Volume XXII

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L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval Volume XXII Numéro 1

UNIVERSITÉ Sommet de l’éducation

Point de rupture Page 3

le mercredi 13 février 2013

Renonciation de Benoît XVI

Témoin de sa succession Québec – À compter de mars prochain, l’Église catholique comptera deux papes vivants entre ses murs, une première en près vde 600 ans.

QUÉBEC

Camille Bélanger-Vincent Camille.belanger-vincent.1@ulaval.ca

Crise du logement

Sarah-Christine Bourihane Sarah-christine.bourihane.1@ulaval.ca

La basse-ville s’embourgeoise Page 5

CULTURE Billy Tellier

Premier one

man show

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SPORTS Patinage Synchronisé

Vers les Olympiques?

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lu pape le 19 avril 2005, Joseph Alois Rastzinger renoncera à ses fonctions pontificales à partir du 28 février prochain. À compter de ce jour, les cardinaux des quatre coins de la planète devront se réunir dans un conclave pour élire le nouveau pape. C’est la première fois en près de 600 ans que le monde est témoin de la renonciation d’un pape en exercice. «Benoît XVI demeurera archevêque, mais il sera toujours perçu comme un pape», a affirmé Emmanuel Mumba, doctorant en ecclésiologie des pères de l’Église. Quatrième chef religieux catholique à quitter son poste avant sa mort, Joseph Rastzinger crée en effet une situation exceptionnelle, où deux papes seront

vivants durant une même période. Gilles Routhier, doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, croit toutefois que l’acte de renonciation de Benoît XVI l’incitera à garder ses distances des décisions vaticanes qu’aura à prendre son successeur. «Je crois qu’il laissera le nouveau pape libre de ses mouvements et qu’il ne tentera pas d’intervenir», a prédit M. Routhier.

Un geste de lucidité

«[…]je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement les fonctions du ministère pétrinien», a déclaré Benoît XVI lundi dernier au Vatican. Cette annonce

a été perçue comme étant courageuse, voire audacieuse, par plusieurs membres de l’Église catholique québécoise et spécialistes de théologie, dont Emmanuel Mumba. «Le pape est brave. Il a réagi juste à temps et a usé de lucidité», a exprimé le doctorant en ecclésiologie, faisant référence à l’état de santé aggravé de Benoît XVI. À ce sujet, le prêtre Michel Mondou de Plessisville a d’ailleurs avancé : «Puisque sa démission prendra effet dans deux semaines, ce qui est très rapide, on peut en conclure qu’il était déjà malade». Selon Emmanuel Mumba, l’époque de Benoît XVI est non comparable aux autres. «Avoir à faire des voyages ou à parler plusieurs langues est typique de notre époque. Pour un homme de 85 ans, cela représente un grand défi», a-til affirmé.

Gilles Routhier a d’ailleurs rappelé les nombreuses crises qu’a dû traverser Benoît XVI à titre de chef spirituel de plus d’un milliard 200 millions de catholiques. «Il a eu un pontificat difficile et agité», a laissé entendre M. Routhier, qui

ajoute qu’un grand chantier attend le successeur du souverain pontife. La renonciation de Benoît XVI pourra aussi avoir un impact sur la manière dont la papauté sera perçue par l’opinion publique. «Les papes ne sont pas des surhommes, des gens qui ne sont pas comme les autres. On va redécouvrir l’humanité de la papauté», a déclaré Gilles Routhier.

Succession québécoise ?

Bien que l’élection du cardinal Marc Ouellet à titre de pape soit possible, les membres de l’Église catholique au Québec ne semblent pas privilégier cette option à cause des origines québécoises du cardinal. «La géographie n’est pas un critère dans la détermination du nouveau pape», a affirmé le prêtre Mondou, en ajoutant que les cardinaux seront surtout à la recherche d’un successeur qui sera en mesure de donner une nouvelle impulsion à l’Église. «Le cardinal Ouellet est un homme connu, mais il ne faut pas penser qu’il est le seul candidat», a ajouté M. Routhier de la Faculté de théologie et de sciences religieuses.

À la conquête du Saint-Laurent

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Suivez-nous sur Facebook (journal l’Exemplaire) et sur Twitter (@lexemplaire) Photo Marie-Pier Cayer


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n i v e rsité

En b r e f Négociations syndicales Les chargés de cours haussent le ton

L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

Services alimentaires sur le campus

Le projet de la CADEUL progresse sité. L’important c’est de faire un projet qui rassemble la communauté universitaire», a mentionné M Bonneau.

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uite à une assemblée générale le 6 février dernier, les chargés de cours de l’Université Laval ont obtenu 90% des votes en faveur de l’intensification de leurs moyens de pression. Suite à 69 rencontres, plusieurs points cruciaux demeurent problématiques. Le statut des cours universitaires, les balises des contrats des chargés d’enseignement et le rattrapage salarial sont au cœur du conflit. (V.P.)

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Fidéides 2013 L’UL finaliste

a fondation de l’Université Laval (FUL) est finaliste en tant qu’Organisme à but non lucratif au gala des Fidéides 2013 de la Chambre de commerce de Québec. La Fondation a recueilli 26.8 M$, la plus grande somme jamais amassée depuis les 45 dernières années. La Coop Zone du Pollack-Desjardins est aussi nominée dans la catégorie commerce de détail. Le gala se déroulera le 14 mars prochain au Centre des congrès de Québec. (V.P.)

Développement durable Conférence à l’UL

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a Chaire de recherche du Canada sur les normes de gestion du développement durable et l’Institut Hydro-Québec EDS, avec la collaboration du Bureau de normalisation du Québec (BNQ), organise une présentation de l’approche nationale BNQ 21000 à l’Université Laval, le mardi 19 février. Cette norme fait suite à l’initiative du gouvernement du Québec d’inciter les entreprises à entamer une démarche de développement durable d’ici fin 2013. (H.D.)

L’UL à Harvard Voyage annulé

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reize étudiants en Gestion du développement international et action humanitaire de l’UL ont dû annuler leur voyage à Boston à cause de la tempête qui a frappé la Côte-Est des États-Unis la fin de semaine dernière. Le groupe d’étudiants représentait l’Université Laval et Managers sans frontières à une conférence organisée par les étudiants de Harvard. Le voyage sera remis en avril. (A-A.M)

Photo Camille Ozuru

Selon Josée Genois, directrice générale à la division Québec de Sodexo, leur virage santé permet à l’entreprise «d’offrir des options santé aux étudiants».

Cité universitaire – La CADEUL n’est plus seule dans son projet pour mettre la main sur les contrats de service alimentaire du campus. Elle a reçu récemment l’appui de la Coopérative des cafés de l’université et des cafés étudiants. Le projet suit son cours avec la mise en place d’un nouveau comité. Camille Ozuru camille-chieko-colette.ozuru.1@ulaval.ca

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ous appuyons toute initiative qui viendrait d’un organisme du campus universitaire » a témoigné Myriam Michaud coordonnatrice adjointe à la Coopérative des cafés de l’Université Laval. Le but de la Coop est d’assister les cafés étudiants dans leurs activités. Un nouveau comité a été formé pour étudier le projet. La CADEUL a mis en place un site Internet pour

que les étudiants s’expriment. «Les étudiants pourront signifier leur appui au projet dans les prochains mois », a souligné le président de la CADEUL, Martin Bonneau. Les représentants du comité font partie à la fois de l’association des étudiants, des professeurs et de la Coop. Ce n’est pas qu’un projet de la CADEUL seule. «Ce que l’on veut proposer, c’est que le projet alimentaire soit géré par l’Univer-

«Notre motivation n’est pas de faire du profit, c’est d’offrir un service qui satisfera le client. Tout cela en essayant d’être le plus possible à l’écoute des étudiants», a justement fait valoir le président de la CADEUL. L’argument du tarif actuel de l’alimentation dans les différentes cafétérias est mentionné à plusieurs reprises notamment par Myriam Michaud qui croit que «c’est cher pour ce que c’est». La CADEUL souhaite obtenir la gestion des services alimentaires du pavillon Desjardins et La Laurentienne dont l’appel d’offres aura lieu en 2014. «La CADEUL avait déjà fait une demande en 2005. Le temps a passé, mais nous avions toujours cette idée en tête et le prochain appel d’offres à l’esprit», a souligné le président, Martin Bonneau. Depuis 2005, ce sont les compagnies Laliberté et Sodexo qui sont en charge des services alimentaires de l’Université Laval. Josée Genois, directrice générale à la division Québec de Sodexo pour l’Université Laval n’a pas voulu commenter les tarifs. Elle a toute-

Omnium de poker universitaire

fois tenu à défendre l’implication de son entreprise. « Depuis son arrivée sur le campus en 2005, l’entreprise a offert 235,000$ à la communauté étudiante, que ce soit en bourse d’études, en commandites ou autre forme de contribution», at-elle précisé. Selon Mme Genois, l’Atrium du Pavillon Charles-DeKoninck, est financé par Sodexo. «Ces contributions à la communauté universitaire ne sont que quelques éléments de qualité de vie que Sodexo apporte à l’Université Laval», a-t-elle indiqué. L’initiative de la CADEUL n’est pas unique en son genre. En 2006, le Mouvement des Associations Générales Étudiante de l’Université de Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC) a obtenu le contrat de gestion des services alimentaires de leur campus. Raphaël Bellavance-Ménard, secrétaire général à la MAGEUQAC, a affirmé que leur argument principal était «d’offrir une qualité supérieure à ce que Sodexo a offert sur le campus». «Comme la MAGE-UQAC possédait déjà la Cantine et le Bar Uqac, le fait de posséder en plus les cafétérias nous permettait de payer un coût moindre en créant une espèce de synergie entre ces différents services», a précisé M. Bellavance-Ménard.

Loto-Québec dans les universités Cité universitaire - L’association de Loto-Québec avec l’Omnium universitaire de poker suscite beaucoup de réactions dans les institutions d’enseignement. C’est la première fois que la société d’État commandite ce tournoi destiné aux étudiants, qui en est à sa 5e édition. Simon Borelle simon.borelle.1@ulaval.ca

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lusieurs universités ont critiqué la tenue de ce genre d’événement dans des lieux d’enseignement. «Les enseignants ont une responsabilité face à leur communauté étudiante et la tenue d’un tel événement au sein de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et cela ne correspond pas à leur mission d’enseignement, de recherche, de création et de vie étudiante», a déploré Jenny Desrochers, directrice intérimaire du service des communications de l’UQAM. C’est la même chose du côté de l’Université de Montréal (UdeM). «Nous avons un malaise avec les affiches. Nous tentons de les retirer. C’est de l’affichage sauvage», a confié Mathieu Fillion, porte-parole de

l’UdeM à La Presse . L’Université Laval n’a pas rappelé l’exemplaire pour commenter sur le sujet.

Des étudiants inquiets

Plusieurs étudiants de l’Université Laval se sont dit choqués à l’annonce de ce tournoi. Ahmed Dhab, étudiant à la maîtrise en géologie, trouve étrange que la vente de tabac et d’alcool soit interdite à l’Université alors qu’un système de loterie ou un tournoi de poker peut y être organisé. «L’université est censée être un lieu sain, enfin un lieu où le style de vie est plus ou moins exemplaire. L’arrivée de Loto-Québec est complètement paradoxale», a-t-il ajouté.

De son côté, Félix Merleau, étudiant en première année de théâtre, insiste sur le fait que ce genre de jeu pourrait mener à une dépendance. «Il paraît invraisemblable qu’un tel tournoi puisse être assimilé aux universités», a-til affirmé. Cependant, l’étudiant en théâtre a soulevé la question de l’encadrement des jeux. «Encadrer ce jeu de façon légale permet peut-être aussi pour les joueurs de le pratiquer avec moins de danger», a-t-il expliqué. Loto-Québec héberge sur son site internet, Espacejeux, le tournoi universitaire présenté dans les 15 universités du Québec. Il fournira aussi les installations du Casino de Montréal où se tiendra la grande finale. Des bourses et des prix totalisant 20 000$ seront offerts aux étudiants.

Loto-Québec s’explique

«Les jeux de hasard et d’argent comportent leur part de risque, nul doute», a défendu Marie-Claude Rivet, porte-parole de

Loto-Québec. Elle a pourtant assuré que des mesures étaient déjà mises en place. «C’est un environnement de jeu responsable comportant un ensemble de mesures de prévention», a-t-elle ajouté. Rappelant les quelques 2000 sites de jeux illégaux au Canada, Mme Rivest a ajouté, «qu’il était préférable de jouer dans un environnement légal, intègre et sécuritaire plutôt que dans des lieux illicites». La porte-parole a en outre précisé que Loto-Québec n’est en fait qu’un commanditaire de Prince Poker, qui est l’organisme à l’origine de cet Omnium de poker universitaire.

La loterie dans les universités

Loto-Québec est présente au sein des universités depuis déjà plusieurs années. À l’Université Laval, par exemple, les étudiants ont la possibilité d’acheter de la loterie au dépanneur du Pavillon DesjardinsPollack, «Chez Alphonse», et ce, depuis 2006.


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L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

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Sommet sur l’éducation

Rencontre avec Marois

Vif débat sur la place de l’ASSÉ

Un économiste prône la gratuité Cité universitaire - Ianik Marcil est un des rares économistes qui s’est prononcé en faveur de la gratuité scolaire. Selon lui, ce projet est loin d’être un rêve impossible à concrétiser. Sophie Houle-Drapeau Sophie.houle-drapeau.1@ulaval.ca

Archives l’Exemplaire

Plus de 10 000 étudiants seront en grève lors du Sommet sur l’éducation supérieure. Québec- L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a finalement rencontré la première ministre Pauline Marois et le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, lundi après-midi. Sophie Houle-Drapeau Sophie.houle-drapeau.1@ulaval.ca

«L

es débats furent vifs sur la forme que prendra le Sommet et la place que pourrait y prendre l’ASSÉ», a déclaré Jérémie Bédard-Wien, porte-parole de l’ASSÉ, à sa sortie de la rencontre. Il a mentionné qu’il était heureux que la première ministre accepte de les rencontrer. En point de presse, M Bédard-Wien n’a toutefois pas voulu dire si l’ASSÉ allait participer au Sommet sur l’éducation. Le porte-parole a d’ailleurs refusé de

répondre aux questions des journalistes présents sur place. Il y a quelques jours, l’ASSÉ a menacé de boycotter le Sommet sur l’éducation. Elle a demandé au ministre Duchesne de respecter certaines conditions, notamment de ramener la gratuité scolaire sur la table des négociations. L’ASSÉ n’a pas rappelé l’exemplaire. Pauline Marois avait ouvert la porte aux discussions sur la gratuité des études universitaires vendredi dernier lors du Conseil

national du Parti Québécois. Toutefois, en fin de semaine dernière, elle a réitéré son appui à l’indexation des frais de scolarité. Selon elle, il s’agit d’une position de compromis. «Pour moi, indexation égale gel», a mentionné Mme Marois en point de presse dimanche à Drummondville. Elle a soutenu qu’avec l’augmentation du coût de la vie, ne pas toucher aux frais de scolarité équivaut à réduire les frais de scolarité. Dans tous les cas, l’ASSÉ prévoit une manifestation nationale qui se tiendra le 26 février prochain, jour d’ouverture du Sommet, au Square Victoria à Montréal. Au total, cinq associations étudiantes affiliées à l’ASSÉ ont décidé de faire la grève pour participer à la manifestation.

Les absents ont-ils toujours tort?

Québec- Que ce soit par choix ou par dépit, des places importantes resteront vacantes lors du Sommet sur l’enseignement supérieur qui se tiendra les 24 et 25 février prochains à Montréal. Perrine Gruson perrine.gruson.1@ulaval.ca

«C

omment proposer des idées, transmettre des messages si les acteurs principaux ne sont même pas invités?», a lancé Jacques Turgeon, directeur du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). M. Turgeon et ses collaborateurs ont tenté de se faire entendre par plusieurs moyens. «J’ai parlé personnellement au ministre Duchesne», a-t-il confié. Il aurait aimé pouvoir aborder plusieurs sujets préoccupants dans le domaine de la recherche en santé, comme l’urgence et l’importance d’assurer une continuité dans les services de santé. «C’est la première chose dont j’aurais aimé parler au Sommet», at-il expliqué. Le Directeur du Centre de recherche du CHUM a ainsi dénoncé qu’il ait été exclu de ce Som-

met. «Les intérêts du domaine de la recherche ne sont pas représentés», a-t-il déploré. L’un des points phares de ce Sommet est en effet le domaine de la recherche. Les fonds de recherche du Québec viennent de subir de lourdes compressions budgétaires s’élevant à 31 M$. Dans le domaine de la santé, elles sont de 10 M$, soit 13% du budget total de recherche. Suite à cette annonce à la fin du mois de janvier, plusieurs chercheurs du domaine ont exprimé leur mécontentement, notamment avec la campagne Je suis Michèle. Dans cette publicité, Michèle St-Pierre, patiente qui a le cancer, exprimait ses inquiétudes sur l’impact de ces coupes.

Absents par choix

D’autres absents risquent de

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ême les estimations les plus élevées [du coût de la gratuité], prouvent que c’est possible», a-t-il affirmé. Il est conscient que les sommes nécessaires à la gratuité sont importantes. Les pires estimations se chiffrent à 1,1 milliard de dollars selon lui. «Peu importe la posture idéologique que nous adoptons par rapport à la dette, par exemple, il est clair que faire ce choix aurait des conséquences sur les finances publiques. Mais des aménagements sont possibles », a-t-il expliqué. M. Marcil croit que l’éducation et la recherche doivent être financées par les impôts et les taxes des contribuables. Il ajoute toutefois que d’autres sources de financement sont possibles. «Il peut y avoir, dans la mise en œuvre de cette politique, de multiples arrangements. Par exemple, une taxe sur la main-d’œuvre, dont on a parlé ces derniers jours, comme c’est le cas en Ontario. Cela ne peut être que prélevé sur l’ensemble des revenus de l’État.

Cette décision est stratégique et politique», a-t-il raconté. L’actuel débat entourant l’éducation porte aussi sur les valeurs de notre société. En choisissant de tarifier la scolarité, la société québécoise se positionne dans une logique clientéliste, selon M. Marcil. «L’éducation ne doit surtout pas [répondre] à une logique de clientélisme. Les étudiants ne sont pas des clients», a-til souligné. Selon lui, il importe de repenser les raisons d’être de nos liens sociaux, politiques et économiques. «Une vision clientéliste est, par définition, individualiste et nie la possibilité profonde de penser notre vivre-ensemble», a poursuivi l’économiste. Le gouvernement du Québec semble pourtant avoir fermé la porte à cette solution. «On ne peut pas se payer la gratuité scolaire», a soutenu le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne. La première ministre Pauline Marois avait tenu des propos similaires lors de la dernière campagne électorale. «Je ne peux

s’ajouter à la liste. Notamment, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a menacé de boycotter le Sommet si le ministre ne répond pas à certaines conditions. Elle demande entre autres que la gratuité scolaire devienne une option envisageable. L’ASSÉ n’a pas voulu rappeler l’exemplaire pour dire quand elle allait rendre sa décision. La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNNEQ) a elle aussi menacé de laisser une chaise vide. «La décision de boycotter [le Sommet] n’a pas encore été prise», a expliqué Sylvain Marois, vice-président du regroupement université de la FNNEQ. «Pour le moment, c’est un moyen de pression sur le gouvernement», a-t-il précisé. La FNNEQ reproche au ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, de renier une entente signée par le gouvernement Charest, où ce dernier s’était engagé notamment à verser 31 M$ pour aider les cégeps qui ont été affectés par la grève du printemps 2012. Or, le gouvernement Marois a affirmé qu’il ne paierait que 15 M$.

Courtoisie Ianick Marcil

«Je crois qu’il faut donner la chance au coureur. Un Sommet comme une Commission parlementaire, par exemple, demeure une mise en scène symbolique de nos relations politiques. Mais une mise en scène où, compte tenu des règles du jeu imposées par le metteur en scène, tous doivent essayer de jouer leur rôle», a affirmé Ianick Marcil, économiste indépendant.


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Commentaire Quand l’actuel prévaut sur l’avenir

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quoi servira une économie solide quand les glaciers fonderont jusqu’à nos portes ?

Certes, le Canada souhaite rembourser sa dette, comme la majorité de ses citoyens d’ailleurs, mais à quel prix ? Les sables bitumineux ne sont qu’une des ressources qu’a à offrir le Canada. Pourtant, le message martelé par le Parti conservateur laisse croire que c’est l’option idéale pour s’enrichir. Ironique de penser à creuser pour se sortir du trou. C’est sans grande surprise cependant, car le gouvernement fédéral conservateur n’a habitué personne à des décisions au bon potentiel écologique. Il est tout de même à parier que les principaux acteurs seront un jour, comme tout le monde, rattrapés par la réalité. Car c’en est une réalité. Selon Greenpeace, au cours des 30 dernières années, la banquise a perdu le tiers de sa superficie initiale. À ce rythme, d’ici 2030, le continent glacé pourrait n’être qu’un souvenir alors que les espèces y vivant subiraient le même sort. Or, il est malheureux de constater ces statistiques alarmantes, mais il semble que les glaces ne tombent pas d’assez haut pour faire écho jusqu’aux oreilles du gouvernement conservateur qui continue de baser ses profits sur l’exploitation coûteuse et polluante des sables bitumineux. Exploitation qui causera d’ici 2020 l’émission de 420 millions de tonnes en CO2, parmi les pires projets d’énergie sale dans le monde. L’instance politique balaie du revers de la main les revendications de l’organisme écologique depuis qu’elle en a la chance. Avant d’arriver au pouvoir avec la majorité, les conservateurs avaient été ouvertement critiqués mondialement pour avoir fait une tournée de promotion malhonnête réduisant l’impact et la quantité d’émissions des gaz à effets de serre (GES). On apprenait d’ailleurs en décembre 2012, que le Canada était le premier pays à quitter officiellement le protocole de Kyoto lancé en 2005. L’unifolié n’a pas su réduire ses émissions de GES. Au contraire, il n’a su que ralentir la hausse de ses émissions. Rien pour sauver le monde. Plusieurs le diront, il fallait s’y attendre avec les conservateurs.

