15 minute read

AU CŒUR des musées

Violaine Laveaux, dialogue avec Paul Dardé MUSÉE DE LODÈVE

Hérault

Advertisement

Constellations

MUSÉE D’ART MODERNE

Jusqu’au 27 août

Céret, Pyrénées Orientales Jusqu’au 29 octobre

Se mesurer au puissant sculpteur de l’impressionnant Faune, pour le 60e anniversaire de sa mort, était une gageure ambitieuse, majuscule même… Qu’une artiste de la fragile céramique a pourtant accepté de relever dans cette carte blanche qui porte bien son nom puisque le blanc donne son unité à l’ensemble - parfois contrasté de branchages en contrepoints noirs mais évidés.

L’exposition comprend deux volets. Le premier est emprunté au chef d’œuvre incontesté de Paul Dardé, L’Éternelle douleur d’une femme à chevelure de serpents, qu’un esprit ouvert aux formes combatives de la féminité ne pouvait qu’assimiler à la Gorgone. Violaine Laveaux en décline le parcours en cinq étapes, ce qui lui permet, passé la confrontation avec cette figure effrayante de Méduse (sur tissu imprimé), de revenir sur l’enfance et l’adolescence, période de jeux ré-créatifs, d’attente du monde adulte, de découverte du corps et de la personnalité, qui entrent en écho avec sa propre biographie. La Gorgone par sa capacité de pétrifier, est en rapport direct avec la métamorphose d’un règne à l’autre, du végétal ou de l’animal (Le lapin par exemple, également emprunté à Dardé) au minéral.

En fait les œuvres de Violaine Laveaux compensent en multiplicité, en finesse, et en grâce, bien incarnée par les oiseaux, ce qu’elles récusent en force et virtuosité. On a affaire à un travail méticuleux et varié, ludique au demeurant, et ne négligeant pas l’acception botanique du mythe. Les mains serpentines ou La jarre aux serpents en sont les points forts. Le miroir bombé qui clôt le parcours assure une transition culturelle avec l’autre volet de cet écho recherché : les dessins de Dardé sur Macbeth et sa diabolique Lady, plus illustratifs et subjectifs qu’esquisse à des sculptures. On revient à la figure paternelle, elle aussi métamorphosée par ce bain à la fois de porcelaine et de féminité. BTN Tél. 04 67 88 86 60. museedelodeve.fr

Prenez un musée qui a fait ses preuves, qui peut s’honorer de ses riches collections et de son histoire, qui a fait peau neuve récemment et s’est considérablement agrandi, et mettez-y les acquisitions publiques de ces dernières décennies en région, celles du Frac ou celles du Mrac. Secouez le tout : cela donne une suite de Constellations, dans des nuits étoilées que Bachelard assimilait à la Création.

De la façade (Kristina Solomoukha) au belvédère (Bertrand Lamarche), d’où mieux observer la voute céleste, il s’agira, au fil des salles, de faire briller non les toiles, minoritaires bien qu’en en net regain, mais chaque œuvre conçue comme une étoile.

Certes les plus anciens dont je fais partie auront une impression de déjà-vu mais les plus jeunes, les autochtones et les touristes auront de quoi se sustenter. 40 artistes, toutes générations confondues, de celle de Soulages et son triptyque à l’outrenoir, à Mimosa Echard, qui nous vient d’Alès, récente prix Duchamp, et renouant pourtant avec le tableau, gorgé de matières organiques et naturelles. En passant par Boltanski ou les Poirier en ruines, Alkema à l’époque où il composait des suites photographiques en sculptant dans le visuel, l’incontournable Yayoi Kusama que l’on ne présente plus tant ses pois accumulés jusqu’au délire au rouge ont fini par la rendre célèbre.

Le public sera ainsi convié à contempler des œuvres qui nous ouvrent sur le cosmos, à l’instar d’Yvan Le Bozec ou de la longue nuit stellaire d’un Joan Duran, mais aussi aux méditations solitaires conçues par Djamel Tatah, à ces paysages aux coquelicots dessinés au fusain par Belkacem Boudjellouli, ou aux trois Grâces en terre cuite de Johan Creten.

