurel et des matériaux biosourcés locaux. Elle allie sobriété énergétique et faculté de s’adapter aux besoins d’espaces dans un contexte réglementaire contraint, tout en valorisant une architecture contemporaine.
Au cœur du village jurassien de Soulce, la Maison autonome évolutive, construite entre 2023 et 2024, est une réalisation exemplaire de l’habitat durable. Pensée comme une réponse contextuelle et économique aux mutations contemporaines du territoire, elle s’implante sur une parcelle d’ampleur réduite destinée à être reclassée en zone agricole dans le nouveau Plan d’Aménagement Local (PAL). Il fallait donc agir rapidement et les architectes ont disposé de trois mois pour concevoir et déposer le permis de construire. Les maîtres d’ouvrage, jeune couple pour l’heure sans enfants désirant développer l’exploitation familiale dans une vision permacole, avaient exprimé le souhait de construire une maison autosuffisante, en utilisant des matériaux naturels et en respectant un budget limité. La solution retenue est une maison dont l’étage est comme sur pilotis, libérant en grande partie le rez et offrant une vue dégagée depuis l’étage. S’appuyant sur une trame simple, la structure régulière en ossature bois est optimisée pour favoriser l’autoconstruction avec, le cas échéant, des composants préfabriqués faciles à assembler. Conçu comme un cube isolé, le bâtiment dispose d’une charpente apparente, qui devient un élément expressif par son aspect rudimentaire.
L’un des points centraux du projet réside dans sa capacité d’adaptation aux besoins futurs des habitants: le rez-de-chaussée, aujourd’hui utilisé comme garage et atelier, est pré-équipé pour une transformation en chambres, en logement indépendant, voire en local commercial, sans modification de l’empreinte au sol ou nécessité d’engager de lourds investissements. L’optimisation de la zone habitable est donc au cœur de la conception: à l’étage une hauteur sous plafond généreuse de 3,6 mètres, de grandes baies vitrées et l’absence de couloirs créent une sensation d’espace malgré la surface réduite.
Excepté le béton chaux-chanvre pour l’isolation des parois extérieures, les matériaux mis en œuvre tels que le bois, la laine de bois, les panneaux trois plis pour les cloisons intérieures ou le bardage extérieur en planches sont bruts et sans traitement, afin de favoriser leur mise en œuvre par les maîtres d’ouvrage eux-mêmes. A l’instar de la trame régulière, les détails de conception simplifiés permettent un banchage du chanvre facilité. A l’exception des poteaux en lamellé-collé, les ressources locales et biosourcées sont privilégiées, comme l’utilisation de planches brutes de sciage pour le bardage ou des dalles en planches clouées réalisées par un charpentier de la région. L’ensemble participe à une écriture architecturale cohérente.
Les façades sont composées de 27 cm de béton de chanvre (chaux-chanvre), complété par 6 cm de laine de bois côté extérieur, offrant ainsi une très bonne inertie thermique. En toiture, l’isolation est également assurée par un mélange chaux-chanvre entre les solives du plancher des combles, alors que de la laine de bois assure la même fonction sous la dalle de l’étage. Les enduits intérieurs, eux aussi en chaux-chanvre, participent à la régulation hygrométrique. Les autres finitions privilégient une matérialité brute: cloisonnements en panneaux trois plis, chape ciment poncée huilée. La technicité réduite de ces éléments a permis dans une large mesure l’autoconstruction. L’habitation vise une large autonomie énergétique. La toiture est ainsi couverte de panneaux photovoltaïques, tandis que des capteurs thermiques assurent le chauffage au sol et l’eau chaude sanitaire. Un poêle à bûches avec bouilleur, ne consommant qu’environ un stère de bois par an, vient compléter le dispositif pour les périodes hivernales. Ce système hybride offre une résilience énergétique pertinente dans le contexte rural jurassien. La gestion de l’eau suit la même logique, avec citerne de 10 000 litres autorisant la récupération des eaux pluviales pour l’ensemble des besoins domestiques (hors consommation potable). Ce projet incarne une réponse architecturale innovante et engagée face aux défis contemporains du logement durable et permet aux utilisateurs de s’impliquer activement dans la construction de leur maison, réduisant ainsi les coûts et renforçant leur lien avec leur habitat.
