12 mars 2021 - N°339 - 4 € - Prochaine parution le 2 avril 2021
SAUMUR
Master class pour Thomas Carlile et Birmane
Pages 18 et 19
15 jours d’actualité.
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L’urgence d’une vaccination massive Plombé par la Covid-19, le monde du cheval vient de subir une nouvelle secousse avec l’épidémie de Rhinopneumonie. Le foyer qui a pris naissance à Valence (Espagne) s’est rapidement propagé en France lors du retour de quelques cavaliers. Aujourd’hui c’est toute l’Europe qui est touchée. Dix chevaux en sont morts à ce jour. La filière française a promptement réagi en stoppant net les rassemblements de chevaux et concours
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jusqu’au 28 mars. Vétérinaire et président de la SHF, Michel Guiot prône une vaccination générale des chevaux de sport et d’élevage pour enrayer ce phénomène viral, au nom de l’intérêt collectif et de la solidarité. Aux labos maintenant de produire des doses en quantité suffisante pour ne pas tomber dans le cahos vaccinatoire de la Covid.
ELEVAGE DU LIROT
Pirou : une écurie qui a le vent en poupe Page 10 ELEVAGE D’EGLEFIN
Un affixe attaché à la tradition
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Nos informations en pages 3,14 et 16
Bien alimenter sa jument gestante
Pendant la gestation, vont se jouer deux avenirs : celui de la jument en tant que reproductrice ou au niveau sportif et celui du futur poulain à qui il convient de donner toutes les cartes. Au niveau nutritionnel, les principales erreurs rencontrées sur cette période sont à la fois d’apporter trop d’énergie à la jument ce qui lui fait prendre de la graisse, mais pas assez de minéraux et dans une moindre mesure de protéines.
■■Évolution de l’alimentation au cours de la gestation Avant la saillie : la jument doit commencer sa gestation en bon état mais sans excès et surtout sans carences notamment minérales. Une suralimentation passagère au moment de la saillie n’améliore la fertilité que pour les juments insuffisamment ou mal nourries. Dans ce cas, il appartient non de se contenter d’un « flushing » mais d’aller au-delà en revoyant l’alimentation sur le long cours, que la saillie ait été fécondante ou non. En effet, la qualité de l’ovule dépend du corps de la mère et des nutriments disponibles. Si bien qu’avant même la fécondation, l’alimentation influence le futur poulain. Mieux encore, c’est l’alimentation de la grand-mère du jeune au cours de sa gestation qui va influencer la possibilité de procréer de sa fille, la future mère, et la façon dont va se passer sa propre gestation. L’intérêt de l’alimentation que vous donnez aujourd’hui va donc, si vous conservez vos reproducteurs, influencer durablement et profondément les performances de votre élevage. Dans les 2 premiers tiers de la gestation, il faut privilégier une alimentation fourragère en prenant garde de ne pas surestimer systématiquement la consommation d’herbe au pâturage ou la qualité des foins.
Souvent dans cette période, l’apport d’aliment est faible voire quasi nul. Ce serait une erreur majeure que de considérer que l’herbe ou le foin suffisent. Un complément minéral vitaminé judicieusement choisi est quasi toujours nécessaire.
