Blue Line #19

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L'oeil de Moscou, les yeux de l'oncle Sam Regards croisés sur les élections russes

LE MONDE AUX URNES

Démocratie et influence partisane

Élections à l'ère numérique :

Transformation des pratiques électorales

La Vivaldi, un gouvernement de guerre

La démocratie directe :

Un regard sur la voie suisse et les enjeux belges

La montée des extrêmes en Europe :

Le seul moyen de nous unir ?

Les défis de l'intégration européenne :

Inde, la plus grande démocrature du monde ?

DÉRISION

Ah ! quelle belle époque !

D'autres fenêtres

ÉDITO

Cher lecteur,

Chère lectrice,

Au moment de découvrir ce dix-neuvième numéro du Blue Line, sans doute as-tu déjà entamé ta session d’examens, pour laquelle je te souhaite une réussite à la hauteur de tes attentes.

Comme tu le sais, cette année, on vote ! En Belgique, certes, mais pas que… 2024 est une année électorale sans précédent dans l’histoire du suffrage. La population vivant dans les pays où auront lieu des élections s’élève à 4,1 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale. Ces scrutins sont multiples et touchent tous les niveaux de pouvoir, du plus local au chef de l’État, en passant par l’Union européenne. Huit des dix États les plus peuplés au monde sont ainsi appelés aux urnes, dont les États-Unis, le Brésil, l’Inde ou encore la Russie. Cette super année électorale méritait bien sûr qu’on s’y attarde, tant les enjeux sont importants et globaux, raison pour laquelle ce numéro spécial est baptisé « Le Monde aux urnes ». Au sein de celui-ci, les rédacteurs et rédactrices y abordent des thématiques y ayant trait, ils s’intéressent aussi bien à des sujets purement électoraux qu’à certains aspects des modèles démocratiques.

Nous débuterons ce numéro spécial par le regard critique de Nathan sur l’influence particratique au sein de la démocratie belge. Gaspard poursuivra avec la numérisation de la démocratie : quelles opportunités pour quelles menaces ? Ensuite, le président nous dévoilera son appréciation du bilan politique de la Vivaldi, coalition gouvernementale actuelle de la Belgique. Andreea continuera en questionnant la profondeur de notre modèle démocratique belge à l’aune de la démocratie directe suisse. Nicolas évoquera quant à lui la montée des extrêmes sur l’ensemble du Vieux continent et sur l’importance de nouer des liens entre formations politiques favorables à préserver la démocratie libérale afin d’y faire face. Pelin présentera brièvement les défis auxquels l’Union européenne, dont l’instance parlementaire sera renouvelée le 9 juin, doit et devra faire face à l’avenir. En avant-dernier article, Louis mêle géopolitique et références culturelles afin de mieux interpréter le maintien de Vladimir Poutine à la tête de la Fédération de Russie et les conséquences géopolitiques qui en découlent. Pour clore, je me pencherai sur les enjeux des élections ayant actuellement lieu en Inde : la plus grande démocratie du monde pourrait-elle en devenir la plus grande démocrature ? Enfin, ce Blue Line ne serait pas tout à fait complet sans la dérision de Coralie, notre détachée pédagogique.

Cet édito est le dernier que j’écris en qualité de rédacteur en chef de la Fédération des étudiants libéraux. Je profite donc de ces quelques lignes afin de remercier l’ensemble du staff, avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler au cours de cette année. Je remercie également Diego, président de la FEL, pour m’avoir accordé sa confiance, fruit d’une amitié durable. Enfin, je te remercie, cher lecteur et chère lectrice, pour l’intérêt que tu portes au travail réalisé par toute l’équipe de rédaction.

Cher lecteur, chère lectrice, je te souhaite une agréable lecture,

DÉMOCRATIE &

INFLUENCE PARTISANE

En quête d’un équilibre subtil qu’il s’agit de maîtriser

Dimanche 9 juin, de nombreux Belges seront appelés aux urnes pour la première fois. Ainsi, les bureaux de vote accueilleront de nombreux primo-votants en quête de l’usage effectif d’un droit difficilement acquis : celui de voter ! Dans ce contexte, je vous invite à découvrir comment l’aspiration de ces jeunes, emplis d’idéaux, sera bientôt confrontée à une lourde réalité : l’influence des partis politiques dans notre démocratie ! Entre fiction et réalité, cet article se veut la synthèse d’un phénomène occulté mais pourtant bel et bien inséré dans la société belge : la Particratie…

PAR NATHAN VOKAR

Romain Clara

LA JEUNESSE : DÉSIREUSE DE PROFONDS CHANGEMENTS !

Romain est un de ces nombreux citoyens qui se rendra aux urnes pour exprimer son suffrage. Il est né au début des années 2000 et vient tout juste d’atteindre l’âge légal pour voter. Celui-ci, également étudiant en architecture, s’en réjouit ! Il va enfin pouvoir décider du cours de son destin, influencer l’action politique et éviter que le politique s’occupe de lui.

Romain est en couple avec Clara, une jolie brune rencontrée lors d’une soirée estudiantine néolouvaniste. Celle-ci a entamé un cursus en sciences politiques et affectionne tout particulièrement l’étude de la chose publique. Pendant son temps libre, Clara milite activement pour un parti très actif sur la scène politique belge. Plus qu’une simple adhérente, la jeune étudiante se rend à tous les meetings organisés par son mouvement et ne rechigne pas à repartager les nombreux posts publiés quotidiennement par les leaders du parti sur les réseaux sociaux.

Un jour, alors qu’elle se rendait à l’université pour assister à son cours d’Histoire politique belge, son téléphone se mit à sonner. Surprise, elle décrocha et entendit la voix d’une personnalité politique francophone très appréciée. Clara était un peu intimidée, d’autant plus que la voix au téléphone venait de lui proposer une place sur les listes européennes. L'interlocuteur se montrait rassurant en lui suggérant de la rappeler le lendemain pour lui laisser le temps propice à la réflexion. Convaincue que la proposition n’allait pas la laisser indifférente et que l’expérience glanée serait un véritable atout, Clara accepta toutefois sur le champ.

À la suite de cette décision, elle découvrit ce que les initiés appellent une « campagne » : entre distribution de tracts, rencontres citoyennes ou journées d’affichage, l’agenda de la jeune étudiante lui laissait peu de répit.

Quant à Romain, en plus de la confection des maquettes nécessaires à la réussite de son année, il se mit au service de sa petite amie. Ainsi, il se chargea de l’appui logistique nécessaire à l’organisation des nombreuses activités qui font vivre une campagne.

Après de longues semaines de travail et le début d’une difficile session d’examen, le 9 juin arrivait enfin ! Ce jour-là, une fois son bulletin de vote déposé dans l’urne, Clara passa toute la journée et une bonne partie de la nuit à scruter les résultats. Tard dans la nuit, après avoir attendu le dépouillement de l'entièreté des bureaux de vote de sa circonscription, Clara apprit qu’elle n’avait pas été élue. Son siège tant convoité avait en réalité été attribué à la liste adverse. Déçue mais fière de son résultat, la jeune étudiante rejoignit les autres candidats pour fêter la victoire acquise dans les urnes et les nombreux mandats électifs toutefois obtenus.

Romain de son côté, arborait un fier sourire : non seulement le score électoral réalisé par sa copine était excellent, mais il se réjouissait également que le parti pour lequel il avait voté eût largement remporté les élections. Enfin, le monde et les idées dont il rêvait allaient pouvoir se mettre en place !

Pourtant, en plein milieu des vacances académiques, les deux étudiants apprirent que leur parti n’était présent dans aucune majorité. En effet, alors que le parti qu’ils soutenaient avait largement gagné les élections, ce dernier se trouvait éjecté de toutes les coalitions gouvernementales nouvellement créées. Les médias expliquaient ce phénomène par l’incapacité du président de parti d’imposer son leadership à ses homologues. Ainsi, la Presse titrait en gras que les partis minoritaires s’étaient entrevus au cours de longues réunions estivales pour former une courte mais réelle majorité, créant de ce fait une alternative à la participation gouvernementale du parti ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages.

LES PARTIS POLITIQUES : VÉRITABLES MANDATAIRES DE LA VOX POPULI ?

Le 9 juin n’est pas encore dernière nous, ce qui signifie que cette fiction pourrait s’avérer complètement décorrélée du réel. Pourtant, il suffit de se plonger dans les livres d’histoire et les annales parlementaires belges pour se rendre compte qu’un tas de processus ont jalonné notre histoire démocratique, faisant fi de l’expression du suffrage populaire.

En effet, selon la Constitution, tous les pouvoirs doivent émaner de la Nation et s’exercer de la manière établie par ladite Constitution. Cependant, alors qu’aucune disposition constitutionnelle ne parle explicitement des partis politiques, ceux-ci semblent disposer d’une influence considérable sur le fonctionnement de nos instances démocratiques. Cette constatation ferait presque croire au quidam qu’il vit dans une Particratie et que ce mode d’action politique a remplacé notre chère et tendre démocratie.

La Particratie peut être définie comme un modèle politique dans lequel le pouvoir serait exclusivement détenu par les partis politiques. Bien que cette définition semble hâtive, même péjorative, et qu’elle semble imputer une part trop importante de responsabilité au modèle social mis à mal plutôt que la juste part de responsabilité qui lui revient, un nombre important de citoyens partage ce constat : notre démocratie serait abîmée par des partis politiques trop influents au sein de notre paysage institutionnel.

Cette pathologie consistant à détourner la volonté du peuple souverain au profit de partis politiques se constate aisément dans notre pays : que ce soit au stade de la formation des gouvernements, au cours de l’action parlementaire neutralisée par la volonté du président de parti ou encore lors de la confection des listes électorales, l’influence des partis politiques est omniprésente.

La formation des gouvernements est la résultante des forces en présence :

Il n’est pas rare de voir certains partis politiques pourtant influents sur la scène politique nationale grâce à l’important score électoral obtenu, évincés et mis de côté. Plus grave encore, il est coutumier que certains partis minoritaires dans les urnes se regroupent afin de former une majorité gouvernementale et décident de reléguer les partis ayant obtenu le plus de suffrages dans l’opposition.

