Cap-aux-Oies 26 La page des camelots 27 Mon rêve porno
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photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
RÉALISER
L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente – sur la rue ! – par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.
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Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu ? Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.
Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juin : Intelligence artificielle
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Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.
Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 109
Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.
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Idée originale : La Quête
Conception graphique : Megan Martel
ÉDITEUR
Archipel d’Entraide
ÉDITEUR PARRAIN
Claude Cossette
RÉDACTRICE EN CHEF
Francine Chatigny
DIRECTRICE DE L’INFORMATION
Valérie Gaudreau
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Isabelle Noël
CHRONIQUEUR.SE.S
Philippe Bouchard, Maurane Bourgouin, Martine Corrivault, Claude Cossette, Mathieu Rioux et Marc Émile Vigneault
JOURNALISTES
Gabrielle Cantin, Nicolas Fournier-Boisvert, Alexandre Gilbert, Stéphanie Grimard, Maria Juneau, Gabrielle Pichette et Manon Prat
AUTEUR.E.S
Simon-Pierre Blais, Victor Desjardins, Gaétan Duval, François Gagnon, Michel Kovar, Judy Miller, Jonathan Ouellet et Adelle Robillard Roy
AUTEUR DU JEU
Jacques Carl Morin
ILLUSTRATEUR.RICE.S
Bergh et Benoit Gingras
PHOTOGRAPHE
Alexandre Gilbert
BÉDÉISTE
Martine Lacroix
RÉVISEUR
Benoit Arsenault
INFOGRAPHISTE
Megan Martel
IMPRIMEUR
Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284
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La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité –Pas d’Utilisation commerciale – Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.
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INATTENDU
À la fois déroutant et inspirant, ce thème conceptuel a plu aux collaborateurs et aux collaboratrices qui vous livrent un numéro… toujours très attendu par les camelots !
D’entrée de jeu Claude Cossette nous surprend avec une introduction tout à fait originale. Il définit aussi la sérendipité qui est notamment à l’origine de plusieurs découvertes scientifiques.
Les surprises, bonnes ou mauvaises, entraînent nécessairement leur lot d’émotions, parfois difficiles à gérer. Stéphanie Grimard a abordé le sujet avec Véronique Roy, une psychologue qui accompagne les personnes atteintes de cancer.
Il y a des métiers que l’on associe facilement à l’imprévisible. Le pompier, le policier, l’ambulancier qui ne sait jamais de quoi sa journée sera faite exactement. Mais il y a aussi des métiers qui surprennent
Une première, mais pas une dernière
Mercredi le 20 mars 2024, La Quête a vécu un moment exceptionnel ! Avec les camelots amateurs de sport, nous sommes allés voir un match des Remparts au centre Vidéotron. Cette activité a été rendue possible grâce à un soutien financier
par leur caractère inusité. Maria Juneau et Gabrielle Cantin, avec l’exceptionnel photographe Alexandre Gilbert, sont allées à la rencontre de trois personnes qui nous parlent de leur vie professionnelle.
Nicolas Fournier-Boisvert nous entraîne sur les pistes de Samuel, consommateur de morphine qui fait face à un sevrage brutal. Les conséquences fâcheuses de cette rupture de stock inopinée auraient pu être évitées. À quand les approvisionnements sécuritaires ?
À lire aussi dans ce numéro des articles sur l’hiver qu’on attend et qui ne vient pas, un enfant qu’on n’attend pas et qui vient… et beaucoup de nouveaux auteurs qui nous surprennent par leur créativité.
Bonne lecture,
FRANCINE CHATIGNY
offert par Ville de Québec. Dans le cadre de projet, d’autres activités récréatives et rencontres de réflexion sur le travail des camelots sont au menu. On vous tient au courant !
Au Centre Vidéotron avec quelques camelots !
ourtoisie:Claude Cossette
LA SÉRENDIPITÉ. VOUS CONNAISSEZ ?
Aujourd’hui, c’est jour d’huile. J’huile les patates et je les cuis. Elles chantent cuicui. J’ai chaud. Le réchaud me brûle. Je hurle à la lune brune. Merde. C’est raté. Je suis un raseur. Je rase les pâquerettes, honteux. Une, deux, je débarrasse ma carcasse. Je me défile et file. Déroute. Je prends la route sans indice ni complice. Une chatte se fait belle au détour d’une ruelle. Le soleil se couche et moi, émoi. Sur ma couche, les étoiles percent ma toile. Je bois mes songes comme une éponge. Dans ma mémoire se grave l’histoire de cet hiver si divers.
L’INATTENDU FAIT PEUR
Vous n’avez pas aimé mon poème ? C’est que, fondamentalement, nous n’aimons pas l’inconstance, nous détestons l’inattendu, nous résistons au changement. Nous aimons notre train-train quotidien. La psychosociologie l’a démontré : nous sommes des êtres d’habitude. Nous sommes même esclaves de nos habitudes, dit-on, et davantage des mauvaises. Comme le résumait avec humour le romancier anglais Somerset Maugham : « Les bonnes habitudes sont beaucoup plus faciles à perdre que les mauvaises ».
Une journée ordinaire se déroule habituellement selon un schéma figé dans le temps. Un vrai rituel. Nous posons chaque jour les mêmes gestes et nous les accomplissons toujours dans le même ordre. Ainsi, nous tenons tous à nos occupations matinales exécutées dans un ordre donné : nous parcourons toujours le même circuit entre le lit et le petit-déjeuner, nous choisissons toujours les mêmes aliments pour le repas et nous les ingurgitons toujours au même endroit dans la pièce. Ce train-train quotidien nous procure un sentiment de sécurité et de bien-être. Aussi est-il difficile de changer nos comportements, surtout les plus habituels qui sont accomplis de manière rituelle. Comme ce parcours quotidien entre le bureau et la maison que nous complétons parfois sans même nous en rendre compte.
Au contraire, l’inattendu nous dérange. Le rhume qui revient pourtant de façon cyclique nous surprend à chaque fois et nous irrite. Le téléphone portable qui sonne à une heure indue nous importune. Une panne de véhicule, si banale soit-elle, provoque immanquablement un excès de bile. Même la mort d’une personne de notre entourage est un événement inopportun. Elle survient la plupart du temps, pense-t-on, à un bien mauvais moment de notre vie.
Or, tout ce qui vit provoque immanquablement de l’inattendu… qui est chaque fois surprenant.
LA SÉRENDIPITÉ RÉJOUIT
Mais il y a aussi l’inattendu qui constitue une bonne surprise : cet antibiotique prescrit par votre médecin qui réussit à vaincre la bactérie résistante, ce premier poème que vous déclame votre enfant à votre anniversaire, cette augmentation de salaire imprévue que vous accorde votre patron. Et plus que tout, ce coup de foudre qui s’est produit quand vous avez croisé la première fois votre grand amour.
Dans le dernier exemple, on pourrait parler de sérendipité, cette « découverte heureuse d’une chose totalement inattendue et d’importance capitale » comme la définit le dictionnaire Antidote. C’est un anglicisme, précise Le Robert. En effet, ce mot était parfaitement inconnu il y a quelques années encore, mais il décrit si bien les bonnes surprises qu’il s’est imposé en français.
Aujourd’hui, de nombreuses organisations misent sur la « veille stratégique » qui consiste à assurer un survol de l’information globale cherchant à y déceler, un peu au hasard, un fait nouveau ou une tendance qui pourrait servir à réorienter ses activités ou les relancer dans une perspective novatrice. Autant dire que, dans ce cas, l’inattendu est attendu.
La sérendipité, c’est la surprise vue comme une bonne surprise, comme une manière de voir dont on prévoit développer le côté heureux. Finalement, la sérendipité, c’est l’inattendu qui se présente comme une chance. Qui ne saute pas aux yeux peut-être, mais qu’il faut être capable de déceler dans les événements qui surviennent. Quand, adolescent, je me plaignais d’une malchance, mon grand-père me répétait : « Malchance ou chance ? La chance, mon gars, est un cheval qui passe au galop et qu’il faut savoir enfourcher au passage ».
On peut donc considérer l’inattendu comme une opportunité d’y voir quelque chose dont on pourrait tirer parti, d’en intégrer les aspects à sa vie personnelle. C’est là une sage réaction, car l’imprévisible fait partie de la vie. L’écrivain-philosophe Jean d’Ormesson affirme même que « tout le bonheur du monde est dans l’inattendu ».
Qu’en penser ? Oui ? Non ? Peut-être ? À chacun d’en décider.
CLAUDE COSSETTE
INCERTITUDE FACE À L'INATTENDU
L’inattendu fait partie de l’expérience humaine, nous le trouverons tous sur notre chemin. La manière dont nous l’appréhendons peut nous plonger dans une incertitude inconfortable, avec laquelle il n’est pas toujours évident de composer. Véronique Roy, psychologue clinicienne, travaille auprès de patients atteints du cancer, qui doivent souvent faire face à l’inattendu. La Quête est allée à sa rencontre.
plus sur le plan financier, plus sur le plan des projets, de l’avenir, des autres (les membres de sa famille), etc.
S.G. — Est-ce qu’il y a des stratégies, des façons de faire, pour apprivoiser cet inconfort ?
V.R. — Pour les gens qui sont très intolérants à l’incertitude, on va comparer ça à une sorte d’allergie : du moment qu’il y a de l’incertitude, il y a une réaction forte.
S.G. — Dans plusieurs situations au courant d’une vie, on peut faire face à des événements inattendus. Comment l’être humain peut-il gérer les émotions que cela peut susciter ?
