Cahier Spécial Région | Mémorial du camp de Rivesaltes

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CAHIER SPÉCIAL
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Mémorial du camp de Rivesaltes & Les 80 ans de la Retirada

CAHIER SPÉCIAL

Histoire d’un projet, projet d’une histoire

La découverte d’un fichier du camp dans une déchetterie, suivie d’une pétition nationale, est à l’origine du projet de mémorial. Inauguré en 2015, il est l’aboutissement de la volonté de personnalités de la société civile et du monde politique.

On retiendra, d’abord, que ce projet est né de la société civile Trois personnalités ont joué un rôle décisif à l’origine : Claude Delmas, écrivain catalan, et Claude Vauchez qui ont su mobiliser les forces locales ; Ser ge Klarsfeld, avocat rendu célèbre pour sa traque des nazis après-guerre, lequel a activé ses réseaux nationaux L’essentiel se joue au milieu des années 1990 Les uns et les autres peuvent déjà s ’ appuyer sur le « Jour nal de Rivesaltes 1941-1942 » paru en 1993, tenu par une infir mière du Secours suisse aux enfants, Friedel BohnyReiter, qui y raconte la vie dans le camp et le drame des déportations

En 1994 une stèle est érigée à la mémoire des Juifs déportés du camp de Rivesaltes vers Auschwitz, une autre pour les harkis en décembre 1995 Elle sera suivie en 1999 par une stèle en hommage aux Républicains espagnols Mais c ’est le scandale provoqué par la découverte d’un fichier du camp dans une déchetterie par le jour naliste Joël Mettay qui marque un tour nant de l’histoire du

Infos pratiques

projet Dans la foulée une pétition nationale de grande enver gure est lancée par Claude Delmas et Claude Vauchez, signée par Claude Simon, Simone Veil et Edgar Morin

C’est au même moment que le relais politique de ce combat entre en jeu en la personne de Christian Bourquin, candidat socialiste à la présidence du département des Pyrénées-Orientales, qu’il gagnera en 1998 Tout au long de sa vie, comme Président du Conseil Général, puis comme Président du Conseil Régional, y succédant à Geor ges Frêche, il fera de la réalisation d’un Mémorial sur le site du camp l’un de ses principaux objectifs Ce sera sur l’îlot F, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques en 2000

Christian Bourquin demande à l’historien des camps d’inter nement, Denis Peschanski, de créer et de présider un conseil scientifique qui cadre historiquement le projet Une commission Mémoire qui réunit les associations ainsi qu ’ une commission pédagogique qui rassemble les nombreux enseignants déjà mobilisés de-

puis plusieurs années avec leurs élèves complètent le dispositif

La caution de Badinter

Enfin, en janvier 2006, c ’est l’architecte Rudy Ricciotti, aidé du cabinet Passelac & Roques, qui remporte le concours inter national d’architecture Le projet de Mémorial est voté à l’unanimité par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales Bientôt Robert Badinter apporte sa caution morale en acceptant de parrainer le projet. Alors s ’ engage un long travail de mise au point Tandis que les aléas politiques ralentissent la réalisation concrète, le temps est mis à profit pour mieux connaître l’histoire du camp Un inventaire photographique est réalisé sur les trois îlots majeurs, J, F et K Tout s ’accélère finalement en 2010 avec la délivrance du per mis de construire, en 2012 avec le début des travaux, et en 2013 avec la création du Fonds de dotation présidé par Anne Lauver geon, char gé de solliciter et mobiliser l’aide privée En janvier 2014 le portage administratif est mis sur pied : il s ’agira d’un

Préparer sa visite du Mémorial du Camp de Rivesaltes

info@memorialcamprivesaltes fr

Adresse GPS la plus proche : avenue Clément Ader, 66600 Rivesaltes

Horaires

Du 01/04 au 31/10 de 10h à 18h tous les jours

Du 01/11 au 31/03 de 10h à 18h du mardi au dimanche.

