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i c h a r m e

U n e p e i n t r e d a n s l e s i è c l e ( 1 9 0 4 - 1 9 9 1 )

P Z E N A S

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Musée de Vulliod-Saint-Germain 3, rue Albert-Paul Alliès

Ouvert de 10 h à 12 h et 15 h à 19 h

Fermeture dimanche matin, lundi et jeudi matin

Visites commentées de l’exposition les vendredis après-midi à 15 h (français) et à 17 h (anglais/français)

Vestiges du futur

MUSÉE NARBO VIA

Narbonne, Aude Jusqu’au 31 décembre

Les derniers Soulages 2010-2022.

MUSÉE SOULAGES

Rodez, Aveyron Du 24 juin au 7 janvier

Présentation d’une sélection d’œuvres du Musée Régional d’Art Contemporain de Sérignan, en relation au mois de l’art contemporain décidé par la Région Occitanie, rencontre découverte entre deux collections : 23 œuvres dont 21 au musée, deux autres à l’Horreum de Narbonne, Amphoralis à Sallèles-d’Aude. Introduction à de nouvelles approches de relation à l’histoire, à l’histoire de l’art, questionnant politique, culture, société, subjectivité. Invitation à saisir autrement le rapport au passé, à la Méditerranée, aux questions du présent, dans un lieu où antiquité et modernité se côtoient, se confrontent, parfois se confondent. Témoignage de ce que, les artistes d’aujourd’hui s’inspirent de l’ancien, d’une tradition plurimillénaire, leurs préoccupations restant identiques, à travers des médiums comme : dessin, photographie, vidéo, sculpture, écriture.

Parmi les artistes présents : Lawrence Weiner, Nathalie Du Pasquier, Fabrice Hyber, Véra Molnar, Anne et Patrick Poirier, Piet Moget, Claude Viallat.

Des œuvres ont été réalisées par les publics d’ateliers : deux mosaïques de carreaux en terre cuite des élèves du Patio des Arts du Grand Narbonne avec Eva Guionnet et Julie Vitosky, Totem mythologique, œuvre monumentale des jeunes de l’IME Pépieux, avec l’artiste Moss. Tél. 04 68 90 28 90. narbovia.fr

Pierre Soulages disparaissait le 25 octobre dernier, laissant derrière lui une œuvre considérable pour l’histoire de l’art. Le musée Soulages, à Rodez, lui rend hommage cet été à travers la présentation de toiles créées durant les dix dernières années de sa vie. Un témoignage émouvant de l’incroyable force créative de ce génie du noir.

« Pierre Soulages parti le 25 octobre 2022, plus que jamais le musée veut lui rendre hommage en confirmant que l’œuvre des dernières années réserve sa part de découverte et surtout la matérialisation intacte d’une forte énergie créatrice : des œuvres de grandes dimensions, une matière riche, un noir travaillé à la lame pour en accentuer la brillance, les effets de lumière, la réintroduction du blanc… Ceux qui ont eu la chance de fréquenter son atelier à Sète et à Paris, dans cette décennie, savent à quel point Soulages a travaillé avec passion et opiniâtreté. », explique Benoît Decron, directeur du musée Soulages. Cette exposition rétrospective rassemblera une trentaine d’œuvres de Pierre Soulages parmi les Ourtrenoir peints à partir de 2010. Une décennie pendant laquelle le peintre a réalisé des œuvres majeures dont les grandes Peintures de 390 x 130 cm de 2019 : trois furent présentées lors de l’Hommage du centenaire dans la Salle Carrée du Louvre en décembre 2019. Le musée Soulages, pour la première fois, réunira cette série de cinq grandes peintures en les accrochant ensemble. Tél. 05 65 73 82 60. musee-soulages-rodez.fr