V.R. — La capacité à faire face à l’incertitude va varier d’une personne à l’autre. Il y en a qui seront à l’aise d’entamer un projet sans savoir trop où ils s’en vont, alors que d’autres vont devoir beaucoup plus planifier ce qui va se passer. Ce qui fait l’objet de l’intolérance à l’incertitude va aussi varier d’une personne à l’autre. Chez certaines personnes, ça va être sur le plan de la santé, ce que je côtoie beaucoup : quand on a une mauvaise nouvelle, quand on est en attente de résultats d’examens, ça va faire en sorte qu’on va être très mal à l’aise. Pour d’autres, ça sera
Et là, ils vont tenter de diminuer l’incertitude de la situation. C’est souvent lié à une tentative de prise de contrôle sur la situation. Certaines personnes vont vouloir tout faire eux-mêmes, ne rien déléguer, par peur de l’échec et pour qu’il n’y ait pas de zones d’inconnu. D’autres vont vouloir planifier, se préparer, une sorte d’excès de perfectionnisme. Tout ça, ce sont des façons d’éviter d’être en contact avec l’incertitude. Mais le problème avec ça, c’est que c’est sans fin, parce que l’incertitude il y en a tout le temps. C’est impossible de contrôler tout pour ne plus qu’il y en ait.
S.G. — Ça fait partie de l’expérience humaine.
V.R. — Exactement. Et dans le cadre d’une épreuve comme la maladie, par exemple, on peut
constater une sorte d’essoufflement, on va se fatiguer à vouloir tout contrôler. Nous ce qu’on suggère c’est d’essayer de lâcher prise un peu sur le contrôle, sur les tentatives de diminuer l’incertitude puisqu’elle est toujours là, et apprendre à la tolérer, en s’y exposant graduellement, en y faisant face. Si je me pose plein de questions pour savoir exactement ce qui va se passer, je vais aller chercher de l’information pour avoir une idée, mais je vais me restreindre un peu, et je vais essayer de rester avec l’inconfort que ça m’amène, jusqu’à ce que je devienne plus à l’aise. Ça reste une réaction anxieuse, et ce qu’on sait c’est que l’humain s’adapte et s’habitue, et qu’une façon de mieux gérer l’anxiété c’est de s’exposer à ce qui nous rend anxieux pour s’habituer, pour que la réaction devienne moins importante.
S.G. — Est-ce que de faire face à l’inattendu peut nous faire grandir comme personne, et même nous aider à nous définir ?
V.R. — Je pense que oui. Ça dépend vraiment de ce qu’on décide de faire avec l’inattendu. Un choc, quelque chose qui va nous perturber, nous chambouler, ça peut demander à ce qu’on s’adapte, mais ça nous amène aussi à visiter des parties de nous qu’on ne connaissait pas nécessairement et qu’on ne voit pas quand tout roule comme on pensait et que tout va bien. Même quelqu’un qui vit généralement bien avec l’anxiété, devant l’épreuve, quand on se voit déstabiliser, ça peut être l’occasion de prendre conscience de certaines choses et de mettre en lumière certaines fragilités. Ça peut alors être l’occasion de développer des outils, de travailler là-dessus et d’en sortir plus épanoui. Ça se travaille en psychothérapie.
STÉPHANIE GRIMARD
Véronique Roy se spécialise en psychologie de la santé
Crédit photo : Stéphanie Grimard/ La Quête
PLONGÉE DANS
Marie-Claude Bouchard, reborneuse
LE
QUOTIDIEN DE MÉTIERS DE L'INUSITÉ
« Je fais ça avec mon cœur », lance spontanément Marie-Claude Bouchard dans son atelier de Saint-Zacharie. Elle est reborneuse. Elle fabrique des poupées ultra-réalistes servant d’outils psychothérapeutiques à des personnes atteintes de démence ou de troubles anxieux par exemple.
pour l’argent, je rends ce que je n’ai pas pu donner à ma mère. »
Déjà familière avec le concept des poupées reborn, Marie-Claude Bouchard ouvre une friperie en 2022 pour financer son projet. Elle suit également une formation avec une reborneuse d’expérience et se lance dans la fabrication de poupées reborn à temps plein en 2023 avec Les 1000 câlins de Marie.
Marie-Claude Bouchard était secrétaire et préposée aux bénéficiaires avant de se lancer en affaires. C’est son expérience du métier et sa réalité comme proche aidante de sa mère atteinte d’Alzheimer qui l’ont amené à repenser sa façon de venir en aide aux personnes vulnérables. Après le décès de sa mère en 2008, la reborneuse installée en Beauce a voulu donner au suivant : « Ce n’est pas
La fabrication de poupées reborn en vinyle est un travail de longue haleine. À titre d’exemple, Marie-Claude Bouchard explique que la pose des cheveux, à elle seule, peut prendre jusqu’à 20 heures. Pour compléter une seule commande, Marie-Claude Bouchard prévoit plus d’une soixantaine d’heures et beaucoup d’investissements financiers. Elle révèle d’ailleurs devoir dépenser près de 200 $
par poupée uniquement pour l’achat des cheveux et des yeux en verre. Questionnée sur la rentabilité de ses activités, Marie-Claude Bouchard répond candidement que l’objectif est de donner du réconfort et qu’en ce sens, l’objectif est accompli.
Au-delà de la création des poupées reborn en elle-même, Marie-Claude Bouchard propose des ateliers qu’elle présente principalement en CHSLD. Ces rencontres lui permettent de constater le bien-être que procurent ses créations aux résidents qu’elle visite. Elle explique avec fierté être la seule à proposer ce genre d’ateliers : « Ça permet de constater l’impact de mon travail. J’adore ça. »
Le caractère inattendu de son métier amène son lot de défis. Elle indique que sa pratique relève toujours du tabou. La communauté des amateurs de poupées reborn continue d’évoluer de façon marginale en réaction aux jugements de ceux qui n’en comprennent pas l’objectif. « Pour moi, ce n’est pas pire que quelqu’un qui aurait une passion pour les voitures téléguidées. Mais quand on parle de reborn, les gens tombent automatiquement dans le jugement. », explique Marie-Claude Bouchard.
Sophie Tremblay-Côté, artiste de cirque
Dans le monde du cirque, la marginalité dans toutes ses déclinaisons est mise de l’avant. La différence rassemble dans un univers de rires et d’émerveillement qui prend vie sous un chapiteau coloré. Sophie Tremblay-Côté découvre le potentiel émancipateur de la communauté circassienne en 2017 dans un festival de musique. Le cirque lui est « tombé sur la tête », comme l’artiste aime bien le dire.
« Avec le hula hoop, j’avais l’impression de danser avec quelqu’un. C’est comme si à la fin du festival, mon hula hoop avait une âme. »
Ce nouvel intérêt, elle l’explore en intégrant Cirque du monde, un cirque
La reborneuse de Saint-Zacharie est fière de pouvoir amener du réconfort aux personnes qui en ont besoin.
Les poupées réalistes de Marie-Claude Bouchard sont installées dans sa pouponnière où se trouve une multitude d’objets pour bébé.
social. C’est un endroit qui a pour vocation de briser l’isolement en permettant de créer des liens à travers l’art. Elle commence par des visites spontanées, puis des occasions d’enseigner et de performer se présentent. Depuis deux ans maintenant, le hula hoop a pris une place inattendue dans sa vie, jusqu’à devenir son gagne-pain principal. En septembre 2022, elle fait le grand saut et quitte son emploi d’éducatrice spécialisée.
Pour Sophie Tremblay-Côté, les deux disciplines sont éloignées, mais pas tant que ça. « À travers l’art-thérapie […] ma couleur de TES est vraiment présente et, honnêtement, je sens que j’amène vraiment plus d’aide à ces enfants-là en une demi-journée que quand je passe une semaine comme TES dans une classe. »
L’univers circassien l’amène à aborder divers enjeux. En se remémorant un projet récent, elle explique : « Je parlais de l’amour, de la création et de la difficulté avec ça. À quel point des fois tout va bien, tu respires et d’autres fois tu es comme envahi et ça devient une tempête et tu ne sais plus où donner de la tête ! » Une fois le sujet sélectionné, elle explore les médiums possibles pour exprimer son propos. Cette liberté dans la façon de créer l’amène à expérimenter avec la poésie et l’art digital notamment.
Exercer un métier inusité permet également à Sophie Tremblay-Côté d’avoir une façon de vivre inattendue. L’année dernière, sa discipline l’a amenée à voyager au Chili. Elle a pu y exercer le busking. L’art de rue faisait alors partie de son quotidien.
Sophie Tremblay-Côté a déjà eu la chance d’apprendre beaucoup dans ses quelques années dans l’univers circassien. Elle continue à vouloir développer certaines compétences relatives à l’art du feu. Son objectif à court terme est de se développer davantage comme artiste multidisciplinaire. Elle vit au jour le jour et accepte que, tout comme son métier, son futur soit rempli de surprises.
Anik Veilleux, superviseure à la centrale 9-1-1
Lorsqu’une personne prend le téléphone pour appeler les secours, elle sait qu’une personne en mesure de lui apporter de l’aide décrochera. La réalité est bien différente pour les répartiteurs de la centrale 9-1-1 qui, eux, ne savent jamais dans quelle situation ils seront transportés en décrochant le combiné. Anik Veilleux fait partie de l’équipe de la centrale de Lévis depuis 2006, où elle répond à l’inattendu au quotidien.
« On est le premier maillon de la chaîne », explique la superviseure.
L’objectif commun : aider les gens. Et pour y arriver, pas question de tra-
vailler en silos. Dès qu’un appel est reçu, le chrono est lancé. En 60 secondes, la personne à la console de prise d’appels doit idéalement obtenir des réponses à toutes ses questions.
Qui ? Où ? Quoi ? Y a-t-il des personnes armées ? Des blessés ?
Une fois la « carte d’appel » créée, tout le plateau de travail a accès aux détails et s’active pour que la répartition puisse envoyer les services appropriés en leur donnant le plus d’information possible sur la situation qui les attend.
Puis on recommence.
