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villes et villages en fête

L’été culturel et festif à Pézenas

Hérault En juillet et août

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Un été culturel et festif est au programme à Pézenas ! La saison estivale sera ponctuée de nombreux rendezvous, notamment au Théâtre de Verdure au cœur des animations proposées. Concerts, spectacles, cinéma : les propositions sont éclectiques et variées pour plaire au plus grand nombre ! Il n’y a plus qu’à choisir…

Le programme

Spectacles et concerts au Théâtre de verdure

• Dim. 2 juillet à 21h30, Théâtre de verdure Lluis Coloma Trio, concert jazz.

• Jeu. 6 juillet à 21h30, Théâtre de verdure : Christelle Cholet humour.

• Sam. 8 juillet à 21h, Théâtre de verdure : Vive la chanson française, concert.

• Les dimanches 9, 16, 23 et 30 juillet, et 6, 13, 20, et 27 août à 21h à l’Illustre Théâtre : Cyrano de Bergerac théâtre.

• Jeu. 13 juillet à 20h, Théâtre de verdure : Fils de Llewyn + Petit Jean + Reed Shapers, concert.

• Jeu. 20 juillet à 21h30, Théâtre de verdure : Pierre Richard rencontre en musique et chanson.

• Sam. 22 juillet à 21h30 : Anachronic Tribu chante Les Enfants terribles, concert.

• Jeu 3 août à 21h30 Un conseil d’ami, comédie de Didier Caron.

• Sam. 5 août à 21h Voix du sud, concert.

Cinéma au Théâtre de verdure :

• Jeu. 17 août à 21h30 La petite bande de Pierre Salvadori, comédie.

• Sam. 19 août : Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, animation.

• Jeu. 24 août à 21h30 Top Gun Maverick de Joseph Kosinski, action.

• Sam. 26 août : La panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier, documentaire.

• Jeu. 31 août : Illusions perdues de Xavier Giannoli, drame historique. ville-pezenas.fr

Festivités à Vauvert

Gard

Le Grau Estival Le Grau-du-Roi, Gard De juillet à août

Deux mois de festivités vous attendent dans différents lieux de la ville Feux d’artifices, concerts, initiations à la danse, activités sportives, marchés nocturnes, lectures musicales, rendez-vous famille, aubades, expositions... De quoi remplir son agenda ! Les rendez-vous :

• Les mercredis du 12 juillet au 30 août à 19h30 lecture musicale Victorine Coquil sans âge avec Marilou Emerial accordéoniste et Flore Grimaud autrice et comédienne.

• Dim. 16 juillet à 19h30, parvis J. Balladur : Festival International des Orchestres de Jeunes en Provence, Harmonie des jeunes Young Unity Aalbeke.

• Ven. 21 juillet à 21h30, parvis de l’ancien phare : Jean-Charles Agou & Emmanuel Pi Djob, duo jazz soul.

• Dim. 23 juillet à 21h30, parvis de la mairie Jeyo, musique métissée et festive.

• Ven. 28 juillet à 21h30, parvis de l’ancien phare : Eric Bonafos Quartet, jazz moderne.

• Dim. 30 juillet à 21h30, parvis de la mairie : Fiesta camacho gipsy.

• Ven. 4 août à 21h30, jardin des sculptures The Ultimate Acoustic Guitar Extravaganza, duo de guitares jazz-world-flamenco-pop.

• Dim. 6 août à 21h30, parvis de la mairie The Merrys Spankers, rock des années 50.

• Ven. 11 août à 20h, place L. Constantin : Le Maestrio, trio de guitares.

• Dim. 13 août à 21h30, parvis de la mairie : Roultaboul ska, reggae, swing, salsa…

• Ven. 18 août à 21h30, jardin des sculptures : Mundo trio jazz et musique du monde.

• Dim. 20 août à 21h30, front de mer : soirée DJ PartyKlub, discothèque géante.

• Ven. 25 août à 21h30, parvis de l’ancien phare : Fwad Darwich & The New Dialects, jazz contemporain et musiques traditionnelles du Maroc.

• Dim. 27 août à 21h30, parvis de la mairie Baquico salsa.

• Ven. 1er septembre à 21h30, parvis de l’ancien phare : Raphael Lemonnier 5tet, une plongée aux racines du jazz.

Tél. 04 66 73 45 45. ville-legrauduroi.fr

L’été se vit au rythme des événements culturels à Vauvert ! Premier grand rendez-vous de la saison, le festival Jazz à Vauvert qui célébrera, en musique bien sûr, ses 20 ans. Les festivaliers pourront également participer à des ateliers les 1er et 2 juillet : initiation au cirque, jeux géants, parcours motricité, couture, arts plastiques... Puis, l’été continuera dans les parcs pour quatre soirées entre spectacles et projections cinéma. De beaux moments à partager entre amis ou en famille

Les événements :

• Mer. 21 juin de 19h à 23h : Fête de la musique avec Fasci, The New Passenger, Laet’it Sing, DJ…

• Du 30 juin au 2 juillet Jazz à Vauvert

• Ven. 7 juillet à partir de 19h, parc du Castellas : spectacle Cuivre et caoutchouc de la cie Les Vertébrés puis projection Le monde de Naya, film d’animation.

• Du 12 juillet au 2 septembre à l’espace culture Jean Jaurès : exposition de Christian Astor, Le temps scellé.

• Ven. 28 juillet à partir de 19h, parc Nelson Mandela spectacle Equivalent quatre pieds de la cie Cocasse, puis projection de Pattie et la colère de Poséïdon.

• Ven. 4 août à partir de 19h, cour de l’école de Gallician spectacle Le Valpiniste de la cie Les Lendemains, puis projection de Tempête, comédie.

• Ven. 25 août à partir de 19h, parc de l’Espérion : spectacle Beethoven Metalo Vivace de la cie Mr. Le Directeur, puis projection de Les Trois mousquetaires drame historique. vauvert.com

MON

FESTIVAL DU 01 AU 27 JUILLET 23

FESTIVAL DU 01 AU 27 JUILLET 23

Georges Braque

MUSÉE PAB

Alès, Gard Du 13 juillet au 29 Octobre

Violaine Laveaux, dialogue avec Paul Dardé MUSÉE DE LODÈVE

Hérault Jusqu’au 27 août

Constellations

MUSÉE D’ART MODERNE

Céret, Pyrénées Orientales Jusqu’au 29 octobre

À travers, Georges Braque, l’œuvre graphique, le musée Pierre-Henri Benoît (PAB) poursuit sa présentation d’artistes ayant travaillé et tissé des liens d’amitié avec le créateur du lieu. L’exposition est un hommage au peintre, sculpteur et graveur français pour les 60 ans de sa disparition. L’œuvre graphique du Georges Braque comprend ses créations sur papier, ses dessins au fusain ou au pastel gras et ses estampes. La plupart réalisées pour des livres de peintre, les deux-cents œuvres de l’exposition se montrent sous toutes leurs facettes techniques, pointes-sèches, eaux-fortes, lithographies et gravures sur bois.

Figurent également les « cartalégraphies », dont Pierre-Henri Benoît a donné l’idée à Georges Braque, en fait des gravures sur carton, imprimées en noir sous la même presse que le texte. Commencée lors de la période cubiste, la collection présentée explore les thématiques de prédilection de Georges Braque, la mythologie et ses héros, l’oiseau et l’atelier. Plus que de se succéder chronologiquement, elles se superposent, tissant des rapports les unes avec les autres. L’exposition de l’été.

Tél. 04 66 86 98 69. museepab.fr

Se mesurer au puissant sculpteur de l’impressionnant Faune, pour le 60e anniversaire de sa mort, était une gageure ambitieuse, majuscule même… Qu’une artiste de la fragile céramique a pourtant accepté de relever dans cette carte blanche qui porte bien son nom puisque le blanc donne son unité à l’ensemble - parfois contrasté de branchages en contrepoints noirs mais évidés.

L’exposition comprend deux volets. Le premier est emprunté au chef d’œuvre incontesté de Paul Dardé, L’Éternelle douleur d’une femme à chevelure de serpents, qu’un esprit ouvert aux formes combatives de la féminité ne pouvait qu’assimiler à la Gorgone. Violaine Laveaux en décline le parcours en cinq étapes, ce qui lui permet, passé la confrontation avec cette figure effrayante de Méduse (sur tissu imprimé), de revenir sur l’enfance et l’adolescence, période de jeux ré-créatifs, d’attente du monde adulte, de découverte du corps et de la personnalité, qui entrent en écho avec sa propre biographie. La Gorgone par sa capacité de pétrifier, est en rapport direct avec la métamorphose d’un règne à l’autre, du végétal ou de l’animal (Le lapin par exemple, également emprunté à Dardé) au minéral.

En fait les œuvres de Violaine Laveaux compensent en multiplicité, en finesse, et en grâce, bien incarnée par les oiseaux, ce qu’elles récusent en force et virtuosité. On a affaire à un travail méticuleux et varié, ludique au demeurant, et ne négligeant pas l’acception botanique du mythe. Les mains serpentines ou La jarre aux serpents en sont les points forts. Le miroir bombé qui clôt le parcours assure une transition culturelle avec l’autre volet de cet écho recherché : les dessins de Dardé sur Macbeth et sa diabolique Lady, plus illustratifs et subjectifs qu’esquisse à des sculptures. On revient à la figure paternelle, elle aussi métamorphosée par ce bain à la fois de porcelaine et de féminité. BTN

Tél. 04 67 88 86 60. museedelodeve.fr

Prenez un musée qui a fait ses preuves, qui peut s’honorer de ses riches collections et de son histoire, qui a fait peau neuve récemment et s’est considérablement agrandi, et mettez-y les acquisitions publiques de ces dernières décennies en région, celles du Frac ou celles du Mrac.

Secouez le tout cela donne une suite de Constellations, dans des nuits étoilées que Bachelard assimilait à la Création.

De la façade (Kristina Solomoukha) au belvédère (Bertrand Lamarche), d’où mieux observer la voute céleste, il s’agira, au fil des salles, de faire briller non les toiles, minoritaires bien qu’en en net regain, mais chaque œuvre conçue comme une étoile.