Fer meture les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre

Attention : Compte tenu du temps nécessaire à la visite complète des expositions présentées au Mémorial, l'accès à l'exposition ne peut se faire après 16h45

Accès :

En voiture: A9 sortie 41 Perpignan-Nord, suivre D 12 / Foix

Aéroport Sud de France Perpignan à 12 kms

Gare TGV : Perpignan à 15 kms

Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) dont la direction est confiée, le mois suivant, à Agnès Sajaloli Décédé le 26 août 2014, Christian Bourquin ne pourra voir l’aboutissement de ce projet et la réalisation du Mémorial

L’histoire retiendra que c ’est sur son cercueil, par la voix du Premier Ministre Manuel Valls, que le Gouvernement français décide d’engager le soutien moral et financier de l’Etat au côté de la région Languedoc-Roussillon et du département des Pyrénées-Orientales

L’inauguration a lieu le 16 octobre 2015 en présence du Premier Ministre de l’époque, Manuel Valls, de la Ministre de l'Education Nationale, Najat Vallaud Belkacem, de la Secrétaire d'État char gée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, du Secrétaire d'Etat char gé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, du Président de la Région Languedoc-Roussillon, Damien Alary, et de la Présidente du Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales, Her meline Malherbe.

Mémorial du Camp de Rivesaltes

Av. Christian Bour quin 66600 Salses-le-Château +33 (0)4 68 08 39 70

www memorialcamprivesaltes eu

Gare TER la plus proche : Rivesaltes à 7 kms

Venir au Mémorial en bus :

Départ Gare TGV Perpignan : ligne 13 vers le Barcarès, changement à l'arrêt Cap Roussillon, prendre bus ligne 21 vers Rivesaltes Pressoir, arrêt Espace Entreprises

Départ Gare Rivesaltes : ligne 31 arrêt lycée agricole, descendre à l'arrêt Espace Entreprises

Retour du Mémorial : ligne 21 arrêt Espace entreprises, changement à l'arrêt Cap Roussillon, prendre bus ligne 13, direction gare TGV

LA CONSTRUCTION DU MÉMORIAL
DU CAMP DE RIVESALTES
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RIVESALTES

Naissance d’un camp d’internement

Le 12 novembr e 1938 est promulguée la loi instituant l’inter nement administratif pour les « indésirables étrangers ». Elle a pour particularité de per mettr e l’arr estation et l’inter nement de personnes non pour des crimes ou des délits qu ’elles auraient commis, mais pour le danger potentiel qu ’elles sont censées r eprésenter pour l’Etat.

Les pr emièr es victimes de cette loi ser ont les Espagnols et les volontair es des brigades i n t e r n a t i o n a l e s chassés d’Espagne par la victoir e de Franco.

Au tout début février 1939, Ils sont plus de 450 000 à franchir la frontière pyrénéenne dont une majorité se retrouve rapidement sur les plages du Roussillon, à Ar gelès, à Saint-Cyprien et au Barcarès Un certain nombre d’entre eux échouent à Rivesaltes C’est à l’automne 1939 qu ’ on commence réellement à aménager le site militaire du camp Joffre, vaste espace de plus de 600 ha Il n ’ a alors qu ’ une vocation militaire et, de fait, des troupes coloniales sont les premières à les occuper En juin-juillet 1940, avec l’effondrement de la France et l’instauration du régimede Vichy mettant en oeuvre une politique d’exclusion et faisant le choix de la Collaboration, plus de 50 000 personnes se retrouvent en quelques mois dans les camps du sud de la France, dans cette zone non occupée, dite « libre » Mais les camps du sud traversent une grave crise, le Gouver nement n ’ayant pas vraiment les moyens de sa politique En décembre 1940, on pense trouver une solution en transférant des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants dans les bâtiments en dur de Rivesaltes Très vite cependant, les difficultés du ravitaillement, la rigueur du climat, le nombre important de bébés et d’enfants offrent un tout autre spectacle C’est le 14 janvier 1941 qu ’arrivent les premiers convois venus des autres camps Ce sont des Espagnols, des Juifs et des Tsiganes, ces der niers ayant été évacués depuis plusieurs mois d’Alsace-Moselle, un territoire rattaché au Reich de facto