C’est un métier qui demande d’être en contrôle total de ses émotions. « Oui il y a des appels difficiles, mais dans le prochain appel, la personne a autant besoin de nous. Il faut vite reprendre ses esprits sans minimiser ce qu’on vient de vivre, c’est simplement qu’on le vivra un peu plus tard quand on aura un moment », rapporte Anik Veilleux.
Chaque nouveau membre de l’équipe passe par une formation de huit semaines. Une fois plongé dans leur première situation de crise, il arrive tout de même que certains figent ou se laissent emporter par l’appel.
« Tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas savoir si on est vraiment faits pour ce métier-là », affirme Anik Veilleux. Pour elle, ça a été une révélation. En pleines études pour devenir policière, elle est tombée en amour avec son emploi à la centrale 9-1-1.
Elle fait remarquer qu’il y a certains aspects ingrats dans la pratique, comme le fait qu’ils débutent les dossiers d’urgence, mais n’en voient jamais la finalité. Même si Anik Veilleux ne connaît pas le dénouement de toutes les histoires accompagnées, le métier reste gratifiant. Elle sait que sa contribution aide les intervenants sur le terrain ainsi que les appelants à chaque fois qu’elle passe le relais.
GABRIELLE CANTIN ET MARIA JUNEAU
« Les festivals m’ont mise au monde, mais Cirque du monde m’élève. »
Crédit
photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
UN SEVRAGE BRUTAL
Consommer des substances psychoactives, c’est s’exposer à des risques biologiques, psychologiques et sociaux. Le risque est généralement lié à la santé des individus : contracter ou transmettre une maladie transmissible par le sang, mourir à la suite d’un surdosage ou faire l’expérience d’un sevrage inattendu. Conflits avec autrui, comportements criminels afin d’obtenir une substance, pauvreté économique et instabilité résidentielle : le méfait peut également être social. Ainsi comprise, la consommation de substances psychoactives peut entraîner une dégradation biopsychosociale de l’individu. Des aléas peuvent précipiter cette dégradation.
RÉDUIRE
LES MÉFAITS
L’approche de la réduction des méfaits ne vise pas l’arrêt de la consommation, comme d’autres approches, mais la diminution des risques. La finalité des interventions est transformée : plutôt que de viser l’abstinence ou la sobriété de l’individu, on montre une pratique sécuritaire, où les risques de décès ou de contamination sont réduits. Ce paradigme est soutenu par la santé publique, qui reconnaît la pertinence autant pour les individus, que pour les collectivités. En plus de la distribution, de la récupération et de
l’éducation liée à une utilisation sécuritaire de matériel stérile de consommation, on retrouve l’approvisionnement sécuritaire (Brisson, 2012).
UN APPROVISIONNEMENT INCERTAIN
Samuel : Écoute bien ça, c’est pour dire comment on est fragile. T’sais, quand notre consommation dépend d’une run de morphine… C’est ainsi que Samuel (prénom fictif) commence le récit de son basculement, dont la cause est l’incertitude de sa source d’approvisionnement. Un retard de trente minutes est suffisant pour casser la stabilité économique de son système.
Samuel : Cette journée-là, j’étais passé voir mon fournisseur une demi-heure trop tard. Il n’avait pas trouvé les sous pour sa conso, feck il avait vendu mon stock à un gars avant moi. Le gars est allé voir tous mes clients avant moi. Le fournisseur voulait plus me backer, ça l’a pété ma business. Feck là je me suis retrouvé que la conso’ que j’avais, je l’ai consommée au lieu de la revendre ; j’avais plus les fonds pour en racheter. Moi, étant malade puis en manque, j’étais plus capable de travailler.
Le chrono est enclenché. Pour les consommateurs d’opioïde vi-
Un approvisionnement contaminé
vant une dépendance physique et psychologique, un délai de 6 à 36 heures laissera apparaître des symptômes de sevrage : douleurs musculaires et articulaires, crampes au ventre, vomissements, sueur, fièvre, fatigue, anxiété, difficultés à dormir, etc. Un approvisionnement incertain entraîne un risque à la santé de l’individu, et plus largement à sa « stabilité » en société, soit la capacité à maintenir un domicile fixe, à maintenir un emploi, à s’entretenir, etc.
Samuel : En même temps, j’ai eu un faux positif au VIH. J’ai fait une dépression, pis j’ai pas été capable de reprendre le large. C’est en 2007, c’est là que j’ai commencé l’itinérance.
Ces aléas auraient pu être évités par la mise en place d’un plan d’approvisionnement sécuritaire, de plus en plus utilisé par les acteurs de la communauté médicale : toxicologue, médecin, psychiatre, infirmier-ère clinicien-ne spécialisé-e, pharmacien-ne-s communautaires, etc. Un approvisionnement incertain peut amener des consommateurs-trices à se tourner vers les substances de rue et risquer une contamination.
NICOLAS FOURNIERBOISVERT
Au Canada, entre janvier et juin 2023, 3 970 individus, généralement masculins et âgés de 20 à 59 ans, sont décédés des méfaits des opioïdes et des stimulants, tels que la cocaïne ou la méthamphétamine. Ce nombre représente une augmentation de 5 % par rapport à la même période en 2022 (Santé Infobase, décembre 2023). De ces décès, 89 % (3533 individus) habitaient en Colombie-Britannique, en Alberta ou en Ontario. Au Québec, ce nombre s’établit à 236 individus. L’un des facteurs de ces décès est la contamination des sources d’approvisionnement illicite. Le fentanyl était impliqué dans 84 % des décès canadiens (Agence de la santé publique du Canada, 2023). Depuis le début de 2024, du protonitazèpyne (« oxycondin de rue ») est perçu dans les sources d’approvisionnement de la ville de Québec. La substance est sous le radar des autorités sanitaires états-uniennes depuis juillet 2022 (NDEWS, 2022).
Source: : Agence de la santé publique du Canada. (2023, décembre). Méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants—Canada.ca. Comité consultatif spécial fédéral, provincial et territorial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes. Méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada. https://sante-infobase.canada.ca/mefaits-associes-aux-substances/opioides-stimulants. Brisson, P. (2012). L’approche de réduction des méfaits. INSPQ. https://www.inspq.qc.ca/ NDEWS. (2022). NDEWS Weekly Briefing, Issue 95. NDEWS Weekly Briefing, 95. https://ndews.org/
DU POSSIBLE, DU POSSIBLE, SINON J'ÉTOUFFE
« L’objet de la littérature est de nous apprendre à lire. »
Paul Claudel
Un des aspects que j’apprécie dans la vie d’un lecteur est son caractère inattendu. Un grand lecteur découvre en permanence de nouveaux auteurs, mais l’amour des livres permet aussi de faire périodiquement de ces rencontres fondamentales, nécessaires, qui bouleversent une vie. Rares sont les passions qui disposent d’une capacité de renouvellement aussi prodigieuse.
Juste depuis mon retour au Québec, il y a une dizaine d’années, je suis tombé sur quelques gros morceaux : d’abord, l’immense penseur allemand Heidegger. Un véritable choc, dont j’ai mis des années à me remettre. Je saoulais tout le monde avec le Dasein, le Gestell, la « différence ontologique »… Mes interlocuteurs ne semblaient pas toujours partager mon enthousiasme. Je ne comprenais rien, le cerveau me fumait, il fallait que ça sorte. J’ai déniché alors le numéro de la spécialiste à Québec, Sophie-Jan Arrien, qui a accepté avec bienveillance que je m’incruste dans ses cours à l’Université Laval, malgré mon secondaire inachevé.
Ensuite, il y eut Marcel Proust, le « classique » par excellence : un auteur que tout le monde connaît, mais que personne n’a lu… La fameuse « madeleine de Proust » est un des épisodes les plus célèbres de l’histoire littéraire — sans doute parce qu’il intervient dès la page 55 du premier tome —, mais qui a terminé les sept tomes d’À la Recherche du Temps perdu (1,5 million de mots) ? Chaque lecteur a des trous dans sa culture, quelques grands auteurs « qu’il faut avoir lu », qu’il remet sans cesse. Proust était un de mes trous, que je ne croyais jamais avoir le courage de combler un jour. J’avais tous les préjugés qu’on peut avoir sur lui. Je ne m’attendais pas à découvrir ce génie comique, fantastiquement cruel, à l’intelligence proprement diabolique. Lire Proust, c’est bénéficier d’« une espèce d’instrument d’optique » permettant de lire en soi-même, de discerner ce qu’on n’aurait pas vu sans lui. Certes, l’ouvrage en impose, mais c’est loin d’être du temps perdu. Aucune autre machinerie littéraire ne nous parle aussi bien de nous-mêmes.
