le bon homme texte par émilie Pruvost / photo Pénélope Chauvelot
Richard Peduzzi Bâtisseur de rêves Ce grand voyageur a choisi le 9e comme point d’ancrage parisien pour abriter son atelier. Place aux confidences éclairées d’un esthète, décorateur, peintre, designer et créateur de mobilier qui joue avec l’éphémère « comme un enfant avec un jeu de constructions » et se réapproprie l’espace pour le réinventer.
Un prestidigitateur de l’ombre…
L
e metteur en scène Patrice Chéreau, avec lequel il partage tant d’affinités électives, dit de lui dans son dernier livre, qu’il est « un des meilleurs décorateurs qui soit » et que ses décors auront été ses « plus beaux écrins ». Leur collaboration unique et exemplaire perdure depuis plus de 40 ans. « Cette vision commune nous conduit à l’intersection d’une même perspective au pied d’un point de fuite qui devient le terrain sur lequel nous bâtissons nos rêves »*. La scène de théâtre, Richard Peduzzi l’envisage comme « un ciel et une terre ». En toile de fond, il ne perd jamais son objectif : « faire parler les murs » et « laisser respirer le texte et le jeu des acteurs, transcender la réalité ».
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L’art et les rencontres humaines, voilà ce qui nourrit cet homme éclairé. Le plaisir de la découverte reste un fil conducteur intact malgré le temps qui passe. « J’ai l’excentricité de croire que mon mode de vie, ma fantaisie restent identiques même si parfois mon corps et la fatigue me rappellent à l’ordre. J’essaie de traiter ce rappel à l’ordre par l’indifférence afin de continuer à bâtir des châteaux de cartes avec le même plaisir ». « L’amitié qui se tisse entre les gens sur les projets » est précieuse à ses yeux. … inspiré par les empreintes du passé.
Des mises en scène de Patrice Chéreau, Richard Peduzzi dit retrouver « dans les mouvements qu’il fait exécuter aux comédiens, les pleins et les déliés, les positifs et les négatifs, les ovales et les rondes de Bernin et de Boromini, la lumière de Titien ». Travailler à ses côtés sur les décors de la pièce de Jon Fosse, Rêve d’automne, l’a ramené à Rome où il a vécu six années, lorsqu’il dirigeait la Villa Médicis. « J’ai eu la chance d’y voir les couchers de soleil, d’admirer le passage des étourneaux qui semblaient tracer indéfiniment des lignes dans le ciel au dessus des toits et des