La Feria sous le trait des artistes contemporains

MUSÉE DES CULTURES TAURINES

Nîmes, Gard Jusqu’au 31 octobre

La Ville de Nîmes présente l’exposition À l’Affiche ! La Feria sous le trait des artistes contemporains au Musée des Cultures Taurines - Henriette et Claude Viallat, à l’occasion des 30 ans de Carré d’Art. On y découvre des œuvres originales ayant servi à la réalisation des affiches de la Feria de Nîmes, pour la plupart conservées par le Musée d’Art Contemporain. Depuis 1984, la Ville de Nîmes commande chaque année à un artiste contemporain l’affiche qui signe cet évènement majeur de la vie de la cité. La présentation des œuvres originales de ces affiches permet d’évoquer le rapport entre tradition locale, tauromachie et art contemporain et les codes de leur représentation, tant dans ses thèmes que ses évolutions artistiques au cours des quarante dernières années. L’exposition présente les origines des affiches tauromachiques puis celles des Ferias aux XIXe et XXe siècles et leurs évolutions, avant de détailler les œuvres ou projets d’affiches réalisés depuis 1984

Tél. 04 30 06 77 07. nimes.fr

Musée-bibliothèque

Amalia Laurent CACN

Nîmes, Gard

Jusqu’au 29 juillet

Les trente ans de Carré d’art CARRÉ D’ART

Nîmes, Gard Jusqu’au 17 septembre

Le métissage des cultures produit de bien jolies choses et c’est le cas pour ce travail, in situ, de la Franco-javanaise Amalia Laurent, laquelle conjugue subtilement les impressions numériques de notre temps à la tradition du batik et à ses références indonésiennes. Cela donne une œuvre légère, claire et lumineuse, féminine au demeurant, essentiellement réalisée sur des tissus translucides, suspendus ou muraux, parfois sur châssis, assortis de plis et tenant lieu de fenêtre, métaphore du tableau. En fait, il s’agit pour cette jeune artiste de délimiter deux espaces, l’un profane l’autre sacré en tant qu’ils favorisent l’accès à l’invisible par le biais du visible. Des souvenirs de paysage affleurent en surface du tissu imprimé, des jeux d’ombres et de lumières, des sortes de grilles de lecture parfois, en rotin, empruntées au langage des signes et offrandes venues d’ailleurs. Ainsi est-on convié à un voyage dans l’intimité des divers lieux mémorisés par l’artiste. Celleci sollicite des échos de performances costumées, des catalogues et projets d’édition, de la musique expérimentale et les voix de gens du quartier, son expérience confinée du balcon parisien, le gigantisme d’une église allégée par le matériau textile et, en bouquet final, le récapitulatif de tous les lieux traversés. Conservés pieusement en cylindres de différents formats, protégés par la suspension du rideau, ils sont offerts aux autres, le temps d’une exposition. On se sent entre deux mondes, deux espaces, deux cultures qui au fond n’en font qu’une, l’humaine, et ses arts, avec une impression de flottement hybride. Et qui fonde L’Édifice immense du souvenir, sauvé de l’oubli.

Tél. 09 83 08 37 44. cacncentredart.com

Vincent Corpet, Fatras III

CHÂTEAU DE JAU

Au-delà du 30e anniversaire du bâtiment conçu par Norman Foster, Carré d’art célèbre ses acquisitions en les revisitant pour de nouveaux accrochages grâce à l’intervention d’artistes qui proposent leur choix singulier. Ainsi de la Nîmoise Suzanne Lafont, qui, dès le rez-de-chaussée, a conçu un accrochage original, alternant les œuvres rassemblées aux sélections absentes, ce qui permet à la fois d’aérer la présentation, d’ajouter du langage à l’image et de jouer sur la relation avec l’espace imparti. Tout s’articule autour d’une scène de guérilla urbaine mise en scène par Stan Douglas : ses personnages et ce qu’il leur faut pour survivre. Au troisième, Walid Raad nous fait une surprise en sollicitant les supposées œuvres offertes à Bob Calle, le grand collectionneur, puis conservateur, par une prétendue patiente, sous forme d’ombres de tableaux muraux. On est entre réalité et fiction et après tout l’histoire n’est pas toujours si exacte… Enfin, trois salles sont consacrées aux choix de Tarik Kiswanson, lequel a laissé libre cours à ses goûts de jeune artiste, plus sensible aux œuvres récemment montrées ou acquises par le Carré d’art. Côté femmes (Rosalind Nashashibi, Etel Adnan, etc.) et côté masculin (Jean-Luc Moulène, Danh VO...). Tout le deuxième et deux salles du troisième revisitent, par grandes tendances, le riche fond du musée. Il y en a un peu pour tous les goûts dans l’ensemble. On passe allègrement de Klein et Nouveau Réalisme à Combas et Figuration française ; de Penone et Arte Povera à Larry Bell ; du minimaliste Dan Flavin à Baselitz et la peinture allemande, ou de Nairy Baghramian à Aakram Zaatari, sans parler de nos régionaux : Azémar, Bordarier, Clément. Terminons par les trois vidéos de Martine Syms sur le corps noir au sous-sol. Puis la fête continue, dans la rue, chapelle des Jésuites ou dans les autres musées… Tél. 04 66 76 35 70. carreartmusee.com

