L'Exemplaire Vol. XX No.13

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, L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval VOLUME XX NUMÉRO 13

UNIVERSITÉ

LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Droit de vote à 16 ans

fermeture du Stade Telus

Beaucoup de questions Page 3

QUÉBEC Prévention du suicide

Campagne Web

Page 5

MONDE manifestations en russie

Non à Poutine

Page 9

CULTURE album hunted hearts

Un premier pour I.No

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SPORTS muncef ouardi

Un record sur deux lames

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Proposition controversée

Photo Raphaël Lavoie

Malory Lepage malory.tremblay-lepage.1@ulaval.ca Québec – Un peu plus d’une semaine après son adoption, la proposition d’abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans continue toujours de diviser.

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a résolution a reçu l’appui d’une faible majorité des membres lors du Conseil national du PQ le 28 janvier dernier. François Gendron, député péquiste d’Abitibi-Ouest, se dit partisan d’un débat ouvert, mais croit que la discussion s’est déroulée trop rapidement. «Il n’y a pas eu suffisamment de mûrissement dans ces idées-là», a-t-il souligné. Selon lui, une telle décision entraînerait des conséquences importantes, comme des ajustements substantiels dans la structure politique. «Je conçois mal l’idée de former des députés de 16 ans», a donné comme exemple M. Gendron. En effet, avec le droit de vote, vient la possibilité de se présenter comme candidat aux élections.

sociaux, qu’il considère comme une avenue intéressante pour rejoindre les électeurs en devenir. Michel Pigeon, député libéral de Charlesbourg, partage ce point de vue. Il a déclaré s’opposer à la proposition du PQ et pencher davantage vers la sensibilisation.

Le député a également rappelé que les adolescents de moins de 18 ans ne sont pas reconnus comme pleinement responsables de leurs «Je souhaite que les jeunes actes au point de vue s’intéressent à la de la loi. Il consipolitique et qu’ils dère donc qu’il est s’éduquent à ce su«À 16 ans, aberrant d’accorder jet, a-t-il précisé. on peut être un tel droit dans ces L’apprentissage membre d’un conditions. qui a lieu entre parti politique. 16 et 18 ans est Je ne vois pas Il propose d’enconsidérable.» visager certaines pourquoi on ne autres options pour Sensibiliser les pourrait pas sensibiliser les jeunes voter rendu là» jeunes à la politique. M. Pigeon croit «Il faudrait leur ofque les individus frir une formation de ce groupe d’âge plus solide en la matière», a-t-il agissent comme le reste de la soaffirmé. «Il est primordial de leur ciété. «Dans l’ensemble, les gens faire prendre conscience que le se mobilisent plus facilement pour droit de vote, en tant que citoyen, des enjeux proches d’eux. C’est est un privilège important.» en choisissant des questions qui les touchent directement que les M. Gendron a suggéré l’utili- jeunes se sentiront concernés», a-tsation des blogues et des réseaux il spécifié.

Îlot Irving:

Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), convient qu’abaisser l’âge du droit de vote n’est pas une solution magique, mais est néanmoins favorable à la mesure. «Ce n’est pas ça qui va faire exploser le taux de participation. Mais en augmentant le nombre de jeunes électeurs, on accroit la représentativité», a-t-il analysé. Selon les chiffres du Directeur général des élections du Québec, le groupe des 18-24 ans, avec un taux de participation avoisinant les 40%, est celui dont la proportion de votants est la plus faible. M. Bureau-Blouin est par ailleurs d’avis que le système actuel est incohérent. «À 16 ans, on peut être membre d’un parti politique. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas voter rendu là», s’estil indigné. Quant à la possibilité de voir un candidat se présenter à cet âge, il a dit s’en remettre à la démocratie et au bon jugement des électeurs.

«Les plus vieux sont complètement décrochés» - Régis Labeaume p.5


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N I V E RSITÉ

EN BREF prévention du suicide Sensibilisation sur le campus

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L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Rénovation du pavillon Louis-Jacques-Casault

Loin du résultat final «C’est une opportunité pour créer de nouveaux projets», a affirmé Ève Deschamps, vice-présidente aux affaires internes de communication publique.

Comment assister une personne en détresse?» C’est la question à laquelle l’UL veut sensibiliser ses étudiants lors de la Semaine de prévention du suicide, qui se déroule du 6 au 10 février. «À l’UL, on a à cœur d’agir pour la prévention du suicide!» est le thème retenu cette année. Une collecte de fonds est organisée par le Comité de prévention du suicide à l’UL tout au long de la semaine. (I.M.)

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portes ouvertes Étudiants au rendez-vous

100 futurs étudiants ont défilé dans les différents pavillon de l’UL samedi dernier pour obtenir des informations sur les programmes d’études. Cette journée permet aux jeunes de rencontrer des représentants facultaires et d’échanger avec des étudiants qui s’impliquent sur le plan de la vie universitaire. (I.M.)

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sdi à laval Oser la coopération

’est la Semaine du développement international, du 6 au 10 février, organisée par le Partenariat: Objectifs du Millénaire pour le Développement (POMD). Colloques, conférences et tables rondes sont organisés sur le campus pour réfléchir, entre autres, sur le Printemps arabe, débattre sur le «pourquoi» et le «pour qui» du développement, et sur les stratégies de développement à l’épreuve de la recherche. (I.M.)

gala de la vie étudiante Récompenser l’engagement

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De plus, si les locaux des associations étudiantes deviennent tous voisins, cela «facilitera les collaborations entre elles», a souligné Mme Deschamps. Elle a aussi noté que le café Chez Henri a besoin d’un nouveau local pour le rendre plus visible.

a 22e édition du Gala de la Vie étudiante organisée par le Bureau de la vie étudiante (BVE) se tiendra le 12 avril prochain au Grand Salon du pavillon Alphone-Desjardins. Le gala veut mettre en lumière les réalisations des étudiants dans les domaines parascolaire, artistique, spirituel, scientifique et communautaire. Le gala hébergera à l’occasion la finale du concours Forces Avenir qui récompense l’engagement bénévole des jeunes. (J-B.D.)

Photo Michaëlle Ouellet

Le but des travaux sera de rendre la vie plus agréable au Casault. Michaëlle Ouellet michaelle.ouellet.1@ulaval.ca

Cité universitaire — La perspective d’un Casault rénové reste nébuleux. Le service des immeubles de l’UL se dit toujours en pleine évaluation des besoins des étudiants et se refuse à préciser la date de début des travaux.

P

our le moment, le Service des immeubles de l’Université Laval se cantonne à évaluer la situation et les besoins des étudiants. Sylvain Gagné, conseiller en communications de l’Université Laval qui parle au nom du Service des immeubles, n’a pas voulu dévoiler la date de commencement du projet, ni les coûts de l’investissement.

Les contours du nouveau Casault se dessinent toutefois avec quelques grands chantiers, comme le réaménagement du premier étage. Celui-ci est appelé à devenir un grand espace à aire ouverte au centre du pavillon. Il réunira tous les services alimentaires ainsi que les associations étudiantes, afin de leur donner plus d’espace pour remplir leurs missions respectives.

«Lumière et transparence» sera la nouvelle ambiance que dégagera le Casault pour Véronique Nguyên-Duy, directrice du département d’information et de communication. Selon elle, le café Chez Henri et la cafétéria répondront mieux aux besoins des étudiants s’ils sont réunis et améliorés. Le but des travaux sera de rendre la vie des étudiants plus agréable au Casault. Mme NguyênDuy a de plus mentionné que le but des rénovations était de «favoriser l’espace de vie du premier étage, et de profiter de la grandeur du pavillon».

Deux nouveaux départements

Le pavillon rénové devrait par ailleurs accueillir les départements de cinéma et de théâtre, en plus des facultés de communication, de musique et des lettres. Une grande opportunité, selon le vice-président aux finances de la Faculté de mu-

sique, Jean-Étienne Collin Marcoux, qui estime que ce rapprochement entre facultés sera bénéfique. «Les domaines du théâtre et du cinéma se rapprochent du nôtre, ce qui nous permettra de coopérer dans différentes créations», a-t-il commenté. L’emménagement des nouvelles facultés devrait coïncider avec la construction de nouvelles salles de classes. C’est du moins le souhait de Mme Nguyen-Duy, qui pointe l’avantage qu’en retireraient les étudiants déjà installés au Casault. Les associations d’étudiants, en communication publique notamment, doivent sans cesse chercher des salles libres pour leurs rencontres. Une situation qu’elle déplore, et que la rénovation du Casault doit améliorer, selon elle.

«Tout le monde rit du Casault»

Rappelons qu’une partie du toit du hall d’entrée principal s’est écroulée en mars 2009. À l’époque, les employés s’étaient plaints au JOURNAL DE QUEBEC des infiltrations d’eau dans les murs, des problèmes de toiture, de plafond dans les escaliers, et des champignons présents au 5e étage. Par ailleurs, le Casault jouit d’une assez mauvaise réputation sur le campus. «Tout le monde rit du Casault», a constaté Julie Loiselle, étudiante en communication publique. «Il est temps que le premier étage soit rénové», a-t-elle ajouté.

Litige autour du Vaginorm

Labrie préfère le silence Daniel Frégeau daniel.fregeau.1@ulaval.ca Cité universitaire — L’inventeur du Vaginorm, le Docteur Fernand Labrie, reste muet face au litige qui l’oppose à l’Université Laval relativement aux coûts pour sa recherche sur l’atrophie vaginale.

«C

’est trop prématuré pour commenter», a expliqué le scientifique à L’EXEMPLAIRE la semaine dernière. concernant cette affaire qui se retrouve en Cour supérieure. Cependant, le Dr Labrie se prêtera aux entrevues «un peu plus tard» pour donner sa version des faits, lorsque le dossier sera complètement bouclé.

C’est le refus de M. Labrie à divulguer l’information sur l’argent qu’il a empoché pour sa recherche qui a mené au litige. L’UL désire recevoir la somme qui lui serait due afin de mettre au point un traitement contre l’atrophie vaginale. Selon l’article paru dans le quotidien LE SOLEIL la semaine dernière, M. Labrie refuse de livrer les documents malgré la demande

du Tribunal arbitral. À la suite de ce refus, l’Université a demandé à la Cour supérieure de trancher. Au téléphone avec L’EXEMPLAIRE, le chercheur n’a pas voulu se prononcer à ce propos. L’arbitre affecté à cette cause s’est aussi gardé de commenter l’affaire.

décision. Néanmoins, en juillet 2009, les arbitres ont conclu «que la même règle doit s’appliquer et que la décision rendue le 8 décembre 2008 ne pourra être remise en question que lorsqu’une requête en homologation de la décision finale sera présentée».

Ce litige entre l’Université Laval et le Docteur Fernand Labrie a débuté en 2008. Selon un document de la Cour supérieure, le demandeur (UL) a obtenu une sentence arbitrale ordonnant au défendeur (Dr Labrie) de communiquer certains documents concernant le Vaginorm.

Partenariat de 330 M$

Au mois de février 2009, M. Labrie a tenté de faire annuler cette

Tel que mentionné dans un article du journal LE SOLEIL, le projet de recherche du Vaginorm relève d’un important partenariat évalué à 330 M $ entre M. Labrie et la compagnie Bayer. Ce traitement est le résultat de 19 années de recherche et de près de 160 M $ d’investissements, selon la même source.v


L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Fermeture du Stade Telus du PEPS

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Encore plusieurs questions

NIVERSITÉ

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Courtoisie Sylvain Karpinsky

L’équipe lavalloise Les Fondus enchaînés.