La même semaine, je suis tombé sur les deux auteurs les plus antagonistes qui soit : Beatriz Preciado, « pirate du genre », qui s’administrait de la testostérone synthétique, en dehors de tout contrôle pharmacoétatique, pour se livrer à une expérience politique de déconstruction de la subjectivité, et Philippe Muray, mâle blanc, hétérosexuel, spécimen résiduel du « vieux monde », qui passera sa vie à décrire la mutation anthropologique en cours, à démontrer que l’effacement de la différence sexuelle, de la vie privée, des discriminations, l’obsession de l’égalité, la transparence, la conquête incessante de droits particuliers, etc., tous ces « bienfaits » que l’« Empire du bien » nous
présente comme des avancées, sont en réalité des désastres, qui ne sont possibles qu’en cette « Fin de l’histoire ». Une punk, philosophe du futur, en avance même sur les wokes d’aujourd’hui, et un polémiste qui avait déjà mené à terme la critique définitive du wokisme, bien avant que la chose n’existe, à la fin du siècle dernier…
HRONIQUE
L'AGITÉ
Enquêtede sens
Qu’on puisse, à presque cinquante ans, découvrir encore un génie constitue une joie singulière et précieuse. On croit avoir terminé sa formation intellectuelle, trouvé ses maîtres, épuisé ses réserves d’émerveillement, mais la bibliothèque universelle est infinie, inépuisable. On court toujours le risque qu’un Muray débarque pour nous obliger à tout remettre en question. À l’époque, je lisais les anarchistes, les féministes, et je tombe sous le charme de ce chroniqueur réactionnaire, qui allait ringardiser par son rire — qui est en même temps une pensée — toute la galaxie progressiste. Je réalisais alors que les « gauchistes », infatués de leur supériorité morale, faisaient de moins en moins rire. Se permettre d’aimer sans gêne des auteurs radicalement opposés est un autre fin plaisir de lecteur. « La lecture fait obstacle à la transmission des stéréotypes et des discours idéologiques » (Marc-Alain Ouaknim). Grâce à la littérature, je flotte bien au-dessus des idéologies, des parties, des chapelles, des étiquettes. Ni de droite ni de gauche — attributs qui siéent aux pancartes ou aux clignotants —, je me situe ailleurs, nulle part, partout. La fiction est par définition le domaine de l’inattendu. « Le roman qui ne découvre pas une portion jusqu’alors inconnue de l’existence est immoral. La connaissance est la seule morale du roman » (Kundera). Cartographier le territoire des possibles, l’explorer, l’enrichir est la mission du romancier. Je n’ai jamais compris comment font les gens qui ne lisent pas. N’étouffent-ils pas dans un territoire au possible si restreint ? Comment traverser l’existence sans cet enrichissement indispensable, cet accès instantané à d’autres mondes, d’autres époques, d’autres manières de penser ? Sans cet accès à l’Autre ? Comment apprendre à devenir un meilleur être humain sans l’intelligence supérieure des génies, les secrets des grands hommes, ou les beautés des poètes ? Comment déchiffrer les énigmes du monde sans consulter les trésors de connaissances déposés sur les pages par les générations ?
Ce qui compte dans un livre, c’est ce qui se passe une fois que le lecteur l’a refermé. À nous d’en faire quelque chose d’inattendu.
MATHIEU RIOUX
QUAND L'HIVER RATE SON RENDEZ-VOUS
Selon Copernicus, la température atmosphérique moyenne de la Terre a atteint le niveau record de 13,14 °C en janvier 2024. La température moyenne mondiale des 12 derniers mois a quant à elle été supérieure aux moyennes de 1991 à 2020.
S’il y a bien quelque chose de constant, c’est le changement. C’est assez paradoxal lorsqu’on y pense. Parfois, il s’opère, subtilement, pendant que nous sommes occupés à faire autre chose. D’autres fois, il nous saisit de plein fouet, comme pour nous rappeler que rien n’est éternel.
Pour cette édition, j’avais le mandat de présenter une série de photos sur l’aspect imprévisible d’une tempête de neige. Nul besoin de vous dire que Dame Nature m’a pris au dépourvu en faisant tomber le projet à l’eau. J’en ai donc profité pour insérer — avec plus de difficulté que je ne l’aurais voulu — une pause dans le rythme effréné que m’imposent le travail et les études, afin de vous faire part des réflexions que cette météo anormalement douce a suscitées en moi.
Au Québec, l’hiver est synonyme de vent, de froid glacial et de bancs de neige hauts de plusieurs mètres. Pourtant cette année, il peine à recouvrir l’herbe gelée sur les terrains. S’agit-il d’une exception, ou assistons-nous plutôt à l’émergence d’une réalité qui se reproduira de plus en plus fréquemment ; conséquence des dérèglements climatiques ? Bien que
la nature de ce phénomène soit difficile, voire impossible à identifier dans l’immédiat, la question flotte dans mon esprit.
C’est une journée anormalement chaude pour un mois de février. Debout sur le trottoir, j’attends l’autobus. Je regarde des enfants s’amuser dans le parc de l’autre côté de la rue. À cet âge, je sou-
sant. J’imagine difficilement une insouciance plus belle que celle de l’enfance.
Pour ma part, je me demande : à tous ces jeunes à qui l’on impose l’existence et qui porteront le flambeau de l’humanité lorsque nous aurons quitté ce monde, que leur laisse-t-on ?
Hans Jonas parlait d’un principe de responsabilité intergénérationnelle, qu’il traduit par l’obligation qu’a tout être humain de préserver l’intégrité de l’environnement et de la société, afin que les générations futures puissent vivre dans des conditions leur permettant de réaliser pleinement leur humanité.
Selon lui, il convient d’agir avec précaution afin de limiter notre empreinte écologique. Ainsi, il serait pertinent de remettre en question la manière dont nous impactons l’écosystème terrestre dans notre quête d’un confort toujours grandissant. Si nous continuons de pousser les cycles planétaires
Février 2024, Limoilou. La 1re avenue est à peine recouverte par une averse de neige.
haitais une tempête inattendue pour pouvoir profiter d’un congé pour jouer dehors. Aujourd’hui, je la souhaite parce que je la sens disparaître. Je les entends rire et je me dis que ces derniers sont encore bien à l’abri des préoccupations qui apparaissent en vieillis-
jusqu’à leurs ultimes limites, qu’en restera-t-il des forêts, des plantes, des animaux ?
Qu’en restera-t-il de ces hivers ?
Qu’en restera-t-il de nous ?
ALEXANDRE GILBERT
Crédit
photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
Crédit
photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
TÔT, PRESQUE TROP TARD
L’une était adolescente, l’autre dans la quarantaine. Leur point commun : elles sont devenues mamans à des âges qui défient les conventions. Récits de défis et du bonheur de donner la vie. Peu importe l’âge. Malgré une contraception rigoureuse, Cynthia Lalonde voit sa vie changer lorsqu’elle tombe enceinte à l’âge de 16 ans, de son copain, d’à peine un an de plus qu’elle.
Après la mauvaise réaction de ses parents, elle décide de recourir à un avortement. « J’avais pris mon rendez-vous, mais on dirait qu’à la dernière minute je me suis dit que j’allais être capable », raconte Cynthia.
Elle sentait que malgré son jeune âge, elle avait tout ce qu’il fallait pour s’occuper de cet enfant. Elle emménage donc dans le sous-sol de sa bellemère de l’époque et commence à travailler.
« C’est sûr que j’ai dû arrêter les études et commencer à travailler, travailler, travailler. J’ai commencé dans une boucherie, après j’ai fait du ménage 40 h par semaine et après je suis tombée dans la restauration. »
Pour subvenir aux besoins de son bébé, elle n’avait pas d’autre choix que de travailler sans relâche. C’est sa belle-mère qui gardait Keven, son petit garçon, pendant qu’elle allait au boulot.
« Pour moi ce n’était pas si difficile que ça. C’est sûr que le fait d’avoir
travaillé en restauration m’a apporté beaucoup d’argent. J’ai été chanceuse d’avoir mon pourboire dans mes poches chaque soir. »
Malgré l’apparence toute rose de l’expérience de Cynthia, son parcours n’est pas sans peur. C’est lors de son retour à la maison, avec son nouveau-né, qu’elle panique. « Je me souviens encore de quand je suis revenu de l’hôpital et que j’ai déposé mon bébé sur le lit. Je capotais. »
Maintenant âgé de 50 ans, Cynthia Lalonde dit ne rien regretter de son parcours atypique. Elle n’a pas eu le sentiment d’avoir « manquer » sa vie d’adolescente. Ces expériences et sa phase de fête se sont faites plus tard.
À refaire, elle aurait coupé les liens plus rapidement avec le père de son fils et n’aurait pas exigé de responsabilités envers lui. Une source d’angoisse qui aurait pu être évitée dans sa vie et celle de son enfant.
Cynthia estime que les jeunes peuvent parfois être insouciants quant aux éventualités futures, mais qu’il est crucial d’avoir une confiance profonde en soi pour surmonter les défis à venir.
GROSSESSE TARDIVE
Une grossesse tardive a marqué la vie de Danny Coté. À l’âge de 42 ans, elle prend la décision avec son conjoint de fonder une famille. Journaliste à TVA Nouvelles depuis 15 ans, le sentiment d’être mère ne lui était pas encore venu.
La charge de travail, les longues journées, le milieu journalistique dans son entièreté ne lui avaient pas laissé le temps de penser aux enfants.
« Quand je suis tombée enceinte, j’avoue que j’avais un peu des craintes. Je suis allée au CHUL tout de suite pour le suivi de ma grossesse et le médecin m’a vraiment rassuré en me disant qu’il n’y avait pas de crainte à avoir. »
Très en forme, Danny n’avait pas de souci à se faire pour sa grossesse. Cependant, le médecin lui interdit l’entraînement en salle et lui conseille de ne pas faire de longs reportages en étant debout.
Avec la crise des médias des dernières années, le retour de Danny au travail a été stressant, c’était une toute nouvelle réalité pour elle. L’horaire flexible de son conjoint aide grandement le couple à s’ajuster.
Cinq ans plus tard, Danny Côté ne regrette rien de son parcours. Par contre, si elle pouvait faire différemment, elle aurait aimé que son fils ait des frères et sœurs.
Elle a un conseil pour les femmes qui souhaitent une grossesse dans la quarantaine : « Ne pas hésiter, aujourd’hui c’est une nouvelle réalité avec les femmes qui sont de plus en plus occupées avec leur carrière. J’encourage les couples à prendre ce genre de décision. »
GABRIELLE PICHETTE
Le couple se sentait jeune et pas assez mature pour se lancer dans le monde de la parentalité.
Cynthia Lalonde et son fils Keven Beaulieu, aujourd’hui âgé de 33 ans.
Danny Côté et son petit garçon au Studio de TVA Nouvelles, à Québec.
Courtoisie de Cynthia Lalonde
Courtoisie de Danny Côté
LES TEMPS D'AVANT
« Le problème, c’est pas les itinérants, c’est ce qu’on n’a pas fait avant ! »
La dame qui attendait dans l’abribus a bien surpris le journaliste qui lui tendait son micro-trottoir, mais sa réponse apportait une conclusion inattendue au reportage.