Ainsi traversera-t-on un demi-siècle d’histoire de l’art, régional, national ou au-delà… d’Andrieu à Jacquet, et à Jessica Warboys, qui dompte la mer et le vent littoral. Comme on voyage en la voute céleste…BTN

Tél. 04 68 87 27 76. musee-ceret.com

Georges Braque

MUSÉE PAB

Alès, Gard Du 13 juillet au 29 Octobre

À travers, Georges Braque, l’œuvre graphique, le musée Pierre-Henri Benoît (PAB) poursuit sa présentation d’artistes ayant travaillé et tissé des liens d’amitié avec le créateur du lieu. L’exposition est un hommage au peintre, sculpteur et graveur français pour les 60 ans de sa disparition. L’œuvre graphique du Georges Braque comprend ses créations sur papier, ses dessins au fusain ou au pastel gras et ses estampes. La plupart réalisées pour des livres de peintre, les deux-cents œuvres de l’exposition se montrent sous toutes leurs facettes techniques, pointes-sèches, eaux-fortes, lithographies et gravures sur bois.

Figurent également les « cartalégraphies », dont Pierre-Henri Benoît a donné l’idée à Georges Braque, en fait des gravures sur carton, imprimées en noir sous la même presse que le texte. Commencée lors de la période cubiste, la collection présentée explore les thématiques de prédilection de Georges Braque, la mythologie et ses héros, l’oiseau et l’atelier. Plus que de se succéder chronologiquement, elles se superposent, tissant des rapports les unes avec les autres. L’exposition de l’été.

Tél. 04 66 86 98 69. museepab.fr

Valentine Schlegel

MUSÉE FABRE

Montpellier, Hérault Du 12 juillet au 5 novembre

Née près d’Arles (1904) et enterrée à Mudaison (1959), cette sculptrice a entretenu des liens très forts avec sa ville formatrice, Montpellier. Le musée Fabre possède plusieurs de ses œuvres majeures, notamment cette Chauve-souris qui intrigue, effraie et impressionne par son façonnage virtuose. L’animal, en particulier les insectes du Sud (mante, fourmi, sauterelle, cigale…), a fasciné Germaine Richier, dans un esprit d’anthropomorphise évident, qui lui permet de résoudre des problèmes techniques comme des questionnements métaphysiques. Cette rétrospective permet de revoir son éphèbe Loretto, bronze de jeunesse influencé par Bourdelle, mais aussi ses tentatives probantes d’intégrer la couleur (L’échiquier), parfois avec la complicité des peintres. L’art de Germaine Richier, reconnu depuis des lustres, revient au premier plan du fait de son obstination à s’approprier la nature, qu’elle métamorphose et humanise, de sorte que l’on peut parler d’hybridation. Ses formes ne sont jamais abouties, sciemment filiformes ici, rondelettes là (La source) en fonction des sujets qu’elle traite, souvent réduites à des lignes abstraites venant compliquer le confort du regardeur. Ses thèmes puisent dans la culture du Sud, mythique et traditionnelle (tauromachie, Don Quichotte), dans la religion, tel ce fameux Christ pathétique de l’église d’Assy et dans l’allégorie… On la surnommait d’ailleurs L’ouragan(e) du fait de sa puissance créatrice, elle qui aimait modeler la femme au combat (L’escrimeuse). Le parcours devrait nous immerger dans ses thèmes de prédilection, sa gestion du vide et sa prise en considération de l’espace, surtout cette fameuse Montagne qui semble incarner le StLoup terrassant l’Hortus… BTN