Triathlon du français

Laval en lice Karyan Fortin-Therrien karyan.fortin-therrien.1@ulaval.ca Cité universitaire — Une équipe de l’UL, Les Fondus enchaînés, participera pour la deuxième année consécutive au Triathlon du français, une compétition journalistique diffusée sur le site de Télé-Québec.

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Photo Raphaël Lavoie

«C’est peut-être à cause des conditions particulières de grésil, de neige et de verglas que cet événement est arrivé.» Nicolas Lachance nicolas.lachance.4@ulaval.ca Cité universitaire — Les concepteurs du Stade Telus du PEPS ont été surpris qu’un amoncellement de neige ait causé la fermeture temporaire de l’édifice samedi dernier.

«O

n ne s’attendait pas à ça. En fait, on ne s’attend jamais à quelque chose comme ça!», à dit à L’EXEMPLAIRE Luc Lamontagne, le coordonnateur des communications du PEPS. Un comité impliquant le Service des immeubles, la direction et les architectes a étudié, ce lundi matin, les causes qui auraient entraîné cet incident. Or, au PEPS, on n’a toujours pas de réponse à formuler afin de rassurer les utilisateurs. «Le dossier n’est plus entre nos mains, mais on peut vous assurer que l’immeuble est sécuritaire et opérationnel», a émis M. Lamontagne.

Analyse en cours

L’EXEMPLAIRE a appris que des tests avaient été faits sur la structure interne et externe du stade lundi après-midi afin de voir si elle a été plus endommagée que prévu.

«C’est un bâtiment neuf avec un profil un peu particulier, a souligné le directeur du Service des activités sportives du PEPS, Gilles Damboise. C’est peut-être à cause des conditions particulières de grésil, de neige et de verglas que cet événement est arrivé.» Cependant, M. Damboise assure que tous les tests environnementaux ont été réalisés sur la structure avant son ouverture. «Par contre, sur le plan technique, je ne m’y connais pas, c’est le Service des immeubles qui gère cette partie et c’est eux qui ont maintenant le dossier entre leurs mains», a-t-il indiqué. Le directeur des immeubles de l’Université Laval, Jean Richard, a évalué la structure avec des experts en bâtiment lundi après-midi. En entrevue à Radio-Canada, il a dit que le système de gouttières du

stade était notamment à l’examen. «Est-ce que la gouttière aurait pour effet de retenir la neige de façon supplémentaire? Il y a des éléments chauffants à l’intérieur de la gouttière. Est-ce que ces éléments chauffants auraient fait fondre la neige et créé une glace? Il y a plusieurs facteurs à analyser et à partir de là, on pourra tirer les conclusions, à savoir est-ce qu’on change le design ou est-ce qu’on fait tout simplement des mesures correctives.»

Pas de risque d’effondrement

Sans être au courant du dossier, Richard Pleau, ingénieur civil et professeur conception de structures à l’École d’architecture de l’Université Laval, ne croit pas qu’il s’agisse d’un problème de structure. «En général, c’est plutôt un problème d’enveloppe, une détérioration plus locale qui ne menace pas la capacité portante de l’édifice. Il n’y a donc pas de risque d’effondrement ou de bris au niveau de l’enveloppe, a-t-il soutenu. C‘est rare qu’il y ait des problèmes structuraux, car avec cette forme de toit, il n’y a pas beaucoup accumulation de neige normalement.»

RECTIFICATIF

Dans l’article «Laval favorise l’enseignement par Internet» paru en page 2 de L’EXEMPLAIRE du 1er février 2012, les propos attribués au recteur de l’Université Laval, Denis Brière, ont plutôt été tenus par Éric Bauce, vice-recteur exécutif et au développement. Toutes nos excuses. - La rédaction

e Triathlon du français est présenté sur le Web pour une deuxième année consécutive. Chacune des dix équipes en compétition devra accomplir trois épreuves et produire chaque fois un reportage vidéo, écrit et audio. «Trois supports médias seront exploités, d’où le nom de la compétition», a expliqué à l’EXEMPLAIRE la semaine dernière Carole Bégin, la coordonatrice de la compétition. Selon le site Web du Triathlon, c’est un total de 90 reportages abordant des thèmes d’actualité qui seront produits par les participants. Le grand prix: une bourse de 12 000 $ remise au mois de mars prochain. «Le principal objectif de la compétition est d’illustrer l’importance de la qualité du français dans les médias», a souligné Mme Bégin. L’équipe lavalloise est composée de Catherine Dulude, Caroline Larocque-Allard, Marie-Philippe GagnonHamelin, Matthieu Dessureault et Gabrielle Brassard-Lecours. Ils sont chapeautés par Gaston Imbeau, chargé de cours en radio et en télévision au département d’information et de communication de l’Université. Ils sont tous finissants à la maîtrise en journalisme international. Les premiers reportages de l’équipe ayant comme thème «les questions linguistiques refont la Une des médias depuis quelques mois. Faites le point!», seront bientôt en ligne. Mme Gagnon-Hamelin, parlant au nom de son équipe, a

révélé que la première épreuve s’était bien déroulée et que leur seule difficulté avait été de bien cerner le sujet pour trouver des angles de traitement intéressants pour la radio, la télé et l’écrit. «Nous travaillons très bien en équipe! Chacun a une force particulière dans l’un des supports travaillés!», a renchéri la participante. Les Fondus enchaînés ne se mettent pas de pression supplémentaire car l’équipe précédente de l’UL a remporté la deuxième place. «La compétition nous permet surtout de garder la main et de pratiquer le reportage. C’est une belle transition entre la théorie de la maîtrise et le milieu professionnel», a-t-elle expliqué. Sébastien Diaz, qui anime le magazine culturel Voir à Télé-Québec depuis trois ans, est porte-parole du concours pour la seconde fois. Il affirme que la 2e édition sera plus surprenante. «Les équipes de cette année sont très fortes côté technique et créativité», s’est-il félicité. À savoir si la compétition est prise au sérieux dans l’industrie professionnelle, M. Diaz avance que les journalistes professionnels ont suivi avec intérêt la première saison. «Une équipe a par exemple obtenu un stage en vidéo-journalisme à Radio-Canada!», a-t-il fait valoir. La pratique est à la base de l’apprentissage pour Sébastien Diaz. «Des participants de la première saison m’ont confié qu’ils avaient appris davantage en une édition du Triathlon que durant toutes leurs années d’études en journalisme», a-t-il fait remarquer.


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EN BREF

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jubilé de la reine Début des célébrations

es célébrations soulignant les 60 ans de règne d’Elizabeth II ont débuté lundi dernier. Des cérémonies de levée du drapeau ont eu lieu à travers tout le pays, dans les différentes capitales des provinces et des territoires. Une soixantaine de Canadiens ont également été honorés et se sont vus remettre des médailles conçues pour l’événement. Au total, 60 000 décorations seront décernées au cours de l’année. Le coût des célébrations s’élèveront à 7,5 M $. (F.P.)

À

crimes d’honneur Des imams dénoncent

la suite du procès de la famille Shafia, 34 imams canadiens, dont le fondateur du Conseil islamique suprême du Canada, ont écrit une fatwa pour dénoncer les crimes d’honneur. Dans cet avis religieux, ils ont tenu à dissocier cette pratique du Coran. «Il n’y a aucune justification dans l’islam pour les meurtres d’honneur, la violence conjugale et la misogynie.» (F.P.)

boréal design 45 emplois perdus

L

’entreprise québécoise Boréal Design, basée à SaintAugustin-de-Desmaures, a déclaré faillite lundi dernier. Le fabriquant de kayaks de mer employait 45 personnes. La compagnie, qui allait bientôt fêter son 20e anniversaire, n’arrivait plus à trouver de nouveaux investisseurs. Le directeur de la boutique espère qu’un rachat par une autre entreprise pourra sauver la marque. (F.P.)

grève des cpe Possiblement généralisée

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a grève des centres de la petite enfance du Québec (CPE), qui en a touché 119 lundi dernier dans les régions de Montréal, de Laval, de la Montérégie, du Centre-du-Québec et de la Mauricie pourrait être généralisée dès vendredi à l’ensemble de la province. La convention collective est échue depuis deux ans. Étant en pleines négociations, le patronat considère le recours à la grève prématuré. (M.F.)

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L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Géorallyes patrimoniaux

Concurrence jugée déloyale François Pagé francois.duval-page.1@ulaval.ca Québec – Des entrepreneurs de Québec se plaignent de la compétition que leur font les géorallyes organisés par le Centre d’interprétation de la vie urbaine (CIVU).

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éveloppé en 2007 par le Centre d’interprétation de la vie urbaine (CIVU) de Québec et inspiré du géocaching, le géorallye invite les participants munis d’une carte et d’un GPS à partir à la recherche d’informations sur le patrimoine de la ville. «C’est de la concurrence déloyale de la part d’un organisme sans but lucratif», a tonné Sébastien Ivers, propriétaire du service de visites guidées Les Tours Voir Québec. «Ils me font compétition en étant subventionnés à même les fonds publics pendant que moi je paie des taxes, s’est-il indigné. En plus, je crée de l’emploi pour des

guides certifiés. Eux, ils les remplacent par des machines.» L’entrepreneur a toutefois admis ne pas avoir observé de diminution de son chiffre d’affaires depuis le lancement des géorallyes par le CIVU. «C’est parce que ma compagnie est relativement récente que ça ne m’a pas affecté, a-t-il expliqué. Mais une chose est sûre, c’est quand même des parts de marché qu’ils me volent.» Par ailleurs, M. Ivers croit que la formule du géorallye n’est pas idéale pour découvrir le patrimoine de Québec. «C’est préférer le contenant au contenu. La présence d’un guide permet d’interagir et d’approfondir. Ça donne aussi une perspective locale. C’est

souvent ce qui est le plus riche et le plus difficile à faire en voyage, discuter avec les gens du coin», at-il affirmé.

De mauvaise foi

Marie-Dominic Labelle, directrice du CIVU, se défend bien de laisser de côté le contenu. «On travaille en collaboration avec le ministère de la Culture et on est associé à la Chaire UNESCO en patrimoine culturel à l’Université Laval. Je ne crois pas que ces critiques soient fondées.» «M. Ivers est de mauvaise foi. Il nous critiquait déjà quand on a installé des panneaux informatifs dans les rues. Aujourd’hui, ses guides s’en servent dans leurs visites», a-t-elle affirmé. Quant à l’aspect du financement, Mme Labelle dit avoir plusieurs partenaires privés. «Si on ne devait vivre que des subventions du ministère et de la Ville, on fermerait» a-t-elle rétroqué.

Un mandat plus large

La directrice a par ailleurs tenu à rappeler que le mandat du CIVU dépasse l’aspect touristique. «Notre but est de diffuser le patrimoine de Québec.» «On est toujours à l’affût pour trouver de nouvelles façons d’intéresser les gens, et surtout les jeunes, à l’héritage de la ville», a-t-elle expliqué. C’est dans cette optique que les géorallyes ont été développés. «C’est bien plus populaire que ce à quoi je m’attendais, et pas seulement auprès des jeunes», s’est ravie Mme Labelle. «On a même eu des groupes qui sont venus pour leur party de Noël. Au lieu d’aller prendre un coup, ils arpentent les rues de Québec et discutent du patrimoine.» Les géorallyes du CIVU ont attiré 5000 participants en 2011 et la clientèle croît d’environ 15 % par année.