Certes les plus anciens dont je fais partie auront une impression de déjà-vu mais les plus jeunes, les autochtones et les touristes auront de quoi se sustenter. 40 artistes, toutes générations confondues, de celle de Soulages et son triptyque à l’outrenoir, à Mimosa Echard, qui nous vient d’Alès, récente prix Duchamp, et renouant pourtant avec le tableau, gorgé de matières organiques et naturelles. En passant par Boltanski ou les Poirier en ruines, Alkema à l’époque où il composait des suites photographiques en sculptant dans le visuel, l’incontournable Yayoi Kusama que l’on ne présente plus tant ses pois accumulés jusqu’au délire au rouge ont fini par la rendre célèbre.

Le public sera ainsi convié à contempler des œuvres qui nous ouvrent sur le cosmos, à l’instar d’Yvan Le Bozec ou de la longue nuit stellaire d’un Joan Duran, mais aussi aux méditations solitaires conçues par Djamel Tatah, à ces paysages aux coquelicots dessinés au fusain par Belkacem Boudjellouli, ou aux trois Grâces en terre cuite de Johan Creten.

Ainsi traversera-t-on un demi-siècle d’histoire de l’art, régional, national ou au-delà… d’Andrieu à Jacquet, et à Jessica Warboys, qui dompte la mer et le vent littoral. Comme on voyage en la voute céleste…BTN

Tél. 04 68 87 27 76. musee-ceret.com

Née près d’Arles (1904) et enterrée à Mudaison (1959), cette sculptrice a entretenu des liens très forts avec sa ville formatrice, Montpellier. Le musée Fabre possède plusieurs de ses œuvres majeures, notamment cette Chauve-souris qui intrigue, effraie et impressionne par son façonnage virtuose. L’animal, en particulier les insectes du Sud (mante, fourmi, sauterelle, cigale…), a fasciné Germaine Richier, dans un esprit d’anthropomorphise évident, qui lui permet de résoudre des problèmes techniques comme des questionnements métaphysiques. Cette rétrospective permet de revoir son éphèbe Loretto, bronze de jeunesse influencé par Bourdelle, mais aussi ses tentatives probantes d’intégrer la couleur (L’échiquier), parfois avec la complicité des peintres. L’art de Germaine Richier, reconnu depuis des lustres, revient au premier plan du fait de son obstination à s’approprier la nature, qu’elle métamorphose et humanise, de sorte que l’on peut parler d’hybridation. Ses formes ne sont jamais abouties, sciemment filiformes ici, rondelettes là (La source) en fonction des sujets qu’elle traite, souvent réduites à des lignes abstraites venant compliquer le confort du regardeur. Ses thèmes puisent dans la culture du Sud, mythique et traditionnelle (tauromachie, Don Quichotte), dans la religion, tel ce fameux Christ pathétique de l’église d’Assy et dans l’allégorie… On la surnommait d’ailleurs L’ouragan(e) du fait de sa puissance créatrice, elle qui aimait modeler la femme au combat (L’escrimeuse). Le parcours devrait nous immerger dans ses thèmes de prédilection, sa gestion du vide et sa prise en considération de l’espace, surtout cette fameuse Montagne qui semble incarner le StLoup terrassant l’Hortus… BTN

Tél. 04 67 14 83 00. museefabre.montpellier3m.fr

HÔTEL CABRIÈRES-SABATIER D’ESPEYRAN Montpellier,

On a pu la découvrir, au Crac, avant la pandémie, ses amitiés féminines, son goût de la liberté en dehors des circuits commerciaux, sa volonté de revendiquer un art de vivre, à commencer par celui qu’elle entend réveiller chez l’habitant, dont la vie quotidienne doit devenir une fête en la maison. De sa production, de Paris à Sète, ressortent deux périodes les années 50, où elle participe au renouveau de la céramique, inventant des œuvres biomorphiques, aux formes organiques qui s’avèrent aujourd’hui d’une évidente actualité ; les années 70 où son intérêt se porte sur les grandes cheminées en staff, d’une blancheur pure, dont elle réalise préalablement des maquettes, et dont la forme élancée devient sculpture à vivre. Les archétypes sexistes tendraient à affirmer qu’il émerge quelque chose de foncièrement féminin dans sa prédilection pour le décor intérieur, comme si à l’origine était avant tout une histoire de femmes. De même, cette tendance à donner vie à des objets nouveaux, et à chaque fois différents. Les historiens trancheront. Cette œuvre, qui s’est achevée en 2021, avec le décès de l’artiste, est à présent confrontée, dans cet hôtel prestigieux, aux riches intérieurs de la grande bourgeoisie qui ne lésinait guère sur la pléthore d’objets décoratifs ni sur sa conception d’un goût affirmé pour l’opulence. Il sera donc intéressant de voir se mesurer deux univers, celui d’une femme libre face à un monde régi par des conventions, des règles et des valeurs qu’elle ne partageait pas forcément. Des photographies, notamment d’Agnès Varda, enrichiront l’exposition. BTN

Guino-Renoir, la couleur de la sculpture

MUSÉE D’ART HYACINTHE-RIGAUD

Perpignan, Pyrénées-Orientales

Du 24 juin au 5 novembre

À travers l’exposition inédite, Guino-Renoir, la couleur de la sculpture, le musée d’Art Hyacinthe Rigaud montre plus de deux-cent œuvres du catalan Richard Guino (1890-1973) et du répertoire sculpté de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Le premier est un enfant prodige de la sculpture, repéré dès ses 16 ans. Ses études le mènent à Barcelone et sa carrière prolifique le fait explorer la matière sous toutes ses formes, bois, plâtre, verre, peinture, papier… Il rencontre Renoir lors d’une exposition à Gérone en 1908 et rejoint le célèbre artiste français à Paris en 1910. Leur collaboration fructueuse s’étend de 1913 à 1917. Une conjonction entre les deux artistes déterminantes dans la carrière du Richard Guino. L’émulation parisienne catalyse son activité artistique, tant sur le plan de la statuaire que sur celui des Arts décoratifs. La présentation de son travail à Perpignan suit la courbe de son évolution artistique au contact du grand sculpteur français. Le jeune catalan l’assiste dans la réalisation de ses créations, à tel point qu’une procédure judiciaire aboutira à la reconnaissance de Richard Guino comme co-auteur des sculptures de Renoir. Une exposition à ne pas manquer.

Tél. 04 68 66 19 83. musee-rigaud.fr

Ma vie à vos pieds, Raymond Massaro, bottier MUSÉE ANGLADON

Avignon, Vaucluse Jusqu’au

Une vie vouée à la peinture, résumée en un parcours, dont le second niveau se déploie en sept étapes, un chiffre qui respire, sinon la perfection, du moins l’abouti, le plein épanouissement. Voilà ce que présente cette plongée dans l’œuvre de Richarme, que l’on peut aujourd’hui aborder avec le recul qui permet d’en saisir l’intérêt et les lignes de force. D’autant que l’Histoire de l’art est en train de revoir ses copies à la lumière des engagements féminins trop longtemps ignorés. Le voyage proposé se déploie certes en thèmes mais sans renoncer à la chronologie : on est accueilli, parmi maints documents, par un rappel de l’enfance chinoise, que Bernard Derrieu estime à juste titre déterminante. Il s’achève à l’étage par les toiles urbaines, confondantes de modernité avec ses effets de flou que recherchent aujourd’hui bien des photographes afin de mettre en exergue la lumière, la porosité des formes et des contours, l’unité du monde, dont le tableau témoigne en modèle réduit. De même, la série des grands Ciels où l’on sent l’artiste libérée de la tyrannie de la ligne, et tentant d’accéder à l’équivalent en peinture de ce que la poésie suggère, par touches allusives. Mais au-delà des paysages urbains ou naturels, déclinés selon les saisons, Richarme a beaucoup pratiqué les Natures mortes, microcosmes des architectures extérieures, et le portrait de proches, qui deviennent sous son pinceau, des êtres nouveaux. Des palettes aussi qui font exploser la dichotomie Abstrait/Figure. Au fil du parcours, on découvrira une âme fervente, portée par une énergie hors du commun, et des élans combatifs de bâtisseuse – d’absolu. BTN

Tél. 04 67 98 90 59. ville-pezenas.fr

« J’ai passé ma vie à vos pieds » : cette citation pourrait résumer le parcours d’un homme, héritier d’une lignée d’artisans bottiers dont le nom, Massaro, associé à celui de clientes célèbres comme Marlène Dietrich ou Romy Schneider, ainsi qu’à celui de grands couturiers comme Grès, Chanel, Lagerfeld ou Alaïa, devint synonyme d’exigence, de luxe, d’extrême élégance. Raymond Massaro (1929-2019) confiait avoir « appris son métier au pied des femmes ». Plus qu’une attitude, ce dévouement chevaleresque fut le fil conducteur d’une existence entièrement dédiée à un métier-passion. Conçue par Lauren Laz, directrice du Musée Angladon, en étroite association avec Laurence Massaro, fille de Raymond, l’exposition Ma vie à vos pieds. Raymond Massaro, bottier donne à admirer les différentes facettes de cette trajectoire en plus de 120 pièces, prototypes et modèles de chaussures iconiques. Une collection rassemblée pour l’essentiel par Laurence Massaro, et complétée grâce aux archives des maisons Chanel et Massaro. S’y dévoilent, dans une scénographie du studio bt d’Avignon, les croquis, dessins et formes de bois sculptées — ces matrices des modèles en devenir – les créations les plus raffinées, chaussures-bijoux réalisées en dentelles ou brodées de perles, les modèles extravagants, dont un incroyable escarpin de vernis noir à la silhouette racée, mais aussi les classiques ayant marqué l’histoire de la mode, comme la célébrissime sandale bicolore créée en 1958 pour Coco Chanel.