Tél. 04 67 14 83 00. museefabre.montpellier3m.fr

HÔTEL CABRIÈRES-SABATIER D’ESPEYRAN

Montpellier, Hérault Jusqu’au 17 octobre

On a pu la découvrir, au Crac, avant la pandémie, ses amitiés féminines, son goût de la liberté en dehors des circuits commerciaux, sa volonté de revendiquer un art de vivre, à commencer par celui qu’elle entend réveiller chez l’habitant, dont la vie quotidienne doit devenir une fête en la maison. De sa production, de Paris à Sète, ressortent deux périodes : les années 50, où elle participe au renouveau de la céramique, inventant des œuvres biomorphiques, aux formes organiques qui s’avèrent aujourd’hui d’une évidente actualité ; les années 70 où son intérêt se porte sur les grandes cheminées en staff, d’une blancheur pure, dont elle réalise préalablement des maquettes, et dont la forme élancée devient sculpture à vivre. Les archétypes sexistes tendraient à affirmer qu’il émerge quelque chose de foncièrement féminin dans sa prédilection pour le décor intérieur, comme si à l’origine était avant tout une histoire de femmes. De même, cette tendance à donner vie à des objets nouveaux, et à chaque fois différents. Les historiens trancheront. Cette œuvre, qui s’est achevée en 2021, avec le décès de l’artiste, est à présent confrontée, dans cet hôtel prestigieux, aux riches intérieurs de la grande bourgeoisie qui ne lésinait guère sur la pléthore d’objets décoratifs ni sur sa conception d’un goût affirmé pour l’opulence. Il sera donc intéressant de voir se mesurer deux univers, celui d’une femme libre face à un monde régi par des conventions, des règles et des valeurs qu’elle ne partageait pas forcément. Des photographies, notamment d’Agnès Varda, enrichiront l’exposition. BTN

Guino-Renoir, la couleur de la sculpture

MUSÉE D’ART HYACINTHE-RIGAUD

Perpignan, Pyrénées-Orientales Du 24 juin au 5 novembre

À travers l’exposition inédite, Guino-Renoir, la couleur de la sculpture, le musée d’Art Hyacinthe Rigaud montre plus de deux-cent œuvres du catalan Richard Guino (1890-1973) et du répertoire sculpté de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Le premier est un enfant prodige de la sculpture, repéré dès ses 16 ans. Ses études le mènent à Barcelone et sa carrière prolifique le fait explorer la matière sous toutes ses formes, bois, plâtre, verre, peinture, papier… Il rencontre Renoir lors d’une exposition à Gérone en 1908 et rejoint le célèbre artiste français à Paris en 1910. Leur collaboration fructueuse s’étend de 1913 à 1917. Une conjonction entre les deux artistes déterminantes dans la carrière du Richard Guino. L’émulation parisienne catalyse son activité artistique, tant sur le plan de la statuaire que sur celui des Arts décoratifs. La présentation de son travail à Perpignan suit la courbe de son évolution artistique au contact du grand sculpteur français. Le jeune catalan l’assiste dans la réalisation de ses créations, à tel point qu’une procédure judiciaire aboutira à la reconnaissance de Richard Guino comme co-auteur des sculptures de Renoir. Une exposition à ne pas manquer.

Tél. 04 68 66 19 83. musee-rigaud.fr

Ma vie à vos pieds, Raymond Massaro, bottier MUSÉE ANGLADON

Avignon, Vaucluse

Jusqu’au 8 octobre

Une vie vouée à la peinture, résumée en un parcours, dont le second niveau se déploie en sept étapes, un chiffre qui respire, sinon la perfection, du moins l’abouti, le plein épanouissement. Voilà ce que présente cette plongée dans l’œuvre de Richarme, que l’on peut aujourd’hui aborder avec le recul qui permet d’en saisir l’intérêt et les lignes de force. D’autant que l’Histoire de l’art est en train de revoir ses copies à la lumière des engagements féminins trop longtemps ignorés. Le voyage proposé se déploie certes en thèmes mais sans renoncer à la chronologie : on est accueilli, parmi maints documents, par un rappel de l’enfance chinoise, que Bernard Derrieu estime à juste titre déterminante. Il s’achève à l’étage par les toiles urbaines, confondantes de modernité avec ses effets de flou que recherchent aujourd’hui bien des photographes afin de mettre en exergue la lumière, la porosité des formes et des contours, l’unité du monde, dont le tableau témoigne en modèle réduit. De même, la série des grands Ciels où l’on sent l’artiste libérée de la tyrannie de la ligne, et tentant d’accéder à l’équivalent en peinture de ce que la poésie suggère, par touches allusives. Mais au-delà des paysages urbains ou naturels, déclinés selon les saisons, Richarme a beaucoup pratiqué les Natures mortes, microcosmes des architectures extérieures, et le portrait de proches, qui deviennent sous son pinceau, des êtres nouveaux. Des palettes aussi qui font exploser la dichotomie Abstrait/Figure. Au fil du parcours, on découvrira une âme fervente, portée par une énergie hors du commun, et des élans combatifs de bâtisseuse – d’absolu. BTN Tél. 04 67 98 90 59. ville-pezenas.fr