1942 au coeur de la tour mente Si, depuis janvier 1941, l’histoire de Rivesaltes s’inscrit dans la logique d’exclusion voulue par Vichy, la donne change à l’été 1942 L’Etat

français accepte en effet de cogérer la déportation des Juifs de France voulue par l’occupant nazi, bien qu’il n ’ y ait pas de soldats allemands en zone sud jusqu’en novembre 1942 Entre août et novembre 1942 près de 10 000 Juifs seront ainsi livrés par Vichy au nom de la Collaboration

A Rivesaltes, ils seront quelque 2 313 hommes, femmes et enfants à partir en 9 convois Le premier convoi part de Rivesaltes le 11 août 1942 en direction de Drancy, centre de transit de la déportation des Juifs de France, antichambre de la mort L’essentiel des 76 000 Juifs déportés de France en partent principalement pour Auschwitz-Birkenau Au début, l’Etat français ponctionne par mi les inter nés eux-mêmes puis, rapidement, Rivesaltes devient un camp régional Enfin, début septembre, il est même le centre interrégional de déportation de tous les Juifs de zone non occupée, le « Drancy de zone libre » pour reprendre l’expression de Ser ge Klarsfeld

On retiendra aussi que sur les quelques 5000 Juifs inter nés à Rivesaltes entre août et novembre 1942, plus de la moitié échapperont à ces convois grâce au travail des oeuvres d’assistance (Croix Rouge suisse, OSE, Cimade, YMCA, Unitarian Service par mi d’autres) mais aussi à l’envoyé du préfet, Paul Corazzi, qui fait tout pour exclure de la déportation un maximum de personnes, en particulier la plupart des enfants

En près de deux ans d’existence, 17 500 personnes auront été détenues à Rivesaltes, dont 53% d’Espagnols, 40% de Juifs (étrangers) et 7% de Tsiganes (français)

Dès le 22 novembre 1942, soit une dizaine de jours après l’occupation de la zone sud, les Allemands vident le camp pour le rendre à sa vocation

première, celle d’une caser ne pour les troupes concourant à la défense des côtes

Les aléas de la sortie de guerre La libération du département des Pyrénées-Orientales se traduit, très vite, par la réutilisation des baraques pour un camp d’inter nement Il s ’agit alors, pour l’essentiel, de suspects de Collaboration et de trafiquants de marché noir Nous sommes en septembre 1944 quand ce « centre de séjour surveillé » voit le jour En avril 1945, il devient camp de prisonniers de guerre, principalement des Allemands, mais aussi des Autrichiens et, un temps, des Italiens Le nombre de prisonniers augmente très rapidement jusqu’à plus de 10 000

La libération des der niers prisonniers début 1948 entraîne la dissolution du dépôt Le camp de Rivesaltes retrouve alors pleinement sa vocation militaire nor male, en quelque sorte A la fin de la guerre d’Algérie, entre janvier et mai 1962, quatre îlots sont même transfor més en centre pénitentiaire où sont enfer més des prisonniers du Front de Libération Nationale (FLN). Mais c ’est en septembre 1962, alors que la guerre est finie, qu ’arrivent les ex-supplétifs de l’ar mée française en Algérie, ceux qu ’ on appelle les harkis. Ceux qui ont pu quitter l’Algérie avec leurs familles s ’ y retrouvent, provenant le plus souvent des autres premiers centres d’accueil, comme Bour g-Lastic, Bias et le Larzac Dans un premier temps, ils se retrouvent sous des tentes militaires Aux difficultés matérielles et à la promiscuité s ’ajoutent la détresse morale et la douleur de l’exil Le vent et le froid de l’hiver 1962 accentuent tragiquement la précarité des installations Avec le relogement des familles dans les baraques, la vie s ’ or ganise pro-

gressivement Mais l’intégration des anciens supplétifs et de leurs familles est difficile Rejetés par l’Algérie indépendante, et donc par une part de l’opinion française, ils sont longtemps laissés pour compte par le Gouver nement français