Tél. 04 90 82 29 03. angladon.com

Jacques Léonard

MUSÉE RÉATTU

Arles, Bouches-du-Rhône Jusqu’au 1er octobre

On connaît les liens uniques qui associent le musée Réattu, et a fortiori la ville d’Arles, à la photographie d’art (notamment grâce à Lucien Clergue). On connaît également ceux qui relient la Camargue dans son ensemble à cette communauté gitane qui a ses règles, que l’on ne comprend pas toujours bien et que l’on connaît au fond qu’un peu superficiellement. Jacques Léonard, à la suite de son mariage, et à son exil ibérique, a eu l’occasion de l’approcher de manière confiante et intime. Ce sont quelques-uns de ces clichés, dans un Esprit nomade, sur les mœurs et activités gitanes que nous propose le musée Réattu cet été, plus particulièrement du côté de Barcelone, dont il traque également les événements, les scènes de la vie courante, les lieux, en noir et blanc pour leur conserver leur caractère documentaire. On découvrira également sa série d’exilés, ces jeunes qui ont fui la guerre dans les années tragiques et ont traversé l’Espagne pour se rendre en Afrique. Ou encore le retour de la division Azul, envoyée par Franco pour épauler les Allemands dans leur lutte contre l’ennemi rouge. À noter, la galerie Anne Clergue présentera également les clichés de Jacques Léonard jusqu’au 26 août.

Mais le Réattu réserve une autre surprise : la présentation, au fils de ses salles et collections propres, des fleurons de la Collection privée du couple Florence et Damien Bachelot. On y retrouve la fine fleur de la photographie humaniste et sociale des Brassaï ou Cartier Bresson, Boubat ou Doisneau, limitée toutefois au portrait et qui ressuscitent ces figures disparues ou altérées par le temps, dans des tirages comme l’on n’en fait plus, témoignant d’une époque plus « posée », que l’on n’en finit pas de regretter. BTN

Tél. 04 90 49 37 58. museereattu.arles.fr

Martial Raysse

MUSÉE PAUL VALÉRY

Front de mer. Canet, Collioure, Banyuls.

On imagine le plus souvent la côte vermeille comme un paradis. Il a pu se transformer en enfer lors de l’occupation allemande en 40. Certains artistes s’y sont réfugiés et ce sont ces heures sombres que cette exposition entend relater. À Canet, autour des résidents du Crépuscule, les surréalistes Jacques Hérold (bientôt résistant) et Oscar Dominguez, puis Victor Brauner bientôt assigné à résidence. Cette période est cruciale dans son cas et l’exposition se fait fort de le montrer. Le rôle du modèle de Maillol à Banyuls, Dina Vierny, est également mis en exergue. On découvre un artiste de la Retirada, Gerardo Lizarraga et ses dessins fantastiques, interné à Argelès, avec Carl Rabus. Collioure abrite Marquet puis Dufy, qui s’y adonnent à la céramique, tandis que certains préfèrent voir le petit port de pêche tel un havre de paix, où s’adonner à la peinture de paysages plus ou moins apaisés Vergé Sarrat, Déchorain, et Navarro Ramon. C’est un pan de l’histoire sombre qui est pourtant ré-suscité en peinture et dessins, réhabilitant des figures quelque peu oubliées de l’histoire, en particulier Robert Rius, fusillé par la gestapo, et homme de confiance de Breton, lequel s’embarquait alors pour l’Amérique. Des prêts d’un peu partout (y compris un Matisse, alors en correspondance avec Marquet) restituent l’esprit de cette année créative que le MAM a divisé en thématiques, parfois intrigantes : « Le crépuscule surréaliste », « Le cas Brauner », « Étagère en flamme », « Serrures en friche », « Baignoire de sable », « Les racines du soleil ». Un volet contemporain est représenté par des objets, des empreintes, des récits et des chants. On y retrouve la Franco-Marocaine Nissrine Seffar (dont on connaît les volumes sur Rivesaltes, faits de débris ou de bouteilles de gaz), Emma Dusong, Nicène Kossentini… Et l’on s’instruit doublement (art et histoire). BTN

Tél. 04 30 44 05 46. museecollioure.com

Sète, Hérault Du 17 juin au 5 novembre

Pas moins d’une centaine d’œuvres rassemblant peintures, sculptures et dessins de l’un des plus grands peintres français, réunies dans cette exposition. Un véritable événement, car depuis la rétrospective du Centre Georges Pompidou en 2014, du Palazzo Grassi en 2015 à Venise, Martial Raysse ne souhaitait plus exposer dans un musée. C’est cependant au musée Paul Valéry à Sète, qu’il montre ses œuvres récentes, plusieurs grands formats tels que Le Lever du jour (2020), La Tombée de la nuit (2021), La Peur et La Paix (2023). Depuis les années soixante, l’artiste exprime cette volonté d’expérimentation, le conduisant à utiliser les techniques de production d’images que l’exposition mettra en exergue, soulignant les articulations qui peuvent exister entre plusieurs pans de sa production.

Entre légèreté et gravité, Martial Raysse médite sur les rapports entre l’art et le monde.

Les modèles féminins, tirés de la grande peinture, sont élevés au rang de personnages mythologiques, incarnant autant de Diane ou de Vénus contemporaines. Les grandes compositions, marquées par la violence, la mort, le désir, sont autant de marqueurs de la peinture d’histoire ou allégorique, théâtre éternel des passions humaines.

Tél. 04 99 04 76 16. museepaulvalery-sete.fr

Oliver Laric

MUSÉE DE LA ROMANITÉ

Nîmes, Gard Jusqu’au 31 décembre

Nous vivons à présent déchirés entre notre respect scrupuleux du passé et notre inquiétude face à ces nouvelles technologies qui bouleversent nos valeurs esthétiques. Un artiste comme l’Autrichien Oliver Laric prend le pari de la réconciliation, de l’enthousiasme, de la confiance en l’avenir. Il s’agit, en effet, de revisiter les collections antiques à la lumière des imprimantes 3D, de fournir à la copie ses lettres de noblesse, de proposer de multiples variations à partir des vestiges anciens. Le soussol de musée offre ainsi au visiteur une plongée dans des œuvres reconstituées qui prend des allures de promenade-découverte. L’artiste y expérimente des matériaux modernes, dont la résine ou l’aluminium. Il met en exergue la notion de transparence qui échappe aux modèles de l’Antiquité. Il présente des suites progressives de sculptures virtuellement concevables et rendues concrètes par la magie des nouveaux moyens de création. Les dieux, les enfants, les monstres s’incarnent dans une réalité plus complète et une plastique expérimentale. On y reconnaît Neptune ou Pan, Anubis ou Cupidon. La copie, par essence décuple et, ce n’est pas le moindre des paradoxes, ressuscite la conception prérenaissante de l’art qui ne s’embarrassait pas de génies inventifs, mais privilégiait l’anonymat des duplications collectives. À cela, il faut ajouter le goût prononcé du monde antique pour l’Hybridité, animal humain, qui revient en force en matière de robotique ou de technologies informatives et numériques. Oliver Laric est un artiste du présent qui sait mettre les outils d’avenir au service de la célébration d’un passé qui nous est précieux. A fortiori à Nîmes. BTN

Tél. 04 48 21 02 20. museedelaromanite.fr

Jac Martin-Ferrières

MUSÉE DU PAYS DE COCAGNE

Lavaur, Tarn Jusqu'au 17 septembre

Viollet-le-Duc. Trésors d’exception

MUSÉE DES BEAUX-ARTS

Carcassonne, Aude Du 10 juin au 1er octobre

Imaginée par l’architecte Viollet-le-Duc, la Cité de Carcassonne rend hommage à son créateur cet été au musée des Beaux-Arts. Plus que son travail d’architecte, c’est celui du dessinateur, talentueux et prolifique, que met en avant cette exposition temporaire. Grand créateur pour l’art décoratif, il a imaginé des œuvres précieuses qui constituent les trésors des plus belles églises et cathédrales françaises.

Objet fonctionnel, mais également ostentatoire, le mobilier religieux est un champ de création et de liberté pour Viollet-le-Duc. Le musée de Carcassonne présente ainsi de nombreuses pièces, témoignage important de la collaboration entre les architectes restaurateurs de monuments ecclésiastiques et les ateliers d’orfèvrerie dans la seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècle. Par ailleurs, pour la première fois depuis l’incendie de 2019, des pièces d’orfèvrerie du trésor de la cathédrale de Notre-Dame de Paris seront exposées. Ces œuvres, reliquaires de la Passion du Christ sont aujourd’hui précieusement conservées dans les réserves du musée du Louvre.

Tél. 04 68 77 73 70. carcassonne.org

Et l’Arche de Noé fit escale à Saint-Quentin-la-Poterie

MUSÉE DE LA POTERIE MÉDITERRANÉENNE

Saint-Quentin-la-Poterie, Gard Jusqu’au 29 octobre

10 juin 1er octobre

2023

Fils du peintre Henri Martin, Jacques Martin grandit dans l’ombre de celui qui s’impose, au début du XXᵉ siècle comme l’une des principales figures de son époque. Très tôt, il abandonne ses études scientifiques pour se consacrer à la peinture et s’émancipe de la référence paternelle en signant ses œuvres Jac Martin-Ferrières. Le musée du Pays de Cocagne présente ainsi la toute première rétrospective consacrée à l’œuvre de l’artiste. La réunion de près de 80 œuvres offre un panorama assez complet d’un créateur talentueux, doublé d’une personnalité très attachante. Plusieurs axes sont abordés ses œuvres de jeunesse, ses travaux de décorateur, ses différents lieux de vie. Les recherches sur la forme et la couleur sont mises en avant dans deux sections consacrées aux natures mortes et aux foules : elles laissent le visiteur apprécier sa volonté de simplifier son trait jusqu’à l’abstraction. Le parcours s’achève sur les voyages de l’artiste : Italie, Espagne, Portugal, Danemark et les États-Unis...

Tél. 05 63 58 56 55. musees-occitanie.fr

Comme beaucoup d’artistes, les céramistes s’inspirent régulièrement de la nature pour leurs créations. Et, c’est précisément à cette thématique que s’intéresse la nouvelle exposition du musée de la poterie méditerranéenne. Oiseaux, chouettes, taureaux, chèvres, poissons, chats ou créatures imaginaires… les animaux étaient souvent représentés sur les céramiques françaises des années 40 aux années 70.

Ces animaux peuplent les créations de l’artiste Pablo Picasso après sa visite à Vallauris en 1946 et son installation en 1948. Les formes des céramiques peuvent aussi être zoomorphes. On retrouve ainsi des « vases-poule », des « bouteilles-oiseau », des « plats-chouette ».

Dans les années 50, sous son influence, les céramistes vont s’inspirer de ce bestiaire. Une grande part est réservée aux oiseaux dans des versions stylisées ou naturalistes.