« J’ai passé ma vie à vos pieds » : cette citation pourrait résumer le parcours d’un homme, héritier d’une lignée d’artisans bottiers dont le nom, Massaro, associé à celui de clientes célèbres comme Marlène Dietrich ou Romy Schneider, ainsi qu’à celui de grands couturiers comme Grès, Chanel, Lagerfeld ou Alaïa, devint synonyme d’exigence, de luxe, d’extrême élégance. Raymond Massaro (1929-2019) confiait avoir « appris son métier au pied des femmes ». Plus qu’une attitude, ce dévouement chevaleresque fut le fil conducteur d’une existence entièrement dédiée à un métier-passion. Conçue par Lauren Laz, directrice du Musée Angladon, en étroite association avec Laurence Massaro, fille de Raymond, l’exposition Ma vie à vos pieds. Raymond Massaro, bottier donne à admirer les différentes facettes de cette trajectoire en plus de 120 pièces, prototypes et modèles de chaussures iconiques. Une collection rassemblée pour l’essentiel par Laurence Massaro, et complétée grâce aux archives des maisons Chanel et Massaro. S’y dévoilent, dans une scénographie du studio bt d’Avignon, les croquis, dessins et formes de bois sculptées — ces matrices des modèles en devenir – les créations les plus raffinées, chaussures-bijoux réalisées en dentelles ou brodées de perles, les modèles extravagants, dont un incroyable escarpin de vernis noir à la silhouette racée, mais aussi les classiques ayant marqué l’histoire de la mode, comme la célébrissime sandale bicolore créée en 1958 pour Coco Chanel.

Tél. 04 90 82 29 03. angladon.com

Jacques Léonard

MUSÉE RÉATTU

Arles, Bouches-du-Rhône Jusqu’au 1er octobre

On connaît les liens uniques qui associent le musée Réattu, et a fortiori la ville d’Arles, à la photographie d’art (notamment grâce à Lucien Clergue). On connaît également ceux qui relient la Camargue dans son ensemble à cette communauté gitane qui a ses règles, que l’on ne comprend pas toujours bien et que l’on connaît au fond qu’un peu superficiellement. Jacques Léonard, à la suite de son mariage, et à son exil ibérique, a eu l’occasion de l’approcher de manière confiante et intime. Ce sont quelques-uns de ces clichés, dans un Esprit nomade, sur les mœurs et activités gitanes que nous propose le musée Réattu cet été, plus particulièrement du côté de Barcelone, dont il traque également les événements, les scènes de la vie courante, les lieux, en noir et blanc pour leur conserver leur caractère documentaire. On découvrira également sa série d’exilés, ces jeunes qui ont fui la guerre dans les années tragiques et ont traversé l’Espagne pour se rendre en Afrique. Ou encore le retour de la division Azul, envoyée par Franco pour épauler les Allemands dans leur lutte contre l’ennemi rouge. À noter, la galerie Anne Clergue présentera également les clichés de Jacques Léonard jusqu’au 26 août. Mais le Réattu réserve une autre surprise : la présentation, au fils de ses salles et collections propres, des fleurons de la Collection privée du couple Florence et Damien Bachelot. On y retrouve la fine fleur de la photographie humaniste et sociale des Brassaï ou Cartier Bresson, Boubat ou Doisneau, limitée toutefois au portrait et qui ressuscitent ces figures disparues ou altérées par le temps, dans des tirages comme l’on n’en fait plus, témoignant d’une époque plus « posée », que l’on n’en finit pas de regretter. BTN

Tél. 04 90 49 37 58. museereattu.arles.fr

Martial Raysse

MUSÉE PAUL VALÉRY

Front de mer. Canet, Collioure, Banyuls.