Le procédé est fréquent dans les bulletins de nouvelles : on complète le récit d’un événement dramatique par des commentaires glanés dans la rue, auprès de témoins ou de voisins qui ne font habituellement que répéter une évidence. Qui irait déclarer à la télé que les victimes méritaient leur drame !
Pourtant ce jour-là, la dame exprimait une opinion sur ce qu’on lui proposait : les causes de la crise du logement, mais sans temps pour s’expliquer. De dire ce qu’on aurait pu faire pour éviter la crise qui fait que des gens se retrouvent à la rue, sans logement décent. Pour empêcher que des enfants, isolés par les railleries des petits camarades et l’indifférence des grands, posent un geste irréparable. Ou pourquoi des gens quittent-ils leur pays et affrontent-ils tous les dangers ?
Ce qui me fait penser à Haïti, l’île isolée dans la cour arrière d’une Amérique qui lui tourne le dos et à une petite fille qui habitait un lieu-dit Croix-des-Bouquets. Ma classe de neuvième année l’avait « parrainée » pendant un an, après avoir amassé dans un élan d’enthousiasme propre à nos âges, les 179 $ demandés. Qu’est-elle devenue ? Personne dans notre groupe ne s’en est finalement soucié. À quinze ans, chacun a sa vie à préparer et la mémoire s’avère une faculté qui peut tout oublier.
N’empêche, la question de la dame de l’abribus me ramène à un souvenir béat : nous avions payé une année de scolarité à une gamine. Et après ? Rien, sinon une pensée fugitive lors d’une révolution, d’un tremblement de terre. Ou l’idée qu’elle avait pu rejoindre un groupe de migrants pour traverser en Floride et, qui sait, se retrouver au Québec où elle aura déniché du travail, un endroit où rester avec ou sans un mari et fait des enfants. Des enfants nés Québécois, différents, mais ignorants de la vie d’avant de leur mère. Mais elle est peut-être encore là-bas, au cœur d’une tourmente dont l’Amérique prospère derrière la porte voisine préfère oublier qu’aux siècles d’avant,
les esclaves noirs, c’est elle qui les a arrachés à leur Afrique natale…
Mon amie Valentine n’était pas du groupe de parrainage, mais elle aime blaguer au sujet des petits
Chinois dont les missionnaires de passage nous vendaient des portraits à 0,25 chacun afin de financer leurs œuvres, des petits Chinois et des Africains aussi. « Je parierais que les enfants de ces Asiatiques sont de ceux qui, désormais, investissent chez nous », remarque-t-elle. « Pourquoi certains s’en tirent-ils mieux que les autres ? »
Nous sommes au lendemain du Poisson d’avril, à la veille de l’éclipse du Soleil. Le printemps retrouve ses marques après un hiver au climat inattendu et c’est mon tour de déménager. Valentine, qui vidait une boîte de livres, brandit un vieil album de Tintin : « Ça, c’est un clin d’œil à l’actualité : Le temple du soleil ! C’est dans celui-là qu’une éclipse du Soleil chambarde les événements ! Nous on sait que le Soleil ne bouge pas et que Josué n’a jamais arrêté la marche du Soleil comme dit la Bible, mais faut pas négliger l’ombre de la Lune ! »
Avant qu’elle ne compare la chute de Jéricho au Hamas et Israël dans la bande de Gaza, je ramasse un petit bouquin tout racorni, tombé de la boîte : un vieux Réjean Ducharme, Inès Pérée et Inat Tendu. Et Valentine, retrouvant sa gravité de l’interprète d’Isalaide dans notre production scolaire d’antan, déclame :
« Ils ont acheté la terre, une moitié puis une autre moitié, le quart plus les trois quarts. Ils se la sont payée et les autres les ont laissés faire. Cette pierre à celui-ci. Ce concombre à celui-là. Ce marais à cet autre… Ceux qui ont acheté la terre lient les pieds et les mains des autres pour ne pas qu’ils touchent trop de pieds carrés, ou ils les chassent à coups de lois et de contrats. La terre est fermée comme un salon de barbier le dimanche, interdite comme un concert à guichets fermés. »
Et malgré sa gravité, l’évocation de cet « avant » nous fait rire comme si les « après » restaient sans conséquences…
MARTINE CORRIVAULT
Corrivault
EST LA CHOSE LA PLUS INATTENDUE QUI VOUS SOIT ARRIVÉE DANS LA VIE ?
MATTHIEU CALOGINE, 23 ANS « C’est amusant comme sujet, “l’inattendu”. Mon meilleur ami est apparu dans mon esprit le premier. Je me souviens d’une discussion que nous avions eue sur les aléas, et le fait que les relations humaines commencent, la plupart du temps, par un événement quelconque, aléatoire. Ça fait bientôt 10 ans que nous sommes amis et ce fut le cas pour notre rencontre.
J’étais en première, et nous devions former les groupes pour les TPE (mathématiques et philosophie, pire mélange de matières possible). Je ne connaissais personne dans ma classe directement, mais de conseil en conseil, je me suis approché de William. Étrange, un gars de 16 ans qui porte un costume-cravate tous les jours pour venir au lycée. Il me paraissait vraiment sérieux, et j’étais serein pour l’année à venir. Mais au moment d’approcher, j’aperçois une ombre qui marche rapidement vers lui. Je me retourne, puis je vois un autre gars vraiment déterminé qui se dirige vers William. J’ai su à l’instant d’après : le moment où on a parlé avec William quasiment en même temps ; le regard complice au moment de s’asseoir ; le sujet déjà tout prêt qu’une amie m’avait donné
et que j’ai sorti instantanément. Bref, ça fait bientôt 10 ans que je suis ami avec Hugo, ce gars fainéant qui avait le même objectif que moi ce jourlà — faire travailler William à notre place, alors que finalement on a sauvé à deux le travail — et qui est inclus dans quasiment toutes mes galères depuis. »
MACKENZIE BOUDREAUPELLETIER, 17 ANS
« Pour moi, la chose la plus inattendue qui me soit arrivée, c’est quand j’ai commencé à sortir avec mon chum. Je viens pas de Québec, mais des Îlesde-la-Madeleine. J’ai pas eu grand amis en grandissant, j’étais souvent dans mon coin et les quelques amis que j’avais habitaient tous à Québec.
Donc quand j’ai déménagé ici, il y a 2 ans bientôt, j’étais contente d’enfin être avec eux. Il y avait un garçon en particulier, qui était pour moi mon meilleur ami, et ça faisait maintenant 3 ans qu’on se parlait sans arrêt, qu’on allait faire des activités à deux, etc. Il m’a suivi à travers mes pires expériences et pour moi je pensais de lui qu’il était un simple ami, mon meilleur ami. Il y a un moment où je m’étais retrouvée avec lui après sa game de hockey et j’étais tellement fière de lui, car son équipe avait gagné. Après ça, il m’a écouté parler sans arrêt comment le match était incroyable et que son équipe avait vraiment bien joué, il m’a regardé dans les yeux et m’a demandé s’il pouvait m’embrasser. J’ai dit oui, étonnam-
ment. C’était la première fois de ma vie que je me sentais aussi bien avec une personne. Depuis cette journée-là, on est devenus inséparables, et on passe presque chaque moment de libre ensemble. Il est la chose, ou plutôt la personne, la plus inattendue de ma vie et c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. »
ÉMILE THIBAULT, 19 ANS
« La chose la plus inattendue qu’il me soit arrivé dans la vie c’est quand j’étais à la garderie. Il y avait un petit gars, c’était mon pire ennemi. On se battait et on ne s’aimait pas. Nous avons été dans la même école primaire et nous avons fini par être amis à cause (ou grâce) aux voitures, une passion commune. Je vous explique… En deuxième année, je lui ai shooté une balançoire dans le front, c’était un accident, mais ça lui a fendu le front. Il en a encore une cicatrice aujourd’hui. Suite à cet accident, nous avons pris le temps de discuter et nous nous sommes aperçus en l’espace de quelques secondes que nous avions pleins de points communs et pleins de passions communes. À l’heure actuelle, c’est rendu l’un de mes meilleurs amis et malgré pleins de beef dans nos groupes qui auraient pu nous séparer ; on est resté amis. »
MANON PRATT
Courtoisie de Mackenzie Boudreau-Pelletier
Courtoisie
d'Émile Thibault
L’ESPOIR AU CUBE
PAS TROP
D'INATTENDUS SVP !
« Il y aura toujours de l’inattendu dans une découverte. » Jeff Bezos
Le mot inattendu prend son sens dans le contexte. Il peut être accidentel, brusque ou déroutant s’il advient alors qu’on tente de prendre une bretelle d’autoroute en pleine heure de pointe. Imprévisible, inopiné ou insoupçonné lorsqu’on se présente à l’aéroport et que notre vol est retardé ou annulé. Surprenant, soudain, stupéfiant lorsque notre belle-mère ou notre beau-père se présente à la maison pour souper sans prévenir. Bref, une situation inattendue peut prendre différentes formes.
Un comportement peut aussi être considéré comme inattendu, lorsqu’il diffère de nos comportements habituels. Si je me présente à La Quête, drapeau du Québec en main, et que je revendique l’indépendance, il est fort probable que les gens considèrent mon comportement comme inattendu.
Si un individu déroge du « code », il peut rapidement être étiqueté comme ayant un problème de santé mentale. Quelle est votre première pensée lorsque vous voyez un individu se parler tout seul dans la rue ? C’est assurément un malade mental, répondrez-vous. Et pourtant, de plus en plus, grâce aux nouvelles technologies, les gens parlent au téléphone sur la rue avec une oreillette à peine visible. On les entend monter le ton, on les voit gesticuler.
