LM magazine 129 mai 2017

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Société – Reportage 14

Moulage d’une baignoire dans la fonderie de l’usine Godin en 1899.

D

ans la campagne de l’Aisne, au bord de l’Oise, on trouve une cité atypique. Au cœur de cet espace de six hectares, entouré de jardins, se dressent de grandes bâtisses en briques rouges. Disposés en "U", autour d’une vaste place, ces édifices de trois étages prennent les atours d’un palais royal. D’ailleurs, ils s’inspirent des plans du château de Versailles. La comparaison s’arrête là. Nous sommes face au Palais social « construit par et pour les ouvriers ». La traduction architecturale d’une utopie offrant au travailleur le contrôle de sa destinée. Celle-ci dura près de 80 ans et a été imaginée par Jean-Baptiste André Godin. L’homme est né en 1817, à Esquéhéries, un village de l’Aisne. Il est issu d’un milieu modeste et se forme

« GODIN VEUT RENDRE À L’OUVRIER LA VALEUR DE SON TRAVAIL » auprès de son père, serrurier, au travail des métaux. À 17 ans, cet autodidacte entreprend un tour de France. « Il va alors être confronté à la misère du monde ouvrier », raconte Alexandre Vitel, directeuradjoint du Familistère de Guise. Ce grand lecteur du philosophe Charles Fourier se saisit ainsi de la question sociale. En 1846, il s’installe à Guise pour bâtir son usine de poêles en fonte qui emploiera jusqu’à 1 300 personnes. Godin est devenu un industriel prospère.


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