On imagine le plus souvent la côte vermeille comme un paradis. Il a pu se transformer en enfer lors de l’occupation allemande en 40. Certains artistes s’y sont réfugiés et ce sont ces heures sombres que cette exposition entend relater. À Canet, autour des résidents du Crépuscule, les surréalistes Jacques Hérold (bientôt résistant) et Oscar Dominguez, puis Victor Brauner bientôt assigné à résidence. Cette période est cruciale dans son cas et l’exposition se fait fort de le montrer. Le rôle du modèle de Maillol à Banyuls, Dina Vierny, est également mis en exergue. On découvre un artiste de la Retirada, Gerardo Lizarraga et ses dessins fantastiques, interné à Argelès, avec Carl Rabus. Collioure abrite Marquet puis Dufy, qui s’y adonnent à la céramique, tandis que certains préfèrent voir le petit port de pêche tel un havre de paix, où s’adonner à la peinture de paysages plus ou moins apaisés : Vergé Sarrat, Déchorain, et Navarro Ramon. C’est un pan de l’histoire sombre qui est pourtant ré-suscité en peinture et dessins, réhabilitant des figures quelque peu oubliées de l’histoire, en particulier Robert Rius, fusillé par la gestapo, et homme de confiance de Breton, lequel s’embarquait alors pour l’Amérique. Des prêts d’un peu partout (y compris un Matisse, alors en correspondance avec Marquet) restituent l’esprit de cette année créative que le MAM a divisé en thématiques, parfois intrigantes : « Le crépuscule surréaliste », « Le cas Brauner », « Étagère en flamme », « Serrures en friche », « Baignoire de sable », « Les racines du soleil ». Un volet contemporain est représenté par des objets, des empreintes, des récits et des chants. On y retrouve la Franco-Marocaine Nissrine Seffar (dont on connaît les volumes sur Rivesaltes, faits de débris ou de bouteilles de gaz), Emma Dusong, Nicène Kossentini… Et l’on s’instruit doublement (art et histoire). BTN

Tél. 04 30 44 05 46. museecollioure.com

Sète, Hérault Du 17 juin au 5 novembre

Pas moins d’une centaine d’œuvres rassemblant peintures, sculptures et dessins de l’un des plus grands peintres français, réunies dans cette exposition. Un véritable événement, car depuis la rétrospective du Centre Georges Pompidou en 2014, du Palazzo Grassi en 2015 à Venise, Martial Raysse ne souhaitait plus exposer dans un musée. C’est cependant au musée Paul Valéry à Sète, qu’il montre ses œuvres récentes, plusieurs grands formats tels que Le Lever du jour (2020), La Tombée de la nuit (2021), La Peur et La Paix (2023). Depuis les années soixante, l’artiste exprime cette volonté d’expérimentation, le conduisant à utiliser les techniques de production d’images que l’exposition mettra en exergue, soulignant les articulations qui peuvent exister entre plusieurs pans de sa production.

Entre légèreté et gravité, Martial Raysse médite sur les rapports entre l’art et le monde.

Les modèles féminins, tirés de la grande peinture, sont élevés au rang de personnages mythologiques, incarnant autant de Diane ou de Vénus contemporaines. Les grandes compositions, marquées par la violence, la mort, le désir, sont autant de marqueurs de la peinture d’histoire ou allégorique, théâtre éternel des passions humaines.

Tél. 04 99 04 76 16. museepaulvalery-sete.fr

Oliver Laric

MUSÉE DE LA ROMANITÉ

Nîmes, Gard Jusqu’au 31 décembre

Nous vivons à présent déchirés entre notre respect scrupuleux du passé et notre inquiétude face à ces nouvelles technologies qui bouleversent nos valeurs esthétiques. Un artiste comme l’Autrichien Oliver Laric prend le pari de la réconciliation, de l’enthousiasme, de la confiance en l’avenir. Il s’agit, en effet, de revisiter les collections antiques à la lumière des imprimantes 3D, de fournir à la copie ses lettres de noblesse, de proposer de multiples variations à partir des vestiges anciens. Le soussol de musée offre ainsi au visiteur une plongée dans des œuvres reconstituées qui prend des allures de promenade-découverte. L’artiste y expérimente des matériaux modernes, dont la résine ou l’aluminium. Il met en exergue la notion de transparence qui échappe aux modèles de l’Antiquité. Il présente des suites progressives de sculptures virtuellement concevables et rendues concrètes par la magie des nouveaux moyens de création. Les dieux, les enfants, les monstres s’incarnent dans une réalité plus complète et une plastique expérimentale. On y reconnaît Neptune ou Pan, Anubis ou Cupidon. La copie, par essence décuple et, ce n’est pas le moindre des paradoxes, ressuscite la conception prérenaissante de l’art qui ne s’embarrassait pas de génies inventifs, mais privilégiait l’anonymat des duplications collectives. À cela, il faut ajouter le goût prononcé du monde antique pour l’Hybridité, animal humain, qui revient en force en matière de robotique ou de technologies informatives et numériques. Oliver Laric est un artiste du présent qui sait mettre les outils d’avenir au service de la célébration d’un passé qui nous est précieux. A fortiori à Nîmes. BTN Tél. 04 48 21 02 20. museedelaromanite.fr