En fin de gestation, les dépenses augmentent plus nettement. Il convient alors de préparer la lactation, notamment en introduisant s’il y a lieu les nouveaux aliments dont vous auriez besoin pour couvrir le pic de lactation. Il est important que la poulinière y soit déjà habituée. On observe parfois le dernier mois une diminution de l’ingestion spontanée de fourrage qu’il convient de compenser. ■■Quelques grands principes Pour une jeune poulinière. Certains éleveurs font faire un premier poulain à de jeunes juments de sport avant leur carrière sportive. Ces jeunes poulinières ont des besoins spécifiques différents de leurs consœurs adultes. La jeune jument aura non seulement les besoins alimentaires de toute poulinière mais aussi ceux découlant de la fin de sa croissance qu’elle doit assurer. Le rationnement devra en tenir compte et constituer, tout au long de la gestation, les réserves minérales osseuses suffisantes pour couvrir le pic de lactation sans préjudice pour le squelette. Respecter le temps de tarissement. Dans un élevage, il est primordial de maintenir les poulinières en état d’un cycle reproductif sur l’autre afin qu’elles conservent leur santé le plus longtemps possible. Pour pouvoir refaire un cycle sans risque après une lactation très exigeante au cours de laquelle l’organisme tourne à plein régime, la jument doit refaire ses réserves et l’organisme avoir eu un temps
de ralentissement. Ce temps de pause est constitué par la période de tarissement donc l’intervalle entre le sevrage d’un poulain et la naissance du suivant. Il est déterminé par l’intervalle mise-bas / saillie fécondante mais aussi par l’intervalle sevrage / mise-bas. Certains éleveurs retardent la saillie, produisant ainsi un poulain tous les deux ans avec le plus souvent un sevrage tardif. Cependant, il est économiquement préférable d’avoir un poulain par an ce qui est tout à fait possible, sans dommages pour la jument, si l’alimentation suit. Dans ce cas, il faut sevrer le poulain à 6 mois en lui donnant une alimentation adaptée à son jeune âge, ce qui permet de préserver un temps de tarissement suffisant pour la jument.
Utiliser un aliment élevage industriel ne vous donne pas la certitude que votre alimentation est correcte. Ce n’est pas une question de « qualité » de l’aliment, de « bonne » ou de « mauvaise » marque. C’est une question de contexte d’utilisation du produit. La plupart de ces aliments donnent de bons résultats si on suit les préconisations du fabricant pendant la phase de lactation, parce que les quantités d’aliment données étant importantes, il peut apporter les protéines mais aussi les minéraux et les vitamines nécessaires pour compléter le fourrage. Mais en gestation, on donne souvent de petites quantités : 2 litres par jour, voire 2 poignées et parfois rien du tout. Et il ne faudrait pas donner plus, car la jument ne doit pas être grasse à la mise-bas. Mais évidemment, si vous donnez 2 poignées d’aliment par jour, il n’est pas possible que l’apport minéral soit suffisant. C’est pour cela qu’on a inventé les Compléments minéraux vitaminés pour apporter des minéraux et des vitamines sans apporter d’énergie ce qu’un aliment « classique » n’est pas conçu pour faire.
Une jument en état mais pas grasse à la mise-bas. L’engraissement excessif de la mère a des conséquences dans plusieurs domaines. On a une augmentation des difficultés de poulinage du fait à la fois d’un poulain plus gros et d’une filière pelvienne encombrée de graisse ce qui augmente le risque de complications tant pour la mère que pour le poulain. La production laitière de la mère augmentera moins vite et sera moins importante du fait des infiltrations graisseuses de la mamelle et d’une modification des mécanismes hormonaux. Alors que l’appétit de la mère devrait croître de façon très importante au moment de la mise-bas et ensuite dans le premier mois pour atteindre son pic vers deux mois, la jument grasse a une augmentation de l’appétit moins nette. On pourrait se dire que c’est une bonne aubaine mais cela va limiter encore la production laitière et donc poser des problèmes au poulain. Une jument grasse au poulinage peut tout à fait être une jument maigre et surtout déminéralisée et démusclée au sevrage. Prévention des troubles orthopédiques du poulain. Un os, ce sont des minéraux fixés sur une trame protéique. Une alimentation minérale et protéique insuffisante de la jument gestante les favorise. On pense au calcium et au phosphore mais sauf cas particulier, ce ne sont généralement pas eux qui vont poser souci à ce stade. En effet, pendant les quatre derniers mois de gestation, le poulain emmagasine des réserves en fer, en zinc, en cuivre et en manganèse. Il les utilisera pour se développer lors des premiers mois de sa vie car il en recevra des quantités insuffisantes via le lait maternel. Ces mêmes minéraux notamment le cuivre et le zinc pourront influencer le développement des troubles orthopédiques chez le poulain. Catherine Kaeffer