Cases-de-Pêne, Pyrénées-Orientales Jusqu’au 25 septembre

Avec ce troisième Fatras, se clôt la série d’expositions estivales consacrées au peintre Vincent Corpet - ainsi que les contributions de Sabine Dauré, la créatrice de cette union inédite entre l’art contemporain et le vin (cf. Le jaja de Jau, de Ben), à qui il convient de rendre hommage pour plus de 45 ans de bons et loyaux services. Le premier Fatras s’articulait autour de genres traditionnels, natures mortes, portraits et quelques paysages. Le second, plus ambitieux, s’attaquait à la peinture religieuse et effectuait une lecture personnalisée des chefs-d’œuvre du genre. Le troisième s’intitule Le sauvage et met en exergue la façon dont le peintre, depuis trois décennies surtout, sollicite la condition animale. Certes, elle est tout sauf réaliste. Elle ferait plutôt appel à notre mémoire ancestrale, celle de la Préhistoire et celle qui précède notre acquisition individuelle du langage, lequel nous fait humain. Ainsi chez Corpet, c’est le traitement instinctif de la forme qui fait surgir, dans ses tableaux, un Bestiaire, qu’il assume, par Analogies (titre d’une série). Or, si l’animal est présent, l’Humain n’est pas loin, que l’artiste aime à peindre nu, sur fond neutre, comme une page blanche. N’est-il pas un animal, dont la particularité est qu’il sait le nommer, le peindre et se nommer ou se peindre lui-même ? Corpet ne se prive pas de les confondre. En témoignent ses portraits de De Gaulle, Churchill ou Kennedy, plus anthropomorphes que nature. Ou ses compositions dynamiques rendant compte de la sauvagerie évoquée. Son goût pour l’hybridité. Sa relecture animale des chefs-d’œuvre (Courbet). La part du Sauvage en lui, animale ou humaine. Car le peintre est le vrai Sauvage.

Tél. 04 68 38 90 10. chateaudejau.com

Longtemps nîmois, et gardois jusqu’à la fin, Pierre Parsus aura connu la même longévité qu’un autre Pierre, taillé comme un roc, le ruthénien Soulages, adopté par Sète, cette île singulière si fréquemment associée à l’ami Georges (plutôt qu’à Jean Vilar, ou à Paul Valéry). Il aura même grillé la politesse à son aîné de deux ans en disparaissant le premier, le jour de l’an 2022. L’éditeur André Philippe a eu la bonne idée, dans les années 70, de rapprocher le peintre du poète en invitant le premier à illustrer de lithographies les chansons du second : Les Sabots d’Hélène, Au bois de mon cœur, ou l’éternelle célébration des Copains d’abord… Le graphisme est nerveux, la composition dynamique et les points de vue sont divers. Parsus a surtout cherché à restituer le caractère subversif des textes retenus, sans fausse pudeur ni volonté d’atténuer les audaces. Ces lithos sortiront ainsi de leur précieux coffret pour enrichir et accentuer les diverses étapes du parcours biographique que propose l’Espace. Ainsi, certains aspects insoupçonnés de la personnalité de Brassens, telle qu’elle se manifeste peu ou prou dans ses textes, pourraient être mis en évidence, qu’elles concernent ceux que l’on peut dire engagés, tels que Mourir pour des idées, les érotiques ou intimistes (On connaît la relation fusionnelle de Parsus avec son épouse Lucette), les dits poétiques (Le petit joueur de flutiau) ou les plus grivois à l’instar du Gorille... Les deux hommes ont beaucoup discuté à propos de cette édition, que Brassens a approuvée : la quête spirituelle voire mystique du peintre pourrait alors apporter une inflexion significative et inattendue au parcours de vie du poète, tel que le propose l’Espace… Tél. 04 99 04 76 26. espace-brassens.fr

Kees Visser, Pieter Ceizer, Ivan Cremer

L.A.C.

Sigean, Aude Du 2 juillet au 24 septembre

La famille Moget a toujours eu le don de puiser dans le riche vivier de leurs compatriotes artistes. En témoigne cet été la présence de Kees Visser, même si ce dernier s’est exilé au cœur de la nature islandaise avant de se poser à Paris. Il s’agira pour ce praticien du monochrome, sériel, d’entrer en dialogue formel avec la riche collection des Moget (ses Mondrian et Van Velde, Alkema et Noland, des centaines d’autres dont les paysages bichromes de Piet Moget himself). Cet artiste intervient par la couleur, sur papier, en résonance avec l’espace qui l’accueille. On pense à un nuancier monochromatique, atonal si l’on considère ses œuvres qui perturbent notre besoin de régularité rassurante. Kees Visser sait varier les modalités de présentation, de la mosaïque à la peinture murale, de l’exploitation du sol au recours à des vitrines, de la superposition à la juxtaposition, etc. Sans avoir peur du grand format adapté au lieu, ni de la monumentalité d’une installation. Peter Ceizer apportera un peu de fantaisie à ce travail qui peut sembler austère, : les formes, chez ce Yougoslave, donnant l’impression de s’émanciper, d’esquisser des mouvements de danse sur la toile, créant une atmosphère de rêve, les lettres se confondant avec les motifs et figures dans un travail de brouillage des clivages habituels. Enfin, Ivan Cremer, encore un Hollandais, aura la lourde tâche d’assurer la composante sculpturale de cette exposition, par récupération de matériaux bruts, lui qui ne saurait nier sa fascination pour l’architecture des ruines, ni son intérêt philosophique pour la notion de temps. Deux peintres contrastés et un sculpteur. De quoi découvrir certes, mais aussi voir la riche collection familiale autrement.

Tél. 04 68 48 83 62. lac-narbonne.art

Katinka Bock

CRAC

Sète, Hérault Du 1er juillet au 7 janvier

Le Crac a une nouvelle fois délégué sa confiance estivale à une artiste femme, dont la particularité est de s’intéresser aux matériaux des lieux où elle expose, et de mettre en valeur en particulier le thème de l’eau. Sète était donc un lieu qui ne pouvait que lui convenir et la solliciter, en tant que port, limite entre deux, voire trois, éléments, et aussi ses canaux, ses étangs et ses joutes, évoquées dans un film. Sculptrice allemande à l’origine, adoptée par notre pays, elle s’intéresse aux matières qui se manipulent et transforment (tissus, céramiques…) sans forcément chercher la monumentalité. Elle les associe, leur fait vivre l’expérience des limites (comme disait feu Sollers), joue avec la relation d’équilibre qu’ils entretiennent entre eux. Elle pratique aussi la vidéo (cf. Notes de plans prises en Super 8, journal de bord, filmé du point de vue des canaux) et la photographie (empreintes sur le corps). Le titre Silver est polysémique. Il renvoie aussi bien au pirate de Stevenson qu’aux reflets du soleil sur la mer, aux architectures modernes qu’au thème du temps qui métamorphose. Au fil des salles, on la verra recourir à des matériaux solubles et précaires tels les savons mis en pierre, explorer ces prolongements du corps que sont la cuiller, la lance ou encore la fourche et même l’armure ; faire des pieds et des mains (des pouces et coudées) pour réaliser une constellation de briques de terre cuite au sol, ou encore rendre compte de la relativité de notre représentation, approximative, d’un mètre étalon. À chacun sa perception. Enfin recourir à la photographie pour relever des fragments de corps et donc de peau, cette limite entre notre être et le monde extérieur, à savoir l’espace.