On se demande alors parfois quelle est la logique sousjacente à toute formation gouvernementale : s’agit-il réellement de la légitimité démocratique consentie par les citoyens à chaque parti politique ou est-ce plutôt relatif aux facultés de négociation imputables aux présidents de ces mêmes partis ?

Un président de parti peut annihiler l’action des élus :

Notre conception moderne du parlementarisme appelle à la conceptualisation du pouvoir et du contre-pouvoir. Ainsi, il appartient au parlement de contrôler l’action gouvernementale et le cas échéant, sanctionner les ministres fautifs par le biais d’une motion de défiance. Cependant, en raison de la concentration des idéaux au sein d’un même corps politique : toute l’action parlementaire est prévue en amont au sein des instances de partis. Ceci signifie qu’un parlementaire, appartenant au même parti qu’un ministre mis en cause, ne remettra généralement pas lui-même ce dernier en question, alors même qu’il est constitutionnellement en droit de le faire.

La peur de mettre un ministre en difficulté et par extension, l’ensemble de sa famille politique, sera de nature à éviter toute remise en cause d’une action gouvernementale problématique. On peut dès lors se demander si l’action des partis n’influence pas défavorablement notre État de droit ?

Aussi, les parlementaires restent souvent contraints dans leur rôle de législateur. En effet, l’attention à apporter aux textes soumis au vote est souvent cadenassée par la volonté souveraine du président de parti. Cette situation peut prêter à penser que la seule façon d’exercer réellement une fraction de la volonté populaire et de facto d’influencer le pouvoir législatif, est non seulement de voter mais également de devenir membre d’une formation politique. Se faisant, le membre du parti est en capacité de voter pour le président de sa formation mais peut également voter le programme et le mode concret de fonctionnement du travail politique. Le seul bémol est que le membre reste tributaire des statuts et de la dynamique du parti qu’il décide de rejoindre.

La confection des listes électorales représente la quintessence du pouvoir détenu par les partis :

Avant de soumettre des candidats au vote, il est impératif d’agencer l’ordonnancement de ces candidats sur la liste. Préalablement, il est également nécessaire de déterminer qui seront les militants gratifiés par une possibilité de se présenter aux électeurs et lesquels seront à contrario écartés.

Voici encore un exemple du rôle prépondérant assigné aux partis politiques. Il est en effet intéressant de relever que l’ordre de présentation des candidats restreint le champ de possibilités offertes à l’électeur.

LA CONCENTRATION DU POUVOIR : VERS UNE DIMINUTION DES OBSTACLES DÉMOCRATIQUES…

Est-ce à dire que les partis politiques sont dangereux et que partant, il faudrait les interdire ? Ce serait mal comprendre mon propos que d’en inférer pareille déduction. Il est en effet manifeste qu’un parti politique est utile au débat et à la démocratie. Le seul point noir est la concentration de pouvoir qu’il peut parfois contenir, il faut alors y être davantage attentif. Concrètement, il est prépondérant dans un État aux valeurs démocratiques et plus généralement dans l’objectif de permettre un riche débat d’idées, que des individus se réunissent sous la forme de groupements idéologiques au sein desquels des propositions aux problèmes contemporains sont façonnées. Cette conception est d’ailleurs totalement conforme au principe fondamental de liberté associative, consubstantielle à la stabilité d’une société démocratique. Cependant, lorsque ces mêmes groupements d’individus se muent en véritable centre de décision souverain, la cohésion sociale peut facilement en pâtir. Ainsi, il est capital de surveiller et d’encadrer ces groupements afin que la gestion de la Cité découle bien de la volonté populaire et non de la volonté de quelques-uns.

Il n’en demeure pas moins que l’action politique par la gestion des partis politiques est un mode de fonctionnement intéressant, qu’il faudrait sans cesse vouloir parfaire. Une piste de réflexion serait de prévoir

constitutionnellement le statut de ces entités qui n’ont de prime abord l’air de rien mais qui influencent davantage notre vie que ce qu’il n’y paraît. Dans ce contexte, le texte fondateur de notre contrat social se révèle être l’endroit indiqué dans lequel inscrire les obligations et droits intangibles auxquels les partis politiques sont respectivement soumis et garantis. Qu’il s’agisse du financement, du contrôle, du fonctionnement ou encore de la constitutionnalisation : une réflexion juridique copernicienne s’impose !

Pour ne prendre qu’un exemple parlant, je développerai ci-dessous celui du financement des partis politiques qu’il m’apparaît essentiel de pouvoir contrôler. En effet, ces entités collectives bénéficient d’un financement public au prorata de leur résultat électif. Cependant, aucun contrôle substantiel n’intervient dans la vérification de l’allocation effective de ces ressources. Quand certains partis investissent leur argent dans leur centre d’études afin de produire des synthèses scientifiques nécessaires au débat d’idées, d’autres préfèrent investir massivement dans l’immobilier afin de se garantir une rente permanente et se départir de la dépendance aux électeurs.

Ce genre de comportement ne serait aucunement toléré dans le cadre des nombreux contrôles fiscaux opérés par l’administration fiscale. C’est pourquoi les entreprises privées sont invitées à se conformer à un cadre de règles en l’absence du respect desquelles, de lourdes sanctions financières sont prévues. Or, ce qui n’est pas admis dans le secteur privé, ne devrait pas l’être dans la sphère publique et plus précisément, dans la vie partisane. De surcroît, même dans la sphère publique, le contrôle des >>

dépenses et leur affectation fait l’objet de nombreuses vérifications. Ainsi, un conseil étudiant en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est dans l’obligation de justifier chacune de ses dépenses par l’investissement dans une mission de représentation étudiante. Si le Conseil étudiant fait défaut et ne sait pas prouver la bonne affectation de ses ressources, le robinet est coupé : pourquoi ne seraitce pas pareil pour le monde politique ? Ne serait-il pas pertinent de créer une grille dont la ligne indicative de conduite serait « une dépense nécessaire à la promotion des idées partisanes ? »

De ce fait, la création d’une charte de bonne gouvernance sur les opérations financières admissibles ou proscrites serait un bel instrument à implémenter. Une haute autorité pourrait être chargée de la vérification des comptes et sanctionner l’irrespect en cas de besoin : la Cour des comptes serait l’institution parfaite pour mener à bien pareille mission !

De manière plus générale, le fonctionnement des partis politiques et leurs processus internes peuvent paraître opaques. Dès lors, il semble judicieux de couler leur existence dans la Constitution. De la sorte, une définition juridique de ces groupements serait officiellement rédigée et les citoyens y verraient plus clair. De même, concernant le mode de gestion global, une initiative législative au niveau fédéral serait grandement saluée. La Chambre des Représentants pourrait en effet contraindre légalement les partis à respecter tout un tas d'obligations, consignées dans une sorte de charte de bonne gouvernance. Le texte législatif pourrait également prévoir une obligation de publication annuelle sur la gestion et le travail mené par les différents partis. Voilà qui permettrait sans doute de réconcilier le citoyen avec le monde politique grâce à une meilleure compréhension de l’affectation de ses impôts.

Toutes ces propositions ne font que former un substrat de suggestions utiles en vue de créer un riche débat démocratique sur la question. Gageons que cette épineuse problématique sociétale soit prise à bras le corps par nos gouvernants lors de la prochaine législature afin que plus jamais, des jeunes comme Romain et Clara finissent déçus de l’issue d’un processus électif alors même que la formation politique recueillant leur assentiment est sortie gagnante des urnes ! 

ÉLECTIONS À NUMÉRIQUEL’ÈRE

Transformation des pratiques électorales

La révolution numérique a transformé les méthodes traditionnelles de la politique. Dans cet article, nous explorons l’évolution des pratiques électorales à travers le prisme de la numérisation. De la montée des logiciels d’analyse de données à la menace constante des cyberattaques, nous découvrons comment ces outils façonnent l’expérience démocratique. Nous analysons également l’impact des réseaux sociaux sur la participation électorale et la désinformation, tout en examinant les avancées et les défis du vote électronique. Ce regard approfondi révèle comment la technologie bouleverse la manière dont nous pensons, menons et vivons les élections à l’ère numérique, posant de nouvelles questions sur la sécurité, la transparence et l’équité.

Le vote électronique : Progrès et controverses

Le 21e siècle a apporté une vague de changements sans précédent dans presque tous les aspects de la vie quotidienne, et le domaine des élections n’a pas été épargné. L’ère numérique, avec son accès étendu à l’information et sa connectivité sans frontières, a ouvert de nouvelles avenues pour la politique électorale, tout en soulevant des problématiques inédites.

L’avènement des technologies politiques

L’utilisation de logiciels politiques est devenue monnaie courante dans les campagnes électorales modernes. Ces logiciels, souvent alimentés par des algorithmes complexes et des bases de données volumineuses, permettent aux campagnes de cibler avec précision des groupes spécifiques d’électeurs, de prédire les comportements électoraux et de personnaliser les messages politiques. Dans certains cas, ils ont même le potentiel d’influencer les résultats électoraux, comme l’a montré l’impact controversé de Cambridge Analytica lors des élections américaines de 2016.

Au-delà des océans, l’Europe n’est pas en reste. Les logiciels politiques y sont également déployés avec des résultats notables. En Belgique, par exemple, le parti au pouvoir a utilisé l’analyse de données pour refaçonner sa stratégie en vue des élections fédérales, augmentant sa base de soutien parmi les jeunes électeurs urbains.

La cybersécurité : Enjeu clé des élections modernes

Les cyberattaques contre les infrastructures électorales sont une préoccupation croissante. Des pays comme la France et l’Allemagne ont signalé des tentatives d’ingérence électorale, mettant en lumière la vulnérabilité des systèmes nationaux. Ces menaces numériques requièrent une réponse coordonnée et robuste, incluant le renforcement des mesures de sécurité informatique et la sensibilisation des citoyens aux risques de manipulation.

Le vote électronique promet de simplifier le processus électoral et de le rendre plus accessible. Cependant, il n’est pas sans défis. La vulnérabilité potentielle aux cyberattaques, aux dysfonctionnements techniques et aux questions autour de l’anonymat des votes reste un sujet brûlant de débat. En Estonie, pionnière du vote en ligne, les retours sont positifs, avec des taux de participation en hausse. Mais la prudence reste de mise, comme le montre le débat en cours en Belgique où l’introduction du vote électronique est scrutée avec attention.

Les réseaux sociaux : Amplificateurs de campagnes et de désinformation

Les réseaux sociaux sont devenus un outil incontournable pour les politiciens. Ils permettent une diffusion rapide et large des messages de campagne. Cependant, ils sont aussi le vecteur de fausses nouvelles et de désinformation. Le scandale des « fake news » sur Facebook a suscité une prise de conscience mondiale sur le besoin de réguler et de surveiller le contenu politique en ligne.

La politique à l’époque des données massives

Les données massives ou « big data » sont au cœur de la transformation numérique des élections. L’analyse de ces données offre des insights sans précédent sur les préférences et le comportement des électeurs. Les campagnes peuvent ainsi adapter leurs stratégies en temps réel, un avantage compétitif non négligeable. Toutefois, cela pose des questions sur la vie privée des citoyens et le risque de profilage politique.

Vers un avenir numérique responsable

La régulation s’avère essentielle pour que le progrès technologique soutienne la démocratie sans la compromettre. Il est crucial que les législateurs affinent les lois sur le vote électronique, que les experts en sécurité décèlent les failles avant qu’elles ne soient exploitées, et que chaque citoyen cultive la compétence numérique nécessaire pour exercer son droit de vote en toute connaissance. La Belgique, en adoptant progressivement le vote électronique et en renforçant ses mécanismes de cybersécurité, forge une voie que d'autres pourraient suivre. En somme, l’avenir des élections numériques exige une synergie où technologie et tradition démocratique coexistent, renforçant notre engagement civique dans un monde connecté. 

LA

LA VIVALDI

un gouvernement de guerre

Souvenez-vous, nous sommes le 1er octobre 2020, pendant 2 ans notre pays a été violemment secoué par la crise sanitaire du Covid-19. La pandémie la plus dévastatrice que notre jeune génération ait connue. Depuis le 26 mai 2019, la Belgique est sans nouveau gouvernement, la continuité de son service public maintenue par la gestion des affaires courantes. Cet état de fait bloque tout souhait de réforme et toute possibilité de changement de politique en pratique. Le Parlement dans son ensemble est paralysé et ne peut qu’assurer le fonctionnement basique de l'État.

Les Belges attendront près de 500 jours après les élections de mai 2019 pour qu’un gouvernement soit formé. Pour le dire assez simplement, 500 jours, c’est long, très long, trop long. Cette difficulté à former des gouvernements est une spécificité belge, nous avions déjà eu le cas après la démission du gouvernement Michel, MR-N-VA, avec une période de près de 400 jours sans gouvernement de plein exercice. Impensable chez la plupart de nos voisins. La problématique globale est que la population voit les périodes de formation de gouvernement s’allonger d’élection en élection. C’est à se demander si nous n’arriverons pas bientôt à des mandatures complètes d’affaires courantes.

Remarquons aussi que la réalité des politiques dans les régions notamment, vient souvent ajouter de l’huile sur le feu et ne facilite pas la tâche des informateurs royaux. Notre Souverain doit déjà se triturer l’esprit en se demandant combien d’informateurs il devra prochainement nommer pour enfin trouver un accord. Même si l’actualité récente montre de plus en plus de mains tendues entre les partis de l’aile gauche wallonne, à savoir PS, Ecolo et PTB, il peut paraître compliqué que cette alliance suffise en vue de la composition du prochain gouvernement fédéral. Prions donc ensemble pour l’avenir de notre Région wallonne qui pourrait se retrouver entre ces mains-là.

Revenons à notre dernier gouvernement en date, celui qui devrait assurer la fin de cette législature – quoique nous ne sommes jamais très sûrs de l’évolution des rapports politiques dans notre petit pays –, qui est le gouvernement d’Alexander De Croo et qui repose sur une coalition dite Vivaldi. La Vivaldi – formée, comme vous l’aurez compris, après de nombreuses et longues négociations –, est un gouvernement relativement large sur le plan politique, il regroupe 7 partis et s’étend du PS et Ecolo, ligne plutôt très à gauche, jusqu’au MR, seul mouvement plutôt à droite. Mais bien qu’esseulés, les libéraux disposeront toutefois d’une force de blocage plutôt conséquente.

La réalité de ce gouvernement est qu’il n’a non pas été créé parce qu’un accord de gouvernement avait pu facilement être trouvé, mais bien parce qu’une aussi longue attente ne pouvait plus durer. Ce qui explique les nombreuses tensions qui s’ensuivront. Les guerres interpartis sont donc monnaie-courante dans cette

équipe. Nous nous souvenons par exemples de la neutralité de l’État qui a tendu les relations MR-Ecolo, de la réforme fiscale qui a menacé le gouvernement d’imploser, de la gestion du ministère de l’intérieur qui a crispé MR et PS, ou des scandales en tout genre qui sont légions mais toujours bien pratiques en politique… Bref, le Premier ministre doit probablement se sentir comme une gardienne à l’école primaire entre tous ces enfantillages. Pauvre Monsieur De Croo.

Ce gouvernement a bien entendu connu des tumultes et ce n’est d’ailleurs probablement pas fini. Cependant la Vivaldi compte aussi quelques réussites. Même si elles sont noyées dans le flot incessant des problèmes, elles méritent d’être soulignées. Parmi ces dernières, l’augmentation de la pension minimale qui arrive à 1.500 euros nets pour les carrières complètes, l’instauration de mesures facilitant l’accès à un premier logement pour les jeunes ou l’augmentation du bonus lié aux flexi-jobs.

Mais 3 autres avancées semblent être encore plus importantes dans les décisions prises par ce gouvernement.

D’abord, la prolongation de deux centrales nucléaires. Un naufrage total pour Ecolo qui avait pourtant promis de fermer les centrales existantes. Pour une fois, la raison a pris le pas sur le dogmatisme, la réalité scientifique et économique n’a pas laissé d’autre choix. Le nucléaire reste une source d’énergie sûre, moins coûteuse et, le comble, moins polluante. Par conséquent, il n’était pas envisageable que nous renoncions à notre relative souveraineté énergétique. Sous l’impulsion de l’ancienne ministre Marie-Christine Marghem, l’actuelle ministre Van der Straeten n’a eu d’autre solution que de poursuivre la prolongation du nucléaire dans notre pays. Quel naufrage idéologique que celui-là !

Ensuite, la crise financière, liée entre autres à l’énergie et à la guerre dans l’est de l’Europe. Cette crise a vu les prix de toute une série de biens de première nécessité flamber. L’alimentaire, les carburants, mais aussi un grand nombre de services ont totalement explosé. De nombreux commerces et artisans n’ont pas survécu et ont été contraints de fermer à cause des coûts de production devenus insoutenables. Les boulangers en sont un exemple criant. Cependant, le gouvernement a fait son possible pour endiguer cette crise, entre

allègements fiscaux et primes, une grande partie de la population a pu garder la tête hors de l’eau. De plus, il faut souligner qu’un système bien de chez nous a également permis à la majorité de la population de s’en sortir : l’indexation des salaires. Le pouvoir d’achat a pu grimper très fortement grâce à ce mécanisme. Même si, bien entendu, les petits plaisirs de la vie ont dû être revus à la baisse, faute d’un confort de vie suffisant.

Enfin, la situation internationale instable qui a conduit à d’horribles situations a été une des préoccupations de ce gouvernement. En effet, depuis plus de deux ans, la guerre en Ukraine et la démesure de Vladimir Poutine ont conduit à un conflit terrible entre la Russie et l’Ukraine. Notre pays, par l’intermédiaire du gouvernement, a gardé sa pleine lucidité et est resté un soutien pour l’Ukraine. Entre matériel militaire envoyé sur place, sanctions financières contre la Russie et accueil des civils qui ont fui le pays, nous avons joué notre rôle et nous sommes restés une force diplomatique et pacifiste.

Le conflit à Gaza, qui se perpétue depuis plusieurs mois, est quant à lui bien plus complexe. Il ne se résume pas à une simple volonté d’annexion mais bien à des siècles de conflits. Cette région est politiquement instable et les torts des uns et des autres restent difficiles à identifier. Cependant, comme toujours, notre Belgique restera ouverte au dialogue et nous l’espérons un acteur de paix, dans la mesure de ses moyens.

Bref, le gouvernement Vivaldi fut un gouvernement de guerre. Les suites de la pandémie de Covid-19, la crise énergétique, la baisse du pouvoir d’achat et les conflits en Ukraine, ne lui ont sans doute pas permis d’opérer de grandes réformes et nous ne pouvons pas le blâmer d’avoir des lacunes. Évidemment, tout n’a pas été parfait, mais rien ne l’est jamais. La seule chose qu’il nous reste à faire est de nous mobiliser pour les prochaines élections afin que notre voix soit entendue et d’espérer que les partis prennent les bonnes décisions pour avancer un peu plus vite cette fois-ci. 

Diego
Président de la FEL

La démocratie directe

UN

REGARD SUR LA VOIE SUISSE ET LES ENJEUX BELGES

PAR ANDREEA-MARIA CONDILA

Dans le labyrinthe politique contemporain, où l’engagement citoyen et les interactions avec les institutions politiques deviennent de plus en plus personnels, une question essentielle émerge : les citoyens ont-ils les moyens de s’investir pleinement dans notre système institutionnel, aussi complexe soit-il ? Interroger la démocratie telle qu’elle est actuellement pratiquée, où la participation se limite souvent à un vote tous les cinq ans, semble fortement légitime. La montée de la démocratie directe et les revendications qui l’accompagnent pourraient bien être la clé pour réinjecter du sens dans l’engagement politique. Dans cet article, nous plongerons dans le monde de la démocratie directe, son fonctionnement, et nous l’examinerons à travers l’exemple particulièrement instructif du modèle suisse.

La démocratie directe est considérée comme un complément indispensable à la démocratie représentative par Alexis de Tocqueville. Cette forme de gouvernance répond à des aspirations profondes de légitimité et d’efficacité politique. Un exemple récent est le mouvement des « gilets jaunes », qui, bien que centré sur des questions socioéconomiques, a exprimé un désir ardent de participation citoyenne directe, notamment à travers des référendums d’initiative populaire.