La société est habituée à des comportements « attendus ». Il y a une manière implicite de se comporter en public, selon le pays où nous nous trouvons. Si un individu sort du lot et s’exprime différemment par son langage ou par ses gestes, il surprendra, étonnera. Si je suis en Inde et que j’utilise ma main gauche pour manger, on sera surpris. Si je suis dans l’un des 26 états des États-Unis, où le port d’arme est légalisé, je serai quand même surpris si une personne se balade avec un AR-15.Et les Espagnols trouvent tout à fait étonnant qu’un Québécois se lance dans la Méditerranée en plein mois de février, comme je le fais. C’est vraiment le contexte qui fait qu’une situation ou un comportement devient inattendu aux yeux de ceux qui en sont témoins.
COMMENT L’INATTENDU ME PERTURBE-T-IL ?
Laissez-moi ici vous dévoiler la partie de moi qui réagit fortement à l’inattendu. Je suis facilement perturbé par les situations imprévues, surtout lorsque je voyage. Il y a tellement de situations inattendues qui se produisent en peu de temps que je deviens impatient, irritable. Je perds mes moyens. J’ai l’impression d’être dans l’urgence de tout régler alors que je devrais me laisser porter par la situation. Je sais très bien que de toute façon, je n’ai aucun contrôle et que si mon vol est retardé, il est fort probable que je manquerai ma correspondance à l’arrivée. Je commence à imaginer les pires scénarios et mon cerveau s’emballe, c’est plus fort que moi. Je n’arrive juste plus à réfléchir correctement. Certains nommeront ce phénomène l’anxiété d’anticipation, moi je dis que c’est ma Folle du logis qui tente de prendre le dessus. Je dois la calmer et la retourner quelque part au fond de ma tête, où elle trouvera le repos et me laissera tranquille. De toute façon, il y aura toujours une solution.
J’ai appris à canaliser mes énergies positivement et à lâcher prise lorsque c’est possible, mais laissez-moi vous dire que c’est un travail constant que je dois pratiquer au quotidien. Au lieu de m’en prendre au chauffeur d’autobus qui ne respecte pas son horaire et qui passe trop tôt à mon arrêt, c’est à moi de sortir cinq minutes plus tôt à titre préventif pour éviter cette frustration. Au lieu d’être frustré de me faire dire que la salle est pleine lorsque j’arrive au cinéma, c’est à moi d’acheter mes billets d’avance pour vivre ce moment plus relaxe. Bref, en apprenant à planifier, je réduis les situations inattendues dans ma vie et je me donne une chance de vivre plus calmement.
Simplement,
MARC ÉMILE VIGNEAULT
LA QUÊTE DES MOTS
PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT…
Verticalement :
1- L'art de bien dire; aussi l'une des divisions du cours classique.
20- Bon samaritain.
Horizontalement :
1- Action de se révolter contre l'ordre établi. Vent du nord-ouest. Habitent à Dallas ou Houston.
2- Dimension verticale. Action de ramper (PRIONTTEA). Apprenti, débutant.
3- Action de dépouiller les épis de maïs. Langue basque (RAKEESU). Vipère.
4- Grand traîneau russe, attelé à trois chevaux de front. Eau-de-vie du Gers (CAMARGAN).
5- Balcon vitré. L'un des chevaliers de la Table ronde (CLANTOLE). Réunion de clés attachées ensemble.
6- Utilisée pour jouer au tennis, au badminton, au squash. Masse métallique sur laquelle on forge les métaux. Surprendre (RONNETE).
7- Petit espace de temps. Chpaeau de chef cuisinier. Monnaie de l'Union européenne. Art du pliage du papier.
8- Minéral du groupe des silicates. Se sont portés à la défense des États pontificaux au 19e siècle. Conifère résineux. Sot.
9- Métal radioactif. Poste d'observation (DROMARI). Dodu, grassouillet.
19 h. Dans mon appartement tout était calme et tranquille. J’étais totalement absorbé par un travail intellectuel. Quelques courses m’attendaient, mais je les repoussais à plus tard. Dehors une pluie légère tombait et j’espérais qu’elle s’arrête pour pouvoir aller faire mes commissions. Mais il n’en était rien, bien au contraire, plus le temps passait, plus la chute de pluie s’accentuait et le temps virait à l’orage. Comme je n’ai pas le don de changer la météo, aussi bien en profiter.
De ma fenêtre, j’avais une vue spectaculaire sur la Nature qui se déchaînait. J’apercevais les éclairs. Au loin, on entendait le tonnerre gronder légèrement, puis de plus en plus fort. Tout allait en crescendo.
Cette symphonie naturelle s’accentua en roulement de tonnerre dont le volume montait, et la répétition, de plus en plus régulière, me fit penser à une orchestration grandeur nature. Il était évident que bientôt nous serions au cœur de la tempête : ce qui se produisit.
Ma vision du monstre était juste. Chaque coup de tonnerre avait la force d’un coup de canon. L’orage, balayé par le vent, venait s’évanouir en fracas dans mes fenêtres. De nombreux éclairs venaient intensifier ce spectacle digne de l’enfer de Dante. Le déclin de tout ce spectacle prit un certain temps. Vers 23 h, le calme était revenu.
De ma fenêtre, je constatais que tout était redevenu tranquille : le spectacle était terminé. Il était pour moi l’heure de mettre le nez dehors pour constater, de visu, ce que mon environnement avait subi.
De la Grande Allée, je me suis dirigé vers l’Avenue du Parc. Une quantité spectaculaire d’arbres et de
branches jonchaient le sol et empêchaient toute circulation, y compris piétonnière. L’Avenue des Érables était moins embarrassée, mais il fallait contourner de nombreux obstacles, des branches cassées et des morceaux d’arbres divers. J’ai pu me frayer un chemin jusqu’au boulevard René-Lévesque où j’ai vu des résidences dont les lucarnes avaient été endommagées, puis je me suis dirigé vers la rue Père-Marquette.
Là, grande a été ma grande surprise. Le long alignement d’arbres derrière l’École anglaise avait été foudroyé par un coup de tonnerre épouvantable. Chacun des arbres de la lignée était fendu de haut en bas : le décor était désastreux. La rue Père-Marquette était, elle aussi, complètement impraticable.
J’ai continué ma marche dans le quartier. À l’intersection de l’avenue des Braves et du boulevard René-Lévesque, le toit d’une résidence était complètement arraché.
Le lendemain, le journal faisait état de la situation de cette « attaque météorologique », pour le moins exceptionnelle.
Le promontoire de Québec est un site magnifique, mais il n’est pas à l’épreuve de tout.
Respectueusement,
Courtoisie:
Philippe Bouchard
PHILIPPE BOUCHARD
Les beaux jours
Je n’existe plus
Que dans un rayon de huit mètres
Autour des bâtiments publics
J’ai peur de m’étouffer
Dans les soulagements des autres
Je n’ai pas les jambes assez longues
Pour traverser le non-sens
Sans piler sur les lignes
Le brouillard est d’une cruauté muselière
Qui me laisse fade et avide
Je n’ai pas le droit de parole
J’ai perdu les beaux jours
Quelque part dans la fumée secondaire
Échouée dans la voie de sûreté
Je ne fais pas le poids
La chute sera indélébile
ADELLE ROBILLARD ROY
Illustration de Benoit Gingras
Une rencontre inattendue
« Tu sers à rien ! », « Ressers-moi une bière ! » sont des phrases qui ont bercé mon enfance. Ces couteaux qui m’ont transpercé le cœur ne m’affectent plus. C’est comme un fourreau créé par la force des choses. Le fer taille le bois au début. Les deux coexistent sans trop s’affecter lorsque la blessure est parfaitement taillée. Pourtant, je ne peux m’empêcher de vouloir m’enfuir.
Ce soir, je m’enfuis en compagnie du seul ami que je regarde encore dans les yeux, le dernier cadeau de ma douce maman, mon chien Loki. Selon mon père, si je vais dans « la jungle », je risque de la revoir. Je ne comprends pas ce que ça veut dire. Des vivres dans mon magnifique sac Minecraft, c’est l’équipement parfait (selon le jeune moi) pour toute fugue en forêt. Même mon héros, Indiana Jones, serait jaloux de mon attirail. Le soleil pointe le bout de son nez. C’est enfin le temps d’y aller. Je libère Loki de sa petite cage, vérifie que mon père est absent du domicile comme il l’a été lors des moments positifs de ma vie, ouvre la lourde porte du domicile ornée d’un crucifix et la ferme derrière moi. Je suis libre !
Quelques instants plus tard, une fois dans ma tanière au parfum terreux, je constate que j’ai trouvé ma demeure. J’installe mon sac de couchage et prépare un rond pour faire un feu.
Un grognement m’interrompt. La créature qui a poussé ce rugissement est très proche. Je cherche Loki du regard en étant tétanisé par la peur, mais il est introuvable. Je prends mon courage à deux mains et avance en direction de la bouche de la grotte.
Loki est dos à moi. Il m’ignore.
Après de longues minutes sur le flanc d’une montagne, je comprends pourquoi on surnomme cet amas de végétation « la jungle ». Les arbres et le lierre s’entremêlent comme des fils d’écouteurs dans des poches de jeans. Le sourire de Loki qui court sur le matelas de mousse me réchauffe le cœur. En observant mon chien, mon regard croise une cavité sombre en contrebas. C’est l’abri idéal !
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Soudain, il se met à japper en même temps que de lourds pas se mettent à faire trembler la roche sous mes pieds. Cette symphonie assourdissante me fait comprendre une chose : je n’aurai pas deux opportunités de m’en sortir. La petite silhouette de Loki fonce droit devant en même temps que celle de la créature se révèle. C’est David contre Goliath. Mais le plus faible ne peut pas toujours l’emporter contre un grizzly de 500 kilos.
Les jappements de mon ami se transforment rapidement en agonie. Je ne veux pas être le deuxième service ! Je prends donc mes jambes à mon cou et cours à toute vitesse. Mes pensées sont confuses. Loki est mort. Il est en sécurité avec maman maintenant. Je vais survivre et j’irai la rejoindre quand elle sera fière de moi.