Jac Martin-Ferrières

Lavaur, Tarn

Jusqu'au 17 septembre

Viollet-le-Duc. Trésors d’exception

MUSÉE DES BEAUX-ARTS

Carcassonne, Aude Du 10 juin au 1er octobre

Imaginée par l’architecte Viollet-le-Duc, la Cité de Carcassonne rend hommage à son créateur cet été au musée des Beaux-Arts. Plus que son travail d’architecte, c’est celui du dessinateur, talentueux et prolifique, que met en avant cette exposition temporaire. Grand créateur pour l’art décoratif, il a imaginé des œuvres précieuses qui constituent les trésors des plus belles églises et cathédrales françaises.

Objet fonctionnel, mais également ostentatoire, le mobilier religieux est un champ de création et de liberté pour Viollet-le-Duc. Le musée de Carcassonne présente ainsi de nombreuses pièces, témoignage important de la collaboration entre les architectes restaurateurs de monuments ecclésiastiques et les ateliers d’orfèvrerie dans la seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècle. Par ailleurs, pour la première fois depuis l’incendie de 2019, des pièces d’orfèvrerie du trésor de la cathédrale de Notre-Dame de Paris seront exposées. Ces œuvres, reliquaires de la Passion du Christ sont aujourd’hui précieusement conservées dans les réserves du musée du Louvre.

Tél. 04 68 77 73 70. carcassonne.org

Et l’Arche de Noé fit escale à Saint-Quentin-la-Poterie

MUSÉE DE LA POTERIE MÉDITERRANÉENNE

Saint-Quentin-la-Poterie, Gard Jusqu’au 29 octobre

Fils du peintre Henri Martin, Jacques Martin grandit dans l’ombre de celui qui s’impose, au début du XXᵉ siècle comme l’une des principales figures de son époque. Très tôt, il abandonne ses études scientifiques pour se consacrer à la peinture et s’émancipe de la référence paternelle en signant ses œuvres Jac Martin-Ferrières. Le musée du Pays de Cocagne présente ainsi la toute première rétrospective consacrée à l’œuvre de l’artiste. La réunion de près de 80 œuvres offre un panorama assez complet d’un créateur talentueux, doublé d’une personnalité très attachante. Plusieurs axes sont abordés : ses œuvres de jeunesse, ses travaux de décorateur, ses différents lieux de vie. Les recherches sur la forme et la couleur sont mises en avant dans deux sections consacrées aux natures mortes et aux foules : elles laissent le visiteur apprécier sa volonté de simplifier son trait jusqu’à l’abstraction. Le parcours s’achève sur les voyages de l’artiste : Italie, Espagne, Portugal, Danemark et les États-Unis...

Tél. 05 63 58 56 55. musees-occitanie.fr

Comme beaucoup d’artistes, les céramistes s’inspirent régulièrement de la nature pour leurs créations. Et, c’est précisément à cette thématique que s’intéresse la nouvelle exposition du musée de la poterie méditerranéenne. Oiseaux, chouettes, taureaux, chèvres, poissons, chats ou créatures imaginaires… les animaux étaient souvent représentés sur les céramiques françaises des années 40 aux années 70.

Ces animaux peuplent les créations de l’artiste Pablo Picasso après sa visite à Vallauris en 1946 et son installation en 1948. Les formes des céramiques peuvent aussi être zoomorphes. On retrouve ainsi des « vases-poule », des « bouteilles-oiseau », des « plats-chouette ».

Dans les années 50, sous son influence, les céramistes vont s’inspirer de ce bestiaire. Une grande part est réservée aux oiseaux dans des versions stylisées ou naturalistes.

Issues de collections privées, l’exposition regroupe les plus grands céramistes de l’époque : Picasso, Georges Jouve, Michel et Nicole Anasse, Roger Capron, Jacques Blin, Jacques Pouchain… qui ont représenté les animaux à leur façon tant au niveau du décor que des formes.

Tél. 04 66 03 65 86. musee-poterie-mediterranee.com

This article is from: