Le Pharmacien de France n° 1311 (partiel)

Page 1

L’INTERVIEW

« La pharmacie est un élément important d’attractivité »

RMaCIeN

Alain Griset, président de l’U2P

DEFRANCE

Le PHaRMaCIeN

Deux poids, deux mesures pour le E171

La PDA attend encore son heure

Les répulsifs insectes au naturel

ENQUÊTE P. 28

INFLUENCES P. 40 BANC D’ESSAI P. 48

www.lepharmaciendefrance.fr

DEFRANCE N o 1 3 1 1 J U I N   2 0 1 9

Entretiens, vaccination, télémédecine et bientôt dispensation protocolisée dessinent les nouveaux contours de la profession. ENJEUX P. 24

L’OFFICINE PART EN MISSIONS


L’Éditorial

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

La proximité : attention, fragile

Philippe Besset

© ANH LENOIR

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

No 1311 I 60e année I12/06/19 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0222 T 81323 www.lepharmaciendefrance.fr LE PHARMACIEN DE FRANCE 13, rue Ballu 75311 Paris Cedex 09 Tél. : 01 42 81 15 96 Télécopie : 01 42 81 96 61 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Garnier DIRECTRICE DE LA RÉDACTION : Cécile Michelet DIRECTEUR OPÉRATIONNEL : Christophe Micas RÉDACTEUR EN CHEF : Benoît Thelliez (bthelliez@lepharmaciendefrance.fr) CHEF DE RUBRIQUE : Alexandra Chopard (achopard@lepharmaciendefrance.fr) RÉDACTRICE Claire Frangi (cfrangi@lepharmaciendefrance.fr) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Joséphine Volat (jvolat@lepharmaciendefrance.fr) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Anaïs Jeanne I Anne-Gaëlle Moulun I Stéphany Mocquery CRÉATION ET RÉALISATION : Rampazzo & Associés - blog.rampazzo.com CORRECTION : Maylis Laharie IMPRESSION : Lescure Théol 27120 Douains ILLUSTRATIONS : Dessins : Martin Vidberg

I

l y a des records dont on pharmaceutique est insuffisant pour compenser se passerait bien, comme les baisses de prix sur les médicaments, et la celui du nombre de fer- situation va empirer si, contre l’avis de la FSPF, metures d’officines. En les spécialités homéopathiques sont dérem2018, 226 pharmacies ont boursées. Je le répète, je suis prêt à signer un ainsi définitivement éteint leur croix verte, selon avenant avec l’Assurance maladie en faveur des les derniers chiffres de l’Ordre des pharmaciens. pharmacies les plus fragiles. Ce sont 17 % de plus qu’en 2017 ! Et les petites En attendant, il ne faut pas être alarmiste, mais pharmacies sont les plus vulnérables : près de volontariste. C’est pourquoi nous avons soumis 7 fermetures sur 10 concernent des structures un nouveau schéma d’organisation de la vente de moins de 1 million en ligne de médicaments d’euros de chiffre d’afpermettant à toutes les « Chaque officine qui faires. Certes, plus de la officines, y compris les disparaît, c’est aussi moitié de ces fermetures plus petites, de proposer sont liées à des regrouce service à leurs moins de proximité. » pements ou des cessions patients. C’est aussi pour de clientèle, mais chaque officine qui disparaît, cela que, dans le cadre de l’examen de la loi de c’est aussi moins de proximité. Comme le dit ­santé, nous demandons aux sénateurs de supAlain Griset, le président de l’Union des entre- primer la possibilité pour des non-pharmaciens prises de proximité (U2P), dans notre interview, de détenir des obligations convertibles en actions ces pharmacies sont « un élément essentiel de (OCA) de sociétés de pharmacies d’officine. Car la continuité de services aux patients mais aussi pour nous, l’entrée dans le capital d’investisseurs pour l’aménagement du territoire ». Nous parta- extérieurs à notre profession est de nature à geons bien entendu ce point de vue à la Fédé- conduire, en raison d’engagements financiers ration. Très investies dans la substitution intenables, à la fermeture de bon nombre d’offigénérique et l’accompagnement des malades cines de proximité utiles aux malades. La pharchroniques, ces officines, qui sont le cœur des macie de proximité est le maillon fort de l’accès quartiers, des villes et villages, ont besoin d’être aux soins dans notre pays. Tout doit être entresoutenues. L’avenant n° 11 à la convention pris pour qu’elle le demeure.

DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz (cbentz@lepharmaciendefrance.fr) Tél. : 01 42 81 56 85 Fax : 01 42 81 96 61 ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 Abonnement d’un an France-Corse (TTC) : 95 € I Guyane : 93,05 € I Guadeloupe, Martinique, Réunion : 94,03 € I Étranger : 160 € I Achat au numéro : 15 € I Étudiants et retraités : 75 € I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0222 T 81323 ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUES Le Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977 Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I David Pérard I Date du contrôle OJD : 18/06/2018.

Juin 2019 I No 1311 I 1


juin 2019 Sommaire

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Actualité

Santé

Officine

10

28

48

5 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ 8 LA FÉDÉ EN RÉGIONS

28 ENQUÊTE Deux poids, deux mesures pour le E171

40 INFLUENCES La PDA attend encore son heure 42 OFFICINE EN BREF

32 PANORAMA 33 FICHE CONSEIL Dermatologie du nourrisson Pathologies digestives du nourrisson 36 INTERNATIONAL Silence, on tourne !

44 MARCHÉ Le conseil doit se réveiller 46 PRODUITS

10

14 20 23

L’INTERVIEW lain Griset : A « La pharmacie est un élément important d’attractivité » ACTUALITÉ EN BREF INDUSTRIE & CO LE KIOSQUE

ENJEUX

• •

48 BANC D’ESSAI Les répulsifs insectes au naturel 51

APERÇU

52

À votre santé ! par Martin Vidberg

L’officine part en missions Les modifications amorcées il y a quelques années dans la pratique et l’économie officinales s’accélèrent. Après les entretiens pharmaceutiques, les bilans partagés de médication ou encore la vaccination contre la grippe à l’officine, dont le succès incontestable

24

a entraîné une généralisation de la mesure un an avant la fin de son expérimentation, les pharmaciens attendent désormais de pied ferme que la dispensation protocolisée soit adoptée dans la loi de santé. Et plus si affinités…

ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmaciendefrance.fr Ce numéro comporte une affiche jetée sous film « Pour prévenir le diabète » et un feuillet libre FIF-PL jeté sous film. Photo de couverture : © Istock/Akindo Juin 2019 I No 1311 I 3


Actualité En bref

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Alain Milon, médecin et sénateur LR, à propos du projet de loi de santé dont il est le rapporteur. (Source : Public Sénat)

Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. (Source : débat avec P. Besset organisé par Le Quotidien du Pharmacien et Le Généraliste)

corticoïdes

Pénurie écartée Les récentes tensions d’approvisionnement en prednisone et pred– nisolone devraient prochainement s’apaiser. « Au vu des dernières informations transmises par les fabricants pour l’année 2019, le risque de pénurie est écarté », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le retour à la normale dans les officines est ­prévu d’ici à la fin du mois de juin. x

aluminium

Plus de bénéfices que de risques Dans une décision rendue le 6 mai, le Conseil d’État conclut qu’aucun lien de causalité n’a pu être établi, à ce jour, entre les sels d’aluminium présents dans huit vaccins obligatoires et les maladies autoimmunes ou l’autisme. Il estime que le rapport entre les bénéfices et les risques des vaccins contenant ce type de sels est favorable et que les autorités sanitaires ont donc pu légalement refuser leur retrait. Pour les sages du Palais-Royal , le recours à ces sels d’aluminium est, en l’état des connaissances scientifiques, indispensable à l’efficacité de la vaccination elle-même et ces produits, utilisés depuis 1926, sont bien tolérés et très efficaces et ne pourraient être remplacés dans l’immédiat. x 18 I No 1311 I Juin 2019

« Le médecin reste médecin, le pharmacien reste pharmacien. » Thomas Mesnier, urgentiste et député LREM de Charente, à propos du projet de dispensation protocolisée. (Source : Live Chat du Quotidien du Médecin) © NICOLAS KOVARIK

« L’organisation du système de santé est en train de changer. C’est une porte ouverte pour se réorganiser et travailler ensemble. »

© COMPTE TWITTER

« S’il y a des choses intéressantes [...], il n’y a pas les moyens financiers mis en face pour leur permettre d’aboutir. »

rosp

Opération « régularisation » © ADOBESTOCK/DINOSOFTLABS

DR

CE QU’ILS ILS L’ONT DIT ONT DIT

Certaines missions impayées vont finalement l’être.

S

eulement 46,2 % des bilans partagés de médication effectués ont été payés, selon les chiffres communiqués par l’Assurance maladie à l’occasion d’une réunion qui s’est tenue le 22 mai avec les partenaires conventionnels. Le taux de dossiers réglés est encore plus bas pour les entretiens AVK (20 %), AOD (24,5 %) et asthme (19,6 %).

Plusieurs raisons sont avancées par la Cnam pour justifier ces non-paiements : un nombre insuffisant d’étapes réalisées pour les accompagnements, des difficultés d’identification du malade, un non-respect des critères d’éligibilité des patients liés à l’âge, ou encore des bugs lors des saisies. Toutefois, une partie des dossiers impayés sera régularisée dans le courant de l’été, a assuré la Cnam. Celle-ci s'est également engagée à régulariser 1 800 pharmacies pour lesquelles le taux de feuilles de soins électroniques a été calculé en leur défaveur. Le montant moyen pour les officines concernées est estimé à 150 euros. x

DIABETE

Les pharmaciens, acteurs de prévention La semaine nationale de prévention du diabète se déroulera du 7 au 14 juin. La 8e édition de cet événement organisé par la Fédération française des diabétiques (FFD) entend tout particulièrement s’appuyer sur les officinaux. « Convaincue que les pharmaciens ont eux aussi un rôle central dans la prévention du diabète de type 2, cette année, ces acteurs de proximité sont au cœur du dispositif », explique l’association. En pratique, ils sont invités à repérer les personnes à risque élevé

de diabète de type 2, en s’appuyant sur les résultats du test de Findrisc en huit questions.

À eux d’orienter ces patients vers leur médecin. En France, la maladie touche plus de 4 millions de personnes, dont 500 000 à 800 000 ignorent qu’elles en sont atteintes. Cette semaine de prévention sera également l’occasion de sensibiliser le grand public sur les risques associés au diabète ainsi que sur les maladies cardio-vasculaires. « Les complications du cœur et des artères sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez les personnes diabétiques que dans le reste de la population », souligne la FFD.


En bref Actualité

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

REPÈRES

126,8

1 129,30 18 euros

C’est le montant de la consommation médicale moyenne des Français en 2018. C’est environ 4,30 euros de plus qu’en 2017. (Source : étude du courtier en assurances Verspieren)

76 %

millions d’euros

minutes

C’est le montant remboursé par l’Assurance maladie en 2018 pour les « médicaments homéopathiques ».

C’est la durée moyenne d’une consultation au cabinet que déclarent les médecins généralistes. (Source : Drees/

C’est la proportion de patients favorables au développement de la e-santé. (Source : enquête Pfizer pour le Cercle P)

(Source : Cnam)

enquête auprès de 3 000 médecins généralistes entre octobre 2018 et février 2019)

conspirationnisme

Les antivax toujours aussi actifs Certaines croyances ont la vie dure. Le rapport annuel de l’observatoire du conspirationnisme, « Conspiracy Watch », publié fin avril, pointe notamment une forte défiance à l’égard de la vaccination. Citant une enquête de l’Ifop réalisée fin 2017, les auteurs soulignent que 55 % des Français se disent tout à fait ou plutôt d’accord avec la thèse selon laquelle le ministère de la Santé serait de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins. Mais la poussée de l’idéologie antivax est mondiale. Aux États-Unis, une fake

news affirmant que 98 millions de personnes vaccinées contre la poliomyélite s’étaient vu injecter un virus cancérigène a circulé au début de l’année dernière. En Israël, sous l’influence d’un mouvement antivaccination, une épidémie de rougeole s’est répandue dans certains milieux ultraorthodoxes. En deux ans, le nombre de cas recensés est passé de 9 en 2016, à plus de 2 000 en 2018, dont plus de 800 à Jérusalem. Face à ce phénomène, les autorités israéliennes ont fait adopter un projet de loi prévoyant des amendes pour les parents récalcitrants. x

MACRO / ÉCO

Le réseau des pharmacies se restructure Au 1er janvier 2019, en métropole, le nombre de titulaires s’élève à 26 212 et celui des adjoints à 23 853. En outremer, 1 380 pharmaciens exerçant en officine sont recensés. Malgré une hausse importante du nombre de fermetures d’officines, l’instance ordinale assure que le maillage territorial reste « équilibré et harmonieux ». L’effectif des adjoints croit légèrement (+ 0,7 %). Cette progression, associée à la décroissance des intérimaires, témoigne, toujours selon l’Ordre, « d’une mise en œuvre progressive mais réelle de l’exercice de nouvelles missions (entretiens pharmaceutiques, bilan de médication, vaccination…) au sein des officines ».

Les chiffres clés de l’officine au 1er janvier 2019

PHARMACIENS INSCRITS À L’ORDRE EN 2018

NOMBRE D’OFFICINES EN MÉTROPOLE

26 212

20 966

– 1,3 % par rapport à 2017 – 6,9 % par rapport à 2008

– 1,1 % par rapport à 2017 – 6,7 % par rapport à 2008

RÉPARTITION GLOBALE

55 % femmes

45 % hommes

NOMBRE DE TRANSFERTS EN 2018

NOMBRE D’OFFICINES FERMÉES EN 2018

261

226

+ 4,4 % par rapport à 2017

+ 17 % par rapport à 2017

TITULAIRE PAR OFFICINE

TITULAIRE + ADJOINT PAR OFFICINE

1,25

2,6

Constant depuis 10 ans

Constant depuis 10 ans Source : Conseil national de l’Ordre des pharmaciens

Juin 2019 I No 1311 I 19


Officine Influences

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

La PDA attend encore son heure Le manque de cadre réglementaire fixant notamment une rémunération pour la préparation des doses à administrer (PDA) freine encore le développement de ce service pourtant plein d’avenir.

D

ans le domaine de la PDA, les avancées réglementaires se font attendre. Si elle est légale et prévue par le Code de la santé publique, ­l’arrêté de bonnes pratiques qui aurait dû l’enca­ drer n’a en revanche jamais été publié. Or, le directeur général de l’Assurance mala­ die, Nicolas Revel, a indiqué que la négo­ ciation d’honoraires pour la PDA ne serait pas entamée tant que ce texte ne serait pas paru. Résultat : la plupart des phar­ maciens qui s’y investissent le font sans être rémunérés spécifiquement pour ce service. D’après une enquête Pharma Système Qualité publiée en janvier 2018, sur 2 550 pharmacies engagées dans la démarche de certification, 28 % décla­ raient faire de la PDA, dont 92 % pour des établissements d’hébergement pour per­ sonnes âgées dépendantes (Ehpad) ou d’autres structures et seulement 3 % indiquaient en réaliser pour les patients en ambulatoire. Coût humain et matériel « Jusqu’à présent, le service est très rarement facturé. En établissement, aucun pharmacien ne fait payer de prestation par patient ou à la semaine et seuls certains Ehpad acceptent de prendre en charge les consommables, observe Martine Costedoat, directrice générale de Pharma Système Qualité. Et en ambulatoire, les trois quarts des pharmacies proposent la PDA gratuitement. » Pourtant, depuis octobre 2018 et le décret consacré aux « conseils et prestations », aussi appelé « décret ser­ vices », les officinaux ont la possibilité de facturer la PDA à leurs patients. Mais très peu ont déjà sauté le pas.

40 I No 1311 I Juin 2019

Cette absence de rémunération constitue un frein au développement de cette pra­ tique. En effet, la démarche est coûteuse, aussi bien en temps qu’en équipements. « Il faut prendre en compte le coût du consommable et le coût humain », détaille Olivier Foubet, dirigeant d’Oreus, une entreprise française spécialisée dans la mise au point de piluliers. « Pour préparer quatre piluliers pour un mois, il faut au moins compter dix minutes », évalue-t-il. De plus, les pharmaciens qui s’engagent dans cette démarche pour les établissements s’équipent souvent de matériel onéreux pour automatiser leur pratique. « La PDA manuelle prend plus de temps et génère plus d’erreurs qu’avec un robot, assure Sylvie

Manzano, responsable de la commu­ nication, du suivi et de l’accompagnement des patients chez Robotik Technology, spécialiste français de systèmes informa­ tisés pour la PDA. Il faut une moyenne de 60 à 80 lits pour envisager l’automatisation d’une PDA et que cela commence à être rentable », estime-t-elle. Alors, pour prouver les avantages de la PDA et l’intérêt de la rémunérer, des expérimen­ tations ont été menées en régions. La pre­ mière a commencé en septembre 2013 en

PDA en ambulatoire :

combien facturer ? Facturer la PDA en ambulatoire est certes autorisé depuis octobre 2018 mais aucune fourchette de prix n’a été fixée. Alors combien peut-on demander pour ce service ? Olivier Foubet, d’Oreus, propose de faire payer entre 15 et 20 euros par mois pour la préparation de piluliers, tandis que Sylvie Manzano de Robotik Technology conseille aux pharmaciens de demander entre 4 et 7 euros par pilulier. Pharma Système Qualité, quant à elle, a effectué une étude directement auprès des patients en octobre 2018 pour savoir combien ils seraient prêts à débourser. « Nous leur avons d’abord demandé s’ils seraient intéressés par la préparation

hebdomadaire d’un pilulier avec explication sur les prises », indique Martine Costedoat, directrice générale de Pharma Système Qualité. Sur 33 000 réponses, 20,9 % des patients étaient désireux de recevoir une aide au traitement. « Ce sont notamment les aidants qui sont demandeurs de piluliers pour leurs proches âgés », fait-elle remarquer. Et à la question « Combien seriez-vous prêts à payer pour cette livraison hebdomadaire d’un pilulier ? », la majorité des réponses tournaient autour de 5 à 9 euros : 26,3 % étaient disposés à payer 5 euros hebdomadaires, 24,9 % citaient la somme de 7 euros et 24,1 % étaient prêts à débourser 9 euros.


Influences Officine

Le PHaRMaCIeN

© ADOBESTOCK/JOSE LUIS STEPHENS

DEFRANCE

Basse-Normandie. « L’étude a duré quatre mois et ciblait les patients polymédicamentés âgés de 75 ans et plus qui vivaient à leur domicile, explique Claude Baroukh, élu à l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de Basse-Normandie. Le premier mois faisait office de témoin. Nous recrutions les patients et nous dispensions l’ordonnance normalement, en leur demandant de rapporter leurs boîtes à la fin du mois. À partir du deuxième mois, nous dispensions en pilulier que les patients devaient également rapporter à la fin de chaque mois. » L’expérience a été couronnée de succès. « Nous avons étudié 202 patients sur 44 pharmacies et nous avons vu l’observance passer de 71 % à 98 % grâce au pilulier », se félicite Claude Baroukh. Les pharmaciens participants étaient rémunérés 1 euro par jour et par patient. « Cette expérimentation prouve que la balance avantage-coût est en faveur de la PDA sécurisée », affirme-t-il. Un autre test est toujours en cours dans les Landes. Il a débuté fin 2017 et vise à proposer un pilulier tous les jours aux patients âgés de plus de 65 ans et polymédicamentés ou inclus dans un programme Paerpa (personnes âgées en risque de perte d’autonomie). « L’expérimentation se déroule en coordination avec les infirmiers, indique François Martial, président de l’URPS pharmaciens Nouvelle-Aquitaine. L’officinal prépare le pilulier et c’est l’infirmier qui le donne. » Une dizaine de pharmacies sont impliquées dans cette expérimentation qui

