le bon artisan texte laure de grivel / photo hervÉ Goluza
Emmanuelle Dupuis Petit cours de restauration À deux pas du tumulte de la rue des Dames, Emmanuelle Dupuis installe son atelier. Après des études d’interprétariat, ainsi que de nombreux séjours à l’étranger, Emmanuelle Dupuis a toujours souhaité enrichir ses connaissances par des cours d’histoire de l’art ou même d’expertise de mobilier et d’objets d’art.
C
’est au hasard d’une rencontre, qu’Emmanuelle s’atèle à la restauration avec un maître. Riche d’une formation en atelier, elle aura la chance qu’on lui transmette toutes les techniques de la restauration de tableaux. Pendant dix ans, elle est formée aux côtés de son maître. En 2007, elle ouvrira cet atelier de la rue Darcet, dans le 17e arrondissement qui lui est cher et où elle vit depuis de nombreuses années. Sa clientèle est essentiellement composée de particuliers et à 30% de professionnels. Parmi eux des marchands, antiquaires, galeristes ou commissaires-priseurs. Véritable métier de réseau comme tous les métiers d’artisans, Emmanuelle Dupuis aime ce contact avec les différents acteurs du monde de l’art. Beaucoup de règles déontologiques sont demandées pour la restauration de tableaux ; notamment l’utilisation de matériaux et des techniques réversibles. Il est très important de pouvoir défaire ce qui a été fait ou même d’intervenir 24 —
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de nouveau sur une œuvre des années après. « Chaque tableau est différent, ce qui est très excitant dans ce métier ! Mais angoissant à la fois. Mon maître me disait qu’après quarante années d’expérience, beaucoup de tableaux l’interrogeaient encore. On s’imagine que l’on va savoir traiter une toile du XVIIIe siècle parce qu’on en a eu des centaines entre les mains, mais chaque toile réagit différemment, parfois ça ne prend pas du premier coup ». C’est une grande responsabilité que l’on donne au restaurateur ; tout l’affect du client est en jeu. Une relation très forte se lie entre le client et l’artisan. La restauration de tableaux est aussi un métier manuel. Lorsque les toiles sont très abîmées : déchirées, craquelées ou déformées et ne jouent plus leur rôle de support, le rentoilage est souvent nécessaire. Il s’agit alors de renforcer la toile initiale au revers de l’œuvre pour pouvoir refixer la couche picturale. Souvent, on pose des pièces dans les cas de déchirures pour pouvoir consolider l’ensemble. « C’est un travail de longue haleine ! » Enfin, il existe aussi tout un travail de retouches « esthétiques » comme le nettoyage. Quand le temps et la poussière s’infiltrent, la couleur du verni s’altère, il jaunit la toile et fausse la lecture de la couche picturale. Ce n’est donc pas la peinture en elle-même