VICTOR DESJARDINS
École la Dauphine
Rédigé en écoutant La vallée des réputations de Jean Leloup
Illustration
La vie nous dérive
La vie nous secoue, la vie nous bafoue
La vie nous enlise, la vie nous dérive
L’espoir en sanglots, l’esprit à genoux
C’est un peu trop fou quand ça nous arrive
Les yeux vers nulle part, noyé de cafard
Plongé dans un grand vide désertique
Les sourires se font rares aux creux de nos regards
L’avenir se terre au fond d’un tunnel galactique
La vie nous renverse, la vie nous rend à bout
La folie nous mire, prête à faire feu
L’angoisse, la peur et à peu près tout
Nous glacent d’effroi dans nos corps frileux
Enfin prêt à se rendre
Enclin à ne plus rien comprendre
Prêt à cette même vie suspendre
Encore et encore la fin attendre
Et la fin nous fuit comme par enchantement
Un nouveau début relève le voile
Résolu à défier l’enfer chaque instant
Aller de l’avant pour narguer le mal
Puis cette lueur au bout de la nuit
Cette flamme qui brille seule dans le néant
Éclaire notre confiance et rallume notre vie
Cet éclat de cœur qui préserve le temps
Cet éclat de bonheur qui semble si lointain
Presque inaccessible derrière la pénombre
Pourtant ce bonheur est notre destin
Alors qu’on le cible sans craindre son ombre
Or la vie nous reprend, la vie nous rappelle
La vie nous entend même dans les étoiles
La vie soudainement paraît un peu plus belle
Quand la liberté retend discrètement sa toile
Tissé au milieu d’une voûte à refaire
Nos yeux se referment pour reprendre courage
Et comme si notre âme partait à la guerre
Armée de nos rêves, criblant les nuages
Ainsi comme par magie, toujours debout
La vie chambranlante reprend le dessus
Le désespoir prend ses jambes à son cou
À ce moment même où tout était perdu
Sur cette toile vierge comme un tableau infini
Notre histoire se réinvente et se redessine enfin
Ce qui nous échappe et ce qu’on a compris
Se mélange abstraitement sur notre chemin.
MICHEL KOVAR
Photo de Beytlik sur Pexels
Sans toi
Sur des airs de violon je viens te dire, tout bas, que sans ma dulcinée : toi, le temps est trop long le plus joli décor tropical seul, me ferait mal, car, je n’aurais tes yeux pour l’admirer et sans nous deux Il me ferait pitié.
Sans ton élan électrique, me paraîtrait morne tout le monde aquatique, et tout la terre sans borne, sans toi à mon repas la table est vide il n’y a pas de dessert au chocolat, il n’y pas de cerise, ni d’arachide.
Sans toi, je m’ennuie.
Heureusement, l’espoir que tu seras ici dans peu de temps, bientôt, me soutient de la vie, sur les flots.
GAÉTAN DUVAL
Une amitié ratée
Elle me disait qu’elle m’aimait. Je la croyais. Je croyais notre amour réciproque…
Pendant 3 ans, on a vécu ensemble comme amoureuses. Chaque mois, elle me menaçait de me mettre à la porte. Je me suis souvent retrouvée dans la rue. Et très souvent… presque chaque mois, je retournais chez elle. Avec elle, je rêvais. On faisait des projets comme d’ouvrir un dépanneur, d’avoir une maison de chambres. Mais elle me racontait des mensonges. J’étais toujours déçue. Je retournais dans la rue. Pendant 27 ans, j’ai fait des allers-retours entre la rue et chez elle. Quand j’étais fatiguée d’être dans la rue, je l’appelais. Elle m’hébergeait contre de l’argent. Elle m’offrait de la nourriture. Elle était ma bouée de sauvetage. Je n’étais pas bien avec elle. Elle m’obligeait à faire des choses que je ne voulais pas. Comme me prostituer. J’étais sous son contrôle. C’était mon bourreau. Ça restait quand même la solution la plus facile, la plus rapide… jamais les ressources n’ont répondu à mes besoins aussi rapidement qu’elle. Mais je dois quitter cette cage dorée.
LISA
Camelot, intersection Caron et Saint-Joseph
Derrière son sourire
Un sourire qui me fait perdre la tête, Un sourire qui vaut mille larmes, Un sourire fragile, vulnérable.
Ton corps ne t'appartient plus.
Tu l'as donné au premier qui t'a fait croire qu'il t'aimait.
Il t'aimait tellement qu'il t'envoyait faire ses commissions dans la rue.
Trop peureux pour aller distribuer sa drogue aux autres, L'imbécile te faisait vendre ton corps en échange de d'la dope.
Mon ange, marqué par ses blessures d'enfance, cherche toujours à être aimé.
Une petite fille qui grandit vite, mais qui reste blessée.
Assise au bar, la jupe trop courte à moins 30. La distributrice de chaleur humaine est ouverte
Mon ange.
Avec ses yeux tristes, elle me regarde et me raconte sa vie...
La vie qu'elle a toujours rêvé de vivre.
Sa vie d'hier avec la douleur d'aujourd'hui.
Je l'écoute et je l'épaule.
Je suis son ami
Avec le temps, j'espère que tu pourras t'aider.
Avec le temps, j'espère que tu pourras te sauver.
Avec le temps, j'espère que tu pourras retrouver tes enfants.
Avec le temps.
Mon ange aux jambes écartées.
Ce n'est pas de ta faute, essuie tes yeux, dieu t’a déjà pardonné.
Un jour, Celui qui t'a manipulé paiera cher, au ciel et en prison.
J'ai confiance,
Le temps arrange toujours les choses, peu importe la saison.
Photo de Wolrider YURTSEVEN sur Pexels
SIMON-PIERRE BLAIS
PAS À PAS
Un jour, dans le monde extraordinaire de tes pas,
ton pied gauche croisa ton pied droit. Leurs premiers pas furent hésitants et maladroits.
mais rapidement, ils commencèrent à danser ensemble sur le chemin de la vie. Les pas de l'un enchaînaient harmonieusement ceux de l'autre créant une symphonie de mouvement.
Au fil du temps, ils développèrent une connexion profonde et intime, apprenant à se comprendre sans mots.
Lorsque le pied gauche avançait, le pied droit le suivait naturellement, formant une alliance parfaite.
Ils surmontèrent ensemble des terrains difficiles, des hauts et des bas, renforçant leur lien indissoluble.
À chaque foulée, ils partageaient des moments de joie, de rire et même de tristesse.
Le pied gauche et le pied droit devinrent inséparables, une équipe formidable, produisant une danse unique qui racontait l’histoire de leur complicité sur le sol de la vie. Et ainsi, ils continuèrent à marcher main dans la main, ou plutôt pas à pas, vers l’éternité.
Illustration de Benoit Gingras
Cap-aux-Oies
Cap-aux-Oies
L’inspiration se trouve là
La plage tranquille
Les vagues retontissent, retentissent
Sur la grève, elles s’achèvent et se succèdent
Le soleil à son zénith, l’ombre en exil
Une étoffe de coton sur les épaules
La rare brise nous cajole
Une heure d’attente, inattendue
Un rendez-vous, imprévu
Assis sur le sol durci, petit sursis
Parmi les cailloux, les coquillages, les sédiments d’algues
Mon compagnon en mode parallèle
S’installe pour le repos du voyageur
En sandwich, entre le pain chaud du sable
Et les rayons qui dardent
Petits sursis de l’effet de braise
aux passages des nuages
Quelques passants sur la berge
Attirer par la redondance apaisante des clapotis
L’eau, si froide
Trop, même pour une brève baignade
À l’exception d’un intrépide
Ma parole, quel choc, il a une peau de phoque
Dans le bleu infini, les goélands voltigent
Un couple cueille des vestiges du littoral
Des galets souvenirs, sur le miroir bleu, les faire rebondir
Contempler les enfants patauger les joies
simples de l’été
Ne trouver rien d’autre à faire, que laisser se faufiler l’encre noire
Sur la fibre du temps
Cap-aux-Oies
L’inspiration se trouve là
Dans ce bleu qui m’abreuve, le regard posé sur le fleuve
Cap-aux-Oies
L’inspiration se trouve là
Où on s’y attend le moins, moment pour faire le point
JUDY MILLER
Illustration de Bherg
LA PAGE DES CAMELOTS
La Quête est heureuse de vous présenter Jocelyn, un ancien nouveau camelot. Certains et certaines d’entre vous l’auront peut-être encouragé en 2012, voire en 2003. Pour en découvrir un peu plus à propos de ce charmant personnage, nous vous invitons à aller le rencontrer près de la Caisse Desjardins, sur la rue Saint-Jean.
D’UN SOL SABLEUX…
Jocelyn fait ses premiers pas dans l’univers de la consommation à l’âge de 11 ans. À l’école, comme à la maison, il vit beaucoup de violences : « J’ai commencé à consommer jeune parce que j’étais rempli de peur. Ça m’aidait à foncer et à faire ce que j’avais à faire ».
Un peu avant ses 18 ans, il quitte le nid familial. C’est dans les rues de la haute-ville qu’il fait ses premiers pas dans le travail du sexe. Il commence également à consommer de nouvelles drogues. « Quand t’es tout le temps gelé dans tes peurs, tu viens que t’as pu confiance en toi, t’es pas capable d’aller sur le marché du travail… t’es pas conscient de ça sur le coup. Ça m’enlevait un peu de valeurs, de forces et de potentiel. »
À l’âge de 30 ans, il décroche complètement de la société. Il augmente sa consommation, néglige son apparence et son hygiène et survit en recourant à la charité et à la solidarité sociale. Il pensait mourir jeune, se « foutait de tout » et avait une faible estime de sa personne. Jocelyn a été aspiré par cette spirale jusqu’à l’âge de 37 ans, moment où la justice lui pose une question.