Issues de collections privées, l’exposition regroupe les plus grands céramistes de l’époque : Picasso, Georges Jouve, Michel et Nicole Anasse, Roger Capron, Jacques Blin, Jacques Pouchain… qui ont représenté les animaux à leur façon tant au niveau du décor que des formes.

Tél. 04 66 03 65 86. musee-poterie-mediterranee.com

P Z E N A S

1 2 m a i - 5 n o v e m b r e 2 0 2 3

Musée de Vulliod-Saint-Germain

3, rue Albert-Paul Alliès

Ouvert de 10 h à 12 h et 15 h à 19 h Fermeture dimanche matin, lundi et eud matin

Visites commentées de l exposition les vendredis après-mid à 15 h (français) et à 17 h (angla s/français)

Vestiges du futur

MUSÉE NARBO VIA

Narbonne, Aude Jusqu’au 31 décembre

Les derniers Soulages 2010-2022.

MUSÉE SOULAGES

Rodez, Aveyron Du 24 juin au 7 janvier

Présentation d’une sélection d’œuvres du Musée Régional d’Art Contemporain de Sérignan, en relation au mois de l’art contemporain décidé par la Région Occitanie, rencontre découverte entre deux collections : 23 œuvres dont 21 au musée, deux autres à l’Horreum de Narbonne, Amphoralis à Sallèles-d’Aude. Introduction à de nouvelles approches de relation à l’histoire, à l’histoire de l’art, questionnant politique, culture, société, subjectivité. Invitation à saisir autrement le rapport au passé, à la Méditerranée, aux questions du présent, dans un lieu où antiquité et modernité se côtoient, se confrontent, parfois se confondent. Témoignage de ce que, les artistes d’aujourd’hui s’inspirent de l’ancien, d’une tradition plurimillénaire, leurs préoccupations restant identiques, à travers des médiums comme dessin, photographie, vidéo, sculpture, écriture.

Parmi les artistes présents : Lawrence Weiner, Nathalie Du Pasquier, Fabrice Hyber, Véra Molnar, Anne et Patrick Poirier, Piet Moget, Claude Viallat.

Des œuvres ont été réalisées par les publics d’ateliers deux mosaïques de carreaux en terre cuite des élèves du Patio des Arts du Grand Narbonne avec Eva Guionnet et Julie Vitosky, Totem mythologique, œuvre monumentale des jeunes de l’IME Pépieux, avec l’artiste Moss. Tél. 04 68 90 28 90. narbovia.fr

Pierre Soulages disparaissait le 25 octobre dernier, laissant derrière lui une œuvre considérable pour l’histoire de l’art. Le musée Soulages, à Rodez, lui rend hommage cet été à travers la présentation de toiles créées durant les dix dernières années de sa vie. Un témoignage émouvant de l’incroyable force créative de ce génie du noir. « Pierre Soulages parti le 25 octobre 2022, plus que jamais le musée veut lui rendre hommage en confirmant que l’œuvre des dernières années réserve sa part de découverte et surtout la matérialisation intacte d’une forte énergie créatrice des œuvres de grandes dimensions, une matière riche, un noir travaillé à la lame pour en accentuer la brillance, les effets de lumière, la réintroduction du blanc… Ceux qui ont eu la chance de fréquenter son atelier à Sète et à Paris, dans cette décennie, savent à quel point Soulages a travaillé avec passion et opiniâtreté. », explique Benoît Decron, directeur du musée Soulages. Cette exposition rétrospective rassemblera une trentaine d’œuvres de Pierre Soulages parmi les Ourtrenoir peints à partir de 2010. Une décennie pendant laquelle le peintre a réalisé des œuvres majeures dont les grandes Peintures de 390 x 130 cm de 2019 trois furent présentées lors de l’Hommage du centenaire dans la Salle Carrée du Louvre en décembre 2019. Le musée Soulages, pour la première fois, réunira cette série de cinq grandes peintures en les accrochant ensemble.

Tél. 05 65 73 82 60. musee-soulages-rodez.fr

La Feria sous le trait des artistes contemporains

MUSÉE DES CULTURES TAURINES

Nîmes, Gard Jusqu’au 31 octobre

La Ville de Nîmes présente l’exposition À l’Affiche ! La Feria sous le trait des artistes contemporains au Musée des Cultures Taurines - Henriette et Claude Viallat, à l’occasion des 30 ans de Carré d’Art. On y découvre des œuvres originales ayant servi à la réalisation des affiches de la Feria de Nîmes, pour la plupart conservées par le Musée d’Art Contemporain. Depuis 1984, la Ville de Nîmes commande chaque année à un artiste contemporain l’affiche qui signe cet évènement majeur de la vie de la cité. La présentation des œuvres originales de ces affiches permet d’évoquer le rapport entre tradition locale, tauromachie et art contemporain et les codes de leur représentation, tant dans ses thèmes que ses évolutions artistiques au cours des quarante dernières années. L’exposition présente les origines des affiches tauromachiques puis celles des Ferias aux XIXe et XXe siècles et leurs évolutions, avant de détailler les œuvres ou projets d’affiches réalisés depuis 1984

Tél. 04 30 06 77 07. nimes.fr octobre 2023

ARTS plastiques

Amalia Laurent CACN

Nîmes, Gard Jusqu’au 29 juillet

Les trente ans de Carré d’art CARRÉ D’ART

Nîmes, Gard Jusqu’au 17 septembre

Mrzyk & Moriceau

Musée régional d’art contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée

146 avenue de la plage, 34410 Sérignan — 04.67.17.88.95 — mrac.laregion.fr museedartcontemporain@laregion.fr — Fb, Tw & In: @mracserignan

Katinka Bock

Silver exposition à Sète 01.07.23–07.01.24 crac.laregion.fr

Le métissage des cultures produit de bien jolies choses et c’est le cas pour ce travail, in situ, de la Franco-javanaise Amalia Laurent, laquelle conjugue subtilement les impressions numériques de notre temps à la tradition du batik et à ses références indonésiennes. Cela donne une œuvre légère, claire et lumineuse, féminine au demeurant, essentiellement réalisée sur des tissus translucides, suspendus ou muraux, parfois sur châssis, assortis de plis et tenant lieu de fenêtre, métaphore du tableau. En fait, il s’agit pour cette jeune artiste de délimiter deux espaces, l’un profane l’autre sacré en tant qu’ils favorisent l’accès à l’invisible par le biais du visible. Des souvenirs de paysage affleurent en surface du tissu imprimé, des jeux d’ombres et de lumières, des sortes de grilles de lecture parfois, en rotin, empruntées au langage des signes et offrandes venues d’ailleurs. Ainsi est-on convié à un voyage dans l’intimité des divers lieux mémorisés par l’artiste. Celleci sollicite des échos de performances costumées, des catalogues et projets d’édition, de la musique expérimentale et les voix de gens du quartier, son expérience confinée du balcon parisien, le gigantisme d’une église allégée par le matériau textile et, en bouquet final, le récapitulatif de tous les lieux traversés. Conservés pieusement en cylindres de différents formats, protégés par la suspension du rideau, ils sont offerts aux autres, le temps d’une exposition. On se sent entre deux mondes, deux espaces, deux cultures qui au fond n’en font qu’une, l’humaine, et ses arts, avec une impression de flottement hybride. Et qui fonde L’Édifice immense du souvenir, sauvé de l’oubli.

Tél. 09 83 08 37 44. cacncentredart.com

Vincent Corpet, Fatras III

CHÂTEAU DE JAU

Au-delà du 30e anniversaire du bâtiment conçu par Norman Foster, Carré d’art célèbre ses acquisitions en les revisitant pour de nouveaux accrochages grâce à l’intervention d’artistes qui proposent leur choix singulier. Ainsi de la Nîmoise Suzanne Lafont, qui, dès le rez-de-chaussée, a conçu un accrochage original, alternant les œuvres rassemblées aux sélections absentes, ce qui permet à la fois d’aérer la présentation, d’ajouter du langage à l’image et de jouer sur la relation avec l’espace imparti. Tout s’articule autour d’une scène de guérilla urbaine mise en scène par Stan Douglas : ses personnages et ce qu’il leur faut pour survivre. Au troisième, Walid Raad nous fait une surprise en sollicitant les supposées œuvres offertes à Bob Calle, le grand collectionneur, puis conservateur, par une prétendue patiente, sous forme d’ombres de tableaux muraux. On est entre réalité et fiction et après tout l’histoire n’est pas toujours si exacte… Enfin, trois salles sont consacrées aux choix de Tarik Kiswanson, lequel a laissé libre cours à ses goûts de jeune artiste, plus sensible aux œuvres récemment montrées ou acquises par le Carré d’art. Côté femmes (Rosalind Nashashibi, Etel Adnan, etc.) et côté masculin (Jean-Luc Moulène, Danh VO...). Tout le deuxième et deux salles du troisième revisitent, par grandes tendances, le riche fond du musée. Il y en a un peu pour tous les goûts dans l’ensemble. On passe allègrement de Klein et Nouveau Réalisme à Combas et Figuration française ; de Penone et Arte Povera à Larry Bell ; du minimaliste Dan Flavin à Baselitz et la peinture allemande, ou de Nairy Baghramian à Aakram Zaatari, sans parler de nos régionaux : Azémar, Bordarier, Clément. Terminons par les trois vidéos de Martine Syms sur le corps noir au sous-sol. Puis la fête continue, dans la rue, chapelle des Jésuites ou dans les autres musées… Tél. 04 66 76 35 70. carreartmusee.com

Cases-de-Pêne, Pyrénées-Orientales Jusqu’au 25 septembre

Avec ce troisième Fatras, se clôt la série d’expositions estivales consacrées au peintre Vincent Corpet - ainsi que les contributions de Sabine Dauré, la créatrice de cette union inédite entre l’art contemporain et le vin (cf. Le jaja de Jau, de Ben), à qui il convient de rendre hommage pour plus de 45 ans de bons et loyaux services. Le premier Fatras s’articulait autour de genres traditionnels, natures mortes, portraits et quelques paysages. Le second, plus ambitieux, s’attaquait à la peinture religieuse et effectuait une lecture personnalisée des chefs-d’œuvre du genre. Le troisième s’intitule Le sauvage et met en exergue la façon dont le peintre, depuis trois décennies surtout, sollicite la condition animale. Certes, elle est tout sauf réaliste. Elle ferait plutôt appel à notre mémoire ancestrale, celle de la Préhistoire et celle qui précède notre acquisition individuelle du langage, lequel nous fait humain. Ainsi chez Corpet, c’est le traitement instinctif de la forme qui fait surgir, dans ses tableaux, un Bestiaire, qu’il assume, par Analogies (titre d’une série). Or, si l’animal est présent, l’Humain n’est pas loin, que l’artiste aime à peindre nu, sur fond neutre, comme une page blanche. N’est-il pas un animal, dont la particularité est qu’il sait le nommer, le peindre et se nommer ou se peindre lui-même ? Corpet ne se prive pas de les confondre. En témoignent ses portraits de De Gaulle, Churchill ou Kennedy, plus anthropomorphes que nature. Ou ses compositions dynamiques rendant compte de la sauvagerie évoquée. Son goût pour l’hybridité. Sa relecture animale des chefs-d’œuvre (Courbet). La part du Sauvage en lui, animale ou humaine. Car le peintre est le vrai Sauvage.