Vers les mines du Nor d Nombre d’entre eux sont orientés vers les mines, la sidérur gie et les industries du nord de la France ou sont progressivement répartis entre des ensembles immobiliers en zones urbaines spécialement conçues pour leur accueil, ainsi que dans 75 hameaux de forestage situés essentiellement dans le sud et le sud-est (dont un sur le camp de Rivesaltes) Le camp de transit de Rivesaltes, qui aura vu passer près de 21 000 Harkis et leurs familles, fer me officiellement en décembre 1964 Un village civil subsiste cependant jusqu’en mars 1965 Les der nières familles quitteront le hameau de forestage de Rivesaltes pour être relogées à la cité du Réart (Rivesaltes) en 1977 Après le départ des harkis et jusqu’en mars 1966, des militaires guinéens et leurs familles, environ 800 personnes, investissent le camp Il s ’agit de nationaux qui, après l’indépendance de la Guinée en 1958, se trouvaient dans des caser nes françaises en au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Niger

A cette même période, le camp accueille également un petit groupe de militaires venu d’Indochine française

Le camp revient encore une fois à sa vocation militaire Il connaît un nouveau soubresaut de l’histoire quand, entre 1986 et 2007 un petit centre de rétention administrative pour étrangers expulsables y est installé

Ce centre sera finalement transféré à Perpignan, étant considéré comme incompatible avec la réalisation d’un lieu de mémoire et d’histoire ■

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EXPOSITION ITINÉRANTE SUR LA RETIRADA

L’action de la Région sur le travail de mémoire

Cette année 2019 mar que les 80 ans de la Retirada, l’exode en France d’un demi-million de réfugiés espagnols fuyant le régime de Franco en 1939. Jusqu’en décembr e, de nombr eux événements liés à cet anniversair e seront or ganisés dans la région Occitanie, notamment au Mémorial du Camp de Rivesaltes qui, avant d’êtr e un lieu de mémoir e, fut un centr e d’inter nement des populations en exil.

À partir de fin janvier 1939 : près de 500 000 réfugiés espagnols se massent à la frontière française, après des heures de marche dans la neige d’un hiver particulièrement rigoureux Le Général Franco vient d’accéder par un putsch militaire au pouvoir en Espagne, la République est déchue. Cet exode porte le nom de Retirada, la « retraite » Arrivés en France dans le dénuement le plus complet, les Espagnols en exil sont parqués dans des camps d’internement, que les autorités françaises nommeront elles-mêmes en 1939 « camps de concentration »

Janvier 2019 : la Région Occitanie rend hommage à ces combattants de la liberté qui ont façonné l’identité de tout un territoire. On dénombre en effet 13 camps sur le territoire de l’actuelle Occitanie, implantés dans 9 des 13 départements actuels : Rivesaltes, le Barcares, Saint Cyprien, Argelès sur Mer, Agde, Rieucros, Bram, Le Vernet d’Ariège, Brens, Le Récébédou, Noé, Septfond et Lannemezan Repris par le gouvernement de Vichy, la plupart de ces camps ont fonctionné jusqu’en 1944

1 200 photographies

Les commémorations du 80 anniversaire de la Retirada vont jalonner l’année 2019 à travers de nombreux événements organisés dans les Pyrénées-Orientales et dans toute la région À commencer par l’exposition du photojournaliste suisse Paul Senn au Mémorial du Camp de Rivesaltes À travers 1 200 photographies (144 exposées, les autres accessibles sur des tablettes fournies par le Mémorial), Paul Senn témoigne à la fois de l’accueil déplorable fait par les autorités françaises aux 500 000 réfugiés espagnols en 1939, et de l’élan de solidarité

de la population française.

L’exposition Paul Senn sera également itinérante. Sous le nom « Des espagnols dans les camps », elle fera escale dans les 13 anciens camps de la région et sera composée de 14 portraits accompagnés de témoignages de réfugiés. Enfin, le Centre international de photojournalisme de Perpignan présentera l’ensemble de l’œuvre de Paul Senn

À travers son soutien aux commémorations de la Retirada, la Région Occitanie exprime avec force et conviction les valeurs républicaines qu ’elle porte et défend. Elle apporte ainsi son aide au Mémorial du camp de Rivesaltes et à sa programmation 2019 autour de la Retirada (plus de 700 000 euros) La Région accompagne aussi les commémorations portées par ses partenaires, le Festival MAP, le BBB Centre d’art, le Centre d’Art Le Lait, le Festival Fotolimo, entre autres