devait porter sur 100 malades pendant un an. « Pour le moment, nous avons recruté 80 patients, mais certains entrent en Ehpad ou décèdent et nous ne pouvons donc pas les suivre pendant une année complète », relève-t-il. Les pharmaciens sont rémunérés 1 euro par jour sur sept jours. « C’est un système qui fonctionne bien, estime François Martial. C’est une opportunité pour le pharmacien de remplir son rôle, c’est-à-dire de veiller à la bonne utilisation des traitements. Et il est très important que ces missions soient reconnues économiquement. » Sécuriser la prise des médicaments À cet égard, la parution du « décret services » ouvre donc de nouveaux horizons aux pharmaciens. « La PDA ambulatoire représente l’avenir pour les pharmaciens », assure Martine Costedoat. En effet, l’observance est souvent très mauvaise chez la plupart des patients chroniques et ils sont prêts à payer pour la préparation de piluliers (voir encadré page de gauche). « La PDA ambulatoire permet de sécuriser la prise des médicaments, souligne la directrice générale de Pharma Système Qualité. Si le pharmacien l’associe à un bilan de médication, il peut ainsi apporter une vraie valeur ajoutée. De plus, les fournisseurs de robots proposent maintenant des petites machines qui tiennent sur la paillasse d’un préparatoire. Il n’est donc pas nécessaire d’investir dans une machine très coûteuse pour se lancer dans la PDA ambulatoire. »

En outre, le pharmacien peut saisir cette opportunité pour travailler en interprofessionnalité avec les médecins et les infirmiers des alentours. C’est ce que font par exemple les membres du groupement PDA Pharma, qui rassemble 43 pharmaciens engagés dans cette pratique. « Le groupement communique auprès des médecins et leur indique la liste des pharmaciens qui proposent ce service, indique Gérald Aitmedhi, son directeur. Nous recevons même des ordonnances où le médecin prescrit un pilulier. » Pour Claude Baroukh, ce qui manque encore pour que la PDA se développe davantage, c’est une prise en charge par l’Assurance maladie. « Pour que cela fonctionne, il faut à mon avis que cela se fasse dans le cadre d’une enveloppe fermée, avec une cible bien précise de patients, par exemple les personnes âgées polymédicamentées qui ne sont pas en capacité de gérer seules leurs traitements », avance-t-il. Et les pouvoirs publics auraient tout intérêt à s’intéresser à la question. Outil d’amélioration de l’observance et d’interprofessionnalité, la PDA peut également constituer une source non négligeable d’économies pour les comptes sociaux. « Un bon usage du médicament permettrait d’économiser 900 millions d’euros par an », soulignait ainsi le docteur Valery Trosini-Désert, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière, lors d’un forum organisé le 22 mars dernier par le Leem (Les Entreprises du médicament). x Anne-Gaëlle Moulun Juin 2019 I No 1311 I 41


Choisissez la différence !

Du papier ! Du Web ! ❚ 10 magazines par an ❚ L’Hebdo du Pharmacien tous les vendredis ❚D es informations exclusives ❚D es actualités en avant-première ❚U n accès illimité aux archives ❚C ompatible tablette et mobile !

www.lepharmaciendefrance.fr


ABONNEZ-VOUS ! NOM ...................................................................................................................................................................................................................................... PRÉNOM ........................................................................................................................................................................................................................ NOM DE LA PHARMACIE ................................................................................................................................................................. ADRESSE ...................................................................................................................................................................................................................... ..........................................................................................................................................................................................................................................................

CODE POSTAL .................................................................................................................................................................................................... VILLE ..................................................................................................................................................................................................................................... MAIL (EN MAJUSCULES) ............................................................................................................................................................................................. TÉLÉPHONE ............................................................................................................................................................................................................

Renvoyez-nous ce bulletin d’abonnement avec un chèque de 95 euros à l’ordre du Pharmacien de France : Le Pharmacien de France 13, rue Ballu, 75311 Paris cedex 09 Une question ? Téléphonez-nous au 01 42 81 15 96 ou écrivez-nous : contact@lepharmaciendefrance.fr

95 € par an !

Pour 10 numéros du Pharmacien de France + l’Hebdo du Pharmacien tous les vendredis + l’accès illimité au site www.lepharmaciendefrance.fr


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.