Tél. 04 67 74 93 37. crac.laregion.fr

Ana Mandieta

LA PANACÉE

Montpellier, Hérault Jusqu’au 10 septembre

L’Histoire de l’art n’en finit plus, tant l’ignorance avait été tenace, d’extraire de sa besace magique les artistes au féminin qu’elle avait jusque-là négligées. La cubaine Ana Mandieta fut sans doute une précurseure, ou du moins contemporaine de bien des expériences qui paraissent évidentes aujourd’hui mais qui durent affronter les préjugés, esthétiques, moraux et sans doute quelque peu sexistes de leur temps. C’est la période allant de 1968 (date qui rappelle encore quelque chose à quelques anciens) à 1985, où elle disparut prématurément (et non sans controverse féminicide), qui sera présentée à la Panacée, ses œuvres les plus marquantes et quelques découvertes inédites. Chaque salle aura son thème, sachant que l’artiste a travaillé un peu tous les médias et que sa singularité l’a poussée à produire des réalisations éphémères, toujours fondées sur l’empreinte du corps, grâce à la terre ou au sable, dans un esprit de rejet du système commercial. Ce sont ses Siluetas qui ont attiré l’attention, d’autant qu’elles font passer de l’individuel à l’universel et, audelà, au mythe, ainsi que le prouvent ses recherches rupestres, son intérêt pour les diverses Vénus non canoniques, et pour les fétiches féminins. Ana Mandieta fut également une remarquable exploratrice du corps féminin, capable de faire de son corps une œuvre d’art, de lui infliger des transformations inouïes et d’analyser les codes de la distinction par genre avant tout le monde. La main fut son outil de prédilection et les éléments ses matériaux. Enfin, il y a sans doute quelque chose de singulier dans sa double culture américaine et cubaine qui donne à son œuvre une légitimité que l’on ne trouve pas forcément ailleurs.

Tél. 04 99 58 28 09. moco.art

Autant que faire se peut

MAISON DES CONSULS

Matelles, Hérault Jusqu’au 26 novembre

Ce bijou de musée ouvre ses collections néolithiques à six sortes de réalisations explorant des matériaux modernes. Le geste le plus spectaculaire émane de la doyenne, Anita Molinero, qui sculpte les matières urbaines (poubelles, plots) au lance-flammes, testant leurs capacités de résistance à l’informe, produisant des déformations que l’on peut doublement qualifier de « plastiques ». Maxime Sanchez coïncide au mieux avec la vocation du lieu qui l’accueille, lui qui produit des œuvres hybrides où se mêle l’ultra-contemporain (kit carrosserie, déco autocollants), dit mineur, à l’histoire de l’art, des hommes et même à des animaux préhistoriques. Cela produit d’étranges volumes, muraux ou sculpturaux, ici rappelant le squelette d’un dinosaure, définissant une archéologie du présent. Nicolas Daubanes a fait de la poudre d’acier aimantée, empruntée aux barreaux de prison, son matériau de prédilection, et de l’univers carcéral, marginalisé, son domaine, comme le prouve son magistral triptyque, où la poudre qui se déploie depuis le toit prend des airs d’évasion. Le matériau se met ainsi au service d’une cause. C’est sensible dans les fragiles céramiques d’Agnès Fornells, réalisées à partir d’objets du quotidien (serpillère, bidons, cagette…) repérés en milieu urbain, lors de ses voyages au Mexique, installés autrement, ou devant un poster référent. Agnès sait l’art de faire parler les murs. Clément Philippe ajoute une dimension écologique à son exploration des failles de la chimie la plus nocive. Pour son installation, il recourt à la pierre locale conjuguée à des fils électriques et des flacons de sulfate de cuivre qui ne demande qu’à s’écouler… Enfin, Lucie Laflorentie est une véritable poète des matériaux de construction qu’elle colore, anime, combine, de manière à restituer une vision concrète et synthétique des paysages. Une des jolies, et modestes, surprises de cet été. 04 99 63 25 46. grandpicsaintloup.fr