Tél. 04 68 38 90 10. chateaudejau.com

Pierre Parsus

Espace Georges Brassens

Sète, Hérault Jusqu’au 6 novembre

Longtemps nîmois, et gardois jusqu’à la fin, Pierre Parsus aura connu la même longévité qu’un autre Pierre, taillé comme un roc, le ruthénien Soulages, adopté par Sète, cette île singulière si fréquemment associée à l’ami Georges (plutôt qu’à Jean Vilar, ou à Paul Valéry). Il aura même grillé la politesse à son aîné de deux ans en disparaissant le premier, le jour de l’an 2022. L’éditeur André Philippe a eu la bonne idée, dans les années 70, de rapprocher le peintre du poète en invitant le premier à illustrer de lithographies les chansons du second : Les Sabots d’Hélène, Au bois de mon cœur, ou l’éternelle célébration des Copains d’abord… Le graphisme est nerveux, la composition dynamique et les points de vue sont divers. Parsus a surtout cherché à restituer le caractère subversif des textes retenus, sans fausse pudeur ni volonté d’atténuer les audaces. Ces lithos sortiront ainsi de leur précieux coffret pour enrichir et accentuer les diverses étapes du parcours biographique que propose l’Espace. Ainsi, certains aspects insoupçonnés de la personnalité de Brassens, telle qu’elle se manifeste peu ou prou dans ses textes, pourraient être mis en évidence, qu’elles concernent ceux que l’on peut dire engagés, tels que Mourir pour des idées, les érotiques ou intimistes (On connaît la relation fusionnelle de Parsus avec son épouse Lucette), les dits poétiques (Le petit joueur de flutiau) ou les plus grivois à l’instar du Gorille... Les deux hommes ont beaucoup discuté à propos de cette édition, que Brassens a approuvée : la quête spirituelle voire mystique du peintre pourrait alors apporter une inflexion significative et inattendue au parcours de vie du poète, tel que le propose l’Espace… Tél. 04 99 04 76 26. espace-brassens.fr

Kees Visser, Pieter Ceizer, Ivan Cremer

L.A.C.

Sigean, Aude Du 2 juillet au 24 septembre

La famille Moget a toujours eu le don de puiser dans le riche vivier de leurs compatriotes artistes. En témoigne cet été la présence de Kees Visser, même si ce dernier s’est exilé au cœur de la nature islandaise avant de se poser à Paris. Il s’agira pour ce praticien du monochrome, sériel, d’entrer en dialogue formel avec la riche collection des Moget (ses Mondrian et Van Velde, Alkema et Noland, des centaines d’autres dont les paysages bichromes de Piet Moget himself).

Cet artiste intervient par la couleur, sur papier, en résonance avec l’espace qui l’accueille. On pense à un nuancier monochromatique, atonal si l’on considère ses œuvres qui perturbent notre besoin de régularité rassurante. Kees Visser sait varier les modalités de présentation, de la mosaïque à la peinture murale, de l’exploitation du sol au recours à des vitrines, de la superposition à la juxtaposition, etc. Sans avoir peur du grand format adapté au lieu, ni de la monumentalité d’une installation.

Peter Ceizer apportera un peu de fantaisie à ce travail qui peut sembler austère, les formes, chez ce Yougoslave, donnant l’impression de s’émanciper, d’esquisser des mouvements de danse sur la toile, créant une atmosphère de rêve, les lettres se confondant avec les motifs et figures dans un travail de brouillage des clivages habituels. Enfin, Ivan Cremer, encore un Hollandais, aura la lourde tâche d’assurer la composante sculpturale de cette exposition, par récupération de matériaux bruts, lui qui ne saurait nier sa fascination pour l’architecture des ruines, ni son intérêt philosophique pour la notion de temps. Deux peintres contrastés et un sculpteur. De quoi découvrir certes, mais aussi voir la riche collection familiale autrement.

Tél. 04 68 48 83 62. lac-narbonne.art

Katinka Bock

CRAC

Sète, Hérault Du 1er juillet au 7 janvier

Le Crac a une nouvelle fois délégué sa confiance estivale à une artiste femme, dont la particularité est de s’intéresser aux matériaux des lieux où elle expose, et de mettre en valeur en particulier le thème de l’eau. Sète était donc un lieu qui ne pouvait que lui convenir et la solliciter, en tant que port, limite entre deux, voire trois, éléments, et aussi ses canaux, ses étangs et ses joutes, évoquées dans un film. Sculptrice allemande à l’origine, adoptée par notre pays, elle s’intéresse aux matières qui se manipulent et transforment (tissus, céramiques…) sans forcément chercher la monumentalité. Elle les associe, leur fait vivre l’expérience des limites (comme disait feu Sollers), joue avec la relation d’équilibre qu’ils entretiennent entre eux. Elle pratique aussi la vidéo (cf. Notes de plans prises en Super 8, journal de bord, filmé du point de vue des canaux) et la photographie (empreintes sur le corps). Le titre Silver est polysémique. Il renvoie aussi bien au pirate de Stevenson qu’aux reflets du soleil sur la mer, aux architectures modernes qu’au thème du temps qui métamorphose. Au fil des salles, on la verra recourir à des matériaux solubles et précaires tels les savons mis en pierre, explorer ces prolongements du corps que sont la cuiller, la lance ou encore la fourche et même l’armure ; faire des pieds et des mains (des pouces et coudées) pour réaliser une constellation de briques de terre cuite au sol, ou encore rendre compte de la relativité de notre représentation, approximative, d’un mètre étalon. À chacun sa perception. Enfin recourir à la photographie pour relever des fragments de corps et donc de peau, cette limite entre notre être et le monde extérieur, à savoir l’espace.

Tél. 04 67 74 93 37. crac.laregion.fr

Ana Mandieta

LA PANACÉE

Montpellier, Hérault Jusqu’au 10 septembre

L’Histoire de l’art n’en finit plus, tant l’ignorance avait été tenace, d’extraire de sa besace magique les artistes au féminin qu’elle avait jusque-là négligées. La cubaine Ana Mandieta fut sans doute une précurseure, ou du moins contemporaine de bien des expériences qui paraissent évidentes aujourd’hui mais qui durent affronter les préjugés, esthétiques, moraux et sans doute quelque peu sexistes de leur temps.

C’est la période allant de 1968 (date qui rappelle encore quelque chose à quelques anciens) à 1985, où elle disparut prématurément (et non sans controverse féminicide), qui sera présentée à la Panacée, ses œuvres les plus marquantes et quelques découvertes inédites. Chaque salle aura son thème, sachant que l’artiste a travaillé un peu tous les médias et que sa singularité l’a poussée à produire des réalisations éphémères, toujours fondées sur l’empreinte du corps, grâce à la terre ou au sable, dans un esprit de rejet du système commercial. Ce sont ses Siluetas qui ont attiré l’attention, d’autant qu’elles font passer de l’individuel à l’universel et, audelà, au mythe, ainsi que le prouvent ses recherches rupestres, son intérêt pour les diverses Vénus non canoniques, et pour les fétiches féminins. Ana Mandieta fut également une remarquable exploratrice du corps féminin, capable de faire de son corps une œuvre d’art, de lui infliger des transformations inouïes et d’analyser les codes de la distinction par genre avant tout le monde. La main fut son outil de prédilection et les éléments ses matériaux. Enfin, il y a sans doute quelque chose de singulier dans sa double culture américaine et cubaine qui donne à son œuvre une légitimité que l’on ne trouve pas forcément ailleurs.

Tél. 04 99 58 28 09. moco.art

Ce bijou de musée ouvre ses collections néolithiques à six sortes de réalisations explorant des matériaux modernes. Le geste le plus spectaculaire émane de la doyenne, Anita Molinero, qui sculpte les matières urbaines (poubelles, plots) au lance-flammes, testant leurs capacités de résistance à l’informe, produisant des déformations que l’on peut doublement qualifier de « plastiques ». Maxime Sanchez coïncide au mieux avec la vocation du lieu qui l’accueille, lui qui produit des œuvres hybrides où se mêle l’ultra-contemporain (kit carrosserie, déco autocollants), dit mineur, à l’histoire de l’art, des hommes et même à des animaux préhistoriques. Cela produit d’étranges volumes, muraux ou sculpturaux, ici rappelant le squelette d’un dinosaure, définissant une archéologie du présent. Nicolas Daubanes a fait de la poudre d’acier aimantée, empruntée aux barreaux de prison, son matériau de prédilection, et de l’univers carcéral, marginalisé, son domaine, comme le prouve son magistral triptyque, où la poudre qui se déploie depuis le toit prend des airs d’évasion. Le matériau se met ainsi au service d’une cause. C’est sensible dans les fragiles céramiques d’Agnès Fornells, réalisées à partir d’objets du quotidien (serpillère, bidons, cagette…) repérés en milieu urbain, lors de ses voyages au Mexique, installés autrement, ou devant un poster référent. Agnès sait l’art de faire parler les murs. Clément Philippe ajoute une dimension écologique à son exploration des failles de la chimie la plus nocive. Pour son installation, il recourt à la pierre locale conjuguée à des fils électriques et des flacons de sulfate de cuivre qui ne demande qu’à s’écouler… Enfin, Lucie Laflorentie est une véritable poète des matériaux de construction qu’elle colore, anime, combine, de manière à restituer une vision concrète et synthétique des paysages. Une des jolies, et modestes, surprises de cet été. 04 99 63 25 46. grandpicsaintloup.fr

Néo

Montpellier, Hérault. Du 8 juillet au 15 octobre

Le hasard, qui fait bien les choses, a voulu que l’exposition Immortelle du printemps, des dizaines de peintres français à découvrir, soit suivie cet été d’une monographie d’un seul peintre, Allemand (de l’Est), internationalement reconnu depuis des lustres, et à l’aura incontestée.