L’Occitanie a également mis en place plusieurs dispositifs participant à la transmission de la mémoire et de l’histoire aux générations futures, et notamment deux dédiés à la Retirada : un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) ainsi qu ’ une aide aux projets mémoriels. En solidarité avec les populations contraintes à l’exil de nos jours, la Région a créé un dispositif de soutien à

Le Salon de lecture «Récits de la Retirada»

L’exposition « Des Espagnols dans les camps » s ’ accompagne d’une lecture autour des « Récits de la Retirada » qui présente des extraits de 14 témoignages que les espagnols internés dans chacun de ces camps ont livrés sur leur expérience de l’exil et leur vie quotidienne d’interné Le Mémorial a mené depuis son ouverture un travail en direction des publics empêchés ou éloignés avec ses quatre salons de lecture créés à partir des témoignages des internés du camp de Rivesaltes et présentés sur des territoires éloignés des métropoles régionales.

Forts de ce travail, qui a permis la rencontre de nouveaux publics, notamment jeunes, et de créer des espaces de réflexion collective sur des questions historiques et mémorielles qui nous concernent encore aujourd’hui (émergence des idéologies extrémistes, engagement dans les valeurs humanistes, citoyenneté, etc ), et forts de l’intérêt manifesté par les publics lors de ces moments d’émotion et de convivialité autour de la mémoire vivante, il a été décidé d’accompagner l’exposition Des Espagnols dans les camps d’un nouveau salon de lecture

Il était par ailleurs important pour la construction du projet d’associer à cette démarche les associations mémorielles, les descendants de républicains espagnols et les Archives Départementales des lieux concernés afin de recueillir des témoignages existants et pour que la diffusion de l’exposition et du salon de lecture dans chacune des communes permette la rencontre de publics élargis Un salon de lecture intitulé Récits de la Retirada, constitué de 14 témoignages d’internés (un témoignage par lieu concerné), figurant dans l’exposition, sera diffusé au moment des vernissages de l’exposition et permettra surtout à chacun des partenaires du réseau de travailler autour du témoignage lié à sa propre histoire et de travailler auprès de leurs publics pour créer une dynamique mémorielle autour de cet accueil Terr e de Mémoir es

l’accueil des demandeurs d’asile et réfugiés en Occitanie

Dans le cadre des commémorations du 80ème anniversaire de la Retirada, le Mémorial du Camp de Rivesaltes a réuni 14 communes de la région Occitanie et Gurs, de nombreux partenaires et associations mémorielles pour créer un projet scientifique, culturel et pédagogique autour de l’exil et de l’inter nement des républicains espagnols intitulé Terre de Mémoires

Le projet « Terre de Mémoires » présentera tout au long de l’année 2019 à Agde, Argelès, Bram, Varhiles, Gaillac, Lannemezan, Le Barcarès, Mende, Noé, Portet sur Garonne, Perpignan, Saint Cyprien, Septfonds, une exposition et salon de lecture itinérants, ainsi que des travaux réalisés par les élèves de 50 établissements scolaires du territoire régional et du Département des P -O

- 1er au 19 avril : Mende

- 6 au 18 mai : Noé

- 20 au 31 mai : Le Récébédou

- 3 au 29 juin : Saint-Cyprien

- 9 au 29 septembre : Le Bar carès

- 1er au 18 octobre : Agde

- 4 au 29 novembre : Lannemezan

- 2 au 21 décembre : Varhiles

- 13 au 31 janvier 2020 : Gurs (Villa du Pays d’Art et d’histoire des Pyrénées Béar naises)

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L'engagement de Paul Senn

Paul Senn est un photo-reporter qui a couvert pour la Croix Rouge suisse la guerre d’Espagne, la guerre civile en Espagne, l’exil et l’inter nement de 1937 à 1944, dans divers camps et lieux de la Région Occitanie Photographe et portraitiste exceptionnel (sur nommé le Capa suisse), il a réalisé sur cette période plus 1200 clichés

Le commissariat de l’exposition consacrée à la Retirada a été confié à Markus Schürpf, historien de l’art et de la photographie, directeur de l’Office de l’histoire de la photographie et des Archives Paul Senn au Kunstmuseum de Ber n, et Michel Lefebvre, jour naliste au Monde, rédacteur en chef du secteur «Histoire» dans Le Monde Magazine.