… À UN CHAMP À CULTIVER
« J’avais le choix entre 2 ans de prison et 14 mois de thérapie. J’ai fait Défi Jeunesse Québec. Le matin, on étudiait la Bible et, l’après-midi, on était dans le champ : on récoltait des légumes, des carottes, des patates… Ça m’a redonné confiance en moi. En tout, la thérapie a duré 18 mois. »
Sa thérapie exige de lui un travail sur soi, le fait adhérer à de nouvelles valeurs et développe un nouveau code moral. « Je ne suis plus capable de voler, je vais préférer le demander plutôt que de le prendre. Sinon je vais être mal à l’aise ».
C’est à Sherbrooke, dans une ville nouvelle, qu’il déploie ses ailes. Muni d’un vélo et d’un chariot, il développe son entreprise, marque son équipement d’un feutre noir, puis d’un lettrage. En plus de son rôle de valoriste, il se trouve un emploi comme plongeur. Bien qu’il continue à consommer épisodiquement, il modifie sa pratique, la fréquence et la durée.
« Au travers de tous ces obstacles, j’ai évolué. Je suis très fier de ce que j’entreprends aujourd’hui, qu’est-ce que je
fais. Il y a eu des rechutes, mais mon objectif est de ne plus jamais consommer. Y’a des moments où c’est plus difficile et je me dis : « argh, un p’tit joint, j’vais prendre quelques bières », mais j’essaye de m’abstenir. […] Je sais que si je fume un joint, ça va m’amener à l’alcool et ça risque de m’amener au speed ou au crack. Il faut vraiment que je m’abstienne. »
LE PARTAGE DE LA MOISSON
« Je me sens pardonné devant Dieu et moi-même. Ça fait partie de moi, mais je suis libre avec ça. […] Je suis un sans-abri, mais ce n’est plus comme avant. Je le vois le monde en souffrance, moi j’étais comme ça. Le soir, j’me couche à côté de personnes soûles ou intoxiquées, mais moi j’suis pas dans ce contexte-là. Je sais que c’est temporaire, mais je suis encore un peu là-dedans… »
Avec son entreprise, Jocelyn souhaite rendre à la communauté ce qui lui a été donné. Il poursuit plusieurs objectifs : « aider mon prochain, être transparent et tendre la main ». Il s’inspire du modèle de l’organisme L’Accorderie, qui promut les principes d’échange de service, une économie alternative. Il trouve ce système intéressant « parce que les gens sont pauvres et n’ont pas beaucoup d’argent ». Sa priorité n’est pas de devenir riche ou d’accumuler un grand capital, mais plutôt de valoriser sa personne en partageant ses forces, ses habiletés, ce qu’il est et ce qu’il veut devenir. « J’aimerais acheter une petite caravane ou un petit pick-up et contribuer au partage. J’aimerais être un modèle ou un exemple pour les autres. »
De ses projets, il n’est pas exclu qu’il rencontre un jour une compagne, avec qui il pourra partager la route et redistribuer la moisson.
Propos recueillis par NICOLAS
FOURNIER-BOISVERT
Photo de Nicolas Fournier-Boisvert
MON RÊVE PORNO
Dans le stationnement Où j’habite
Toujours ce rêve étrange Qui revient me hanter
Je deviens l’animateur d’une émission de rénovation
FRANÇOIS GAGNON
Photo : La Quête
Références communautaires
Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches
Tél. : 2-1-1
Aide sociale ADDS
Association pour la défense des droits sociaux
301, rue Carillon, Québec
Tél. : 418 525-4983
Aide aux femmes
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192
Centre femmes aux 3 A Accueil - Aide - Autonomie
270, 5e Rue, Québec
Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca
Centre femmes d’aujourd’hui
Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec
Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org
Rose du Nord
Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org
Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca
Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com
Gîte Jeunesse
Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans
Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec
Tél. : 418 666-3225
Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec
Tél. : 418 652-9990
YWCA
Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca
Réinsertion sociale
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO)
435, rue du Roi, Québec
Tél : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org
Fraternité de l’Épi
Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 523-1731
La Dauphine
Pour les jeunes de 12 à 35 ans 31, rue D’Auteuil, Québec
Tél. : 418 694-9616
courrier@ladauphine.org www.ladauphine.org
Insertion professionnelle
À l’aube de l’emploi (Lauberivière)
Formation en entretien ménager commercial/buanderie
485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org
Recyclage Vanier
Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com
Prostitution
La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com
P.I.P.Q.
Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org
Soupe populaire
Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)
Tél. : 418 640-0915
Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité
Tél. : 418 692-1762
Santé mentale
Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677
Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca
Centre Communautaire l’Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com
Centre d’Entraide Émotions
3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org
La Maison l’Éclaircie
Troubles alimentaires
2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca
Le Pavois
2380, avenue du Mont-Thabor, Québec
Tél. : 418 627-9779
Téléc. : 418 627-2157
Le Verger 943, av. Chanoine-Scott, Québec Tél. : 418-657-2227 www.leverger.ca
Ocean
Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352
Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283
Parents-Espoir
363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167
Service d’Entraide l’Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org
Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org
Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec
Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca
Point de Repères
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RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS Solution
QUOI DE NEUF LA NATURE ?
EXOTIQUES ET ENVAHISSANTES
Moule zébrée, renouée du Japon, berce du Caucase, carpe roseau, salicaire pourpre, ces noms vous disent-ils quelque chose ? Il est bien possible puisque ce sont toutes des espèces exotiques envahissantes ! Bien que parfois jolies et végétalisant des terrains vagues, ou facilement observables dans tout plan d’eau, ces espèces représentent une réelle menace pour l’économie et causent de grands ravages à la biodiversité.
Toutes les espèces exotiques ne deviennent pas nécessairement envahissantes. Nous n’avons qu’à penser, par exemple, à de nombreuses espèces horticoles telles que les hostas, une fameuse des plates-bandes formant de grandes touffes de feuilles aux couleurs diverses, qui ne sortent pas de nos cours. Au Québec, environ le tiers des espèces végétales vasculaires sont des espèces exotiques ! Ainsi, sur un peu plus de 3 000 espèces natives qui se trouvaient ici avant l’arrivée des colons, autour de 1 000 d’entre elles ont été introduites directement ou indirectement par les humains. La problématique ne réside donc pas dans l’exotisme d’un organisme, mais plutôt l’envahissement de celle-ci dans nos habitats naturels.
Toutefois, il y a effectivement certaines espèces exotiques qui deviendront envahissantes et cela est dû, en partie, à certains traits particuliers qui les rendent plus compétitrices dans leurs nouveaux lieux de colonisation. Effectivement, les espèces envahissantes produisent généralement des quantités massives de propagules, qui se dispersent facilement et à grande échelle. En plus de ces moyens de dispersion, elles possèdent chez les plantes, des moyens de propagation végétative qui favorise l’expansion de population clonale dense et monospécifique. Les espèces exotiques envahissantes ne connaissent bien souvent aucune prédation dans leur nouveau milieu et une compétition réduite, voire inexistante, en favorise l’expansion de leur population. Il n’y a pas que les traits biologiques d’une espèce qui soutiennent l’envahissement de nos milieux naturels. Il y a aussi, bien sûr et toujours, les activités humaines qui participent grandement à la propagation de ces espèces une fois introduites. La construction d’infrastructures telle que les routes et les bâtiments, notamment, contribue grandement au problème. Le roseau commun, ou plus communément le phragmite, a pour la première fois été détecté en 1916 au Québec. C’est seulement à partir des années 1960 que cette espèce, auparavant confinée aux environs du fleuve, Saint-Laurent, a commencé à se propager, notamment par le biais du développement du ré-
HRONIQUE
seau routier. Une multitude d’autres activités humaines, comme les sports aquatiques, participent à la propagation des espèces lorsque les embarcations contaminées sont déplacées d’un plan d’eau à l’autre.
D’OÙ VIENNENT-ELLES ?
Pourquoi y a-t-il autant d’espèces exotiques envahissantes (EEE) ? Lorsque l’on regarde l’évolution du nombre d’espèces exotiques dans le temps, nous avons tôt fait de remarquer que l’explosion du nombre de ces espèces est en parfaite relation avec la mondialisation de l’économie. Effectivement, bien que les espèces exotiques puissent être dues à des introductions intentionnelles telles que pour l’horticulture ou le commerce des animaux de compagnie, beaucoup d’espèces sont le fruit d’introduction involontaire reliée au commerce international.
UNE NUISANCE ÉCONOMIQUE
Pour prévenir, détecter ou contrôler l’envahissement de nos milieux naturels par certaines espèces, il faut parfois déployer des efforts à grande échelle qui finissent par être coûteux. Seulement pour l’Ontario, on estime à 50,8 millions de dollars par année qui est dépensé en lien avec les espèces invasives. Les EEE ont causé à de nombreuses reprises la perte de milliers de dollars de dommages à des productions agricoles. C’est le cas notamment avec les tuniciers, un mollusque filtreur, qui a causé des dommages importants à l’élevage de moules bleues.
UNE MENACE POUR LA BIODIVERSITÉ
Certaines espèces envahissantes sont responsables de la mortalité de masse d’autres espèces. Il n’y a qu’à penser par exemple à l’agrile du frêne qui tue 99 % de tous les frênes une fois installé dans une région. Et les exemples sont nombreux ! La moule zébrée a contribué à la transmission de maladie chez certains oiseaux aquatiques, tels que les cormorans, en décimant des populations entières. Les espèces exotiques sont bien souvent de voraces gourmandes détruisant ou transformant des habitats essentiels pour le cycle de vie d’autres espèces. C’est le cas des carpes asiatiques qui dévorent les herbiers aquatiques servant d’habitat à la reproduction de nombreuses espèces indigènes. Puisque l’hybridation entre organismes est très fréquente, une autre des conséquences des EEE est la perte de « vraie espèce native », ce qui mène à une réduction de la diversité génétique des populations.