C’est assez dire le retard pris par la France en matière de peinture, figurative en tout cas, que nous avons à rattraper si nos artistes veulent vivre décemment de leur art (et pas seulement de subventions et résidences). Il importait de le rappeler. Néo Rauch n’a jamais caché son penchant pour un certain surréalisme, celui des images énigmatiques et de l’inquiétante étrangeté. Il pratique aussi, depuis les années 90, ici présentées, des combinatoires complexes d’êtres et objets fortuitement rapprochés, du moins en apparence. Les formats sont imposants, l’univers souvent plombé, avec des fonds sombres ou bleutés qui renvoient sans doute à ses origines. Les personnages s’y livrent à d’oniriques rituels induits par les associations d’idées. Celles-ci témoignent de l’histoire, de la mémoire, de l’enfance, des angoisses vécues, et déterminent ce qui donne le titre de cette rétrospective : Le songe de la Raison. On est quasiment dans l’oxymore. S’en dégage une impression de puissance, comme souvent avec la peinture allemande. Le thème du travail est omniprésent (L’apprenti), celui de la performance ou de l’élection performative semble une obsession (La Première), mais aussi celui de l’exil (Zone frontalière, Transition) et surtout celui du danger (La menace, Tours). Néo Rauch aura réussi à restituer l’esprit de son pays d’origine, qu’il fait accéder à l’universel. Cela donne à son œuvre une authenticité qui justifie l’acte de peindre, et explique son succès.

Qu’on peut toujours lui envier… Tél. 04 99 58 28 00. moco.art

Les deux expos estivales du Mrac séduiront les enfants de 7 à 77 ans autant qu’un public averti. Mrzyk & Moriceau présentent leurs Meilleurs vœux de la Jamaïque, par le biais de dessins (inénarrables, accumulés le long des murs), mais aussi d’objets des plus désopilants (chaussures et palmes). Une très instructive vidéo, illustre leur méthode d’innovation, fondée sur l’hybridité formelle. Ils recourent au wall-drawing et au parcours labyrinthique où le visiteur peut s’immerger dans une bande dessinée en relief, à échelle corporelle. Un bonheur pour ceux qui ont gardé une âme d’enfant, et demeurent toujours émerveillés par Tintin et ses acolytes. Le célébrissime John M. Armleder peut également séduire le grand public. Par ses curieuses associations d’objets toujours dérangeantes, quelques décennies après par la réflexion que génèrent les miroirs modifiant notre perception de la réalité des choses ; son obstination à aligner de ludiques planches de surf, contre le mur, en suites numériques ; par son invitation à circuler parmi des rangées de boules disco motorisées face à des images du cosmos glanées sur le Net et même par ses vitrines exposant des moulages de cerveaux en or… Ajoutons-y ses incroyables tableaux longitudinaux recouverts de peinture jetée, et qui peut donner une impression de simplicité, festive, d’exécution. Une installation aux néons évoque un jeu de mikado, des tableaux géo font penser à des cibles, on repère la présence de sapins argentés… Bref, l’œuvre, formaliste à la base, s’avère plus accessible qu’il n’y paraît. On sera sensible à l’humour de ces assiettes blanches posant d’emblée la question du décoratif, présente dans le mobilier décalé, qui a fait sa réputation.

Tél. 04 67 17 88 95. mrac.laregion.fr

4 LIEUX INTRA MUROS

Saint-Cirq-Lapopie, Lot Jusqu’au 31 octobre

Séverine Hubard

VALLON DU VILLARET

Lozère

Ce village du Lot, tout en escarpement, est sans conteste l’un des plus beaux de France et ce n’est pas par hasard (ou alors objectif) si André Breton y avait installé sa demeure, enfin réhabilitée. Elle sert de cadre à un opportun rapprochement du groupe avec cette énigmatique activité à laquelle le surréalisme d’après-guerre s’est particulièrement intéressé : l’alchimie, sa quête d’absolu et sa volonté de penser autrement le monde. Quatre lieux ont été mobilisés intra-muros, ainsi que le château de Cénevières, le seul renaissant à posséder un cabinet d’alchimie, où Yoan A. Gil expose ses dessins de fragments sciemment inachevés (à l’instar de ladite quête). Les maisons Rignault et Breton, cette dernière à la mémoire si vive de réunions et jeux surréalistes, proposent les premières salles du parcours. On y présente au profane l’art sacré et secret de ces rêveurs de matière, et de ce rêveur définitif que fut René Alleau, grand connaisseur de symboles devant l’éternel et aquarelliste hors pair. On creuse ensuite en peinture et dessins les relations esthétiques des deux pensées, l’ancienne et la moderne, que le surréalisme incarne. Puis leur postérité : Maison Lespagnol, Venus d’ailleurs présente le projet d’édition Luna et une dizaine de contemporains marqués par le langage des oiseaux. On y retrouve nos Nîmois Yves Reynier, Michel Cadière, Susan Mende… Le poète de l’oralité, Serge Pey, offre enfin une carte blanche à son œuvre au noir, impliquant ces lames du tarot ayant tant fasciné l’imaginaire surréaliste. Outre le maire et les commissaires, il faut féliciter l’association La rose impossible pour sa clairvoyance et son respect du patrimoine : il incite au rêve et fait tant de bien. maisonandrebreton.fr

Jean-Luc Parant

Ce parc de loisir, voué aux jeux d’eaux, propose également un parcours artistique de pièces réalisées pour le lieu ou adaptées à sa spécificité ludique. A mi-parcours, une tour médiévale, se voit investie chaque année par un(e) artiste : cette année, la Lilloise Séverine Hubard, qui l’a transformée en Tour de siège, en tout cas dans le principe et l’idée, ainsi que l’on pourra le vérifier dans les maquettes à l’étage. Séverine Hubard ne craint pourtant pas de se mesurer au monumental dans sa construction d’engins faits de bric et de broc mais toujours avec discernement et minutie ; ses empilements de matériaux divers et modernes ne le prouvent que trop. Pour cette édition, elle a ainsi fabriqué un immense couillard, une catapulte à godets de pelleteuse, qui donne l’impression de vouloir trouer les murs et de nous transporter vers l’extérieur, véritable lieu de la bataille. Si guerre il y a, pour l’artiste, elle est plus métaphorique, voire ludique, que référentielle. C’est celle qui se pratique contre le système qui nous broie : ainsi que le suggère les rouleaux (à gazon) de sa mobile Barrière. D’où ces allusions à Hermès ou à Vuitton, fleurons de l’industrie de luxe. Et, au-delà, au marché de l’art, pas toujours juste et souvent manipulé. L’artiste est en lutte, ainsi que le prouve l’œuvre intitulée Gloups, où des cailloux sont catapultés sur des plaques de verre. Si elle ne peut déplacer des montagnes, il lui arrive de déplacer des maisons en les mettant sur pattes. Ajoutons qu’un bélier sort d’une ouverture, ce qui est assez préciser combien l’artiste bouleverse notre vision des choses puisqu’il cherche à forcer l’extérieur.

L’artiste est engagée, mais avec humour et cela fait du bien par les temps qui courent, où l’on a besoin d’un peu de jeu dans les jointures.

Tél. 04 66 47 63 76. levallon.fr

CHAPELLE DE LA MISÉRICORDE (jusqu’au 15 juillet) & GALERIE AL/MA (jusqu’au 17 septembre)

Montpellier, Hérault

Ce grand conquérant, par le biais de la sphère en sculpture et du texte ininterrompu que fut, jusqu’à l’été dernier, Jean-Luc Parant, n’aura posé qu’une boule, autant dire un pied, galerie Al/ma, quelques mois avant sa disparition, en attendant de concrétiser un projet plus abouti, malheureusement posthume. C’est chose faite à présent, grâce à l’obstination de Kristell Loquet, et au respect de la parole donnée par MC Allaire-Matte. J.L. Parant, ce sont des multitudes de boules singulières qui auront représenté l’essentiel de sa production durant soixante ans, en cire noire et filasse, de toutes formes et changeant de forme voire de couleur au fil des années. Mémoire du Merveilleux, déjà présenté à Paul Valéry, témoigne du passage de la sculpture à l’installation sous forme d’éboulement ou amoncellement. Il devrait enchanter les visiteurs de la chapelle de la Miséricorde, d’autant qu’à la prolifération de boules diverses se mêlent bon nombre d’animaux naturalisés qui enrichissent l’œuvre non seulement de connotations préhistoriques mais également d’allusions au paradis pré-adamite. Tout est affaire d’yeux. Car J-L Parant, c’est la suprématie des mains qui modèlent mais aussi des yeux, auxquels les boules font souvent penser. Néanmoins, l’artiste et poète était trop subtil pour ne pas investiguer du côté de ce qu’il y a derrière les yeux, à savoir la pensée. Il l’a fait dans de nombreux livres (cf. Fata Morgana…) dont le dernier sera présenté à la galerie (Soleil Explosion, chez Al Dante) ainsi que sur des supports divers, en papier, qui vont de l’enveloppe récupérée à la partition, assortis de dessins. Ainsi l’écriture de textes et la confection de boules vont-elles conquérir, on l’espère, Montpellier…

Tél. 06 63 27 15 63. galeriealma.com / montpellier.fr

ET POUR QUELQUES expos de plus !