Livres numériques en bibliothèques

Accessibles au printemps Marjolaine Faucher marjolaine.faucher.2@ulaval.ca Québec – Un système de prêt pour les livres numériques sera disponible dès la fin mars dans toutes les bibliothèques de la Ville de Québec.

C’est ce que confirme la responsable des communications à la Bibliothèque Gabrielle-Roy, France Plourde. «La plateforme est déjà utilisée à la BANQ [Bibliothèque et Archives nationales du Québec] en version bêta», a-t-elle affirmé. «Le système était incomplet et la BANQ a reçu beaucoup de plaintes des usagers. Nous préférions attendre le système totalement mis au point», a précisé Mme Plourde pour expliquer les raisons pour lesquelles les bibliothèques de Québec n’étaient pas encore dotées de cette version. La mise en place du logiciel rendant le prêt de livres possible est particulièrement complexe. «Ça fait plus d’un an que des techniciens y travaillent à temps plein», a affirmé la coordonnatrice des services d’édition numérique de l’entreprise De Marque Inc., Martine Rioux. L’entreprise a reçu le mandat du gouvernement du Québec pour

développer la plateforme, qui se nommera pretnumerique.ca.

Fonctionnement marginal en Amérique du Nord

Les bibliothèques américaines ont pratiquement toutes déjà leur plateforme en fonction. Mais il est impossible de s’en inspirer pour le Québec. «C’est un fonctionnement tout à fait différent, donc nous devions partir de zéro», a confirmé Mme Rioux en entrevue à L’EXEMPLAIRE.

Particulier au Québec

En effet, la province de Québec est marginale quant au processus d’achats de livres, qu’ils soient numériques ou en format papier. «Dans les bibliothèques du Québec, on doit passer par des libraires [tels que Renaud-Bray ou Archambault] pour ajouter des livres francophones en format papier. C’est une loi», a soutenu Mme Rioux. Les livres numériques n’étant pas inclus dans la loi, les bibliothèques ont décidé de suivre le même processus que celui pour les

Photo Raphaël Lavoie

La plateforme, pretnumerique.ca, sera prête dès la fin mars.

livres en format papier, rendant la démarche un peu plus ardue. Fait intéressant à noter, les bibliothèques québécoises achètent depuis plusieurs années des livres anglophones, tous formats confondus, sans passer par les libraires. Ce ne sont que les livres francophones qui possèdent un processus particulier. «C’est une plateforme entièrement conçue au Québec et adaptée sur mesure pour les bibliothèques du Québec», a étalé Mme Rioux. L’implantation de la plateforme est très technique. De Marque Inc. a dû améliorer sa capacité d’entreposage des livres en format numé-

rique et arriver à gérer la «chronodégradabilité» des livres, qui doivent être inaccessibles au bout des 21 jours de prêt. Dans les bibliothèques de Québec, on se réjouit. «La demande est très forte. On a tous très hâte!», s’est exclamé Mme Plourde à L’EXEMPLAIRE. Elle a aussi affirmé qu’habituellement, les bibliothèques sont en amont de la demande, donnant l’exemple des jeux vidéo disponibles en prêt avant la demande des usagers. «La technologie du prêt de livres numériques ne nous a pas permis de précéder la demande», a-t-elle précisé.


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Prévention du suicide

Sensibiliser par le Web Marjolaine Faucher marjolaine.faucher.2@ulaval.ca Québec – La 22e Semaine de prévention du suicide (SPS) présente des vidéos sous forme de courtes capsules mettant en scène des témoignages reliés à la cause, par une campagne lancée lundi soir dernier au Cercle.

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usqu’au 11 février, la SPS lance sa nouvelle campagne vidéo pour sensibiliser les gens. «Ce sont des témoignages d’environ une minute, très humains. Beaucoup de jeunes en ont livrés». a partagé la consultante en relations publiques de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Nathalie Demers.

du coroner du Québec sur la mortalité par suicide au Québec, mis à jour en 2011, il y a 13,5 décès par suicide sur 100 000 personnes. Les hommes surpassent les femmes, avec respectivement 21,3 contre 5,9 sur 100 000. Chez les jeunes de 20-34 ans, les hommes se situent à 23,2 décès par 100 000 et les femmes à 5,6 décès par 100 000.

Les vidéos migreront ensuite sur le Web afin de créer des rendez-vous hebdomadaires avec les internautes. «On veut en parler vraiment toute l’année», a souli«Je ne gné Mme Demers.

Déclaration controversée

La SPS s’entame alors qu’une polémique s’est installée autour des propos tenus par le sénateur conservateur, Pierre-Hugues crois Boisvenu, qui a pas en une évoqué la semaine Les raisons de dernière l’idée de société dans cette campagne, munir d’une corde laquelle on acune première dans chaque assassin cepte d’exclure en prison. «Ça cale domaine de la des catégories prévention du suitégorise des types de personnes» cide, sont simples. de citoyens et de «Le Web et la vivictimes, ceux qui déo coûtent moins nous sont sympacher, et nous n’avons pas assez thiques et ceux desquels on se d’argent pour être diffusés sur fout», a affirmé Bruno Marchand. tous les réseaux et pour atteindre différents types de publics», a M. Marchand considère que expliqué le directeur général de ces propos ramènent le débat sur l’AQPS, Bruno Marchand, à le suicide 15 ans en arrière. «De L’EXEMPLAIRE. par son statut, M. Boisvenu a une responsabilité. Il représente une «C’était l’idéal pour une vision de société, non pas une diffusion large et effective en opinion personnelle. Je ne crois fonction des ressources que nous pas en une société dans laquelle avions», a-t-il renchéri. on accepte d’exclure des catégories de personnes», a-t-il fait Solène Tanguay, qui livre valoir. son témoignage dans l’une des 25 vidéos prochainement sur Solène Tanguay a affirmé le Web, se réjouit de cette cam- que ces déclarations teinteraient pagne. Mme Tanguay a perdu un la SPS. «Il faudra déconstruire ami de son âge lorsqu’elle avait au lieu de construire. D’un autre 20 ans, et son beau-frère s’est côté, c’est le bon moment, car suicidé il y a trois ans. «Il y a des nous avons le micro pour le faire. réponses qu’on n’aura jamais. Et Mais c’est inadmissible d’enle deuil d’un suicide n’est pas pa- voyer ce type de message», a-treil à celui d’un cancer», a-t-elle elle déclaré. témoigné. La SPS offrira d’autres acPour Mme Tanguay, qui est tivités, telles qu’un blogue aliaussi professeure et membre de menté quotidiennement et des l’AQPS, ces épreuves ont été sessions de formation. révélatrices. «Il n’est pas question que ça se reproduise et que L’UL accueillera un atelier je perde à nouveau quelqu’un!», de sensibilisation à la problés’est-elle exclamée. matique du suicide, «Comment assister une personne en déLe suicide au Québec tresse?», le 8 février au pavillon Selon un rapport du Bureau Alphonse-Desjardins.

Photo Raphaël Lavoie

Les résidents du quartier se sont prononcés à 54 % contre le projet de l’Îlot Irving.

Victoire du NON à l’îlot Irving

Le maire blâme les «plus vieux»

François Pagé

francois.duval-page.1@ulaval.ca Québec – Le maire Labeaume a blâmé les résidents âgés du quartier Saint-Jean-Baptiste pour la victoire du «non» dans le dossier de l’îlot Irving.

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l y a un fossé générationnel dans Saint-JeanBaptiste. Les plus jeunes ont voté «oui», et les plus vieux ont voté «non». Les plus vieux sont complètement décrochés des nouveaux paradigmes de notre société», a protesté Régis Labeaume en ouverture du conseil de ville ce lundi. Selon le maire, il y a eu trop de désinformation dans cette histoire. «La façon de faire des pleutres et des lâches, c’est de ne pas intervenir. Ça s’appelle de la lâcheté politique. C’est pour ça que les politiciens ne sont pas respectés. Notre intervention a permis de rétablir un peu de vérité sur tout ce qui se disait», s’est justifié le maire pour expliquer sa prise de position pour le projet. Pour sa part, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste croit que la victoire du «non» au référendum sur le projet immobilier de l’îlot Irving peut être interprétée comme un vote de sanction contre l’administration Labeaume. Les résidents du quartier se sont prononcés à 54 % contre la construction d’un complexe résidentiel de neuf étages qui aurait comporté 20 % de logements so-

ciaux. Le taux de participation a été d’environ 30 %. «Je ne crois pas que les gens se soient prononcés contre le projet en particulier, mais plutôt contre la façon dont ça a été mené», a affirmé Mathieu Houle-Courcelles, organisateur communautaire au Comité populaire. «On sentait beaucoup de cynisme dans la population durant la campagne, a-til spécifié. Il y avait des craintes face au promoteur, mais aussi face à l’attitude de la Ville.» Rappelons que la Ville avait permis une dérogation au règlement municipal au promoteur GM Développement afin de lui permettre de construire un immeuble de neuf étages, soit trois de plus que la norme. Bien déçu des résultats, M. Houle-Courcelles a dit redouter que la construction de logements sociaux à l’îlot Irving soit définitivement abandonnée. «Ça ne se garroche pas aux portes pour ce genre de projet. Il est loin d’être sûr que l’on conservera les acquis négociés», a-t-il noté. Également propriétaire du terrain, GM Développement refuse pour l’instant de se prononcer sur la suite des événements.

«Ce n’est pas facile de motiver les investisseurs à construire autre chose que des condos de luxe. Ça ne semble pas fonctionner avec la carotte, il faudrait peut-être utiliser le bâton, les obliger à réserver des portions pour des logements abordables», a avancé M. Houle-Courcelles. Par ailleurs, il a dit appréhender que les événements poussent le maire à aller de l’avant avec l’instauration de zones franches où les référendums d’initiative populaire seraient interdits. À cet égard, Marc Boutin, résident de Saint-Jean-Baptiste à la tête du mouvement de dissidents du Comité populaire, avertit l’Équipe Labeaume. «Je ne crois pas que de museler des citoyens passe très bien dans l’opinion publique. On s’est mobilisé pour bloquer leur zonage à la pièce avec ce référendum, on sera aussi prêt à lutter s’ils vont sur ce terrain-là.» «Le maire a joué pour nous quand il a fait du chantage pour appuyer le projet de l’îlot Irving», a-t-il ajouté. Régis Labeaume avait déclaré que ceux qui voteraient «non» devraient s’abstenir de venir lui parler de mixité et de logement social à l’avenir. L’Équipe Labeaume entend néanmoins continuer à faire la promotion de la mixité sociale et de la densification. «On va continuer à défendre la mixité sociale et l’étalement urbain», a assuré le maire Labeaume.


