Paris 9e - 01/2010

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bon EN ARRIÈRE texte bernard vassor / Photo Karine Couëdel

Maisons de massage & salons de rendez-vous La Maison est close M’sieux dames ! « Le Star of Vénus », un bar pas tout à fait familial. Situé à l’angle de la rue de la Grange Batelière (n°7) et du passage Jouffroy, les cinq étages de cet endroit étaient réservés.

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epuis sa création en1850, la tenancière de l’établissement, surveillée par la police des mœurs, avait installé là une maison de tolérance. C’était aussi le recours des petites dames du passage Jouffroy qui venaient s’y réfugier, quand la police venait troubler leur petit commerce. L’endroit fut fermé en 1946 par une loi initiée par une ancienne prostituée reconvertie en politicienne qui a donné à tort son nom à ladite loi ! Dans cette rue, au XIXe siècle, au numéro 1, le « Bar de la Batelière » tenu par Fitch Auguste qui tenait au chaud ses protégées. L’hôtel de madame Berbezy au numéro 3 recevait la clientèle jour et nuit. Au numéro 4, un débit de vin L’hôtel du Liban, était une maison de rendez-vous. Au numéro 5, dans un appartement situé à l’entresol, les sœurs Guillaumin recevaient chaleureusement les clients des passages Jouffroy et Verdeau. Mention particulière au n°10 de la rue des Martyrs : Henri-Antonin Dubost avocat de profession, devenu préfet de l’Orne puis conseiller d’État directeur du cabinet du ministre de la Justice en 1878, ministre de 18 —

la Justice dans l’éphémère cabinet de Casimir Périer (décembre 1893-mai 1894), signa ce que l’on appela à l’époque «les lois scélérates». Il collectionna les postes de président, vice-président de ceci et de cela. Président du Sénat en 1906 en remplacement de Fallière et…. président «des pères-la-pudeur»*, succomba en 1921, comme le président «Félisque», après un massage spécial au premier étage du numéro 10 de la rue des Martyrs, tenu par Mlle Jeannine* ! La presse bien sûr fit silence sur cet évènement. Les dossiers des archives de la préfecture indiquent à cette adresse en 1860, un atelier de photographies pornographiques : Froger et Guillochin. Pour ne pas être accusé de publicité clandestine, je dois citer trois autres établissements de commerce de luxure rue des Martyrs entre 1914 et 1946 : la maison Chevrel Léontine au 13, Chez Collin Irma dite «Frou», et la maison de rendez-vous au 35 chez Berry Jenny et madame Bernard. Par circulaire, les autorités d’occupation allemandes avaient réservé pour les officiers le 50 rue Saint Georges, la troupe étant priée de se rendre 29 rue Saint-Lazare ou 14 rue Geoffroy-Marie. La liste comme les maisons n’étant pas close, une suite de cet article est donc possible… *Gérard de Lacaze-Duthiers, Les Laideurs de la belle Epoque, sd


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