Paris 9eme - le bonbon 07/2010

Page 48

le bon artisan texte Kitty Baltimore / photo Claire Augustyniak

FABIENNE AUDINOS

Une Vénus de Botticelli qui n’en fait qu’à notre tête. Rue La Bruyère, une vitrine artistiquement composée et légèrement décalée attire l’attention des passants curieux qui, pourtant, continuent leur chemin. Il s’agit de l’atelier d’un artisan exceptionnel, Fabienne Audinos, habile sculptrice d’une matière qu’elle cultive avec amour : la chevelure.

A

ucune piste, pas de noms, juste une sonnette. Ce salon secret n’a aucun besoin de publicité en réalité… Il aura fallu la recommandation d’une amie pour que j’attaque enfin la mystérieuse sonnette avec un défi : cette femme, quel que soit son art, allait-elle parvenir à dompter ma crinière ? Je rentre, l’échine hérissée, dans l’arène, une pièce agréable, aux meubles art déco. Ce qui surprend en premier lieu, c’est l’unique coiffeuse. De l’espace, un goût certain et de la suite dans les idées. Je me rends compte qu’il n’y aura pas de témoins, ce sera entre elle et moi… C’est d’ailleurs ce savoir-faire et cette exclusivité qui attire ici les personnalités trop notoires ou trop sauvages pour aller dans un commun salon de coiffure. Dès les premiers gestes savants, je décide de faire confiance à sa maîtrise totale d’un art et d’une 38 —

9

technique acquise depuis ses débuts, à 15 ans, en Savoie : « C’est un choix, j’ai su depuis le début que je voulais faire ce métier, sans l’ombre d’un doute. C’est une passion, une quête. » Après ses études de spécialisation, Fabienne Audinos arrive à Paris et travaille pour les plus grands, pour les défilés haute couture. Elle est excessivement demandée et sent qu’il faut à tout prix retrouver le rythme lent nécessaire à un travail artisanal fait dans les règles de l’art, le même qui lui est nécessaire pour chouchouter une chevelure surexploitée et la rendre à son éclat naturel. Fabienne décide donc de se consacrer à son métier de façon plus artisanale, prend ses distances par rapport à la « hype » qui brûle talents et… chevelures de la même manière, tout en gardant ses fidélissimes clientes, ses « filles » comme elle les appelle avec tendresse, qui la suivent ainsi jusqu’au cœur du 9e. «Votre chevelure crisse, elle nous implore de la laisser tranquille, elle n’en peut plus ! » Il est vrai qu’entre mes beehives sixtes, les rouleaux fifties et mon stock de laque Elnett signée personnellement par John Waters, ma parure blond vénitien a subi, dernièrement, les pires tortures… J’ai l’impression que sa voix douce nourrit déjà mes pointes et son Shampoo est aussi rassurant qu’une


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Paris 9eme - le bonbon 07/2010 by Le Bonbon - Issuu