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Voter avec maturité Commentaire

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weet sixteen! «C’est la rentrée en secondaire quatre. Voilà ton sac à lunch et ton argent de poche. N’oublie pas ton rendez-vous chez l’orthodontiste après ta retenue de 16h30. Tu iras à ton entraînement de football ensuite, si tout va bien. Par la même occasion, tu iras voter mon enfant!» Difficile pour beaucoup de gens d’imaginer ces jeunes déposer leur bulletin de vote dans la boîte de scrutin. Au premier abord, il est tentant de s’en insurger et de crier au scandale. Mais, en y jetant un coup d’œil plus approfondi, on peut très bien se rendre compte que plusieurs arguments des réfractaires de la jeunesse ne tiennent pas la route. Jean Gagnon exprimait dans LE du 3 février dernier plusieurs arguments campés sur l’immaturité de cette classe de citoyens qui n’existe tout simplement pas, politiquement, dans le paysage québécois.

Il n’y a aucune raison valable de citer en exemple le nombre d’accidents de la route de ce groupe d’âge pour exprimer qu’ils ne pourraient pas voter correctement. Aussi bien comparer des poires avec des bananes. Ce qu’il faudrait, peut-être, prendre en compte, c’est qu’en donnant le droit de vote à des jeunes de 16 et 17 ans, on inclurait de nombreux citoyens qui n’existent pas actuellement pour le Directeur général des élections, bien qu’ils aient une voix. Un jeune de 15 ans aura hâte de voter un an plus tard et il s’intéressera à la politique beaucoup plus tôt dans sa vie que pour le moment.

DROIT

Argumenter sur la maturité n’est que paresse intellectuelle

Argumenter sur la maturité des 16 et 17 ans pour leur interdire le droit de vote n’est que paresse intellectuelle. Qu’est-ce qu’un professeur du secondaire vous dira lorsque vous lui demanderez comment il fait pour aider ses élèves à prendre de la maturité? Qu’il faut les responsabiliser, de toute évidence! Responsabiliser; verbe qui comprend le mot responsable. L’élève le plus tannant de la classe se verra confier la tâche de prendre les présences. Il sera aux anges. Sans même s’en rendre compte, il aura développé la motivation nécessaire pour se rendre à son cours et y être à l’heure.

En responsabilisant les jeunes de 16 et 17 ans, nous verrons peut-être le taux de vote augmenter. Parce qu’en fin de compte, tout part de la confiance. La confiance que nous mettrons en ces jeunes les fera grandir et ils en viendront eux-mêmes à désirer ne pas décevoir ceux qui auront mis ces responsabilités entre leurs mains. Ensuite, cessons de comparer droit de vote et permis de conduire, ce n’est pas vraiment sérieux. Quand on dit que le bilan routier des 16-25 ans est le plus lourd de tous, on ne fait que se déresponsabiliser.

Cette inclusion dans la perspective politique québécoise-canadienne obligerait le gouvernement à prendre des décisions en fonction des jeunes votants, qui subiront, dans un avenir plus ou moins rapproché, l’impact de leurs décisions. Ainsi, plans environnementaux et économiques seraient peut-être pensés en fontion de ces gens qui vivront dans 10 ans et dans 20 ans.

Il faut toutefois bien nuancer ce projet et ne pas «pitcher» ces jeunes dans l’arène politique, sans préparation aucune. Pourquoi ne pas enseigner la politique? Et pas seulement aux jeunes! Bien des adultes «matures et réfléchis» mériteraient de se faire enseigner les impacts de ce droit qui est en fait un devoir de citoyen. À savoir si Pauline Marois pousse ce projet de loi pour les bonnes raisons, il est permis d’en douter. Elle semble toujours acculée au pied du mur, malgré la bonne marche de son parti récemment (et le verbe marcher, ici, pourrait être remplacé par boiter… c’est toujours mieux que ramper). Espérons au moins que ce projet n’est pas un effort vain dans le but d’aller chercher des électeurs «faciles à convaincre». Sinon, tout sera vain et nous n’aurons que raison de nous enfoncer dans notre cynisme politique.

Mathieu Massé

mathieu.masse.1@ulaval.ca

Les limites de l’empathie

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ix secondes! C’est le temps qu’il m’a fallu pour que toute l’empathie que j’avais envers le sénateur Boisvenu se volatilise. Je ne pensais jamais cesser de ressentir de l’empathie envers cet homme. C’est un triste constat, car le drame terrible que M. Boisvenu a vécu en perdant ses deux filles (l’une assassinée, l’autre dans un grave accident) est affreux, voire incommensurable. J’ai toujours eu cette capacité étrange de me transposer dans la peau de la victime lorsqu’un drame survient. Sentir la douleur ou le malaise que peut ressentir quelqu’un ne se commande pas, ça se vit. C’est un sentiment si fort et si puissant qu’il règne agressivement dans nos tripes. C’est dur d’arrêter quelque chose de naturel et de viscéral. «La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres », a dit un jour John Stuart Mill. Si on croit en ça, on ne peut donc pas faire subir aux meurtriers la médecine qu’ils ont eux-mêmes pratiquée. C’est une maxime qui s’imbrique bien à la réflexion que j’ai eue sur les derniers propos de Pierre-Hugues Boisvenu, alors qu’il a mentionné son désir que chaque assassin ait droit à sa corde dans sa cellule, pour qu’il puisse décider de sa vie. Pourtant, le porte-parole du gouvernement conservateur avait déjà fait plusieurs déclarations qui m’ont fait ciller les oreilles ces dernières semaines en ce qui a trait au projet de loi qui vise à modifier le Code criminel. Jusque-là, même si je n’étais pas du tout d’accord avec ses points de vue, l’homme m’apparaissait encore à l’image de ses épreuves: combatif. Par contre, peu importe les malheurs que nous vivons, il nous sera toujours interdit de faire la promotion de la mort. La mort des autres ne nous appartient pas, la mort ne se souhaite pas. La mort est une question que nous avons réglée collectivement. C’est elle qui décide du moment où elle sévit. Pas M. le sénateur, pas nous, et surtout pas la personne elle-même. C’est là que j’ai abdiqué. Faire la promotion du suicide me dégoûte au plus haut point. Trop de gens autour de moi en sont décédés. Méchant ou non, le suicide n’est jamais une option. Qui est-il pour pouvoir faire ces déclarations en public? Après mûres réflexions, je pense qu’il s’agit d’un homme en colère, imprégné d’un certain désir de vengeance, dont un gouvernement profite pour gagner l’opinion publique. On parle d’un homme qui n’est peutêtre pas prêt à prendre des décisions justes et éclairées. Un être qui vote des lois se doit d’être lucide, et non combatif.

Nicolas Lachance

nicolas.lachance.4@ulaval.ca

L’équipe de L’Exemplaire Journal école des étudiants en journalisme. Son contenu n’engage en rien la responsabilité du Département d’information et de communication. Fondateur: Jacques Guay; Éditeur: Jean-Claude Picard (656-2131 poste 4683); Directeur de la production: Baptiste Barbe (8942); Adjoint à l’éditeur: Matthieu Dessureault (8942); Rédactrice en chef: Sophie Côté (4513); Secrétaire de rédaction: Nicolas Lachance (4513); Éditorialiste en chef: Gabrielle Thibault-Delorme (8954); Maquettiste: Maxime Fouquette-L’Anglais (8959); Directeur de la photographie: Raphaël Lavoie (8954); Adjointe au secrétaire de de rédaction: Héloïse Kermarrec; Caricaturiste: GabrielleThibault-Delorme; Université: Mathieu Massé, Ismail Mbonigaba et Jean-Baptiste Delhomme (5224); Municipal, régional et gouvernemental: Lydia Desjardins, François Pagé et Marjolaine Faucher (8956); Dossiers: Valérie Péré (8954); Entrevue: Xavier Savard-Fournier (8956); Monde: Pierre-Louis Curabet (8954); Culture: Marie-Claude Savoie, Aude Garachon et Catherine Desroches-Lapointe (8957); Sports: Catherine Lille et Marc-Antoine Paquin (8957). Conception de la maquette typographique: Marco Dubé et François Baron du Studio Graphiskor; Julie Verville et Mario Fraser; Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Québec, 1994; Imprimeur: Les Presses du Fleuve, 100, avenue de la Cour, Montmagny (Québec) G5V 2V9; Tirage: 1000 copies. Adresse: Département d’information et de communication, C.P. 4120, pavillon Louis-Jacques-Casault, local 3792, Cité universitaire (Québec) G1V 0A6; Télécopieur: (418) 656-3865; Courriel: exemplaire@com.ulaval.ca; Site Web: http://www.exemplaire.com.ulaval.ca; Facebook: L’Exemplaire (Page officielle); Fil Twitter: lexemplaire Points de distribution du journal: Cité universitaire: pavillon Bonenfant, pavillon Casault, pavillon De Koninck, pavillon Desjardins, pavillon des Sciences de l’éducation, pavillon Pouliot, pavillon Vachon, pavillon Lemieux, pavillon Vandry, pavillon Palasis-Prince, Peps; Ville de Québec: Bibliothèque Gabrielle-Roy, Tribune de presse du parlement.


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OSSIER

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Textes par Catherine Desroches-Lapointe | catherine.desroches-lapointe.1@ulaval.ca

Droits de scolarité

NON: Leitmotiv du mouvement étudiant Québec — Devant un gouvernement qui ne bronche pas face à leurs revendications, les fédérations étudiantes monteront le ton cet hiver. Elles mettront alors en branle leurs plans d’action respectifs, tout en ayant un objectif commun: faire reculer le gouvernement.

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Courtoisie REUTERS/Eliseo Fernandez

Manifestation à Valpareiso, au Chili, le 9 août 2011.

Manifestations étudiantes au Chili

Prêts pour une deuxième manche Chili — À l’aube de mars, le Chili pourrait voir renaître une relance de contestations en raison du système d’éducation public sous-financé à 14% par l’État.

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abriel Boric, actuel président de la Fédération des étudiants de l’Université du Chili est d’avis que le plan de mobilisation doit être réévalué pour la suite des choses. Il ne faut «pas répéter exactement ce qu’on a fait en 2011. Nous devons inventer de nouvelles formes de mobilisation. Nous ne pouvons pas encore être sept mois en grève», a-t-il soutenu. À partir de mars auront lieu des rassemblements afin de déterminer l’angle d’attaque par les objectifs et les modalités d’action, pour cette deuxième bataille qui s’annonce avec le gouvernement Pinera. Le 30 juin 2011, une grève générale des professeurs et étudiants au Chili contre la poursuite du gouvernement Pinera de privatiser l’Éducation nationale s’est avérée un coup d’envoi à un sept mois de contestation dans ce pays du Sud. Qualifiée de règlementation digne de l’héritage de l’ère de Pinochet, plus de 200 000 personnes ont défilé dans tout le pays en juin pour défendre la gratuité scolaire, sa démocratie et la qualité de l’enseignement. «Le gouvernement doit gouverner pour tous, les étudiants ne sont pas les

seuls citoyens du pays», mettait en garde M. Pinera. La centrale des travailleurs aurait joint d’un point de vue opportuniste le mouvement en août à la suite des propos tenus par le président. «Ce sont les travailleurs qui paient l’éducation de leurs fils», a rappelé la Centrale unique des travailleurs du Chili [CUT] à l’automne. Ceci marque la distanciation entre les différents partis d’opposition au gouvernement qui ont tous tenté de tirer un bout de la couverture en 2011. Diviser pour mieux régner, voilà ce que le gouvernement a réussi à l’intérieur de ce mouvement contestataire sud-américain. En repli stratégique depuis novembre, le mouvement étudiant chilien profite de cette pause pour redonner des forces aux manifestants et éviter l’échec académique de plusieurs d’entre eux.Une chose est certaine, ils sont conscients qu’il faudra unir les luttes qui ont des objectifs communs. Un des nouveaux axes aux revendications étudiantes s’orientera sur une proposition de réforme du système d’imposition pour permettre de financer l’éducation publique et la rendre gratuite.

e 10 novembre 2011, plus de 200 000 cégépiens et étudiants ont décrété une levée de cours pour s’opposer à la hausse de 1 625$ appliquée par le gouvernement Charest. Du côté des fédérations étudiantes collégiales et universitaires (FECQ-FEUQ), on ne met pas de côté la possibilité de déclencher un mouvement de grève reconductible pour obtenir un gel des droits de scolarité. Les deux fédérations, qui comptent à elles seules 200 000 étudiants membres, se disent prêtes à travailler de pair avec l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) afin d’avoir gain de cause. «Nous avons un objectif commun: faire reculer le gouvernement, a lancé Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. D’ailleurs, la manifestation de novembre dernier a été organisée conjointement entre les groupes.» En février, pour montrer les dents au gouvernement, les associations membres de la FEUQ et de la FECQ sont appelées à poser des gestes sur leur campus respectif. Ceux-ci serviront à perturber les caucus libéraux et mettre en lumière le point de vue étudiant. Le 14 février, les fédérations étudiantes comptent faire entendre leurs voix dans le cadre de la rentrée parlementaire. Elles feront acte de présence afin de s’assurer de mettre en priorité la question de hausse des droits de scolarité dans l’agenda du gouvernement libéral. Ce n’est pas avant mars que la FEUQ consultera ses membres pour engager un processus de grève, optant ainsi pour

une gradation des moyens de pression. «Il va falloir montrer au gouvernement que l’on va se battre et s’assurer d’avoir un maximum de personnes pour la manifestation du 22 mars, a annoncé Martine Desjardins. On espère que la pression va faire reculer le gouvernement.».

Moins conciliante

L’ASSÉ avait été écartée des tables de négociations en 2005 à la suite de l’incident de Montebello, une initiative de la FEUQ. À l’époque, elle n’avait pas voulu endosser la responsabilité des violences causées lors du mouvement étudiant [une porte avait été défoncée à coups de bélier, dérangeant un caucus libéral], à l’inverse des fédérations qui s’étaient engagées à ne pas reproduire de pareils gestes. En congrès à la fin janvier, la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ) s’est positionnée en faveur d’une grève générale illimitée. Devant le refus du gouvernement de revenir sur sa décision, l’ASSÉ a voté en congrès «que la CLASSE appelle au déclenchement de la grève générale illimitée pour le 3e jour ouvrable suivant l’atteinte du plancher de grève de 20 000 personnes et sept associations réparties sur trois campus», comme indiqué dans le résumé des mandats du congrès de la CLASSE. L’Association de la faculté des sciences humaines (AFESH) de l’UQÀM a d’ailleurs voté le 1er février dernier en faveur de ce plan de match. Selon Alex Desrochers, coordonnateur de l’AFESHUQÀM, «les membres ont appuyé à près de 80% le plan de grève géné-

rale reconductible». Félix Lévesque, exécutant à l’interne à l’Association des étudiantes du cégep St-Laurent, membre de l’ASSÉ, préfère ne pas se prononcer sur les résultats attendus le 17 février. Il est à noter qu’en plus de réclamer l’abandon du projet de hausse de 1 625$ de droits de scolarité par session, l’ASSÉ base ses actions sur des principes de revendications de la gratuité scolaire. La CLASSE organise une manifestation nationale le 23 février prochain dès 13h. Le lieu est tenu secret pour éviter la répression policière.

Deux poids, deux mesures

Lors de la dernière grève générale illimitée, Pier-André Bouchard St-Amant, alors président de la FEUQ, était assis à la même table que la FECQ et le gouvernement libéral. Ils sont d’ailleurs arrivés à une entente de principe qui, se servant du programme des bourses du millénaire du fédéral, rétablissait, en partie, le réinvestissement dans le programme de prêts et bourses.La FEUQ avait invité ses membres à l’accepter, tandis que la FECQ avait laissé carte blanche à ses membres et que l’ASSÉ avait maintenu ses objectifs en refusant l’offre, poursuivant ainsi les moyens de pression jusqu’au 14 avril 2005. Contacté par courriel par L’EXEMPLAIRE, M. Bouchard n’a pas voulu commenter le plan d’action de cette nouvelle vague de contestation étudiante. Sur les 185 000 étudiants ayant fait partie du mouvement, seulement 75 000 se sont prononcés en faveur de la proposition, jugée «suffisamment intéressante» à l’instar de la FECQ. 110 000 membres se sont positionnés contre cette offre.

Source : Catherine Desroches-Lapointe


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N T R E VUE

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Propos recueillis par Xavier Savard-Fournier | xavier.savard-fournier.1@ulaval.ca

58e édition du Carnaval de Québec

L’âme en fête malgré la tempête Québec — La 58e édition du Carnaval bat son plein jusqu’au 12 février. Malgré les critiques concernant la centralisation des activités sur les plaines d’Abraham cette année, le président de l’événement, Alain Winter ne voit pas la situation du même oeil. Cet homme qui a connu plus d’une neige carnavalesque présente sa vision de ce qu’est devenu le Carnaval de Québec.

L’EXEMPLAIRE: Plusieurs habitants de la ville se demandent où est passé le Carnaval puisqu’il y a très peu de publicité en dehors du centreville. Que leur répondez-vous? Alain Winter: En fait, ce qui est vrai, c’est qu’il n’y a plus autant d’affiches municipales. On parle souvent, avec nostalgie, des câbles avec lumières qui indiquaient le Carnaval, mais les poteaux ne permettent plus ça. On avait même une tête de Bonhomme au-dessus de la porte StLouis, mais on ne peut plus depuis les dernières rénovations. Sinon, il y a des affiches du Carnaval sur tous les parcours des deux défilés.

tionnés par la Commission canadienne du tourisme, qui est l’organisation qui s’occupe de la mise en marché des destinations canadiennes dans le monde. Une entreprise signature si l’on veut; le Canada met le Carnaval en évidence un peu partout. Au contraire, nous n’avons jamais fait autant d’efforts à l’étranger en utilisant des canaux de communication qui sont à notre portée. Nous ne sommes pas «super riches», en fait nous posons des gestes que nous avons les moyens de payer.

L’EXEMPLAIRE: Au fil des années, vous avez perdu plusieurs activités, notamment les duchesses, le Tournoi de hockey Pee-Wee de Québec et la course de tacots cette année. Comment peut-on justifier le retrait d’activités, tout en continuant d’affirmer que le Carnaval est reconnu et aussi populaire?

Puis, il y a la Grande-Allée qui est presque complètement aux couleurs du Carnaval. C’est vrai que ce n’est qu’un secteur de la ville. C’est un fait et nous en sommes conscients. Au Carnaval, en tout cas je pense, nous avons toujours A.W.: Nous n’avons pas essayé d’être à l’écoute, autant que perdu ces activités-là. Le Tournoi faire se peut, des idées ou des com- Pee-Wee, par exemple, a été une mentaires qui peuvent nous être décision conjointe et particulièreacheminés. Il y a d’autres éléments ment orientée par la Ville avec la aussi, aujourd’hui, je pense notam- Chambre de commerce et les entrement aux réseaux sociaux. En fait, prises de tourisme. Il y avait deux la réceptivité, entre événements en un, mais autres chez les plus qui se court-circuitaient «Quand les jeunes, n’est pas du d’une certaine façon. tout la même que Nous retrouvions donc duchesses chez les plus âgés. pendant le Carnaval avec ont disparu, une sous-capacité hôtec’était une L’EXEMlière alors que le Tournoi décision PLAIRE: Le Carde hockey Pee-Wee génaval est considéré nèrait une demande aussi affirmée et comme une grande très forte. Dans le cas des réfléchie» fête hivernale. duchesses, nous sommes Pourtant, un arallés ailleurs. Quand les ticle du DEVOIR duchesses ont disparu, paru le 31 janvier dernier citait c’était une décision affirmée et réune journaliste du NEW YORK fléchie. Ça n’a pas été décidé sur TIMES qui, dans son parlmarès un coup de tête, ça nous a permis des villes a visiter en hiver, ne de faire Place Desjardins et Place fait aucune référence à Québec de la famille. Il faut aussi se rappeou au Carnaval. Est-ce là une ler que les quatre ou cinq dernières perte de popularité du Carna- éditions des duchesses et particuval? lièrement la dernière année, nous étions dans une situation extrêmeA.W.: Non, au contraire, je ment négative. pense que c’est un cas isolé ou un oubli. Nous sommes encore reconOn se souvient de l’aspect nus parmi les dix événements hi- nostalgie et ça a été, honnêtement, vernaux les plus connus au monde. une fichue de belle période pour Nous venons de remporter le Prix le Carnaval et pour Québec, c’est de l’événement touristique de l’an- indéniable. Ça fait partie du patrinée au Canada, tous événements moine carnavalesque et nous ne confondus. Nous avons été sélec- renierons jamais ça. Au contraire,

Photo Raphaël Lavoie

«Le Carnaval de Québec, c’est un rendez-vous, un moment annuel où les gens de Québec et de partout dans le monde veulent s’approprier l’hiver», sourit le président du Carnaval, Alain Winter.

c’est une période de fierté pour le Carnaval. Par contre, les commanditaires n’étaient plus intéressés parce qu’il y avait une image négative liée à la position de la femme. Donc, ça a été un choix qui nous a permis de gagner en activités et en popularité. En termes de fréquentation, ça a été assez exceptionnel. Nous sommes à environ 700 000 visiteurs et c’est du jamais vu.

L’EXEMPLAIRE: Claudette Bherer, directrice générale de l’Association des gens d’affaires du Vieux-Québec, a fait part de sa déception face au retrait d’activités sur la rue St-Jean à L’EXEMPLAIRE la semaine dernière. Qu’est-ce qui a poussé le Carnaval à délaisser ce secteur? A.W.: En fait, c’est étonnant quand même, parce que ça fait longtemps qu’il n’y a plus rien sur la rue St-Jean. Nous avons toujours maintenu deux activités depuis plusieurs années: le patinage avec Bonhomme à Place d’Youville et le déjeuner western qui est toujours en face du Carré. C’était surtout une question d’espace qui nous avait fait déplacer nos activités par le passé. C’est pour les mêmes raisons que nous avons déplacé le palais cette année. Cela dit, nous tenons exactement, à un élément près, le même nombre d’activités en dehors du site principal que nous en avons toujours eu depuis les dix dernières années. Par exemple, les qualifications de la course en canot se font en dehors du site, et c’est très specta-

culaire. C’est sur la Grande-Allée cette année. C’était sur St Joseph avant, mais l’espace ne nous le permettait plus.

L’EXEMPLAIRE: C’est une des premières années où l’effigie est obligatoire sur l’ensemble du site. Est-ce que c’était un choix purement économique de centraliser vos activités sur les Plaines d’Abraham? A.W.: Il y a autant d’activités à l’extérieur: défilés, qualifications de la course en canot, la raquette grand V, la course de traîneaux à chiens. Tout ça, c’est évidemment ouvert à tout le monde sans effigie. En plus, l’espace sur les Plaines nous permet de nous développer. Nous ne sommes plus coincés comme avant. C’est évident qu’il y a un aspect économique lié au contrôle de l’effigie, mais il y a aussi un aspect de juste retour qui nous permet de maintenir et de continuer à se développer. Moi, ce que je vais toujours dire, c’est que pour maintenir une fête comme celle-ci, qui occupe 17 jours et 17 soirs en plein hiver, 13$ pour avoir accès à 300 activités tous les jours, c’est à peu près 75 cents par jour. Ce n’est pas beaucoup pour soutenir une fête qui est tout à fait distincte et québécoise.

L’EXEMPLAIRE: L’implication de la Ville de Québec dans le Carnaval a toujours été grande. De ce fait, comment avez-vous perçu l’absence du maire Régis Labeaume, en voyage à Calgary, lors de la cé-

rémonie d’ouverture, si la ville est un si gros partenaire? A.W.: Régis Labeaume est le maire, mais il n’est pas le seul porte-parole de la Ville. Il faut dire qu’il était à Calgary pour des raisons bien particulières. Il y a un partenariat entre Québec et Calgary, elles sont considérées comme des villes jumelles depuis plusieurs années, tout comme le Carnaval et le Stampede. Dans ce contexte- là, puisqu’en plus c’était pour des fonctions professionnelles, je dis chapeau et même chapeau de cowboy à M. Labeaume si ça permet d’avoir des partenariats encore plus forts. L’EXEMPLAIRE: Vous qui êtes impliqué depuis longtemps au sein du Carnaval, qu’est-ce qui vous fait revenir année après année, malgré tous les changements, les critiques et la nostalgie que l’évènement peut engendrer? A.W.: Je suis un homme de tourisme et selon moi, le tourisme à Québec a besoin d’un événement de cette envergure en hiver. Je vais toujours en être l’ambassadeur: c’est nécessaire, voire essentiel en hiver de maintenir ça. Aussi, pour me sentir toujours aussi convaincu dans ma fonction de formateur de la relève en tourisme. Ça permet à ces gens-là de réaliser qu’il y a du travail 365 jours par année dans cette industrie et évidemment, avec un nom comme le mien, qu’est-ce que vous voulez faire d’autres!


L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Le mouvement anti-Poutine ne faiblit pas

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Non au retour du «Tsar» Pierre-Louis Curabet pierre-louis.curabet.1@ulaval.ca Russie — Les opposants russes ont manifesté pour une troisième fois depuis les élections législatives du 4 décembre dernier, remportées par le parti du premier ministre Vladimir Poutine.

A

lors qu’il neigeait et que la température atteignait les -15°C, l’appel à un troisième rassemblement anti-Poutine a été largement suivi par les opposants russes dans les rues de Moscou. Les autorités de police avancent le chiffre de 36 000 manifestants, tandis que les organisateurs de la marche d’opposition parlent de 120 000 personnes.

Le mouvement d’opposition gagne des appuis.

À un mois des élections présidentielles, les observateurs tablent sur un retour de Vladimir Poutine au Kremlin [palais présidentiel russe]. Pour autant, selon Frédéric Lavoie, journaliste indépendant installé à

Moscou, ce mouvement d’opposition gagne de plus en plus d’appuis. «Après la première grande manifestation, le président Medvedev a annoncé des réformes du système politique, explique Frédéric Lavoie, joint par courriel par L’EXEMPLAIRE. Même si l’opposition doute qu’elles aient un impact réel, elles sont tout de même la preuve que le régime a dû répondre à la rue et a été quelque peu effrayé par l’ampleur du mouvement.» Aurélie Campana, professeure spécialiste de la Russie à l’Institut des Hautes études internationales (HEI) de l’Université Laval, note que ce mouvement n’est pas pour autant homogène dans ses reven-

dications. «Il n’y a pas de revendications communes parce que ces manifestations rassemblent des mouvements qui sont très peu structurés, et quand ils le sont, ils sont très peu représentatifs, argue la chercheuse du HEI. Ce sont principalement des mouvements d’extrême gauche auxquels on donne parfois en Occident une place qu’ils n’ont pas réellement en Russie.»

Poutine n’est pas seul

Si les mouvements d’opposition gagnent en visibilité dans le paysage politique russe, cela ne veut pas dire que Vladimir Poutine n’a aucun soutien. Au contraire, une grande partie des Russes l’appuie, particulièrement ceux issus des campagnes. «Il y a bien sûr ceux qui profitent de son régime, les simples citoyens qui s’informent sur les chaînes étatiques, mais plus simplement, ceux qui préfèrent ne pas s’impliquer dans la politique et lui sont reconnaissants que le pays

soit plus ou moins stable et que le niveau de vie augmente», explique Frédéric Lavoie. De son côté, Aurélie Campana affirme que le premier ministre russe «est vu comme celui qui a ramené la stabilité aux niveaux socio-économique et politique. Et ensuite, beaucoup se disent: “Si Poutine s’en va, par qui on va le remplacer?” Ce sont les craintes de l’avenir et du changement qui paralysent la Russie». Ainsi, les pros-Poutine étaient plus de 130 000 à manifester samedi dernier selon les forces de police. Estimation qui serait exagérée d’après des journalistes sur place. Ce qui est sûr, d’après Mme Campana, c’est que Poutine n’a pas intérêt à utiliser la force pour réprimer le mouvement d’opposition au risque de «victimiser» les anti-Poutine. Le premier tour de la présidentielle aura lieu le 4 mars prochain.

Élections présidentielles au Sénégal

Bon nombre de Sénégalais ne veulent plus de Wade

La situation est tendue au Sénégal. L’opposition politique et la majorité de la société civile exigent que M. Wade ne se représente pas aux prochaines élections. Aspirer à un troisième mandat est audacieux, notamment compte tenu de son âge (85 ans officiellement), et de la loi constitutionnelle. En effet, la Constitution sénégalaise, réformée en 2001, stipule, à l’article 104, que «Le Président de la République en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme. Toutes les dispositions de la présente Constitution lui sont applicables», et à l’article 27 que «La durée du mandat du Président de la République est de cinq

ans, renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être révisée que par une loi référendaire ou constitutionnelle».

Bricolage consitutionnel

Abdoulaye Wade a pris le pouvoir en 2000, un an avant cette nouvelle Constitution. Pour ses partisans et lui, les articles entrent en vigueur à partir de son deuxième mandat (2007-2012), ce qui l’autorise à en revendiquer un troisième. Mais pour Mounouri Sy, constitutionnaliste et professeur de droit à l’Université de Thiès, joint à Dakar, il est clair que la candidature de M. Wade est irrecevable. «Tous les constitutionnalistes du pays sont d’accord sur ce point, explique Mounouri Sy. Wade ne peut pas, d’un point de vue légal, se représenter, même si la nouvelle réforme est passée pendant son premier mandat, puisqu’elle entrait en vigueur immédiatement, et non pas à la fin de son premier mandat», soutient-il..

résolution de l’onu Sursis pour Bachar Al-Assad

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a Russie et la Chine ont posé leur véto samedi dernier à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant la répression de la population syrienne et demandant le départ du président Bachar Al-Assad. La veille, la ville d’Homs, place forte des manifestants, avait essuyé un bombardement qui a fait plus de 200 morts. (P.L.C.)

manifestations violentes L’Égypte bouillonne

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près la mort de 74 personnes lors d’un match de football à Port-Saïd, la tension monte en Égypte. Des affrontements entre la police et les manifestants réclamant le départ du pouvoir militaire ont eu lieu au Caire. Plusieurs morts et de nombreux blessés sont à dénombrer. Le général Tantaoui est le Chef d’État par intérim depuis la chute d’Hosni Moubarak le 11 février 2011. (P.L.C.)

génocide des khmers rouges Perpétuité pour Douch

aing Guek Eav, alias Douch, a écopé de la réclusion à perpétuité pour son rôle dans le génocide perpétré par les Khmers rouges. Il était le directeur de la prison S-21, où au moins 12 272 adultes et enfants ont péri entre 1975 et 1979. Le réalisateur Rithy Panh a recueilli de nombreuses heures de témoignage du bourreau cambodgien et monté un documentaire, «Douch, le maître des forges de l’enfer». (P.L.C)

Sénégal — La décision du président Abdoulaye Wade de se présenter une troisième fois aux élections provoque la colère d’une grande partie de la population sénégalaise.

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EN BREF

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Gabrielle Brassard-Lecours gabrielle.brassard-lecours.1@ulaval.ca

e 28 janvier dernier, il a été établi par le Conseil constitutionnel du Sénégal que le président actuel, Abdoulaye Wade, pouvait briguer un troisième mandat aux élections du 26 février prochain. Depuis, des manifestations ont lieu presque chaque jour pour contester la candidature du «Vieux».

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Photo Gabrielle Brassard-Lecours

Le 23 juin dernier, le peuple sénégalais s’était soulevé contre un projet de réforme constitutionnel porté par le président Wade.

À la suite de la décision du Conseil constitutionnel, dont plusieurs détracteurs de Wade soupçonnent qu’il a été manipulé pour accepter sa candidature, les huit candidats qui aspirent au poste de président se sont engagés à «rester unis» contre Wade, sans toutefois appeler au boycottage du scrutin. La vague de contestation est notamment dirigée par le Mouvement du 23 juin (M23), un regroupement de partis politiques,

de citoyens et d’organisations de la société civile, qui s’était alors soulevé contre un projet de changement de la constitution, que M. Wade voulait faire adopter. Devant la colère de son peuple, le président avait reculé. Mais neuf mois après, M. Wade semble prêt à tout pour remporter les élections du 26 février prochain, malgré l’opposition des Sénégalais. La campagne électorale sénégalaise a commencé le 5 février dernier.

élections présidentielles Autocratie turkmène

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e président Gurbanguly Berdimuhamedow se présente à sa succession lors des élections présidentielles turkmènes le 12 février prochain. Le Turkménistan est l’un des régimes les plus autocratiques au monde. Selon le classement de la liberté de presse 2011-2012 de Reporters sans frontières, le Turkménistan est classé 177e sur 179, entre la Syrie et la Corée du Nord. (P.L.C)


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U LT U RE

EN BREF université laval en spectacle Finale locale

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ix étudiants sélectionnés en audition en novembre dernier participeront à la finale locale de Université Laval en spectacle. L’événement aura lieu vendredi, au Théâtre de la Cité universitaire. La finale aura lieu le 7 avril 2012 au campus de Rouyn-Noranda. 11 universités de la province concourent à cette 7e édition de l’UniversCité en spectacle. (A.G.)

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Musée des beaux-arts «Mode et apparence»

e Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) rassemble une centaine d’œuvres d’artistes de la région pour son exposition intitulée «Mode et apparence dans l’art québécois: 1880-1945». Affiches publicitaires, catalogues et photographies d’époque sont aussi présentés pour témoigner de l’élégance à la québécoise. «Mode et apparence» sera présentée du 9 février au 6 mai 2012. (A.G.)

L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Le mois de l’histoire des Noirs inspire le Frovrier

Jusqu’au bout des cheveux Mélissa Côté melissa.cote.7@ulaval.ca Montréal — Né d’une initiative de deux artistes montréalais, le Frovrier a vu le jour le 1er février. L’événement s’inscrit dans la même lignée que le Movember, durant lequel les hommes sont appelés à arborer la moustache pour soutenir «Cancer de la Prostate Canada». Cette fois-ci, c’est le mois de l’histoire des Noirs qui devient la vedette pour le Frovrier.

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’idée derrière le projet est d’amener les membres de la communauté noire à revaloriser leur image et leur estime de soi en encourageant le port du cheveu au naturel. Ce mouvement est une création de Michèle BerekYah et de Xav Ier. Les deux fondateurs se connaissent depuis un moment. «Nous nous sommes rencontrés dans une soirée de poésie en 2009 à Montréal», a souligné BerekYah en parlant de son partenaire. Durant le temps des Fêtes, les deux acolytes ont joint leurs talents

respectifs pour former BerekYah et Xav Ier chantent No Hell, un collectif musical. Le Frovrier va au-delà de la liberté d’expression à travers les cheveux. C’est aussi un documentaire, des spectacles et des colloques. Jeudi le 9 février dès 18h aura lieu un spectacle multidisciplinaire au bar L’Escalier de Montréal où histoire, justice sociale, identité et avenir seront abordés. Le documentaire, tourné par les deux instigateurs du projet, sera présenté à la toute fin du mois. «Il

«Les femmes noires ne considèrent pas leur beauté naturelle comme étant une beauté valable et elles tentent de ressembler aux standards occidentaux», a expliqué BerekYah. «À l’époque coloniale, les esclaves qui avaient la peau la moins foncée et les cheveux les plus lisses étaient choisies pour travailler dans les familles, ce qui représentait une amélioration considérable du niveau social. Le fait que neuf femmes noires sur dix n’arborent pas leurs cheveux au naturel prouve que ce n’est pas un choix personnel, mais bien une cicatrice

À ce jour, le mouvement est supporté par plus de 700 fans sur le réseau social Facebook. C’est d’ailleurs par cette plateforme qu’il voyage et s’exprime le plus. Un bon nombre d’artistes de la scène montréalaise soutiennent les activités du Frovrier/Fobruary, comme l’a mentionné BerekYah. Pour le moment, les activités du Frovrier se limitent à la région de Montréal, mais la diffusion se fait grâce à Internet. Plus près de chez nous, la chanteuse et animatrice, Marième Ndieye, se sent interpelée par l’initiative des deux instigateurs. La voix du groupe CEA et présentratrice à VOX mentionne qu’elle arbore un afro fièrement depuis déjà plusieurs années. «Je considère que le Frovrier est un mouvement qui permet de rappeler d’où l’on vient et d’être fière de ses racines», a-telle reconnu.

Cap sur l’Europe Julia Stewart-Page julia.stewart-page.1@ulaval.ca Québec — Une pluie d’éloges est tombée sur Salomé Leclerc, qui présentait, en primeur, une version remodelée de son spectacle «Sous les Arbres» jeudi dernier au Petit Champlain. La jeune artiste vise maintenant l’Europe.

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elon Maxime Lemire, leader de la formation, Steve Hill ne serait pas en lice pour être le guitariste remplaçant Dagger Pat, qui les a quitté début 2012. «Il y a bien plus de chances qu’il participe à la réalisation de notre prochain album», a-t-il dit. Le band, en processus d’auditions, dit avoir l’œil sur deux candidats, qu’ils contacteront au courant de la semaine. (C.D.-L.)

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Gala de la relève Sébastien Benoît animateur

ors du «Vins et fromages» organisé au profit du Gala de la relève en communication 2012, l’équipe a annoncé que Sébastien Benoît sera le présentateur de la soirée. Animateur, il a entre autres été aux commandes de l’émission «La Fureur» à Radio-Canada, et anime «Le Bonheur est à quatre heures» à Rythme FM. La 16e édition du Gala aura lieu le 15 mars au Palais Montcalm. (A.G.)

L’afro comme icône

culturelle», a constaté la jeune artiste.

Salomé Leclerc

Dance Laury Dance Rumeurs confirmées

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porte sur les enjeux identitaires reliés aux cheveux dans la communauté noire, de la pression sociale et des préjugés envers les cheveux naturels. Que ce soit l’afro, les dreadlocks ou encore la forme crépue», a expliqué la cofondatrice à L’EXEMPLAIRE.

Photo Raphaël Lavoie

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Artiste à tout faire

avid Giguère ajoute une nouvelle corde à son arc en lançant son premier opus intitulé «Hisser haut». Il avoue vouloir « faire de la musique, mais pas au détriment de [son] équilibre». Découvert en 2011 grâce à son rôle dans le film Starbuck dans lequel il interprète sa chanson L’atelier, il sera également de la distribution de Caligula (Remix) présenté par le théâtre La Chapelle du 15 au 17 février. Depuis sa sortie de l’option Théatre du collège Lionel-Groulx en 2010, le jeune homme ne chôme pas. (G.S.)

epuis qu’elle a été proclamée «Découverte Francophone» pour les mois de novembre et décembre par les Radios Francophones Publiques, elle a su se faire entendre sur le vieux continent.

qu’elle qualifie de plutôt «organique». Elle explique qu’avant d’entrer en studio, elle a commencé à analyser les textes. «Avec du recul, je me suis rendu compte à quel point la nature était présente dans les chansons.»

«J’ai fait quelques entrevues et la négociation pour la licence du contrat de disques s’est terminée la semaine dernière. On va lancer l’album là-bas cette année et tourner en 2012», a souligné l’artiste.

Les rencontres qu’elle a faites sur de grands plateaux comme Belle et Bum ou En Direct de l’Univers ont confirmé une idée: «Faire des collaborations et des écritures co-signées nous permet d’aller chercher des couleurs ailleurs et de sortir de notre moule», a fait savoir Salomé Leclerc.

L’auteure-compositrice-interprète admet être un peu intimidée par toutes ces critiques qui la comparent à Cat Power ou PJ Harvey, deux musiciennes qu’elle admire. «C’est très flatteur, car c’est des artistes que j’écoute énormément, tout comme Feist ou Karkwa. Si je viens d’arriver dans ce mondelà et que ces influences ressortent, et bien je me dis que ça s’en va à la bonne place», a-t-elle lancé en riant. Elle reconnaît l’influence des grands espaces sur sa musique,

Elle prend tout de même le temps de laisser planer quelques idées qui lui sont venues pour son prochain album. Celui-ci n’est cependant pas prévu pour un avenir rapproché. «C’est certain qu’en vivant à Montréal, je vais peut-être incorporer des sons plus urbains comme des petites pointes de beach house ou des batteries électroniques. Mais je ne m’éloignerai pas à des lieux du type d’arrangements que je fais présentement.»


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L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

ULTURE

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I.No

Mélanger les styles Chloé Noël chloe-stephanie.noel.1@ulaval.ca Québec — Le groupe I.No lançait mercredi dernier au Cercle son premier album, Hunted Hearts.

Photo Raphaël Lavoie

«Quand j’ai écrit La liste, j’entendais la voix de Sylvie Drapeau dans ma tête», a raconté l’auteure Jennifer Tremblay.

La liste de Jennifer Tremblay

Monologue de la solitude

Kevin B. Fleury kevin.b-fleury.1@ulaval.ca

Québec — La pièce de théâtre La liste donne sa première prestation de la saison dans la ville de Québec avant d’entreprendre une tournée pancanadienne d’une durée de deux mois. Les représentations ont débuté hier soir au Théâtre Périscope et se poursuivront jusqu’au 25 février.

L

a liste, c’est un monologue d’une femme de la campagne qui, confinée par les tâches quotidiennes, en oublie de venir en aide à sa voisine. Sa mort laisse à la femme au foyer un goût amer de culpabilité. Selon l’auteure Jennifer Tremblay, il s’agit «d’une pièce qui parle beaucoup de la solitude qui est de plus en plus présente au XXIe siècle». La vie est de plus en plus confortable et on a de moins en moins besoin des autres pour fonctionner», a-t-elle précisé. La pièce traite donc d’individualisme, d’isolement et de maternité. «C’est après trois ans de travail à temps partiel et de nombreuses versions, que, finalement, j’en suis arrivée à produire le texte qui est joué sur scène», a confié Jennifer Tremblay. Le texte a, en partie, été inspiré par la vie de l’auteure. Ayant habité dans un petit village de campagne, elle affirme avoir vécu beaucoup de solitude. Cet aspect de son existence transparaît dans le personnage interprété par la comédienne Sylvie Drapeau. Pour sa première pièce jouée sur les planches d’un théâtre, l’auteure s’est dite enchantée d’avoir pu travailler avec Marie-Thérèse Fortin, metteure en scène et directrice du Théâtre d’Aujourd’hui à Montréal, et Sylvie Drapeau, qui tient le seul et unique rôle. «C’est très agréable, formateur et enrichissant de collaborer avec ces deux femmes. Il s’agit

d’un immense cadeau pour moi», a-t-elle mentionné.

Un choix évident

La comédienne Sylvie Drapeau était prédestinée pour ce rôle. «Quand j’ai écrit La liste, j’entendais la voix de Sylvie Drapeau dans ma tête», a raconté l’auteure. Coïncidence ou non, la metteure en scène Marie-Thérèse Fortin imaginait aussi la comédienne dans ce rôle. «Le choix ne fût pas très difficile lorsque Marie-Thérèse m’a parlé de Sylvie», a ajouté Jennifer Tremblay.

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.No, c’est le duo formé d’Amélie Nault, au chant, et d’Olivier Beaulieu à la batterie. Ils sont toujours accompagnés du guitariste Simon Pedneault et d’Alex Blais à la basse pour leurs prestations. Les deux leaders du groupe reconnaissent que lancer leur album à Québec est encore plus excitant parce qu’ils habitent la ville depuis plusieurs années. «On est vraiment fiers de venir de Québec, on essaie toujours de s’entourer de gens de la ville», a dit Amélie Nault. La chanteuse du groupe était d’ailleurs habillée par Cœur de loup, une griffe de Québec, lors du lancement. Les chansons de cet album mélangent plusieurs styles musicaux. «On est dans la grande famille de la pop, avec beaucoup d’accents folk, rock et soul. Nos influences sont variées, j’ai grandi dans le punk-rock, mais mon idole est Ella Fitzgerald», a expliqué la chanteuse du groupe. «La totalité de ce qu’on écoute nous inspire au fil du temps. C’est ce qui donne une touche à notre musique actuelle. On veut suivre nos instincts et nos feelings du moment, écouter comment on se sent», a ajouté Olivier Beaulieu. C’est Amélie Nault qui écrit toutes les chansons. «Lorsque j’écris une chanson, je vois un

film. Je pars d’une émotion et je la transforme en image. Mes paroles viennent ensuite par rapport à cette image, a-t-elle décrit. Ensuite, je dis aux musiciens l’émotion qui a inspiré ma chanson, et eux, ils l’interprètent comme ils veulent pour créer la musique.» Parfois, le processus est inversé, et c’est la musique qui donne parole à Amélie Nault.

Musique exutoire

Plusieurs chansons de «Hunted Hearts» abordent des thèmes sombres, comme la mort et la séparation. «La musique pour moi, c’est un exutoire», a soutenu Amélie Nault. Olivier Beaulieu a même renchéri que leurs mélodies peuvent faire vivre différentes émotions au public. «Nos chansons sont comme des montages russes, il y en a des plus heureuses et des plus tristes.» Réalisé par Olivier Langevin du groupe Galaxie, ce premier album est brut et profond. Par exemple, la pièce Mon chéri a une histoire particulière avec des arrangements musicaux simples. «J’ai écrit cette chanson pour une amie qui a perdu son amoureux à cause du cancer. C’était l’amour fou, ça faisait six ans qu’ils étaient ensemble, a ra-

conté Amélie Nault. Elle voulait que je chante aux funérailles, mais ça m’a paru beaucoup trop lourd comme tâche, je lui ai donc écrit une chanson.» Ce qu’elle apprécie avec Mon Chéri, c’est que les gens peuvent se l’approprier et l’interpréter selon leur histoire. Toutes les pièces sur le premier album d’I.No sont anglophones. La chanteuse affirme que cette décision n’est pas un affront à la langue française. «Je suis fière d’être Québécoise, mais aussi d’être Canadienne. Dans le pays où je suis née, il y a deux langues officielles, l’anglais et le français.» Elle croit donc avoir le droit de chanter dans la langue qui l’inspire. Et chanter en anglais, c’est devoir faire des demandes de subventions auprès du Conseil des arts du Canada, donc entrer en concurrence avec plusieurs autres groupes anglophones canadiens. «Je ne suis vraiment pas fermée à l’idée d’utiliser le français un jour», a cependant souligné Amélie Nault.

Le groupe sera très occupé dans les prochains mois. «La prochaine étape consistera à faire la promotion de l’album, ensuite on va faire la pré-production du spectacle pour entrer en salle à l’automne. Cet été, on compte aussi participer à des festivals partout au Québec», a confirmé Olivier Beaulieu.

La liste est maintenant traduite en quatre autres langues, soit l’anglais, l’espagnol, l’allemand et l’italien. L’auteure est ravie de recevoir des demandes de traduction. «Ça m’invite à voyager, car j’aime bien essayer d’être présente aux différentes représentations de mon texte», a-t-elle indiqué. Au Canada, la pièce sera présentée uniquement en français. Elle voyagera d’est en ouest partant du Québec, pour ensuite être présentée au Nouveau-Brunswick, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. La liste a été jouée au Théâtre d’Aujourd’hui à Montréal en 2009-2010 à guichets fermés. Forte de ce succès, la pièce est en tournée pour une deuxième saison. Depuis sa création en 2008, La liste a remporté plusieurs récompenses: le Prix du Gouverneur général 2008, le Prix Michel-Tremblay en 2010 et le Prix auteur dramatique Banque Laurentienne pour 2009-2010.

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Photo Raphaël Lavoie

’était devant un Cercle rempli à pleine capacité qu’I.No a présenté son tout premier album, «Haunted Hearts», jeudi dernier. «On est heureux d’enfin accoucher», comme l’a imagé la chanteuse du groupe, Amélie Nault avec fierté. Parents, amis et fans attendaient le groupe originaire de Québec qui, malgré un retard de 45 minutes, a très bien défendu son premier opus. La voix riche de la chanteuse mélangée aux sonorités rock parfois lourdes donnent un résultat efficace et assez charmant. L’album est disponible en magasin depuis le 7 février. (M.C.S.)


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P ORT S

EN BREF

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cyclisme Contador condamné

e Tribunal arbitral du sport a condamné le cycliste Alberto Contador à deux ans de suspension pour s’être dopé. Ses victoires au Tour de France en 2010 et au Tour d’Italie en 2011 lui sont ainsi retirées. La suspension étant rétroactive, le cycliste pourra reprendre la compétition le 6 août prochain. Contador ratera tout de même le Tour de France, les Jeux olympiques à Londres et le Tour d’Italie. (C.L.)

remparts de québec Un match à oublier

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es Remparts ont subi leur plus cuisante défaite de la saison vendredi soir face à l’Océanic de Rimouski. Les hommes de Patrick Roy ont vu les visiteurs marquer à cinq reprises au premier tiers pour finalement l’emporter 9 à 3. C’est donc une soirée à oublier pour le cerbère des Remparts, Louis Domingue, qui a été retiré dès la première période. (S.L.)

r&o hommes volley-ball Triomphe historique

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’équipe masculine de volley-ball a signé samedi sa 80e victoire en saison régulière en battant les Carabins de l’Université de Montréal en trois manches. Le Rouge et Or, classé troisième au Canada, n’a pas connu la défaite depuis le 25 janvier 2008. Les femmes se sont inclinées en trois sets contre les Montréalaises. Elles affronteront les Martlets de McGill en demi-finale la fin de semaine prochaine dans un deux de trois. (C.L.)

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r&o soccer Victoire écrasante

es hommes du Rouge et Or ont remporté leur troisième victoire en autant de parties dimanche au Stade Telus-Université Laval. Ils ont balayé les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières par la marque de 5 à 0. La troupe de Samir Ghrib reçoit les Carabins de l’Université de Montréal, deuxièmes au classement, dimanche prochain. (C.L.)

L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 8 FÉVRIER 2012

Patinage de vitesse longue piste

Une performance historique François-Olivier Roberge françois-olivier.roberge.1@ulaval.ca Québec — Muncef Ouardi, patineur de vitesse longue piste et étudiant en intervention sportive à l’Université Laval, est monté sur le podium lors des Championnats du monde sprint présenté à Calgary les 28 et 29 janvier dernier. Un exploit qu’aucun Québécois n’avait réussi depuis 14 ans. Portrait d’un patineur de 25 ans sortant de l’ombre.

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ils de parents marocains, tignasse bouclée, Muncef Ouardi est facilement identifiable dans le paysage hivernal de l’anneau de glace Gaétan-Boucher. Le patineur de Charlesbourg vient de connaître un début d’année 2012 au-delà de toute attente en se hissant parmi les meilleurs patineurs du globe et en enregistrant deux records québécois.

Pour ajouter à l’histoire, Muncef a dû patiner avec ses anciens patins puisque la compagnie aérienne a perdu sa valise contenant ceux qu’il utilise depuis plusieurs mois. «Nos patins sont moulés à nos pieds, ils sont comme nos bébés. Je ne peux pas croire que la compagnie les ait perdus! J’ai tout de même réussi à patiner très vite avec mes anciennes bottines.»

«Je savais que j’étais capable d’être parmi les dix premiers mondiaux et d’enfin me démarquer. Il me suffisait de tout mettre en place dans mes courses, affirme sagement le patineur. Par contre, je ne m’attendais absolument pas à terminer troisième aux Championnats du monde!» s’est-il exclamé.

Benoît Lamarche, président du Centre national Gaétan-Boucher et professeur-chercheur en nutrition à l’Université Laval, se réjouit de voir enfin Muncef performer à la hauteur de ses attentes. Ce professeur, qui a lui-même participé à deux Jeux olympiques en patinage de vitesse, soutient que le sérieux démontré par l’athlète de 25 ans depuis quelques années commence à porter fruit.

Finalement récompensé

Ouardi est, depuis quelques années, membre de l’équipe nationale. Souvent blessé, il n’avait jamais réussi à vraiment se faire justice sur la scène internationale. «Je viens de faire les meilleures courses de ma vie. Je suis fier d’avoir été patient. Ça commence à payer.»

«Il était bon, mais il lui manquait un petit quelque chose. C’est big ce qu’il a réussi à faire! C’est comme si une recrue marquait le but gagnant lors de la finale de la coupe Stanley.» M. Lamarche souligne aussi l’importance qu’a eue

Courtoisie Philippe Riopel

«Je viens de faire les meilleures courses de ma vie. Je suis fier d’avoir été patient. Ça commence à payer», a dit Ouardi.

son entraîneur, Gregor Jelonek, dans ses performances. «Greg a trouvé les bons mots pour redonner confiance à Muncef alors que la perte de ses patins l’affectait beaucoup.» Il ajoute que la présence de la jeune sensation Laurent Dubreuil semble motiver Muncef pour se dépasser.

Concurrence positive

Laurent Dubreuil est le principal partenaire d’entraînement de Ouardi. Selon Dubreuil, le partenariat avec Ouardi est capital. «On se pousse tous les deux à faire mieux et c’est définitivement l’une de nos forces. Ses récentes performances me motivent énormément.

Après tout, Muncef vient de battre mon meilleur temps au 500m et au 1000m. C’est à mon tour de le rebattre», a-t-il lancé. Poursuivant ses études en intervention sportive à l’UL, Ouardi est conscient de l’importance de continuer d’aller à l’école. «J’ai été blessé. Je n’ai pas toujours accompli ce que je désirais au patin. Je sais très bien qu’il va y avoir une fin et je vais alors être bien content d’avoir un diplôme.» Il ajoute que ses études pourraient bien lui permettre de continuer une future carrière comme entraîneur.

Rouge et Or soccer féminin intérieur

Rentrée réussie au Stade Telus Claudia Fortier claudia.fortier.3@ulaval.ca Cité universitaire — L’équipe féminine de soccer du Rouge et Or a réussi sa rentrée dans son nouveau domaine, le Stade Telus-Université Laval, en triomphant par la marque de 1-0 face aux Patriotes de l’Université du Québec à TroisRivières (UQTR) dimanche après-midi.

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l s’agit de la première victoire des dames lavalloises depuis le début de la saison de soccer intérieur. Ayant contrôlé le jeu pendant une bonne partie de la première demie, l’équipe de l’Université Laval n’est toutefois pas parvenue à battre la gardienne trifluvienne, malgré de bonnes chances de marquer. Ce fut la même histoire du côté de la formation de l’UQTR en deuxième demie, elle qui était invaincue avant le match de dimanche. C’est finalement la joueuse du

Rouge et Or, Kathy Gosselin, qui a permis à son équipe de soutirer la victoire en marquant un but lors des arrêts de jeu au bout des 90 minutes règlementaires.

Une victoire encourageante

L’entraîneur de l’Université Laval, Helder Duarte, était satisfait de l’effort de sa troupe. «Nous sommes évidemment contents d’avoir gagné ce match. Elle [la victoire] tombe au bon moment. Nous avons une équipe manquant un peu d’expérience avec 11 recrues dans l’alignement, et nous

venons de battre une formation invaincue avant ce match, alors c’est encourageant pour nous», a affirmé l’entraîneur, en poste depuis 1995 avec le programme de soccer féminin du Rouge et Or.

Un stade qui motive

La motivation était au rendez-vous chez les joueuses de l’Université Laval, alors qu’elles étaient les premières à s’exécuter sur le nouveau terrain dans le cadre d’un match officiel. «C’est un superbe terrain et nous apprécions beaucoup les nouvelles installations. C’était important pour nous de gagner ce premier match à domicile et ça s’est finalement bien terminé», a déclaré la demi-centre lavalloise, Alexandra Brunelle. Selon la capitaine du Rouge et Or, Gabrielle Verret, son équipe attendait ce moment depuis bien

longtemps. «Nous sommes fières d’avoir joué ce match et à présent, nous pouvons nous sentir chez nous sur ce terrain. La foule était au rendez-vous aujourd’hui et ça nous a donné de l’énergie pour notre performance», a ajouté Verret, étudiante de troisième année en service social. Duarte croit finalement que dans le futur, les nouvelles installations de soccer du Rouge et Or aideront au recrutement pendant la saison morte. «Lorsque nous ferons venir des joueuses ici, elles verront dans quelles conditions idéales nous nous entraînons. Ça devrait faire une différence chez les athlètes indécises parce qu’elles pourront se dire qu’elles seront plus en mesure de progresser dans des installations comme celles-ci», a conclu l’entraîneur du Rouge et Or.


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