DANS L’HÉRAULT

Commençons par l’hommage, rendu jusqu’au 13 août, à la Pop galerie de Sète, à un artiste qui aura milité toute sa vie pour la gravure, l’estampe et les métiers de multiplication de l’image en général. Jean Attali (1) né à Casablanca, mais très vite figure de l’effervescence parisienne, en 1968 comme dans les années 80, lesquelles voient le retour de la figuration en France. Attali se sentait à l’aise dans la maîtrise du trait, caractéristique de cette technique accessible à toutes les bourses et, partant, populaire. Toutefois, ce n’est pas grâce à sa carrière de graveur émérite qu’il est honoré par la galerie de Pascal Saumade. D’abord, il vient de nous quitter et sa peinture est qualifiée de méditerranéenne. Ensuite, il fut un compagnon de route de Robert Combas, engagé, avec son épouse, dans la préparation de cette exposition, Jean Attali lui ayant ouvert autrefois les portes de son Atelier Utile à Tout Faire afin qu’il y performât à sa guise. Au demeurant, depuis les années 90, il s’adonnait à une peinture, à l’acrylique, qui mérite d’être découverte : elle privilégie le portrait et la joie de vivre, alors que la mort semble hanter l’œuvre gravée. Robert Combas la définit pourtant comme « optimiste ». Elle se focalise sur la femme, sujet fécond s’il en est, qu’il traite de manière originale, à partir de collages et de dislocation méticuleuse du corps. Il y avait chez Attali comme une nostalgie des couleurs de l’enfance, berceau du génie, disait le poète, que la peinture permet de retrouver. Un appétit insatiable qui allait de pair avec une ardente curiosité, un inextinguible besoin de liberté et de se confronter à ce sujet inépuisable, le corps féminin, dont on peut se demander s’il ne métaphorisait pas la peinture même, ou la mort. Il le traite de manière brute, primitive, ne s’embarrassant pas de fond perspectiviste mais le modelant à sa fantaisie, retrouvant parfois le plaisir du trait. Mais laissons un ami (dans un texte inédit : LE MYSTERE AT ALI, ALI BABA S’EN

EST AU LIT), évoquer le disparu, les discours théoriques dès lors devenant superflus « Pour vraiment apprécier la peinture de ce Jean AT ALI (qui veut dire en vieux Grivois : Jean est au lit), il vaut mieux qu’il ne soit pas dans le coin, parce qu’il ne parle pas de son travail, il ne parle que de cuisine juive, de femmes ou de vieux livres il parle de sa vie coa C’est pourquoi les gens parfois ne savent pas regarder le vraiment vrai. Les artistes du Sud parlent trop et donnent mal à la tête aux spectateurs, collectionneurs, etcéra et que sera sera. Mais quand même y’en a qui travaillent. Moi, je vous dis : regardez et mettez des boules Quiès dans vos oreilles et vice versa et vers plein de vice et vers plein de pisse et vers sans saucisse… Ro beurre Con bas ».

Jean Attali a in fine bien de la chance… Il faut à présent apprendre à l’écouter et surtout à l’entendre.

À MONTPELLIER, À son accoutumée, Mécènes du Sud, nous entraîne jusqu’au 30 septembre, dans des univers dérangeants, en l’occurrence démangeant(s), sous la houlette de sa commissaire (Madelena PlaneixCrocker), puisque l’expo s’intitule Scabs, que l’on peut traduire par Croûtes, mot polysémique, ô combien. Sept artistes ont été conviés, la plupart tenus en éveil, notamment Eve G. Chabanon, sur bien des sujets brûlants (anti-capitalisme, critique du patriarcat, dénonciation du racisme et du colonialisme, redéfinition des genres sexués…) et quelque peu praticiens du langage (CAConrad, plasticien poète). La plupart semblent concernés par le multiculturalisme, sujet crucial pour les artistes de demain. HaYoung (2), concerné(e) par la marge multiplie les sculptures de pains récupérés, montés sur métal, et accédant à une seconde vie, prouvant que le rebut peut aspirer à d’autres buts. La croûte ouvre à une exploration d’espaces inédits, là où ça fait mal, et où le cœur voire le corps saigne. Les vidéos de Ndayé Kouagou nous confrontent, au premier plan, à des messages perturbants, sur fond de mise en scène socialisée, où l’artiste performe. La peinture n’est pas ignorée : notre Alésienne, Mimosa Echard, sait composer comme nulle autre, des tableaux incluant les objets et matériaux les plus improbables (préservatifs, couvercles, noyaux, fleurs de sa région autocollants, impression numérique, résine…). Elle se livre de la sorte à une expérience des limites physiques ou esthétiques. Les aquarelles de Tai Shani ne cachent pas leur attachement à la cause féminine dont elles présentent des cités idéales, utopies, cosmogonies, du moins leur seuil ou accès, ce que permet justement la croûte. Tarek Lakhrissi, enfin, passionné par la langue, puise dans sa culture et son intérêt pour la magie des installations combatives et guerrières. De quoi ne pas s’encroûter…

Au Frac OM et au Théâtre Kiasma de Castelnau-le-Lez, on pourra se familiariser (pour ceux qui ne connaissent pas son film sur les Twin Towers impactées), avec les photos, les vidéos, les textes et les objets de Fiorenza Menini (3), témoins de son séjour new-yorkais, dans les années 90. Cette artiste, engagée pour la cause des Femmes, fut alors quasiment l’unique interprète des mises en images qu’elle a méticuleusement conçues, profitant des conditions un peu particulières de son séjour. Elle travaillait alors par séries, empruntait vêtements et maquillages des gens qui la logeaient, n’hésitait pas à se hisser sur les toits en manteau de fourrure ou à se déguiser en femme-objet, un abat-jour en guise de tête. Le mode de vie américain, surtout celui des femmes, est quelque peu fustigé dans sa série sur Misses Freeze laquelle réduit son espace vital aux dimensions du frigo (qui devient un cadre dans le cadre) ou dans Breakfeast limité à la cuisine. Les problèmes de la marginalité ne sont pas oubliés avec la fréquentation des hôtels un peu louches où l’artiste joue avec les moyens du bord. Ou encore des squats dont il ne reste parfois que les vêtements laissés pour compte et eux-mêmes rejetés. Ou même sa relecture de La métamorphose de Kafka dont le héros devient un cancrelat et paria, quasiment un détritus. En fait, l’artiste fait de son corps un outil de travail, comme les mannequins ou starlettes, assume son statut de femme seule en butte à un monde pas toujours bienveillant et, de toute façon, trop gigantesque, et pas toujours humain. Une affiche en abyme d’Al Pacino dans Scarface est prise selon un angle de vue qui suggère qu’il tire sur l’artiste en sa baignoire. Le danger, masculin, guette. Elle se met en danger justement dans Up, près des réservoirs en jouant les Icare et visite des lieux peu engageants comme les souterrains de Down. Les textes sont mis dans des cartouches, les photos dans des boites d’allumettes. Une plongée dans un univers qui ne ressemble pas au rêve américain ni au traditionnel way of life dont La courte vie de Marie Smith, résumée dans une boutique de fripes, toujours un lieu dans le lieu, une cabine d’essayage, donne une idée en raccourci. Une œuvre engagée dont on découvre les prémices. Son titre Walk man, walk like a woman…

Pas loin de là, toujours à Castelnau-le-Lez, dans cet inoxydable lieu qui a vu passer tant d’artistes, l’ARPAC, on humera un parfum des années 80, grâce aux portraits d’Elise Cabanes (4) infatigable animatrice, combative, des lieux d’art (Mesdames Messieurs) et d’un groupeculte (Masoch). Le temps a passé mais le souvenir demeure, celui des rencontres avec des êtres d’exception Laurent, Isabelle et même le Diable, en petite tenue, nonchalamment alangui. Elise Cabanes oscille entre une impression de puissance, quand elle traite des sujets sombres, tourmentés ou audacieux, une certaine empathie dont témoignent les couleurs quand elle brosse ses proches, et des effets de transparence quand il s’agit de mettre sinon de la folie, du moins de la fantaisie au motif. Le corps, et les images mentales qu’il suscite, demeure un sujet de prédilection à explorer ce qui n’empêche pas l’artiste de rendre hommage à son village d’adoption, Aubais. L’emploi du brou de noix donne une tonalité mélancolique à certains portraits, ce qui est normal puisque la vie n’en finit plus de Ne plus revenir (titre d’une œuvre).

Dans Le Gard

À l’espace culturel Jean Jaurès, de Vauvert, Jacques Barry(5) termine fin juin son exposition sur le règne animal qu’il traite avec la simplicité d’une frontalité sans arrière-plan, non sans humour, anthropomorphe, quand les cygnes jouent les Narcisse. En fait, un théâtre d’ombres chinoises et de taches colorées composent cette arche de Noé, car l’artiste privilégie les formes, variées, que l’on n’a pas l’habitude d’observer ni de considérer. Les animaux tendent à se rapprocher : les gros sont rapetissés, les petits agrandis de sorte qu’ils semblent mis sur le même plan. N’en est-il pas de même de l’homme dès lors qu’on le gratifie d’une place honorable dans le cadre d’un tableau ? Lui succèdera cet été, l’inénarrable Christian Astor (6), dans une série intitulée Le temps scellé. Des grands formats, au nombre de douze (comme l’an, ou la demi-journée), et qui se présentent en compartiments géométriques attaqués à la couleur et autres techniques graphiques. Le cloisonnement perturbe les règles focales du visiteur habitué à voir un motif se profiler. La palette, si l’on peut dire, est riche et nuancée, chaque tableau comportant un nombre de subdivisions qui mettent l’accent tantôt sur des esquisses de motifs, tantôt sur une abstraction qui va jusqu’à l’unité tonale. Si bien que l’on se demande si ces multiples tableaux dans le tableau sont des couleurs qui finissent par suggérer des paysages ou des paysages mentaux exprimés par la couleur. Le projet d’Astor est ambivalent en ce sens qu’il se mesure à la démesure de l’univers, dont l’expansion le fascine… et en même temps, il se sert de la toile pour y loger son parcours, qu’il appelle son errance colorée, à la modeste échelle de la matière, du geste humain et du corps étréci dans sa finitude foncière. Le temps scellé, ce sont ces divers moments de peinture qui se juxtaposent et dont le tableau détermine les contours.