Pendant que ces derniers prennent du soleil sur leurs plages de sables bitumineux, le Québec surfe en sens opposé sur la vague orange qu’il a créée dans un ultime effort d’humanité. Car l’argument, dans cette histoire, est l’humain. Celui qui payera le gros prix d’ici quelques années. Ce qu’il faut en comprendre, c’est qu’il est plus facile de dénigrer le problème et d’en faire un mythe que de le régler. On travaille sur l’actuel sans penser au futur et on s’en lave les mains, car on ne sera pas là pour subir les conséquences.

Olivier Turcotte

olivier.turcotte.15@ulaval.ca

L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

Sommet sur l’enseignement supérieur

Le Sommet des exigences

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elon la rectrice de l’Université McGill, Heather Monroe-Blum, le Sommet sur l’enseignement supérieur serait une véritable «farce» puisqu’il est «chorégraphié» d’avance. Dans une entrevue qu’elle a accordée au journal Le Devoir la semaine dernière, Mme Monroe-Blum a confié son malaise de se faire sermonner sur la gestion des universités. Il est vrai que ce Sommet est une «farce». Toutefois, ce n’est certainement pas parce qu’on remet en doute la gestion des universités. Si les rencontres s’annoncent mal, c’est surtout parce que chacun des acteurs refuse de céder quoi que ce soit. Chaque groupe met de l’avant ses exigences, sans manifester l’intention de les négocier. Au début de la semaine dernière, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a menacé de boycotter le Sommet qu’elle a tant revendiqué par le passé. Elle demande entre autres au ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, que la gratuité scolaire soit un scénario envisageable sur la table des négociations. D’autre part, selon l’ASSÉ, le ministre devrait cesser d’évoquer une hausse des frais de scolarité comme une «conclusion inévitable» du Sommet. Quelques associations étudiantes affiliées à l’ASSÉ ont d’ailleurs choisi de faire la grève lors des journées du Sommet pour aller manifester. De son côté, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a elle aussi posé ses exigences en menaçant le Parti Québécois (PQ). Sa présidente, Martine Desjardins, a promis de faire la prochaine campagne électorale contre le PQ si le parti choisit d’augmenter les frais de scolarité, même s’il s’agit d’une indexation. «Je peux vous garantir que les étudiants qui sont allés voter aux dernières élections vont y repenser deux fois aux prochaines élections», a lancé Mme Desjardins, lors de la dernière rencontre préliminaire au Sommet, à Rimouski. Pour la FEUQ, c’est donc le gel, ou rien. La Centrale des Syndicats Nationaux (CSN) a elle aussi prévenu le gouvernement péquiste. Comme pour la FEUQ, le gel demeure la seule option acceptable. «On n’acceptera pas l’indexation», a affirmé le président de la centrale syndicale, Jacques Létourneau, au journal La Presse. Il a ajouté qu’il ne laisserait pas tomber les étudiants. Encore une fois, c’est tout, ou rien. Les recteurs ont, eux aussi, menacé de boycotter le Sommet lorsque le ministre Duchesne avait annoncé les compressions budgétaires dans le milieu universitaire. C’est du moins ce qu’avait avancé le recteur de l’Université Laval, Denis Brière, en décembre dernier. Les parties sont tellement divisées qu’à Montréal, au début du mois de février, un «sommet parallèle» a été organisé. Une rencontre à laquelle seulement la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et les universités de la ville ont participé. Un forum semblable se tiendra à Québec le 21 février. Pourquoi aucun de ces acteurs ne comprend que ce n’est pas en menaçant qu’on obtient ce qu’on veut? En démocratie, il faut négocier ce qu’on veut obtenir sinon certains intervenants seront totalement insatisfaits des décisions qui sont prises. On l’a remarqué lorsque la hausse des frais de scolarité avait été décrétée par le gouvernement Charest il y a quelques années. Les étudiants avaient boudé cette rencontre et la décision avait été prise sans eux. La délibération permet à tout le monde de trouver son compte même si elle nécessite certains sacrifices. D’autre part, il est plutôt inusité de commencer des négociations en exigeant des choses. Lorsque certains acteurs émettent des exigences, il est commun de voir leurs adversaires se braquer. La discussion de bonne foi s’avère alors difficile, voire impossible. Le Sommet, qui devait être un forum où tout le monde pourrait s’exprimer et s’écouter, s’annonce plutôt comme un dialogue de sourds où les différents acteurs ne vont que présenter leurs doléances sans faire de compromis. On n’aimerait pas être dans les souliers de Monsieur Duchesne.

Vicky Fragasso-Marquis

vicky.fragasso-marquis.1@ulaval.ca

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Marie-Michèle Genest


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L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

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Conversion de logements en condominiums

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En b r e f Parti québécois Conseil national

Embourgeoisement à Québec L

Photo Marie Bisiaux

Les étudiants de l’Université Laval ne comptent pas changer leurs habitudes de transport à la suite de la hausse des tarifs annoncée par le RTC.

Hausse des tarifs du RTC

Les usagers indifférents Québec - Les usagers du Réseau de transport de la Capitale (RTC) semblent de plus en plus indifférents aux hausses de tarifs récurrentes imposées par l’entreprise. De son côté, la RTC croit que c’est une hausse moindre pour tous les services qui seront bonifiés. Marie Bisiaux marie.bisiaux.1@ulaval.ca Sonia Larochelle Sonia.larochelle.1@ulaval.ca

À

partir du 1er mars prochain, une hausse de 2,50 $ sur le prix du laissez-passer mensuel général sera mise en vigueur. Les étudiants subiront quant à eux une augmentation de 1,50 $ sur leur laissez-passer.

seau avant d’expliquer les raisons de cette augmentation. «Le RTC a investi beaucoup au cours des cinq dernières années pour améliorer les transports en commun. Si on veut continuer, on n’a pas le choix», a-telle affirmé.

Cette annonce ne semble pas choquer les usagers du RTC, dont plusieurs étudiants de l’Université Laval. «Je m’y attendais, car chaque année, il y a une hausse», a déclaré Lorie Laberge, étudiante en pharmacie à l’Université Laval. «2,9 %, ce n’est pas dramatique comme augmentation!», a lancé Alexandre Therrien, étudiant à la Faculté de musique. D’après lui, la hausse n’aura d’ailleurs absolument pas de conséquence sur son budget.

L’entreprise compte en effet faciliter le transport de certains usagers, comme les travailleurs et les étudiants, qui représentent respectivement 48 % et 33 % de ses clients. L’Université Laval sera d’ailleurs particulièrement visée. «De nouveaux parcours eXpress 300 iront directement à l’université et seront prolongés jusqu’aux cégeps», a annoncé Carole Brousseau. D’autres parcours eXpress 500 desserviront quant à eux le secteur Laurier et amélioreront ainsi le transport de ses travailleurs.

Carole Brousseau, porte-parole du RTC, ne craint pas une diminution du nombre de clients. «On est rendu à 47 millions de passages cette année, c’est-à-dire 4 % de plus que l’année précédente», a-t-elle expliqué.

Une hausse graduelle

À compter du 1er mars 2013, le coût du laissez-passer mensuel général passera de 76,75 $ à 79,25 $, alors qu’en 2011, le tarif ne dépassait pas les 74,75 $. Les étudiants verront quant à eux monter le prix de leur laissez-passer de 51,50 $ à 53 $. Le billet individuel subira lui aussi une hausse, moins importante, de 0,10 $, ce qui portera le prix d’un passage à 2,75 $. Les usagers Écolobus devront également assumer une augmentation des tarifs, le billet passant de 1 à 2 $. «On ne fait pas ça de gaieté de cœur», a déclaré Mme Brous-

Québec – Le Bureau d’animation et information logement (BAIL) accuse la ville de favoriser le développement urbain au détriment des citoyens locataires. La conversion de logements en condominiums aurait des conséquences graves sur le tissu urbain des quartiers. Elise Duffay elise.duffay.1@ulaval.ca

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elon Jonathan Carmichael, organisateur communautaire du BAIL, cette mesure plus permissive de la ville crée des incompatibilités entre revenus et loyers. «Le phénomène [de transformation des logements] gonfle l’évaluation foncière des immeubles, faisant augmenter les taxes, qui sont ensuite reléguées aux locataires par des hausses de loyer », a-t-il expliqué. Cette critique fait suite à la levée partielle, il y a plus d’un an, du moratoire de la Ville de Québec, qui empêchait la conversion de logements en copropriétés divisées (condominiums). Le BAIL a fait connaître son mécontentement à la Ville de Québec en allant apposer un avis de transformation de logement en condominium sur le bureau d’arrondissement La Cité-Limoilou le mercredi 30 janvier dernier.

Création de ghettos

Francine Hamel, consultante budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de Québec, déplore l’augmentation de coûts annoncée par le RTC. «Tout augmente, mais les revenus n’augmentent pas en conséquence», a-t-elle dénoncé.

D’après Pierre Thibault, professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval, la levée partielle du moratoire de la ville favorise l’embourgeoisement urbain. «C’est un problème, puisqu’on ne construit plus de logements locatifs abordables», a-t-il déploré, avant d’ajouter que ce contexte ne va pas dans le sens d’une «diversité sociale». Selon lui, la situation actuelle mènera à l’exclusion des citoyens locataires demeurant dans les quartiers tels que Limoilou et Saint-Sauveur, ciblés par la mesure de développement urbain de l’administration Labeaume. «Ce n’est pas souhaitable que des ghettos se forment dans une ville», a d’ailleurs avancé M. Thibault.

Des augmentations à Lévis

Impacts sur les étudiants

La Société de transport de Lévis (STLévis) compte elle aussi revoir ses tarifs à la hausse en 2013. Son laissez-passer mensuel, par exemple, subira une hausse de 3,1 % en passant de 75,70 $ à 78,35 $. Le directeur général de la STLévis, Jean-François Carrier, reste toutefois confiant à propos du nombre d’usagers qui utiliseront les services de STLévis. «Si on doublait les tarifs, on pourrait perdre des clients, mais ce n’est pas le cas», a-til soutenu.

Les étudiants sont directement concernés par la conversion de logements en condominiums. «Je trouve cette mesure regrettable puisqu’elle empêche des jeunes de trouver de beaux appartements à un prix abordable», a confié Myriam Saint-Yves, une étudiante à la maîtrise en littérature à l’Université Laval. La volonté de développement urbain de la Ville de Québec a également pour conséquence le harcèlement des locataires, selon

Jonathan Carmichael du BAIL. «En facilitant les conversions, la ville cautionne aussi les pratiques abusives envers les locataires», a-t-il déploré. «Les propriétaires cherchent à se débarrasser des locataires avant de convertir [leur logement] en condominiums», a affirmé M. Carmichael.

À la défense du développement urbain

Chantal Gilbert, conseillère municipale de l’arrondissement de La Cité-Limoilou, défend la mesure de développement urbain, malgré toutes les critiques faites à son endroit. «La solution à la crise du logement est aussi de favoriser l’accès à la propriété pour ceux qui peuvent,

«Ce n’est pas souhaitable que des ghettos se forment dans une ville» - P.Thibault et le condominium peut servir à ça», a-t-elle fait remarquer. La mesure de la ville tend également à revitaliser le quartier en y attirant des personnes à revenus plus élevés. Mathieu Montmartin, directeur de la Société de développement commercial (SDC) 3e avenue, a une opinion nuancée sur la question. Il croit que la mesure aura un effet positif puisqu’elle permettra d’accroître la consommation. Il ajoute toutefois qu’un effet négatif se fera sentir si la conversion de logements en condominiums est trop importante.

Solutions alternatives

D’après le professeur Pierre Thibault, il vaut mieux «freiner le processus et permettre un développement de la ville plus équitable». Une des possibilités consisterait à « favoriser la construction dans des lots vacants, afin de ne chasser personne», a-t-il proposé. Des maisons familiales pourraient également être converties en duplex. Selon M. Thibault, cette mesure permettrait une «transformation graduelle» des quartiers touchés.

e Conseil national du Parti Québécois (PQ) s’est tenu les 9 et 10 février derniers à Drummondville. À deux semaines du Sommet sur l’éducation, le parti a adopté une position plutôt ambiguë sur les frais de scolarité. La proposition vise à assurer le gel des frais de scolarité ou tout autre mesure pour combattre l’endettement étudiant. Le PQ en a aussi profité pour relancer le projet de souveraineté. (M.B)

États-Unis Tempête historique

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es résidents du Connecticut, du Long Island et du Massachussetts se remettent lentement de la violente tempête de neige survenue entre vendredi et samedi dernier. Au plus fort de celle-ci, les vents ont soufflé jusqu’à 130 km/h. Environ 90 cm de neige se sont accumulés, affectant ainsi plus de 40 millions d’Américains. Cinq personnes sont décédées lors à cette tempête. (C.B.V.)

Politique canadienne Rencontre entre Baird et Kerry

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ohn Baird, ministre des Affaires étrangères du Canada, a rencontré, le 8 février dernier à Washington le nouveau secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry. Cette entrevue a permis aux deux hommes politiques de se pencher sur des questions internationales mais aussi sur les échanges entre les deux pays, notamment en matière d’énergie. Le secrétaire d’État a promis d’annoncer rapidement sa décision concernant le projet d’oléoduc canadien Keystone XL. (J.G.)

Marine canadienne Un espion condamné

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’ex-agent du renseignement de la Marine canadienne, Jeffrey Paul Delisle, a été condamné vendredi à 20 ans de prison et à une amende de 111 817$. Il a été reconnu coupable d’abus de confiance pour avoir transmis des informations confidentielles à la Russie. La décision a été sans appel. Il se doit de régler la somme due avant la fin de sa peine, sans quoi cette dernière se verra prolongée de deux ans. (J.G.)


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C

ulture

En b r e f Un sandwich de l’étrange Projection de films fantastiques

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lus d’une cinquantaine d’amateurs de cinéma se sont massés au bar-coop l’AgitéE le 7 février dernier pour assister à la soirée de projections Un Sandwich de l’étrange, animée par l’artiste multidisciplinaire Larry Rochefort. L’organisateur de l’événement, le cinéaste de 22 ans Thomas Rodrigue, a présenté aux cinéphiles cinq courts métrages fantastiques de jeunes réalisateurs émergents du Québec. (S.J.)

Festival de cinéma Le grand écran au Bas-Saint-Laurent

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a Ville de Rivière-du-Loup a tenu son premier festival de cinéma intitulé Vues dans la tête de… la fin de semaine dernière. Axé sur le genre documentaire, l’événement était parrainé par le documentariste Hugo Latulippe, résident de la région. Les cinéphiles ont pu entre autres, visionner sept projections, et rencontrer quelques artisans du cinéma, dont le réalisateur Bernard Émond. (M.M.G.)

Les Francs-Tireurs Retour de Benoît Dutrizac

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près huit années passées à la barre de l’émission les Francs-Tireurs aux côtés de Richard Martineau, Patrick Lagacé tire sa révérence afin d’animer une nouvelle émission d’actualité au ton irrévérencieux, Deux hommes en or. Il sera accompagné de l’animateur Jean-Philippe Wauthier. C’est Benoît Dutrizac qui comblera le poste, malgré son départ houleux de l’émission de Télé-Québec il y a huit ans. (M.M.G.)

LumoCité Québec, ville lumière

L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

Premier spectacle de Billy Tellier

Un humoriste aux multiples talents Québec - L’humoriste Billy Tellier a présenté son premier one man show intitulé La loi du plus fort le 5 février dernier à la salle Albert-Rousseau de Québec, qui était remplie pour l’occasion. François-Olivier Marquis Francois-olivier.marquis.1@ulaval.ca

B

ien que la petite taille de l’humoriste soit un sujet incontournable dans son spectacle, d’autres thèmes sont abordés tels que la demande en mariage, le magasinage des fêtes et un nouveau modèle de société, pour ne nommer que ceux-ci.

Avec La loi du plus fort, Billy Tellier ne cherche pas à faire réfléchir le public, mais tout simplement à le divertir. Incapable de définir précisément son style d’humour, il assure que ce n’est pas une chose à laquelle il pense lorsque vient le temps de créer. Toutefois, il avoue avoir le sens du punch et préférer les numéros plus rythmés. «Je ne me sens pas bien quand je n’ai pas de rires rapides. C’est très américain comme façon de penser», a constaté celui qui affectionne le style humoristique du comédien américain Ray Romano.

Des spectateurs plutôt satisfaits

Interrogé à la sortie de la salle, le spectateur Jimmy Ross avait de bons mots pour l’humoriste de 30 ans. «Il est surprenant! Je l’avais déjà vu à la télévision, mais jamais sur scène», a-t-il lancé. Pour sa part, Josée Brière a apporté un bémol à sa critique en spécifiant que malgré le fait qu’elle ait ri à plusieurs reprises, «certains thèmes manquaient d’originalité et quelques blagues étaient réchauffées».

Plus de dix ans d’expérience

Diplômé de l’École nationale de l’humour de Montréal en 2002, Billy Tellier a su faire sa place dans les dix dernières années au Québec: «J’ai plus d’expérience et j’ai appris à dire non à certains projets pour me concentrer sur ceux qui me tiennent davantage à cœur», a-t-il expliqué. Au cours des dernières années, l’humoriste a également

peaufiné son écriture en travaillant entre autres pour Cathy Gauthier et Laurent Paquin. Par contre, le processus d’écriture est bien différent lorsque vient le temps de mettre sur papier son propre spectacle solo. «C’est plus difficile d’écrire pour soi-même », a-t-il dit. Toutefois, il croit que l’exercice est plus gratifiant et lui donne plus de liberté.

Un touche-à-tout

Le talent de Billy Tellier ne se limite pas qu’à l’écriture et à la scène. Il est aussi animateur à la radio CKOI en plus d’avoir participé à plusieurs projets télévisuels au cours de sa carrière. Tellier admet que tous ces projets ne lui confèrent pas beaucoup de temps pour dormir: «Je fais de la radio très tôt et je suis en show en soirée. Je suis booké du matin au soir», a-t-il constaté. Mais ses divers emplois comportent aussi un bon côté. «J’ai des fans plus jeunes qui m’ont connu dans Colocs.tv, à Musique Plus, et d’autres qui m’ont vu à l’émission Atomes Crochus qui avaient 40,50 ou 60 ans», a-t-il affirmé. Après la présente tournée de son spectacle, Billy Tellier prévoit écrire une série télévisée dans le même genre que Coloc.Tv.

Photo François-Olivier Marquis

Malgré sa petite taille, Billy Tellier déplace de l’air lors de ses numéros.

Exposition de Laurent Gagnon

Théâtre universitaire

La galerie d’art Espace Parenthèses du Cégep de Sainte-Foy accueille l’exposition Univers plein, de Laurent Gagnon, jusqu’au 24 février prochain. Composées d’objets recyclés et récupérés, pour la plupart dans des marchés aux puces, les sculptures dégagent la nostalgie de l’artiste face aux premières technologies. «C’est l’histoire de l’essor technologique. Aujourd’hui, nous sommes vraiment entourés d’objets technologiques et notre vie repose beaucoup là-dessus», a expliqué le sculpteur, qui souhaite faire réfléchir les visiteurs sur leur présence accrue dans leur vie. Le détenteur d’une maîtrise en arts visuels à l’Université Laval utilise les antiquités pour la composition de ses œuvres, dont une machine à écrire vieille d’une centaine d’années. Toutefois, ce n’est ni l’âge des trouvailles, ni leur valeur marchande qui intéressent l’artiste, mais plutôt leur parcours à travers le temps et la part de mystère qu’elles comportent. Univers plein est en fait une deuxième version d’un projet nommé Répertoire des chaos exposé en 2009 à Victoriaville. Pour cette variante, le sculpteur a laissé aller son imagination et a improvisé pour arriver à un résultat qui est, selon lui, beaucoup plus évolué. (P.G.)

La troupe de l’Université Laval, Les Treize, présentait la pièce Mesure pour Mesure du 6 au 10 février dernier, à l’Amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Desjardins. Maxime Robin, le metteur en scène, a adapté librement cette comédie de Shakespeare écrite en 1604, en la transformant en une comédie musicale pop-rock. Les comédiens évoluaient au rythme de chorégraphies modernes, sur le son pop de Britney Spears, Madonna, ou encore Bon Jovi. Le texte original a même été modifié dans le but de donner plus de dynamisme à l’histoire. «On a un peu changé l’intrigue. Il y a des personnages qu’on a enlevés. On s’est donné toutes les permissions avec ce show», a déclaré le metteur en scène. Les costumes rappelaient la Vienne d’autrefois, vertueuse mais tout aussi cachée de vices comme la pièce la décrit. Les comédiens portaient en dessous de leurs longues robes et soutanes des sous-vêtements plutôt révélateurs. «Dans le texte, je trouvais qu’il y avait quelque chose d’intéressant dans la notion de bien et de mal, puis dans ce jeu entre la vertu et le vice», a commenté Maxime Robin. Camille Proust, qui tient le rôle principal a ajouté: «On parle vraiment de mœurs. De savoir ce que la morale issue de telle société peut dire entre ce qui est bien ou mal.» (M.P.C)

Antiquités revisitées Shakespeare pop rock

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a première édition de LumoCité s’est déroulée du 6 au 9 février dernier, à Québec. Cette attraction en plein air inédite consiste en une série de montages vidéo architecturaux projetés directement sur la façade de quelques monuments de la Ville. S’inscrivant dans une nouvelle lancée technologique du Carnaval de Québec, cet «événement illuminesque» pourrait devenir, dès l’année prochaine, la première compétition de mapping architectural en Amérique de Nord. (C.S)

Photo Priscille Gélinas

Le sculpteur Laurent Gagnon insuffle une nouvelle vie à de vieux objets.

Photo Marie-Philippe Chaput

Les Treize présentait une comédie musicale inspirée de la pièce Mesure pour mesure.


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L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

ultu re

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Mois Multi

Quand les arts fusionnent Québec - Depuis le 31 janvier, la 14e édition du Mois Multi, un festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques de Québec, offre plusieurs expositions à ses spectateurs. La directrice artistique, Viviane Paradis, promet à ses clients une expérience unique. Romy Quenneville-Girard Romy.quenneville-girard.1@ulaval.ca

Pour Viviane Paradis, il s’agit d’un évènement qui permet aux spectateurs, peu importe l’âge et les intérêts, «d’aller à la découverte d’une autre forme

d’art et d’en ressortir ébahi». L’art multidisciplinaire consiste en l’hybridation des arts. Il est donc possible d’assister à une pièce de théâtre avec des cap-

sules audiovisuelles ou encore de participer, en tant que spectateur, à un orchestre à l’aide de son téléphone cellulaire. «La magie des spectacles est probablement ce qui me surprend à chaque fois», a déclaré Mme Paradis.

Un festival qui prend de l’ampleur

Le Mois Multi de Québec a été créé il y a 14 ans afin de mettre en valeur les œuvres d’art multidisciplinaires, qui man-

quaient alors de visibilité à Québec. Viviane Paradis a affirmé que la mission reste la même et que le festival prend de l’ampleur. D’ailleurs, plusieurs évènements qui se rattachent à la formule artistique du Mois Multi prennent forme partout dans le monde comme le festival Exit, présenté en banlieue parisienne depuis 2007.

Bouleverser l’espace

La 14e édition du Mois Multi

La 14e édition du Mois Multi présente une centaine d’œuvres autour du thème de l’espace.

Entrevue avec Gordon Monahan

Expérience sonore et visuelle

Photo Marie Fortin

Gordon Monahan s’inspire de la musique et de la science pour créer ses oeuvres.

Québec — Science et musique s’allient dans l’installation sonore Resonant Platinum Records de l’artiste Gordon Monahan, présentée jusqu’au 3 mars prochain à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. Dans un entretien avec l’exemplaire, M. Monahan a livré ses impressions sur son œuvre. Marie Fortin marie.fortin.4@ulaval.ca

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’installation est composée d’une douzaine de disques d’aluminium suspendus au plafond par des cordes de piano. De petits moteurs électriques transmettent un signal sonore à celles-ci. Agissant comme des haut-parleurs, les disques émettent des sons, ce qui rend l’expérience autant visuelle que sonore. Au-delà de l’ingénio-

sité du procédé, cette installation fascine par l’atmosphère qu’elle crée et les émotions qu’elle suscite. L’œuvre invite ainsi au recueillement.«Ça a été une surprise pour moi de constater comment le son se comporte dans cet espace minimaliste», a commenté l’artiste qui vit de son art depuis

présente des œuvres conçues à partir d’une réflexion autour du thème de l’espace. Il s’agit de bouleverser le quotidien du spectateur, de bousculer ses représentations mentales. Jusqu’au 28 février, les curieux pourront se déplacer dans plusieurs salles de la ville de Québec à la découverte d’œuvres surprenantes d’une centaine d’artistes d’un peu partout dans le monde.

Photo Romy Quenneville-Girard

Téléphone bien tempéré

Symphonie cellulaire

une quinzaine d’années. Il fait remarquer qu’à Berlin, où l’installation a été présentée l’automne dernier dans un grand édifice industriel, l’effet était très différent.

Québec – Près de 350 personnes ont assisté à la représentation Téléphone bien tempéré de Walter Boudreau, au Palais Montcalm, samedi 9 février. Les spectateurs étaient invités à faire jouer leur téléphone cellulaire pendant le concert.

D’ailleurs, le Canadien a vécu quelques années à Berlin au cours de la période qui a suivi la réunification de l’Allemagne. Il raconte comment, pendant les huit ou dix années qui ont suivi la fin du régime communiste, la partie orientale de la ville était devenue un paradis pour les artistes. Plusieurs immeubles qui avaient appartenu au gouvernement n’avaient plus de propriétaire et étaient inoccupés. Il suffisait de s’y installer. «Pas de loyer ni d’électricité à payer!» s’est exclamé l’artiste.

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Le pianiste de formation, qui est aussi compositeur, souligne d’ailleurs l’impact de certains facteurs locaux sur la production artistique. «Si vous avez des loyers abordables, vous attirerez des artistes», a-t-il affirmé. Contrairement à Toronto, où il habite, la Ville de Québec est selon lui progressiste, puisqu’elle est dotée d’infrastructures comme la coopérative Méduse, où la rencontre a eu lieu.

Romy Quenneville-Girard Romy.quenneville-girard.1@ulaval.ca

alter Boudreau, qui s’est inspiré de l’œuvre Clavier bien tempéré du célèbre compositeur Jean-Sébastien Bach, a invité ses spectateurs à allumer leur téléphone cellulaire durant la représentation de l’œuvre. Au signal du chef d’orchestre Yanick Plamondon, les personnes présentes ont pu laisser chanter leur appareil mobile au rythme de la mélodie du compositeur. «Les spectateurs deviennent en fait des participants», a-t-il expliqué. Les six musiciens, les deux chefs d’orchestre et le public ont partagé, durant 45 minutes, les bruits qui résonnaient entre les portes de la salle de spectacle. Présenté dans le cadre du Mois Multi, le concert du 9 février a été le quatrième de ce genre pour Walter Boudreau. « Tout s’est très bien déroulé », a affirmé le compositeur. Il était visiblement satisfait du ré-

sultat malgré les petits imprévus survenus durant le spectacle. «C’était difficile de maîtriser le téléphone», a précisé Jérémie Garneau, un jeune spectateur. Il a toutefois apprécié le concept. Stelsa Fortin, quant à elle, a qualifié le spectacle d’«hors-norme» et d’«audacieux».

Photo Yasha Wecker

Les spectateurs ont pianoté en rythme sur les touches de leur cellulaire.


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ports

Sports d’hiver

En b r e f R & O Natation Championnat RSEQ

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’équipe de natation masculine du Rouge et Or a conservé son titre de champion provincial au terme du championnat du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) de natation universitaire, qui a eu lieu cette fin de semaine au PEPS. C’est un sixième titre d’affilée au Québec pour l’équipe masculine dirigée par l’entraîneur-chef Nicholas Perron. Vincent Fontaine a remporté trois médailles d’or et deux d’argent pour l’équipe lavalloise. (A-A.M)

R & O Football Trois Coupes Vanier en cinq ans

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’UL recevra le 23 novembre prochain la 49e édition de la Coupe Vanier. Le Rouge et Or a prouvé, avec les éditions de 2009 et 2010, qu’il est apte à organiser l’événement le plus important du football universitaire au Canada. En 2010, pour la victoire du Rouge et Or, 16 237 personnes étaient présentes. L’année dernière, c’était le Centre Rogers à Toronto qui avait accueilli la Coupe. (A-A.M)

Patinage de vitesse Argent pour StGelais

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arianne St-Gelais a terminé deuxième au 500 mètres à la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste de Dresde, en Allemagne. L’athlète québécoise de 22 ans a d’abord battu son propre record canadien au 500 mètres en demi-finale. Elle a finalement remporté la médaille d’argent. La Chinoise Meng Wang a mérité la médaille d’or. (A-A.M)

Patinage artistique Championnats au Japon

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ric Radford et Meaghan Duhamel ont remporté les Championnats des quatre continents de patinage artistique présentés à Osaka, au Japon. La deuxième place a été attribuée à un autre couple de Canadiens, Kristen Moore-Towers et Dylan Mosocovitch. Le couple Radford-Duhamel a accumulé 199,18 points, juste assez pour battre leurs adversaires canadiens. (A-A.M)

L’Exemplaire, le mercredi 13 février 2013

Canot à glace au Québec

Portrait d’une discipline en plein essor

Photo Margaud Castadère-Ayçoberry

L’équipe Le Château Frontenac est arrivée première à la presitigieuse course du Carnaval de Québec, dimanche dernier Québec - Environ 300 personnes sont inscrites aux compétitions du Circuit Québécois de Canot à Glace (CQCG), qui se déroulent un peu partout au Québec. 255 d’entre elles ont pris part à la course du Carnaval de Québec, qui se déroulait la fin de semaine dernière. Depuis quelques années, ce sport devient de plus en plus populaire. Sonia Larochelle sonia.larochelle.1ulaval.ca

L

e directeur général du CQCG, Félix Blanchet-Lévesque, estime que l’engouement pour le canot à glace est lié à l’utilisation des médias sociaux. «C’est facile maintenant de mettre sa course sur Youtube, d’aller mettre ça sur Facebook, puis de se faire taguer», a-t-il expliqué. Le vice-président de l’Association des coureurs en canot à glace du Québec (ACCGQ), Louis Barrette, croit que l’augmentation du nombre de femmes pratiquant ce sport a contribué à augmenter la popularité de cette activité. «Ça répond à l’invasion des femmes dans

les sports extrêmes», a t-il ajouté. Selon M. Barrette, l’utilisation de fibres de carbone et l’allégement du canot auraient encouragé les femmes à s’engager dans ce sport. Il y a cinq ans, Élizabeth Morin a essayé le canot à glace par curiosité. Aujourd’hui, cette étudiante de l’Université Laval est membre de l’équipe Turf-Latulippe. «Tu sors, tu ne sais jamais ce que tu vas avoir, tu ne sais jamais quand tu vas revenir. C’est un défi à chaque fois», a-t-elle expliqué. Elle prévient ceux qui seraient tentés par l’expérience que les premières sorties peuvent mettre la patience

à rude épreuve. «Une fois qu’on a essayé, on a la piqûre et on ne veut pas décrocher», a-t-elle conclu. Jadis, le canot à glace était un moyen de transport. Entre le moment où les voies étaient navigables et celui où un pont de glace reliait les deux rives du fleuve, les riverains utilisaient le canot pour se déplacer. «Les bateaux traditionnels ne pouvaient pas voyager et la glace n’était pas assez solide pour qu’on passe dessus», a ajouté le vice-président de l’ACGQ, M. Barrette. Après l’apparition des bateaux à vapeur, les citadins ont commencé à tenir des compétitions occasionnelles de canot à glace. En terme de matériel, la marginalité de ce sport oblige les coureurs à faire preuve de créativité. «Il n’y a pas d’équipement spécialisé pour le canot à glace. C’est vraiment toutes des choses d’autres sports qu’on utilise ou des éléments qu’on fabrique», a

Patinage artistique synchronisé

expliqué Élizabeth Morin. Même s’ils n’ont pas le monopole des hivers glacials, les Québécois sont les seuls à organiser des compétitions de canot à glace. En dépit de l’intérêt suscité à l’étranger, ce sport est difficilement exportable. «Pour faire des courses, ça prend le fleuve Saint-Laurent, ça prend des marées et de la glace qui est cassée», a expliqué M. Barrette. Il rappelle qu’en absence de circulation maritime, un pont de glace se formerait entre Québec et Lévis et cela inhiberait la pratique de ce sport. Il faut savoir qu’avec les milliers de dollars qu’il en coûte annuellement aux amateurs de ce sport, la plupart d’entre eux dépendent de commanditaires. Élizabeth Morin a raconté que c’est à la suite d’une deuxième position décrochée à la course du Carnaval que son équipe a pu s’assurer d’un soutien financier.

«Grâce, athlétisme et esprit d’équipe» Québec - «Grâce, athlétisme et esprit d’équipe», c’est comme cela que Cathie Plante, co-capitaine de l’équipe Evolution adulte 1, établie à Charlesbourg, définit le patinage synchronisé. Juliette Gunther Juliette.gunther.1@ulaval.ca

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ien qu’étant dans la tradition canadienne depuis plus de quarante ans, ce sport est encore peu connu. Différent du patinage artistique individuel, il se veut davantage un sport d’interprétation. Des équipes allant de 9 à 20 patineurs évoluent sur la glace en enchaînant les formations imposées. «C’est plus comme de la danse, ça demande un certain sens artistique» a souligné Cathie Plante.

Travail d’équipe

Ce sport, qui poourrait un jour se retrouver aux Olympiques, nécessite aussi une bonne dose d’esprit d’équipe. «Il faut être empathique pour s’accepter les unes les autres» a expliqué Karel St Michel. Nathalie Ouellet, capitaine de l’équipe Evolution adulte 1, a expliqué pour sa part que la capacité de concentration est essentielle. «Sur un programme de trois minutes quarante, on ne peut pas

se permettre de lâcher les autres pendant une seconde», a-t-elle raconté. Dans cette discipline, chaque patineur occupe une position stratégique et a un propre rôle à jouer. Sans jamais perdre de vue les autres, les athlètes doivent aussi bien maîtriser l’art du patinage que celui de la danse. Dans les grandes équipes de 20 patineurs, il y en a toujours qui sont en rotation lors des compétitions, il faut alors «gagner sa place» selon Karel StMichel. Le patinage synchronisé a sa propre Coupe de monde depuis 1996 et ses Championnats du monde depuis l’an 2000. Les

meilleures équipes se trouvent en Suède, en Finlande et au Canada.

Un futur sport olympique ?

Il faudra attendre encore avant de voir des équipes du monde entier s’affronter dans cette discipline. «Ce sport ne couvre pas assez de pays, il y aurait trop de différences de niveau», a souligné Cathie Plante. Pourtant, cela permettrait au patinage synchronisé de prendre plus d’envergure. «On pourrait attirer plus de personnes» a expliqué Nathalie Ouellet. «Le synchro peut s’avérer un beau challenge pour ceux qui n’oseraient pas aller aux Jeux Olympiques en individuel », a-t-elle ajouté.


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