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Ailleurs. La distillerie Kurayoshi

Raffinement nippon

Derrière leurs magnifiques étiquettes, ces whiskies abritent la quintessence de la délicatesse et du savoir-faire japonais.

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3 CES SINGLE MALTS portent l’empreinte singulière de leur pays d’origine, notamment tout le relief que confèrent les essences d’arbres locales, le sakura et le mizunara. Leur bois est utilisé pour les fûts de vieillissement de deux de ces perles de la distillerie Kurayoshi. Seul et unique single malt vieilli en fûts de sakura – le célèbre cerisier japonais dont la floraison printanière est perçue là-bas comme une métaphore de la vie – The Matsui Sakura Cask (1) arbore une robe d’une belle teinte jaune clair, dévoile un goût frais et inédit, aux notes fruitées de pêche-abricot et de fleurs blanches.

Mizunara désigne une variété de chênes rares : ils ne poussent que dans les forêts d’Hokkaido et dans la région de Tohoku, au nord de l’archipel, et mettent deux, voire trois siècles pour arriver à maturité. Les barriques réalisées à partir de leur bois précieux coûtent ainsi 20 fois plus cher qu’une barrique de chêne américain. Sa texture, très poreuse, favorise un échange soutenu entre le bois et le whisky pour un rendu en bouche mielleux, gras, à la finale longue et intense. La noblesse de The Matsui Mizunara Cask (2) reflète la dimension luxueuse des barriques où il repose. Jim Murray, auteur de Whisky Bible, ne s’y est pas trompé : il le distinguait l’année dernière comme le meilleur single malt japonais en soulignant «une fragilité dans cet arôme, presque inégalée dans le monde du whisky: le malt est vif et délicat, la douceur ne se limite qu’à un soupçon de massepain.»

Le single malt tourbé The Matsui The Peated (3) offre quant à lui une interprétation à mille lieues des Écossais. Ici, la fraîcheur – reflétée par la célèbre vague de Hokusai sur le flacon – est végétale et des notes mentholées, de réglisse, dominent dans une belle complexité aromatique.

L’ensemble des productions de Kurayoshi associe aux spécificités de chacune des références deux constantes : les eaux pures du mont Daisen, dans cette province de Tottori, une région de onsen (les bains thermaux japonais) et le talent de Matsui Shuzo, producteur historique de saké, qui dirige la distillerie depuis une vingtaine d’années. Il perpétue ici, avec une production très limitée de 10 à 15 000 bouteilles par an, un siècle de tradition. JOËL LACROIX /

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