Dans une ville taurine comme Nîmes, tout mythe impliquant un taureau ne saurait laisser indifférent. La Galerie 4, Barbier (7) s’est laissé convaincre, du côté de Barcelone, de se confronter jusqu’à la fin août, au mythe d’Europe, cette maîtresse forcée de Zeus à l’origine de la civilisation minoenne, et qui fut métamorphosée en constellation. Ça tombe bien pour Clarbous qui voue sa production de plusieurs décennies au CIEL, concept qu’il décline dans toutes les configurations et matériaux possibles, en l’occurrence ici à partir de disques, en bois peint en blanc, assortis d’un trombone démesuré, d’une constellation stellaire et de sa vision ajourée de l’Enlèvement. Cinq artistes ont été en effet sélectionnés pour se confronter au sujet, très prisé des peintres, de L’Enlèvement d’Europe Certains le traitent grâce à la figure, d’autres en jouant sur de subtils rapports d’équilibre. Tel Bruno d’Abrigeon qui transforme ironiquement un vélo en bête noire, charrette de torero, avec le drapeau d’Europe arboré avec fierté. Il ne faut en outre pas oublier la dimension politique puisque ce nom été attribué à notre continent dont certains voudraient bien s’approprier les richesses comme d’autres autrefois ont pu s’approprier par le viol une reine, un mode de vie, une esthétique. Les femmes ne pouvaient qu’être sensibles à cette thématique qui oppose la puissance sanglante et la virginité violée, transfigurée en étoile comme dans le mythe, ce que fait Béatrice Bonhomme sur une peinture compartimentée, style BD, rappelant vers le bas la scène antique et effectuant un gros plan sur le visage de l’héroïne associée au billet de 20 euros. Elisabeth Krotoff qui devrait traiter le sujet en peinture dans un triptyque et Denis VingtDeux, complètent le quintet. Mais… surprise ! DANS LES BOUCHES-DU-RHÔNE

Pendant ce temps, à Arles, la Fondation Van Gogh (8) toujours dans la perspective d’honorer l’œuvre du peintre, maudit en son époque et si apprécié aujourd’hui, à l’aune des créations contemporaines avec qui il se trouve en lien direct, mobilise les œuvres de 80 Femmes dans l’Abstraction (1940-1970). Cinq Peintures du maître ont été sélectionnées pour la qualité de son geste expressif et sont mises en perspective avec 130 œuvres, essentiellement picturales, mais également chorégraphiques (Trisha Brown, Martha Graham) ou performatives. Si certaines des artistes sont reconnues depuis belle lurette, telles Vieira da Silva, Helen Frenkenthaler, Joan Mitchell ou Niki de Saint Phalle, la plupart demeurent méconnues du grand public, même si Ana Mandieta est fêtée actuellement à la Panacée, et si Yayoi Kusama a régulièrement les honneurs de la presse spécialisée. L’exposition aura donc un double intérêt prouver et approuver l’importance ou le rôle des femmes, sur le plan international, pendant trois décennies cruciales de l’Histoire de l’art, moderne et contemporain (1940-1970), qui auront vu l’essor puis le triomphe de l’art gestuel comme action émancipatrice et libératoire, notamment du côté féminin ; de l’autre le rôle de référence tutélaire qu’a pu jouer, avec ses modestes moyens et sa foi, son obstination et ses errements, « l’arlésien »

Vincent, pour des pratiques ultérieures qui, consciemment ou pas, émanent de son expressivité, et de la puissance décisive de son geste.

On découvre ou re-découvre, jusqu’au 22 octobre, ces artistes femmes de tous pays, engagées dans l’art abstrait, corporel ou calligraphique parmi lesquelles se glissent les cinq toiles moins connues de la période arlésienne de Vincent, dont deux peintes à St-Rémy-de-Provence, de dramatique mémoire.

DANS LE VAUCLUSE

Comme chaque été, la Villa Datris, à L’Isle-sur-la-Sorgue, nous offre une exposition de prestige s’articulant autour du volume et de la sculpture en général, cette année autour de Mouvement et Lumière, jusqu’au 1er octobre. Celle-ci résonne comme un triple hommage, dix ans après : au co-créateur de cette Fondation Datris, incluant au demeurant son prénom (DAniele Marcovici et TRIStan Fourtine) ; à deux mouvements-phares des années 50-60 (cinétique et optique) ; enfin à Soto qui fête ses 100 ans. L’un de ses Pénétrables nous accueille d’ailleurs à l’entrée. Le parcours comprend sept étapes et mêle les figures historiques (Julio Le Parc, Carlos Cruz-Diez, Agam…) aux générations plus jeunes (Philippe Decrauzat, Laurent Pernot, Andréa Bowers…). On passe ainsi des travaux sur les équilibres naturels, à l’instar de Susumu Shingu ou Calder, aux Lumières de la ville telles que les suggère Dan Flavin dans ses néons ; des reflets et éclats d’un Miguel Chevalier à l’œil moteur d’Ivan Navarro choisi pour l’affiche ; des hypnoses géométriques d’Angéla Bulloch (9) aux œuvres in situ d’Olafur Eliasson (biosphère), Manuel Mérida (installation hypnotique) ou Marina Apollonio (variations circulaires). Les jardins, dits mouvementés, accueillent entre autres Piotr Kowalski, Francisco Sobrino ou Gabriel Sobin. En tout, 60 artistes dont certains de renommée internationale, tels Vasarely ou Pol Bury, Morellet ou Takis, Carsten Höller ou Jenny Holzer, Keith Sonnier etc. Au-delà des grands noms, il faut considérer la variété des propositions qui jouent avec la lumière, le mouvement, la couleur à partir de matériaux modernes et appropriés. Mais surtout avec la façon dont notre esprit et notre corps se situent par rapport à ce que l’on a du mal à concevoir : la 5ème dimension de l’immatérialité. Dès lors, se rendre compte que ces phénomènes lumineux, enrichis par la technologie, ont toujours fasciné les artistes, notamment les aïeux ou bisaïeux déjà ! Et aujourd’hui encore… Scénographie de Laure Dezeuze, il importait de le dire…

Dans Le Tarn

Le Lait, à partir d’Albi, organise des expositions dont l’une sur les berges du Tarn, au pied du palais de la Berbie. David Coste(10), qui investit également le Frigo, revendique l’isolement insulaire en occupant des espaces végétaux en cœur de ville et invite les gens à un parcours inattendu. Pour ce faire, il propose des constructions, des abris de fortune et y associe des impressions numériques, de manière à conserver l’ambiguïté Réalité/Fiction. Non seulement ses interventions renvoient les promeneurs à un type de vie naturel, dont il n’a sans doute pas conscience, mais elles peuvent jouer les lanceurs d’alerte imaginaire, et préparer à l’éventualité de tester ses capacités de survie, dans un cadre moins urbain plus autonome. Il s’agit aussi de détourner l’image publicitaire à des fins artistiques. Toujours est-il que Les Îles voyagent elles aussi, et les interventions de l’artiste en sont comme les équivalents. Seules les montagnes ne se déplacent pas et encore. Qui connaît l’œuvre de David Coste sait qu’il serait bien capable de les mettre en mouvement. Au Château du Cayla, Romain Gandolphe(11), invite jusqu’au 15 septembre, le visiteur à se faire lecteur d’un volumineux livre d’images et de textes, en lequel il doit s’immerger physiquement. Cet artiste performatif joue depuis longtemps avec parole, transmissible, dans son rapport à la mémoire plus ou moins lointaine : il confie des secrets, raconte les événements de la veille, se remémore les décors de l’an révolu… À Andillac, il sollicite ses lectures d’auteur(e)s fondamentaux, essentiellement des femmes, dont Virginia Woolf et Virginie Despentes, et les fait tou(te)s dialoguer dans une perspective prospective, et souvent critique. Pour nous faire entrer dans Le corps du texte. Et en ressortir tout imprégné, ébranlé, peut-être tatoué. Peut-être dé-livré… Omniprésente cet été dans notre région (Villeneuve-lèz-Avignon, Les Matelles, Galerie Barrès il y a peu…), Lucie Laflorentie(12) révèlera jusqu’au 15 septembre, les œuvres réalisées en résidence au Musée des Métiers du Cuir de Graulhet. On sait que son travail s’articule autour de sa conception d’une matière associée à un geste, qui finissent par construire un paysage. La douceur des coloris semble une constante chez elle et prend des tonalités nostalgiques. Il sera intéressant de voir comment sa perception contemporaine se conjugue à une activité avant tout artisanale et quels aspects, grain, couleur, format ou fonction de l’objet, ont retenu son attention. Par ses origines, Lucie Laflorentie est sensible aux témoignages d’un passé qui parfois se perd et qu’elle contribue à ranimer.

Au Musée d’Histoire naturelle de Gaillac, Laurent le Deunff(13) (vu au Mrac), s’est mesuré aux collections, tout en rendant hommage jusqu’au 5 novembre, à son créateur, Philadelphe Thomas, au Livre de la Jungle et aux Monty Python. L’artiste recrée, sous forme de Cabinet de curiosités, des parodies d’objets ou animaux, totems ou grosses pierres, plus vraies que nature (colliers de dents, trompe d’éléphant nouée, champignonnière de pierres…) et nous plonge dans une relecture de notre passé le plus archaïque non sans humour. L’hybridité des associations d’idées le lui permet. Les sculptures sur bois confinent au totem et paraissent plausibles tandis que le carton-pâte rappelle les décors de cinéma et donc la fiction. Ainsi le visiteur sera confronté aux sciences naturelles et à ses aspirations à la vérité absolue d’un côté, tandis que Le Deunff invite, dans les salles temporaires, à une autre vision du monde, relative, qui n’a pas de prétention à l’universalité mais celle de distraire, de relativiser, de brouiller les cartes. Et de témoigner des obsessions et interrogations de son temps, de l’intérêt de l’art pour les autres disciplines, lesquelles après tout ont beaucoup à nous apprendre, ne serait-ce que sur le concept de Collection. Les enfants, et ceux qui le sont restés, seront sensibles à ces propositions, décalées, d’un univers qui se prête à l’imaginaire comme il se prêta jadis, aux temps des bisons et des mammouths, à l’enfance de l’art : ours mal dégrossi, castor ce grand bâtisseur avec sa queue de sirène, chauve-souris à corps d’écureuil… Les sujets d’étonnement ne manquent pas…■

Du lundi au dimanche de 10h à 19h (fermé le mardi)

Entrée libre

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