Le principal instrument de la démocratie directe est le référendum, mais son utilisation doit être rigoureusement encadrée pour éviter tout détournement ou manipulation politique. Pour assurer une démocratie directe équilibrée, il serait judicieux de veiller à respecter plusieurs conditions. Tout d’abord, le recours au référendum devant être réservé à des sujets spécifiques et d’importance nationale, afin d’éviter sa banalisation et son instrumentalisation. De plus, il serait

utile d’instaurer une régularité dans l’organisation des référendums, pour qu’ils ne deviennent pas des enjeux politiques ponctuels déconnectés des préoccupations citoyennes.

Il est primordial de souligner l’importance de favoriser la diversité des opinions lors des débats et des votes à travers le mécanisme de référendum. En effet, permettre l’expression de toutes les nuances de points de vue serait essentiel pour assurer une démocratie inclusive et représentative. Une proposition intéressante consiste à élargir le concept de référendum en offrant aux citoyens plusieurs options à choisir, au lieu de se limiter à un simple « oui » ou « non ». Par exemple, en ce qui concerne les réformes des systèmes de retraite, présenter différentes alternatives comme l’ajustement de l’âge de départ, l’augmentation de la durée de cotisation ou d’autres solutions envisageables, permettrait aux électeurs d’exprimer véritablement leurs préférences et de contribuer

à l’élaboration de politiques plus éclairées et adaptées aux besoins de la société.

En Belgique, bien que les consultations populaires ou les référendums ne soient pas envisagés à l’échelle fédérale, ils sont possibles à des niveaux régionaux, communaux et provinciaux. Cela soulève des questions sur l’adaptation de la démocratie directe à la complexité institutionnelle belge et à l’histoire démocratique du pays. Les mécanismes de démocratie directe peuvent-ils trouver leur place dans un système politique aussi diversifié et fragmenté que celui de la Belgique ?

L’Union européenne favorise la participation citoyenne à travers des consultations publiques, une plateforme de suggestions pour simplifier la législation, une initiative citoyenne permettant de proposer des lois, un registre de transparence pour les représentants d’intérêts et des représentations dans chaque

La démocratie directe offre un potentiel important pour renforcer l’engagement citoyen et la légitimité démocratique.

pays pour dialoguer avec les citoyens. Toutefois, des sources documentaires mettent également en évidence l’attitude de l’Union européenne à l’égard des mécanismes de la démocratie directe. Une certaine réticence de l’Union européenne envers le recours au référendum est soulignée. Selon des auteurs comme Ghislain Benhessa, un avocat strasbourgeois spécialisé dans l’état de droit, cette attitude témoigne d’un déficit de démocratie au sein de l’UE, où la suprématie du droit européen peut parfois compromettre le principe démocratique. Cette perception renforce les préoccupations croissantes concernant la diminution de la souveraineté populaire dans les processus décisionnels européens, un enjeu de taille pour les partisans de la démocratie directe.

Passons maintenant à l’exemple suisse, souvent cité comme un modèle de démocratie directe. Ce pays organise le plus grand nombre de référendums au monde, sur une grande variété de sujets. Malgré sa renommée, l’impact de cet exemple sur l’opinion publique reste limité par rapport à des cas comme la Californie ou Taïwan, qui ont montré une utilisation efficace de la démocratie directe, même à une plus grande échelle et en intégrant les technologies numériques.

En Suisse, le système de démocratie directe est profondément enraciné dans la culture politique. Les citoyens peuvent proposer des initiatives législatives et constitutionnelles et demander des référendums sur les lois adoptées par le Parlement. Les référendums sont

souvent utilisés pour des questions controversées telles que l’immigration, les impôts ou l’énergie nucléaire. Cela donne aux citoyens un réel pouvoir de décision et renforce la légitimité démocratique du gouvernement.

Cependant, l’utilisation de la démocratie directe en Suisse n’est pas sans critiques. Certains craignent que cela ne conduise à des politiques populistes ou à des décisions impulsives, tandis que d’autres soulignent que cela peut entraver la capacité du gouvernement à prendre des décisions efficaces et à long terme. Malgré ces préoccupations, la Suisse continue de faire preuve d’un engagement fort envers la démocratie directe et d’un respect de la volonté populaire.

La démocratie directe offre un potentiel important pour renforcer l’engagement citoyen et la légitimité démocratique. Pourtant, son utilisation doit être soigneusement encadrée pour éviter les dérives. En Belgique, il est intéressant d’explorer comment adapter ces mécanismes à la complexité institutionnelle du pays. En fin de compte, la question persiste : la démocratie directe peut-elle redonner un nouveau souffle à notre système politique, ou est-ce une utopie qui ne prendra jamais racine dans notre réalité complexe et changeante ? 

LADESMONTÉEEXTRÊMES EN EUROPE

Le seul moyen de nous unir ?

La montée des extrêmes, le seul moyen de nous unir ? Je vous rassure déjà, cet article ne cautionnera pas ce phénomène inquiétant. Nous voyons partout en Europe, une partie de la population qui dérive vers l’extrême gauche ou l’extrême droite. Vous en connaissez forcément certains partis comme : le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen, le Vlaams Belang de Tom van Grieken, le Parti du Travailleur Belge (PTB) de Raoul Hedebouw ou encore La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Ils ont tous un point commun, leur popularité.

PAR NICOLAS ROEKAERTS

QU’EST-CE QU’UN PARTI « D’EXTRÊME » ?

Les partis extrémistes sont, selon Amnesty International, des partis racistes et xénophobes. Ils auront des discours simplistes et ne prôneront pas une solidarité citoyenne. Ils incrimineront les personnes riches de tous les maux de la société, comme les partis d’extrême gauche ; ou à l’opposé, ils rejetteront la faute sur l’immigration et le chômage, comme les partis d’extrême droite.

Les partis extrémistes refuseront le droit à manifester ou alors le droit de grève et sont en rupture avec les valeurs de la démocratie : l’égalité, la démocratie représentative et le rôle distributeur de l’état.

POURQUOI LES PARTIS EXTRÉMISTES

SONT-ILS SI DANGEREUX ?

Parce que ces partis attisent la haine envers des groupes de personnes. Prenons deux exemples, le PTB en Belgique et le Rassemblement National en France.

Le PTB nourrira une haine envers les personnes qui ont de l’argent. Leur slogan le montre très bien : « Tax the rich ! ». Ils mettront en corrélation la difficulté de certains ménages à boucler les fins de mois avec le fait que d’autres personnes gagnent beaucoup d’argent.

En utilisant ce type de discours, la classe moyenne développera une colère envers des personnes qui ont réussi financièrement dans leur vie. Une colère qui aveuglera au point de ne pas vouloir chercher s’il y a d’autres raisons à leurs difficultés économiques. Ces riches tant critiqués possèdent souvent des sociétés qui permettent de faire vivre des dizaines, des centaines, voire des milliers de familles ; dès lors que se passerait-il, s’ils venaient à fermer leurs sociétés ?

Le Rassemblement National quant à lui alimentera une peur de la personne d’origine étrangère. Sur Europe 1, le président du RN, Jordan Bardella, déclarait en juin 2023 : « L’immigration fait peser une menace sur notre société ». Une phrase qui pousse à mêler l’insécurité et l’immigration. Cette phrase peut induire une peur envers une personne étrangère et entrainer une discrimination de celle-ci. En réaction à ce rejet, la personne discriminée développera à son tour une crainte du Français et une haine envers la France. Le sentiment d’hostilité augmentera des deux côtés et créera un cercle vicieux.

Le moteur des extrêmes est basé sur la peur de l’autre, la haine, la discrimination, l’appel à une révolte… Toute cela mène à une scission de la société qui dévie elle-même de plus en plus vers les extrêmes.

POURQUOI Y A-T-IL UN TEL REGAIN DE LA POPULARITÉ DES EXTRÊMES EN EUROPE ?

En Europe, plusieurs pays connaissent une montée des extrêmes. En Belgique, le Vlaams Belang est premier parti de Flandre. En France, le Rassemblement National est premier parti dans les intentions de votes. En 2023, le Partijt Voor de Vrijheid (PVV) a gagné les élections fédérales néerlandaises. En Pologne, de 2019 à 2023, le parti « Prawo i Sprawiedliwość » (PiV) était au gouvernement.

La popularité de ces partis « d’extrême » est due à plusieurs facteurs : la crise de la Covid-19, la crise économique due à la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, les divers attentats, les cas de violences répétées… Toutes ces crises et événements qui ont fait notre actualité ont poussé la population à se préoccuper de l’avenir. Les personnes sont de plus en plus anxieuses face à leur futur et c’est de ce créneau dont ont profité les extrêmes en offrant des discours simplistes, mais sensés dans la tête des citoyens européens.

La population trouve en ces partis, les réponses qu’ils pensent être les bonnes, sans forcément voir les conséquences de celles-ci. Un discours simpliste aura pour but de dénoncer des faits et de lier ces mêmes faits à une cause au premier abord évidente. Les personnes utilisant des discours simplistes nuanceront rarement leur propos et proposeront des mesures courtes et

efficaces en apparence. Les mesures peuvent aller de « Taxer les riches » à « Stopper l’accueil de migrants », mais dans les faits, c’est rarement aussi simple.

QUEL AVENIR ESPÉRER POUR L’EUROPE ?

Il devient évident que des élections comme celles du 9 juin sont déterminantes. Si l’extrême droite ou l’extrême gauche devient majoritaire au sein de l’assemblée européenne, cela peut être dangereux pour les raisons citées précédemment. Une Europe dans la haine, la peur d’un groupe de personnes, est à éviter !

Au cours du 20e siècle, le monde entier a pris les armes pour lutter contre les idées véhiculées par les extrêmes. Avec les élections européennes, nous avons une arme pour lutter contre celles-ci : le vote.

Le 9 juin est donc une date importante car elle donne la possibilité au citoyen d’éviter d’avoir des partis violents à la tête de notre Europe. Les partis extrémistes sont violents dans leurs propos et peuvent engendrer de la violence dans les actes.