MRAC

Néo Rauch

MO.CO

Montpellier, Hérault. Du 8 juillet au 15 octobre

Le hasard, qui fait bien les choses, a voulu que l’exposition Immortelle du printemps, des dizaines de peintres français à découvrir, soit suivie cet été d’une monographie d’un seul peintre, Allemand (de l’Est), internationalement reconnu depuis des lustres, et à l’aura incontestée. C’est assez dire le retard pris par la France en matière de peinture, figurative en tout cas, que nous avons à rattraper si nos artistes veulent vivre décemment de leur art (et pas seulement de subventions et résidences).

Il importait de le rappeler. Néo Rauch n’a jamais caché son penchant pour un certain surréalisme, celui des images énigmatiques et de l’inquiétante étrangeté. Il pratique aussi, depuis les années 90, ici présentées, des combinatoires complexes d’êtres et objets fortuitement rapprochés, du moins en apparence. Les formats sont imposants, l’univers souvent plombé, avec des fonds sombres ou bleutés qui renvoient sans doute à ses origines. Les personnages s’y livrent à d’oniriques rituels induits par les associations d’idées. Celles-ci témoignent de l’histoire, de la mémoire, de l’enfance, des angoisses vécues, et déterminent ce qui donne le titre de cette rétrospective : Le songe de la Raison. On est quasiment dans l’oxymore. S’en dégage une impression de puissance, comme souvent avec la peinture allemande. Le thème du travail est omniprésent (L’apprenti), celui de la performance ou de l’élection performative semble une obsession (La Première), mais aussi celui de l’exil (Zone frontalière, Transition) et surtout celui du danger (La menace, Tours). Néo Rauch aura réussi à restituer l’esprit de son pays d’origine, qu’il fait accéder à l’universel. Cela donne à son œuvre une authenticité qui justifie l’acte de peindre, et explique son succès. Qu’on peut toujours lui envier… Tél. 04 99 58 28 00. moco.art

Jusqu’au 24 septembre

Les deux expos estivales du Mrac séduiront les enfants de 7 à 77 ans autant qu’un public averti. Mrzyk & Moriceau présentent leurs Meilleurs vœux de la Jamaïque, par le biais de dessins (inénarrables, accumulés le long des murs), mais aussi d’objets des plus désopilants (chaussures et palmes). Une très instructive vidéo, illustre leur méthode d’innovation, fondée sur l’hybridité formelle. Ils recourent au wall-drawing et au parcours labyrinthique où le visiteur peut s’immerger dans une bande dessinée en relief, à échelle corporelle. Un bonheur pour ceux qui ont gardé une âme d’enfant, et demeurent toujours émerveillés par Tintin et ses acolytes. Le célébrissime John M. Armleder peut également séduire le grand public. Par ses curieuses associations d’objets toujours dérangeantes, quelques décennies après ; par la réflexion que génèrent les miroirs modifiant notre perception de la réalité des choses ; son obstination à aligner de ludiques planches de surf, contre le mur, en suites numériques ; par son invitation à circuler parmi des rangées de boules disco motorisées face à des images du cosmos glanées sur le Net ; et même par ses vitrines exposant des moulages de cerveaux en or… Ajoutons-y ses incroyables tableaux longitudinaux recouverts de peinture jetée, et qui peut donner une impression de simplicité, festive, d’exécution. Une installation aux néons évoque un jeu de mikado, des tableaux géo font penser à des cibles, on repère la présence de sapins argentés… Bref, l’œuvre, formaliste à la base, s’avère plus accessible qu’il n’y paraît. On sera sensible à l’humour de ces assiettes blanches posant d’emblée la question du décoratif, présente dans le mobilier décalé, qui a fait sa réputation.

Tél. 04 67 17 88 95. mrac.laregion.fr

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