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flanc d’abîme. Surréalisme et alchimie.
Ce village du Lot, tout en escarpement, est sans conteste l’un des plus beaux de France et ce n’est pas par hasard (ou alors objectif) si André Breton y avait installé sa demeure, enfin réhabilitée. Elle sert de cadre à un opportun rapprochement du groupe avec cette énigmatique activité à laquelle le surréalisme d’après-guerre s’est particulièrement intéressé : l’alchimie, sa quête d’absolu et sa volonté de penser autrement le monde. Quatre lieux ont été mobilisés intra-muros, ainsi que le château de Cénevières, le seul renaissant à posséder un cabinet d’alchimie, où Yoan A. Gil expose ses dessins de fragments sciemment inachevés (à l’instar de ladite quête). Les maisons Rignault et Breton, cette dernière à la mémoire si vive de réunions et jeux surréalistes, proposent les premières salles du parcours. On y présente au profane l’art sacré et secret de ces rêveurs de matière, et de ce rêveur définitif que fut René Alleau, grand connaisseur de symboles devant l’éternel et aquarelliste hors pair. On creuse ensuite en peinture et dessins les relations esthétiques des deux pensées, l’ancienne et la moderne, que le surréalisme incarne. Puis leur postérité : Maison Lespagnol, Venus d’ailleurs présente le projet d’édition Luna et une dizaine de contemporains marqués par le langage des oiseaux. On y retrouve nos Nîmois Yves Reynier, Michel Cadière, Susan Mende… Le poète de l’oralité, Serge Pey, offre enfin une carte blanche à son œuvre au noir, impliquant ces lames du tarot ayant tant fasciné l’imaginaire surréaliste. Outre le maire et les commissaires, il faut féliciter l’association La rose impossible pour sa clairvoyance et son respect du patrimoine : il incite au rêve et fait tant de bien. maisonandrebreton.fr
Jean-Luc Parant
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Ce parc de loisir, voué aux jeux d’eaux, propose également un parcours artistique de pièces réalisées pour le lieu ou adaptées à sa spécificité ludique. A mi-parcours, une tour médiévale, se voit investie chaque année par un(e) artiste : cette année, la Lilloise Séverine Hubard, qui l’a transformée en Tour de siège, en tout cas dans le principe et l’idée, ainsi que l’on pourra le vérifier dans les maquettes à l’étage. Séverine Hubard ne craint pourtant pas de se mesurer au monumental dans sa construction d’engins faits de bric et de broc mais toujours avec discernement et minutie ; ses empilements de matériaux divers et modernes ne le prouvent que trop. Pour cette édition, elle a ainsi fabriqué un immense couillard, une catapulte à godets de pelleteuse, qui donne l’impression de vouloir trouer les murs et de nous transporter vers l’extérieur, véritable lieu de la bataille. Si guerre il y a, pour l’artiste, elle est plus métaphorique, voire ludique, que référentielle. C’est celle qui se pratique contre le système qui nous broie : ainsi que le suggère les rouleaux (à gazon) de sa mobile Barrière. D’où ces allusions à Hermès ou à Vuitton, fleurons de l’industrie de luxe. Et, au-delà, au marché de l’art, pas toujours juste et souvent manipulé. L’artiste est en lutte, ainsi que le prouve l’œuvre intitulée Gloups, où des cailloux sont catapultés sur des plaques de verre. Si elle ne peut déplacer des montagnes, il lui arrive de déplacer des maisons en les mettant sur pattes. Ajoutons qu’un bélier sort d’une ouverture, ce qui est assez préciser combien l’artiste bouleverse notre vision des choses puisqu’il cherche à forcer l’extérieur. L’artiste est engagée, mais avec humour et cela fait du bien par les temps qui courent, où l’on a besoin d’un peu de jeu dans les jointures.

Tél. 04 66 47 63 76. levallon.fr
CHAPELLE DE LA MISÉRICORDE (jusqu’au 15 juillet) & GALERIE AL/MA (jusqu’au 17 septembre)

Montpellier, Hérault
Ce grand conquérant, par le biais de la sphère en sculpture et du texte ininterrompu que fut, jusqu’à l’été dernier, Jean-Luc Parant, n’aura posé qu’une boule, autant dire un pied, galerie Al/ma, quelques mois avant sa disparition, en attendant de concrétiser un projet plus abouti, malheureusement posthume. C’est chose faite à présent, grâce à l’obstination de Kristell Loquet, et au respect de la parole donnée par MC Allaire-Matte. J.L. Parant, ce sont des multitudes de boules singulières qui auront représenté l’essentiel de sa production durant soixante ans, en cire noire et filasse, de toutes formes et changeant de forme voire de couleur au fil des années. Mémoire du Merveilleux, déjà présenté à Paul Valéry, témoigne du passage de la sculpture à l’installation sous forme d’éboulement ou amoncellement. Il devrait enchanter les visiteurs de la chapelle de la Miséricorde, d’autant qu’à la prolifération de boules diverses se mêlent bon nombre d’animaux naturalisés qui enrichissent l’œuvre non seulement de connotations préhistoriques mais également d’allusions au paradis pré-adamite. Tout est affaire d’yeux. Car J-L Parant, c’est la suprématie des mains qui modèlent mais aussi des yeux, auxquels les boules font souvent penser. Néanmoins, l’artiste et poète était trop subtil pour ne pas investiguer du côté de ce qu’il y a derrière les yeux, à savoir la pensée. Il l’a fait dans de nombreux livres (cf. Fata Morgana…) dont le dernier sera présenté à la galerie (Soleil Explosion, chez Al Dante) ainsi que sur des supports divers, en papier, qui vont de l’enveloppe récupérée à la partition, assortis de dessins. Ainsi l’écriture de textes et la confection de boules vont-elles conquérir, on l’espère, Montpellier… Tél. 06 63 27 15 63. galeriealma.com / montpellier.fr
Shark Bay, bancs de sable dans la baie de L’Haridon Bight, péninsule Peron, Australie-Occidentale, Australie (26°12’ S - 113°43’ E)