La haine et la discrimination ne doivent pas devenir une norme. En effet, vous l’aurez compris, le choix des partis « d’extrême » est le plus dangereux moyen de nous désunir. 

Les défis de européennel’intégration

Enjeux politiques, économiques et sociaux

Alors que l’Union européenne (UE) aspire à renforcer son unité, elle est confrontée à des défis majeurs qui testent sa résilience et son efficacité. Entre les aspirations à une souveraineté partagée et les réalités des tensions nationales, l’UE navigue dans des eaux agitées. Le Brexit, la montée des populismes, les crises économiques et les enjeux sociaux comme la migration et l’intégration, illustrent la complexité de l’intégration européenne. Cet article explore ces défis multidimensionnels, cherchant à comprendre si l’UE est à l’aube d’un renouveau ou si elle risque de stagner dans le statu quo.

PAR PELIN AGACLITEPE

L’UE mise à l’épreuve

L’Union européenne, projet politique et économique sans précédent, vise à unir les pays de l’Europe dans une quête commune de paix et de prospérité. Mais cette intégration ambitieuse est aujourd'hui ébranlée par de multiples défis. La construction européenne, conçue pour apporter une réponse unifiée à des questions transnationales, doit désormais faire face à des crises multiples qui mettent à l’épreuve sa structure et ses fondements mêmes.

Défis politiques

Le paysage politique de l’UE est marqué par des tensions entre la souveraineté nationale et la gouvernance supranationale. Le Brexit a non seulement illustré les limites de l’unité européenne mais a également exacerbé les débats sur l’avenir de l’UE. Les mouvements eurosceptiques gagnent en force, remettant en cause les principes de l’intégration européenne et testant la solidité des institutions européennes. La montée du populisme et du nationalisme dans plusieurs États membres menace la cohérence et la mission de l’UE, tandis que les débats internes sur les compétences et les pouvoirs de l’UE révèlent des clivages profonds.

Défis économiques

Économiquement, l’UE est prise entre les impératifs de solidarité financière et les réalités d’économies nationales divergentes. La crise de la zone euro a révélé les difficultés d’une union monétaire sans intégration fiscale pleine et entière. L’UE doit également relever les défis de la compétitivité mondiale, confrontée à la nécessité d’innover tout en protégeant les droits des travailleurs dans un monde numérisé. Les tensions économiques s’accentuent en raison des divergences en matière de croissance, d’emploi et de politiques budgétaires, mettant en lumière les limitations d’une union économique incomplète.

Défis sociaux

Sur le front social, l’UE est confrontée à la complexité de gérer les migrations et d’assurer l’intégration des réfugiés. La crise migratoire a souligné les divergences entre les États membres et la nécessité d’une politique d’asile commune. De plus, l’UE doit adresser les disparités régionales et le vieillissement démographique, s’efforçant de promouvoir l’inclusion et la justice sociale. La pression monte pour que l’UE développe des stratégies inclusives qui respectent les droits humains tout en répondant aux préoccupations sécuritaires et économiques des citoyens.

Vers une Europe plus unie ?

L’UE se trouve à un carrefour critique. Les défis actuels exigent une intégration plus poussée pour répondre efficacement aux problématiques transnationales. La volonté politique des États membres de s’engager dans ce processus sera déterminante pour l’avenir de l’intégration européenne. Les décisions prises aujourd’hui façonneront l’Europe de demain, qu’il s’agisse de progresser vers une union plus étroite ou de se replier sur des intérêts nationaux fragmentés. 

L’intégration européenne, malgré ses réussites, reste un projet en devenir, complexe et contesté. Les défis politiques, économiques et sociaux de l’UE ne sont pas seulement des obstacles à surmonter mais aussi des opportunités pour renforcer l’union et réaffirmer le projet européen. La capacité de l’UE à évoluer et à se réinventer définira son rôle et sa place dans le monde de demain. Les enjeux sont élevés et les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions durables sur la direction et la nature de l’intégration européenne.

Pelin Étudiante, FELU

L’ŒIL DE MOSCOU , LES YEUX DE

REGARDS CROISÉSSUR LES ÉLECTIONS RUSSES

Au terme d’élections dont le dénouement et le résultat ont été décrits par divers commentateurs comme « sans surprises » ou encore « massivement frauduleux », le peuple de la Fédération de Russie a choisi de reconduire à sa tête et pour un cinquième mandat, son président Vladimir Poutine. Dans la mesure où « l’homme fort russe » dispose d’une relative mainmise sur les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et qu’en face de lui, ne se tenait en guise d’adversaire, qu’un candidat communiste issu de l’opposition dite « tolérée » par le gouvernement, la victoire obtenue grâce à 88,48 % des suffrages semble moins relever de la « manne céleste » que de la « manne soviétique » ! Et pourtant. Dans un contexte géopolitique toujours plus conflictuel, que signifie le maintien d’un chef d’État à la tête d’une nation aussi puissante que la Russie depuis près de vingt-quatre ans ? Que veut dire cette réélection et quels auspices augure-t-elle si ce n’est une déchirure plus évidente, une rupture plus criarde que jamais, entre deux civilisations ?

Les Gentils et les Méchants. « La marche des vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'œuvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui au nom de la charité se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes (…). » Le cinéphile attentif aura reconnu la fameuse diatribe lancée par Samuel L. Jackson, filmé en gros plan, dans le non moins célèbre Pulp Fiction de Quentin Tarantino. La citation est ordinairement et hébraïquement attribuée au prophète de l'Ancien Testament Ezéchiel, retranscrite dans le passage 25, verset 17 et probablement lue, aussi bien lors de la liturgie orthodoxe de la cathédrale SaintBasile de Moscou, que durant les messes protestantes de la cathédrale de Washington. Bien que les trames narratives du long métrage justifient la tirade pour des raisons qui leur sont propres, j’aimerais démontrer que la mise en exergue de la bonne vieille théologie morale dans cet extrait biblique n’est pas privée de sens dès lors qu’elle trouve à se traduire par la pratique de certaines disciplines contemporaines. Par exemple, cette espèce de conception puritaine et enfantine selon laquelle il y aurait deux blocs, les Gentils et les Méchants, peut s’étendre dans une perspective d’examen de la géopolitique mondiale.

Dans ce domaine d’étude « des affaires du monde », comme pour tant d’autres, la rigueur qu’implique l’analyse objective et réaliste des évènements, invite à se départir d’une vision manichéenne de l’existence. Par opposition à la dialectique hégélienne qui représente le climax de la pensée moniste, le Manichéisme, lui, représente l’apogée de la pensée dualiste. Loin de moi l’envie de vouloir égarer le lecteur dans les méandres de la philosophie, cette précision est à mon sens essentielle en ce que le dualisme rend possible la coexistence de deux principes irréductibles et donc la catégorisation binaire des choses. En cela, « les Vertueux, les Immoraux », « les Bons, les Mauvais », « les Bien-pensants, les Mal-pensants (voire les mâles-pensants dans certains cas) », « les Wokistes, les Anti-wokistes », « les Gentils, les Méchants », « les gentils russes qui savent ce qui est bon pour le peuple d’Ukraine, les méchants ukrainiens qui sont tous des néo-nazis », « les gentils américains et leurs clowns qui font rire les enfants, les méchants russes et leurs ogres qui mangent ces mêmes enfants », etc. sont autant de nomenclatures qui conduisent à adopter une lecture simpliste et donc réductrice des phénomènes. Bien souvent, les choses sont plus nuancées, moins évidentes qu’elles n’en ont l’air et la règle tend à s’appliquer aussi, dans le contexte international actuel. >>

Le monde multipolaire. Depuis la fin de la guerre froide, l’actualité semble avoir donné raison à un autre

Samuel que celui évoqué plus haut, Huntington cette fois mais, américain toujours, et auteur d’un essai politique intitulé : Le Choc des Civilisations. La thèse d’Huntington est double ; d’une part, le monde n’est désormais plus structuré de façon bipolaire (blocs ouest et est), mais multipolaire (multiplicité de forces) et d’autre part, la source majeure de conflit à l'ère post-guerre froide ne trouve plus son origine dans l'économie ou l'idéologie mais bien dans les complexités de différences historiques, culturelles et enfin religieuses. À ce titre, le professeur

Samuel Huntington se distingue de son élève Francis Fukuyama lequel émet comme postulat irénique dans son ouvrage : La Fin de l'Histoire et le Dernier Homme, le sacre de la démocratie libérale en tant qu’idéologie première et « forme finale de tout gouvernement humain ».

Bien souvent, et l’histoire nous l’enseigne, les effets ne tombent jamais bien loin des idées. L’avènement que théorise Fukuyama, s’inscrit à mon avis dans une longue tradition universaliste américaine, une conception occidentalisée du monde. Sans verser dans un « antiaméricanisme » primaire, il faut garder à l’esprit qu’il existe un universalisme typiquement américain, une sorte de modèle qui surplombe le « vieux monde vertical » et dont le tropisme n’est pas forcément à comprendre les cultures nationales et le fait qu’elles puissent générer leur propre identité culturelle, sociale, sociétale ou encore juridique.

Force est de constater que plus de trente ans après la sortie de son livre, ce qui donne tort à Fukuyama est qu’il y a bien une histoire après la Fin de l’Histoire et un Homme après le Dernier Homme, pas toujours occidental d’ailleurs… Quel est donc ce réel qui, tapi dans l’ombre, se cabre ; cette réalité multipolaire qui refuse de consentir aux lumières d’une démocratie libérale absolue qui devrait pourtant, de par son règne, apporter paix, prospérité, progrès et bonheur au monde ? Quelques éléments de réponse à l’aune de l’histoire.

La fable de l’Ours & de l’Aigle. Dans la fable du Loup et l’agneau, la morale qu’enseigne Jean de La Fontaine est celle selon laquelle la raison du plus fort est toujours la meilleure. Cette assertion, lancée comme une fatalité, est d’autant plus malheureuse qu’elle finit toujours mal pour l’agneau. La fin demeure tragique, même lorsque ce sont les deux plus forts qui s’affrontent comme dans une autre fable, celle de l’ours russe et de l’aigle américain ; le bloc de l’Est face au bloc de l’Ouest, avec une guerre froide ayant sécrété son lot de batailles, conflits, guerres

de proxy et crises pour un total avoisinant les dix millions de morts.

Même les choses les plus horribles ont une fin, exception n’est pas faite de la guerre froide. Dès 1989, le mur de Berlin emporte dans sa chute, le monde bipolaire structuré autour de la rivalité entre les États-Unis et l'Union soviétique. La Fédération de Russie, consciente des vertus de la paix, semble désormais aspirer à celleci.

En 1999, un certain Vladimir Poutine, ancien agent du KGB, tire son épingle du jeu en devenant premier ministre puis président l’année suivante. Dans un premier temps, la trajectoire politique du camarade Poutine est occidentaliste plutôt que slavophile. Cet admirateur de Pierre le Grand souhaite lui rester fidèle en intégrant la Russie au cercle de conversation des puissances occidentales, comme l’avait également entrepris Catherine II. La stratégie pragmatique de Vladimir Poutine consiste à prélever dans l’Occident ce qu’il y a de mieux selon lui et, dans un rapport de force, en tirer la solution la plus russe possible. Tel est le cas pour la monétarisation, la bancarisation de la Russie et l’implémentation d’une politique libérale calquée sur la flat tax de Ronald Reagan avec un taux bas et une assiette large, ce qui permet entre autres, d’éradiquer les niches fiscales, d’attirer nombre d’investisseurs étrangers et de renflouer les caisses de l’État russe. Dans le même temps, la méfiance à l’égard de l’OTAN est ravivée en raison des bombardements de 1999 contre la République fédérale de Yougoslavie. Les efforts diplomatiques engagés sur la question du Kosovo parviennent toutefois à réduire les tensions. Par la suite, un rapprochement avec les États-Unis est même établi sur la question de la lutte contre le terrorisme islamiste. Néanmoins, alors que le président George Bush assure vouloir soutenir la Russie dans ses actions en Tchétchénie, Vladimir Poutine se rend compte que la réalité est tout autre puisque dans les faits, la CIA refuse toute coopération, appui logistique ou encore partage de données. Cette absence de soutien apporté à la FSB (Service fédéral de sécurité russe), est alors interprétée par Poutine comme une volonté d’affaiblissement de la Russie qui ne dit pas son nom. Par ailleurs, le président russe considère le projet d’installation du bouclier antimissile européen comme une rupture du subtil équilibre de la dissuasion nucléaire. Même si les États-Unis se défendent en disant qu’il s’agit de lutter contre la menace iranienne, la rupture de confiance est définitivement consommée dans la mesure où, pour ce faire, l’administration américaine décline la proposition faite par la Russie d’utiliser les systèmes d’interception situés en Azerbaïdjan et en Biélorussie.

En parallèle de son désintérêt progressif pour l’Occident, le président russe tourne son regard vers l’Orient. Les velléités historiques à propos de la frontière russo-chinoise se sont apaisées et petit à petit, Vladimir Poutine acquiert la conviction qu’il doit désormais abattre une carte asiatique, en se tournant véritablement vers l’Asie. D’autre part, l’homme fort russe se reconnaît dorénavant d’autant mieux en des dirigeants tels que Erdogan en Turquie, Narendra Modi en Inde ou encore Xi Jinping en Chine, lesquels concilient comme lui : primauté de l’intérêt national, spiritualité et contestation de l’ordre occidental [1]

L’échec diplomatique. En termes de gel des relations diplomatiques avec l’Occident, la conférence de Munich de 2007 en est une expression assez éloquente. Le président russe fait porter le chapeau — ou plutôt la chapka — aux Américains et à leur hégémonie : « Qu’est-ce qu’un monde unipolaire ? C’est un seul centre de pouvoir, un seul centre de force, un seul centre de décision. C’est le monde d’un unique maître, d’un unique souverain. » Le dirigeant russe poursuit sa leçon : « Il me semble évident que l’élargissement de l’OTAN n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est une provocation qui sape la confiance mutuelle et nous pouvons légitimement nous demander contre qui cet élargissement est dirigé. »

À l’inverse de la Pologne et des pays baltes où il n’y a quasiment plus aucune population russophone, l’intensité de la relation entre la société ukrainienne et la société russe a fait que la Russie ne pouvait ignorer ce qu’elle a vécu comme une nouvelle percée occidentale. L’échec diplomatique atteint d’ailleurs son paroxysme à l’occasion des accords de Minsk signés avec la Russie en 2014 et censés régler la situation de conflit dans le Donbass ukrainien. Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko, en leur qualité de négociateurs occidentaux, finissent même par avouer qu’ils n’ont jamais eu l’intention de respecter les négociations de Minsk. Cette incapacité à avoir su négocier avec Vladimir Poutine, à l’avoir écouté et pris au sérieux est déplorable dans la mesure, où, la chaotique guerre en Ukraine aurait pu être évitée.

La réélection avec 88,48 % des voix. Cette longue mise en situation permet de jeter les bases du contexte au sein duquel, il est possible d’expliquer les élections en Russie. Au risque d’en surprendre certains, la Russie n’a jamais été une démocratie scandinave et ne le sera probablement jamais.

[1] Résurgence du fondamentalisme islamique en Turquie, d’un hindouisme marqué en Inde, de la réhabilitation du confucianisme en Chine et de la religion orthodoxe en Russie.

Dès le début de son premier mandat, Vladimir Poutine a bénéficié d'une structure institutionnelle qui facilite la mise en œuvre de ses initiatives. Le système politique russe, souvent décrit comme « super présidentiel », donne au président une influence prédominante sur les autres organes politiques fédéraux. Bien que le Parlement puisse voter la défiance contre le gouvernement, le président peut dissoudre le Parlement en cas de répétition de cette procédure. De plus, les décrets présidentiels ayant force de loi offrent au président une marge de manœuvre importante pour intervenir dans tous les domaines de la vie politique sans passer par le Parlement. Tout ce déséquilibre institutionnel découle du contexte « antiparlementaire » lors de l'adoption de la nouvelle Constitution russe en 1993, à la suite de l'attaque menée par Boris Eltsine contre la MaisonBlanche de Russie.

Il n’en demeure pas moins que le sentiment d’appartenance nationale au sein des habitants de la Mère patrie est extrêmement marqué. Les Russes dans leur grande majorité, il faut le reconnaître, sont des patriotes et soutiennent une politique internationale qui a permis de ramener leur pays sur le devant de la scène mondiale. Les sanctions européennes n’ont eu qu’un impact relatif sur l’économie russe. La Russie parvient à mener la guerre en Ukraine sans aide financière externe et la population russe n’a pas eu à devoir affronter la moindre récession économique. Les salaires de même que le niveau de vie sont restés stables et le taux de pauvreté n’a pas augmenté. Selon les chiffres du Fonds Monétaire International, l’économie russe a progressé de 3,6 % en 2023 et les prévisions pour 2024 demeurent de l’ordre de 2,6 %. La Russie ne semble ni prête à recevoir des leçons de démocratie de l’Occident, ni vouloir de changement dans les grandes lignes.

Pour toutes ces raisons, le discours de Poutine brasse large et suscite une adhésion réelle, bien que délicate à apprécier en l’absence d’opposition politique digne de ce nom. Lors des élections présidentielles du 17 mars dernier, le taux de participation a atteint les 77,49 %. Le parti communiste russe a réalisé son score le plus bas depuis la fin de l’union soviétique en recueillant à peine 4 % des voix pour son candidat Kharitonov. Messieurs Davankov et Sloutsky, respectivement chef du Parti libéral-démocrate et tête de liste du Parti Nouveau Peuple, ont pour leur part chacun récolté un peu plus de 3 % des scrutins. Tous les autres candidats ont

été recalés par la commission électorale, faute d’avoir rassemblé au moins 300 000 signatures citoyennes.

L’ode pour la paix. En février dernier, dans une interview intéressante accordée au journaliste américain Tucker Carlson, l’autocrate russe estime qu’en tant que citoyen du monde, nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes de notre temps. Il assure rester ouvert au dialogue et aux négociations avec les autres acteurs de la scène géopolitique. La crédibilité de ces allégations est même renforcée par la note annuelle du renseignement américain publiée le 5 février dernier, la Russie ne veut pas de guerre mondiale.

Dans le tumulte médiatique occidental, armée européenne, défense européenne, arme nucléaire, soutien militaire, etc. sont des expressions abondement servies et resservies, mais au fond qui parle de paix ? À titre personnel, les politiques qui plaident pour la paix auront vite fait de gagner les faveurs d’un authentique humanisme, à l’inverse des cadors, ou autres « vont-enguerre » mus par de macabres et nébuleux intérêts et pour qui, la fin justifie toujours les moyens. Le Président de la république française joue le jeu de la surenchère en disant, je cite : « De toute façon, dans l'année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs (sic.) à Odessa » Est-ce sa manière à lui d’envisager la construction de l’Union européenne de demain ? Sur les cendres encore brûlantes de la Crimée ? Les Von Der Leyen, Trudeau, Macron et consorts, lesquels n’ont jamais vécu la guerre autrement qu’au travers de reportages télévisés, jouent à mon avis un jeu dangereux en ne considérant jamais la paix comme une option digne d’intérêt. À l’origine, faut-il le rappeler, l’OTAN est une alliance purement défensive et la coopération européenne fut mise en place dans l’optique de garantir la paix sur le vieux continent.

Dans la marche vers la paix, la Belgique grâce à son histoire, sa situation géographique et les grandes qualités de consensualisme dont elle a toujours su faire preuve, a une carte à jouer. Je pense qu’une solution pragmatique, pour le bien de tous, se trouve dans la diplomatie. À charge à nous, acteurs de la société civile, diplomates et citoyens de tous bords de renouer un dialogue de compréhension et de bon sens sur toutes les questions qui doivent nous mener à terme, vers une véritable paix, une paix qui ne soit pas factice ni digne du plus beau décor « Potemkine ». 

Louis

Secrétaire général de la FEL

LA PLUS GRANDE DÉMOCRATURE DU MONDE ?

INDE

Le 16 février 2024, la journaliste française Vanessa Dougnac, correspondante en Inde pour le journal La Croix, s’est vue contrainte de quitter le territoire indien. En cause, d’après le ministère de l’Intérieur indien, celle-ci menait des activités journalistiques « contraires aux intérêts nationaux du pays ». Dans la plus grande démocratie du monde, cette expulsion pose le débat et questionne la dérive indienne vers un système autoritaire.

Portrait général

Alors qu’on est aux portes des élections législatives générales en Inde, afin d’en comprendre les enjeux, prenons le temps de présenter les grandes caractéristiques du modèle politique indien. Aujourd’hui pays le plus peuplé de la planète, l’Inde fait figure de géant dans le sud global. Multiculturel et séculariste, ce pays connaît une grande diversité. Huit personnes sur dix sont Hindoues et environ 14 % de sa population est musulmane, ce qui en fait le troisième pays musulman au monde, derrière le Pakistan et l’Indonésie, avec 172 millions d’Indiens d’obédience musulmane. À cela s’ajoutent d’autres communautés religieuses, tels que les chrétiens (2,3i%), les sihs (1,7 %), les bouddhistes (0,7 %) et les jaïns (0,3 %). État fédéral et plurilinguistique,

sa population parle l’hindi à proportion de quatre Indiens sur dix. L’anglais y est largement répandu, aux côtés d’une vingtaine de langues reconnues comme langues régionales par la Constitution. Fédéraliste, le pays est constitué d’un ensemble de territoires aux réalités socio-économiques, culturelles et ethniques diverses, bénéficiant souvent d’une certaine autonomie législative et administrative. L’Inde est une démocratie parlementaire, où le pouvoir exécutif est exercé par un Premier ministre, véritable homme fort du pays, tandis qu’un président assure le poste symbolique de chef de l’État. Le paysage politique est diversifié et composé de deux principaux partis politiques : le Bharatiya Janata Party (BJP), parti de l’actuel Premier ministre Narendra Modi, et le parti du Congrès, dont le Mahatma Gandhi et Nehru furent des figures principales..

MODI Narendra

Le pays prend son indépendance en 1947, après près d’un siècle de domination coloniale britannique. Dès 1950, l’Inde adopte une première Constitution, statuant sur la nature de république démocratique. Laïc, le texte garantit les droits fondamentaux des citoyens, particulièrement celui de ne pas favoriser une religion par rapport à une autre.

génériques, dont le pays produit 50 % du volume total de la consommation aux États-Unis.

La péninsule est considérée comme la « plus grande démocratie du monde », notamment de par le nombre d’électeurs appelés à renouveler les institutions. Entre le 19 avril et le 1er juin, l’Inde vote. Pour ce faire, 969 millions d’électeurs sont appelés aux urnes afin de renouveler les 543 députés de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, qui choisira le prochain Premier ministre pour une durée de cinq ans.

Forces et faiblesses du modèle indien

L’Inde présente un nombre indéniable d’atouts. Ceux-ci sont importants à saisir – du moins les plus manifestes –car ils sont repris et mis en avant dans le discours du parti au pouvoir et du Premier ministre.

Parmi ceux-ci, l’un des plus flagrants est la jeunesse de sa population : la moitié des habitants a moins de 28 ans. Par conséquent, sa population active ne cesse d’augmenter.

L’Inde fait également figure de hub dans la production de certains produits. C’est le cas des médicaments

Ces forces ont un effet : l’Inde progresse plus rapidement que la plupart des autres économies en matière de produit national brut, faisant du sous-continent indien la cinquième économie mondiale, dépassant la France et le Royaume-Uni. L’Inde ambitionne d’ailleurs d’atteindre la place de troisième puissance économique mondiale, objectif transformé en thème de campagne par Narendra Modi comme promesse de troisième mandat. Selon JeanLuc Racine, chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), cette ambition est envisageable, tant le Japon et l’Allemagne, respectivement troisième et quatrième puissances économiques, ont des taux de croissance chétifs.

Sur la scène politique internationale, l’Inde tire magistralement son épingle du jeu. De par sa vitalité économique, elle incarne un partenaire stable, n’hésitant pas à jouer sur plusieurs tableaux à la fois. Par rapport à l’Ukraine, l’Inde s’illustre par sa politique de neutralité, se disant inquiète de la situation, mais ne condamnant pas l’invasion russe. Elle en tire même un certain avantage, l’Inde ayant augmenté ses liens commerciaux avec la Russie depuis le début des opérations militaires. En Asie, l’Inde rassure Européens et Américains en se montrant capable de contenir l’expansionnisme de son grand voisin chinois. En 2023, le pays de Gandhi a bénéficié d’une visibilité internationale inédite via sa présidence du G20 et de l’Organisation de coopération de Shangaï.

Elle a également participé, pour la cinquième année consécutive, au sommet du G7 à Hiroshima en 2023.

Toutefois, ce tableau est contrasté, tant les faiblesses sont prégnantes. La croissance économique est indéniable, mais cet enrichissement ne profite qu’aux très riches. Les 10 % des plus riches se partagent 57 % de la richesse du pays. L’Inde possède ainsi, parmi les pays du G20, l’un des plus faibles revenus par habitant. L’Inde connait un appauvrissement général de sa population globale. En découlent des conditions de vie qui ne s’améliorent pas. Certains indicateurs macro-économiques n’évoluent plus depuis les années 2000 voire régressent, comme la hausse de l’analphabétisme, le manque d’accès aux toilettes ou aux services de base, etc. De plus, le taux de chômage est à 8 %, car le marché du travail ne parvient pas à absorber les millions de personnes qui y entrent chaque année.

Vers un système autoritaire ?

L’opposition et beaucoup d’observateurs étrangers dénoncent la mainmise du BJP sur les institutions du pays. Cette mainmise s’étend sur plusieurs domaines, à commencer par la sphère politique. À titre d’exemple, au sein de la commission électorale, qui chapeaute l’organisation du scrutin, deux des trois membres se sont retirés et ont été remplacés par deux hauts fonctionnaires très proches du BJP. Plus inquiétant, l’opposition semble être la cible d’une mise sous silence. Pas un mois ne passe sans que les députés de l’opposition ne se voient accusés ou arrêtés dans le cadre d’affaires variées. En décembre 2023, 143 des 192 députés de l’opposition ont été exclus du Parlement pour des raisons « disciplinaires ».

Bien que la corruption soit endémique au sein des partis politiques indiens, le BJP et ses alliés passent largement en dessous des radars du Central Bureau of Investigation, chargé des enquêtes criminelles, ou de l’Enforcement Directorate, chargé des enquêtes fiscales.

Une réforme du système électoral devrait bientôt renforcer le pouvoir en place en modifiant la carte électorale. Cette modification, prévue pour 2026, vise à augmenter le nombre de députés pour les États du Nord de l’Inde, là où le BJP est roi. Le renforcement du poids électoral de ces provinces est justifié par la démographie, le Nord ayant beaucoup gagné en population au cours de ces dernières décennies. À l’inverse, le Sud a connu une évolution démographique moindre, en raison d’une démographie « mieux gérée » selon l’opposition. Or, c’est justement dans les provinces du Décan, au Sud

de la péninsule indienne, que l’opposition engrange la majorité de ses sièges au Parlement…

Un autre secteur de plus en plus dépendant du pouvoir est la sphère médiatique. Dans un pays où la télé est de loin le média le plus populaire et où la plupart des chaînes sont privées, les grandes chaînes de télévision se concentrent tant et plus entre les mains de milliardaires qui soutiennent ouvertement Narendra Modi. L’opposition y reste invitée pour la forme, mais la ligne éditoriale de ces médias sonne désormais comme de la propagande pro-gouvernementale.

Une presse écrite relativement libre existe encore dans le pays, mais il y règne un climat de crainte de représailles poussant à l’autocensure. Récemment, trois journalistes d’un média indépendant, NewsClick, critiques à l’égard de l’action gouvernementale, ont été accusés de prendre parti pour la Chine ou l’État islamique et ont été emprisonnés. C’est dans ce climat que la correspondante du Soir, Vanessa Dougnac, a récemment dû quitter le pays, accusée de véhiculer une image négative de l’Inde. En 2023, Reports sans frontières a placé l’Inde 161e sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse. Cette mauvaise position s’aggrave d’année en année depuis le milieu des années 2010, période d’arrivée au pouvoir de l’actuel Premier ministre, ce qui ne manque pas de questionner l’état de la démocratie indienne et de son avenir.

Quelle place pour la démocratie ?

Les dérives autoritaires ne se résument pas à cet article. Aux côtés de celles énoncées s’ajoutent un financement abusif du parti au pouvoir et des agressions toujours plus violentes, parfois meurtrières, à l’égard des minorités cultuelles du pays. L’avenir démocratique de l’Inde se joue à travers ces élections. Actuellement, le BJP possède 303 sièges au Parlement. L’objectif de Modi est d’en posséder 100 de plus, afin d’obtenir la majorité des deux-tiers capable de modifier la Constitution. Parmi les révisions souhaitées, figurent les objectifs de retirer le terme de « sécularisme » du texte, d’affaiblir le fédéralisme et de centraliser les pouvoirs entre ses mains. Finalement, la question n’est pas de savoir si l’ultra-nationalisme hindou sera porté au pouvoir pour une troisième fois consécutive, mais avec quel score Modi sera réélu. La voie politique que prend actuellement l’Inde n’est pas rassurante et nous laisse à penser que la plus grande démocratie du monde finira par devenir la plus grande démocrature planétaire. 

Rédacteur en chef

/ DÉR SION /

QUELLE BELLE ÉPOQUE !

PAR CORALIE BOTERDAEL

Elles apparaissent d’abord en douce par une allusion sur un plateau de télévision, puis font leur entrée officielle par une annonce dans un journal parlé. Elles envahissent alors nos médias et nos rues, en scrolling sur nos smartphones et en placarding sur nos fenêtres. Les élections sont partout : on en parle sur les bancs de l’école et de l’université, dans les bureaux, sur les chantiers. On en discute entre collègues et entre amis, parfois on est d’accord ou pas du tout, parfois on demande conseil ou on s’en fout. Quoi qu’on en dise, elles nous titillent. Quand les élections arrivent en ville comme en campagne, c’est la panique dans les circonscriptions.

Et tandis que la période électorale tonne, nous tombons vite sous le charme des candidats. Programmes prometteurs, discours rassembleurs et sourires enjôleurs, ils font tout pour nous séduire. Garantissant le top du top du rapport qualité/prix, chaque liste en lice fait son cirque. Mais tels des chevaliers Jedi pleins de bonnes intentions, les candidats se transforment souvent en Dark Vador des autres aspirations. Propos cinglants, retournements de veste et couteaux dans le dos donnent le tempo et ceux qu’on imaginait déjà travailler de concert se lancent désormais en fanfare dans une foire d’empoigne. Et dans des éclats de coups bas, les uns crient qu’ils ont raison, les autres qu’ils n’ont pas tort. L’échiquier politique en formation de combat semble avoir pour unique objectif de mettre échec et mat le roi de chaque parti adverse. Peut-être ont-ils oublié qu’être dans le vrai n’est pas univoque et que la vérité se trouve à la croisée des pensées.

Le respectueux débat d’idées contradictoires est la voie des meilleures réponses, chacun y a voix au chapitre, chacun y voit sa solution. Le point de vue d’autrui aiguise le regard et ses perspectives élargissent l’horizon. Que l’on se lève du pied gauche ou du pied droit, nous avons besoin des deux pour marcher. Et si clairement mes convictions penchent d’un côté, l’histoire me rappelle qu’on pense mieux à plusieurs. Mais en campagne, les partis n’apprécient pas le partage et ceux-là mêmes qui se serraient hier les mains, les utilisent maintenant pour pointer du doigt leur adversaire. C’est dans ce brouhaha de couleurs partisanes, qu’il nous faut départir notre avis et définir notre profil d’électeur, car une fois la convocation venue, notre choix devra être posé.

Les élections ne sont pas idiotes et ont choisi avec soin le dimanche pour appeler ses votants. Ainsi le dimanche, Jour du Soleil, fera toute la lumière sur les convictions politiques de nos concitoyens ; mais aussi, Jour du Seigneur, il nous permettra de garder foi en la création d’un nouveau gouvernement. Car après tant de démonstrations d’ego et d’ergoterie, il va bien falloir se rabibocher. Puisque tout comme nous sommes obligés de nous rendre aux urnes, ils le seront tout autant de former une coalition opportune. Les élections ont ce de paradoxal et merveilleux, de tous nous rassembler autour de questions qui divisent.

C’est ainsi que grâce à tant de combats menés pour le suffrage universel, l’indifférent, le sceptique, le convaincu, le contestataire, l’engagé, les autres et moi-même,

nous nous retrouverons pour voter. Nous pousserons les portes des bâtiments communaux ou des établissements scolaires, nous ferons impatiemment la file sous les préaux, dans les couloirs et, un par un, munis d’une carte à puce ou d’un crayon rouge, nous tirerons le rideau d’une des sortes de cabines de douche montées à la hâte afin de choisir en secret nos représentants pour trois niveaux de compétence en même temps. De la Chambre à l’Europe, notre voix se propagera d’une petite pièce à tout un continent !

Au soir même des élections, toutes les télévisions seront probablement allumées dans l’attente insoutenable des résultats – c’est l’apanage des démocraties –, pourtant nul ne doute qu’ils ne sonneront pas le glas du processus électoral. Car aussi sûr que la composition de l’équipe nationale de football n’est dévoilée que 15 minutes avant le match, nos décideurs indécis nous tiendrons longtemps en haleine. Espérons toutefois qu’il ne faille pas à nouveau une révolution complète de la Terre autour du Soleil avant la formation de notre prochain gouvernement ou qu’un retour à l’isoloir ne soit pas « l’ultime solution démocratique » : ô comble de l’électoralisme ! Les élections sont la belle époque de tous les espoirs, mais plus ceux-ci sont grands, plus nos désillusions risquent de l’être tout autant. Les élections sont vivantes, fluctuantes et parties prenantes de notre avenir. Finalement, elles méritent bien un peu de chamaillerie. 

Coralie

Détachée pédagogique de la FEL

D’AUTRES FENÊTRES…

PAR LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS LIBÉRAUX

Élections riment avec choix. Toutefois, ce choix ne s’opère pas via la seule comparaison des programmes et des discours. Il y a un avant, comment se forme le discours ? Il y a un pendant, que nous livre le discours entre ses lignes ? Il y a un après, que fait-on du discours ? C’est en partant de ce principe que cette rubrique a été pensée, mettant en avant plusieurs outils utiles au discernement politique : comment faisons-nous de la politique et que fait la politique de nous ?

RÉSEAUX SOCIAUX

lesprit.critique

Lesprit.critique, comme son nom l’indique, c’est une page Instagram à l’objectif clair : développer son esprit critique au travers de toute une série d’exemples afin d’être mieux armé face aux discours politiques, de les remettre en question, d’en comprendre les structures et les biais. Petit plus, la page propose même un « parcours d’esprit critique », structurant les épisodes en un véritable cours d’apprentissage, et ce, à prix libre !

Parce que la compréhension du monde politique passe aussi (et surtout) par l’esprit critique, cette page est essentielle.

ORGANISATION

Jeugd Parlement Jeunesse (JPJ)

Créé en 2008, le JPJ organise chaque année une simulation parlementaire au cours de laquelle plus d’une centaine de jeunes issus de tous les horizons vont débattre autour de projets de lois fictifs. L’objectif ?

Rapprocher les jeunes de la politique et rassembler les différentes communautés linguistiques du pays, le JPJ se faisant dans les trois langues ! Au cours de la simulation parlementaire, tu as l’occasion d’incarner un député, un journaliste ou un membre du Conseil d’État. Et ce n’est pas tout, depuis 2023, le JPJ organise aussi une simulation diplomatique, au cours de laquelle tu pourras te mettre dans la peau d’un diplomate ! Et comme le dit si bien le slogan du site : « Ne crains pas le futur, forge-le ! »

LITTÉRATURE

Comprendre le Monde. Les relations internationales expliquées à tous de Pascal Boniface, 7e édition chez Armand Colin, 2023.

Pascal Boniface, géopolitologue français et fondateur de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), nous livre dans cet ouvrage les clés de compréhension des enjeux majeurs du monde contemporain. Avec un style accessible et pédagogique, il évoque le poids des différents acteurs internationaux (États-Unis, Europe, GAFAM, ONG, etc.), les problématiques globales qui nous challengent, les menaces auxquelles nous devons faire face et comment penser les débats sur des valeurs telles que la démocratie, la souveraineté ou l’ingérence. Parce que les défis sont devenus planétaires, il est indispensable de comprendre le monde.

CENTRE DE RECHERCHE

Le Centre de recherche et d'informations socio-politiques

siège : Bruxelles

Fondé en 1958, le CRISP est un centre d’études indépendant qui s’attache à étudier la décision politique en Belgique et dans le cadre européen. Leurs travaux mettent l’accent sur les enjeux de la décision politique, à expliquer les mécanismes par lesquels elle s’opère, à analyser le rôle des acteurs (politiques, économiques, sociaux, associatifs…) qui y prennent part. Pour informer le public, les activités du CRISP sont nombreuses et variées : publications scientifiques à caractère pédagogique, organisation d’événements, de formations et interventions dans les médias.

Si tu es féru de politique belge, fonce consulter leurs publications !

PLATEFORME

Forum des jeunes

Porte-parole des jeunes âgés de 16 à 30 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles, en vue des élections de 2024, le Forum des Jeunes a publié un guide pour informer les jeunes sur la démocratie et les élections. Le guide se distingue en plusieurs rubriques : pourquoi je vote ? (À quoi sert mon vote ?) Pour qui je vote ? (Niveau de pouvoir & programmes) Qui vote et comment ? (Procédure du vote), etc. Grâce à cette brochure, il existe enfin un espace centralisé avec des contenus fiables et de qualité afin de s’informer sur le sujet !

Si des jeunes autour de toi se posent des questions sur la démocratie et les élections, tu sais vers où les diriger !

/ BIBLIOGRAPHIE /

Démocratie et influence partisane : En quête d’un équilibre subtil qu’il s’agit de maîtriser par Nathan Vokar

La Toupie, « Partitocratie, régime de partis », « Toupictionnaire » : Le dixtionnaire politique, sur https://www.toupie.org/Dictionnaire/Partitocratie.htm, consulté le 29 avril 2024.

Mais également : « La Constitution belge » sur https://www.senate.be/doc/const_fr.html.

Élections à l’ère numérique : Transformation des pratiques électorales par Gaspard Coche

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The Guardian, « Facebook accused of “pumping out fake news” », 2024, sur https://www.theguardian.com/facebook-fake-news, consulté le 05 avril 2024.

Centre for European Policy Studies, « Cybersecurity in Belgian Elections », 2023, sur https://www.ceps.eu/cybersecurity-belgian-elections, consulté le 06 avril 2024.

Bureau fédéral du Plan, « Public Attitudes Towards Electronic Voting in Belgium », 2022, sur https://www.plan.be/electronic-voting-belgium, consulté le 07 avril 2024.

KU Leuven, « Social Media and Political Engagement in Belgium », 2023, https://www.kuleuven.be/social-media-politics, consulté le 03 avril 2024.

La démocratie directe : Un regard sur la voie suisse et les enjeux belges par Andreea-Maria Condila

BERNHARD A.-F., « L’Union Européenne ne peut pas tolérer la démocratie directe », dans Le Regard Libre, 2024/1, n° 103, p. 8-10.

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MAGNI-BERTON R., MOREL L., Démocraties directes, Bruylant, 2022.

Représentation en France, « L’Union européenne n’est pas démocratique ! Vraiment ? », europa.eu., 8 juillet 2020, https://france.representation. ec.europa.eu/informations/lunion-europeenne-nest-pas-democratique-vraiment-2020-07-08_fr, consulté le 06 avril 2024.

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Mais également : « La Constitution belge » : articles 41, alinéa 5 et article 39bis.

Les défis de l’intégration européenne : Enjeux politiques, économiques et sociaux par Pelin Agaclitepe

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