Paul Senn est un bon exemple du travail photographique des reporters de la presse illustrée suisse Venant de la publicité, il commence sa carrière en 1930 à Ber ne et réussit très vite à diffuser ses reportages dans une presse illustrée

Travail obligatoire, déportations et Résistance

Dans les camps, les hommes sont parfois enrôlés dans une compagnie de travailleurs étrangers Créées dès avril 1939, ces unités militarisées regroupent des réfugiés qui travaillent surtout dans l’agriculture D’abord basé sur le volontariat, le travail devient obligatoire quand la France entre en guerre Sans salaire, les prestataires sont contraints de participer à l’économie de conflit Ces hommes sont en première ligne lors de l’invasion allemande. Ils seront les premiers déportés à partir du territoire français, dès l’été 1940. Sous Vichy, devenues des groupements de travailleurs étrangers, ces unités servent de réserves de main d’œuvre aux autorités françaises pour répondre aux demandes allemandes et épargner les Français. Beaucoup de réfugiés espagnols vont alors rejoindre la Résistance dans l’espoir que la libération de la France soit une première étape vers la libération de l’Espagne

Au Centre International de Photojournalisme de Perpignan

En relation avec l’exposition hommage à la Retirada au Mémorial du Camp de Rivesaltes, le Centre Inter national de Photojournalisme de Perpignan présente l’exposition « Paul Senn 1901- 1953 » Jusqu’au 28 avril, pas moins de 100 photos et une quinzaine de reportages réalisés par le photographe suisse sont à découvrir Centre Inter national de Photojour nalisme de Perpignan, Couvent des Minimes, rue Rabelais.

Tél 04 68 62 38 00 www.photo-jour nalisme.org

Le président de la Generalitat Quim Torra au col d’Ares

Le 16 février dernier, le président de la Catalogne Quim Torra a fait le déplacement au col d’Ares à la frontière franco-espagnole ce samedi dans le cadre des cérémonies pour les 80 ans de la Retirada Une journée pour rendre hommage aux réfugiés qui avaient franchi le col en 1939 dans des conditions très éprouvantes avec le froid et la neige à plus de 1500 mètres d’altitude Le président de la Generalitat a tenu à refaire une partie du chemin de l’exode, accompagné par plusieurs élus français et catalans. Il a profité de cette cérémonie pour délivrer un message de remerciement adressé aux catalans de France dans les Pyrénées-Orientales, pour avoir accueilli et aidé les réfugiés Il a également exprimé son soutien aux dirigeants indépendantistes jugés en mars à Madrid Les élus, notamment les maires de Mollo et Pratsde-Mollo-la-Preste, ont déposé une gerbe sur le monument de la Retirada au col d’Ares

très dynamique et très friande de photos Il s’illustre en particulier en novembre 1932 en couvrant une manifestation antifasciste qui dégénéra en un bain de sang incroyable : 13 morts et 65 blessés

Il a beaucoup documenté le monde ouvrier et paysan suisse, et il a aussi beaucoup voyagé en Europe et en Amérique du Nord et du Sud Il est de ce point de vue par faitement comparable à David Seymour-Chim pour sa manière de photographier les enfants et le cadrage très particulier du 6x6 qu’il maîtrise par faitement, à Roger Schall pour sa technique sophistiquée et la variété des sujets.

On pourrait même parler de Capa suisse au sens où il pratique ce que le frère de Robert Capa qualifiait la « concer ned photography » , improprement traduit en français par « photographie engagée » .

Des « camps de concentration»

En 1938, le gouvernement de la IIIe République adopte des mesures visant à surveiller et contrôler les étrangers jugés «indésirables», qui ne plus reconnus ou protégés par leur pays, surtout des réfugiés politiques.

Le décret du 12 novembre 1938 autorise leur internement dans des centres spéciaux, sous une surveillance constante Il est appliqué pour la première fois à grande échelle pour les républicains espagnols en 1939 Les camps où sont internés les Espagnols sont nommés par les autorités «camps de concentration» Ce terme est souvent employé dans les textes officiels dans le sens de concentrer en un lieu des personnes jugées indésirables pour les surveiller La signification diffère cependant de celle qui sera donnée plus tard aux camps nazis

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UN
PHOTOGRAPHE SUISSE DANS LA GUERRE D’ESPAGNE
P h o o P a u S e n n , P F F, M B A B e r n e D é p G K S © G K S , B e r n e P h o t o P a u S e n n P F F M B A B e r n e D é p G K S © G K S B e r n e – page cinquante-trois –

CAHIER SPÉCIAL

Les Rendez-vous du Mémorial

Le Mémorial de Rivesaltes accueille de nombr eux événements au cours du trimestr e qui vient, en particulier des lectur es, confér ences et projections.

Nuit du Mémorial

Une rencontre avec l'avocat international Philippe Sands aura lieu le jeudi 18 avril à 18h30. Il est avocat spécialisé dans la défense des droits humains Il a participé à la naissance de la cour pénale internationale et a eu à traiter autant de contentieux en mer de Chine que des questions d’extradition de Pinochet à la fin des années 1990 Il enseigne par ailleurs le droit à l'University College de Londres Dans son livre « Retour à Lemberg », l’avocat franco-britannique tisse des liens entre son aïeul, deux juristes juifs et le procès des responsables du IIIe Reich (Réservation indispensable)

• Jeudi 16 mai / Maquis / Alfons Cervera

18h30 - Conférence Un livre/une histoire

(Lecture précédée d’une conférence)

Maquis et les mémoires de la guerre d’Espagne, par Jean François Berdah ( maître de conférences à l’Université Toulouse le Mirail, membre du CS du Mémorial du Cap de Rivesaltes, auteur de La République assassinée. La République espagnole et les grandes puissances 1931/1939

19h30 - Lecture du roman d’Alfons Cervera, écrivain de langue espagnole et catalane, auteur de plusieurs romans sur la thématique de la mémoire de la guerre d’Espagne, par l’auteur

• Jeudi 6 juin / L’espoir / André Malraux

18h30 - Conférence Un livre/une histoire.

(Lecture théâtralisée précédée d’une conférence)

André Malraux et « L’espoir » : un engagement dans la guerre d’Espagne Conférence de Rémi Skoutelsky, historien français spécialiste de la guerre d'Espagne, chercheur associé au Centre d'histoire sociale du XXe siècle à l'université

Paris-I, co-auteur avec Michel Lefebvre de Les brigades internationales (Editions Tohu Bohu).

19h30 / Lecture théâtralisée du roman de Malraux par le comédien François Marthouret

François Marthouret évolue depuis près de cinquante ans sur une route où s ’entrecroisent théâtre, cinéma et télévision Il a joué au théâtre entre autre sous la direction d'Antoine Vitez, Peter Brook, André Engel, Peter Zadek, et au ci-

néma pour Adbellatif Kechiche, Carlos Saura, François Ozon, Jean Becker, Alain Tanner, René Allio, Eric Rohmer, Costas Gavras...

Projections

• Mardi 21 mai / 18h30

Cinéma / Documentaire autour de Josep , long métrage d'animation réalisé par le dessinateur Aurel et inspiré de la vie et l'oeuvre de Josep Bartoli, combattant antifranquiste et dessinateur, exilé en France durant la Retirada Bartoli, le dessin pour mémoire / Vincent Marie.

Dans une lettre adressée à Josep Bartoli, le cinéaste historien, Vincent Marie interroge la mémoire des images Il convoque les témoignages des membres de la famille de l’artiste catalan (sa veuve, son neveu Georges Bartoli), des historiens (Geneviève Dreyfus-Armand, Antoine De Baecque), d’auteurs (Aurel, Antonio Altarriba ) pour décrypter les dessins et raconter l’épisode tragique de la Retirada

Vincent Marie est historien, sémiologue de l’image et professeur de cinéma au lycée Philippe-Lamour de Nîmes.

Il a réalisé deux films documentaires qui mêlent bande dessinée et histoire : Bulles d’exil en 2014, Là où poussent les coquelicots – Fragments d’une guerre dessinée en 2016

Production : Les films d’ici méditerranée, France 3 Occitanie

Durée : 52 mn

© D a v d 0 0 M a u g e n d r e
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