Lieu 2864 Soulce
Maître d’ouvrage Privé
Architecte et D.T. Atelier Kamber Sàrl + Julie Hennemann architecte
Ingénieur bois Solubois, Delémont
Entreprise bois Dubach Construction bois Sàrl, Mervelier
Bois mis en œuvre Epicéa 30,1 m3 (scierie locale)
Ingénieur civil Synaxis, Delémont
Ingénieur CV Adrien Theurillat, Delémont
Energie solaire Association Sebasol Jura
Surface de terrain SIA 416 607 m2
Surface bâtie SIA 416 77,1 m2
Surface de plancher SIA 416 145 m2
Surface utile SIA 416 77,3 m2
Volume bâti SIA 416 396 m3
Nombre de logements 1 (2 possible en phase 2)
Coûts CFC 1–9 CHF 665 000.– TTC
Coût CFC 2 CHF 530 000.– TTC (hors honoraires)
Dont coûts CFC 214 CHF 144 000.– TTC Prix/m3 SIA 416 (CFC2) CHF 1338.–
Durée de construction
mars 2024 – décembre 2024
Photographe Gion von Albertini, Zurich
Rez-de-chaussée phase 1
1er étage phase 1
Rez-de-chaussée phase 2
1er étage phase 2


Composition toiture:
Panneau photovoltaïque 40 mm
Panne 140 mm
Ferme
Composition façade:
Bardage bois 24 mm
Lattage 60 mm
Contre-lattage 60–80 mm
Isolation laine de bois 80 mm
Chaux-chanvre 270 mm
Enduit chaux-chanvre 30 mm
Composition plancher supérieur: OSB 27 mm
Ventilation 120 mm
Chaux-chanvre 320 mm
Solivage 60 x 280 mm
Panneau trois plis 27 mm
Composition plancher inférieur:
Chape ciment 85 mm
Isolation 50 mm
Dalle bois 140 mm
Laine de bois souple 160 mm
Laine de bois 40 mm
Composition radier:
Radier béton 250 mm
Prix international d’architecture en bois 2025 Complexe de bureaux et hôtel Katajanokan Laituri, Helsinki
Le Prix international de la presse spécialisée dans l’architecture en bois est décerné par les rédactions des magazines ‹Mikado› (Allemagne), ‹PUU› (Finlande), ‹Séquences Bois› (France), ‹Trä› (Suède) et « Holzbulletin› (Suisse). Le prix 2025 a été remis lors du Forum Bois Construction fin février à Paris.
1 Diversité du bois: au rez-de-chaussée, d’imposantes colonnes et la toiture sculpturale qui s’ouvre vers le ciel créent un espace public spectaculaire. Photos Kalle Kouhia pour Oiva Arkkitehdit Oy
2 Vue sur le bâtiment massif en bois revêtu de pierre claire dans le quartier historique du port d’Helsinki. Photo
Kalle Kouhia pour Oiva Arkkitehdit Oy



Le bureau finlandais Anttinen Oiva Arkkitehdit Oy remporte le 7e Prix international d’architecture en bois, décerné par la presse spécialisée avec le projet Katajanokan Laituri. Situé dans le quartier historique du port d’Helsinki, le plus grand bâtiment massif en bois de Finlande abrite sous son toit le nouveau siège social de Stora Enso ainsi qu’un hôtel. Katajanokan Laituri est le premier bâtiment moderne construit sur les rives autrefois industrielles de Katajanokka. Il établit un lien direct avec le paysage urbain caractéristique d’Helsinki et, bordant la mer, il transforme cette partie de la rive jusqu’ici isolée en un espace urbain ouvert et accessible à tous. Cet édifice est le résultat d’un concours international d’architecture. Composé de 7600 m3 de bois d’épicéa, sous forme de lamibois et de lamellé croisé, l’immeuble compte quatre niveaux hors sol, une terrasse végétalisée en toiture accessible au public, ainsi qu’un sous-sol abritant les installations techniques et le parking. Au niveau de la rue, se situent un restaurant, un café, des salles de conférence et d’autres services, qui s’ouvrent tous sur la ville. Un grand foyer, partagé par les différents occupants du bâtiment, met en relation la ville et le front de mer dans une ambiance propice aux rencontres.
Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno
Mühlebachstrasse 8 Ch. de Budron H6, CP113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Montsur-Lausanne
Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch
Bulletin bois, juin 2025
Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich
Rédaction
Jutta Glanzmann, Lignum et Ariane Joyet, Lignum-Cedotec
Conception graphique
BN Graphics, Zurich
Impression
Kalt Medien AG, Zoug
Administration, abonnements, expédition Lignum, Zurich
La publication de ce Bulletin Bois est soutenue par lʼOffice fédéral de lʼenvironnement dans le cadre du Plan dʼaction bois.
ISSN 1420-0252
Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.–Publications isolées CHF 20.–Classeur (10 numéros) CHF 140.–Classeur vide CHF 10.–Prix sous réserve de modifications.
Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.
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